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Full text of "La France protestante"

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PROTESTANTE 


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LA  FRANCE 


PROTESTANTE 


PAR 


MM.    EUGENE    ET   EMILE   HAAG 


DEUXIEME    EDITION 

PUBLIÉE      SOUS      LES      AUSPICES     DE     LA     SOCIÉTÉ     DE     l/HISTOIRE 
DU      PROTESTA  NT  I  S  M  ■      FRANÇAIS 

ET   SOUS  LA  DIRECTION   DE   M.   HENRI   BORDIER 


TOME    V  H E M  I E H 


PARIS 
LIBRAIRIE   SANDOZ   ET  FISCHBAOHEB 

H  LE    DE    SEINE,     33 

1877 


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AVERTISSEMENT 


Les  auteurs  de  la  France  protestante,  les  frères  Haag,  en  écrivant  la  biogra- 
phie des  protestants  français,  se  proposaient  de  montrer  quels  hommes  pro- 
duisent les  sentiments  de  foi  et  d'indépendance  puisés  dans  l'Evangile  ;  mais 
ils  n'ont  eu  le  temps  de  composer  qu'un  premier  tableau  dans  lequel  ils  du- 
rent se  borner  aux  grands  traits.  Leur  ouvrage  porte  en  sous-titre  :  ou  Vie  des 
Protestants  français  qui  se  sont  fait  un  nom  daiis  l'histoire.  Ils  se  sont  donc 
bornés  à  un  choix  des  vies  qui  leur  ont  paru  les  plus  marquantes.  Ce  n'est 
pas  leur  moindre  mérite  d'avoir  su  se  circonscrire  et  laisser  leur  œuvre 
inachevée  dans  le  détail,  afin  d'avoir  le  temps  d'en  tracer  en  entier  le  contour. 

Cet  ouvrage,  célèbre  déjà  du  vivant  de  ses  auteurs,  complètement  épuisé 
maintenant  depuis  plusieurs  années,  réclame  non-seulement  une  impression 
nouvelle,  mais  de  nombreuses  retouches.  Un  supplément  ne  suffit  plus 
aujourd'hui,  et  sur  l'instance  même  des  libraires,  quelques  membres  de  la 
Société  de  l'Histoire  du  Protestantisme  français  osent  offrir  aujourd'hui  au 
public  une  :  Deuxième  édition  de  la  France  protestante. 

Les  coreligionnaires  et  autres  amis  de  MM.  Haag  qui  tentent  cette  entre- 
prise sont  amenés  par  la  force  des  choses  à  lui  donner  plus  d'étendue.  Quels 
que  puissent  être  leurs  malheurs,  ceux  qui  laissent  un  nom  dans  l'histoire 
sont  encore  les  favoris  du  monde;  mais  s'il  est  une  victime  inconnue  dont 
on  ne  sait  rien  sauf  qu'elle  donna  volontairement  sa  vie  plutôt  que  de 
désobéir  à  sa  conscience,  n'est-ce  pas  un  devoir  sacré  d'inscrire  son  nom  sur 
une  table  d'honneur?  Et  ceux  qui  sans  avoir  souffert  la  mort  ont  souffert  la 
prison,  l'exil  ou  d'autres  maux,  n'ont-ils  pas  droit  aussi  à  un  respectueux 
souvenir?  Et  où  trouverait-on  dans  la  France  entière,  non-seulement  lors 
des  grands  massacres  du  XVIe  siècle  et  des  grands  sévices  du  XVIIe,  mais 
jusqu'aux  temps  efféminés  de  la  Régence  et  de  Louis  XV,  un  seul  protestant 
qui  n'ait  eu  quelque  chose  à  souffrir  de  cette  longue  persécution  dont  le 
clergé  catholique  a  toujours  attisé  le  feu  jusqu'au  moment  de  la  Révolution 
française!  Ceux-là  même  qui  ont  fait  abjuration,  soit  entraînés  par  des  appâts 
corrupteurs,  soit  contraints  par  les  violences,  ont  eux  aussi  savouré  leur 
part  d'amertume.  Ce  sont  donc  toutes  les  familles  protestantes  françaises 
antérieures  à  1789  que  nous  devrions  embrasser  dans  nos  recherches. 

Mais  un  répertoire  biographique  aussi  absolument  complet  ne  serait  proba- 
blement pas  exécutable  comme  opération  de  librairie,  et  il  faudrait,  comme 
opération  littéraire,  l'ajourner  à  un  avenir  bien  éloigné  ,  puisqu'il  supposerait 
le  dépouillement  achevé  de  tous  les  documents  qui  subsi:>tent  sur  l'état  civil 
des  protestants,  non-seulement  en  France,  mais  en  Suisse,  en  Hollande,  en 
Allemagne,  en  Angleterre  et  jusqu'en  Amérique.  On  a  cru  cependant  pouvoir 
répondre  dans  une  certaine  mesure  aux  vœux  plus  impatients  et  bien  sou- 
vent exprimés  dans  nos  Eglises  pour  la  publication  immédiate  d'une  France 


vi  AVERTISSEMENT. 

protestante  aussi  complète  qu'il  soitf  en  ce  moment  possible,  en  refondant, 
en  améliorant  et  en  élargissant  l'œuvre  de  MM.  Haag. 

Voici  le  plan  auquel  on  s'est  arrêté  :  1°  Reproduction,  avec  révision 
attentive,  de  tous  les  articles  de  MM.  Haag;  2°  Dépouillement  complet,  et 
insertion  à  leur  place  alphabétique,  de  tous  les  noms  protestants  cités  par 
eux  et  disséminés  dans  le  cours  de  leur  livre  ;  3°  Rédaction  des  biographies 
qui  rentrent  dans  leur  cadre  et  qu'ils  eussent  écrites  si  les  documents  ou 
le  temps  ne  leur  eussent  manqué;  4°  Mention  de  tous  les  protestants  français 
connus  de  nous  comme  ayant  souffert  pour  la  foi  protestante,  depuis  le 
commencement  du  XVIe  siècle,  ou  comme  ayant  marqué  dans  le  dévelop- 
pement du  protestantisme. 

Précisons  les  détails  qui  se  rapportent  à  chacun  de  ces  points. 

I.  Tous  les  articles  admis  par  MM.  Haag  dans  leur  édition  ont  droit  de  cité 
dans  la  nôtre;  mais  il  n'en  est  presque  aucun  qui  ne  puisse  être  amélioré, 
par  cette  seule  raison  que  trente  années  nous  séparent  du  temps  où  ils  ont 
été  écrits.  Nous  nous  sommes  donc  efforcés,  reproduisant  ce  travail,  de  l'a- 
méliorer en  le  condensant,  en  réduisant  les  développements  sans  supprimer 
de  faits  ni  de  noms,  et  en  visant  surtout  à  y  faire  entrer  les  nouveaux  détails 
que  l'étude  a  révélés. 

II.  On  a  souvent  signalé  et  regretté  l'absence,  dans  l'ouvrage  de  MM.  Haag, 
d'une  table  alphabétique  de  tous  les  noms  protestants  dont  leurs  pages  sont 
remplies.  Chacun  de  nos  volumes  sera  terminé  par  une  table  abondante. 

III.  MM.  Haag  ont  laissé  quelques  articles  rédigés  après  l'impression  de 
leur  ouvrage  et  plus  souvent  des  notes  pour  servir  à  la  rédaction.  Nous  nous 
en  sommes  emparés  et  nous  avons  inséré  ces  articles  à  leur  rang,  en  terminant 
chacun  d'eux  par  le  nom  Haag  mis  entre  parenthèses. 

Nous  avons  fait  connaître,  par  le  même  procédé  sommaire,  les  noms  de 
nos  collaborateurs,  quoiqu'il  ne  soit  presque  pas  possible  d'introduire  des 
communications  de  provenances  diverses  dans  un  texte  unique  sans  leur  faire 
subir  quelques  modifications.  Nous  donnerons  à  la  fin  de  chaque  volume 
une  liste  détaillée  des.  personnes  qui  auront  contribué  à  sa  rédaction. 

IV.  Les  articles  déjà  traités  par  MM.  Haag  se  reconnaîtront  à  ce  signe  qu'à 
la  tête  de  l'article  nous  plaçons  le  nom  Haag  entre  crochets  suivi  de  l'indi- 
cation du  tome  et  de  la  page  où  l'article  se  trouve.  Quand  leur  nom  n'y  est 
pas,  mais  seulement  des  chiffres,  c'est  qu'au  lieu  d'un  article,  MM.  Haag  n'ont 
donné  qu'une  simple  mention  du  nom  dont  il  s'agit  ou  d'un  fait  quelconque. 
Ainsi  pour  ce  qui  concerne  les  quatre  premiers  noms  ouvrant  notre  liste, 
Abadier  et  Abard,  n'étant  accompagnés  d'aucun  renvoi  entre  crochets, 
montrent  par  là  qu'ils  sont  des  noms  nouveaux;  Abaret,  qui  se  termine 
par  le  sigle  :  [II,  415  b],  annonce  que  ce  personnage  figure  d'une  manière 
fugitive  au  deuxième  volume  de  MM.  Haag,  à  la  page  415,  seconde  colonne; 
tandis  que  :  [Haag,  I,  3],  placé  au  commencement  de  l'article  Abauzit,  appelle 
l'attention  sur  un  véritable  article  consacré  par  les  premiers  auteurs  à  ce 
philosophe.  Et  lorsqu'on  trouve,  comme  ci-après,  col.  10,  à  l'article  Abbabie 


AVERTISSEMENT.  vu 

(Jacques),  l'indication  multiple  :  [Haag,  I,  7  a;  —  85  a,  i39  a;  II.  169;  VU, 
425;  IX,  232];  c'est  que  ce  nom  a  été  l'objet,  dans  le  livre  de  MM.  Haag,  et 
d'un  article  spécial  et  de  plusieurs  mentions  éparses. 

Ce  procédé,  nous  l'avouons,  prête  à  la  critique.  On  peut  nous  objecter,  et 
on  l'a  déjà  fait,  que  recommençant  le  travail  de  MM.  Haag,  nous  devons  le 
contenir,  le  rendre  inutile,  par  conséquent  ne  pas  le  citer,  ou  bien,  si  nous 
le  citons  encore,  c'est  donc  que  nous  ne  le  remplaçons  point.  On  peut  ajouter 
que  la  première  édition  étant  épuisée,  ces  citations  sont  un  appât  décevant 
pour  les  lecteurs  invités  à  prendre  plus  ample  informé  dans  un  livre  que 
peu  d'entre  eux  pourront  avoir  :  on  dit  entin  que  tel  est  l'usage  et  que  pour 
le  Dictionnaire  historique  de  Moréri,  par  exemple,  ou  la  Biographie  Universelle 
des  frères  Michaud,  chaque  -édition  nouvelle  absorbe  et  annule  les  éditions 
précédentes.  —  Tout  en  tenant  compte  de  l'observation  et  en  restreignant 
ces  sortes  de  citations  au  strict  nécessaire,  nous  ne  les  supprimons  pas  et 
voici  pourquoi.  L'ouvrage  de  MM.  Haag  n'est  pas  seulement,  comme  les 
deux  grandes  biographies  qui  viennent  d'être  désignées,  un  ensemble  de 
matériaux  historiques  et  littéraires  que  l'on  peut  successivement  modifier, 
accroître  et  améliorer,  c'est  un  «  Livre  de  sources;  »  c'est  un  recueil  plein 
de  recherches  faites  sur  les  documents  originaux  et  souvent  sur  des  docu- 
ments qui  n'existent  plus,  comme  il  est  si  déplorablement  arrivé  pour  les 
actes  de  l'état  civil  de  Paris  brûlés  en  1871;  en  sorte  qu'il  est  souvent 
impossible  de  ne  pas  renvoyer  à  MM.  Haag,  seuls  témoins  subsistants.  Dès 
lors  il  nous  a  paru  qu'on  devait  aussi  donner  ce  renseignement  utile  consistant 
à  faire  distinguer,  autant  que  cela  sera  possible,  ce  qui  se  trouvait  déjà  dans 
nos  honorés  prédécesseurs  de  ce  que  nous  y  ajoutons.  Personne  ne  pensera 
qu'une  information  de  plus  offerte  au  lecteur,  quand  même  il  ne  pourrait 
pas  toujours  la  vérifier  et  la  mettre  à  profit,  doive  nuire  ou  déplaire. 

V.  Les  articles  qui  ne  sont  suivis  d'aucun  nom  d'auteur,  ni  accompagnés 
d'aucun  renvoi  entre  crochets,  restent  entièrement  sous  la  responsabilité 
du  comité  de  rédaction. 

VI.  Dès  qu'on  était  obligé  de  relever  et  de  placer  à  leur  rang  les  noms  que 
MM.  Haag  ont  cités  en  passant,  il  fallait  absolument  y  joindre  les  informations 
complémentaires  qu'on  possédait  sur  les  mêmes  noms,  et  aussi  toutes  les 
informations  analogues  glanées  de  toutes  parts,  souvent  confuses,  toujours 
incomplètes,  mais  pouvant  servir  de  jalons  pour  l'avenir  et  guider  le  lecteur 
dans  des  recherches  plus  approfondies.  C'est  une  véritable  joie  qu'on  éprouve, 
et  que  nous  avons  souvent  ressentie,  de  voir  un  simple  nom  qui  sem- 
blait insignifiant  d'abord,  se  réchauffer  tout  d'un  coup,  et  prendre  vie  au 
contact  d'homonymes  fournis  par  un  document  de  la  date  la  plus  éloignée 
ou  du  pays  le  plus  lointain.  C'est  une  récompense  d'assister  ainsi  à  des 
résurrections  inattendues,  et  de  restituer,  avec  des  bribes  en  apparence  in- 
différentes, des  groupes  de  famille  pleins  d'intérêt.  On  a  été  ainsi  conduit 
par  la  force  des  choses,  dans  la  présente  édition,  à  donner  presque  tout  ce 
que  l'on  savait  sur  des  noms  protestants  français  quelconques. 


vin  AVERTISSEMENT. 

VIL  Ce  que  l'on  sait,  toutefois,  est  peu  de  chose  encore,  et  la  multitude 
sera  grande  des  noms  dignes  d'être  recueillis  qui  nous  échapperont;  mais  un 
moyen  facile  s'offre  de  subvenir,  pour  l'avenir  du  moins,  à  cette  imperfection 
nécessaire.  Ce  moyen  est  d'ouvrir  à  la  fin  de  chaque  volume  un  chapitre 
complémentaire,  où  seront  toujours  admises  jusqu'à  ce  que  l'ouvrage  entier 
soit  terminé,  toutes  les  Corrections  et  Additions  qui  pourront  survenir. 

Les  sources  où  nous  avons  puisé  nos  renseignements  spéciaux  sont  d'abord, 
les  registres  de  l'état  civil  de  Paris  et  de  Charenton,  qui  n'existent  plus 
aujourd'hui,  mais  dont  MM.  Haag  nous  ont  conservé  des  extraits;  à  ces 
notes  s'ajoutent  celles  de  M.  Ath.  Coquerel  fils,  sur  l'Eglise  de  Paris,  et  une 
table  alphabétique  des  papiers  du  séquestre  mis  sur  les  biens  des  religion- 
naires  à  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  {Archives  gén.,  série  Tt),  table  ré- 
digée jadis  par  Tourlet,  employé  aux  Archives.  Des  extraits  de  l'état  civil  et 
d'autres  documents  nous  ont  été  communiqués  par  divers  de  nos  correspondants 
à  Lezay,  à  Puylaurens,  Lyon,  Nîmes,  Montauban,  Saintes,  Pons,  La  Rochelle, 
Pau,  Marmande,  Rouen;  mais  cette  énumération  même,  par  son  caractère  in- 
complet, démontre  la  pauvreté  de  nos  ressources,  si  on  la  compare  à  ce  que 
nous  eussions  dû  recevoir  de  toutes  les  contrées  de  la  France.  C'est  à  Genève, 
comme  il  est  naturel,  et  comme  le  veut  la  nécessité  historique,  que  se  trouvent 
les  plus  abondantes  informations  sur  les  réfugiés  français  protestants  de  toutes 
les  époques.  Par  ses  registres  officiels  d'admission  à  la  simple  habitation  et 
à  la  bourgeoisie,  par  ses  actes  de  l'état  civil  soigneusement  préservés,  par 
sa  volumineuse  collection  de  minutes  des  notaires,  par  les  comptes  de  la 
Bourse  françoise,  œuvre  charitable  fondée  au  XVIe  siècle,  enfin  par  les  tra- 
vaux de  plusieurs  savants  généalogistes,  les  deux  Galiffe  et  Louis  Sordet,  la 
république  de  Genève,  aussi  éclairée  que  bienfaisante,  nous  offre  les  archives 
les  plus  exactes  et  les  plus  riches  que  l'on  ait,  sur  l'émigration  des  religion- 
naires  chassés  de  France.  Pour  l'émigration  en  Allemagne,  nous  avons  eu, 
avec  l'ouvrage  d'Erman  et  Reclam,  les  travaux  de  Dieterici,  conservés  en 
manuscrit  à  la  Bibliothèque  de  la  Société  d'histoire  du  protestantisme;  enfin, 
pour  l'Angleterre,  outre  les  ouvrages  récents  de  M.  Smiles  et  du  Rév.  Agnew, 
nous  avons  mis  à  profit  les  listes  imprimées  des  innombrables  assistés  auxquels 
on  distribua,  pendant  les  dernières  années  du  XVIIe  siècle  et  un  long  espace 
du  XVIIIe,  les  «  royales  bontés,  »  c'est-à-dire  les  sommes  considérables  votées 
pour  cet  objet  par  le  Parlement  anglais.  Tels  sont,  en  dehors  des  sources 
historiques  générales,  les  principaux  matériaux  que  nous  avons  utilisés. 

Ils  sont  encore  très-incomplets,  et  nous  n'en  avons  probablement  pas  tiré 
parti  sans  les  défigurer  bien  des  fois  par  des  omissions  ou  des  erreurs;  nous 
restons  cependant  fermes  dans  cette  assurance,  qu'une  simple  liste  imparfaite 
de  personnes  et  de  familles  qui  ont  souffert  pour  le  pur  amour  du  bien  et  du 
vrai,  est  le  plus  intéressant  et  le  plus  dramatique  de  tous  les  tableaux. 

Henri  Bordier. 


LA  FRANCE 


PROTESTANTE 


ABADIER,  famille  réfugiée  au  Cap 
de  Bonne -Espérance  {Bull.  XV.  160). 

ABARD  René,  de  Paris,  réfugié  à 
Genève  et  assisté  dans  cette  dernière 
ville  par  l'institution  charitable  appelée 
la  Bourse  Françoise,  en  1682. 

ABARET  Ji\N  ,  médecin  à  Saintes, 
condamné  en  1569  par  un  arrêt  du  par- 
lement de  Bordeaux    II,  415  b]. 

ABAUZIT  (Firmin),  né  à  Uzès  en 
Languedoc,  le  11  novembre  1679,  mort 
à  Genève,  le  -20  mars  17GT  I 
À  1  âge  de  deux  ans.  il  perdit  son  père, 
JeanAbauzit,  et  lorsque  arrivèrent  l'é- 
dit  du  12  juillet  1685,  qui  enlevait  les 
enfants  aux  mères  protestantes  après 
la  mort  de  leur  père  pour  les  faire 
élever  dans  la  religion  catholique,  puis 
ledit  de  révocation  ,  encore  plus  rigou- 
reux, Firmin  et  son  jeune  frère  Bona- 
venture.  furent  mis  de  force  au  collège 
d'Uzèa  pour  y  être  catéchisés.  Leur 
mère,  Anne  Deville1,  sans  s'émouvoir 
des  punitions  qui  la  menaçaient,  par- 
vint à  tromper  la  vigilance  des  persécu- 
teurs ;  elle  retira  ses  deux  enfants  d'en- 
tre les  mains  qui  les  retenaient  et  les 
envoya  secrètement  (en  1689)à  Genève. 
où  le  grand-père  paternel  de  ces  enfants 
avait  été  déjà  chercher  un  refuge  *. 

La  mère  fut,  pour  ce  fait,  emprisonnée 
au  château  de  Sommières,  sur  une  lettre 
de  cachet  délivrée  à  la  demande  de  l'é- 
vêque  d'Uzès;  mais  le  gouverneur  du 
château,  voyant  péricliter  la  santé  de 


•  On  de  fille,  mais  non  Anne  Darlie  que  Micliaud 
et  MM.  Haag  donnent  par  suite  d  une  mamaise  lecture. 

*  On  trouve  chez  les  notaires  de  Genève  un  Firmin 
et  un  Bonavcnture  Abauzit,  dTzès,  marchands,  té- 
moins le  premier  en  «689,  l'autre  en  1699. 


cette  pauvre  femme,  obtint  de  l'évêque  la 
permission  de  la  remettre  en  liberté,  et, 
malgré  les  édits  qui  défendaient  aux 
protestants,  sous  peine  de  mort,  la  sor- 
tie du  royaume.  Anne  Deville  fut  bientôt 
à  Genève  aussi.  Elle  y  mourut  en  1727. 
Doué  des  plus  heureuses  dispositions, 
Firmin  Abauzit  fit  des  progrès  rapides. 
Les  belles-lettres,  l'histoire,  la  géogra- 
phie, les  antiquités,  les  sciences  natu- 
relles, l'astronomie,  les  mathématiques, 
la  théologie  même,  furent  successive- 
ment l'objet  de  ses  études.  Sa  mémoire 
était  surprenante,  et  ce  qui  ne  se  re- 
marque jamais  que  dans  un  esprit  supé- 
rieur, l'étendue  de  ses  connaissances  ne 
nuisait  pas  à  leur  solidité. 

Après  avoir  terminé  ses  études  uni- 
versitaires, il  fit,  en  1698,  un  voyage  en 
Hollande  et  en  Angleterre.  11  s'y  lia 
d'amitié  avec  plusieurs  savants  et  entre 
autres  avec  Bat/le  et  Newton,  qui  entre- 
tinrent depuis  avec  lui  un  commerce  de 
lettres.  Newton  appréciait  tellement  le 
mérite  de  son  jeune  ami.  qu'il  lui  écri- 
vait en  lui  envoyant  son  Commercium 
epislolicinn  :  «  Vous  êtes  bien  digne  de 
juger  entre  Leibnitz  et  moi.  »  De  son 
côté,  Abauzit  lui  donna  la  preuve  que 
son  estime  n'était  pas  mal  placée  en  pre- 
nant sa  défense  contre  le  P.  Castel,  et 
en  lui  découvrant  même ,  dans  son  livre 
des  Principes,  une  erreur  que  l'illustre 
mathématicien  corrigea  dans  la  2e  édit. 
de  son  ouvrage.  Il  paraîtrait  aussi,  d'a- 
près une  lettre  de  notre  savant,  qu'il  lui 
fit  changer  d'opinion  sur  l'éclipsé  ob- 
servée par  Thaïes,  585  ans  avant  1ère 
chrétienne.  La  réputation  d' Abauzit  par- 
vint jusqu'aux  oreilles  du  roi  Guillaume. 

I.  i 


ABAUZIT 


qui  lui  fit  faire  des  offres  pour  le  retenir 
en  Angleterre,  mais  une  lettre  de  sa 
mère  qui  pressait  son  retour  lui  fournit 
un  prétexte  pour  refuser.  Jaloux  à  l'excès 
de  son  indépendance,  il  ne  voulut  jamais 
aucune  place,  pas  même  celle  de  pro- 
fesseur de  philosophie  à  l'académie  de 
Genève,  qui  lui  fut  offerte  en  1723.  Il 
accepta  seulement  un  honneur  que  lui  fit 
le  conseil  d'Etat  de  la  République,  dans 
les  registres  duquel  on  lit  à  la  date  du 
6  août  1727  :  «  Pour  marquer  au  sieur 
F.  A.  la  reconnaissance  qu'on  a  de  toutes 
les  peines  qu'il  s'est  données  jusqu'ici 
pour  la  Bibliothèque  publique,  »  décidé 
«  de  lui  faire  présent  de  la  bourgeoisie 
en  lui  donnant  le  titre  de  troisième  bi- 
bliothécaire, prenant  rang  après  les 
membres  de  la  vénér.  Compagnie,  pour 
y  vaquer  autant  que  sa  santé  le  lui  per- 
mettra. » 

Nous  avons  dit  que  la  mémoire  d'A- 
bauzit  étonnait.  On  en  rapporte  quel- 
ques traits  remarquables.  Le  professeur 
Lullin,  de  Genève,  l'entretenait  un  jour 
d'un  fait  particulier  de  l'histoire  ecclé- 
siastique, dont  il  s'occupait  pour  en  faire 
le  sujet  d'une  de  ses  leçons.  Il  s'agissait 
de  Virgile,  évêque  de  Saltzbourg  au 
VIIIe  siècle,  que  l'on  prétend  avoir  été 
excommunié  par  le  pape  Zacharie,  pour 
avoir  avancé  qu'il  y  a  des  antipodes. 
Quel  ne  fut  pas  son  étonnement,  lors- 
qu'il entendit  Abauzit  disputer  ce  sujet  à 
fond  comme  s'il  venait  de  l'étudier?  et 
depuis  plus  de  30  ans,  comme  notre  sa- 
vant lui  en  fit  l'aveu,  il  n'avait  rien  lu 
sur  cette  matière.  La  même  chose  ar- 
riva à  J.-J.  Rousseau,  qui  le  consultait 
sur  la  musique  des  anciens.  Abauzit  lui 
exposa  avec  méthode  et  clarté  tout  ce 
que  lui,  Rousseau,  n'avait  appris  que  par 
un  travail  long  et  opiniâtre,  en  lui  dé- 
couvrant même  beaucoup  de  choses  qu'il 
ignorait,  et  cependant  il  ne  s'en  était  pas 
occupé  depuis  les  études  de  sa  jeunesse. 
Le  célèbre  voyageur  Pococke  n'éprouva 
pas  un  moindre  étonnement  lorsqu'il 
l'entendit  décrire  avec  la  plus  grande 
exactitude  des  pays  qu'il  venait  lui,  de 
parcourir  et  d'étudier.  11  ne  put  jamais 
se  persuader  qu'Abauzit  n'avait  visité 
l'Orient  que  du  fond  de  son  cabinet. 

11  n'est  pour  ainsi  dire  pas  de  science 
qû Abauzit  n'ait  embrassée.  Et  cepen- 


dant il  a  très-peu  écrit.  Il  aimait  l'étude 
pour  l'étude  et  jamais  le  désir  de  la  gloire 
ne  vint  troubler  sa  vie.  C'est  là  surtout 
ce  qui  a  inspiré  à  J.-J.  Rousseau  le  ma- 
gnifique éloge  qu'il  en  fait.  Nous  le  rap- 
porterons en  entier.  Milord  Edouard, 
dans  la  Nouvelle  Héloïse,  écrivait  à  Saint- 
Preux  :  «Voulez-vous  donc  n'être  tou- 
jours qu'un  discoureur  comme  les  au- 
tres, et  vous  borner  à  faire  de  bons  livres 
au  lieu  de  bonnes  actions?  —  «  Non, 
ajoute  Rousseau  dans  une  note  sur  ce 
passage,  non,  ce  siècle  de  la  philosophie 
ne  passera  point  sans  avoir  produit  un 
vrai  philosophe.  J'en  connais  un,  un  seul 
j'en  conviens  ;  mais  c'est  beaucoup  en- 
core, et  pour  comble  de  bonheur,  c'est 
dans  mon  pays  qu'il  existe.  L'oserai-je 
nommer  ici,  lui  dont  la  véritable  gloire 
est  d'avoir  su  rester  peu  connu?  Savant 
et  modeste  Abauzit,  que  votre  sublime 
simplicité  pardonne  à  mon  cœur  un  zèle 
qui  n'a  point  votre  nom  pour  objet.  Non, 
ce  n'est  pas  vous  que  je  veux  faire  con- 
naître à  ce  siècle  indigne  de  vous  ad- 
mirer; c'est  Genève  que  je  veux  illustrer 
de  votre  séjour,  ce  sont  mes  concitoyens 
que  je  veux  honorer  de  l'honneur  qu'ils 
vous  rendent.  Heureux  le  pays  où  le  mé- 
rite qui  se  cache  est  d'autant  plus  estimé  ! 
Heureux  le  peuple  où  la  jeunesse  altière 
vient  abaisser  son  ton  dogmatique  et 
rougir  de  son  vain  savoir  devant  la  docte 
ignorance  du  sage  !  Vénérable  et  ver- 
tueux vieillard  !  vous  n'aurez  point  été 
prôné  par  les  beaux  esprits,  leurs 
bruyantes  académies  n'auront  point  re- 
tenti de  vos  éloges;  au  lieu  de  déposer 
comme  eux  votre  sagesse  dans  des  livres, 
vous  l'avez  mise  dans  votre  vie  pour 
l'exemple  de  la  patrie  que  vous  avez 
daigné  vous  choisir,  que  vous  aimez  et 
qui  vous  respecte.  Vous  avez  vécu 
comme  Socrate  ;  mais  il  mourut  par  la 
main  de  ses  concitoyens,  et  vous  êtes 
chéri  des  vôtres.  »  On  a  remarqué  que 
cet  éloge,  si  mérité,  était  le  seul  que 
Jean -Jacques  eût  adressé  dans  ses 
écrits  à  une  personne  vivante,  Voltaire 
qui,  selon  un  des  biographes  d' Abauzit, 
lui  doit  beaucoup  pour  ses  ouvrages  his- 
toriques, paraît  avoir  professé  envers  lui 
une  égale  admiration.  Un  jour,  raconte 
A.  de  Servan,  qu'un  de  ces  milliers  d'a- 
dulateurs qui  accouraient  journellement 


ABAUZIT 


8 


à  Ferney  pour  l'encenser,  se  présentait 
à  lui  avec  cette  phrase  banale,  qu'il  était 
venu  à  Genève  pour  voir  un  grand 
homme  :  Avez-vous  vu  Abauzit?  inter- 
rompit Voltaire.  Sa  simplicité  égalait  sa 
modestie,  elle  perçait  dans  toutes  ses  ha- 
bitudes ;  économe  de  son  temps,  il  était 
prodigue  de  ses  travaux  pour  ses  amis, 
et  l'on  retrouve  dan?  leurs  ouvrages  bien 
des  pages  qui  lui  appartiennent.  Aussi 
aurait-on  tort  de  vouloir  apprécier  Abau- 
zit seulement  par  les  écrits  qu'on  a  pu- 
bliés de  lui  dans  ses  Œuvres  posthumes  ; 
«  Il  ne  voulait  pas,  dit  Senebier,  qu'ils 
vissent  le  jour  ;  il  en  faisait  même  si  peu 
de  cas,  qu'il  ne  les  redemandait  jamais 
quand  il  les  avait  prêtés.  »  C'est  ainsi 
que  plusieurs  de  ses  savantes  disserta- 
tions furent  imprimées  à  son  insu,  et 
eurent  un  grand  succès. 

C'est  au  milieu  de  ses  paisibles  tra- 
vaux, dans  une  petite  maison  près  de 
Genève,  où  il  s'était  retiré  depuis  quel- 
que temps,  qu' Abauzit  termina,  à  l'âge 
T  ans.  sa  laborieuse  et  honorable 
carrière.  —  Ses  publications  sont  peu 
nombreuses.  En  1715,  il  avait  consenti 
à  coopérer  à  la  traduction  française  du 
Nouveau  Testament,  qui  parut  en  1726. 
En  1 730,  il  fit  insérer  dans  une  nouvelle 
édition  de  l'Histoire  de  Spon  (2  vol. 
in-4°J  une  dissertation  latine  sous  ce 
titre  :  Geneva  Sextanorum  colonia  ;  et  il 
y  joignit  plusieurs  inscriptions  nouvelles 
avec  les  explications.  Un  autre  travail 
du  même  genre  sur  un  bouclier  votif 
trouvé  dans  l'Ane,  près  de  Genève,  en 
1721 .  a  été  reproduit  dans  le  Supplément 
de  l'Antiquité  expliquée  de  Montfaucon. 
Dans  le  Journal  italique,  t.  III.  on  trouve 
des  observations  dWbauzit  tendant  à 
prouver  que  les  Chaldéens  connaissaient 
la  sphéricité  de  la  terre,  et  qu'ils  avaient 
déjà  terminé  la  mesure  d'un  degré  du 
méridien.  Comme  mathématicien,  notre 
savant  fit  voir  les  erreurs  où  était  tombé 
le  chevalier  Renau  dans  sa  théorie  de  la 
manœuvre  des  vaisseaux  ;  comme  géo- 
graphe, il  avait  non-seulement  corrigé 
toutes  les  cartes  de  son  atlas,  mais  il  en 
avait  dressé  plusieurs,  une  entre  autres 
pour  montrer  quelle  devait  être,  d'a- 
près la  Genèse,  la  position  du  paradis 
terrestre;  une  autre  de  l'ancienne  Ara- 
bie ;  et  une  enfin  du  passage  de  Jules 


César  dans  la  Grande-Bretagne.  Savant 
théologien,  il  composa  plusieurs  disser- 
tations sur  des  points  de  théologie  con- 
troversés. Son  Discours  historique  sur 
l'Apocalypse,  qu'il  fit  lui-même  paraître 
■  mais  les  meilleurs  bibliographes  n'in- 
diquent pas  l'année  de  la  première  pu- 
blication ,  lui  attira  plusieurs  critiques 
et  donna  même  lieu  à  des  doutes  sur 
l'orthodoxie  de  sa  foi.  Il  y  cherche  à 
prouver  que  l'autorité  canonique  du  livre 
de  saint  Jean  est  douteuse,  et  que  les 
prédictions  qui  y  sont  contenues  s'appli- 
quent à  la  destruction  de  Jérusalem.  Cet 
ouvrage  fut  traduit  en  anglais  par  le 
Dr  Tweells,  qui  y  ajouta  une  réfutation; 
et  ses  raisons,  dit  le  bibliographe  an- 
glais, satisfirent  tellement  Abauzit,  qu'il 
fit  arrêter  l'impression  d'une  nouvelle 
édition  de  son  livre  en  Hollande.  Vincent 
Tassin.  en  1778,  et  Bergier,  en  1780, 
s'attachèrent  également  à  le  réfuter. 
Outre  son  essai  sur  l'Apocalypse,  dont 
la  substance  se  retrouve  dans  son  ar- 
ticle sur  ce  sujet,  imprimé  dans  l'ency- 
clopédie de  Diderot,  trois  autres  mor- 
ceaux de  sa  composition  ont  vu  le  jour 
de  son  vivant,  mais  hum  sa  participa- 
tion. Ce  sont  :  le  Résultat  de  quelques 
conférences  sur  la  théologie  et  la  révéla- 
tionjudaïque  :  en  Hollande,  1732;  une 
Paraphrase  de  l'Epitre  de  S.  Paul  aux 
Galales  ;  Leyde,  1748;  et  une  Lettre  a 
une  dame  sur  la  controverse,  que  Len- 
fant  fit  imprimer  à  la  suite  de  son  ou- 
vrage, intitulé  :  «  Préservatif  contre  le 
papisme.  ■  en  disant  que  s'il  l'avait 
connu  plus  tôt,  il  n'aurait  pas  composé 
son  livre.  Cette  Lettre  à  une  dame  a  été 
réimprimée  (par  les  soins  de  Ph.  Bas- 
<  .enève,  Cherbuliez.  1838, 30  p.  in-8°. 
Après  la  mort  d' Abauzit,  on  publia 
deux  différentes  éditions  de  ses  Œuvres. 

I.  Œuvres  de  feu  M.  Abauzit;  Ge- 
nève, C.  Philibert  et  B.  Chirol,  1770, 
2  vol.  in-8°.  =  Le  premier  volume  traite 
de  matières  théologiques  ;  le  deuxième 
renferme  des  dissertations  d'histoire  et 
d'archéologie.  L'éditeur,  de  Vègobre,  y 
a  joint,  dans  son  Avertissement,  une 
notice  sur  Abauzit. 

II.  Œuvres  diverses  de  31.  Abauzit. 
contenant  ses  écrits  d'histoire,  de  cri- 
tique et  de  théologie;  1. 1,  Londres,  1773, 
in-8°;  t.  II,  contenant  ses  écrits  d'anti- 


ABAUZIT  —  ABBADIE 


<S 


quité  ,  de  critique  et  de  géographie. 
Amsterdam,  E.  van  Harrevelt,  1773, 
in-8°.  =  Cette  édition,  qui  a  été  dirigée 
par  le  pasteur  Moultou,  est  précédée  de 
l'Eloge  d' Abauzit  par  Bérenger.  Le  1er  vo- 
lume est  consacré  à  22  dissertations  de 
théologie,  dont  17  ne  se  trouvent  pas 
dans  le  tome  Ier  de  l'édit.  de  Genève  ;  en 
revanche,  il  ne  contient  pas  trois  mé- 
moires qui  sont  dans  cette  dernière.  Au 
contraire ,  le  2e  volume,  consacré  à  dif- 
férents morceaux  de  critique  littéraire, 
à  des  observations  sur  des  sujets  de  phy- 
sique, d'astronomie,  et  surtout  d'anti- 
quités romaines,  est  identique  dans  les 
deux  éditions. 

III.  On  conserve  à  la  Bibliothèque 
publique  de  Genève  une  liasse  de  feuillets 
épars  écrits  de  la  main  d' Abauzit  et  con- 
tenant une  quantité  de  notes  relatives 
soit  à  l'histoire  de  Genève,  soit  à  des 
questions  d'archéologie,  de  physique  et 
d'astronomie.  On  y  trouve  mêlées  quel- 
ques lettres  à  M .  des  Vignoles,  à  l'astro- 
nome J.-J.  de  Mairan,  à  Bourguet,  pro- 
fesseur à  Lausanne,  etc.  D'après  Vincens 
S.-Laurent(iïïo<7.  Michaud,  art.  Bauyn) 
on  rapporte  que  la  plus  grande  partie  des 
manuscrits  du  savant  genevois  furent 
brûlés  à  Uzès  par  le  zèle  pieux  de  ses 
héritiers. 

Son  frère  cadet,  Bonaventure  Abauzit, 
s'était  voué  au  commerce  et  passa  de 
Genève  en  Angleterre,  où  il  mourut 
en  1717. 

La  famille  Abauzit  existe  encore  à 
Uzès,  et  le  Livre  du. Recteur  de  l'Acad. 
de  Genève  indique  un  Alphonse  Abauzit, 
d'Uzès,  comme  étudiant,  à  la  date 
de  1821. 

Ce  nom,  à  Genève,  disparut  avec  ce- 
lui qui  l'avait  illustré  et  qui  mourut  sans 
avoir  été  marié.  Cependant,  de  1815 
à  1833,  parurent  plusieurs  opuscules 
ihéologiques  d'un  pasteur  genevois  qui 
signait  M  arc -Théophile  Abauzit,  et  qui, 
après  avoir  été  chapelain  de  l'hospice 
des  réfugiés  français  à  Londres ,  de 
1803  à  1820  (Agnew  1,  81),  fut,  de 
1820  à  1828,  pasteur  de  Chancy,  et  mou- 
rut à  Genève,  janv.  1834.  Le  véritable 
nom  de  cet  ecclésiastique  était  Coutau  ; 
il  avait  pris,  à  Londres,  celui  de  sa 
mère,  Marie-C lie  (Clio  ?  <'t  dans  l'acte  de 
décès   Elise),    fille   de   Pierre  Abauzit, 


changement  que  ratifia  le  conseil  d'Etat 
de  Genève  (oct.  1819).  Il  laissa  deux  fils, 
dont  l'un  est  M.Théodore  Abauzit,  au- 
jourd'hui pasteur  de  Calvisson  (Gard). 

Bérenger  et  Végobre,  préfaces  de  leurs  édit.  d' Abauzit. 
—  Senebier.  —  Michaud.  —  bidot.  —  Sordet. 

1.  ABBADIE  ou  Abadie,  d'Abbadie, 
Dabbadie  (voy.  D),  Labadie,  Labbahe, 
(voy.  L),  Davadie,  etc.,  formes  diver- 
ses d'un  même  nom  (De  abbatia)  très- 
répandu  dans  le  S.-O.  de  la  France. 
«  En  Béarn,  Bigorre  et  pays  Basque,  on 
«  peut  compter  par  centaines  les  fa- 
«  milles  appelées  ainsi.  »  (  Lettre  de 
M.  Bavmond,  archiv.  des  B. -Pyrénées). 

2.  ABADIE  (David  d').  Le  Registre 
des  réfugiés,  la  plupart  Français,  reçus  à 
Genève  en  qualité  d'habitants  pendant 
les  persécutions  en  France,  constate,  à 
la  date  du  6  juin  1559,  la  réception  de 
David  Davadie  «  de  Grenade,  en  Gas- 
coigne.  » 

3.  ABBADIE  (Saubat  d'),  jurât  de 
Bellocq  (Basses-Pyrénées),  rançonné  en 
1569  [à  mille  francs)  par  les  catholiques 
sous  les  ordres  de  Jean  d'Armendarits, 
lequel  fit  en  même  temps  «  massacrer 
deux  autres  hommes  qui  n'avoient moyen 
de  lui  donner  argent.  »  —  «  Un  bon 
homme  vieux  de  la  réformée  fut  [aussi] 
soudain  assommé  à  l'entrée  de  sa  mai- 
son. »  Bellocq  «  doncques  fut  tout  à  plat 
pillé  par  les  Basques,  et  outre  cela  plu- 
sieurs qui  estoientesgarez  parmi  les  bois 
furent  massacrez  et  maints  autres  ran- 
çonnez. Toutesfois  Dieu  fortifia  telle- 
ment ces  povres  gens  qu'il  n'y  eut  pé- 
ril, danger,  perte  ne  cruauté  qui  les  fit 
abandonner  la  fidélité  de  leur  Princesse 
[Jeanne  d'Albret]  ny  leur  religion  et  ne 
se  trouva  en  tout  Bellocq  que  deux  hom- 
mes et  trois  femmes  qui  retournassent 
à  la  messe.  »  (Bordenave,  p.  215.) 

4.  ABBADIE.  u  Le  28  juillet  1003,  les 
jurats  de  Nay  (Basses-Pyrénées)  deman- 
dent au  synode  de  leur  envoyer  pour 
ministre  Abbadie ,  alors  ministre  à 
Serres-Castet,  en  remplacement  de  Ni- 
colas de  Bordenave,  mort  depuis  plus 
de  deux  ans.  »  (Bordenave,  préf.,  p.  iv). 
Un  Jean  d'Abbadie  était  en  effet  pasteur 
de  Nay  en  1612(Aymon  1,  395). 

ASBADtH  lils.  ministre  à  Moncaup 
(Béarn),  1020  [X,  326]. 

5.  ABBADIE    (Jean    d'),    ministre 


ABBADIE 


10 


d'Osse  en  Béarn,  163*2. —  (JeancT),  mi- 
nistre de  La  Bastide-Villefranche  (Béarn) 
en  1658,  1660  {Bull.  XV.  584  - 
femme  était  Jeanne,  fille  de  Jacques  de 
Magendie .  ministre.  Elle  était  veuve  au 
mois  de  mai  1679  (Archiv.  des  B.-Pvr. 
E  1954,  1-208.  1210). 

6.  ABBADIE  'Marguerite  d'),  mariée 
(v.  1650)  à  Jean  du  Lion,  sieur  de  Besle, 
et  Bomaine  d'Abbadie.  mariée  en 
à  Mathieu  du  Lion  [IV,  394  h].  Les 
Du  Lion  sont  des  gentilshommes  de  la 
Guvenne. 

f.  ABBADIE  ;Pierre),  ministre  de  l'E- 
glise de  Pau  vers  le  milieu  du  XVIIe  siè- 
cle, nous  est  connu  seulement  par  quel- 
ques sermons  et  par  une  dispute  qu'il 
soutint  en  1635  et  plusieurs  années  après 
contre  un  jésuite  nommé  Audebert,  au 
sujet  dune  dame  de  Pardies,  femme  d'un 
conseiller  à  la  cour  de  Béarn.  qui  avait 
abandonné  la  foi  réformée  pour  suivre 
celle  de  son  mari.  A  cette  occasion  le 
P.  jésuite  avait  publié  :  Le  triomphe  de 
la  vérité  ou  aveu  du  sr  Abbadie.  ministre 
de  Pau.  sur  la  transsubstantiation  et  sur 
le  purgatoire;  Orthez,  1638.  in-8°.  Abba- 
die répondit  par  :  La  victoire  de  la  vérité 
opposée  au  triomphe  sans-  victoire  chanté 
par  un  vaincu,  ou  Réponse  au  livre  du 
sr  Audebert.  jésuite,  intitulé:  Iy  triom- 
phe de  la  vérité...;  Orthez,  Jacq.  Bouyer, 
in-8°.  L'ouvrage  est  revêtu  de 
l'approbation  des  pasteurs  Capdrville. 
de  Sauveterre:  La  Fite.  de  Pau,  et  17- 
dal.  de  Lescar,  commis  par  le  synode 
provincial  des  Eglises  réf.  du  Béarn  à 
l'examen  des  livres  de  religion,  liais 
le  P.  Audebert  ne  se  lassa  point,  et  l'on 
eut  encore  de  lui  :  La  logique  du  g»  Ah- 
badie  :  Orthez,  1638,  in-8°.  —  Théodore t 
en  son  jour  :  Lascar,  1639.  —  Lettre 
du  p.  Audebert  au  synode  de  MM.  Isa 
ministres  de  Béarn  sur  les  passages  de 
Théodoret;  Lascar,  1639.  —  Lettre  du 
p.  Audebert  à  MM.  du  consistoire  de  Pau 
sur  la  croyance  du  s"  Abbadie,  leur  mi- 
nistre; Lascar,  1639. —  Lettre  du  p.  Au- 
debert à  MM.  les  ministres  de  Béarn 
sur  les  faussetés  et  impostures  du  sr  Ab- 
badie leur  collègue;  Bordeaux.  1639. 
in-8°;  plus  divers  autres  écrits  analogues 
où  Abbadie  n'est  pas  directement  pris  à 
partie. 

On  a  aussi  de  P.  Abbadie  des  sermons  ; 


en  voici  les  titre>  :  La  vierge  Marie  au- 
près de  la  croix,  ou  sermonpour  la  Sainte 
Cène  de  Pasques.  prononcé  à  Charenton 
le  1er mai  1639:  Charenton,  Melch.  Mon- 
dière.  1641,  in-U2  de  81  pas.  —  Deux 
sermons  sur  la  gloire  du  chrestien  vic- 
torieux au  ciel  et  sur  la  frayeur  des 
méchants  au  jour  du  jugement  ;  Cha- 
renton, Mondière,  16H  W9  p.i.  —  Les 
richesses  iniques,  ou  sermon  contre  l'a- 
varice, prononcé  à  Charenton  le  4  oc- 
tobre 1643:  Charenton.  1663.  in-1'2  de 
83  pag.  —  Jésus-Christ  dans  le  Jour- 
dain, ou  sermon  sur  le  baptême  de 
Jésus-Christ,  prononcé  à  Charenton  le 
15  novembre  1643  par  Pierre  Abbadie, 
ministre  du  St.  Evanu  .  et  se  vendent 
à  Charenton  par  Jacques  Auvra...  Pet. 
in-1-2  de  7i  pag.  Bourchemn. —  Soulice.) 
Via.  encore   VI.  a  - 

8.  Un  ministre  nomm.  Piem 
Abbadie  et  contemporain  de  celui  de  Pau. 
mais  probablement  autre,  étant  ] 
gèrement  à  Genève  en  1661,  écrivit  sur 
les  persécutions  que  subissaient  alors  les 
protestants  dans  le  i  une 
lettie  intéressante  publié»1  dans  le  Bull, 
de  ihist.  du  Prnt.  '  I.  M8  .—  Un  autre, 
ministre  à  Carlin  (Béarn  .  1660  Bull. 
W.  580). 

9.  ABBADIE  (Jacques  ,  docteur  en 
théologie, né  a  Xay.  petite  ville  du  Béarn, 
en  1654,  et  mort  le  '25  septembre  17-27. 

:y-le-Bone.  petite  paroisse  alors 
située  à  un  mille  de  Londres  et  aujour- 
d'hui dans  la  ville  [  IL  ■  :  — 
85  S,  13'.»  a:  11.  69  a,  138  b.  161  a:  Vil. 
.  a). 
Après  avuir  reçu  sa  première  instruc- 
tion du  célèbre  moraliste  Jean  de  La 
Placette.  alors  ministre  à  Xay.  Abbadie 
alla  compléter  ses  études  a  Puylaurens. 
à  Saumur  et  à  Sedan.  C'est  à  lacadémie 
de  Sedan  qu'il  prit  le  srade  de  docteur 
en  théologie.  Un  de  s<>s  biographes  nous 
apprend  que  l'indigence  de  ses  parents 
ne  leur  ayant  pas  permis  de  faire  les 
frais    de    son    éducation,    c'étaient   les 

se  de  sa  province  qui  s'en  étaient 
chargées.  L'édit  de  Nantes  n'était  pas 
encore  révoqué  ;  mais  le  gouvernement 
préludait  à  ce  coup  d'Etat  par  des  per- 
sécutions partielles  qui  déterminaient 
chaque  jour  de  nouvelles  émigrations. 
Frédéric-Guillaume,  le  grand   électeur, 


11 


ABBADIE 


12 


accordait  aux  réfugiés  français  une  géné- 
reuse hospitalité  dans  ses  Etats  de  Bran- 
debourg, et  il  avait  chargé  le  comte 
d'Espence  en  ambassade  à  Paris,  de  lui 
envoyer  un  ministre  pour  lui  confier  la 
direction  spirituelle  de  la  colonie  nais- 
sante. Le  choix  tomba  sur  Abbadie(  1680). 
L'Eglise  française  de  Berlin  ne  comptait 
encore  que  peu  de  membres,  et  le  ser- 
vice religieux  se  faisait  dans  la  maison 
de  ce  seigneur.  Mais  l'électeur  donna 
l'ordre  de  réparer  la  chapelle  de  son  pa- 
lais pour  l'usage  de  cette  assemblée,  et, 
jusqu'à  sa  mort,  les  réfugiés  jouirent 
de  cette  faveur.  En  possession  de  toute 
la  confiance  de  ce  prince,  qu'il  avait  su 
gagner  par  son  noble  caractère  autant 
que  par  ses  rares  talents,  Abbadie  se 
servit  toujours  de  son  crédit  dans  l'in- 
térêt de  ses  malheureux  compatriotes 
qui  n'arrivaient  le  plus  souvent  au  lieu 
du  refuge  que  dans  le  plus  profond  dé- 
nùment.  Pendant  les  années  1684,  86 
et  88,  il  fit  plusieurs  voyages  en  Hol- 
lande, dans  le  but  surtout  de  donner  ses 
soins  à  diverses  publications,  et,  entre 
autres,  à  son  célèbre  traité  de  La  Vérité 
de  la  religion  chrétienne,  le  plus  estimé 
de  ses  ouvrages.  Frédéric-Guillaume 
étant  mort  en  1688,  Abbadie  céda  aux 
instances  du  maréchal  de  Schomberg 
également  réfugié  en  Prusse ,  qui  le 
pressait,  au  nom  de  son  amitié,  de  l'ac- 
compagner en  Angleterre,  à  la  suite  du 
prince  d'Orange,  depuis  Guillaume  III, 
On  sait  que  le  maréchal  périt  à  la  ba- 
taille de  la  Boyne,  en  1690.  Ce  fut  dans 
ce  temps,  et  au  milieu  du  bruit  des 
armes,  qu'Abbadie  composa  son  traité 
sur  les  Sources  de  la  morale  ou  l'Art 
de  se  connaître  soi-même.  La  mort  de 
son  protecteur  l'ayant  engagé  à  repasser 
en  Angleterre,  il  fut  nommé  pasteur  de 
l'Eglise  française,  dite  de  la  Savoie,  à 
Londres.  H  en  remplit  les  devoirs  avec 
son  zèle  accoutumé,  jusqu'à  ce  que,  sa 
santé  s' accommodant  mal  du  climat  de 
Londres,  il  obtint,  sur  la  recommanda- 
tion du  roi  Guillaume,  les  fonctions  de 
doyen  de  S. -Patrick,  de  Dublin,  mais 
sans  pouvoir  les  remplir,  à  cause  de  son 
ignorance  il''  l'anglais.  11  accepta  en 
échange,  en  1699,  un  autre  doyenné, 
celui  de  Killaloe,  en  Irlande,  dont  il 
jouit  jusqu'à  sa  mort.  Là  il   passa  la 


seconde  partie  de  sa  vie  dans  la  retraite 
et  le  travail,  sauf  qu'il  aimait  à  s'échap- 
per pour  aller  à  Portarlington  se  mêler 
à  une  société  distinguée  de  ses  compa- 
triotes qui  y  formaient  une  colonie  et 
sauf  aussi  les  voyages  qu'il  faisait  en 
Angleterre  ou  en  Hollande  pour  l'im- 
pression de  ses  ouvrages.  11  était  depuis 
peu  de  retour  d'Amsterdam,  et  il  s'oc- 
cupait d'une  nouvelle  édition  de  ses 
Œuvres,  dont  l'annonce  avait  déjà  paru, 
promettant  4  vol.  in-4°,  lorsqu'il  s'étei- 
gnit dans  sa  73e  année.  Voici  la  liste  de 
ses  œuvres. 

I.  Sermons  sur  divers  textes  de  l'Ecri- 
ture ;  Leydp,  1680,  in-8°.  =  Ces  ser- 
mons, au  nombre  de  quatre,  ont  été 
réimprimés  plusieurs  fois.  Quelques  au- 
tres prononcés  dans  des  occasions  solen- 
nelles, et  parmi  lesquels  il  y  en  a  qui 
étaient  déjà  arrivés,  en  1727,  à  leur 
14e  édition,  ont  paru  séparément  à  des 
époques  plus  ou  moins  éloignées.  Ils  ont 
été  tous  réunis  avec  les  Panégyriques  de 
notre  auteur,  à  Amst.  1760,  en  3  vol. 
in-8°,  et  sont  précédés  d'un  Essai  hist. 
sur  sa  vie  et  ses  ouvrages. 

IL  Panégyrique  de  Mgr  l'électeur  de 
Brandebourg ;Berl.,  et  Bott.  1684,  in-4° 
et  in-8°.  =  Cet  éloge  a  été  traduit  en  ita- 
lien par  Gregorio  Leti,  qui  l'a  inséré 
dans  son  Histoire  du  Brandebourg.  Bayle 
en  avait  dit  tant  de  bien  dans  ses  Nou- 
velles de  la  Bépublique  des  lettres, 
qu'Abbadie  lui  écrivit,  en  le  remerciant, 
qu'il  avait  fait  le  panégyrique  do  son 
Panégyrique. 

111.  Traité  de  la  Vérité  de  la  reli- 
gion chrétienne,  où  l'on  établit  la  reli- 
gion chrétienne  par  ses  propres  carac- 
tères ;  Bott.  1684,  2  vol.  in-4°  et  in-8°; 
6e  édit.,  1711,  3  vol.  in-12;  le  3e  vol.  se 
compose  du  traité  de  la  Divinité  de  notre 
Seigneur  J.-C,  qui  ne  parut  qu'en  1689. 
=  Cet  excellent  ouvrage  a  eu  de  nom- 
breuses éditions  ;  celle  de  1688  renferme 
des  additions  considérables.  11  a  été  tra- 
duit en  plusieurs  langues  :  en  anglais, 
par  H.  Lussan  ;  Londres,  lOO'i.  "2  vol. 
in-8°,  et  plusieurs  fois  depuis;  en  alle- 
mand, par  G.-L.  Billerbêck,  qui  y  a 
ajouté  des  notes  et  des  prolégomènes, 
Francf.  1713,  et  par  Ilahn,  qui  l'a  éga- 
lement annoté,  Garlsruhe,  177(1,  in-S°. 
«  Depuis  longtemps,  dit  un  critique,  il 


13 


ABBADIE 


\A 


n'avait  point  paru  de  livre  où  il  y  eût 
plus  de  force  et  plus  d'esprit,  plus  de 
raisonnement  et  plus  d'éloquence.  » 
Cet  éloge  n'a  rien  d'exagéré.  Bayle  dans 
ses  Nouv.  delà  Rép.  des  Lettres  (oct.  et 
nov.  1684),  les  Acta  Eruditorum  (mars 
1685),  le  Journal  des  Savans  avril  1722), 
rendent  à  Abbadie  le  même  témoignage. 
Des  catholiques  même  ardents,  et  per- 
sonne ne  s'étonnera  de  nous  voir  citer 
dans  le  nombre  la  célèbre  Mme  de  Sévi- 
gné,  poussaient  jusqu'à  l'enthousiasme 
leur  admiration.  «  C'est  le  plus  divin  de 
tous  les  livres.  »  écrivait-elle  à  Bussy- 
Rabutin,  et  celui-ci  lui  répondait  sur  le 
même  ton  :  «  Il  n'y  a  que  ce  livre-là  à 
lire  au  monde.  »  Quelques  jours  après, 
il  reprenait  la  plume,  tant  son  cœur  dé- 
bordait :  «  C'est  un  livre  divin,  lui  écri- 
vait-il de  nouveau,  je  ne  dis  pas  seule- 
ment pour  la  matière,  mais  encore  pour 
la  forme.  Je  ne  veux  lire  que  ce  livre-là 
pour  ce  qui  regarde  mon  salut.  »  (Le 
comte  de  Bussy  était  alors  âgé  d'environ 
70  ans.)  «  Jusques  ici,  continue-t-il.  je 
n'ai  point  été  touché  de  tous  les  au- 
tres livres  qui  parlent  de  Dieu,  et  j'en 
vois  bien  aujourd'hui  la  raison  ;  c'est  que 
la  source  m'en  paraissait  douteuse:  mais 
la  voyant  claire  et  nette  dans  le  Livre 
d' Abbadie,  il  me  fait  valoir  tout  ce  que 
je  n'estimais  pas.  Encore  une  fois,  c'est 
un  livre  admirable,  il  me  peint  tout  ce 
qu'il  me  dit,  et  en  un  mot,  il  force  ma 
raison  à  ne  pas  douter  de  ce  qui  lui  pa- 
raissait incroyable.  »  Le  duc  de  Mon- 
tausier,  s'entretenant  un  jour  de  l'ou- 
vrage d' Abbadie  avec  l'ambassadeur  de 
l'électeur  de  Brandebourg,  Spanheim, 
«  la  seule  chose  qui  me  chagrine,  lui  dit- 
il,  c'est  que  l'auteur  de  ce  livre  soit  à 
Berlin.  »  Et  en  effet,  c'était  là  une  ré- 
flexion pénible  que  devait  naturellement 
faire  tout  esprit  juste. 

IV.  Réflexions  sur  la  présence  réelle 
du  corps  de  J.-Ch.  dans  l'Eucharistie 
comprises  en  diverses  lettres:  La  Hâve. 
1685,  in- 12;  Rot  t.  1713,  in- 12.  m 
lettres  sont  au  nombre  de  quatre.  Dans 
la  lre,  l'auteur  traite  de  la  manducation 
du  corps  de  .1  .-Ch.,  et  examine  le  6e  cha- 
pitre de  saint  Jean  ;  dans  la  2e,  il  expose  la 
doctrine  de  la  présence  réelle  et  répond 
à  quelques  difficultés  d'Arnaud;  dans 
la  3e,  il  attaque  l'adoration  de  l'Eucha- 


ristie; dans  la  4e  enfin,  il  rapporte  un 
certain  nombre  de  pensées  que  les  apô- 
tres ont  pu  avoir,  plus  raisonnables  et 
plus  naturelles  que  celles  de  la  trans- 
substantiation, lorsque  J.-Ch.  institua 
ce  sacrement.  Cet  ouvrage  était  le  der- 
nier coup  porté  dans  une  polémique  qui 
durait  depuis  vingt  ans  et  qui  avait  été 
suscitée  entre  le  ministre  Claude  et  les 
jansénistes  par  la  conversion  de  Tu- 
renne;  il  a  été  traduit  (The  chemical 
change  in  the  Eucharist),  par  J.-W. 
Hamersley  et  réimprimé  en  1835,  à 
Toulouse,  sous  ce  titre  :  Quatre  Lettres 
sur  la  transsubstantiation. 

V.  Les  caractères  du  Chrestien  et  du 
Christianisme,  marqués  dans  trois  ser- 
mons surdivers  textes  de  l'Evangile,  avec 
des  réflexions  sur  les  afflictions  de  l'E- 
glise; La  Haye,  1686, 1687  et  1695,  in-12. 

Y  1 .  Sermon  prononcé  à  l 'occasion  du 
couronnement  de  l'électeur  de  Brande- 
bourg ,  le  13  de  juin  1688;  Berl.  1688. 
in- 12. 

VII.  Traité  de  la  divinité  de  Notre 
Seigneur  J.-Ch  ;  Rott.  1689,  in- 12: 
Ie  éd.  Amst.  1729:  trad.  en  anglais  par 
M.Booth,  Londr.  1777,  in- 12.  =  L'au- 
teur revient  dans  cet  ouvra tre  sur  les 
principes  qu'il  avait  déjà  exposés  dans 
son  traité  sur  la  Vérité  de  la  religion 
chrétienne. 

VIII.  L'Art  de  se  connaître  soi- 
même,  ou  Recherche  sur  los  sources  de 
la  morale.  Rott.  1692,  in-8°;  Lyon.  1693. 
1701,  in-12:  réimprimé  souvent  dans  le 
cours  du  XVIIIe  s.  en  France  et  en 
Hollande:  nouv.  édit.,  avec  des  notes 
explicatives  ou  critiques  par  M.  L... 
(Lacoste),  théologal  et  vicaire  gén.  du 
diocèse  de  Dijon;  Dijon,  1826.  in-12.  Cet 
ouvia.  tndoit  en  anglais  par  le 
ter.  T.  Woodcock  (Oxford,  1695,  in-12: 
id.  1698\  et  en  allemand.  =  Il  est  di- 
visé en  deux  parties.  La  lre  traite  de  la 
nature  de  l'homme,  de  ses  perfections, 
de  ses  devoirs,  de  sa  lin  ;  dans  la  2e  l'au- 
teur recherche  l'origine  de  la  corruption 
humaine. 

IX.  Défense  de  la  nation  Britannique , 
où  les  Droits  de  Dieu,  de  la  nature  et  de 
la  société  sont  clairement  établis  au  sujet 
de  la  révolution  d'Angleterre  contre  l'au- 
teur de  l'Avis  important  aux  Réfugiés 
.'Bayle),  Londr.  1693,  in-12. 


15 


ABBADIE 


16 


X.  Panégyrique  de  Marie,  reine  d'An- 
gleterre, d'Ecosse,  de  France  et  d'Ir- 
lande, de  glorieuse  mémoire,  décédée  à 
Kensington  le  18  décembre  1694;  La 
Haye,  1695,  in-12;  trad.  en  angl., Lon- 
dres 1695,  in-4°. 

XL  Histoire  de  la  dernière  conspira- 
tion d'Angleterre  avec  le  détail  des  di- 
verses entreprises  contre  le  roi  et  la  na- 
tion qui  ont  précédé  ce  dernier  attentat; 
Londr.  1696,  in-8°;  réimprimé  en  Hol- 
lande et  trad.  en  anglais.  =  Cet  ouvrage 
fut  écrit  par  Abbadie  à  la  demande  du 
roi  Guillaume  et  sur  les  mémoires  qui  lui 
furent  fournis  par  lord  Portland  etsir  Wil- 
liam Trumball,  alors  secrétaires  d'Etat. 

Dans  l'intervalle  de  cette  publication 
et  de  la  suivante,  Abbadie  donna  ses 
soins  à  une  révision  de  la  trad.  en  fran- 
çais de  la  Liturgie  de  l  Eglise  anglicane, 
en  tête  de  laquelle  il  mit  une  Epître  dé- 
dicatoire  au  roi  George  Ier,  Londr.  1719, 
in-8°. 

XII.  La  Vérité  de  la  religion  chré- 
tienne réformée;  Rott.,  1718,  2v.  in-8°. 
=  Cet  ouvrage  est  divisé  en  4  parties. 
Dans  la  lre,  l'auteur  réfute  la  doctrine 
de  la  transsubstantiation  ;  dans  la  2e,  il 
combat  l'autorité  du  Pape  ;  dans  la  3e,  il 
examine  la  doctrine  du  purgatoire,  et 
dans  la  4e,  il  traite  du  culte  des  saints, 
de  l'adoration  des  images ,  des  reli- 
ques, etc.,  cherchant  à  prouver  que  les 
doctrines  romaines  sont  clairement  pré- 
dites dans  l'Apocalypse.  Ce  traité  fut 
traduit  en  anglais  par  le  Dr  Henry 
Lambert,  évêque  de  Dromore,  pour  l'in- 
struction des  catholiques  romains  de 
son  diocèse. 

XIII.  Le  Triomphe  de  la  Providence 
et  de  la  Religion,  ou  l'ouverture  des  sept 
sceaux  par  le  fils  de  Dieu,  avec  une  nou- 
velle et  très-sensible  démonstration  de 
la  vérité  de  la  religion  chrétienne;  Amsf. 
1 721 .  en  2  vol.  selon  les  uns,  ou  en  3  se- 
lon d'autres;  1723,  4  vol.  in-12.  —  Cet 
ouvrage  fait  suite  au  précédent. 

On  attribue  encore  à  Abbadie  trois  pu- 
blications dont  aucun  biographe  ne  fait 
mention  :  Commentaires  sur  les  Révéla- 
tions (sans  date,  ni  lieu  d'impression)  ; 
Accomplissement  des  prophéties  dans 
la  personne  de  J.-Ch.,  trad.  en  angl., 
Londr.  1810,  in-12;  Antidote  souverain 
contre  le  poison  de  lArianisme,  trad.  en 


angl.  (sans  date,  ni  lieu  d'impression). 
Il  est  à  supposer  que  ces  ouvrages  ne 
sont  que  des  traductions  de  parties  dé- 
tachées du  livre  de  notre  auteur  sur  le 
Triomphe  de  la  Providence. 

Dans  l'édition  complète  de  ses  œuvres, 
annoncées  en  1727,  en  4  vol.  in -4°,  mais 
restée  à  l'état  de  projet,  devaient  en  ou- 
tre être  comprises  plusieurs  publications 
tout  à  fait  inédites,  entre  autres  une  Nou- 
velle manière  de  prouver  l'immortalité 
de  l'âme,  et  des  Notes  sur  le  commen- 
taire philosophique  (de  Bayle)  ;  mais  à 
sa  mort  il  ne  s'est  rien  trouvé  dans  ses 
papiers.  «  Cela,  dit  Chauffepié,  ne  sur- 
prendra point  ceux  qui  savent  que  ce 
savant  méditait  avec  tant  de  force  qu'il 
avait  quelquefois  ses  ouvrages  tout  com- 
posés en  tête  et  ne  les  écrivait  qu'à  me- 
sure qu'il  les  faisait  imprimer.  » 

En  1762,  un  mathématicien  français, 
Alexandre  Savérien,  ingénieur  de  la  ma- 
rine, fit  paraître  le  premier  volume  d'une 
série  (8  vol.  in-12)  de  Vies  des  philoso- 
phes modernes,  et  ce  premier  volume, 
consacré  aux  métaphysiciens,  contenait 
les  vies  d'Erasme,  Hobbes,  Nicole,  Locke, 
Spinosa,  Malebranche,  Bayle,  Abbadie, 
Clarke  et  Collins.  La  biographie  d'Ab- 
badie  qu'y  donnait  Savérien  se  termine 
par  ces  mots  :  «  Cet  illustre  métaphysi- 
cien possédoit  parfaitement  les  langues 
savantes  et  les  auteurs  classiques.  11 
étoit  versé  dans  l'histoire  tant  ecclésias- 
tique que  profane.  Il  avoit  surtout  une 
grande  pénétration  d'esprit,  beaucoup 
d'élévation  dans  le  génie  et  une  mâle 
éloquence.  »  11  fut,  dit  un  critique  an- 
glais (Dr  Kippis),  un  des  hommes  les 
plus  éloquents  du  temps  où  il  a  vécu. 

Bayle.  —  Niceron.—  Michaud.—  Didot.  —  Siniles,  496. 
—  Agnew  il.  90-102.  —  Jacq.  Abbadie  considéré  comme 
moraliste;  étude  sur  son  Art  de  se  connaître  ;  thèse 
par  P.-F.  Marquié  ;  Montauban,  <855. 

10.  ABBADIE  (d'),  à  la  fois  homme  de 
guerre  et  théologien.  11  guerroyait  avec 
l'épée  aussi  bien  qu'avec  la  plume,  dans 
les  premières  années  du  XVIIl»  siècle, 
pour  la  foi  protestante. 

On  a  de  lui  :  Réponse  du  sieur  d' Ab- 
badie, capitaine  au  régiment  de  Lin- 
deboom,  à  diverses  lettres  du  père  de 
Souastre,  jésuite  à  L'Isle  en  Flandre, 
touchant  le  culte  des  saints  et  l'auto- 
rité de  l'Eglise  romaine.  Se  pend  à 
L'Isle  chez  Berteu.r.  lecteur  dr  l'Eglise 


M 


ABBADIE  —  ABELIX 


18 


françoise.  (Sans  date.)  80  pag.  in-12. 
Ce  petit  volume  se  lie  à  une  publica- 
tion précédente  où  le  même  auteur  avait 
fait  imprimer  sa  correspondance  avec  le 
père  Souastre,  au  grand  chagrin  de  ce- 
lui-ci. Le  25  ou  26  juillet  1710,  le  bruit 
se  répandit  que  d'Abbadie  avait  été  tué 
le  24  devant  Béthune,  et  dès  le  27  le  père 
Souastre  publiait  une  lettre  à  «  M.  Des- 
queux, pasteur  de  St.  Etienne,  »  par  la- 
quelle il  s'adjugeait  à  lui-même  la  victoire 
dans  la  controverse  qu'il  avait  soutenue 
contre  le  capitaine  huguenot.  Il  y  annon- 
çait en  outre  une  édition  plus  exacte  et 
complète  de  toutes  ses  lettres.  Malheureu- 
sement pour  le  révérend  père,  d'Abbadie 
n'était  pas  mort.  Il  avait  en  effet  reçu  le 
24  juillet  au  siège  de  Béthune  une  grande 
blessure  à  la  tète;  on  l'avait  laissé  pour 
mort  sur  le  terrain,  et  dépouillé  comme 
tel  ;  il  perdit  un  œil  et  resta  défiguré  ; 
mais  il  ne  perdit  rien  de  son  ardeur  pour 
la  discussion,  et  le  22  février  1711.  étant 
à  La  Haye  (c'est  la  date  que  porte  la  lettre 
servant  de  préface),  il  décocha  cette  Ré- 
ponse à  son  antagoniste,  dans  laquelle  il 
commence  par  lui  montrer  que  son  édi- 
tion «  plus  exacte  et  plus  complète  »  con- 
tient deux  lettres  que  le  jésuite  ne  lui 
avait  jamais  envoyées.  (S.  Chappuis.) 

11.  ABBADIE,  marchand  à  Najî 
ses  filles  mises  par  lettres  de  cachet  aux 
Ursulines  de  Pau,  1702. —  Autre,  apo- 
thicaire à  Orthez  ;  le  duc  de  Gramont 
demande  au  roi  un  ordre  pour  lui  reti- 
rer sa  fille  âgée  de  4  ans,  1706.  —  In- 
formation contre  la  dame  Abbadie,  âgée 
de  82  ans,  qui  après  s'être  confessée 
dans  une  maladie  grave  refusait  de  com- 
munier, 1704  Arch.  gén.  Tt  . 

12.  ABBADIE  {Jean-Jacques  d'i,  na- 
turalisé sujet  anglais,  1698.  —  Daniel 
d'  ,  cornette  de  cavalerie  au  régiment  de 
Galway  et  réfugié  à  Portarlington  en  Ir- 
lande, 1710-23  (Agnew  1,  54,  102). 

13.  ABBADIE  (Salomon),  réfugié  et 
assisté  à  Londres,  1721. 

ABBELIXE  (Claude),  femme  de 
Pierre  de  Brueys  [111,  40  b]. 

ABEILLE  (Jacques),  notaire  au  Luc. 
en  Provence,  «  percé  par  le  corps  d'un 
baston  ferré,  tout  vif,  et  ainsi  porté  par 
la  ville,  puis  bruslé,  »  1562.  [X,  470.]  — 
(Marie,  fille  de  feu  Gaspard),  de  Vendres, 
dioe.  d'Uzès,  réfugiée  à  Genève.  1691. 


—  Jean  (fils  de  Pierre),  «  de  Lussans  en 
Languedoc,  manufacturier  en  laine,  »  id. 
1715,  reçu  habitant  en  1723. 

1.  ABEL  (Anne),  femme  de  Hugues 
Matthieu  [VII,  328  a]. 

2.  ABEL,  de  Yitry-le-François,  ouvrier 
en  soie,  réfugié  à  Clèves,  1698.  — 
(Etienne),  réfugié  à  Londres,  v.  1730 
[IV,  5ia\ 

3.  ABÉL  !  Marc-Antoine),  galérien, 
1701    Bull.  XVIII. 

4.  ABEL  (Balthazar  d*),  sieur  de 
Chevalet  [VII,  170  a]. 

ABEL1  i Honoré),  «  de  S.  Martin  de 
Castilhonen  Provence,  pris  et  arquebuzé 
au  lieu  de  Castelet  par  le  curé  et  prestre 
du  lieu,  puis  pendirent  son  corps  à  un 
arbre,  »  1562  [X,  470  .  —  Abely .  capi- 
taine '  huguenot  en  1 59 1  [II,  377  a. 

1.  ABELIX  (EsTiENNEi, «  d'Alex  en 
Languedoc,  »  reçu  habitant  de  Genève 
le  28  août  1587.  —  Abelain  (Jean),  na- 
turalisé anglais,  1696  (Agnew  I.  521  . 
\ HELIX  (Jean-Philippe),  maître 
en  philosophie,  né  à  Strasbourg  dans  la 
seconde  moitié  du  XVIe  siècle,  et  mort 
avant  l'an  1646  |Haac  I,  11  . 

Cet  écrivain,  plus  connu  sous  le  pseu- 
donyme de  Jean-Louis  Gottfried.  Gotto- 
fridus  ou  Gotefridus  mis  sur  la  plupart 
de  ses  publications,  jouissait  de  son 
temps,  comme  chroniqueur,  d'une  cer- 
taine réputation.  Il  parait  avoir  vécu  à 
Francfort.  Sa  vie  se  passa  tout  entière 
dans  les  études  du  cabinet.  Ses  nom- 
breux ouvrages  sont  écrits  en  latin  ou 
en  allemand  et  principalement  consacrés 
à  l'histoire  de  son  temps  et  à  la  géogra- 
phie. 11  commença  en  1619  par  un  texte 
écrit  pour  accompagner  les  belles  plan- 
ches grevées  par  J.-Th.  de  Bry  pour  les 
Métamorphoses  d'Ovide.  11  publia  en- 
suite, en  1625,  une  traduction  latine  du 
Voyage  de  Samuel  Braun  au  Congo:  en 
nie  «  Description  de  tous  les  em- 
pires »  et  une  Histoire  de  l'Inde  Orien- 
tale; en  1631  une  Histoire  des  antipodes 
ou  des  Indes  Occidentales  .  en  1632  une 
Description  du  royaume  de  Suède  ;  en 
1633  des  «  Chroniques  historiques  ou 
Description  des  principaux  événements 
depuis  la  création  du  monde  jusqu'à  l'an 


1  Par  ce  titre  de  capitaine,  nous  désignerons  les  hu- 
guenot* que  nous  trouvons  nommés  dans  l'histoire 
comme  ayant  exercé  un  commandement  quelconque 


19 


ABELIN 


ABRAHAM 


20 


1619  (2  vol.in-fol.  avec  484  grav.);  enfin 
il  n'eut  le  temps  de  rédiger  que  le  pre- 
mier volume  du  grand  ouvrage  en  21  vol. 
in-fol.  publié  à  Francfort-s.-M.  de  1635 
à  1728  par  le  soin  des  Mérian  et  intitulé  : 
Theatrum  Europxum  ou  Description  dé- 
taillée de  tous  les  événements  remarqua- 
bles tels  qu'ils  se  sont  passés  dans  le 
monde  mais  principalement  en  Europe 
et  dans  l'Allemagne,  tant  dans  les  af- 
faires religieuses  que  profanes,  depuis 
l'anïbïl  jusqu'à  l'an  1629 exclusivement. 

Quelques  écrivains  reconnaissentaussi 
Abelin  sous  le  pseudonyme  de  Jean-Phi- 
lippe Abel  et  lui  attribuent  une  trad.  alle- 
mande d'une  comédie  de  Daniel  Cramer 
sur  l'enlèvement  des  jeunes  princes 
saxons,  Albert  et  Ernest  :  Plagium,  co- 
mœdia  de  Alberto  et  Ernesto  surreptis, 
sous  le  titre  :  Kauffungs-Plagium,Fra,ncï. 
1627,  in-8°. 

ABÈRE  (d'),  gentilhomme  béarnais, 
v.  1700  [H,  501  b]. 

i.  ABERLIN  (Augustin,  fils  d'An- 
toine), marchand  de  Nîmes,  réfugié  à  Ge- 
nève, 1696.  —  (Marie,  femme  de  Daniel), 
et  son  fils  Nicolas,  réfugiés  et  assistés  à 
Londres,  1702.  —  (Aug.),  d'Orange,  id. 
1703.  —  (Jean),  de  Gervières  en  Dau- 
phiné,  id.  1708. 

2.  ABERLIN  (....),  prisonnière,  1743, 
à  la  tour  de  Constance  en  la  ville  d'Ai- 
gues-Mortes  [X,  442]. 

1.  ABERT  (Jehan,  fils  de  Simon), 
«  pelletier,  du  pays  de  Gastinoys,  »  reçu 
bourgeois  de  Genève.  9  fév.  1571. 

2.  ABERT  (Marc,  fils  de  feu  Paul),  de 
Serres  en  Dauphiné,  1681.  —  (Olympe), 
de  Grenoble,  1690.  —  (Marie),  du  Dau- 
phiné, ebargée  de  famille,  1693.  — 
(Laurent),  sa  femme  et  deux  enfants,  du 
Val  de  Queiras,  1697.  —  (La  veuve),  de 
Serres,  1699.  —  (Paul),  et  son  fils,  de 
Die,  1701.  Tous  réfugiés  à  Genève  (les 
deux  derniers  en  chemin  pour  l'Allema- 
gne et  le  Brandebourg)  et  assistés  parla 
Bourse  Françoise. 

Ablancourt  (d'),  voy.  Fremont  et 
Perrot. 

ABLAING  (Jean  Daniel  d'),  baron  de 
Giesenburg,  né  en  1703  à  Utrecht,  de 
parents  français  et  mort  en  1775  gou- 
verneur des  Etats  d' Utrecht.  C'était  un 
homme  d'Etat  et  en  même  temps  un 
profond  érudit.  (Rahlenbeck.) 


Ablèges  (de  Maupeou,  sieur  d'),  voy. 
Maupeou. 

ABLENAY  (le  seigneur  d'),  gentil- 
homme de  la  maison  de  Bomainville  et 
de  Gaillard  en  Brie,  mentionné  dans 
les  Mémoires  de  Claude  Haton  comme 
guerroyant  de  1577  à  1581  à  la  suite  du 
capitaine  Besancourt.  Voyez  ce  nom. 

Abra,  voy.  Raconis. 

1.  ABRAHAM  (le  capitaine),  en  1544 
[VI,  21  a].  —  (Jean),  consul  à  Nîmes, 
1574  [I,  14  b;  III,  106  a]. 

2.  ABRAHAM ,  secrétaire  du  prince 
àeCondé  [HaagI,  14],  ne  nous  est  connu 
que  par  ce  que  nous  en  apprend  L'Es- 
toile  dans  son  Journal  de  Henri  III.  «  Le 
samedy  13  d'aoust  (1575),  y  lit-on,  fut 
pendu,  puis  mis  en  quartiers  en  la  place 
de  Grève,  Abraham  secrétaire  du  prince 
de  Condé,  qui  avoit  été  pris  voulant  pas- 
ser en  Angleterre,  chargé  de  pacquets  et 
mémoires.  »  Hub.  Languet  cite  aussi  le 
fait,  en  disant  qu'il  avait  bien  connu  ce 
personnage  (Lettre  du  21  sept.  1575). 
C'était  l'époque  de  la  cinquième  guerre 
de  religion,  entreprise  par  les  protes- 
tants et  les  politiques  réunis,  et  qui  ne 
fut  terminée  qu'en  1576  par  la  paix  de 
Monsieur.  =  Ne  serait-ce  pas  le  même 
personnage  mentionné  en  ces  termes,  à 
la  date  du  13  octobre  1573,  dans  le  re- 
gistre des  réceptions  d'habitants  à  Ge- 
nève :  «Jean  Abraam,  de  Dijon,  secré- 
taire de  feu  M.  l'Admirai.»  Nous  tenons 
de  M.  Jos.  Garnier,  archiviste  du  dép.  de 
la  Côte-d'Or,  que  cette  famille  et  même 
ce  nom  sont  ignorés  à  Dijon  aujour- 
d'hui. 

3.  ABRAHAM  (le  capitaine)  en  1609. 
Dans  une  lettre  écrite  de  La  Rochelle  à 
Henri  IV  sous  la  date  du  31  juillet  1609, 
il  est  parlé  d'un  certain  habitant  âgé  de 
plus  de  soixante  et  dix  ans,  flamand  de 
nation,  et  retiré  à  La  Rochelle  depuis 
plus  de  trente  ans,  «qui  a  fait,  y  est-il 
dit,  de  bons  services  en  plusieurs  occur- 
rences, et  a  vécu  sans  appréhension,  ap- 
pelé vulgairement  le  capitaine  Abra- 
ham. »  [Haag  I,  14.] 

4.  ABRAHAM  (le  père) ou  Abraham 
de  Saint-Loup.  Religieux  carme  et  doc- 
teur en  théologie  qui  presque  aussitôt 
après  l'édit  de  Nantes  se  convertit  à  la 
Béforme  on  publiant  un  écrit  intitulé  : 
Déclaration  chrestienne  du  père  Abra- 


21 


ABRAHAM 


ABRENETHEE 


22 


ham,  naguières  prieur  des  Carmes  en  la 
ville  <Y Arles;  publiquement  faicte  en 
l'église  reformée  d'Uzez  ;  La  Rochelle; 
Haultin,  1600;  8  p.  in-8°. 

C'était  certainement  le  sentiment  d'un 
grand  devoir  accompli  qui  faisait  dire  à 
l'auteur  de  cette  déclaration  :  «  Si  Platon 
remercioit  Dieu  d'être  né  au  temps  de 
Socrate,  nous  devons  louanger  le  nom 
du  Seigneur  de  nous  avoir  fait  naître  en 
ce  siècle  resplendissant  de  la  clarté  de 
l'Evangile.  »  Il  remercie  Dieu  de  l'avoir 
éclairé  et  adopté  pour  son  enfant.  Il  se 
félicite  d'être  maintenant  dans  la  maison 
du  Seigneur  et  dans  la  liberté  de  sa  con- 
science. «S'il  plaist  à  Dieu,  dit-il,  de 
sanctifier  mon  souhait  et  bénir  mon  la- 
beur, commej'ai  servi  de  canal  aux  men- 
songes etfallaces  de  Satan,  je  servirai  de 
trompette  pour  publier  la  vérité  de  l'Evan- 
gile... Que  Dieu  me  fortifie  et  achève  son 
œuvre  en  moi.  —  A  quoi  tout  le  peuple 
répondit  «  haut  et  clair  »  :  Amen.  »  Le 
9  de  janvier  1600. 

Une  telle  Déclaration  devait  exciter 
contre  son  auteur  de  violentes  récrimi- 
nations de  ses  anciens  coreligionnaires. 
P.  V.  de  Gayet  publia  pour  le  réfuter  : 
Les  Hélas  du  P  Abraham  de  S.  L&up 
(Paris,  Fr.  Jacquin,  1 601 .  in-8°,  30  j 
daté  de  S.-Martin-des-Champs  à  Paris, 
le  -2  avril  1601),  opuscule  où  l'auteur 
commence  par  s'élever  contre  «ce  misé- 
rable siècle  auquel  chacun  abuse  de  la 
licence  effrénée  de  sa  propre  cupidité.  » 
Un  cordelier  de  Bordeaux,  le  frère  Ni- 
colas Auhespin,  lit  imprimer  la  même 
année  un  pamphlet  intitulé  :  Le  Fouet 
des  Apostats  (Paris.  1601  ;  210  p.  in-1'2 
dans  lequel  il  accable  Abraham  de  son 
ironie  :  «  Suit  un  certain  p.  Abraham, 
apostat  d'Arles,  lequel  faict  l'estonné  et 
dolent  comme  s'il  estoit.  au  milieu  de  la 
mer.  Je  rois  bipn,  dit-il,  qu'il  me  fau- 
dra marcher  sur  des  espines.  Pauvret  qui 
as  le  cuir  si  délicat  que  feras-tu  passant  à 
travers  ces  épines?  Geste  haire,  ces  fouets, 
ces  jeusnes,  la  dure  paillasse  et  les  au- 
tres mortifications  de  ta  religion  te  rui- 
neront !  » 

L'ancien  prieur  des  Carmes  fut  pasteur 
de  Sumène,  1600-25  :  puis  de  Colosnac 
etdeS.-Marcel,  16:6-37  [VII,  533;  VIII. 
'i0l  aj.  11  était  de  Langres. 

&.  ABRAHAM    Bernard),  d'Aimar- 


gues,  165?  ;  étudiant  à  Saumur  ;  ministre 
d' Aiguës-Mortes,  1658  [VI.  311  b;  VIII, 
367  a],  de  Poussan  1658-60. 

6.  ABRAHAM  (le  capitaine),  chef  ca- 
misard.  Vov.  Mazel  (Abraham). 

ABRENETHÉE  Adam  d'  ,  savant 
écossais  Abernethy  de  son  vrai  nom  , 
que  MM.  Haag  ont  mentionné  [III. 
434  b],  comme  s'étant  exilé  lui-même 
de  sa  première  patrie,  avec  plusieurs  au- 
tres puritains  (Thomas  Dempster ,  Jacq. 
Combarius  et  Hugues  Piantré),  lesquels 
refusaient  de  se  soumettre  aux  cérémo- 
nies du  culte  anglican  introduites  par 
le  roi  Jacques  leT.  Cette  pléiade  d'Ecos- 
sais, à  son  arrivée  en  France,  trouva 
place  à  l'école  de  théologie  ou  collège  de 
Nîmes.  Le  principal  du  collège,  Pierre 
Cheiron.  les  appela  et  donna  une  forte 
impulsion  aux  études  dans  cet  établisse- 
ment par  l'adjonction  de  ces  austères  et 
savants  étrangers.  Abrenethée  était  doc- 
teur en  médecine  de  la  faculté  de  Mont- 
pellier et  commença,  dès  le  mois  de 
novembre  1600.  par  faire  une  classe  au 
collège  de  Castres.  En  même  temps  il 
était  précepteur  du  fils  de  Pierre  d'Au- 
gier,  baron  de  Sabran,  irouverneur  de  la 
province.  De  Castres  où  il  ne  resta  que 
six  mois,  il  passa  au  collège  île  Nimes. 
où  admis  à  la  chaire  de  philosophie  en 
1601,  à  la  suite  d'un  brillant  concours, 
il  professa  jusqu'en  1607.  Puis  il  entra 
au  collège  de  Montpellier,  où  il  ensei- 
gnait lorsqu'il  eut  un  procès  avec  un 
étudiant,  son  compatriote,  qui  avait  fal- 
sifié le  chiffre  d'une  obligation  souscrite 
par  le  professeur,  et  il  obtint  du  juge- 
mage  de  Montpellier  la  permission  de 
faire  imprimer  un  récit  de  l'affaire,  bro- 
chure de  8  pages  in-8°,  d'où  sont  tirés 
ces  détails  et  qui  porte  pour  titre  :  Ve- 
rifatis  (estimonium  mendacio  et  calum- 
nia-  oppositum,  in  gratiam  V.  Cl.  Ad. 
Abrenethei.  inclyta'  l'niversit.  medieea* 
Monspeliensium  doctoris  et  lycan  regii 
apud  eosdem  moderatoris  in  eoque  phi- 
losophie professons  primario.  Monspelii 
ex  typ.  Ant.  Candidi,  1611. 

En  1616,  l'évèque  de  Montpelllier 
ayant  repris  possession  du  collège  de 
cette  ville,  Abrenethée,  en  sa  qualité  de 
calviniste,  dut  se  retirer;  mais  ce  ne  fut 
pas  sans  résistance.  Le  gouverneur  de 
la  ville  se  vit  obligé  de  lancer  contre  lui 


23 


ABRENETHÉE  —  ABRIA 


24 


un  décret  de  prise  de  corps  ;  Abrene- 
thée  en  appela  au  parlement  de  Tou- 
louse, et  ce  fut  sans  doute  afin  de  se  créer 
une  nouvelle  situation  qu'il  concourut 
en  1617  pour  la  chaire  de  chirurgie  et 
pharmacie,  créée  par  Henri  IV  en  1598, 
à  la  faculté  de  médecine  de  Montpellier, 
et  que  la  mort  du  professeur  Dortoman 
venait  de  laisser  vacante.  On  a  la  thèse 
qu'il  fit  imprimer  en  cette  circonstance 
(Quscstiones  medicse  cathedralitiœ  XII, 
etc.).  H  ne  fut  point  nommé,  mais  il 
avait  neuf  concurrents,  et  le  concours 
fut  des  plus  sérieux.  C'était  un  esprit 
aussi  varié  que  solide.  On  conserve  aussi 
de  lui  (à  la  bibliothèque  de  Montpellier) 
un  petit  volume  de  poésies  latines1,  dans 
lequel  il  traite  de  sujets  religieux,  ou 
d'histoire  naturelle,  ou  seulement  litté- 
raires, et  décerne  à  sa  patrie  d'adoption, 
Montpellier,  les  plus  poétiques  éloges  2. 

A  la  mort  de  Cheiron,  arrivée  en  1619, 
Adam  d'Abrenethée  lui  succéda  comme 
principal  du  collège  de  Nimes.  Mais  son 
administration  fut  malheureuse.  Il  n'eut 
pas,  dit-on,  la  main  assez  ferme  pour 
maintenir  les  règlements  et  le  duc  de 
Rohan  lui  retira  même  ses  fonctions, 
au  mois  d'octobre  1627,  comme  suspect 
d'intelligence  avec  la  cour  de  Louis  XIII, 
le  remplaçant  par  Samuel  Petit. 

Abrenethée  était  né  à  Edimbourg,  où 
il  avait  été  reçu  maître  es  arts  le  7  août 
1594;  il  avait  obtenu  des  lettres  de  na- 
turalité  française  en  oct.  1624. 11  épousa 
Jeanne  Plantavif  de  La  Pause  et  mou- 
rut avant  1653. 

On  lit  dans  les  «  Jugements  de  la  no- 
blesse, »  que  d' Aubaïs  et  Ménard  ont 
insérés  parmi  les  Pièces  fugitives ,  que  de 
ce  mariage  naquit  :  «  Daniel  d'Abrene- 
«  thèe ,  ministre  demeurant  au  Gaila, 
«  dioc.  de  Nîmes,  à  qui  le  chancelier 
«  d'Angleterre  étant  à  Montpellier  donna 
«  un  certificat  le  24  oct.  1668,  portant 
«  témoignage  de  l'ancienneté  de  la  fa- 


1  Intitulé  :  Musa  campestris,  castitateui  styli  poeti- 
cœ  juventuti  proponcns,  duobus  libris.  Accessit  et  Gal- 
liœ  Parnussus  Monspcliensis,  colonia  Musai  uni,  etc. 
Monspelii,  typ.  J.  Gilleti,  I609,in-I2;  deux  parties  de 
7«  pag.  chacune. 

■  Après  avoir  parcouru  la  France  et  même  mis  le 
pied  en  «civique,  en  Suisse,  en  Espagne  et  en  Italie,  il 
n'a  trouvé  la  vraie  poésie  qu'à  Montpellier.  «<  llic  l'ar- 
nassus  litteraris  incœ  peregrinationis.  Jam  meautbore 
desinat  dtel  florentisaima  ha;o  ventre  etvttaa  Nonapea- 
miIus  ci  exindè  nommai  i  inceptet  Monsparnassulus  * 


«  mille  des  Abrenethées,  dont  le  chef, 
«  qualifié  lord  Salton,  est  un  des  lords 
«  d'Ecosse.  Le  comte  de  Sidney  étant  à 
«  Montpellier  lui  en  donna  un  autre,  le 
«  6  du  même  mois,  qui  prouvait  la  même 
«  chose  et  que  lord  Salton  avait  servi  en 
«  France.  Il  épousa  le  12  oct.  1653 
«  Françoise  Lautier  et  fut  maintenu 
«  dans  sa  noblesse  le  12  déc.  1668.  » 

On  a  conservé,  de  Daniel  Abrenethée 
[V,  43  b],  un  sermon  intitulé  :  La  voix 
tonnante  de  l'Evangile  qui  exhorte  à  se 
convertir  sans  delay.  Sermon  sur  les 
versets  7-11  du  chap.  III  de  S.  Paul 
aux  Hébr.;  prononcé  à  Charenton,  le  di- 
manche ^juillet  1663,  par  D.  Abrene- 
thée, ministre  du  S.  E.  au  Cailar,  près 
de  Nîmes;  Charenton,  1663,  in-8°  de 
79  pages,  plus  7  feuillets  pour  le  titre  et 
la  dédicace  à  MM.  de  l'église  de  Beziers. 

L'orateur,  admis  au  saint  ministère 
en  1651 ,  avait  desservi  l'Eglise  de 
Béziers  avant  celle  du  Caviar  et  dans  ce 
sermon  prononcé  à  Charenton,  il  dit  à 
ses  auditeurs,  en  parlant  d'un  de  ses 
parents  qui  nous  reste  inconnu  :  «  Je 
veux  avoir  toute  ma  vie  du  respect  pour 
la  mémoire  de  celuy  de  mes  oncles  que 
l'on  vous  a  veu  tant  chérir  et  tant  hono- 
rer tandis  qu'il  fut  votre  pasteur,  et  de 
qui  même  vous  avez  tant  regreté  la  chute 
depuis  le  triste  et  malheureux  jour  qu'il 
cessa  de  l'être...  Souvenez-vous  com- 
ment cette  divine  Providence  a  voulu 
que  ce  fatal  jour  où  elle  fit  éclater  la 
voix  publique  de  sa  désertion,  le  quel  fut 
le  dimanche  qu'on  appelle  des  Rameaux, 
ait  esté  40  ans  après  le  mesme  ou  elle 
vous  a  fait  entendre  ce  premier  essai  de 
ma  vocation...  dans  la  mesme  chaire 
qu'il  avait  désertée.  »  En  1684  [III, 
32  a],  le  pasteur  du  Caviar  était  encore 
ou  celui-ci  ou  un  autre  Abrenethée,  et 
il  y  en  avait  un  au  refuge  en  1698. 

Les  d'Abrenethée  portaient  pour  ar- 
moiries :  d'azur,  au  lion  d'argent  armé 
et  lampassé  de  gueules,  écartelé  d'or: 
au  chet'émanché  d'argent. 

l'r.  Michel,  les  Ecossais  eu  France  et  les  Français  en 
Ecosse  ;  Londres,  •!  vol.  in-8.  I8IU. 

ABREVEUX  (Claude),  blessé  à 
Vassy  [Vil,  504  a]. 

ABRIA  (Didier),  curé  de  S. -Gor- 
gon,  à  Metz,  fut  un  dos  premiers  adhé- 
rents à  la  Uéformaliim  dans  cette  ville. 


25 


ABRIA  —  ABRIC 


26 


Il  y  faisait  partie  en  1524  et  1525  du  pe- 
tit groupe  des  amis  intimes  de  Pierre 
Toussain  et  de  Guillaume  Farel;  mais 
on  apprend  par  plusieurs  lettres  de 
Toussain  à  Farel  (1525  et  1526,  voyez 
Corresp.  des  Réf.  par  Herminjard  ) , 
qu'emprisonné  neuf  ou  dix  jours  à  Metz, 
puis  en  fuite  à  Paris,  le  prudent  curé  se 
tira  tout  doucement  d'opinions  et  d'ami- 
tiés trop  périlleuses. 

1.  ABRI  (Antoine  d*},  duVigan,  lieu- 
tenant au  service  d'Allemagne,  né  en 
1669,  m.  en  1 734  à  Berlin  (Erman  IX.  1). 

•2.  ABRI  ou  ABRY  (Guillaume),  pas- 
teur de  Champdeniers.  réfugié  en  1572  à 
La  Rochelle  [11, 193  b.  note],  et  de  nou- 
veau pasteur  à  Champdeniers  en  1590 
(Bull.  IV.  322),  puisa  Melle.  1593.àChe- 
vreuxjusqu'en  1596  et  à  Lusignan,  1597. 
—  (Claude),  natif  de  Yezeliz  en  Lorraine, 
reçu  habitant  à  Genève,  1er  septembre 
15*51  [II.  193]. 

1.  ÀBRIG  ou  ABRILH  (Guigon).«  tué 
en  sa  maison,  à  Antibe,  puis  traîné  et 
jette  aux  chiens,  »  1562  [X.  469].  — 
(Guillaume).  «  Guelhermus  Abricus  (et 
non  Aboicus;  Nemausensis,  »  étudiant 
à  l'Académie  de  Genève,  en  1563. 

2.  ABRIC.  C'est  ainsi  que  se  nommait 
le  héros  camisard  dont  MM.  Haag  ont 
raconté  l'histoire  à  la  page  109  de  leur 
tomeV,  et  Fidel  qu'ils  ont  cru  un  nom  de 
famille,  n'était  que  son  nom  de  baptême. 

Fidel  Abric,  de  Mandagout,  près  Le 
Yigan,  était  un  Camisard  de  la  troupe  de 
Castanet.  Quelques  jeunes  filles  de 
Ganges.  raconte  La  Baume,  chantant  un 
jour  des  psaumes,  un  cordeher,  qui  vint 
à  passer,  leur  imposa  durement  silence, 
et  sur  leur  observation  que  «  chanter  les 
louanges  de  Dieu  n'était  pas  un  crime  », 
il  courut  les  dénoncer  comme  hérétiques 
relapses  au  magistrat  qui  s'empressa  de 
dresser  procès-verbal.  Mais  la  difficulté 
était  de  faire  parvenir  l'acte  d'accusation 
à  Basville,  les  Camisards  infestant  tous 
les  chemins.  Animé  par  le  ressentiment 
ou  un  zèle  aveugle,  le  cordelier  s'offrit, 
et  un  de  ses  confrères  consentit  à  l'ac- 
compagner. «  Ils  louèrent  d'un  nouveau 
converti,  dit  La  Baume,  deux  chevaux  de 
louage  et  se  mirent  en  chemin  (25  sept. 
1704  :  mais  le  nommé  Fidel,  étant  averti 
de  leur  départ,  les  attendit  auprès  du 
logis  du  Bosc,  paroisse  de  Notre-Dame- 


de-Londres,  avec  sept  ou  huit  Cami- 
sards ;  il  les  arrêta  avec  un  capucin  qui 
tenoit  le  même  chemin  ;  il  les  conduisit 
tous  trois  dans  le  fond  d'un  bois,  tout 
près  de  cette  hôtellerie,  et  dit  aux  corde- 
liers  de  se  préparer  à  la  mort  et  de  se 
confesser  l'un  l'autre,  puisqu'ils  croyoient 
la  confession  bonne.  »  L'historien  ajoute 
que  «  ces  bons  pères  se  mirent  à  ge- 
noux et  implorèrent  la  miséricorde  de 
Dieu,  tandis  que  Fidel  demandoità  haute 
voix  à  ce  même  -Dieu  d'agréer  le  sacri- 
fice qu'il  alloit  faire  de  ces  deux  idolâ- 
tres. »  Les  deux  cordeliers  furent  fusillés 
sans  pitié:  mais  le  capucin,  qui  n'était 
pour  rien  dans  la  dénonciation,  fut  ren- 
voyé avec  les  chevaux  ;  seulement  Fidel 
lui  enjoignit  de  dire  au  gardien  des  cor- 
deliers que  s'il  continuait  à  inquiéter  les 
protestants  sur  des  affaires  aussi  inno- 
centes que  celle  de  louer  Dieu,  il  Tirait 
poignarder  dans  son  couvent.  N'y  a-t-il 
pas  quelque  chose  de  grand  dans  ces 
sauvages  représailles?  Etait-ce  la  soif  du 
sang  qui  poussait  les  Camisards  au 
meurtre,  comme  on  les  en  a  accusés? 
N'était-ce  pas  plutôt  l'espoir  d'obtenir 
de  la  terreur  ce  que  leur  refusait  l'équité, 
et  souvent  le  désir  de  sauver  quelqu'un 
de  leurs  coreligionnaires,  comme  dans 
ce  cas,  où  il  s'agissait  pour  ces  malheu- 
reuses jeunes  filles  du  plus  terrible  châ- 
timent'/ 

Quelques  semaines  après,  le  20  oct., 
Fidel  ht  sa  soumission  et  se  retira  à  Ge- 
nève; mais  il  rentra  en  France  avec  Elie 
Marion,  au  mois  de  fév.  1705.  Surpris  à 
Sumène,  il  aima  mieux,  à  l'exemple  de 
Bourgade,  dit  La  Veille,  de  S.-André- 
de-Valborgne ,  et  du  terrible  Porte- 
Effroi,  se  faire  tuer  en  combattant,  que 
de  se  laisser  prendre  et  de  périr  sur  la 
roue.  Basville  ne  put  exercer  sa  ven- 
geance que  sur  son  cadavre  qui  fut  brûlé 
à  Sumène.  le  1 1  mai.  La  femme  de  Ma- 
zot,  qui  l'avait  reçu  chez  elle,  fut  pendue 
et  sa  maison  m 

3.  ABRIC.  de  Mandagout.  empri- 
sonné en  1759  [X.  4411.  Cette  famille 
est  encore  représentée  de  nos  jours  par 
M.  Léon  Abric.  ancien  pasteur  de  Man- 
dagout, et  M.  C.  Abric,  pasteur  de  Lo- 
grian.  On  a.  de  Mme  Abric -Encontre  : 
Les  Femmes  de  la  Réfoi-mation,  trad. 
de  l'anglais;  Paris,  1865-69,  3  vol.  in-18. 


27 


ABRIG  —  AGCAURAT 


28 


ABRIS,  gentilhomme  du  G-evaudan, 
1575  [III,  212  b]. 

ABZAG  (Gaston  d'),  de  Campagnac, 
1551,  et  sa  famille  [111,  178  a.  Voy.  en- 
core :  III,  354  a;  V,  74  b,  307  a,  438  a, 
515  b;  VI,  163  a,  244  a  ;  VIII,  294  b]. 
=  Armes  :  D'argent  à  la  bande  d'azur 
chargée  d'un  besant  d'or. 

ABZAG  D'URTUBIE.  Pierre  d'Ur- 
tubie,  troisième  fils  de  Jean  d'Absate- 
d'Urtubie,  d'une  famille  du  Guipuscoa, 
s'établit  en  France  et  s'attacha  au  service 
de  Jeanne  d'Albret  et  de  son  fils,  en  qua- 
lité de  capitaine  de  ses  gendarmes.  11  se 
fixa  en  Picardie  où  il  épousa  Antoinette 
de  Bénard.  Leur  fils  Antoine,  lieutenant 
au  gouvernement  de  La  Gapelle  et  de 
Goucy,  épousa  en  1566  Louise  de  Rives, 
dont  il  eut  1°  Abdias,  tué  à  la  bataille 
d' Auneau  ;  2°  Jonathan,  estropié  à  cette 
bataille,  tous  deux  morts  sans  postérité; 
3°  Daniel,  qui  suit  ;  4°  Jacqueline.  Da- 
niel s'éleva  au  grade  de  maréchal  de 
camp.  Il  avait  épousé  Charlotte  de 
Moussy,  dont  il  eut  Josias  et  Charlotte, 
femme  d'Albert  de  Vateville,  capitaine 
d'une  compagnie  suisse. 

Josias  s'éleva  aussi  au  grade  de  maître 
de  camp.  Il  épousa  Marie  Gillon,  dont 
il  eut  Bernard,  capitaine  en  1677  au  ré- 
giment du  Piémont,  et  qui  servait  encore 
en  1695  (Haag). 

François  d'Absatte,  vicomte  d'Urtubie 
[II,  168]. 

En  1702,  Henri  d'Abzact,  Jeanne 
d'Abzact-La-Forêt,  56  ans,  et  Catherine 
d'Abzact,  sa  nièce,  sont  portés  sur  l'état 
des  réfugiés  assistés  à  Londres.  Les  deux 
dames  le  sont  encore  en  1705. 

AGARIE  (François),  d'Orléans,  1568 
[VI,  531  b.  Voy/vil,  290  a;  VIII, 
314  a].  Voy.  aussi  Du  Bourdet. 

1.  AGCAURAT  (Pierre),  d'Uzès  en 
Languedoc,  apothicaire,  reçu  «habitant» 
de  Genève  en  1555  et  bourgeois  en  1559, 
avec  ses  fils  Daniel  et  David;  il  entra 
dans  le  CG  (grand  Conseil  de  la  ville)  en 
1573  et  mourut  en  1586.  (Sordet.) 

2.  AGCAURAT  (Paul),  pasteur  de 
Privas  qui  fut  l'objet,  en  1664,  avec  tout 
son  troupeau,  d'une  persécution  cruelle 
[I,  14;  VI,  408  a;  X,  314,  333,  346]. 
Inscrit (Paulus  Accauratus  Privasiensis) 
comme  étudiant  de  l'acad.  de  Genève, 
en  1611,  Accaurat,  appelé  par  d'autres 


à  Coras,  remplit  les  fonctions  du  saint 
ministère  à  Vais,  à  Aubenas  (1620, 
1626)  et  à  Privas  sa  ville  natale  (1637). 
Il  fut  député  par  sa  province  au  synode 
national  de  Castres,  avec  Daniel  Arca- 
jon,  notaire  du  roi  et  ancien  de  l'Eglise 
d'Aubenas,  et  plus  tard  à  celui  de  Cha- 
renton.  11  était  encore  pasteur  de  Pri- 
vas en  1664.  Son  zèle  que  n'affaiblissait 
en  rien  son  grand  âge,  —  il  comptait 
alors  quatre-vingts  ans,—  lui  avait  fourni 
les  moyens  de  reconstituer  l'Eglise  déso- 
lée de  cette  ville,  lorsque  le  clergé  ca- 
tholique l'anéantit  de  nouveau.  Une 
clause  de  la  déclaration  de  1629  défen- 
dait aux  protestants  de  s'établir  à  Privas  ; 
mais  depuis  cette  époque  on  y  avait  dé- 
rogé de  tant  de  manières  qu'on  pouvait 
la  regarder  comme  révoquée  de  fait.  Ce 
fut  cependant  sur  cette  clause  que  se 
fonda  le  clergé  romain  pour  réduire  à  la 
mendicité ,  d'un  seul  coup,  deux  cents 
familles  protestantes.  Un  arrêt  du  22  fév. 
1664,  rendu  à  sa  sollicitation,  ordonna 
l'exécution  rigoureuse  de  la  déclaration  de 
1629,  dôfendità  toute  personneprofessant 
la  religion  réformée  de  demeurer  à  Privas 
sous  peine  de  mille  livres  d'amende,  en- 
joignit à  tous  ceux  qui  y  étaient  établis 
d'en  sortir,  ne  permettant  d'y  habiter 
qu'aux  catholiques,  aux  nouveaux  con- 
vertis et  à  ceux  qui  se  convertiraient. 

Les  réformés  s'adressèrent  au  roi  pour 
implorer  sa  justice;  mais  le  prince  de 
Conti,  gouverneur  de  la  province,  n'at- 
tendit pas  l'effet  de  ce  recours.  Les  pro- 
testants furent  chassés  de  leurs  .maisons, 
leurs  biens  pillés  et  livrés  en  proie  aux 
catholiques.  Pour  se  soustraire  à  ces 
violences,  il  leur  était  offert  un  seul 
moyen,  c'était  d'abjurer  ;  mais  fort  peu 
en  profitèrent  et.  au  bout  de  six  mois,  le 
clergé  romain  pouvait  à  peine  se  vanter 
d'une  vingtaine  de  conversions.  Il  s'en 
prit  au  ministre  de  son  peu  de  succès. 
Chassé  de  Privas,  Accaurat  s'était  retiré 
avec  Daniel  du  Solier,  Pierre  Chame- 
ran,  Jacques  Buraud,  André  Misonier, 
Isaac  du  Métier,  Jacques  et  René  Pages, 
Jean  Chevalier,  René  et  Pierre  Ber- 
nard, Pierre  Vidal.  David  Bonnet,  An- 
toine Géniaux,  Pierre  Sibleyras,  no- 
taire, et  quelques  autres  membres  du 
consistoire,  au  village  de  Tournon,  où  il 
remplissait  en  plein  air  les  fonctions  de 


29 


ACCAURAT 


ACHARD 


30 


son  ministère.  On  lui  en  fit  un  crime,  et 
Ip  29  juillet,  le  conseil  privé  rendit  un 
arrêt  qui  ajournait  ce  vieillard  à  compa- 
raître dans  deux  mois,  en  lui  défendant 
de  prêcher  ou  d'administrer  les  sacre- 
ments. C'est  par  de  tels  actes  que  le 
gouvernement  préludait  à  la  révocation 
définitive  de  l'édit  de  Nantes. 

On  trouve  un  Paul  Accauraf.  min.  du 
Pradell669  (reg.  XVII  de  Nimes  ,  d'An- 
nonay,  1670,  1672  [V,  519  a:  VI,  33' b]. 

ACONRAT  ou  Ancorat.  Ces  deux 
noms,  que  la  consonnance  rapproche 
d' Accauraf.  sont  donnés  par  Crespin 
(673  b)àun  malheureux  religionnaire  dont 
il  dit  qu'en  156*2  le  gouverneur  du  pays 
de  Foix,  nommé  Pailles  {lisez  Pailhès) 
«  ayant  fait  venir  un  juge  de  ses  terres 
qu'il  créa  prevost,  et  se  desbordant  du 
tout,  de  dix  prisonniers  qu'il  avoit  pour 
lors,  il  en  fit  mourir  deux  d'une  cruelle 
sorte,  leur  faisant  couper  bras  et  jambes 
et  finalement  la  teste.  L'un  d'iceulx  estoit 
nommé  Ancorat  (dans  la  table  Acon- 
rat l),  qui  avait  esté  capitaine  de  ceux 
de  la  ville  (de  Foix],  homme  paisible  et 
irrépréhensible  en  sa  vie.  L'autre  estoit 
un  gentilhomme  dit  à'Amboys.  »  — 
Vov.  Amboix  de  Larbont. 

1.  ACÉRÉ  DES   NOYERS  (L 
1683  [V,  270  a.  Voy.  VIII,  529  a:  IX. 
313  a,  423  a].  Aux  renseignements  qui 
précèdent,  MM.  Haag  ont  ajouté  depuis, 
d'après  les  registres  de  Charenton  : 

2.  ACÉRÉ  (Marc-Antoine),  banquier, 
conseiller  secrétaire  du  roi,  qui  épousa 
Anne  de  Burges  dont  il  eut  :  1°  Anne, 
née  le  30  avril  1628;  2°  Catherine,  née 
le  iernovembre  1630;  3°  Paul,  né  le  10  dé- 
cembre 1631,  sieur  des  Forges,  marié  en 
1671  à  Emilie  de  Rogemont  dont  il  eut  : 
Paul.  1673;  Emilie,  1674:  Anne,  1676; 
Elisabeth,  1680;  Jacob,  1681  ;  4°  Jacob, 
né  le  30  janvier  1633;  5°  Alexandre, 
bapt.  le  12  août  1635;  6°  Louis,  bapt.  le 
5  novembre  1636  :  7°  Samuel,  bapt.  le 
7  avril  1638;  8°  Dorothée,  bapt.  le  24  juin 
1640  ;  9°  Isabelle,  bapt.  le  22  juillet  1643: 
10°  Pierre,  bapt.  le  10  juin  1646;  11°  Pré- 
gent.néen  1649,m.en  1652;  l2°Jacob,né 
le  5  septembre  1651,  sieurde  Marmande. 

3.  ACÉRÉ  (Marguerite  ,  de  Lyon.  ré- 
fugiée  vers  1693  à  Zurich  (Mss.  de  Berne  ; 

1  Uaag  le  rite  [III.  92  b)  sous  le  nom  J  Acontat. 


hist.  Helv.  VII,  9).  —  (Samuel),  sieur  de 
La  Colombière,  réfugié  à  Lausanne,  1689 
[VUI,  163  a]  et  Bull.  Xlll.  152. 

1.  ACHARD  (Jehan),  de  Crest-Ar- 
nauld  en  Dauphiné,  reçu  habitant  de  Ge- 
nève. 8  mai  1559.  —  (Ciprian)  «  natif  du 
Pague  (Le  Pègue,  Drôme),  près  Vaude- 
reas  eu  Provence,  »  id.  10  juillet. 

2.  ACHARD  (P.),  condamné,  1569,  à 
Bordeaux  | II,  416  a!.  —  (Jacques,  fils 
de  feu  Guigue),  reçu  habitant  de  Genève 
v.  1609.  —  (Antoine),  galérien,  1686  [X, 
408].  —  (Matthieu",  emprisonné,  1701 
[X.  443].  —  (Marguerite),  fille  de  feu  Jac- 
ques, de  Die,  réfugiée  à  Genève,  1689. 

—  (Lucrèce),  de  Die,  id.,  1696.  —  (Paul), 
galérien,  1745  [X,  404,  426j.  Celui-ci,  né 
àChâtillon  en  Dauphiné,  en  1710,  et  cor- 
donnier de  son  état,  fut  l'un  des  deux 
(voy.  Riaille)  derniers  protestants  ayant 
vécu  comme  tels  aux  galères;  il  fut 
libéré  au  commencement  du  règne  de 
Louis  XVI  en  1775  (Bull.  I,  180,  321). 

3.  ACHARD  (Antoine),  pasteur  à 
Berlin,  1696-1772  Haag  I,  15.  —  IV. 
117  b  .  —  (Fr.-Charles)  de  l'Acad.  des 
sciences  de  Berlin,  1754-1821  [L,  15]. 

—  Autre  Achard  de  Berlin,  1728  [V, 
141  b];  —  de  Genève,  1789  [IX,  417  aj. 

Cette  famille  vint,  de  Die,  se  réfugier 
à  Genève.  Jean-François,  fils  de  feu 
Timothée,  fut  reçu  habitant  de  Genève, 
le  30  janvier  1697,  et  Abraham,  son  pa- 
rent, fut  admis  à  la  bourgeoisie,  avec  ses 
deux  fils,  le  17  juillet  1699.  Antoine,  l'un 
d'eux,  qui  s'établit  à  Berlin  et  y  acquit 
la  plus  honorable  notoriété,  était  né  à 
Genève  en  1696  et  y  avait  fait  ses  études. 
Consacré  au  saint  ministère  en  1722, 
puis  appelé  à  Berlin  pour  y  remplacer  le 
pasteur  David  Ancillon,  il  devint  pasteur 
de  l'Eglise  du  Werder1  conseiller  du  con- 
sistoire supérieur  de  l'Eglise  en  1738,  con- 
seiller privé  du  directoire  français  en  1740, 
membre  de  l'Académie  royale  des  scien- 
ces en  1744,  enfin  inspecteur  du  collège 
français  et  directeur  de  l'hospice  appelé 
Maison  française.  Non  moins  distingué 
par  son  éloquence  que  par  son  savoir  et 
son  érudition,  il  a  laissé  un  grand  nom- 
bre de  Sermons,  dont  les  plus  remarqua 
blés  ont  été  traduits  en  allemand  et  pu- 

1  La  colonie  française  réfugiée  à  Berlin  r  était  ré- 
partie sur  cinq  paroisses  :  le  Werder,  I  riedricbsstadt, 
borotlieenstadt,  kœnigstadt  et  Cologne. 


31 


AGHARD  —  ADAM 


32 


bliés  à  Berlin,  1774,  en  2  vol.  in-8°.  Les 
Mémoires  de  l'Académie  de  Berlin  con- 
tiennent de  lui  divers  traités  philoso- 
phiques et  entre  autres  le  plan  d'une 
nouvelle  métaphysique,  inséré  dans  le  vo- 
lume de  1747. 

Antoine  eut  un  fils,  Frédéric-Charles 
Achard,  encore  plus  distingué  que  son 
père  dans  la  carrière  des  sciences.  C'é- 
tait un  très-habile  chimiste,  qui  naquit  à 
Berlin  le  28  avril  1754,  et  mourut  en  Si- 
lésie  le  22  avril  1821,  laissant  un  grand 
nombre  d'ouvrages  estimés.  —  D'autres 
membres  de  la  même  famille  servirent 
en  Prusse  dans  la  carrière  militaire;  no- 
tamment, au  XVIIIe  siècle,  un  major  du 
régiment  de  Gzekuli  {Erman  IX,  1)  ;  un 
autre,  propriétaire  de  la  terre  de  Mond- 
schùtz,  était  colonel  et  mourut  en  1775. 

4.  Guillaume  Achard,  adjoint  «  en 
survivance  »  à  son  oncle,  comme  pas- 
teur de  l'Eglise  du  Werder,  en  1744. 

5.  On  conserve  aussi  dans  les  registres 
de  la  colonie  française  de  Berlin  la  men- 
tion de  plusieurs  manufacturiers  ou  arti- 
sans du  nom  d' Achard ,  réfugiés  en 
Prusse,  dans  les  premières  années  du 
XVIIIe  siècle.  Ils  étaient  d'Orange.  Ni 
les  uns  ni  les  autres  n'ont  plus  aujour- 
d'hui aucun  descendant  à  Berlin.  Mais 
la  branche  de  Genève  existe  encore. 

6.  AGHARD,  pasteur  de  Poyols,  1659; 
etprobabl.d'Aoste,  1664(BuW.  XV,  578). 

7.  ACHARD  (Claude),  emprisonné  et 
poursuivi,  avec  J.  Jean,  J.  Barnier  et 
E.  Arnaud,  pour  avoir  chanté  des  psau- 
mes en  français,  narguant  ainsi  l'évèque 
de  Gap  ;  1741  (Arch.  gén.  Tt). 

8.  ACHARD  (Victor  d'),  sieur  de 
Sainte-Colombe  en  Dauphiné,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  26  septembre  1572.  = 
Armes  :  De  gueules  à  trois  heaumes 
d'argent,  grillés  et  embellis  d'or. 

9.  ACHARD  (d'),  du  Vivarais,  1621 
[V.  140  a]. 

AGHATIUS  (Israël),  réformateur  al- 
sacien, pasteur  de  Wissembourg  en  1560 
[Haag  I,  15.  —  III,  69].  Il  contribua 
beaucoup,  par  son  zèle  et  son  activité, 
à  répandre  dans  cette  ville  les  principes 
de  la  Réforme.  On  lui  doit  une  traduc- 
tion allemande  de  l'ouvrage  de  Bucer, 
De  regno  Christi  (Strasb.  1563,  in-4°), 
et  quelques  autres  ouvrages. 

1.  ACHÉ,  capitaine,  1628  [VI,  258  b]. 


2.  AGHÉ  (Etienne),  laboureur,  1681, 
et  ancien  à  Mauzac  {Bull.  IV,  436).  — 
(Guill.),  de  Mauzac,  condamné  à  l'a- 
mende (en  1729),  comme  ayant  manqué 
d'envoyer  son  fils  à  l'école  catholique 
(Ibid.  XIII,  162). 

ACHELL1ER  (  Jehan  ) ,  «  natifz  de 
Cosne-sur-Loyre,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 24  juin  1550. 

ACHER,  libraires  de  Dieppe,  1653, 
1686  [V,  78  a;  VI,  8  b].  —  (Anne),  de 
Montauban ,  réfugiée  à  Genève,  1 690 ,  avec 
son  mari  Moïse  Murait,  du  même  lieu. 

ACHETÉ  (Suzanne  d'),  du  château 
d'Exonbillat,  proche  de  La  Gaune,  dio- 
cèse deCastres,  âgée  de  35  ans,  faite  pri- 
sonnière en  septembre  1702;  détenue  à 
Carcassonne  (Liste  des  protestants  qui 
souffrent,  1711). 

Acier  (d'),  voy.  Crussol. 

ACIGNÉ  (François  d'),  sieur  de  Mon- 
tejan,  capitaine,  tué  à  Jarnac,  1569  [I, 
269  a;  II,  460  b;  III,  416';  VII,  459  a. 
—  Sa  famille  :  V,  325  b,  345  b,  346  a]. 
«  Dans  le  courant  de  décemb.  1562,  cinq 
cents  cavaliers,  parmi  lesquels  beaucoup 
de  gens  de  condition  arrivèrent  à  Guers 
[près  Guérande]  appartenant  à  MTd'Aci- 
gné  [François]  qui  étoit  de  la  prétendue 
réformée;  ils  y  tinrent  une  espèce  de  sy- 
node dans  lequel  on  lut  des  lettres  du 
prince  de  Condé.  » 

ACOU  (le  seigneur  d'),  en  Brie,  près 
Provins,  lequel  était  en  même  temps 
seigneur  en  partie  d'Everly.  fut  un  des 
premiers  gentilshommes  de  ce  pays 
qui  profitèrent  de  l'édit  de  tolérance 
(1560),  pour  se  déclarer  ouvertement 
protestants.  Il  prit  les  armes  en  1562,  à 
l'appel  du  prince  de  Condé;  mais  le 
curé  provinois,  Claude  Ha  ton,  auquel 
nous  devons  ces  renseignements  (Mèm. 
p.  28  et  269),  n'en  dit  pas  davantage. 

ACQUART.  «  Bartholomaeus  Acquart 
de  Lille,  »  étudiant  à  Genève,  1564. 

ACQUET  (Pierre  de  Montmorency, 
baron  d'),  v.  1650  [VI,  513  a  ;  VII,  493  a]. 

1.  ADAM  ou  maître  Adam,  pseudo- 
nyme que  prenait  Antoine  Saunier,  le 
compagnon  de  Farel.  Voy.Herminjard, 
n°  518  de  la  Corresp.  des  Réformateurs, 
t.  III,  p.  319. 

2.  ADAM  (Martin),  tué,  1562,  à Troyes 
[VIII,  366  b;  IX,  292  a]. 

3.  ADAM  (Jean),  et  un  autre  Adam, 


33 


ADAM —  ADDÉE 


u 


martyrisés,  1 57  -2,  à  M  eaux  [VII,  160  a,  b]. 

4.  ADAM  (Jean,  fils  de  Jean),  de 
Metz  en  Lorraine,  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 24  mai  1585  (Cf.  Crespin,  164  c).  — 
(Pierre),  conseiller  du  roi  à  Loudun,  1598 
[VII,  183  b].  —  (Michel),  «  françois  du 
pavs  Chartrain ,  »  étudiant  à  Genève,  1  608. 
—  (Marie),  de  Metz.  v.  1658  VII,  410a]. 

5.  ADAM  DE  PUYRAVAULT  (Su- 
san-ne),  1650  [V,  343  a]. 

6.  ADAM  (Josué),  sieur  de  Louères 
(ou  des  Loires),  1686  [IX,  504  a],  frère 
de  Hercule  Adam,  sieur  de  Saint-Denys 

Xox.Lièwe,  Protest,  du  Poitou,  lll.  12). 

7.  ADAM  Jean),  ministre,  naturalisé 
anglais,  3  juill.  17U1  (Agnew  .  —  Marie), 
de  Mer.  près  Blois.  veuve  âgée  de  50  ans, 
et  sa  fille,  assistées  à  Londres.  1702. 

8.  ADAM  (Louis-Alexandre),  fils  de 
Nicolas,  habile  graveur  parisien,  reçu 
habitant  de  Genève  le  13  août  1708  ;  père 
de  Henri- Albert,  peintre  en  émail,  em- 
ployé dans  une  fabrique  impériale  de 
porcelaines  en  Russie,  et  retourné  à  Pa- 
ris où  il  est  mort. 

9.  ADAM  (Daniel  d'),  de  Villeneuve- 
le-Rov,  reçu  habitant  de  Genève,  1 1  mai 
1573.' 

ADDE,  capitaine  béarnais,  1573  [I, 
134  b,  135  b]. 

ADDÉE,  seigneurs  du  Petit-Val  et 
de  Grand-Champ.  —  (Charlotte),  fille  de 
Nicolas  Addée,  sieur  des  Novers,  vers 
1654  [VU,  68  b]. 

La  France  •protestante  a  mentionné 
les  Addée  à  bien  des  reprises.  Ses  au- 
teurs avaient  préparé  sur  cette  famille 
l'article  spécial  que  voici  : 

Emmanuel  Addée,  sieur  du  Petit-Val, 
conseiller  secrétaire  du  roi  et  mort  en 
octobre  1627,  eut  de  Marie  Berger,  fille 
du  conseiller  Pierre  Berger,  laquelle 
mourut  âgée  de  70  ans  et  l'ut  enterrée  à 
Charenton,  le  30  août  1648  : 

1°  Louis,  sieur  de  Grand-Champ,  bap- 
tisé en  1613,  marié  en  juin  1647  avec 
Anne  Bothereau .  puis  en  1669  avec 
Jeanne  Clément,  veuve  de  François 
Brisson,  laquelle  vivait  encore  en  1684. 
Du  premier  lit  naquirent  Louis,  le  15  mai 
1648,  mort  en  1654;  Anne  [440  a],bap- 
le  2  mai  1649,  mariée  en  1679  à 
Isaac  de  Monceau  de  La  Melonnière, 
lieuten. -colonel  au  régim.  d'Anjou  ; 
Théodora,  baptisée  le   25   août   1650; 


Samuel-Maximilien.  baptisé  le  13  dé- 
cembre 1657  ;  Marie,  baptisée  le  23  no- 
vembre ,1659,  inhumée  le  12  septembre 
1679;  Susanne,  baptisée  le  3  juillet  1660. 
laquelle  sortit  de  France  à  la  Révoca- 
tion et  mourut  en  Ansleterre  en  1688 
[V,  351  a]. 

2°  Samuel,  né  le  8  septembre  1613; 
3°  Marie,  baptisée  le  4  août  1619,  femme 
en  1634  de  Philippe  Le  Sueur,  sieur  de 
Petiville  [TU,  46  b]  ;  4"  Elisabeth,  née 
le  30  juin  1612;  5°  Nicolas,  né  le  8  fé- 
vrier 1616  ;  il  fit  ses  études  à  Saumur  où 
il  soutint  une  thèse  de  Deo  uno  et  trino 
[VI.  311  a]  et  futpasteur  de  Chatelleraut 
en  1660-63;  6°  Charles;  7°  Hilaire, 
écuyer,  sieur  du  Mesnil  et  de  Buy, 
reçu  conseiller  au  parlement  de  Metz  le 
24  oct.  1633;  il  quitta  ses  fonctions  vers 
1641  et  vivait  encore  en  1655  [V,  117a; 
Bull.  III,  567].  Il  épousa  en  1640  Mar- 
guerite, fille  de  Charles  Le  Goulon,  sei- 
gneur de  Harancourt,  etc. 

On  trouve  encore  : 

Marie,  fille  d' Addée,  secrétaire  du  roi 
et  de  Marie  Fourcoal,  baptisée  le  8  dé- 
cembre 1638;  parrain,  Addée,  conseiller 
au  parlement  de  Metz.  —  Pierre  Addée, 
notaire  et  secrétaire  du  roi  et  des  finan- 
ces, parrain  en  1630  et  1636.  —  Louis 
,  sieur  du  Petit-Val,  parrain  en 
1677.  —  Isaac  Addée  (Isaacus  Addœus 
ilu  Petitual  parisinus),  inscrit  comme 
étudiant  à  Genève,  le  6  mai  1 

Ajoutons  l'historiette  suivante  rappor- 
tée par  Tallemant  des  Réaux  : 

«  Un  huguenot,  frère  de  Mme  de  Cham- 
pré,  qu'on  appeloit  d'Espesses  du  nom 
d'une  ferme  (leur  nom  étoit  Henry1),  se 
mit  dans  la  teste  une  dévotion  assez  ex- 
traordinaire. Il  se  couchoit  à  dix  heures 
sur  son  lit,  tout  habillé;  à  onze,  il  prioit 
une  heure,  reposoit  ensuite  et  prioit  et 
dormoitjusques  à  trois  heures  dumatin. 
Ce  qu'il  y  avoit  de  meilleur,  c'est  qu'il 
donnoit  beaucoup  aux  pauvres.  A  la 
campagne,  une  fois,  il  fut  obligé  de  cou- 
cher avec  un  capitaine  huguenot,  nommé 
Petitval,  qui  n'estoit  pas  tout  à  fait  si 
dévot  que  luy;  avant  de  se   coucher, 

«  Catherine  Henry,  fille  de  François  Henry,  sieur  de 
Gerniou  ou  Jarniost  (Lyonnais),  conseiller  an  parlement 
de  Paris,  et  de  (Marie  de  Gabian.  mariée  i°  a  Xicolas 
t'errier,  d'abord  ministre,  puis  lieutenant  d'artillerie; 
2°  à  Ch.  Mtsnanleau  de  Champré,  conseiller  au  parle- 
ment. 

i.  2 


35 


ADDEE —  ADERT 


36 


d'Espesses  luy  dit  :  «  Ne  voulez-vous  pas 
«  que  nous  fassions  la  prière?»  —  «  Ouy.  » 
—  Il  se  mit  à  la  faire,  mais  d'une  lon- 
gueur estrange.  Le  lendemain,  l'autre 
dit  :  «  C'est  à  moi  à  la  faire.  »  —  Et  il 
se  mit  à  dire  Notre  Père  et  rien  davan- 
tage. «  Vous  mocquez-vous?  »  dit  d'Es- 
pesses. —  «  Ma  foy,  respondit  l'autre,  il 
me  semble  que  nous  priasmes  bien  hier 
Dieu  pour  deux  fois.  » 

Enfin,  il  ne  nous  est  pas  permis  de 
négliger  une  boutade  qui  se  lit  dans  la 
correspondance  de  Guy  Patin,  et  qu'on 
trouvera  tout  empreinte  de  la  verve 
sarcas tique  particulière  à  cet  écrivain  : 

«  Le  père  des  Forcoal  étoit  un  misé- 
rable Sevenol  (lisez  Cévenol)  et  hugue- 
not, qui  vint  à  Paris  chercher  condition 
et  faire  fortune  s'il  pouvoit;  il  futlaquay 
chez  un  secrétaire  du  roy  nommé  Mons. 
Addèe;  de  laquay  il  devint  commis  chez 
ce  même  maître,  qui  étoit  pareillement 
huguenot,  et  enfin  cet  homme  qui  n'étoit 
rien  ;  Nuper  in  hanc  urbem  pedibus  qui 
venerat  albis,  devint  gros  partisan,  et 
se  fourra  dans  beaucoup  d'affaires,  aux 
Aides,  aux  Gabelles  et  ailleurs,  où  il  vou- 
loit  gagner  ;  depuis  il  changea  de  reli- 
gion pour  devenir  secrétaire  du  Conseil, 
et  devint  encore  plus  grand  partisan; 
puis  il  maria  sa  fille  unique  qui  étoit 
fort  belle,  à  Mons.  Addèe,  fils  de  son 
ancien  maître,  qui  est  borgne  et  hugue- 
not, mais  elle  est  catholique;  il  avoit 
plusieurs  fils...  Enfin  le  père  Forcoal  est 
mort  endebté  de  5  ou  6  millions,  avec 
trois  cent  procès  de  ceux  à  qui  il  doit.  » 
(Guy  Patin;  Lettre  132.) 

Un  Frédéric  Addèe,  de  Metz,  gentil- 
homme, âgé  de  42  ans,  venu  à  Londres, 
avec  sa  femme  et  une  fille  âgée  de  10  ans, 
y  avait  reçu  22  liv.  st.  de  secours  en 
1721  et  était  passé  en  Irlande. 

Biogr.  du  Parlem.  de  Metz,  par  Em.  Michel;  Metz, 
in-8°,  1853. 

ADELINE  (Suzanne  et  Jacqueline), 
l'une  âgée  de  52  ans,  l'autre  infirme,  ré- 
fugiées et  assistées  à  Londres,  1702.  — 
(Marie),  id.  1721.  —  Famille  huguenote 
de  Caen  au  XVIe  siècle  (Bull.  XI,  6). 

ADENANT,  surveillant  de  l'église 
du  Vigan,  1501  (Bull.  XVII,  482). 

ADERT,  anciennement  ADER.  Du 
temps  de  Henri  IV  vivaitàGimon,hourg 
situé  à  quelques  lieues  de  la  ville  d' Auch, 


sur  la  route  de  Toulouse,  un  médecin 
nommé  Guillaume  Ader,  quis'estacquis 
quelque  gloire  et  dans  l'art  de  guérir  et 
dans  celui  de  faire  les  vers.  On  a  de 
lui  deux  petits  poèmes  en  patois  gascon: 
Lou  Catounet  gascoun,  daté  de  Gimont 
le  1er  octobre  1007,  et  Lou  gentilhoume 
gascoun  (1610)  dont  Henri  IV  est  le 
héros.  Le  Catounet,  c'est-à-dire  le  petit 
Caton,  est  un  recueil  de  cent  quatrains, 
demi-moral  et  demi-plaisant,  dédié  au 
baron  de  Fontrailles  que  le  poète  gas- 
con aborde  en  lui  disant  combien  il  est 
naturel  que  son  livret  «  s'empare  de 
«  bous,  Mousseigne,  qu'ets  en  touts  çau- 
«  ses  lou  Catoun  de  la  bragarde  noublesse 
«  de  Gascouigne  en  atge,  en  sagesse, 
«  bertut  et  aunou  ;  »  il  est  terminé  par  un 
sonnet  en  français  adressé  par  Fauteur 
«  Aux  galants  hommes  et  poètes  gimon- 
tois,  »  et  commence  par  trois  petites 
pièces  de  vers  latins,  dédiées  Sapientise 
Aderianse  ou  G.  Aderio  multiplicis  liie- 
raturœ  viro  et  mediciwe  exercitatissimo. 
La  renommée  dont  il  jouissait  à  Gimont 
ne  l'empêcha  pas  de  quitter  le  pays  pour 
aller  s'établir  à  Toulouse  où  il  poursui- 
vit d'une  manière  brillante  sa  fortune 
médicale,  et  publia  en  1621  et  1628  deux 
traités  in-4°  sur  les  matières  de  sa  pro- 
fession. Le  second  de  ces  traités  est 
relatif  à  la  peste,  et  le  premier  (intitulé  : 
Guillelmi  Ader  enarrationes  de  segrotis 
et  morbis  in  Fvangelio  ;  opus  in  mira- 
culorum  Christi  domini  amplitudinem 
ecclesise  elimaturn)  est  un  exposé  de 
cette  thèse,  que  l'œuvre  de  Jésus  est 
d'autant  plus  admirable  que  tous  les 
malades  qu'il  a  guéris  étaient  affligés  de 
maladies  que  la  médecine  regarde  comme 
incurables.  Il  est  juste  d'ajouter  qu'on 
l'accusait  (Voy.  Vigneul-Marville,  111, 
184)  d'avoir  fait  imprimer  ce  livre  préci- 
sément parce  qu'il  était  soupçonné  d'a- 
voir soutenu  la  thèse  contraire  et  d'avoir 
un  peu  risqué  le  bûcher  comme  héréti- 
que. Aucun  de  ses  ouvrages,  poétique 
ou  autre,  n'annonce  ni  un  partisan  ni  un 
ennemi  de  l'hérésie;  il  n'y  t'ait  aucune 
allusion;  aussi  ne  le  revendiquons-nous 
point  pour  la  France  protestante,  mais 
nous  n'avons  pas  cru  pouvoir  le  passer 
sous  silence  parce  qu'il  se  rattachait 
vraisemblablement  à  une  famille  Ader 
qui  était  d'Àuch  et  huguenote.  On  lit, 


37 


ADERT  —  ADHEMAR 


38 


en  effet,  dans  l'un  des  registres  du  con- 
sistoire de  Nimes  :  «  Du  29e  novembre 
1645,  M.  Chauve  étant  modérateur  -.Jean 
Ader  jeune  homme  de  la  ville  d'Ans  en 
Gaseongne  cest  presanté  en  Companye 
et  faicc  sa  confession  de  foy  en  la  religion 
refformée.  »  Le  même  jeune  homme  se 
mariait  un  an  après,  13  novembre  1646, 
avec  Marie  Fesquette,  de  Lunel,  et  il 
était  inscrit  au  registre,  par  le  ministre 
Darnieu.  sous  les  noms  de  «  Jean  Arder. 
sarger.  »  Mais  arriva  l'époque  doulou- 
reuse de  la  Révocation  et,  le  20  juin  1689, 
le  lils  de  Jean  Ader,  nommé  Jean 
comme  lui,  âgé  alors  de  27  ans,  épouse, 
à  l'église  catholique  de  S. -Castor  et  se- 
lon le  rituel  romain,  Marguerite  Du- 
masse,  âgée  de  26  ans,  native  et  habi- 
tante de  Nimes.  Le  7  mai  17-20  se  marie 
à  son  tour  :«  Jean  Adert,  ouvrier  en  lias, 
fils  de  Jean  Adert,  cadissier  *,  et  de  Mar- 
guerite Dumasse;  »  il  épouse  lsabeau 
Roussel  et  c'est  encore  le  curé  catho- 
lique par  lequel  l'union  est  bénie.  Mais 
c'était  de  la  part  de  cette  famille  une 
pure  obéissance  aux  terribles  injonctions 
de  la  loi;  elle  était  restée  protestante  de 
cœur,  car  «  Pierre  Adert,  compagnon 
lileurdesoie,  natif  et  habitant  de  Nimes, 
lils  de  Jean  Adert  et  Izabéau  Roi: 
tit  bénir  son  mariage  au  désert,  le  27  oc- 
tobre 1753,  parle  pasteur  Paul  Rabaut. 
8a  femme  était  Jeanne  Fesquet,  de 
Nîmes,  dont  il  eutdeuxtils.  L'un  épousa, 
le  21  novembre  17.86,  Anne  Gautier,  et 
leur  descendance  directe  existe  encore 
aujourd'hui,  dans  le  sein  du  protestan- 
tisme, à  Nimes.  L'autre  épousa  Jeanne 
Jourdan  et  mourut  en  1834,  laissant 
quatre  enfants  dont  le  troisième  se  ma- 
ria le  iy  avril  1816,  à  Bergerac,  avec 
Mlle  Jeanne-Renée  Gounoulhiou ,  de 
Bordeaux,  et  alla  s'établir  à  Genève. 
(Dardier.) 

ADILLE  (Jehan),  natif  du  village 
d'Attigny  en  Champagne,  reçu  habitant 
de  Genève,  "24  mai  1557. 

ADHÉMAR  ou  AZEMAR.  nom  des 
plus   illustres   dans  l' histoire  du   Dau- 
phiné,  de  la  Provence  et  du  Languedoc. 
*  Suivant  une  inflexion  particulière  au  pro- 
vençal, qui  adoucit  toujours  en  z  le  d 

1  Sarger  on  serçiier  était  celui  qui  fabriquait  la 
serge-,  le  cadissier  était  le  faiseur  de  cadis,  sorte  par- 
ticulière de  serge  fine. 


latin  ,  on  le  prononçait  soit  Adé  soit 
Azè,  ce  qui  amenait  à  l'écrire  indifférem- 
ment, même  dans  le-;  actes  publics,  des 
deux  manières  diverses.  Un  nombre 
infini  de  personnages  du  moyen  âge  ont 
porté  ce  nom  sonore  et  patriotique,  en 
sorte  que  les  généalogistes  ont  eu  beau 
jeu  à  faire  figurer  en  tète  de  leurs  écrits 
quelque  peu  complaisants  un  Adhémar, 
parent  de  Charlemagne,  conquérant  de 
Gènes  et  de  la  Corse,  plusieurs  Adhé- 
mars  comtes  d'Orance.  vicomtes  de  Mar- 
seille, fondateurs  de  la  ville  de  Montéli- 
mar  (Montelium  Adhemari)  et  d'autres 
illustrateurs  du  nom,  sans  oublier  le 
fameux  évèque  Adhémar  de  Monteil, 
l'un  des  prédicateurs  de  la  première 
croisade  qui,  en  l'an  1098.  au  siège  d'An- 
tioche,  sut  faire  accroire  qu'il  avait  trouvé. 
-.■ment  dans  un  moment  où  les  sol- 
dais chrétiens  commençaient  à  perdre 
courage,  la  lance  avec  laquelle  avait  été 
percé  le  flanc  de  Jésus.  Cependant  La 
Chenaye  des  Bois  ou  autres  compilateurs 
du  Die  t.  de  la  Noblesse  (1770,  in-4°  tout 
en  donnant  très-faussement  à  croire  que 
ces  personnages  des  temps  héroïques 
étaient  les  ancêtres  des  modernes  comtes 
d' Adhémar  du  sud-est  de  la  France,  n'o- 
sent commencer  qu'en  1171  la  généalo- 
gie de  cette  dernière  maison,  qui  pour 
ne  pas  remonter  à  Charlemagne  n'en  est 
pas  moins  une  très-belle  et  noble  lignée. 
Elle  joue  un  grand  rôle,  du  XIIIe  au 
\\  Ie  siècle,  dans  la  personne  des  Adhé- 
mar de  Monteil,  de  Lombers.  de  Gri- 
iman  et  di-  plusieurs  autres  branches 
moins  importantes.  Elle  se  continua  en 
liirne  directe  jusque  vers  le  milieu  du 
XVI*  Biède,  puis  parles  Grianan  jus- 
qu'au XVI11'  :  puis,  par  un  seigneur  de 
ilane  qui  avait  épousé  la  dernière 
des  Grignan,,  jusqu'au  nôtre.  Il  existe 
encore  aujourd'hui  des  descendants  de 
la    brancfa  aihers  qui  sont   les 

comtes  d' Adhémar  de  Panât  et  d' Adhé- 
mar de  Granssae. 

Une  famille  noble  ^ui  portait  plus  par- 
ticulièrement le  nom  d'Azémar,  établie 
en  Languedoc,  à  S. -Maurice  de  Case- 
vieille  près  Yézenobre.  réclama  en  1784 
et  obtint  officiellement  en  1817  son  droit 
de  reprendre  comme  lui  appartenant  le 
nom  d' Adhémar,  e  est-à-dire  de  se  dé- 
clarer descendante  de  l'illustre  maison 


39 


ADHÉMAR 


40 


féodale  qui  vient  d'être  rappelée.  Ses  pré- 
entions, repoussées  d'abord  par  les  deux 
autres  branches,  furent  peu  après  (sui- 
vant acte  notarié  en  date  du  25  fév.  1819) 
reconnues  de  bonne  foi,  par  l'une  des 
parties  adverses,  comme  pleinement  jus- 
tifiées par  Les  titres  que  produisait  le  de- 
mandeur, Pierre  M  elchior  d'Azémar,  vi- 
comte d'Héran. 

C'est  par  ce  dernier  rameau  seulement 
qu'il  nous  est  permis  d'inscrire  dans  la 
France  protestante  le  nom  célèbre  qui 
figure  en  tête  de  cet  article  et  qui,  en 
tous  cas,  apportera  son  contingent  à  nos 
colonnes  par  la  plus  haute  des  noblesses, 
celle  du  caractère. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  l'Hist.  du 
Protest.  (Xll,  156)  a  cité  des  registres 
de  l'état  civil  de  ce  petit  bourg  de  la 
généralité  de  Montpellier,  appelé  S.- 
Maurice, près  Vézenobre.  On  y  trouve 
noble  Guérin  d'Azémar  et  damoiselle 
Françoise  Dode,  sa  femme,  inscrits  par 
le  curé  comme  ayant  été  forcés  d'abjurer 
en  1685.  On  y  trouve  aussi  le  baptême 
de  deux  fils  de  noble  Claude  d'Azémar 
en  1751,  et  en  1788  le  décès  de  dame 
Charlotte  de  Montolieu,  épouse  de  Pierre- 
Melchior  d'Azémar.  MM.  Haag  ont  cité 
de  leur  côté  [Vil,  439  b;  VIII,  369  b] 
Madelaine  d'Azémar,  femme,  vers  1650, 
de  Charles  Bourdin  l,  sieur  de  Pierre- 
blanche,  forcée  d'abjurer,  avec  son  mari, 
à  la  Révocation.  Les  d'Azémar  ou  Aze- 
mar  sont  très-nombreux  dans  la  géné- 
ralité de  Montpellier, mais  Claude  d'Azé- 
mar qui  vivait  au  milieu  du  XVIIIe  siècle 
jouissait  d'une  estime  particulière,  et 
passait,  quoiqu'il  eût  peu  de  bien,  pour 
le  gentilhomme  le  plus  considérable  du 
pays.  Il  était  resté  protestant  de  cœur, 
malgré  les  abjurations  dont  on  vient  de 
voir  une  trace  dans  les  registres  et  dont 
il  avait  dû  subir  sa  part.  Les  mêmes  re- 
gistres portent  comme  baptisés  seule- 
ment en  1751  deux  de  ses  fils  nés  en 
1746  et  1748.  Ce  baptême  catholique  et 
forcé  fut  pour  la  famille  un  grave  et  dou- 
loureux événement.  Depuis  la  mort  de 
Louis  XIV  la  réaction  croissante  contre 
les  doctrines  absolues  «  du  grand  règne  » 
semblait  devoir  profiter  aux  réformés, 
mais  le  clergé  catholique  ne  se  lassait 

»  Us  citent  aussi  Jean  d'Azémar  de  liège  major  au 
régiment  de  Yareunes,  v.  noo  |  Vlll,  373  bj. 


pas  de  faire  bonne  garde  et  de  s'opposer 
à  ce  que  la  tolérance,  dont  l'administra- 
tion civile  ne  pouvait  pas  toujours  se 
défendre,  prît  pied  en  France.  Claude 
d'Azémar,  veuf  depuis  peu,  vivait  pai- 
siblement dans  son  château  à  S. -Mau- 
rice avec  un  père  et  une  mère  octogé- 
naires et  quatre  jeunes  enfants,  lorsqu'au 
milieu  d'une  nuit  d'août  1751  un  huissier 
suivi  de  trente  soldats  vint  l'arrêter  et 
le  conduire  aux  prisons  d'Uzès.  Son  dé- 
lit était  d'avoir  suivant  les  suggestions 
de  sa  digne  épouse  défunte  (Madelaine 
de  Bousquet)  fait  baptiser  ses  deux  fils 
au  désert.  Prisonnier,  il  se  hâta  de  faire 
rebaptiser  les  enfants  par  le  curé  de  S.- 
Maurice, il  s'excusa  humblement  auprès 
de  l'intendant  de  la  province,  il  fit  inter- 
céder ses  amis  pour  lui  ;  tout  ce  qu'il 
put  obtenir  fut  de  n'être  condamné  qu'à 
1,000  liv.  d'amende  et  aux  frais  (150  liv.). 
«  Le  rang  qu'il  tient  dans  le  pays,  ob- 
jecta l'intendant,  le  rend  plus  coupable 
qu'aucun  autre  d'avoir  contrevenu  aux 
ordres  du  roi  au  lieu  de  donner  l'exemple 
de  l'obéissance,  et  je  ne  vois  pas  d'ail- 
leurs que  la  punition  qu'il  subit  ait  fait 
beaucoup  d'impression  sur  les  autres  re- 
ligionnaires  de  votre  paroisse  (la  lettre 
est  adressée  au  prieur  de  S.-Maurice, 
24  septembre  1751) ,  puisque  la  plus 
grande  partie  s'obstinent  encore  à  ne 
vouloir  point  envoyer  leurs  enfants  à 
l'église.  »  Se  voyant  condamné  à  payer 
et  toujours  en  prison,  Claude  d'Azémar 
essaya  de  faire  modérer  la  somme  \ 
mais  il  n'y  réussit  pas  davantage.  En- 
core fut-il  heureux  de  trouver  à  emprun- 
ter l'argent  nécessaire  et  il  sortit  de 
prison  le  3  décembre,  après  avoir  payé 
les  1,150 liv.  et  en  écrivant  à  l'intendant 
qu'il  avait  cru  qu'un  honnête  homme, 
bon  citoyen,  très-zélé  et  très-fidèle  sujet 
n'avait  rien  à  craindre,  «  mais  que  puis- 
qu'il était  autrement,  il  allait  s'ensevelir 
dans  sa  chaumière  en  continuant  d'in- 
voquer ardemment  le  grand  Scrutateur 
des  cœurs,  afin  qu'il  touche  en  faveur  des 
infortunés   protestants    celui   de   notre 

1  «  Monseigneur,  permette/,  qu'un  pauvre  gentil- 
homme ave  l'honneur  d'implorer  votre  puissante  pro- 
tection. Ma  famille  est  une  des  plus  anciennes  de  la 
province,  et,  malheureusement  pour  sa  fortune,  pro- 
testante de  pore  en  lits,  sans  racaM  variation,  M  '1'" 
l'a  tenue  daus  la  misère  et  r  obscurité...  »  prisons 
d'Uzès,  8  octobre.)  —  Cette  correspondance  est  tout  au 
long  dans  le  Bulletin,  X,  M. 


A\ 


ADHÉMAR 


i2 


auguste  monarque  et  vous  inspire,  mon- 
seigneur, le  charitable  sentiment  de  me 
faire  restituer  une  somme  dont  le  paye- 
ment va  me  ruiner  entièrement.  »  L'in- 
tendant Guignard,  c'est-à-dire  Jean-Em- 
manuel de  Guignard,  vicomte  de  Saint- 
Priest  etc.,  trouva  fort  mauvaise  la  fin 
de  cette  lettre  et  il  répondit  :  «  Si  vous 
étiez  aussi  zélé  sujet  de  S.  M.  que  vous 
voulez  le  persuader,  vous  auriez  un 
moyen  bien  simple  de  le  prouver  en 
obligeant  ceux  qui  ont  imité  votre  dé- 
sobéissance à  se  soumettre,  au  lieu  de 
vous  expliquer  à  l'égard  des  mesures 
qu'on  prend  pour  les  ramener  à  leur  de- 
voir sur  le  ton  fanatique  avec  lequel  vous 
annoncez  vos  sentiments  (14  décembre).» 
—  Mais  il  n'eut  pas  le  dernier  mot,  car 
M.  d'Azémar,  en  lui  accusant  réception 
de  sa  lettre,  «  avec  le  ressentiment  con- 
venable aux  reproches  et  instructions 
qu'elle  contenoit.  •»  ajouta  :  «  La  rigueur 
de  MM.  les  curés  a  mis  les  gens  au  dé- 
sespoir ;  surtout  voyant  qu'on  rebaptisoit 
leurs  enfants  traitant  de  bâtards  ceux  nés 
d'un  mariage  fait  au  Désert,  en  supposant 
malicieusement  les  ministres  assez  igno- 
rants pour  ne  pas  sçavoir  ondoyer  selon 
l'institution.  Tout  cela  a  si  fort  aliéné 
les  esprits  qu'il  n'est  pas  possible  de  les 
ramener,  préférant,  disent-ils,  de  souffrir 
patiemment  toutes  les  peines  qu'il  plaira 
■  S.  |f.  de  leur  infliger  plutôt  que  de 
satisfaire  les  désirs  violents  de  MM.  les 
curés.  Voilà,  Mgr,  ce  que  j'ai  cru  devoir 
vous  informer.  Il  ne  me  reste  qu'à  vous 
assurer  que  si  porter  l'amour  du  prince 
et  de  la  patrie  au  point  de  préférer  le 
triste  état  de  protestant  en  Fran> 
j'avais  l'alternative,  à  celui  de  feld-maré- 
chal  dans  le  pays  étranger  constitue  le 
fanatisme,  j'en  suis  atteint  au  suprême 
degré.  J'ai  l'honneur, etc.  »  (Ijanv.  17ôî). 
Divers  membres  de  la  famille  d'Azémar 
avaient  cependant  pris  du  service  à  i'é- 
tranger,  mais  celui  qui  avait  écrit  les 
nobles  paroles  que  nous  avons  - 
resta  fidèlement  dans  son  pays,  en  sorte 
que  ses  descendants  sont  aujourd'hui 
plus  que  jamais  de  sincères  protestants 
et,  comme  disait  l'intendant,  au  premier 
rang  dans  leur  pays. 

Un  volume  imprimé  en  1SGI  et  com- 
posé presque  entièrement  d'analyses 
d'actes  authentiques  aujourd'hui  consar~ 


vées  dans  la  branche  protestante  de  la 
maison  d'Adhémar  '  nous  permet  de  re- 
prendre et  de  compléter  la  généalogie  de 
cette  branche  en  mettant  aux  places  qui 
leur  appartiennent  ceux  de  ses  membres 
que  nous  avons  cités. 

En  1536,  deux  gentilshommes  ver- 
riers, Etienne  et  Pierre  Audemards.  du 
lieu  de  S.-Martin-d'Euzet,  reconnurent 
tenirde  l'église  cathédrale d'Uzès.  moyen- 
nant 15  s.  t.  de  cens,  leur  mas  de  Colom- 
biers et  ses  dépendances.  C'est  Thibaud. 
l'aîné  des  enfants  de  Pierre,  de  qui  est 
émané  le  premier  acte  à  nous  connu 
où  apparaisse  nettement  dans  la  famille 
la  qualité  de  réformés.  Il  s'agit  du  tes- 
tament passé  à  Uzès,  le  31  mars  1612, 
par  noble  Thibaud  d'Azémard,  déclarant 
dans  cet  acte  de  dernière  volonté  qu'il 
veut  être  inhumé  «  à  la  manière  de 
ceux  de  la  religion  réformée,  dont  il 
fait  profession.  »  La  même  clause  se 
trouve  dans  le  testament  de  son  fils, 
noble  Jacques  Azémard.  du  lieu  de  S.- 
Maurice de  Casevielhes.  passé  dans  sa 
maison  du  dit  lieu  de  S. -Maurice,  le 
14  déc.  16Î1.  Le  fils  de  Jacques,  noble 
Guérin  d'Azémar,  dont  nous  avons  parlé 
ci-dessus,  épousa  en  secondes  noces  *  le 
27  avril  1680,  demoiselle  Françoise 
Dode,  fille  de  feu  Jacques  Dode.  doc- 
teur es -droits,  seigneur  de  S.  -  Cristol 
d'Oleyrargues ,  et  les  époux  promirent 
par  ce  contrat  de  faire  solenniser  leur 
mariage  en  la  forme  de  la  religion  réfor- 
mée dont  ils  faisaient  profession.  On  a 
vu  que  l'abjuration  forcée  des  époux,  à 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  suivit 
cet  acte  de  bien  près.  Cependant  l'aîné 
des  enfants  de  ce  second  lit,  Melchior 
d'Azémar.  avait  eu  le  temps  d'être  in- 
scrit (Ï0  juin  1681)  sur  le  registre  des 
baptêmes  du  consistoire  de  Lussan.  Mel- 
chior épousa,  le  14  juill.  1707,  Margue- 
rite fille  de  Pierre  de  Pellegrin,  sieur  de 
La  Taillade,  et  il  en  eut  deux  fils  :  Claude 
d'Azémard  né  le  12  juin  1708  qui  eut  en 
17M,  avec  l'intendant  de  la  province. 
les  démêlés  que  nous  avons  racontés, 
et  Jaeques-Guérin  d'Azémard  ou  d' Adhé- 

'  Vol .  in-i°  intitulé  Cenèalogie  de  la  maison  d'Adhé- 
mar Casecieille  ;  Montpellier,  Gras  impr.,  »35  pages. 

»  M  avait  été  marié  une  première  fois,  le  2  nov.  1658, 
-mérite  de  Kamon,  dont  il  avait  eu  Clande,  ré- 
sidant en  la  verrerie  de  la  Calmette,  Jean  sieur  de  Co- 
lonilurr.  el  ïr-> 


43 


ADHÉMAR  —  ADMYRAULD 


u 


mar,  né  au  mois  d'octobre  1709.  Ce  der- 
nier passa  en  Prusse  et  devint  grand- 
maître  de  la  maison  de  la  margrave  de 
Bareith,  sœur  du  roi  Frédéric  II  (Voy. 
Œuvres  de  Voltaire,  éd.  de  Kehl,  t.  XV, 
p.  232,  et  LXX,  p.  218).  Claude  avait 
épousé,  le  9  juill.  1733,  demoiselle  Mag- 
delaine  de  Bousquet,  dont  il  eut  entre 
autres  enfants,  Pierre-Melchior,  l'aîné; 
né  en    1740 ,    et  Louis-Guérin ,  né   le 
3  janvier  1746.  Capitaine  au  régiment  de 
l'île   Bourbon  à  l'âge  de  26  ans  (1772) 
Louis-Guérin  d'Azémar  se  délassait  du 
service  militaire  par  la  culture  des  let- 
tres *,  et  de  1775  à  1787  servit  d'une 
manière  très-active  aux  colonies,  parti- 
culièrement aux  Indes  où  il  l'ut  nommé 
commandant  du  fort  d'Ostembourg  ;  il 
mourut  à  l'Ile-de-France  en  1826.  Son 
frère  aîné,  Pierre-Melchior,  resté  dans 
sa  province,  et  lieutenant  au  régiment  de 
Flandres,  épousa  le  27  déc.  1762,  Char- 
lotte, fille  de  Jacq.-Phil.  de  Montolieu, 
vicomte  d'Héran,  et  devint,  à  l'époque 
impériale  sous-préfet  d'Uzès,   puis   en 
1808  préfet  du  Var  et  baron  de  l'em- 
pire. 11  mourut  dans  son  château  de  Teil- 
lan,   commune  d'Aimargues  (Gard),  le 
2  septemb.  1821,  et  son  administration 
avait  laissé  dans  le  Var  de  si  bons  sou- 
venirs qu'en  1844  le  conseil  municipal 
de  Draguignan   fit  construire  une  fon- 
taine publique  ornée  du  buste  de  l'an- 
cien préfet 2.   —  Jacq. -Philippe,  fils  du 
précédent,    servit   dans   la  marine   de- 
puis 1780  jusqu'à  1789,  époque  de  son 
mariage  avec  Rose  de  Boisson,  fille  de 
Jean-Louis   de  Boisson,    seigneur   de 
Bagard,  et  mourut  le  17  nov.  1793  à  la 
suite  d'un  coup  de  feu  qu'il  reçut  à  l'ar- 
mée des  Pyrénées  orientales  où  il  com- 
mandait  une   compagnie   de   cavalerie 
volontaire  de  citoyens  du  Gard.  —  Louis- 
Pierre-Alexis   d'Azémar,   son   fils,    né 
le  21  juin  1790,   prit  l'épée   en    1807, 
comme   sous-lieutenant    d'infanterie  à 
l'armée  d'Espagne,  et  se  retira  du  service 
en  1 828,  avec  le  grade  de  capitaine  d'état- 
major,  après  onze   compagnes  et    sept. 
blessures.  La  devise  héraldique  jointe  aux 


1  On  a  lie  lui  des  «'OOlédiea  :  lM  Deux  Miliciens  \\';i- 
ii s,  17721,  le*  Souliers  mordoNt  (l'iiris,  177(11,  el  divers 
(.oi'iiic-..  épures  i't  cliaiisiwi.s. 

I  \<>v.  mu'  notice  il  Mm  siiict  (Ihiin  VJ/isl.  du  Iaiuij'ic- 

do\  |  par  don  Vaisaète,  Mit.  du  Mage  (tsiii),  i.  x,  p.  Ml; 


armes  de  la  branche  de  Casevieille  porte 
les  mots  :  «  Plus  d'honneur  que  d'hon- 
neurs, »  et  il  est  véritable  que  les  pro- 
testants rigides  ont  toujours  eu  la  moin- 
dre part  dans  les  faveurs  du  pouvoir  *, 
moins  peut-être  par  le  fait  d'un  pouvoir 
catholique  comme  est  celui  qui  presque 
toujours  a  gouverné  la  France,  que  par 
suite  de  l'esprit  d'indépendance  qui  est 
le  fond  même  de  l'éducation  protestante. 
Cependant  c'est  sous  le  régime  de  la 
Restauration  qu'apparaît  dans  les  actes 
des  différentes  branches  de  la  maison 
d'Azémar-Casevieille,  le  titre  de  comte 
joint  à  leur  nom.  Les  débats  judiciaires 
soulevés  par  eux,  comme  nous  l'avons 
dit,  dès  1784  et  repris  en  1817,  pour 
revendiquer  l'identité  d'origine  de  leur 
maison  avec  celles  des  anciens  comtes 
d'Adhémar  de  Monteil,  n'eurent  leur 
entière  solution  que  par  un  jugement 
du  tribunal  d'Alais,  en  date  du  26  mai 
184 1 ,  ordonnant  que  «  le  nom  d'Adhémar 
«  sera  substitué  à  celui  d'Azémar  dans 
«  toutes  les  actes  publics  et  privés  rela- 
«  tifs  à  Louis-Pierre-Alexis,  à  ses  au- 
«  teurs ,  frères  et  enfants.  »  Le  comte 
L. -P. -Alexis  avait  épousé  en  1817, 
MUe  Honorine  Martin  de  Choisy,  fille 
d'un  conseiller  à  la  cour  royale  de  JSimes. 
De  ce  mariage  sont  nés  quatre  enfants, 
entre  lesquels  l'héritier  du  nom  est  le 
comte  Roger  d'Adhémar,  né  en  1821  et 
marié  en  1846  à  MIle  Denise  de  Chapel. 
=  Armes  :  Mi-parti  de  France  ancien  et 
de  Toulouse,  c'est-à-dire  d'azur  semé  de 
fleurs  de  lis  d'or  et  de  gueules  à  la  croix 
d'or,  avec  un  écusson,  d'or  à  trois  bandes 
d'azur,  sur  le  tout. 

ADMYRAULD,  Admirault  etc.  Dès 
le  commencement  du  XVIIe  siècle,  une 
famille  de  ce  nom  existait  à  La  Rochelle. 
Un  Michel  Admyrauld  était  marié  à 
Françoise  Charrier,  dont  il  eut  deux  fils  : 
Toussaint  et  Jacques;  et  à  la  même 
époque  Denis  Admyrauld  était  marié  à 
Jeanne  Baudouyn,  d'une  grande  famille 
écbevlnaie  rocheloise,  qui  lui  donna  en 
1602  un  fils  nommé  Jean. 


1  i.a  Généalogie  que  boiib  avons  citée  en  slgnaMot  la 
nomination  «in  capitaine  Louis-Pierre-Aleiis,  le  ti  no- 
vembre )827,  comme  chevalier  du  î/mtc  militaire, 
ajoute  :  «  un  sait  que  cette  décoration  lut  tondes  pour 
récompenser  le»  wrvicei  des  officiers  protestants,  aui- 
■ini'is  le  «prmeut  de  catholicité  fermait  l'entrée  de 
l'ordre  Je  Saini-L  >uis.  » 


45 


ADMYRAULT  —  AGARD 


46 


Mathurin  Admirault.  avocat  à  Sau- 
mur,  épousa  à  La  Rochelle,  le  1er  juillet 
1641,  Marthe  de  Lunneau  ou  Lonneau. 

La  famille  Admyrault,  actuellement 
existante  dans  la  même  ville,  et  protes- 
tante, se  rattache  probablement  aux  pré- 
cédentes, mais  on  n'en  est  pas  sûr.  Son 
premier  auteur  certain  est  Gabriel  Ad- 
myrault. négociant  à  La  Rochelle  en 
1735,  marié  à  Marie-Jacquette  Charles, 
et  dont  le  fils,  Pierre-Gabriel,  mourut 
en  1782  après  avoir  été  syndic,  puis  di- 
recteur de  la  chambre  de  commerce.  Ce 
dernier  laissa  entre  autres  fils  :  ["Julien- 
Louis,  qui  fut  membre  du  corps  législa- 
tif, puis  député,  de  1814  à  1820,  m.  en 
1835  ;  et  Gabriel-Julien,  député  de  1831 
à  1837.  =  Armes:  D'argent  au  quinte- 
feuille  de  gueules  feuille  de  sinople  et 
au  chef  de  gueules.  (Richemond. 

Adrets  (le  baron  des),  voyez  Beau- 
mont. 

ADRIEN  (Pierre),  d'Avignon,  mi- 
nistre à  Chabeuil  en  Dauphiné,  reçu  ha- 
bitant de  Genève,  6  octobre  !  " 

ADOLPHE  Françoise),  jeune  fille  de 
ans,  dont  l'abjuration  est  insolite 
dans  le  recr.  de  l'église  cathol.  de  Blain 
Loire-Inf.)  au  25  nov.  1695,  avec  celle 
de  son  oncle  Pierre  Lamothe;  voy.  ce 
nom. 

AFFAGAR  M  \del.\ine  ),  dame  de 
Juisné,  puis  dame  de  Lanfernat,  vers 
1555-1575   VI  471  b]. 

AFFAITADY  (Lâche;,  épouse  de 
Georges  de  Montmorenev  de  Bours, 
v.  1590  [VII.  493  a  . 

AFFANEUR,  secrétaire  du  duc  de 
Rohan,  figurant  à  l'assemblée  dé  Pons, 
en  Saintonge,  v.  IÔÎ0.—  Daniel),  sieur 
de  Conteneuil  abjure  en  l685fIV,  "27  a  . 
itte  famille  était  florissante  à  Pons 
au  milieu  du  XVIIe  siècle.  Les  registres 
de  l'état  civil  '  nous  montrent  en  1657 
et  années  suivantes  Judith  Affaneur. 
femme  de  Michel Aymier.  notaire,  Anne. 
femme  de  Daniel  Vaurigaud:  Elisabeth, 
femme  de  Paul  de  Baudroux,  «  instruc- 
teur de  la  jeunesse  à  Pons  ;  »  Gabriel 
Affaneur,  sieur  de  La  Siray,  etc.  —  Ar- 
mé» :  D'azur  à  une  fasce  d'or. 


1  Conservés  au  greffe  de  Saintes,  et  dont  nous  devons 
la  connaissance  à  un  travail  de  M.  le  comte  J.  df  Cuk- 
vus  rvlatif  à  l'état  civil  protestant  de  Saintes,  ton», 
Cozes  et  autre?  lieux  de  la  Saintonge. 


AFFET1XEAU  (Jean),  Orléans,  1568 
VI,  531  b]. 

AFFIXHER  ou  AFFIGXER,  député 
aux  synodes  de  1614  et  de  1617  [II, 
253  a,  note:  Vil,  64  a,  note". 

AFF1S  Isabelle  d'),  Toulouse,  1559 
[111,  106  aj. 

AFFOLARE  Estienne;,  orfèvre, natif 

de  Lyon,  reçu  habitant  de  Genève,  27déc. 

—  On  trouve  le  même  nom  écrit  : 

Affouard.    Affaire,   Afouer    et  Afoyr. 

AFFRE  Etienne  .ancien de Poussan, 

156-2  Buii.iii,  <m . 

AFFRES  (Jehan,  fils  de  Bernard;, 
«  costurier.  de  Dunes,  près  de  Gyen  li- 
sez Agen)  au  pays  de  Gascoigne,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  23  septembre  1550. 
—  Bernard),  natif  de  Dunes  en  Age- 
noys,  et  de  même  couturier,  est  admis 
à  son  tour  le  4  septembre  1551. 

AGAR  Jean),  Chilleurs  (Loiret),  1619 

rvn,  445*}. 

AGARD.  Le  nom  provençal,  Agar. 
Agard  ou  d'Agard  (quelquefois  Dagar 
et  Dagard  ,  appartenait  à  plusieurs  fa- 
milles probablement  différentes,  mais 
dont  la  démarcation  nous  échappe;  et 
dans  la  même  famille  on  signait  tantôt 
d'une  façon,  tantôt  de  l'autre. 

1.  En  1563,  Pierre  A gard,  de  Tourette- 
-\  ence,  faisait  ses  études  à  l'acadé- 
mie de  Genève  [Livre  du  Recteur),  et  le 
même,  devenu  «  ministre  de  Faience  en 
Provence,  ■  se  retrouve  à  Genève  le 
28  octobre  1572,  fuyant  la  Saint-Barthé- 
lémy, et  se  faisant  recevoir  habitant  de 
la  à-publique.  C'est  encore  le  même 
Pierre  Agard  qui,  le  8  févr.  1573,  mi- 
nistre alors  en  Savoie,  à  Filly,  puis  en 
lire,  et  plus  tard  en  Dauphiné, 
épousait  Jeannette  Cresp,  d'une  famille 
genevoise  originaire  de  Grasse  en  Pro- 
vence. 11  mourut  le  3U  août  1604,  étant 
ministre  à  Romans  et  Chateaudouble  en 
Dauphiné.  Il  avait  eu  de  sa  femme,  à 
Genève,  de  1573  à  1583,  quatre  filles  et 
un  fils,  David,  qui  était  étudiant  à  lac. 
de  Genève  en  1598,  ministre  en  1607  * 


1  David  Agard  fut  reçu  au  saint  ministère  en  160*, 
pasteur  à  Chateaudouble  (604-1608  iprété  pour  trois 
rwtOB  1606,  a  Romans  1609-1610.  à  Beaure- 
paire  et  Rovbon  16H-I6I5.  à  Valence  et  Soyon  Vivarais) 
«615-1&».  Pendant  qu'il  était  à  Crest,  les  catholiques 
l'emprisonnèrent.  Le  svnode  de  Saint-Marcellin,  1606, 
prit  sa  défense  et  le  rei  «nunanda  au  célèbre  Charnier 
qui  allait  en  cour  et  obtint  sa  délivrance.  (Antaa. 


Al 


AGARD 


et  pasteur  de  Sovon  dans  le  Vivarais  en 
1620etl626[V,  140  a;  VI,  408a; X,  332]. 

2.  Le  Livre  du  Recteur  signale  encore 
comme  étudiants  à  Genève  :  en  1626  Paul 
d'Agar,  de  Gavaillon,  religieux  de  l'ordre 
de  Saint-Dominique  converti  au  protes- 
tantisme ;  et  en  1717  Jacques  d'Agar,  de 
Londres. 

L'ancien  dominicain,  Paul  Agar  ou  de 
Agard,  converti  en  1626,  fils  de  feu  nob. 
Laurent  d'Agar  et  de  Marguerite  de 
Paule,  après  avoir  fait  à  Genève  ses 
études  de  théologie,  y  avait  épousé,  le 

22  oct.  1626,  Gabrielle,  fille  de  feu  Abr. 
Cartier,  régent  au  collège.  Il  eut  d'elle 
un  fils  Alméric- Jacques  qui  fut  baptisé 
à  Paris,   à   la   chapelle   de   Hollande, 

23  juin  1631  ;  le  parrain  fut  Jacques 
Sarrasin,  médecin,  et  la  marraine  Ca- 
therine de  La  Suse,  veuve  du  marquis  de 
La  Moussaye. 

Paul  d'Agar  épousa  en  secondes  noces 
à  Gharenton,  au  mois  de  mars  1632, 
Jeanne,  fille  de  Toussaint  Le  Pelletier 
(ou  Pelletier)  et  d'Elisabeth  Lefort, 
dont  il  eut  onze  enfants.  Il  fit  baptiser  à 
la  chapelle  de  Hollande  le  28  janv.  1635 
Jacquette  et  le  10  janv.  1639  Isaac 
d'Agar;  à  Gharenton  Jean  le  5  décemb. 
1632,  un  autre  Jean,  né  le  6  nov.  1633, 
Jean-Paul  le  3  fév.  1636,  Abraliam  le 
15  novemb.  1637,  Charlotte  le  25  mars 
1640,  Jacob  le  9  mars  1642,  Jacques  le 
28  juin  1643,  Théodore  le  15  juill.  1646 
(parrain  Théodore  Naudin,  docteur  en 
médecine),  Marie  le  13  mars  1650. 

3.  Théodore  d'Agar  épousa  le  25  sep- 
temb.  1675  Marie  Baudier,  catholique, 
dont  il  eut  Marie-Madelaine  baptisée  à 
Charenton  le  1er  oct.  de  la  même  année  et 
Théodore  né  le  25  avril  1677.  Son  frère 
Abraham  épousa  Geneviève  Galet  dont 
il  eut  Anne  baptisée  le  22  juin  1673  et 
Abraham  baptisé  le  26  juin  1676  (Reg. 
de  Charenton). 

4.  D'après  Pithon-Gurt,  «  l'aîné  des 
quatre  fils  de  Paul  d'Agar  et  de  Jeanne 
Le  Pelletier  »  (nous  venons  d'en  nom- 
mer huit)  fut  ingénieur  militaire  au 
service  de  l'Angleterre  et  capitaine 
d'une  compagnie  des  gardes  du  roi 
Charles  IL  Le  cadet  fut  lieutenant 
il.i n s  la  compagnie  de  son  frère  et 
mourut  sans  alliance.  Le  quatrième 
fut  exempt  deB  gardes  <Ui  corps  du  roi 


Guillaume  et  mourut  brigadier,  sans 
enfant.  Quant  au  troisième,  nommé 
Jacques,  il  resta  quelques  années  en 
France  après  la  retraite  de  ses  frères 
et  s'éleva  au  grade  de  colonel.  Il  finit 
cependant  par  passer  en  Angleterre.  Le 
roi  Charles  II  lui  donna  une  place  de 
gentilhomme  servant  et  l'employa  dans 
des  négociations  auprès  du  roi  de  Dane- 
mark, à  qui  Agar  s'attacha  lorsque  Char- 
les II  eut  cessé  de  vivre.  S.  M.  danoise, 
Christian  V,  le  nomma  son  ministre 
auprès  des  électeurs  de  Saxe  et  de  Bran- 
debourg. Il  avait  épousé  en  Angleterre 
Marie  Hamilton  dont  il  eut  Charles, 
marié  à  Londres  avec  Constance  Caron, 
fille  d'un  vice-roi  des  Indes  occidentales, 
et  Joseph-Gabriel,  qui  fut  élevé  page  de 
Frédérc-Guillaume,  roi  de  Prusse,  ser- 
vit en  Hongrie,  puis  passa  au  service 
du  Danemark  comme  capitaine  dans  les 
gardes  de  la  marine  et  finit  par  abju- 
rer le  protestantisme.  Jacques  Agar,  le 
père  de  ces  deux  derniers,  devenu  veuf, 
se  remaria,  en  Danemark,  avec  Made- 
leine Le  Jeune,  dame  de  La  Borne- 
blanche  en  Normandie;  elle  donna  à 
son  deuxième  mari  trois  enfants  :  Jean  , 
officier  au  service  de  Suède  en  1709; 
Susanne,  femme  de  Formont,  capitaine 
des  gardes  de  Frédéric  IV,  roi  de  Da 
nemark,  et  Marie,  morte  fille.  Il  mou- 
rut lui-même  le  16  octobre  1715.  Tels 
sont  les  renseignements  de  Pithon-Curt, 
Nous  devons  cependant  ajouter  que  le 
mariage  de  «  Jacob  d'Agar  avec  Made- 
leine Le  Jeune,  veuve  de  Jean  Berthe- 
lin  de  Rouen,  »  eut  lieu,  non  en  Dane- 
mark, mais  à  Charenton,  en  avril  1675. 
C'est  aussi  à  Charenton  que  fut  baptisée» 
leur  fille  Suzanne,  le  24  février  1677. 
Nous  croyons  d'ailleurs  que  Pithon- 
Curt  a  commis  une  confusion,  et  qu'il 
s'agit  ici  non  pas  du  colonel  Jacques 
d'Agar  (baptisé  le  28  juin  1643),  mais  de 
son  frère  le  peintre  Jacob  (baptisé  le 
9  mars  1642)  que  notre  généalogiste  n'a 
pas  connu  et  qui  fut  également  obligé 
de  se  réfugier  en  Danemark* 

5.  D' Agard  (Jacob),  né  à  Paris  en  1642, 
cultiva  la  peinture  et  se  livra  d'abord  à 
la  peinture  d'histoire,  qu'il  délaissa  en- 
suite pour  l'art  du  portraitiste  où  il  de- 
vint d'une  habileté  remarquable.  Le 
3  août  HiTTi  il  fui  élu  membre  de  l'aca 


49 


AGARD  —  AGIER 


50 


demie  royale  de  peinture  sur  la  présen- 
tation qu'il  avait  faite  de  deux  portraits 
d'hommes  (MM.  Girardon  et  Anguier). 
Il  ne  lui  fut  pas  longtemps  permis  de  se 
parer  de  son  titre,  car  le  31  janvier  1682 
son  nom  fut  rayé  de  la  liste  des  acadé- 
miciens, en  vertu  des  ordres  du  roi,  par 
la  seule  raison  qu'il  était  protestant.  On 
était  bien  près  alors  de  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes.  Soit  qu'il  ait  ou  non 
attendu  jusque-là,  il  était  quelques  an- 
nées après  peintre  de  la  cour  du  roi  de 
Danemark ,  Christian  V,  et ,  après  la 
mort  de  Christian,  peintre  de  son  suc- 
cesseur, Friederick  IV.  Au  commence- 
ment du  XVIIIe  siècle,  il  obtint  du  roi 
de  Danemark  la  permission  de  visiter 
l'Angleterre  et  il  fit  à  Londres,  au  temps 
de  la  reine  Anne  (1702  et  années  sui- 
vantes), les  portraits  d'un  grand  nombre 
de  seigneurs  et  de  personnages  anglais. 
De  retour  à  Copenhague,  il  y  mourut 
(1716  .  Son  portrait,  peint  par  lui-même 
en  1693,  est  conservé  à  la  galerie  de 
Florence  [VII,  36  a  ;  IX,  40  b,  358  b.] 

En  premières  noces,  Jacob  d'Agar 
avait  épousé  Marie,  fille  du  peintre  Jean- 
Michel  Picart.  Elle  était  catholique  et 
lui  donna  au  moins  trois  enfants  : 
1°  Jeanne-Michelle,  baptisée  catholique 
à  L'église  de  S. -Barthélémy,  le  30  mars 
.  inhumée  le  29  août  1670  :  2«  Char- 
les, baptisé  ibid.  le  15  février  1669; 
3°  Jean-Michel,  enterré  au  cimetière  pro- 
testant de  Charenton  (des  Saints-1' 
selon  le  Dictionnaire  de  M.  JalJ,  le  26  no- 
vembre 1671  1672,  d'après  M.  Jal;. 
C'est  au  premier  de  ces  enfants  que  se 
rapporte  l'inscription  suivante  relevée 
sur  le  registre  des  baptêmes  de  l'église 
S.-Barthélemy  de  Paris  :  «  Jeanne-Mi- 
«  chelle  Dagar,  née  à...  le...,  tille  de 
«  f.  [sieur?]  Jacob  Dagar.  écuyer.  de  la 
«  R.  P.  R.,  et  de  Marie  Picard  de  la  re- 
<>  ligion  C.  A.  et  R.,  tous  deux  ayant 
«  leur  habitation  chez  M.  Jean-Michel 
■  Picard  pareillement  de  la  R.  C.  A. 
«  et  R.  et  ancien  marguillier  de  la  pa- 
«  roisse ,  a  été  baptisée  le  vendredi 
«  30  mars  1668.  Son  parrain  J.-M.  Pi- 
"  card  susnommé  et  sa  marraine  ont  pro- 
«  mis  devant  Dieu  d'élever  leur  filleule 
«  dans  la  créance  et  religion  C.  A.  et  R  >• 

H.  Un  HVwyd'^arfutnaturalisé  sujet 
anglais  lf  9  sept  1698  [Agnew  1,54).= 


Armes  de  la  fam.  d'Agar,  de  Cavaillon  : 
De  gueules  à  la  molette  d'éperon  d'argent 
au  chef  cousu,  d'azur,  chargé  d'une  croix 
tréflée  ou  fleuronnée  d'or  (Pithon  Curt). 

AGASSAC  (Jehan  de  ,  «  mercier,  na- 
tif de  Rabastenx ,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  1er  nov.  1557. 

AGASSE,  anciennement  Agace,  fa- 
mille parisienne.  Etienne  Agasse,  orfè- 
vre de  Paris,  fut  reçu,  14  mars  1682, 
habitant  de  Genève  où  il  épousa.  1689, 
Anne  Plantamour.  Un  autre  Etienne 
Amasse,  fils  de  feu  Etienne,  revint 
d' Ecosse,  où  il  était  né,  se  faire  aussi  re- 
cevoir habitant  de  Genève,  le  2  déc.  1740, 
bourgeois  en  1742,  avec  ses  fils  Philippe 
et  Daniel,  dont  le  premier  eut  de  Ca- 
therine Audeoud,  sa  femme,  Jacques- 
Laurent  Agasse,  né  le  27  mars  1767, 
célèbre  peintre  d'animaux.  —  Zacharie, 
Abdias,  Jacob  et  DanieL-J  ^racefurent  tous 
quatre  directeurs  de  l'hospice  des  réfu- 
giés français  à  Londres,  de  1759  à 

nigaud,  Mém.  de  la  Soc.  d  Hist.  de  Genève.  VI,  59.  - 
Sordet.  -  tgnew  1 

À.G-AS8EAU  (J.),  condamné  à  Bor- 
deaux, 1569  [II,  416  a]. 

AGASSY  ou  ;>asteur  de  Dé- 

salignés en  1660  Bull.  XV,  [ 

Au  U"LT(d'  ,  Bretagne,  1563  (VIII. 
•2( il  a]. 

AtlÉ  ou  Agey,  famille  (4  personnes) 
-.-Hippolyte  en  Languedoc,  réfugiée 
à  Ma^b'liuurg.  1698. 

A.GEZ  la  baronne  d'),  convertie  v. 
1660  à  Bordeaux  (Bull.  VIII.  -264). 

AGEXOX  (Jeanne),  femme  de  Jean 
du  Bouchet;  Poitou  [IV,  332  a]. 

AGEROX  (plus  anciennement  Agi- 
ron  .  famdle  dauphinoise,  1680  [V,  17  b]. 

—  Abraham,  fils  de  feu  Charles),  de 
Roybon  en  Dauphiné.  reçu  bourgeois  de 
Genève  avec  son  fils  Gabriel,  5  nov.  1666. 

—  (Pierre),  de  Romans,  reçu  habitant 
de  Genève,  1689.  —  (Elisabeth,  fille  de 
feu  François)  et  veuve  de  Pierre  Ageron 
de  S.-Antoine  en  Dauphiné,  réfugiée  à 
Genève  où  elle  testa  en  1697.  —  Jean 
Ageron  naturalisé  anglais,  3juillet  1701. 

AGERRE  Jeanne],  femme  d'André, 
sieur  de  LaCondamine,  1714  [VI,  !  - 

AGIER  (Jaques,  fils  de  feu  Louis),  de 
Ximes,  marchand  drapier,  reçu  habi- 
tant de  Genève  le  28  janvier  1701  et 
bourgeois  le  4  février  1702,  diacre  de  la 


51 


AGIER  —  AGUITTON 


52 


Bourse  française  en  1726.  Un  de  ses 
descendants,  Pierre,  fut  capitaine  de  la 
garnison  de  Genève  en  1789.  Une  autre, 
Mlle  Agier-Prevost,  a  écrit  un  roman, 
Elèonore  de  Cressy,  publié  après  sa  mort 
(1823,  Genève  et  Paris,  2  vol.  in- 12)  avec 
une  notice  préliminaire  sur  la  vie  de 
l'auteur.  —  Antoine  Agier,  ou  Atgier  ou 
Atger,  ditLa  Valette,  chef  camisard  ré- 
fogié  à  Genève  en  1705  [VIII,  251,  252, 
353].  «  Soupçonné  d'être  en  correspon- 
dance avec  les  Camisards  et  de  fomenter 
les  rébellions  des  Cévennes,  »  il  fut  pour 
ce  fait  emprisonné  en  nov.  1709,  par  ordre 
du  Conseil  et  sur  la  demande  de  M.  de 
Lozilière,  neveu  et  remplaçant  du  résident 
de  France.  Il  ne  fut  libéré  que  le  2  juil- 
let 1713,  la  paix  étant  faite,  sur  les  in- 
stances de  M.  Stanyan,  envoyé  d'An- 
gleterre en  Suisse.  M.  de  Lozilière 
n'avait  cessé  de  «  payer  la  pension  »  du 
prisonnier.  (Dufour.) 

AGINCOURT  (Paul  d')  et  sa  femme, 
réfugiés  et  assistés  à  Londres,  1702. 

AGIRAUD  (Jehan),  «  du  lieu  de  Ma- 
dich,  pays  d'Auvergne,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  1er  mai  1559. 

AGNAN(d'),  pasteur  à  Bourges,  1562 
[VII,  472J. 

AGNEAUX  (Jacques  de  Sainte-Ma- 
rïb,  sieur  d'),  1563  [IX,  109];  voy. 
Sainte-Marie.  —  (Jean  d'),  sieur  de  De- 
sertines,  1786  [VII,  310  b].  —  M»«  d'Ai- 
gneaux,  enfermée  au  couvent  à  Gaen, 
Bull.  Vil,  421.  —  On  a  imprimé  à  Lon- 
dres, 1723,  in-12  :  Le  devoir  de  la  con- 
version; ou  sermon  sur  ces  paroles 
d'Ezéchiel,  ch.  XXX11I  :  «  Détournez- 
vous,  détournez-vous  de  vostre  méchant 
train,  etc.  «prononcé le  11  d'octobre  1723 
dans  l'Eglise  Franc,  de  la  Patente  en 
Soho,  par  J.  d'Agneaux,  ministre. 

AGNEL,  plus  anciennement  Agniel 
de  Riez  (Carolus  Agnelus Regensis ,  \iro- 
viitcialis) ,  étudiant  à  Genève,  1645. 
Admis  au  saint  ministère  par  le  colloque 
deGexen  1647,  il  fut  depuis  lors  jusqu'en 
1659  pasteur  de  Sacconnex,  Pregny, 
Meyrin  et  Vernier;  puis  pasteur  à  Me- 
rindol  (1660).  Plus  tard  il  se  lit  recevoir 
habitant  de  Genève  et  y  mourut  en 
1687.  Sa  descendance  s'y  est  éteinte  à 
la  lin  du  XVI 11'  siècle.  —  (Daniel  ,  de 
liiez,  réfugié  à  Genève  eu  165%; 

CUparMe.  Ksi.  réf.  do  paya  deCex. 


AGOS  (d'),  nom  douteux  d'un  député 
à  un  colloque,  1613  [VII,  149  b]. 

AGOULT  (Maison  d'),  en  Provence, 
voy.  Bonneval  [II,  396  a),  Montauban 
[VII,  454]  et  Montmaur  [VII, 491  b].Voy. 
aussi  :  [I,  242  ;  II,  456  a  ;  111, 103  ;  V,  254 
b;  Vil,  129a;  IX, 473b]. 

AGOUST,  Saintongeois  [V,127b].— 
C'est  probablement  au  même  nom  qu'il 
faut  rapporter  l'inscription  suivante  sur  le 
Livre  du  Recteur  :  Isaacus  Ajoustus  Bra- 
geracensisPetragorius,  1625. —  Dans  les 
actes  français  de  Genève  :  Aiouste  %. 

AGRENET  (Hélène  d'),  73  ans,  as- 
sistée à  Londres,  1702. 

AGRETY,  capitaine,  1572,  Haut-Lan- 
guedoc [VIII,  341  b]. 

AGRIS  (François  d'),  époux  d'une  La 
Rochefoucauld  vers  1640  [VI,  357  al. 

AGUERRE  (d),  capitaine,  1576'ril, 
466  a].  Voy.  Daguerre. 

AGUESSEAU  (Marguerite  d'),  da- 
moiselle,  veuve  de  feu  Arnauld  Moyne, 
avocat  au  siège  présidial  de  Saintes; 
1574  (Reg.  de  Saintes). 

AGUET  (Bartelemy),  de  Rion  en 
Provence  ,  chapelier,  reçu  habitant  à 
Genève,  24  nov.  1572. 

AGUILLON  (Isnard),  âgé  de  80  ans 
et  aveugle,  pris  et  jeté  du  pont  de  Siste- 
ron  en  bas,  1562  [X,  471].  —  (Louise), 
réfugiée  à  Genève  avec  son  mari  Jacques 
Crouzet,  de  Montpellier,  en  1700. 

AGUILLONNEÏ  (André  d'),  ancien 
de  Nîmes  1583  [X,  184].  —  (Jacques), 
consul,  1607  [VII,  461  b].  —Voyez  en- 
core :  [1,  247;  V,  462  b,  465  a]. 

AGUIRRE  (Chrétienne  d'),  comtesse 
de  Sault.  On  lit  dans  les  mémoires  de 
Sully  que  cette  dame  favorisa  en  Pro- 
vence le  parti  de  Henri  IV,  y  aida  à 
l'expulsion  des  ducs  de  Savoye  et  d'Es- 
pernon,  enfin  qu'elle  travailla  pour  em- 
pêcher la  conversion  de  Sully.    (Haag.) 

AGUITTON  ou  AGU1TTE  (Jacques. 
Peyron  et  Mathieu),  de  Lourmarin  , 
massacrés,  1562  [X,  470].  Peut-être  est-ce 
à  la  même  famille  qu'il  faut  placer  Guil- 
laume, fils  de  feu  Guillaume  Aguiton, 
de  lourmarin,  négociant,  reçu  habitant 
de  Genève,  l(.)  avril  1740,  bourgeois  en 
1744,  et  dont  la  descendance  existe  en- 

•  ce  sont  diverses  formes  A'Jugvftv* qni  cet  devenu, 
dans  le  calendrier,  atmtt.aoUt,  ci  tond  aujourd'hui,  par 
une  lâche  prononciation,  ù  s'affaisser  en  Ont. 


53 


AGUITTOX  —  AIGUEFOXDE 


M 


core.  Une  autre  famille  genevoise  de  ce 
nom,  également  réfugiée,  s'est  ancien- 
nement appelée  Guiton.  Voir  ce  nom. 

AGULHAC  .'Charles  d",  vers  1630 
I.  223  a]. 

AGULHOX  :*>').,  Nîmes,  1612  [V, 
95b].  —  (Marguerite  d';,  1639  [III» 89  b]. 

AGULHOX  (Amans),  ■  de  Saïgas  en 
Recoules,  diocèze  de  Mendes  »,  galérien 
sur  la  galère  VEmeraude ,  condamné 
pour  assemblée  pieuse  à  Dunquere  en 
Liste  des  prof,  qui  s.  .  —  Voy.  'X, 
i 1 7" .  —  (Claude),  galérien,  1705  [X,  424]. 

AGUY80N  'Estiesne  et  Giraud), 
frères,  de  Rossiilion,  dioc.  d'Apt,  reçus 
habitants  de  Genève,  17  août  1556. 

AGLZE,  ancien  à  Montdardier,  1681 
IX,  5  a]. 

AIBOUD  Jkan  .  de  Bourg  en  Bresse, 
reçu  habitant  de  Genève.  23  août  1574. 

1.  AID1E  ou  AYDLE  (Geoffroi.  ,  jei- 
^nei/rdeGiiTiMÈREs,  capitaine  huguenot 
qui,  au  rapport  de  Castelnau,  fut  tué  à  la 
bataille  de  Jarnac,  en  1569.  Si  ce  fait  n'est 
pas  controuvé,  c'est  sans  doute  son  fils, 
Antoine  d'Aidie  qui,  en  1570,  comman- 
dait un  corps  de  troupes  sous  les  ordres 
de  Coligny,  lors  de  l'expédition  de  l'ami- 
ral dans  îe  Midi,  après  la  malheureuse 
bataille  de  Moncontour.  D'Aubigné  le 
distingue  par  l'épithète  d'Huguenot  d'un 
autre  Guitinières  qui  servait  à  la  même 
époque  dans  l'armée  rovale  [HaagI, 
15  b.  —II,  460b]. 

2.  L'ancienne  maison  d'Aidie,  en  Pé- 
ri gord,  s'était  divisée  eu  plusieurs  bran- 
ches; celle  du  Béarn  en  était  la  souche. 
Geoffroi,  troisième  fils  d'Odet  d'Aidie, 
dit  le  Jeune,  vicomte  de  Riberac,  et 
d'Anne  de  Pons,  est  celui  de  ses  mem- 
bres qui  fonda  la  branche  de  Guitinières. 

6.  AID1E  F.  ii'  ,  condamné,  1509,  à 
Bordeaux  [II,  415  a]. 

AIGALIER,  ministre  ;'ugié 

à  Genève,  sollicite  afin  que  sa  femme 
longtemps  détenue  en  France  et  refusant 
d'abjurer  lui  scit  rendue,  avec  ses  en- 
fants qu'elle  ne  veut  pas  quitter: 
Archiv.  tfért.  Tt). 

AniALLiERs   le  baron  d  .  Voy»  Rossel. 

AIGXA.  pasteur  à  Gien,  1559  (Bull. 
VIII 

A1GXAX  (Jacques  .  condamné  à  être 
pendu,  Paris.  1562  IX.  310 b.]  -  Ma- 
rie;, 1627   Vin,  188      . 


AIGXE VILLE  Hélène  et  Anse  d'), 
dames  deBoubers,  vers  1650  [II,  41 

AIGXIER  J.),  précipité  du  haut  de 
sa  maison  à  Hières  en  Provence,  puis 
pendu  par  un  pied  aux  murailles  de  la 
ville.  1562  [X   471  J. 

AIGXOX  (D),  pasteur  de  Chaumont 
en  Bassisnv,  v.  1560-1567  (Bull.  VIII, 
73:  IX,  297). 

AIGOIX,  ou  Aigouin,  quelquefois  Ai- 
guoin,  ou  Daigoin,  consul  de  Sumène. 
Languedoc.  Itj27  [I,  277  a:  VIII.  491  tt}. 

—  (Pierre  .  des  Cévennes,  étudiant  à  Sa u- 
mur-..  V,  513  b:  VI,  311  I 
(François  ,  pasteur  de  Roquedur,  1660 
(Bull.  XV.  58(i  .  —  L'iuis '.  ministre  de 
Sumène,  1664-1684  [1U.  32  b  :  VII.  1 V* 7  a  : 
VIII.  302  b  ;  IX,  5  a\  -  Pierre,  (fils  de 
Jean  ,  de  Sumèrie,  apothicaire,  réfugié 
au  Brandebourg,  puis  à  Genève ,  1699. 

—  (Marie),  déportée  en  1687  [X,  432]. 

—  Voy.  Aiguyon. 

AIGREFE  l  IL  Guill.  de  Rozel,  sieur 

ttté  en  1622    IX,  66  b]. 
A1GREFOIX    i**),    capitaine,    1567 
[VIL  359  a]. 

1.  AIGREMOXT,  conseiller  au  par- 
lera, de  Pan>.  1562   IV.  210  b]. 

2.  AIGREMO.NT    :  :   Hochesiore,  ba- 
rons d'   [IV,  131  a:  VIII.  459  b. 
Rochemore.  —    Autre  baron  d'\  1678, 
condamné  1691    ML  196  h:  X.  402]. 

A1GREYILLÈ  (Guill.  d'), pasteur  de 
Ribaute, 

A1GUBBONNE  Jehan  d),  marchand 
à  Lyon,  reçu  habitant  de  Genève,  8  sep- 
temb.  151 

1.  A  ICI  EFOXDE  (famille  EsrÉR  an- 
dieu,  sieurs  n'  .XVIIIe  siècle  [Haair,  IV. 
J  •  Vi,56b;  IX.  498  a]. 
Voy.  aussi  Esi>érandiel\  —  «  Les  barons 
d'Aiguefonde  se  sont  toujours  l'ait  re- 
marquer parmi  les  plus  intelligen 
plus  généreux  soutiens  du  protestan- 
tisme ;  ils  ont  payé  de  leurs  personnes 
dans  les  synodes,  dans  les  députations. 
sur  les  champs  de  bataille.  Celui  qui 
vivait  au  temps  de  Voltaire  s'employa 
activement  en  faveur  du  malheureux 
Sirve/t  qui  du  reste  était  feudiste  sur 
ses  propres  terres.  La  race  est  mainte- 
tenant  éteinte  :  le  dernier  des  barons 
d 'Aitiuefonde  qui  a  clos  la  série  de  ces 
nobles  défenseurs  du  libre  Evangile  et 
de  la  libre  foi,  vient  de  mourir,  muni  des 


55 


AIGUEFONDE 


AIGUISIER 


56 


sacrements  de  l'Eglise  ;  il  s'était  fait  ca- 
tholique à  l'époque  de  son  mariage.  » 
(G.  Rabaud,  Hist.  du  protest,  dans  l'Al- 
bigeois, 1873,  p.  489.) 

2.  AIGUEFONDE  (B.  de  Madaillan, 
sieur  d'),  1688  [VII,  162  b]. 

AIGUESVIVES  (Arnaud  de  Bernon 
ou  Vernon,  sieur  d'),  v.  1580  [VI,  435  a]. 

AIGUILLON  (Antoine),  Camisard. 
Voy.  Ayguillon. 

AIGUISIER  ou  Eguisier  (Philippe), 
natif  de  Marseille,  était  fils  de  noble  Ni- 
colas Aiguisier,  avocat  au  parlement 
[IX,  351  b].  Entré  dans  les  ordres  sa- 
crés et  devenu  docteur  en  théologie,  il 
exerça  la  prêtrise  jusqu'au  moment  où 
chargé,  comme  missionnaire  à  La  Salle, 
d'accompagner  Fr.  Teissier,  martyr  des 
assemblées  du  désert  *,  il  éprouva  lui- 
même  clans  sa  conscience  le  besoin 
de  rompre  avec  l'Eglise  persécutrice. 
Après  de  douloureux  combats  inté- 
rieurs, il  parvint  à  sortir  du  royaume 
et  à  se  retirer  à  Berne,  où  il  put  en- 
fin rendre  témoignage  à  la  vérité.  Par 
suite  de  cette  abjuration,  dénué  de  toute 
ressource,  il  se  rendit  à  Lausanne,  où 
les  pasteurs  français  l'accueillirent  et 
s'intéressèrent  à  lui.  Admis  à  l'essai  à 
Vevey,  au  mois  d'avril  1689,  sur  leur 
recommandation,  comme  régent  de  la 
première  classe  et  principal  du  collège, 
il  fut  nommé  d'une  manière  définitive, 
le  16  mai  suivant,  à  cet  emploi  qu'oc- 
cupait avant  lui  un  autre  réfugié  fran- 
çais nommé  Lantelme.  Au  mois  de  juin 
la  Bourse  française  de  Lausanne  lui  fit 
don  d'un  habit,  sans  doute  afin  qu'il  pût 
se  présenter  d'une  façon  convenable 
dans  l'exercice  de  ses  nouvelles  fonc- 
tions. Malgré  la  modicité  du  revenu  que 
pouvait  lui  procurer  son  travail,  Aigui- 
sier, souffrant  de  son  isolement,  songea 
à  se  donner  une  compagne.  Il  épousa  à 
Vevey,  le  17  novembre  1690,  une  de  ses 
compatriotes,  réfugiée  comme  lui,  Ju- 
dith, fille  de  feu  Pierre  Favier,  mar- 
chand, de  Montélimar  en  Dauphiné.  Il 
remplit  ses  fonctions  avec  approbation 
jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  On  trouve  dans 
les  registres  du  conseil  de  Vevey  plu- 
sieurs preuves  de  l'intérêt  que  le  zélé 
pédagogue  portait  au  collège  et  au  dévo- 


iler. 


il  h  Écrit  la  relation  de  •■•'( 1 1>  etécnlton.  Voj   Teis- 


loppement  de  ses  écoliers.  En  nov.  1692, 
il  fit  représenter  par  eux,  comme  exer- 
cice de  déclamation,  une  pièce  ayant 
pour  sujet  Yhistoire  de  Joseph.  On  sait 
combien  l'usage  des  représentations  théâ- 
trales était  répandu  au  XVIe  et  au  XVIIe 
siècle  dans  les  institutions  scolaires.  A 
Lausanne,  les  étudiants  avaient  souvent 
donné,  sur  la  place  publique,  le  specta- 
cle de  drames  allégoriques  ou  sacrés, 
tels  que  Yhistoire  de  Suzanne,  jouée 
successivement  en  grec,  en  latin,  en 
français  et  même  en  allemand  en  l'hon- 
neur de  Monsieur  le  baillif,  ou  le  Sacri- 
fice d'Abraham  en  vers  français,  com- 
posé exprès  pour  eux  par  l'illustre 
Théodore  de  Bèze.  Les  régents  de  Ve- 
vey tenaient  à  honneur  de  ne  pas  trop 
rester  en  arrière  de  ce  qui  se  faisait  sous 
l'inspiration  des  professeurs  de  Lau- 
sanne, et  ainsi  se  conservait  cette  tra- 
dition se  rattachant  aux  anciens  mys- 
tères du  moyen  âge.  En  1694,  Aiguisier 
tenta  une  entreprise  qui  pourra  paraître 
d'une  bien  grande  témérité.  La  pièce 
qu'il  se  proposa  de  donner  au  public  de 
Vevey  n'était  rien  moins  que  la  tragédie 
(YEsther  que  jouaient  à  Saint-Cyr,  cinq 
ans  auparavant,  sous  la  direction  de 
Mme  de  Maintenon,  les  demoiselles  de  la 
maison  royale.  L'ambition  littéraire  du 
principal  avait  été  non-seulement  de  faire 
représenter  par  ses  élèves  l'œuvre  du 
grand  poète,  mais  de  la  compléter  par 
deux  actes  nouveaux  qui  offraient  l'a- 
vantage de  permettre  la  suppression  du 
prologue  à  la  louange  de  Louis  XIV, 
mais  aussi  le  danger  de  mettre  la  versi- 
fication d' Aiguisier  à  côté  des  vers  de 
Racine.  La  représentation  n'eut  pas  lieu 
parce  que  le  baillif  de  Vevey  étant  ab- 
sent il  fallut  la  différer  jusqu'à  son  re- 
tour et  que  la  mort  surprit  l'auteur  avant 
que  ce  retour  n'eût  lieu.  Mais  elle  avait 
été  imprimée  dès  l'année  précédente 
sous  ce  titre  : 

Addition  à  la  tragédie  d'Est  lier,  con- 
tenant deux  actes  dont  le  premier  re- 
présente la  réjection  de  Vasthi  et  le 
deuxième  le  couronnement  d'Esther.  Par 
le  prosélyte  de  la  Providence,  principal 
et  premier  régent  du  collège  de  Vevey. 
A  Genève,  chez  Vincent  Miege,  1693, 
pet.  8°,  32pag.  Dédié  a  très  noble,  magn. 
et  non.  seigT  M.  Jean  Louis  Steigef,  ba- 


57 


AIGU1SIER  —  AILLY 


58 


ron  de  Mons,  baillif  de  Vevey.  capitaine 
de  Ghillon. 

C'est  au  mois  de  novenib.  1694,  qu'Ai- 
guisier  mourut,  sans  enfants.  Il  laissa 
un  honorable  souvenir  dans  la  ville  qui 
l'avait  adopté.  Ces  paroles  que  le  mar- 
tyr Teissierlui  avait  adressées  :  «Vous 
mourrez  dans  notre  religion,  »  étaient 
demeurées  comme  un  trait  acéré  dans 
son  âme  et  Dieu  daigna  les  y  bénir 
comme  des  paroles  prophétiques. 

Jules  Chavanues,  Bull.  X,  396,  et  les  Réfugiés  franc, 
dans  le  pays  de  Faud  |I874|,  in-12,  p.  267. 

AIGU  YON  ou  Aigoy.n  (Pierre}, pasteur 
de  Valfrancesque,  1568-1608  [X,  271). 

A1LLAUD  (Jean),  de  Nîmes,  étudiant 
à  Genève,  1598.  —  (Madelaine),  réfugiée 
et  assistée  à  Londres,  1721.  —  P. -A., 
Jérémie  et  Rose),  à  Montauban.  con- 
damnés, 1736  [X.  404], 

AILLEBOUST  (b  ,  avocat  au  par- 
lem.  de  Paris,  1600  [V,  283  b;  voy.  V, 
539  a].  — Ailliloust  (Marie d'),  femme  de 
Jean  de  Bédé,  avocat  au  parlem.  de  Pa- 
ris, morte  en  lb4l>    Bull.  Xll,  283). 

A1LLET  (Toussaint),  tailleur  de 
limes,  «  natif  de  Colans,  près  Noyan- 
le-Roy,  en  Normandie,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  4  mai  1556. 

AILL1È1ŒS  Lb  \  a>skur,  sieurs  d), 
v.  160U[YI1,  55  b]. 

AILLY,  Ally  ou  Arly  ^maison  d). 
Cette  maison  tirait  son  nom  de  la  terre 
d'Ailly-Iiaut-Clocher,  en  Picardie.  Ro- 
bert d' Ailly,  qui  vivait  vers  l'an  1090,  en 
est  la  tige.  C'était  une  des  plus  grandes 
familles  de  la  province.  En  134*2,  elle 
acquit,  par  suite  du  mariage  de  Ro- 
bert 111  avec  Marguerite  de  Péquigny. 
la  seigneurie  de  Péquigny  et  le  vidamé 
d'Amiens,  qui.  en  1620,  passèrent  dans 
la  maison  d'Albert-de-Chaulnes,  par  le 
mariage  de  Charlotte-Eugénie,  héritière 
de  la  branche  ainée  de  la  maison  d' Ailly. 

Le  Laboureur,  dans  ses  Additions  aux 
Mémoires  de  Gastelnau,  regarde  l'al- 
liance de  la  maison  d' Ailly  avec  celle 
d'Esternay ,  «  comme  la  cause  fatale 
qui  engagea  au  party  de  la  religion  pré- 
tendue, dont  ce  seigneur  d'Esternay 
[Jean  Raguier]  estoit  l'un  des  princi- 
paux chels,  non  seulement  la  maison  de 
Bélhune  [qui  lui  était  également  alliée], 
mais  encore  celle  d' Ailly  de  Piquigny.  » 
Deux   des    membres    de    la    famille 


d'Ailly  se  sont  distingués  comme  capi- 
taines dans  l'armée  des  huguenots  ;  c'est 
Louis  d'Ailly  «  l'un  des  plus  grands  sei- 
gneurs de  la    Picardie,  dit  Castelnau, 
qui  s'attacha  d'inclination  au  prince  de 
Condé,  gouverneur  de  la  province.  »  et 
Charles    d'Ailly,    seigneur   de   Péqui- 
gny, tous  deux  fils  d'Antoine  d'Ailly  et 
de  Marguerite  de  Melun.  Louis  d'Ailly 
avait  hérité  du  vidamé  d'Amiens,  à  la 
mort  de  son  frère  aîné.  François,  décédé 
en  1561,  à  Londres,  où  il  s'était  retiré 
pour  cause  de  religion  ;  dans  la  Coutume 
du  pays,  rédigée  en  1567,  son  nom  est 
mis  en  tète  de  la  noblesse,   immédiate- 
ment après  ceux  des  princes.  11  fut  tué 
à  la  bataille  de  S. -Denis,  en  1567,  et 
ne  laissa  aucun  enfant  de  sa  femme  Ca- 
therine de  Laval.  Son  frère,  qui  combat- 
tait avec  lui  au  centre  sous  les  ordres  du 
prince  de  Condé,  périt  dans   la  même 
journée  ;  et,  au  rapport  de  Davila  et  de 
Thou,  un  de  ses  tils  y  mourut  avec  lui, 
mais  La  Morlière,  dans  sa  généalogie  de 
la  famille,  ne  fait  pas  mention  de  ce  fait. 
Ancien  siouverneur  de  Moncalvo  dans 
le  Montferrat,  Charles  d'Ailly  était  che- 
valier de  l'ordre  du  roi  et  capitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes.  Sa  femme, 
Françoise  de  Warty,  dame  d'honneur 
de  la  reine  mère  Catherine  de  Médicis, 
lui  avait  donné  plusieurs  enfants.  L'aîné, 
Philibert-Emmanuel .  qui  avait  hérité  de 
-rneurie  de  Péquigny  et  du  vidamé 
d'Amiens,  retourna  à  la  foi  catholique, 
on  ne  dit  pas  à  quelle  époque;  ce  qui  est 
plus  certain,  c'est  qu'il  servait  dans  les 
armées  de  Henri  IV  contre  la  Ligue,  et 
qu'en    15'J5,    il    contribua  beaucoup   à 
la  reprise  de  la  ville  de  Ham  sur  Im  Be-i 
pagnuls.   Sa    sieur  Marguerite  épousa, 
en  1581,  François  deCoiigny,  seigneur 
de  Châtillon.  quatrième  fils  de  l'amiral. 
L'histoire  a  eon>ervé  de  cette  dame  un 
trait  de   bravoure  qui  eut  honoré   une 
Spartiate.  En  l'absence  de  son  mari,  en 
1590,  le  capitaine  Salard,  gouverneur  de 
Montargis  pour  la  Ligue,  avait  surpris 
Châtillon  ;  déjà  ses  troupes  pénétraient 
dans  la  basse-cour  du  château,  lorsque 
Marguerite,  se  mettant  à  la  tète  de  ses 
domestiques  et  de  quelques  soldats,  les 
attaque,  les  repousse  et  fait  même  leur 
capitaine  prisonnier.  Il  ne  parait  pas  que 
les  autres  branches  de  la  famille  d'Ailly 


59 


AILLY  —  AIREBAUDOUZE 


60 


aient  embrassé  la  Réforme.  Cependant, 
Henri  de  Massue,  marquis  de  Ruvigny, 
qui  se  réfugia  avec  son  fils,  le  comte  de 
Galloway ,  en  Angleterre,  était  allié  par 
les  femmes  à  la  branche  des  d'Ailly  de 
La  Mairie. 

Il  n'est  personne  à  qui  le  nom  de 
d'Ailly  ne  rappelle  un  des  plus  tou- 
chants épisodes  de  la  Henriade  (ch. 
VIII),  celui  des  deux  guerriers,  le  père 
et  le  fils,  que  leur  armure  empêche  de 
se  reconnaître  jusqu'au  coup  fatal.  Ce 
combat  du  vieux  d'Ailly  contre  son  fils 
est  une  pure  fiction  du  poète. 

[Haag  1, 15. — II,  104, 456  h,  457  a;  111, 
251  b,  409  a;  VII,  322  a;  VIII,  365  b.] 
—  Françoise  d'),  dame  de  Houtkerque 
[IX,  452  a].  =  Armes  :  De  gueules  au 
chef  échiqueté  d'argent  et  d'azur  de  trois 
traits  (Palliot). 

AIMAR  (Pierre  Rotolp.  sieur  d'). 
Castres,  v.  1666  [IX,  9  b].  Voyez  Rotolp. 

AIMÉ,  maître  d'école,  fouetté  publi- 
quement à  Troyes,  1562  [IX,  292  a]. 

AIMER1G  (Pierre),  consul  de  Nîmes, 
1596  [V,  192  a.  —  Voy.  VI,  175  b].  — 
(Etienne),  Nîmes  [111,  424  a]. 

AIMER  Y  (Simon),  marchand  à  Calais, 
mort  relaps.  Procès  contre  son  cadavre; 
1689  (Arch.  gén.  Tt). 

A1NAUD  (Jean),  de  Barcelonette , 
reçu  habitant  de  Genève,  7  sept.  1572. 

AINEAU  ou  EsNEAu[Haag  I,  16], 
conseiller  au  présidial  de  Saintes.  Nous 
rapporteron  s  sous  ce  nom  un  fait  que  nous 
choisissons  entre  un  grand  nombre  de 
faits  semblables,  et  qui  prouve  que  sous 
le  gouvernement  de  Louis  XIV,  avant 
même  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
les  protestants  étaient  en  dehors  du  droit 
commun.  Une  des  filles  du  conseiller 
Aineau  était  recherchée  en  mariage  par 
un  catholique.  Opposition  du  père  à  cette 
union.  Le  jeune  homme  décide  son 
amante  à  fuir  le  toit  paternel  ;  elle  se  ré- 
fugie dans  un  couvent  où  elle  abjure. 
Peu  de  temps  après,  le  mariage  est  cé- 
lébré. Un  procès  pour  cause  de  rapt  est 
intenté  au  séducteur.  Ce  procès  n'avait 
pas  encore  été  jugé,  lorsque  Aineau 
mourut.  Par  son  testament  il  laissa  à  son 
tils  la  plus  grande  partie  de  ce  qu'il  pos- 
sédait. Mais  la  nouvelle  convertie  atta- 
qua le  testament  devant,  la  chambre  de 
l'édit  de  Paris,  soutenant  qu'elle  n'avait 


été  déshéritée  qu'en  haine  de  son  chan- 
gement de  religion.  La  partie  adverse 
objectait  que  la  cause  de  la  disposition 
testamentaire  dont  elle  se  plaignait,  était 
le  mariage  contracté  par  elle  contre  la 
volonté  de  son  père.  Or,  une  ordonnance 
autorisait  les  pères  à  déshériter  leurs  en- 
fants qui  se  mariaient  sans  leur  consen- 
tement, même  dans  le  cas  où  ils  auraient 
atteint  leur  majorité.  L'avocat  général 
le  reconnut;  il  ne  nia  même  pas  qu'il  y 
avait  présomption  de  rapt,  de  séduction 
et  d'enlèvement;  mais  cet  enlèvement 
était,  selon  lui,  une  charité,  et  ce  rapt 
n'en  était  plus  un  à  ses  yeux,  dès  lors 
que  l'évèque  de  Saintes,  «personne  pru- 
dente et  bien  sensée,  >>  y  avait  consenti. 
Le  testament  fut  donc  cassé.  Nous  nous 
abstiendrons  de  toute  réflexion. 

AIOUD  (Estiknne),  «  sergier  d'auprès 
d'Orléans,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
26  juin  1554. 

AIRE  (Jean  n'),  tué,  4562,  à  Abbe- 
ville  [IX,  78  b].  —  (Siméon  d'),  du  lieu 
de  Belbezet,  dioc.  d'Usez,  âgé  de  25  ans, 
prisonnier  depuis  1703,  à  Perpignan 
(Liste  des  pr.  1711). 

A1RAULT  (Christofles),  marchand 
à  Paris,  ajourné  comme  huguenot,  en 
1535  (Bull.  XI,  254). 

AIREBAUDOUZE  (Maison  d'),  ba- 
rons d'Anduze  [Haag  1,  17].  —  Pierre 
d'Airebaudouze [I,  19,  26;  VI,  262  a; 
VII,  454  b;  IX,  136  b].  —  Claude  Guv 
[I,  19;  III,  109].  —  Guy  [I,  17-19;  II, 
331;  III,  182].  —Jean  Guy  [I,  19;  III, 
106!.  —  Bernardine  [V,  79  aj.  —  Ma- 
delaine  [VI,  280  a;  VII,  129  a].  — 
François  |VI,  280  a;  VIII,  103  bj.  — 
Isaboau  [VIII,  162  a].  —  Marie  [VIII, 
460  a].  —  Jean  [IX,  135  a  et  h].  — 
Elie  [IX,  135  b].  —  Claude  [X,  343J. 
—  Voy.  encore  :  [IV,  129a].  =  Armes  : 
De  gueules  au  château  d'or  sommé  de 
trois  pièces  d'or.  —  A  Genève  :  d'azur  à 
une  gerbe  de  blé  d'or  (qui  sont  les  armes 
de  la  famille  Guy). 

Cette  noble  maison  languedocienne 
acquit,  le  7  juill.  1539,  de  l'évèque  du 
Puy  la  moitié  de  la  terre  et  seigneurie 
d'Anduze  et,  le  30  juin  1547,  du  mar- 
quis de  Canillac  l'autre  moitié. 

Au  commencement  du  XVIe  siècle 
elle  se  composait  de  deux  frères,  nom- 
més Jean  et  Nicolas.  Le  dernier  mourut 


61 


AIREBAUDOUZK 


82 


en  1554  laissant  tous  ses  biens  k  Jean 
Guy.  conseiller  au  présidial  de  Nîmes,  à 
la  condition  de  prendre  les  nom  et  ar- 
mes d'Airebaudouze.  Dès  lors  la  famille 
se  divise  en  deux  branches,  celle  d'Uzès 
et  celle  de  Nimes.  qui  professèrent  tou- 
tes deux,  pendant  un  temps,  la  religion 
protestante. 

i.  Branche  d'Uzès.  Plusieurs  de  ses 
membres  ont  laissé  un  nom  dans  l'his- 
toire. Guy  d'Airebaudouze,  seigneur 
d 'Anduze,  président  de  la  chambre  des 
comptes  de  Montpellier,  fut  condamné  à 
mort,  comme  contumace,  par  arrêt  du 
parlement  de  Toulouse,  rendu  au  mois 
de  mars  1569,  contre  les  religionnaires 
de  Montpellier  qui  avaient  pris  part  à 
la  destruction  du  fort  S. -Pierre.  Ce  fort 
était  l'ancien  monastère  de  B. -Ger- 
main, «  construit  à  Montpellier,  en  1304, 
par  le  pape  Urbain  V  en  forme  de  for- 
se.  »  Le  vicomte  de  Joyeuse,  lieu- 
tenant général  du  roi  en  Languedoc,  et 
résidant  au  fort  S. -Pierre,  l'avait  aban- 
donné en  1507  pendant  la  nuit,  inquiet 
des  dispositions  hostiles  de  la  ville.  Aus- 
sitôt les  habitants,  que  vint  aider  (le 
7  octobre)  le  seigneur  d'Acier  (nommé 
aussi  Baudiné  ou  baron  de  Crussol  I 
avec  une  troupe  d'ingénieurs  et  de  i.vn- 
tilshommes,  tirent  le  siège  de  la  forte- 
resse qui  capitula  le  17  novembre.  Le 
peuple  la  démolit  de  fond  en  comble.  On 
peut  lire  les  détails  de  cet  exploit  dans 
les  Mémoires  de  Jean  Philippi  qui  nous 
ont  été  conservés  par  le  marquis  d'An- 
bais  (Pièces  fugitives  pour  servir  à  l'his- 
toire de  France  *). 

Avec  le  président  Guy  d'Airebaudouze 
étaient  enveloppés  dans  la  condamna- 
tion, que  le  parlement  de  Toulouse  pro- 
nonça deux  années  après  :  Jean  Pibel. 
seigneur  des  Carescauses,  maître  des 
comptes  ,  Michel  de  Saint-Ravi,  Anto- 
nin  deTremolet,  seigneur  de  Montpezat; 
Fulcrand  de  Vignolesel  Jean  de  Passet, 
conseillers  au  présidial  :  La  Roche,  vi- 
guier  d'Uzès  :  Jacques  de  Crussol,  sei- 
gneur d'Acier,  et  son  secrétaire  Jean 
A/nalri,  dit  Sanglar  ;  François  Maurin. 
dit  Eustache,  capitaine;  La  Valette,  iils 
du  seigneur  de  Montpezat  ;  Louis  Bucelli. 
seigneur  de  La  Mausson  ;  le  seigneur  de 

1  Vot.  aussi  dom  Yaissète,  Hist.  du  Languedoc,  V, 
281. 


Saint-Martin  de  Cornon-Terrail.  Jean 
La  Place.  Claude  Formi.  Michel  Magny 
et  Antoine  Pelissier ,  ministres,  et  plu- 
sieurs autres  habitants  de  Montpellier. 

En  1 574,  le  président  d'Anduze  fit  en- 
core partie,  avec  Clausonne  de  Nimes, 
Montvaillant  des  Cévennes,  Saint-Flo- 
rent d'Uzès,  tous  zélés  relicionnaires, 
d'un  conseil  mi-parti  composé  de  vingt- 
quatre  membres  que  Damville,  alors  al- 
lié aux  protestants,  avait  établi  auprès 
de  sa  personne.  En  1575  il  remplit  en- 
core les  fonctions  de  1er  consul  de  Nimes. 

Les  renseignements  que  les  généalo- 
gistes nous  fournissentsur  les  seigneurs 
d'Anduze  sont  trop  incomplets  et  trop 
peu  précis  pour  nous  autoriser  à  décider 
si  celui  dont  nous  venons  de  nous  occu- 
per est  le  même  que  le  baron  d' Anduze 
qui  Ut  partie  du  conseil  de  dix  membres 
adjoint  à  Crussol  par  l'assemblée  de 
Nimes  lorsque  les  protestants  le  recon- 
nurent pour  chef  en  1562.  et  s'il  ne  dif- 
fère pas  de  Guv  d'Airebaudouze,  baron 
d'Anduze,  qui  fut  conseiller  de  la  cham- 
bre de  l'éditde  lTsle-en-Jourdain.  trans- 
férée en  1  res  par  Henri  I V. 

Tout  ce  que  les  Jugements  de  la  Xo- 
blesse  nous  apprennent  c'est  que  Jean- 
Guy  d'Airebaudouze  vivait  encore  en 
1608,  date  d»4  sou  testament.  11  avait 
épousé  en  1556,  Jeanne  Damian  qui  le 
rendit  père  de  Jean  Guy  d'Airebaudouze, 
sieur  de  Clairan.  Ce  dernier,  dont  nous 
voyons  le  nom  figurer  dans  les  actes  de 
sablée  politique  de  Lunel,  en  1613 
An  h.  gin.  Tr.  232),  à  coté  de  ceux 
d'Elie  d'Airebaudouze,  sieur  de  La  Bla- 
quière,  de  Pierre  d'Airebaudouz<  .  >i.-ur 
de  La  Bastide,  et  de  Jean  d'Airebau- 
douze. sieur  de  Massane  (trois  membres 
de  la  mémo  famille  dont  les  Jugements 
de  Noblesse  ne  parlent  pas)  eut  de  Ma- 
rie de  Gérard,  sa  femme.  Claude  Guy 
d  Airebaudouze,  seigneur  de  Clairan, 
ancien  de  l'Eglise  de  Monoblet  l  dé- 
puté au  synode  national  de  Cbarenton, 
«jn  1631.  par  la  province  des  Cévennes. 

Claude  Guy  d  Airebaudouze  testa  en 
1653.  De  son  union  avec  Claudine  Cal- 
vière,  contractée  en  1613,  naquirent  : 
1°  Jean,  sieur  de  Clairan  etde  Massane, 

•  Et  non  1  église  de  Canoblet  que  MM.  Haag  avaient 
mis  d'abord.  -  Corrigez  aussi,  dans  le  même  article, 
p.  «86,  Claudt  Fermi.  U  faut  :  Claude  Formi. 


63 


AIREBAUDOUZE 


64 


capitaine  d'infanterie  en  1655,  marié  en 
\%b,a,vecGabrielleBarnier; — 2°  Louis, 
sieur  de  Saturargues,  capitaine  d'infan- 
terie en  1652,  major  de  Bourbourg  en 
1657,  puis  de  Bergue  en  1668,  et  colonel 
d'un  régiment  allemand;  —  3°  François, 
sieur  de  La  Salette,  qui  suivit  comme  ses 
frères  la  carrière  des  armes  et  qui  était 
sergent  de  bataille  en  1656. 

II.  Branche  de  Nîmes.  Le  frère  de 
Nicolas  d'Airebaudouze,  Jean,  sieur  du 
Gest,  coseigneur  d' Anduze etde Glairan, 
était  trésorier  du  roi  à  Nîmes  et  testa  en 
1533  (Jug.de  la  noblesse).  Il  laissa  quatre 
tilles:  Jeanne, Catherine,  Bernardine,  Isa- 
beau  et  trois  fils  :  1°  François,  baron  d' An- 
duze, pourvu  en  1 555  de  la  charge  de  pré- 
sident en  la  cour  des  aides  de  Montpellier, 
qui  testa  en  1594  et  eut,  de  son  mariage 
avec  Catherine  du  Mois,  trois  fils  nom- 
més Etienne,  François  et  Roullin.  Ce 
dernier,  baron  d' Anduze  et  président  en 
la  cour  des  aides  de  Montpellier  par 
provision  du  8  nov.  1607,  avait  épousé 
en  1585  Perrette  de  Gevaudan,  dont  il 
eut  François  Folquier,  baron  de  Car- 
non,  chevalier  de  l'ordre  de  S. -Michel 
en  1627,  créé  marquis  en  1645.  Tout 
nous  porte  à  croire  qu'il  avait  déjà  ab- 
juré à  cette  époque;  ce  qui  est  certain, 
c'est  que  les  deux  fils  qu'il  eut  de  son 
union  avec  Françoise  de  Grégoire  de 
Gardies  professèrent  la  religion  catho- 
lique. Nous  en  avons  la  preuve  dans  une 
pièce  (Arch.  gén.  M,  670)  où  nous  lisons 
que  l'aîné  avait  épousé  Madeleine  Fau- 
con, veuve  de  Henri  de.Combis,  sieur  de 
Soustelle,  et  qu'il  en  avait  une  fille  qui, 
de  son  consentement,  était  élevée  par  sa 
mère  dans  la  religion  protestante,  lors- 
qu'elle lui  fut  enlevée,  en  1676,  pour 
être  enfermée  aux  Ursulines  de  Nîmes. 
— 2°Guillaume,  reçu  habitant  de  Genève 
le  27  avril  1556,  et  bourgeois  le  5  juin 
suivant;  nous  donnons  plus  loin  sa  des- 
cendance. —  3°  Pierre,  sieur  du  Cest, 
réfugié  à  Genève  comme  son  frère. 

Ce  dernier  d'Airebaudouze,  Pierre, 
exerçait  le  saint  ministère  [I,  19  aj.  Il 
avait  été  archidiacre  de  Nîmes;  mais 
ayant  embrassé  la  religion  réformée,  il 
s'était  retiré  à  Genève  où  il  avait  été 
reçu  habitant  en  janvier  1553  et  bour- 
geois le  9  mai  1555.  La  même  année, 
1555,  il  avait  succédé  à  des  Galars  comme 


pasteur  de  l'église  de  Jussy  (terre  de 
Genève);  puis  il  avait  été  nommé  en 
1560  pasteur  à  Genève  même.  Dans  l'in- 
tervalle de  ces  deux  ministères,  la  Vén. 
Compagnie  des  pasteurs  l'envoya  aux 
églises  de  Lyon  et  du  Languedoc  qui  le 
demandaient;  en  1561  on  l'accorda  de 
nouveau  à  Lyon  pour  quelque  temps. 
Il  y  présida  le  synode  des  églises  du 
Dauphiné,  Lyonnais  et  Bourgogne  (Ar- 
naud, Docum.  protest,  inédits).  Plus 
tard,  1562,  il  fut  envoyé  à  Montpel- 
lier. En  1564  il  desservait  l'église  de 
Nîmes.  On  le  trouve  au  nombre  des 
quatre  pasteurs  condamnés  à  mort  par 
contumace ,  en  1569  ,  au  sujet  des 
massacres  de  Nîmes  (voir  Albenas). 
Comme  il  ne  figure  plus,  à  dater  de  1570, 
parmi  les  ministres  attachés  à  cette 
église,  on  peut  supposer  qu'il  mourut 
vers  ce  temps.  Sa  femme,  Françoise  de 
Montault,  qu'il  avait  épousée  le  15  janv. 
1553,  lui  donna  deux  enfants  qui  furent 
reçus  bourg,  avec  leur  père  en  1555. 

Guillaume,  sieur  du  Cest,  venu  à  Ge- 
nève le  27  avr.  1566,  entra  la  même  an- 
née dans  le  conseil  des  Deux-Cents,  et 
mourut  selon  Galifl'e  en  1571.  On  a  son 
testament  daté  du  7  juill.  1565  (J.  Ra- 
gueau,  not.).  Il  avait  épousé,  en  1556, 
Madelaine  de  Burine  et  en  avait  eu  trois 
fils  et  une  fille:  1°  Pierre,  sieur  du  Gest, 
docteur  en  droit  (Yoy.  ci-après);  — 
2°  Jean;  3°  Jeanne;  4°  Jacques,  du  CC. 
en  1614,  mort  en  1623,  à  qui  sa  femme 
Marie  Saladin  ne  donna  que  des  filles. 

C'est  vraisemblablement  du  ministre 
d'Airebaudouze  que  le  jésuite  Colonia 
parle,  dans  son  Histoire  littéraire  de  Lyon , 
en  racontant  comment  les  Lyonnais  dé- 
voués aux  doctrines  de  la  Réforme  devin- 
rent les  maîtres  dans  leur  ville  en  1561  : 

«  Le  comte  de  Sault  [gouverneur]  ne 
fut  pas  plus  tôt  en  place,  dit-il,  que  les  Pro- 
testants exécutèrent,  par  voye  de  l'ait, 
ce  que  leurs  vives  sollicitations  et  leurs 
menaces  mêmes  n'avoient  pu  obtenir 
jusqu'alors.  Après  s'être  assemblez  quel- 
que temps  en  divers  lieux,  ils  s'établirent 
plus  solidement  dans  la  grande  hôtelle- 
rie de  Saint-Martin...  Ils  y  élevèrent  une 
forme  de  temple  environné  de  galeries 
et  d'amphithéâtres,  qui  pouvoient  aisé- 
ment contenir  trois  mille  personnes,  et 
qu'ils  nommèrent  le  temple  Martin.  On 


65 


AIREBAUDOLZE 


66 


commença  d'y  chanter,  plus  haut  que 
jamais,  les  Pseaumes  de  Marot  et  de 
Bèze:  on  y  fit  la  Cène:  on  y  déclama 
impitoyablement  contre  le  Pape .  les 
Evèques  et  les  gens  d'église...  »  Mais 
de  leur  côté,  les  catholiques  n'étaient  pas 
en  reste  de  déclamations.  Le  P.  Jean 
Ropitel,  entre  autres,  surnommé  le  fléau 
des  Hérétiques .  «  sans  se  soucier  fort 
de  ménager  en  chaire  ses  expressions, 
à  l'exemple  de  plusieurs  autres  prédica- 
teurs, y  invectivoit  tous  les  jours  contre 
la  nouvelle  secte  avec  toute  l'éloquence 
et  la  force  que  Dieu  lui  avoit  donnée.  »  — 
«  Le  parti  grossissant  visiblement  cha- 
que jour,  à  la  faveur  de  la  tolérance  et 
de  l'impunité,  il  fallut  chercher  un  lieu 
plus  vaste  que  le  temple  Martin.  La 
maison  qu'ils  achetèrent  à  cet  effet  étoit 
située  au  coin  de  la  place  des  Cordeliers 
et  de  la  Grenète,  la  plus  large  de  nos 
ruf;s...  où  l'on  pouvoit  aisément  mettre 
deux  où  trois  mille  hommes  en  bataille. 
La  cour  de  cette  maison,  qui  est 
vaste,  et  qu'on  eut  soin  d'ombrager  de 
tentes,  servit  à  faire  les  prèch 
l'intérieur  de  la  maison  servit  de  maga- 
zin,  d'arsenal  et  de  logement  pour  les 
ministres  que  Calvin  envoya  lui-même 
«le  Genève.  Le  plus  éloquent  ou  le  plus 
emporté  de  tous  ces  ministres  étoit  un 
apostat  nommé  d'Anduze...  Les  ma- 
gistrats alarmés,  joints  au  clergé  lyon- 
nais, pressèrent  la  Cour  d'y  pourvoir  au 
plutôt,  mais  le  gouverneur  [que  le  Père 
Colonia  signale  tacitement  comme  un 
fauteur  de  l'hérésie],  se  content^  d'écrire 
à  Paris  qu'ayant  intimé  aux  nouveaux 
Réformez  les  ordres  reçus,  ils  avoient 
répondu  tout  d'une  voix  qu'ils  vouloient 
demeurer  tres-humbles  sujets  et  obéis- 
sons, mettant  leur  vie  et  leurs  biens  pour 
Votre  Majesté  :  jnais  quant  à  leur  âme. 
l'avoient  dédiée  à  Dieu.  >•  Cette  lettre  du 
comte  de  Sault  est  du  19  octobre  1561. 
La  cour  répondit  en  envoyant  l'un  après 
l'autre  deux  délégués,  le  comte  de  Crus- 
sol,  puis  le  comte  de  Mau giron:  mais 
dans  la  nuit  du  30  avril  au  1er  mai  1562, 
les  protestants  s'assemblèrent  et  s'em- 
parèrent de  l'autorité  presque  sans  résis- 
tance. Ils  la  gardèrent  pendant  l'espace 
d'environ  treize  mois  ;  ce  ne  fut  qu'après 
la  publication  de  la  paix  du  12  mars  1563, 
dans  le  courant  de  juin,  que  le  maréchal 


de  Vieilleville  y  rétablit  la  messe  :  mais 
en  laissant  trois  temples  à  ceux  de  la 
Religion.  (Haag.) 

Le  jurisconsulte  *  Pierre  d' Airebau- 
douzp  du  Cest  (  1057-1627^  a  eu  la  sin- 
gulière destinée  d'être  cité  très-fréquem- 
ment sous  un  nom  supposé  et  oublié 
sous  son  nom  véritable.  Il  naquit  à 
Genève  en  1557,  un  an  après  l'admis- 
sion de  son  père,  Guillaume  d'Airebau- 
douze,  à  la  bourgeoisie  de  cette  ville. 
Nous  sommes  dépourvus  de  renseigne- 
ments sur  son  enfance  et  sa  jeunesse. 
Nous  ignorons  en  particulier  si  c'est  à 
Gfnèvp  ou  ailleurs  qu'il  fut  reçu  docteur 
en  droit.  Haubold  affirme  qu'il  fut  élève 
dp  Dent/s  Godefroy  et  de  Pacius  ;  il  n'y 
a  pas  lieu  de  révoquer  en  doute  cette 
assertion  d'un  auteur  infiniment  scrupu- 
leux et  presque  toujours  bien  informé, 
bien  que  le  nom  d'Airebaudouze  ne  se 
trouve  pas  dans  le  catalogue  des  étu- 
diants de  l'académie  de  Genève,  connu 
sous  le  nom  de  Livre  du  recteur. 

Il  entra  dans  la  vie  publique  en  1590 
comme  membre  du  conseil  des  CC.  de 
Genève.  Dès  lors  il  remplit  diverses 
fonctions,  et  fut  mêlé  soit  comme  ma- 
gistrat, soit  comme  avocat  à  la  plupart 
des  événements  importants  de  cette  épo- 
que critique  où  l'existence  même  de  la 
petite  république  calviniste  était  à  cha- 
que instant  mise  en  jeu.  En  1598  il  est 
nommé  à  l'emploi  entièrement  judiciaire 
d'auditeur.  En  octobre  1603  il  figure 
comme  avocat  d'office,  désigné  par  le 
conseil,  de  Philibert  Blondel,  syndic  de 
la  garde,  suspect  et  peut-être  coupable 
de  haute  trahison,  en  tout  cas  au  moins 
coupable  de  grave  négligence,  et  qu'au- 
cun avocat  ne  voulait  assiter.  Dans  les 
procès  subséquents  du  même  inculpé, 
Airebaudouze  était  du  côté  de  ses  ac- 
cusateurs-, on  le  voit  en  effet,  en  1605. 
prêter  son  appui  à  Ami  Incombe,  qui 
s'était  porté  partie  criminelle.  La  même 
année  il  fut  nommé  procureur  géné-al. 
11  occupait  ce  poste  éminent  durant  le 
dernier  procès  de  Blondel.  qui  aboutit 
au  supplice  de  l'infortuné  syndic.  Enfin, 
en  1610,  il  devint  membre  du  petit  con- 
seil ou  conseil  d'Etat,  autorité  suprême 
qui  cumulait  la  haute  juridiction  avec 

1  Voy.  sur  ce  personnage  la  Revue  de  Législation. 
Paris,  Thorin,  1870,  p.  56-73. 


67 


AIREBAUDOUZE 


(58 


tous  les  autres  pouvoirs.  11  en  fit  partie 
jusqu'à  sa  mort,  en  1627.  Comme  légiste 
savant.,  il  y  tient  une  place  à  peu  près  in- 
termédiaire entre  le  c'lèbre  Jacques 
Lect,  qui  mourut,  très-âgé,  en  1612,  et 
le  non  moins  célèbre  Jacques  Godefroy, 
qui  devint  conseiller  en  1629. 

Cette  honorable  carrière,  ainsi  que 
plusieurs  autres  faits,  attestent  la  haute 
estime  dont  jouissait  d'Airebaudouze 
dans  sa  patrie.  Des  liens  d'affection  et 
d'intérêt  l'unissaient  encore  à  la  patrie 
de  ses  pères.  Il  fut  député,  muni  de 
blancs  seings,  au  synode  des  églises  du 
Languedoc.  Divers  actes  le  montrent  en 
relation  d'affaires  et  d'amitié  avec  le 
midi  de  la  France.  On  le  voit  en  parti- 
culier prêtant  à  plusieurs  reprises  de 
l'argent  ou  servant  de  caution  à  des  éco- 
liers en  théologie  de  Nîmes,  d'Alais, 
d'Anduze. 

Il  avait  épousé,  en  1613,  Judith  Gal- 
line,  dont  il  n'eut  point  d'enfants.  Avec 
lui  s'éteignit  dans  les  mâles  la  branche 
de  la  famille  d'Airebaudouze,  bourgeoise 
de  Genève.  Jacques,  son  frère  puîné,  ne 
laissa  de  sa  femme  que  des  filles  dont 
l'une,  femme  de  l'auditeur  Daniel  De  la 
Rive,  est  appelée  dame  du  Cest  après 
la  mort  de  son  oncle  le  jurisconsulte. 

Pierre  d'Airebaudouze,  qui  ne  signait 
le  plus  souvent  en  français  que  du  Cest 
ou  Du  Cest  et  en  latin  Petrus  ab  Area 
Baudoza  Cestius ,  est  l'auteur  de  plu- 
sieurs publications ,  rares  aujourd'hui, 
dont  le  mérite  a  été  contesté  par  les  uns, 
exalté  par  d'autres.  Nous  les  citons  par 
ordre  chronologique  : 

I.  Poesis  Latinx  Thésaurus.  Decem 
libris  comprehensus,  quibus  omnia  cum 
ad  Theoriam,  tum  ad  Praxim  hujus 
artis  pertinentia  continentur,  ut  fusius 
epistola  ad  Lectorem  docetur.  Opéra  et 
industria  Pétri  Baudoziani  Cestii  I.C.  G. 
cum  rerum  et  verborum  indice.  [Ge- 
neVœ.J  Apud  Eustathium  oignon,  1586, 
in-12:8  f.  prél.,  418  f.  et  12  f.  d'index. 
L'ouvrage  est  dédié  à  Frédéric,  comte 
palatin  du  Rhin,  duc  de  Bavière. 

II.  Poëticxelocutionisformulx,  Lyon, 
in- 12. 

Nous  n'avons  pu  nous  procurer  cet 
ouvrage,  qui  peut-être  n'est  qu'une  réédi- 
tion du  premier,  sous  un  titre  différent. 
Morhof  le  cite  en  ces  termes  :  «  Quasdam 


«  metaphorarum  poëticarum.  sed  paucas, 
«  collegit  Petrus  ab  Area  Baudoza  in 
«  suis  poëticae  elocutionis  formulis ,  quiB 
«  editie  sunt  Lugd.,  1590,  in-12,  et  ante 
«  illud  iempus  sub  nomine  Fundani  [ï)  » 
—  Polyhistor  I,  m,  10,  5. 

III.  Orbis  terrarum  synoptica  epitome 
una  cum  geographia poetica...  ex  recep- 
tioruni  cum  veterum  tum  neotericorum 
geographorum  et  historicorum  scriptis, 
concinnata.  Excudebat  Jac.Stoer,  1589, 
in-8°,  8  et  184  pag.  suivies  de  la  Geo- 
graphia poetica  de  Lambertus  Danœus 
[IV,  196a,  XXIV].  L'ouvrage  commence 
par  une  épitre  dédicatoire  à  Jean  et  à 
Nicolas  Pithou  frères,  datée  :  Ex  museeo 
nostro,  idibus  augusti  1588. 

IV.  Une  édition  annotée  des  Instituies 
de  Justin  ien;  Lyon,  1591  et  Genève,  1614, 
in-24.  chez  J.  Stoer.  Plus  :  les  Titres  De 
Ori'/ine  Juris.  De  Verborum  significa- 
iione,  De  Regulis  Juris,  au  Digeste;  les 
Titres  De  Regulis  Juris  aux  Décré taies 
et  au  Sexte  ;  la  Loi  des  Douze  Tables.— 
Epître  dédicatoire  à  «Jean  Guy  d'Aire- 
baudouze de  Clairan,  conseiller  au  pré- 
sidial  de  Nîmes  (1591). 

V.  Un  Corpus  juris  civilis,  avec  la 
glose,  Genève  (et  Lyon?),  1593,  1600, 
1614,  en  4  vol.  in-4°.  Cette  édition  a  été 
fort  louée  pour  son  élégance,  la  commo- 
dité de  son  emploi,  et  même  pour  sa  va- 
leur critique.  Mais  depuis  Hugo,  qui  l'a 
jugée  sévèrement,  il  est  reçu  qu'on  n'en 
parle  plus  qu'avec  dédain.  Pourtant 
Haubold  qualifiait  Du  Cest  inter  juris 
j ustinianei  editores  memorabilis.  Span- 
genberg  avoue  que  son  édition  est  de 
toutes  les  éditions  glosées,  sinon  la  plus 
correcte,  du  moins  la  plus  commode.  Il 
est  clair  que  l'immense  succès  des  édi- 
tions de  Denys  Godefroy  a  dû  l'écraser; 
d'ailleurs  la  glose  avait  fait  son  temps. 

VI.  Pierre  du  Cest  a  réédité  les  vieux 
et  excellents  Commentard  in  Institu- 
tiones  de  Jean  Eaber.  Lyon  1593  (Ge- 
nève 1643),  in-i. 

On  a  encore  de  lui  des  préfaces,  dédi- 
caces et  éloges  en  vers,  dans  les  ou- 
vrages d'autres  jurisconsultes;  c'était 
le  goût  de  l'époque. 

Comme,  selon  le  goût  de  l'époque 
aussi,  il  latinisait  son  nom,  il  a  Uni  par 
n'être  plus  connu  dans  le  monde  Lettré 
que  comme  Petrus  ah   Area  Baudoza 


09 


AIREBACDOUZE 


A  LARD 


TU 


Cesivus,  et  de  ce  nom  multiple  l'on  n'a 
souvent  conservé  que  le  mot  du  milieu, 
qu'un  ingénieux  érudit  a  retraduit  par 
Baudoche.  croyant  «ans  doute  faire  mer- 
veille. C'est  sous  ce  déguisement,  com- 
pliqué encore  de  maintes  variantes,  qu'il 
faut  le  chercher  dans  les  auteurs  du  siè- 
cle dernier  et  de  celui-ci.  Ainsi  M.  Esch- 
bach  l'appelle  Baudoche  surnommé  Cës- 
lius. et  M.  Spangenberg.  pour  expliquer 
ce  surnom,  le  fait  naître  à  Cette,  dans 
l'Hérault.  D'autres  ont  cru  qu'il  était  de 
Mt>tz.  où  a  longtemps  brillé  une  famille 
Baudoche.  Tous,  sauf  Haubold.  le  disent 
français  :  du  reste  aucun  ne  sait  rien  de 
sa  vie  :  ils  ignorent  même  l'époque  exacte 
où  il  a  vécu.  Senebier,  l'auteur  de  YHist. 
lift  de  Genève,  n'a  pas  soupçonné  son 
existence.  'A.  Rivier.) 

AIRVAI'LT  F.  de  La  Rochefol- 
i.ault.  baron  d'),  v.  1620  [VI,  357  b]. 

A1SSAN,  capitaine  languedocien  .  v. 
1560  [II.  198a:  IV,  132  h]. 

AITZ  Elisabeth  d),  dame  de  Mizeré, 
veuve  d'Antoine  Gillier,  et  sa  fille  Eli- 
sabeth ,  forcées  d'abjurer  lors  de  la  Ré- 
vocation, et  désespérées  à  la  suite,  jus- 
qu'à ce  qu'elles  aient  pu  fuir  à  l'é- 
tranger, abandonnant  partie  de  leurs 
biens  Lièvre.  Protrst.  du  Poitou.  III. 
112  - 

A1X  (Charles  .  d'Orléans.  1568  VI. 
531  b  . 

Aix  (baron  d'),  vov.  La  Tour  du 
Km. 

Aix   d').  ministre,  voy.  Beauvalet. 

A1ZOT.  surveillant  de  l'éslise  de  Nî- 
mes. 1561    Bull.  XVI 1.  ',86). 

A.IAC  (de  Leris  et  de  PeKSOttl,  sieurs 
i mille  languedocienne  VII.  66  a; 
VIJI.  2a.el  b.  Voy.  Vil.  Cl  a]. 

AJON  le  baron  d').  Provence,  1611 
VII.  531  b|;  —  voyez  V.  255  a  et  Glan- 
dèves. 

Ajoult,  vov.  des  Bans. 

ALABAT.'aBovr 

ALAICE  ou  ALA1SSE  (la  femme 
enceinte  d' Antoine),  tuée  à  La  Motte 
il' Aiguë  en  Provence.  1562    X.  41 

ALAIN,  ministre,  1582  [II,  168  a|.— 

à  S. -Lu.  v.  1620    II,  512  b:  VI, 

203  b],  —  (René),  ministre  à  Bellesme. 

1626,    1660   [X,  318,  346],  Bull.  VI. 

517.  —  (Pierre  ,  minist.  à  Sauve.  1608- 


ALA1XE  Marie  ,  confesseuse  1 ,  as- 
sistée à  Londres.  !  "t 

ALA1S  ;ie  baron  d'),  1562  [III.  102  b: 
V.  441    b:  IX.  4561.  —  Vby.  Cambis. 

ALAMERTIXE  ou  Alamartine 
(Pierre).  deCluny  -.  marchand,  reçu  habi- 
tant de  Genève.  ISdéci,  ' 

ALAMONT  .Ievn.  fils  de  Jean  d'  et 
de  Marie  de  Pavant.  «  seigneur  de  Ma- 
landry  en  Lorraine,  natif  de  Sathenay 
au  duché  de  Bar.  diocèse  de  Trêves.  » 
reçu  habitant  de  Genève,  11  sept.  1559: 
bourgeois,  30  janv.  1561  :  diacre  de  la 
Bourse  françoise  en  1563  et  en  1564. 
11  se  maria  trois  fois  à  Genève  :  1°  Le 
23  octobre  1559;  avec  Catherine,  fille  de 
feu  Jean  des  Murais,  seigneur  de  l'Es- 
chelle  en  Brie,  et  d'Etiennette  de  Vil- 
lers.  native  du  dit  lieu  de  l'Eschelle. 
morte  le  24  avril  1560.  à  28  ans:  2°  le 
0  septembre  1560.  avec  Françoise,  fille 
de  Jean  de  Saint-Simon,  seigneur  de 
Sandrecourt  et  de  Louise  de  Mont- 
morency; 3°  par  contrat  du  0  décem- 
bre 1571  [Anas tarse,  not.',  avec  Antoi- 
nette Bouchade.  veuve  de  Guillaume  de 
Saint-Ravy,  bourgeois  de  Genève. 

Il  eut  du  second  lit  :   1°  Marie,   née 
15i.|.  femme,  le  15  décembre  1577.  de 
J.-B.  Rotan.  pasteur  et  professeur  en 
théologie;  2°  Anne,  née  1503.  mariée  le 
•■tenibre  !  rneille  de  Pel- 

lissari  :  3°. Jean,  né  en  15ti7. 

On  a  son  testament,  daté  d'août 
Arch.  de  Genève.  (Tu.  DrFi.ri:. 

A  LA  M  Y,  à  Orange    VI.  lo3  a). 

ALANÇON      \  i  de  Montelli- 

mard  en  Dauphiné.  «étudiant  à  Genève, 
5  mars  1  " 

Al.  \\i(  '\  Le  si  sor  Isàac  d"),  de 
Metz .  marchand  et  manufacturier  de 
bas,  la  demoiselle  sa  femme,  quatre  en- 
fants, quatre  neveux,  un  garçon  de  bou- 
tique, un  aprentif  et  une  servante,  »  ré- 
-  au  Werder;  à  Berlin.  1698. 

ALARI)  Garrii.i.  .  :  •  >.-Jean-Bon- 
nefonds  en  Forez,  reçu  habitant  de  Ge- 


1  Nous  conservons  a\,  .  respect  coite  qualification  de 
Conft sueur  et  Confesseuse  qui  se  trouve  sur  les  Iimcs 
de  la  charité  anglaise,  à  la  suite  «lu  nom  des  personnes 
qui  avaient  non-seulement  sonfTert  en  France  de  la 
persécution  générale,  nia;s  avaient  résisté  pour  leur 
foi  a  i  <  ticuliers  et  souvent  corporels. 

'■  De  r.lnny.  La  famille  de  Lamartine  le  crand  poète 
était  de  Saint-Point,  a  tu  kiloni.  de  distance.  Les  d.u\ 
noms  venaient  probablement  d'une  source  commun» . 
lidée  de  fabrique  iM'i-linia  '  —  MartinHus,  la  forgel. 


71 


ALARD  —  ALBA 


72 


nève,  0  déc.  1585.  —  (Jean;,  de  Mirepoix, 
étudiant  à  Genève,  1591.  — (Antoine), 
fermier  à  Senas  en  Provence,  massacré 
1562  [X,  470].  —  (Madelaine),  femme 
d'Adrien  Charnier,  v.  1650  [III,  323  b]. 

—  (Jacob),  de  Vendôme,  id.  1623.  — Un 
grand  nombre  de  familles  dauphinoises 
et  provençales  de  ce  nom  passent  à 
Genève  de  1691  à  1717,  la  plupart  pour 
se  réfugier  en  Allemagne.  Aussi  Pierre 
Alart,  de  Sedan,  réfugié  à  Berlin,  1698. 

—  Matelin  Alart,  naturalisé  anglais,  21 
mars  1682.  —  Elisabeth  Alard,  assistée 
a  Londres,  1721. 

ALARD1,  pasteur  à  Jesne(ouGesne?), 
vers  1567  {Bull.  IX,  295). 

ALARD1N  (Élie),  à  Montignac  [II, 
185  b,  note]. 

ALARDY  (Jehan),  de  Mirepoix,  reçu 
habitant  de  Genève,  14  juin  1557. 

ALARET  (Jacques),  de  Milhau,  étu- 
diant à  Genève.  1677.  —  (Pierre,  fils  de 
Pierre),  «  de  Milhau  en  Rouergue,  » 
reçu  bourgeois  de  Genève  le  29  juin  1711. 

,1.  ALARI  ou  ALARY(q.q.f.  ALL), 
(François),  consul  de  Castres,  1585 
[V,  191  b;  VU,  92  a].  —  avocat,  1596 
[III,  218].  -  Anne[I,  200].  —  Olympe, 
[II,  259].  —  Voy.  encore  [VII,  292  b, 
375  b].  —  Philippe  d'Alary,  seig.  de 
Tanus,  fds  d'Olympe  de  Raba  s  te  ri  s- Pau- 
lin (veuve  de  George  d'Alary -Tanus), 
épousa,  18  fév.  1613,  Marguerite  d  Hé- 
brail,  fille  de  Marguerite  de  Blanque- 
fort  (  veuve  de  Jacq.  Hébrail ,  seigr  de 
Royre  ).  —  Pierre  Alary ,  seigr  de 
Blanc,  dioc.  de  Lavaur,  fils  de  Jean- 
Jacques  ,  sieur  de  Tanus  et  Blanc,  et  de 
Françoise  du  Base  des  Isles-Maison, 
épousa,  30  août  1680,  Lucr esse  de  Comte 
fille  de  maître  Jean  Comte,  receveur  au 
grenier  à  sel  de  Sommières.  (Pradel.) 

2.  ALARY  (Jean),  d'Issoire  en  Auver- 
gne, orfèvre,  reçu  habitant  de  Genève 
vers  1625.  —  (Paul),  de  S.-Affrique, 
maître  forgeron,  réf.  à  Genève,  1693.  — 
(Jacques),  avec  sa  femme  et  un  enfant, 
1708. — (J.-B.),  de  Moustié  en  Provence, 
1709,  réfugiés  et  assistés  à  Genève. — 

—  Jean  Allary  et  sa  femme,  assistés  à 
Londres,  1721. 

3.  ALARY  (Jean),  docteur  et  référen- 
daire à  la  chambre  de  l'édit  de  Languedoc, 
puis  juge  d'appeaux  de  Castres  en  1623, 
exerçait  encore  cette  charge  en  1650. 


Nous  ne  saurions  dire  quels  rapports 
de  parenté  existaient  entre  notre  Jean 
d'Alary  et  l'avocat  du  même  nom  qui 
dédia  à  la  reine  Marguerite  le  premier 
Recueil  de  ses  Récréations  poétiques... 
Paris  ,  1605.  Ce  dernier,  auteur  de 
plusieurs  autres  ouvrages,  était  aussi 
originaire  de  l'Albigeois.  Au  reste,  la 
famille  Alary  était  très-nombreuse  à 
Castres,  comme  le  témoignent  les  regis- 
tres de  l'état  civil  des  protestants  du 
XVIIe  siècle,  conservés  au  greffe  du 
tribunal  de  cette  ville. 

La  femme  de  Jean  d'Alary,  Margue- 
rite de  L'Espinasse,  ne  lui  donna  que 
des  filles.  (Pradel.) 

Alaudanus.  Voy.  L'Alouette. 

ALAUMONT  (Daniel  d),  sieur  de 
Bantheville,  v.  1640  [II,  137  b];  — 
(Françoise  d'),  sa  fille  [Ibid.  et  III, 
434  aj. 

AL  A  URINE  (Isaac),  au  village  d' An- 
nov  (Picardie),  1700  [IV,  299  a]. 

ALAUZI  (Louis),  galérien,  1687  [X, 
410J. 

ALAVOINE  (Isaac),  Saint-Quentin, 
1679  [IV,  356b].  —  (P.- Abraham),  exilé, 
1741  [IX,  91  a].  —  (Pierre), directeur  de 
l'hospice  des  réfugiés  fr.  à  Londres,  1761. 

1.  ALBA  (Martial),  étudiant,  natif  de 
Montauban,  martyr  à  Lyon,  le  16  mai 
1553,  avec  quatre  de  ses  condisciples  : 
Pierre  Ecrivain,  de  Boulogne  en  Gasco- 
gne; Bernard  Seguin,  de  la  Réole  en 
Bazadois  ;  Charles  Favre ,  de  Blanzac 
dans  l' Angoumois,  et  Pierre  Navihères, 
de  Limoges  [Haag  I,  22]. 

Ils  nous  ont  laissé  la  relation  de  leur 
arrestation  et  de  leur  jugement  :  «  Après 
avoir  demeuré,  écrivent-ils,  plus  ou 
moins  de  temps  à  Lausanne,  et  nous 
être  adonnés  à  l'étude  des  lettres  tant 
divines  qu'humaines,  avant  la  fête  de 
Pâques  nous  arrêtâmes  entre  nous  de 
nous  en  aller,  Dieu  aidant,  tous  ensem- 
ble vers  nos  pays,  selon  les  lieux  d'où 
chacun  de  nous  est  natif,  et  ce  pour 
servir  à  l'honneur  et  à  la  gloire  de  Dieu, 
et  communiquer  le  petit  talent  que  Dieu 
a  donné  à  chacun  de  nous  en  particulier 
à  ses  parents,  pour  tâcher  de  les  ame- 
ner à  la  même  connaissance  que  nous 
avons  reçue  de  son  fils  J.-Ch.,  et  aussi 
à  tous  ceux  que  notre  bon  Dieu  eùl 
voulu  appeler  à  soi  et  à  la  connaissance 


73 


ALBA 


74 


de  sa  vérité  par  notre  moyen.  »  Leur 
résolution  ayant  été  approuvée  par  l'é- 
glise de  Lausanne,  ils  se  mirent  en 
route,  en  passant  par  Genève  :  mais  dès 
le  lendemain  de  leur  arrivée  à  Lyon,  ils 
furent,  tous  cinq,  arrêtés  par  les  soins 
du  prévôt  de  cette  ville.  «  Et  sans  que 
nous  eussions  aucunement  dogmatisé, 
continuent-ils,  ni  fait  aucune  chose  con- 
tre les  ordonnances  du  roi  [Henri  II, 
sans  nous  faire  connaître  notre  partie 
adverse,  et  sans  nous  montrer  aucunes 
informations,  nous  fûmes,  contre  tout 
droit  de  justice,  menés  aux  prisons  de 
M.  l'official  (1er  mai  1552).  »  Interr 
le  jour  même,  sur  les  divers  points  de 
controverse  entre  les  deux  Eglises  ri- 
vales, ils  maintinrent  avec  chaleur,  et 
sans  jamais  varier  dans  leurs  réponses, 
les  doctrines  orthodoxes  de  l'Eglise  ré- 
formée. Crespin  nous  a  conservé  dans 
son  Martyrologe  leurs  confessions  de 
foi,  que  le  juge  leur  avait  permis  de 
mettre  par  écrit.  Enfin  après  plusieurs 
interrogatoires,  comme  ils  persistaient 
dans  leurs  croyances,  ils  furent  condam- 
nés par  arrêt  de  l'official  à  être  livrés 
comme  hérétiques  au  hras  séculier  : 
arrêt  dont  ils  interjetèrent  appel  comme 
d'abus.  «  Après  la  sentence  de  notre 
dit  appel,  écrit  l'un  d'eux,  ils  pensèrent 
enrager  de  grande  colère.  »  Le  juge 
Melier  se  plaignit  vivement  de  ce  qu'on 
ne  faisait  pas  prompte  justice  de  ces 
hérétiques  ;  mais  l'official  Buatier  le 
rassura  en  lui  disant  :  «  Ils  seront  aussi 
bons  d'ici  un  mois  que  maintenant.  » 

Ce  ne  devait  être  en  effet  qu'un  sursis  ; 
mais  l'arrêt  de  la  cour  du  parlement  de 
Paris  ne  fut  pas  rendu  avant  le  mois  de 
février  de  l'année  suivante.  Durant  ce 
temps,  les  cinq  détenus  jouirent  au  moins 
de  la  liberté  précieuse  de  pouvoir  con- 
verser ensemble,  le  Ions  du  jour,  et 
même  de  correspondre  avec  leurs  pa- 
rents et  leurs  amis,  au  nombre  desquels 
ils  s'estimaient  heureux  de  compter  Vi- 
ret  et  Calvin.  Leurs  lettres,  qui  se  sont 
conservées,  sont  pleines  de  ferveur  et 
de  pieuse  résignation.  «  Notre  bon  Dieu 
ne  nous  laisse  point,  disait  Pierre  Ecri- 
vain à  un  de  ses  amis ,  il  nous  con- 
sole et  nous  fortifie  plus  que  jamais, 
tellement  que  ni  menaces,  ni  tourments, 
ni  mort  ignominieuse  ou  cruelle  qu'on 


nous  présente ,  ne  nous  peuvent  faire 
perdre  courage  ni  quitter  la  place  à  no- 
tre ennemi...  Et  considérant  la  cause 
que  nous  maintenons  et  à  qui  nous 
avons  affaire,  nous  avons  attendu  notre 
délivrance  plutôt  par  la  mort  que  par 
la  vie...  •> 

Vers  le  mois  de  février  1553,  on  les 
transféra  à  la  prison  de  Roanne,  où  ils 
apprirent  que  leur  mort  était  arrêtée. 
Mais  par  suite  de  l'intercession  des  Sei- 
gneurs de  Berne,  ou  pour  tout  autre 
motif  qu'on  ignore,  leur  exécution  n'eut 
pas  lieu  avant  le  16  mai.  Ce  jour-là,  vers 
les  deux  heures  de  l'après-midi,  on  les 
tira  de  leur  cachot  «  revêtus  de  leurs 
robes  grises  et  liés  de  cordes.  »  Nous 
empruntons  à  Crespin  le  récit  de  leur 
supplice,  en  rajeunissant  un  peu  son 
style.  «  Ayant  été  mis  sur  une  charrette, 
dit-il,  ils  commencèrent  à  chanter  le 
psaume  XIe  :  De  tout  mon  cœur  t'exal- 
terai, etc.  Et  quoiqu'on  ne  leur  donnât 
pas  le  loisir  de  l'achever,  ils  ne  cessèrent 
pas  d'invoquer  Dieu...  Aux  sergents  et 
satellites  qui  souvent  les  troublaient,  les 
menaçant  s'ils  ne  se  taisaient,  ils  répon- 
dirent par  deux  fois  :  «  Nous  empêche- 
rez-vous,  pour  si  peu  que  nous  avons  à 
vivre ,  de  louer  et  d'invoquer  notre 
Dieu?  y>  Etant  arrivés  au  lieu  du  sup- 
plice, ils  montèrent  d'un  cœur  allègre  sur 
le  monceau  de  bois  qui  était  autour  du 
poteau.  Les  deux  plus  jeunes  d'entre 
eux  montèrent  les  premiers  l'un  après 
l'autre,  et  après  avoir  dépouillé  leurs  ro- 
bes, le  bourreau  les  attacha  au  poteau. 
Le  dernier  qui  monta  fut  Martial  Alba, 
le  plus  âgé  des  cinq,  lequel  avait  été 
longtemps  à  deux  genoux  sur  le  bois, 
priant  b1  Beigneor.  Le  bourreau  ayant 
attaché  les  autres,  vint  le  prendre  étant 
encore  à  deux  genoux,  et  l'ayant  soulevé 
par  les  aisselles,  il  voulait  le  descendre 
avec  les  autres  ;  mais  il  demanda  ins- 
tamment au  lieutenant  Tignac  de  lui  ac- 
corder une  grâce.  Le  lieutenant  lui  dit  : 
«Que  veux-tu?  »  Il  lui  répondit:  «Que  je 
puisse  baiser  mes  frères  avant  que  de 
mourir.  «  Le  lieutenant  le  lui  accorda, 
et  alors  ledit  Martial  étant  encore  au- 
dessus  du  bois,  en  se  baissant,  baisa  les 
quatre  qui  étaient  déjà  liés  et  attachés, 
leur  disant  à  chacun  :  «  Adieu,  adieu, 
mon  frère!  »  Alors  les  quatre  autres, 


75 


ALBA 


76 


retournant  leur  cou,    s'entre  -  baisèrent 
aussi,  en  se  disant  l'un  à  l'autre  les  mê- 
mes paroles  :  «  Adieu, mon  frère!  »  Gela 
fait,  après  que  Martial  eut  recommandé 
ses  frères  à  Dieu,  et  avant  que  de  des- 
cendre et  être  attaché,  il  baisa  aussi  le 
bourreau  en  lui  disant  ces  paroles  :  «  Mon 
ami,  n'oublie  pas  ce  que  je  t'ai  dit.  «En- 
suite il  fut  lié  et  attaché  au  même  po- 
teau, et  alors  ils  furent  tous  entourés 
d'une  chaîne  autour  dudit  poteau.  Or  le 
bourreau  ayant  eu  charge  des  juges  de 
hâter  la  mort  de  ces  cinq  étudiants,  leur 
mit  à  chacun  une  corde  au  cou,  et  toutes 
les  cinq  se  rendaient  à  une  grosse  corde 
qui  était  sur  un  engin  mù  par  des  pou- 
lies, afin  de  les  étrangler  plus  tôt.  C'est 
pourquoi  le  bourreau,  après  avoir  graissé 
leur  chair  nue   et  jeté  dessus  du  soufre 
pulvérisé,   et  après  avoir   fait  tous  les 
apprêts,  comme  il  pensait  hâter  l'exécu- 
tion au  moyen  dudit  engin,  le   cordage, 
fut  incontinent  consumé  par  le  feu,  tel- 
lement que  ces  cinq  martyrs  furent  en- 
tendus    quelque    temps    prononcer    et 
réitérer  à  haute  voix  ces  paroles  d'exhor- 
tation :    «  Courage  !    mes   frères  ,  cou- 
rage! »  Ce  furent  les  dernières  paroles 
entendues  du  milieu  du  feu,  qui  bientôt 
consuma  les  corps  desdits  cinq  vaillants 
champions  et  vrais  martyrs  du  Seigneur.  » 
Dans  une  lettre  adressée  à  ces  mar- 
tyrs, Calvin  écrivait  :  «  Puisqu'il  plait  à 
Dieu  de  vous  employer  jusqu'à  la  mort 
pour  maintenir  sa  cause,  il  vous  tiendra 
la  main  forte  pour  combattre  constam- 
ment, et  ne  souffrira  pas  qu'une  seule 
goutte  de  votre  sang  demeure  inutile.  Et 
bien  que  le  fruit  ne  s'en  aperçoive  pas 
sitôt,  toutefois  il  en  sortira  avec  le  temps 
plus   abondant  que    nous   ne    saurions 
dire.  »  En  effet ,  leur  exécution  n'avait 
pas  encore  eu  lieu,  que  déjà  un  malfai- 
teur nommé  Jean  Chambon,  détenu  avec 
eux,    s'était  converti.    Un  sixième  étu- 
diant,   nommé    Louis    Corbeil,    arrêté 
avant  eux,  fut  associé  à  leur  captivité, 
mais  ne  fut  pas  supplicié  parée  qu'il  fut 
prouvé    qu'il  était   né   sujet  de  Berne. 
Dans    le   courant   de   la   même  année, 
Pierre   Bergier,    pâtissier   de   Bar-sur- 
Seine,  établi  à  Genève,    Matthieu   Dy- 
monet,  de  Lyon,  Louis-  de  Marsacet  son 
cousin,  gentilshommes  du  Bourbonnais, 
>/)p  Grarot,  de(  lie  n-sur-Loire,  mon- 


tèrent sur  le  bûcher,  et  bientôt  après  la 
place  des  Terreaux  fut,  encore  témoin  du 
supplice  de  Richard  Le/èvre,  de  Rouen, 
orfèvre,  et  de  Claude  de  La  Canesière, 
de  Paris,  «  excellent  joueur  d'instru- 
ments de  musique,  »  qui  fut  arrêté  à 
Lyon,  au  mois  de  mai  I  T> 3 f i ,  comme  il  se 
rendait  avec  sa  famille  à  Genève  pour  y 
professer  librement  sa  religion.  Tous 
montrèrent  en  mourant  le  même  cou- 
rage, la  même  constance  ;  tous  aussi 
nous  ont  laissé  des  professions  de  foi 
ou  des  lettres  écrites  pendant  leur  cap- 
tivité, dans  lesquelles  respire  un  saint 
enthousiasme. 

Le  Martyrologe  de  Crespin  a  fourni 
tous  les  renseignements  qui  précèdent; 
ils  ne  sont  pas  les  seuls  qui  existent  sur 
le  martyre  des  cinq  étudiants.  On  con- 
serve à  la  bibliothèque  de   la  ville   de 
S.-Gall  un  dossier  provenant  de  mar- 
chands saint-gallois  nommés  Jean  Lyner 
et  les    frères   Zollikoffer,    qui  se  trou- 
vant à  Lyon  pour  leurs  affaires  au  mo- 
ment'où  s'instruisait  le  procès   d'Alha 
et  de  ses  compagnons,  s'unirent  aux  ef- 
forts qui  furent  vainement  faits  pour  les 
sauver.  Ce  dossier  précieux1  contient: 
1°  une  lettre  de  Jean  Lyner   à   la   sei- 
gneurie de   Berne,   avec  la  réponse  de 
Berne  en  date  du  10  juin   1&52,  pour  le 
remercier  de  son  intervention  et  le  prier 
d'avoir  soin  au  nom  de  la  seigneurie  que 
les  prisonniers  «  ne  souffrent  ni  de  faim 
ni  de  soif;  »  2°  les  comptes  du  geôlier 
de  Lyon  qui  avoue  sans  peine  que  «  ce 
voyant  sire  .Jehan  Lynard  qu'ils  estoient 
mal  traitez,  »  il  accorda  avec  le  dit  geô- 
lier «  de  leur  bailler  une   chambre  pua* 
les  mettre  ensemble   tant  les   susnom- 
mez  que  M.  Loys  Corbeil,  pour  chacun 
des   quels  auroit  promis  payer  un  sou 
par  jour,  tant  pour  la  dite  chambre  que 
pour    les  autres    services    qui    leur   se- 
roient  faicts;  »  3°  cinq  ou  six  lettres  des 
étudiants     à    Jean     Lyner    principale- 
ment pour  le  remercier;  trois  de  Louis 
Corbeil  ;  une  de  Calvm  à  MM .  Zollikoffer. 
enlin  une  lettre;  de  Jean  Alba,   frère  de 
Martial,  qui  était  alors  écolier  - 

'  11  a  été  anal;. m?  et  en  partie  publié  dans  un  petii 
écrit  intitulé  :  CorreipOlia'ante  inédite  des  èhiq  étu- 
diants iKiutijVi  I)  ni  lés  e)  l-'jtiii  en  I5S3  retrouvée  dans 
tabiUtioth.  de  Fadiaa  a  .>.-(. ail.  lictieu-,  licruud,  t!W, 
m  12.  Sa  pages. 

:  L'académie  de  Genève  dalo  du  nioii  lie  M 


77 


ALBA 


78 


nève  et  qui  écrit  pour  se  faire  renvoyer 
les  papiers  et  les  vêtements  de  son  frère 
en  «  merciant  cent  mille  foys  »  Jean  Ly- 
ner  dont  il  se  déclare  «  l'humble  servi- 
teur, frère  et  amy  à  jamais  (31  juill. 
1553).  •>  Ce  Jean  Alba  fut  reçu  habitant 
de  Genève  le  7  octob.  1555. 

■2.  ALBA  (Jean),  né  à  Montauban  le 
1 1  sept.  1596  [Haas  I,  21  a  ;  —  X.  323. 
347:.  probablement  de  la  même  famille 
que  le  martyr,  pasteur  à  Tonnpins  1618- 
1623,  à  Agen  1623-1645.  à  Sainte-Foy 
1645-1650  et  peut-être  plus  tard.  Il  fut 
choisi,  en  1623,  pour  représenter  la 
Basse -Guyenne  au  synode  de  Cha- 
renton ,  à  qui  les  églises  de  Bordeaux 
et  d'Agen  le  demandèrent  à  la  fois  pour 
ministre.  Il  fut  accordé  à  celle  d'Agen 
et  député  une  seconde  fois  par  sa  pro- 
vince au  synode  national  d'Alençon, 
tenu  en  1637.  Quelques  années  après,  le 
maréchal  de  Turenne  l'appela  auprès  de 
sa  personne  en  qualité  d'aumônier. 
L'église  d'Agen  ne  se  sépara  pas  sans 
peine  d'un  pasteur  qu'elle  vénérait;  ce- 
pendant elle  avait  consenti  à  te  céder  au 
grand  capitaine,  lorsque  celle  de  Sainte- 
Foy  vint  tout  à  coup  s'opposer  à  son  dé- 
part en  le  demandant  pour  pasteur  au 
synode  de  Charenton,  qui  le  lui  ac- 
corda du  consentement  de  Mademoiselle 
de  Bouillon,  agissant  au  nom  de  son 
frère. 

Jean  Alba  est  auteur  de  quelques 
ouvrages  de  polémique,  savoir  :  I.  Apo- 
logie pour  les  sacrements-  dr  l'Eglise 
chrestienne  contre  les  additions,  retran- 
chemens  et  altérations  du  sieur  Harau- 
courf  jésuiste  et  de  ses  maître»;  Sedan, 
1634;  2"  partie,  Sainte-Foy,  1635,  m-8°; 
il  y  dévoile  les  altérations  introduites  par 
l'Eglise  romaine  dans  la  doctrine  et  les 
rites  du  baptême  et  de  l'eucharistie. 
II.  Apologie  pour  le  sacrifice  de  la  croix 
(Sainte-Foy,  U>36.in-8°.  :  il  y  fait  ressortir 
les  différences  notables  qui  existent  entre 
le  sacrifice  eucharistique  de  l'ancienne 
Eglise  et  le  sacrifice  de  la  messe.  III.  La 
recheute  du  cèdre  ou  brie/ et  clair  indice 
de  cent /autes  notables  au  traitté  publié 
par  Cxsar  Haraucourt  jésuite  lorrain; 
Montauban,  P.  Goderc,  1635;  in-8°  m 
et  12  p.) 

Avant  celte  époque,  la  République  n'avait  que  son 
collège  de  Rive. 


3.  ALBA  (Eue),  représenta  en  16141a 
ville  de  Bergerac  dont  il  était  maire,  dans 
les  démêlés  qu'eurent  ses  administrés 
avec  les  synodes  de  S.-Maixent  et  de  Pri- 
vas. Les  protestants  de  Bergerac  avaient 
fondé  dans  leur  ville  un  collège  qui,  de- 
venu florissant  leur  inspira  l'ambition  de 
le  transformer  en  académie.  Mais  les 
synodes  jugeant  suffisant  le  nombre  des 
écoles  supérieures  qu'on  posséda 
opposèrent  énergiquement  et  Bergerac 
dut  renoncer  à  ses  prétentions  [Haag 

4.  ALBA  'Marc-David  .  pasteurdu dé- 
sert, né  à  Angles  en  Languedoc. 
TIaag  1.21  b\  On  sait  que,  pour  échap- 
per aux  persécutions,  ces  pasteurs  se  ca- 
chaient sous  des  noms  supposés.  Le  nom 
de  guerre  d' Alba  était  La  Source  ;  c'est 
sous  ce  nom  seulement  qu'il  est  connu 
comme  membre  de  la  Convention.  Alba 
avait  étudié  à  Lausanne:  le  certificat  de 
sa  consécration  est  du  18  juin  17^4.  Le 
synode  provincial  du  Haut -Languedoc , 
le  5  mai  1785,  lui  assigna  l'église  de  La 
Caune  dans  laquelle  il  avait  avant  sa 
consécration  exercé  le   saint  min. 

-  accès.  Le  même  synode  lui  accorda, 
3  mai  1787,  de  permuter  avec  Lanthois. 
pasteur  de  Roquecourbe  etRéalmont.  Il 
i  comme  secrétaire  au  synode  pro- 
vincial du  Haut-Languedoc,  tenu  le 
1"  mai  1788. 

Alba  était  pasteur  à  Angles,  lorsque, 
en  1791,  le  département  du  Tarn  le  choi- 
sit pour  son  représentant  à  l'Assemblée 
législative.  Nous  nous  contenterons  de 
rapporter  les  faits,  en  nous  abstenant  de 
toute  réflexion;  mais,  pour  apprécier 
ave  impartialité  la  conduite  d'Alba  dans 
nos  assemblées  politiques,  nous  pensons 
qu'on  ne  doit  pas  le  séparer  de  son 
.  Il  avait  servi  dans  cette  noble 
milice  du  désert  dévouée  par  le  pouvoir 
à  tous  les  supplices,  et  la  violence  ap- 
pelle la  violence.  Doué  d'une  mâle  élo- 
quence et  d'une  grande  facilité  d'impro- 
visation, La  Source  entraîna  plus  d'une 
fois  les  votes  de  l'assemblée.  Réélu  par 
son  département  à  la  Convention  na- 
tionale, en  1792,  il  vota  la  mort  du  roi: 
mais,  lorsque  les  appelants  au  peuple 
furent  en  butte  aux  dénonciations,  il  eut 
le  courage  de  prendre  leur  défense.  Ln 
instant,  en  avril  1793,  il  fut  président  de 


79 


ALBA  —  ALBENAS 


80 


la  Convention.  Une  motion  pour  l'arres- 
tation du  duc  d'Orléans,  et  une  attaque 
violente  qu'il  dirigea  contre  Robespierre, 
au  sujet  de  la  pétition  des  sections  de 
Paris  qui  demandaient  l'expulsion  de  la 
Convention  de  vingt-deux  députés,  au 
nombre  desquels  son  nom  se  trouvait, 
achevèrent  de  le  perdre.  Compris  dans 
la  proscription  du  2  juin  1793,  plus 
connue  sous  le  nom  du  31  mai,  il  fut 
condamné  par  le  tribunal  révolution- 
naire, le  30  octobre,  avec  les  chefs  de  la 
Gironde.  Lorsqu'il  entendit  son  arrêt  de 
mort,  il  prononça  ces  paroles  prophéti- 
ques d'un  ancien  :  «  Je  meurs  le  jour  où  le 
peuple  a  perdu  la  raison  ;  vous  mourrez 
le  jour  où  il  l'aura  retrouvée.  »  Il  fut 
exécuté  le  lendemain  avec  ses  collègues. 
Il  avait  environ  trente  et  un  ans. 

5.  ALBA  (Abel)  et  deux  enfants,  as- 
sistés à  Londres,  1702. 

6.  ALBA  (Daniel  d'),  Dauphiné,1619 
|II,  507].  —  (Jeanne  d'),  ibid. —  (Judith 
d'),  1674  [VIII,  146  b]. 

7.  ALBA  (Josué  d'),  seig1- de  Peyre- 
cave,  d'Anzens  etc  ,  marié  avec  Anne 
de  Madaillan  dontil  eut  une  fille,  8  mars 
l'iîl  (Reg.  bapt.  de  Castres). 

ALBALETRIER  (Alexandre),  du 
Dauphiné,  manufacturier  en  laine,  réfu- 
gié à  Magdebourg,  1700. — Voy.  Arba... 

ALBANEL  (Jean),  ministre  à  Blois, 
1612,  1620  [VI,  104  b,  note  ;  X,  318].— 
(Paul,  fils  de  feu  Paul)  de  Combovin  en 
Dauphiné,  tondeur  de  draps,  recule  23 
janvier  1723  habitant  de  Genève  où  il 
était  réfugié  depuis  39  ans,  c'est-à-dire 
depuis  1684. 

ALBEAU  (Lancelot  d'),  martyr,  na- 
tif de  l'Anjou,  pasteur  à  Tours  en  1558 
et  à  Valence  en  1560.  C'était  un  gentil- 
homme d'ancienne  race.  Calvin  l'avait 
envoyé  à  cette  dernière  église  pour  aider 
le  pasteur  Gilles  de  Saulas,  excédé  de 
fatigue  par  suite  de  l'extension  considé- 
rable que  la  Réforme  avait  prise  à  Va- 
lence et  dans  les  environs.  Arrêté  par 
Maugiron,  que  le  duc  de  Guise,  gouver- 
neur du  Dauphiné,  avait  envoyé  à  Va- 
lence pour  faire  main  basse  sur  les  sa- 
cramentaires,  il  fut  condamné  à  mort 
par  une  commission  du  parlement  de 
Grenoble,  et  décapité.  Le  conseiller 
L'Aubepin  obtint  qu'd  serait  bâillonné, 
de  peur  qu'il  no  haranguât  le  peuple. 


«  Ayant  fidèlement  presché  l'Evangile, 
dit  une  pièce  du  temps  {Bull.  VIII,  73), 
il  a  scellé  la  doctrine  de  vérité  par  son 
sang  et  par  sa  mort.  »  (Arnaud.) 

ALBENAS,  famille  noble,  originaire 
de  Nîmes,  en  possession  de  la  seigneu- 
rie de  Gajan,  au  diocèse  d'Uzès.  depuis 
1524.  Elle  s'est  divisée  en  plusieurs 
-  branches.  —  [Haag  I,  24-28  ;  —  (Jean 
Poldo)I,  25  b;  VIII,  161  b;  -  Margue- 
rite) II,  403;  III,  39;  -  (Louise  IX, 
147  a;  —  (Françoise)  VI11,  279  b;  — 
Vov.  encore  :  Ilî,  469  a;  IV,  259  a:  V, 
88  a  et  245  b;  VIII,  214  b  et  391  b.j  = 
Armes  :  De  gueules  à  un  demi-vol  d'ar- 
gent posé  en  bande,  accompagné  de  trois 
étoiles  d'or,  2  et  1. 

Jean  Ier  d'Albenas,  seigneur  de  Ga- 
jan, fils  aîné  de  Louis  d'Albenas,  doc- 
teur ès-lois,  et  de  Marguerite  de  Bordes, 
premier  consul  de  Nîmes  en  1516,  et 
lieutenant  du  sénéchal  de  cette  ville  en 
1522,  partagea  ses  biens  entre  ses  deux 
fils  :  l'aîné,  Jacques  Ier,  eut  sa  terre  de 
Gajan,  et  le  cadet,  Jean  II,  hérita  de  sa 
charge  et  de  ses  propriétés  situées  à 
Nîmes.  La  branche  aînée  s'est  perpétuée 
jusqu'à  nos  jours,  tandis  que  la  branche 
cadette  s'est  éteinte  a.\ecLouise  d'Albe- 
nas, mariée  à  Henri  de  Porcelet,  mar- 
quis d'Ubaye,  en  1640. 

Nous  ignorons  à  quelle  époque  cette 
famille  embrassa  la  Réforme.  Un  Jean 
(fils  de  Jean)  d'Albenas  «  de  la  cité  de  Nis- 
mes  »  était  réfugié  à  Genève  avant  1557, 
car  il  fut  reçu  habitant  de  cette  ville  le 
18  janvier  de  cette  année  et  bourgeois 
le  25  juin.  La  première  mention  qui  soit 
faite  de  la  famille  dans  l'histoire  de  Nî- 
mes ,  comme  protestante,  concerne  Jean 
Poldo  d'Albenas,  qui  contribua  beau- 
coup à  l'introduction  de  la  Réforme  dans 
cette  ville,  où  il  était  né  vers  151-2.  Son 
surnom  de  Poldo  lui  vint  vraisemblable- 
ment de  son  arrière-grand-père  Poldo  ou 
Paul  d'Albenas,  docteur  ès-lois,  lieute- 
nant du  sénéchal  en  1462,  et  servait  à  le 
distinguer  d'un  autre  Jean  d'Albenas.  sei- 
gneur de  Colias,  lieutenant-clerc  en  I  55  1 . 
puis,  en  1566,  lieutenant-général  en  la  sé- 
néchaussée de  Beaucairc.  Son  père  Jac- 
ques, est  sans  doute  le  môme  qui  fonda 
la  branche  collatérale  dont  les  descen- 
dants se  réfugièrent  en  Suisse  dans  le 
siècle  dernier.  Après  avoir  fait  ses  étu- 


81 


ALBEXA> 


82 


des  en  droit  à  la  célèbre  université  de 
Toulouse.  Jean  Poldo  exerça  les  fonc- 
tions d'avocat  auprès  du  parlement  de 
cette  ville.  En  1551,  il  était  un  des  douze 
conseillers  du  roi  au  siège  présidial  de 
Nîmes  et  Beaucaire  ,  et  il  remplit  cette 
charge  avec  distinction  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  vers  l'an  1563.  La  noblesse  de  la 
sénéchaussée  de  Beaucaire  le  députa, en 
1560,  aux  Etats-Généraux  du  royaume 
qui  se  tinrent  à  Orléans. 

On  doit  à  Jean  Poldo  d'Albenas  une 
traduction  française  des  Pronostics  de 
Julien  de  Tolède  ;  une  autre  de  l'Histoire 
des  Taborites  d'.Eneas  Sylvius,  et  fina- 
lement un  ouvrage  d'antiquités  très-re- 
marquable, intitulé  :  Discours  historial 
de  l'antique  et  illustre  cité  de  Nismes, 
en  la  Gaule  Narbonoise .  avec  les  por- 
traitz  des  plus  antiques  et  insignes  bas- 
iiments  du  dit  lieu;  Lvon ,  1560,  in- 
fol. 

Jacques  d'Albenas,  frère  cadet  de 
Jean  Ier,  et  premier  consul  de  Nîmes 
en  1524,  avait  épousé  Jeanne  Girard,  et 
fut  père  de  Vital  d'Albenas.  dit  Poldo 
(probablement  le  même  que  Vidal  d'Albe- 
nas, premier  consul  de  Nimes  en  1562  , 
capitaine  huguenot  qui  figure  dans  nus 
malheureuses  guerres  civiles  comme  un 
des  lieutenants  de  l' intrépide  baron 
d'Acier.  L'entreprise  tentée  par  Coudé 
pour  s'emparer  de  la  personne  de  Char- 
les IX,  venait  d'échouer;  il  ne  restait 
plus  aux  protestants  qu'à  recourir  au 
sort  des  armes.  La  ville  de  Nimes,  où 
ils  étaient  en  grand  nombre,  fut  une  des 
premières  qui  répondit  à  l'appel  du 
prince.  Dès  les  premiers  jours  d'octobre 
N  -tradamus,  dans  son  His- 
toire et  Chronique  de  Provence,  «  on  vid 
fondre  ces  te  grande  tempeste  sur  M  %• 
mes.  où  furent  cruellement  passés  par 
les  tils  des  épées,  et  inhumainement  es- 
gorgez  un  grand  nombre  de  Catholiques 
par  ceux  de  ceste  religion  si  sanglante 
et  dirlbrmée,  les  quels  de  rage  forcenée 
jettèrent  un  religieux  Observantin  de- 
dans un  horrible  puits  avec  quelques 
autres  lions  prestres,  parce  seulement 
qu'il  preschoit  une  plus  saine,  ancienne 
et  toute  autre  doctrine  que  la  leur.  » 
Dom  Vaissète  complète  ce  récit,  dans 
son  Histoire  du  Languedoc  en  disant  : 
«L'action   barbare  et  odieuse  des  Pro- 


testants de  Xismes  coûta  la  vie  à  beau- 
coup de  leurs  coreligionnaires  que  les 
Catholiques  égorgèrentpar  représailles.  » 
Mais  ce  ne  fut  pas  tout  :  Le  parlement 
de  Toulouse,  ayant  fait  informer  sur  ce 
massacre,  rendit,  le  ^8  mars  1569,  une 
sentence  par  laquelle  il  condamna  à  mort 
par  contumace  10  i  personnes  de  la  ville 
de  Xismes.  On  distingue  parmi  les  plus 
notables  :  Guillaume  Calvière,  premier 
président  au  présidial  en  1557  :  Denis 
Briïeys,  sieur  de  S.  Chapte,  lieutenant 
criminel  ;  Robert  Le  Blanc,  juge  ordi- 
naire, ancien  syndic  de  la  province  : 
plusieurs  conseillers;  Pierre  Valette. 
procureur  du  roi  au  sénéchal  :  Pierre 
Robert,  lieutenant  du  viguier:  pra»ieurs 
capitaines,  dont  Vital  d'Albenas,  auquel 
nous  rapportons  cet  épisode  ;  François 
de  Parée,  sieur  de  Servas  :  René  de  Sa- 
voye,  sieur  de  Cipières  ;  Antoine  Briieys, 
sieur  de  Sauvignargues  ;  Honorât  de 
Montcalm,  sieur  de  Saint-Véran  :  quatre 
ministres  entre  lesquels  Pierre  d'Aire- 
baudouze  ;  Nicolas  Calvière.  >ieur  de 
Saint-Cosme,  docteur  ès-lois,  consul  en 
1559,  et  plus  tard  élu  trois  fois  gouver- 
neur de  la  ville;  les  deux  fils  du  prési- 
dent (Calvière;  le  sieur  de  Mandagout, 
dit  Galareues.  et  Thomas  de  Rochemore, 
baron  d'Aigremont.  (Haag.) 

I."  capitaine  Vidal  d'Albenas  ,  dit 
Poldo  .  eut  pour  femme  Jeannette  Fa- 
vier,  et  fut  père  de  Céphas  d'Albenas. 
qui  épousa  Suzanne  de  Pavée,  et  fut  ca- 
pitaine et  viguier  de  Nimes.  Claude,  fils 
de  Céphas,  également  capitaine  et  vi- 
guier, prit  pour  femme  Marguerite  Ri- 
card, dont  il  eut  Claude  qui  suit. 

Claude  d'Albenas,  conseiller  du  roi, 
capitaine  et  viguier  de  Nimes.  né  en  1629 
et  mort  le  6  oct.  1705,  est  ce  d'Albenas 
qui.  en  170i.  présida  une  députation  des 
nouveaux  convertis  de  la  ville  de  Nimes 
au  maréchal  de  Villars  [I,  26].  Selon 
toute  apparence,  c'est  lui  aussi  qui , 
après  avoir  été  destitué  comme  huguenot 
en  1682  (Arch.  Tr  322),  avait  apposé  sa 
signature  en  tète  de  l'acte  d'abjuration 
que  souscrivirent,  le  20  novembre 
une  foule  de  malheureux  Nimois.  Mais 
la  démarche  faite  en  1704,  par  les  nou- 
veaux convertis  de  Nimes  mérite  d'être 
racontée  dans  tous  ses  détails.  Elle  té- 
moigne, il  faut  l'avouer,  du  peu  de  sym- 


83 


ALBENAS 


pathie  que  les  Camisards  rencontraient 
parmi  leurs  coreligionnaires  dans  les 
villes,  soit  à  cause  des  actes  terribles  de 
vengeance  qu'on  leur  imputait,  soit  plu- 
tôt parce  que  le  gouvernement  en  pre- 
nait occasion  de  peser  davantage  sur 
les  habitants  paisibles.  Lorsque  le  ma- 
réchal de  Villars  vint  remplacer,  en  1 704 , 
le  maréchal  de  Montrevel  dans  le  com- 
mandement de  la  province  du  Lan- 
guedoc, les  protestants  de  Nîmes,  par 
le  conseil  du  baron  à'Aigaillers,  dres- 
sèrent une  requête  pour  lui  demander 
à  marcher  sous  ses  ordres  contre  les 
rebelles,  espérant  les  ramener  par  leur 
exemple,  ou  résolus  de  les  combattre 
afin  de  témoigner  de  leur  fidélité  au  gou- 
vernement. Cette  supplique,  signée  par 
plusieurs  gentilshommes  et  par  presque 
tous  les  avocats  et  marchands  de  la  ville 
de  Nîmes,  lut  présentée,  le  22  avril,  par 
d'Albenas  à  la  tête  de  7  à  800  personnes 
de  la  religion.  Mais  les  offres  des  nou- 
veaux convertis  ne  lurent  point  agréées  ; 
le  maréchal  leur  répondit  qu'il  espérait 
ramener  les  rebelles  par  la  seule  dou- 
ceur. Etcependant  Briieys  nous  apprend, 
dans  son  Histoire  du  Fanatisme,  que  le 
jour  même,  «  par  le  conseil  de  M.  de 
Basville,  il  fit  l'aire  des  enlèvements  de 
plusieurs  personnes  suspectes  ,  qui  fu- 
rent envoyées  aux  Isles  de  Sainte-Mar- 
guerite. »  A  quelques  jours  de  là  seule- 
ment, les  principaux  d'entre  les  réfor- 
més de  Nîmes  se  rendirent  de  nouveau 
en  corps  auprès  de  Villars  pour  lui  re- 
nouveler l'offre  de  leurs  services.  Cette- 
fois  encore  ce  fut  d'Albenas  qui  porta  la 
parole  :  «  Les  nouveaux  convertis  de  la 
ville  deNismes,  lui  dit-il,  viennent  vous 
réitérer  les  assurances  de  leur  plus  invio- 
lable fidélité  pour  le  service  du  Roi...  Ils 
vous  ont  supplié  et  vous  supplient  en- 
core, Monseigneur,  de  vouloir  vous  ser- 
vir de  leurs  personnes  et  de  leurs  biens 
pour  exterminer  ces  malheureux  fanati- 
ques qui  ont  eu  la  témérité  de  s'élever 
contre  l'autorité  de  Sa  Majesté.  Il  fau- 
drait avoir  perdu  tout  sentiment  de  reli- 
gion et  d'humanité  pour  seconder  une 
troupe  de  scélérats  qui  joignent  à  leur 
révolte  L'impiété,  les  sacrilèges,  les  meur- 
tres, les  incendies  et  mille  autres  cruau- 
tés dont  les  démons  seuls  peuvent  être 
capables....  Nous  les  avons  en   horreur; 


et  notre  indignation  est  d'autant  plus 
grande,  qu'ils  rendent  odieux  le  nom  de 
nouveau  converti,  et  avec  la  haine  pu- 
blique attirent  sur  nous  des  maux  qui 
ne  devraient  tomber  que  sur  eux  et  sur 
leurs  complices....  Nos  biens,  nos  vies 
nous  sont  moins  chers  que  notre  fidélité; 
la  croire  suspecte  est  le  plus  grand  de 
tous  nos  malheurs.  »  En  lisant  une  pa- 
reille pièce ,  on  oublie  que  les  protes- 
tants gémissaient  sous  la  législation  la 
plus  atroce,  que  les  massacres  et  les 
supplices  se  succédaient  sans  interrup- 
tion dans  les  provinces  du  Midi  ;  ou  plu- 
tôt on  se  demande  si  ce  n'est  pas  là  le 
cri  de  malheureux  au  désespoir  qui  s'at- 
tachent à  leur  bourreau  pour  éviter  le 
coup  mortel.  «  Sur  l'invitation  d'Aigail- 
lers,  dit  M.  Peyrat  dans  son  Histoire  des 
Pasteurs  du  désert,  toutes  les  villes 
adressèrent  au  maréchal  des  harangues 
à  la  d'Albenas.  » 

Claude  d'Albenas  avait  épousé,  le  30 
octobre  1655,  Jeanne  de  Guiraud,  qui 
montra  une  tout  autre  fermeté  que  lui. 
Vers  1686,  elle  émigra  du  royaume,  ac- 
compagnée de  sa  fille  Jeanne,  alors  âgée 
de  21  ans,  de  Mme  de  Guiraud,  sa  mère, 
et  d'autres  dames  de  sa  famille,  et  réus- 
sit à  atteindre  Genève  ;  deux  de  ses  fils 
parvinrent  également  à  quitter  la  France. 
De  son  mariage  avec  Claude  d'Albenas 
étaient  issus  sept  enfants  :  1°  Céphas, 
né  le  22  déc.  1662,  étudiant  à  Genève, 
1682,  et  marié  le  15  janv.  1705  à  Cathe- 
rine Bourelly  de  Roque -Servières.  — 
2°  Jeanne,  née  en  1664.  Elle  mourutàGe- 
nève  le  31  janv.  1730,  léguant  à  sa  sœur, 
mariée  à  Nîmes,  une  somme  de  trois  mille 
livres,  à  condition  que  celle-ci  «  sortit  de 
France  et  se  retirât  dans  un  autre  pays. 
pour  suivre  la  sainte  religion  réformée.  » 

—  3°  Henri,  qui  continua  la  descendance. 

—  4°  Antoine,  né  le  8  octobre  1672,  ma- 
rié à  Jeanne  de  Langlade-Clarensac. 
Selon  l'Armoriai  du  Languedoc  de  la 
Roque,  cette  dernière  se  nommait  Ga- 
hricl/e,  et  son  mariage  eut  lieu  le  (.l  mai 
1700.  —  5°  Charles,  né  le  19  avril  lliTi. 
Emigré  après  la  Révocation,  il  entra  au 
service  d'Angleterre,  où  il  parvint  au 
grade  de  lieutenant-colonel,  et  mourut 
à  Genève  le  29  août  1 73  i  11  avait  épouse 
dans  celle  ville,  le  2î  juillet  1742,  J«MWte- 
Elisabeth    de  Ki(anl,    de    Montpellier, 


85 


ALBEXAS 


ALBERT 


86 


dont  il  n'eut  pas  d'enfants;  un  pre- 
mier mariage  l'avait  rendu  père  d'une 
fille.  Ci.ermonde,  née  à  Genève  en  mars 
L704L  —  6°  Anne-Jeanne,  femme  de 
M.  Vory,  avocat  du  roi  au  présidial  de 
Nimes,mortele23  avril  1767. —  7°  Fran- 
çois ,  capitaine  ,  mort  en  Irlande  en 
1609. 

Né  le  ">  mai  1668,  Henri  d'Albenas 
quitta  la  France  après  la  Révocation. de 
même  que  son  frère  Charles,  et  entra 
comme  lui  au  service  d'Angleterre.  Après 
après  avoir  été  dans  ce  pays  capitaine 
de  cavalerie,  il  vint  terminer  ses  jours  à 
Genève,  où  il  mourut  le  28  janvier  1 7:ï<». 
Sa  femme,  Suzanne  Negret,  qu'il  avait 
épousée  dans  cette  ville  le  15  décembre 
1701,  lui  donna,  outre  deux  enfants 
morts  jeunes,  trois  (ils  et  deux  filles, 
tous  nés  à  Cenève  :  1°  Jeanne,  née  le 
7  octobre  170i.  mariée  en  premières  no- 
ces à  Ferdinand-Henri-Darid  de  Saus- 
sure, et  en  secondes  à  Jean-Louis  de 
('rniisaz,  juge  à  Lausanne.  —  v)0  Char- 
les, qui  suit.  —  o"  Jean-Antoine,  né  le 
3  mai  1711,  capitaine  en  Piémont,  puis 
établi  dans  le,  paya  île  Vaud.  Marié  à 
une  demoiselle  Plantain,  il  eut  d'elle  un 
fils,  Chaules-Antoine,  né  à  Lausanne  en 
17i7.—  1°  Henri,  né  le  ?  juin  17131 
lieutenant  en  Piémont  dans  le  régiment 
de  Portes.  —  5°  Slsa.nne,  née  le  22  août 
1710  et  morte  en  17'.»1,  femme  de  Ro- 
dolphe de  Crousaz ,  seigneur  de  M>- 
zery. 

Charles  d'Albenas,  né  le  10  février 
1709;  embrassa  comme  ses  frères  la  car- 
rière des  armes  et  servit  eu  Piémont,  où 
il  devint  lieutenant-colonel.  Fixé  dans 
le  pays  de  Yaud,  il  y  épousa,  en  17ir>, 
Louise-Marie-Claudine  Mauor,  dame 
de  Sullens,  dont  il  eut  un  lils,  Cephas- 
Luakles-Lolis-IIenri.  Ce  dernier,  hé- 
ritier par  sa  mère,  de  la  seigneurie  de 
Sullens,  naquit  le  16  novembre  1747  ;  il 
fut  capitaine  au  service  de  France  et 
mourut  à  Paris  le  28  juin  1805,  laissant 
un  fils,  Jean-Baptiste- Aiiraham-Louis. 
de  son  mariage  avec  Anne-Sophie  île 
Briasac,  qu'il  avait  épousée  en  1708. 
Jean-Bapliste-Abrabam-Louis  s'unit  en 
premières  noces  à  une  demoiselle  Nor- 
dinij,  et  efl  secondes  a  une  demoiselle 
Rosset.  et  eut  de  cette  dernière  Au- 
c,i>te -Lon.— Samuel,  qui  est  mort  à  Lau- 


sanne en  mars  1870,  laissant  un  fils  et 
une  fille  L 

La  branche  aînée  de  la  famille,  bien 
que  restée  en  France,  demeura,  dit-on. 
fidèle  au  protestantisme.  Elle  s'était  éta- 
blie à  Sommières  (Gard)  en  1608.  Jean- 
Josepii  d'Albenas,  né  le  10  mars  1701  à 
Sommières,  de  François- Alexandrin 
d'ALisENAS,  seigneur  de  Cajan,  et  de 
Charlotte-Philiberte  de  Montlaur,  prit 
part  à  la  guerre  de  l'indépendance  de 
l'Amérique  sous  le  général  Lafayette.  A 
son  retour  en  France,  il  remplit  diver- 
ses fonctions  publiques.  On  lui  doit 
quelques  écrits  de  peu  d'importance;  «or 
les  Maisons  de  jeu,  1814;  sur  Ylndern- 
nifé.  t  s  L s ,  et  un  Essai  histnr.  et  poéti- 
que de  la  gloire  et  des  travaux  de  Xa- 
poléon  Ier,  depuis  le  18  brumaire  an  vin 
jusqu'à  la  paix  de  Tilsitt;  Paris. 
ih-8*.  Il  mourut  à  Paris  le  82  sept.  18?4. 
Ses  deux  lils.  Loris-Ei/in-.NE,  né  à  Som- 
mières en  1 7 s 7 ,  et  Prosper,  ont  suivi 
avec  honneur  la  carrière  des  armes.  Mis 
à  la  retraite  après  le  licenciement  de 
l'armée  de  la  Loire,  l'aîné  consa<  > 
loisirs  à  la  culture  des  lettres.  On  cite 
avec  éloge  ses  Ephi-mèrides  militaires  ou 
Anniversaires  de  la  valeur  franraist -de- 
puis [l'.)i jusqu'en  HHS;  Paris.  'lMS-2<). 
12  vol.  in-8°.  Quoique  cette  publication 
ait  parti  comme  étant  l'œuvre  d'une  so- 
ciété de  gens  de  lettres  et  de  militaires, 
le  bibliographe  Quérard  prétend  que  le 
lieutenant-colonel  d'Albenas  eu  a  été  le 
seul  rédacteur. 

ALBKRGK-  Marie  ,  v.  1 7011  [Y.  "il  fui]. 
—  kaaaè)  de  Bé/.iers.  marchand  chape- 
lier, réfugié  a  Genève,  \<  enne) 
de  Bé/.iers,  id.,  1890. 

ALBERIC    (J.  .    -alenen,    1305   [X, 

my 

ALBERON,  v.  lf.sr,  [IV,  181  a]. 

ALBKRT  le  capitaine  .  i:,r,->  Vlll, 
407  a].  —  (David),  ancien  de  Brutnçon, 
député  au  synode  de  Charenton,  1044 
'X.  30"2  .  —  Albert,  ancien  à  S. -Félix, 
1070  LYII.  293a].  —  Plusieurs  Albert  du 
Yal-de-Queyras  et  de  Pont-en-Royans. 
réfugiés  a  Genève;  de  lO'.iô  à  1712.  — 
Pierre),  galérien,  en  1686  [II. 
X,  408].  —  (Louis),  de  Bretagne,  id.,  en 

1  Ces  renseiguduentt  mit  la  branche  de  Claude  uvl- 
beoas  passée  eu  Suisse  nous  sont  donné»  par  M.  Th. 

OUflHitt. 


87 


ALBERT   —   ALBIAG 


88 


1687  [X,  410].  —  (Jacob),  id.,  en  1689 
[X,  412].  — (Mathieu),  dit  Peruset,  1686, 
jeté  à  la  voirie  [X,  433]. 

ALBERT  (Marguerite  d'),  dame  de 
Saint- André,  1588  fi,  192  a]. 

ALBERTAS  (Aimare  d'),  baronne  de 
Sénas,  1573  [V,  255  a]. 

ALBERTI  (La  femme  du  «  Rentier  »  ), 
massacrée  à  Aix,  avec  son  mari,  1562 
[X,  469,  471];iCrespin,  678  c.  —  Au- 
bertin  Alberti  «  de  Lospel  au  comté  de 
Nice,  »  réfugié  à  Genève  et  reçu  habi- 
tant vers  1602. 

ALBERTON  (Pierre,  fils  de  Jean), 
«  de  Valence  en  Dauphiné,  faiseur  de 
boistes  et  estuis  de  monstres,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  4  sept.  1697.  »  —  Ja- 
ques, fils  de  feu  Pierre),  né  à  Lyon, 
h  monteur  de  boetes,»  id.,  8  août  1764. 

ALBI  ou  Alby  (Anne-Dorothée  d'). 
1665  [IV,  377  a].— (Jeanne),  [VI,  243  b]. 

1.  ALBIAG  (Accasse  d'),  ou  Dalbiac, 
dit  du  Plessis,  poète  français  du  XVIe 
siècle,  né  à  Paris  [Haag  I,  28]. 

On  ne  sait  presque  rien  de  sa  vie. 
Dans  un  libelle  catholique  (Passèrent 
parisien  [par  Antoine  Gathalan],  Lyon, 
1556,  in -12,  on  lui  impute  d'avoir 
été  moine  à  l'abbaye  de  S.-Denis.  Ge 
qu'on  connaît  le  mieux  en  ce  qui  le  con- 
cerne, ce  sont  ses  livres,  dont  la  date 
géographique  annonce  qu'il  s'était  réfu- 
gié en  Suisse  : 

I.  Le  Livre  de  Job  traduit  en  poésie 
françoise  selon  la  vérité  hébraïque,  par 
A.  Du  Plessis,  parisien.  Au  roy  d'An- 
gleterre Eduard,  sixième  de  ce  nom. 
1552,  in-8°  (de  l'imp.  de  Jean  Gérard,  à 
Genève).  —  Réimpr.,  1553,  pet.  in-8°de 
157  et  2  p. 

II.  Les  Proverbes  de  Salomon,  en- 
semble l'Ecclesiaste,  mis  en  cantiques 
et  rime  Françoise,  selon  la  vérité  hébraï- 
que, par  A.  D.  du  Plessis.  Mis  en  mu- 
sique par  F.  Gindron.  Lausanne,  Jean 
Rivcry,  1556,  pet.  in-8°  de  96  ft*.  en  tout, 
avec  deux  dédicaces  aux  seigneurs  de 
Berne,  l'une  en  prose,  de  F.  Gindron, 
l'autre  en  vers,  de  d'Albiac. 

III.  Divers  cantiques  esleus  et  extraits 
entre  les  plus  notables  du  vieil  et  nou- 
veau Testament.  Partie  traduits  selon 
l'IIebrieu,  et  réduits  quasi  mot  à  mot  : 
partie  réduits  en  métaphrases,  pour  es- 
clarcir  aucunnes  phrases  Hébraïques  peu 


convenables  ou  mal  entendibles  en 
nostre  langue  vulgaire,  sans  toutesfois 
esloigner  le  sens,  comme  verra  le  lec- 
teur de  bon  jugement.  Par  Accasse  Dal- 
biac, dit  du  Plessis.  (Genève)  Jean 
Grespin,  1558,  in-8°  de  110  et  2  p. 
Avec  une  dédicace  à  Antoine  de  Bour- 
bon, roi  de  Navarre,  et  une  préface  en 
vers  «à  tous  chrestiens.  »  —  Ges  canti- 
ques sont  au  nombre  de  34,  dont  deux 
seulement  tirés  du  Nouveau  Testament, 
les  autres  de  l'Ancien.  —  Réimpr. 
Lyon,  Jean  Cariot,  1560  (Divers  canti- 
ques extraits  du  vieil  et  nouveau  testa- 
ment et  mis  en  rime  françoise,  par  etc. 
Ensemble  les  Cantiques  de  Mat.  Gordier 
et  autres  autheurs  nommez  en  leur  lieu), 
pet.  in- 12  de  188  et  3  p. 

Il  paraît  que,  peu  de  temps  après  cette 
dernière  publication,  d'Albiac  rentra  en 
France.  Le  célèbre  édit  de  janvier  1563 
venait  d'être  rendu,  et  un  grand  nombre 
de  réfugiés  avaient  été  leurrés  par  l'es- 
poir de  retrouver  dans  leur  patrie  liberté 
et  protection.  Notre  poète  se  rendait  à 
Angers  auprès  de  son  frère,  le  ministre 
Du  Plessis,  lorsqu'il  fut  surpris  à  Tours 
par  une  échauffourée.  La  première 
guerre  de  religion  venait  de  commencer. 
Les  religionnaires  de  Tours  d'abord 
maîtres  de  la  ville  n'ayant  aucun  espoir 
de  secours,  résolurent  (juillet  1562),  de 
se  jeter  dans  Poitiers.  «  Les  uns  se  ren- 
dirent et  posèrent  les  armes;  les  autres 
rompus  et  deffaicts  se  sauvèrent  comme 
ils  peurent,  et  se  retirèrent  à  Poitiers  te- 
nue par  ceux  de  la  Religion;  quelques 
autres  furent  entièrement  desvalisez  et 
menez  par  troupes  à  Chastelleraut, 
comme  povres  brebis  à  la  boucherie.» 
Au  nombre  de  ces  derniers  était  Jean  de 
Tournay ,  vieillard  plus  que  septuagé- 
naire, ancien  moine  augustin,  et  un  des 
douze  ministres  députés  à  la  conférence 
de  Poissy.  qui  fut  noyé  de  sang-froid. 
Quant  à  ceux  qui  s'étaient  rendus  sur  la 
promesse  d'avoir  la  vie  sauve,  le  mar- 
quis de  Villars  leur  donna  une  escorte 
de  quelques  chevaux  avec  un  sauf-con- 
duit pour  les  reconduire  à  Tours;  mais 
la  plupart  furent  égorgés  en  chemin. 
Deux  à  trois  cents  seulement  parvinrent 
jusqu'aux  faubourgs  delà  ville.  Aussitôt 
on  sonna  le  tocsin  et  les  massacres 
commencèrent.  On  traîna  à   la  rivière 


89 


ALBIAC 


90 


jusqu'aux  enfants,  dit  Crespin.  «de 
sorte  qu'en  moins  de  cinq  ou  six  jours 
les  bords  de  la  rivière  baissant  à  An- 
gers estoyent  couverts  de  corps  dont 
les  bestes  mesmes  s'espouvantoyent.  » 
Le  ministre  Michel  Herbaut.  ancien 
prieur  des  Augustins,  ayant  été  arrêté 
près  de  Tours,  fut  amené  devant  Chavi- 
cny  qui  lui  commanda  de  se  tenir  prêt 
à  prêcher  pour  le  lendemain.  Herbaut 
obéit;  mais  son  sermon  n'ayant  pas  été 
goûté  par  les  assistants,  il  fut  jeté  en 
prison  et  deux  jours  après  condamné  à 
être  brûlé  vif.  Il  est  vrai  de  dire  que 
cette  sentence  fut  adoucie  ;  on  accorda 
au  malheureux  ministre  d'être  pendu. 
Le  lendemain  de  son  entrée  dans  la  ville 
le  duc  de  Montpensier  avait  fait  publier 
à  son  de  trompe  :  Que  chacun  après 
tre  confessé  eût  à  faire  ses  Pâques  et  à 
se  trouver  le  lendemain  à  la  procession 
générale  du  S. -Sacrement,  sous  peine  de 
la  vie.  Beaucoup  de  religionnaires  inti- 
midés se  mêlèrent  à  la  procession  ;  mais 
leur  soumission,  loin  de  leur  l'aire  trou- 
ver grâce,  ne  servit  qu'à  les  désigner 
plus  sûrement  au  fanatisme  sanguinaire 
de  la  populace.  Un  certain  nombre  d'en- 
tre eux  furent  noyés,  les  autres  jetés  en 
prison.  Quant  aux  maisons  de  «eux  qui 
étaient  absents  ou  qui  avaient  été  mas- 
sacrés, comme  elles  n'avaient  point  été 
«  tapissées  »  conformément  à  l'ordon- 
nance du  gouvernement,  pour  faire  hon- 
neur à  la  procession,  les  gens  de  la 
justice  leur  tirent  le  procès  et  les  con- 
damnèrent à  être  saccagées,  puis  ven- 
dues au  plus  oirrant,  ce  qui  fut  exécuté. 
Quelques  jours  après,  des  moines  dres- 
sèrent une  confession  de  foi,  et  il  fut 
également  crié  par  la  ville  :  Que  quicon- 
que refuserait  de  la  signer  ou  approuver 
par-devant  bon  témoin  serait  mis  à 
mort.  Quelques  femmes,  entre  autres, 
demeurèrent  constantes  en  leur  foi.  De 
ce  nombre  fut  la  femme  du  poète  qui  fait 
le  sujet  de  cette  notice.  Il  est  probable 
que  lui-même  avait  péri,  car  il  n'en  est 
plus  fait  mention  dans  l'histoire  depuis 
cette  époque.  «  Une  honnorable  damoi- 
selle,  raconte  Crespin,  de  la  maison  Du 
TU  en  Flandres,  femme  d'un  honnorable 
personnage  nommé  Acace  d'Albiac  de 
Paris,  frère  de  Du  Plessis,  ministre 
d'Angers,  estant  partie  de  Lausanne  en 


Suisse  avec  son  mari,  et  surprise  par  les 
troubles  à  Tours,  après  avoir  constam- 
ment refusé  de  soussigner  cette  confes- 
sion, fut  traînée  avec  infinis  outrages 
jusqu'à  la  rivière,  ayant  receu  en  che- 
min un  grand  coup  d'espée  sur  le  vi- 
sage, et  finalement  avec  son  hostesse, 
femme  d'un  nommé  Du  Mortier,  et  une 
honorable  vefve  nommée  La  Chapesière, 
jettée  en  l'eau  si  basse  que  n'y  pouvant 
estre  noyée  avecques  ses  compagnes, 
elles  y  furent  assommées  à  urands 
coups  d'avirons  jusques  à  leur  faire  sor- 
tir la  cervelle  à  la  veuè  d'un  chacun.  » 
La  ville  de  Tours  ne  fut  pas  le  seul 
théâtre  de  ces  scènes  d'horreur,  toute 
la  province  fut  couverte  de  meurtres. 
C'est  alors  que  périrent  le  ministre 
de  S.-Christophe  nommé  Longer  il  le, 
homme  intègre  et  fort  âgé;  le  ministre 
de  Ligueil,  Provençal  de  nation,  «plein 
de  grande  pitié  et  de  fort  paisible  es- 
prit, "  auquel  on  creva  les  yeux  et  qu'on 
jeta  encore  vivant  sur  un  tas  de  bois  où 
il  fut  brûlé;  le  nommé  Ferrand,  autre- 
ment dit  le  seigneur  Dusson,  qui  de  re- 
tour de  Lausanne  depuis  quelques  an- 
nées, avait  été  envoyé  a  l'Isle-Bouchard 
pour  y  répandre  les  doctrines  de  la  Ré- 
forme.  Il  avait  été  appréhendé  avec  le 
seigneur  des  Perrouses  ;  et  ils  étaient 
conduits  tous  deux  par-devant  le  gou- 
verneur de  la  province,  qui  faisait  sa  ré- 
sidence ordinaire  à  Champigny,  lorsque 
le  tocsin  du  château  appelant  les  tueurs 
au  dehors,  ils  furent  massacrés  par  la 
commune  et  jetés  dans  une  mape. 

2.  L'Anjou  ne  fut  pas  moins  éprouvé 
que  laTouraine.  Le  frère  de  notre  poète, 
Charles  i/Albuc,  sieur  Du  Plessis,  pas- 
teur à  Angers,  fut  une  des  premières 
victimes.  [Haag  l,  30  a;  —  II,  419  a]; 
Bull.  II, 

Charles  d'Albiac  parait  avoir  joui 
d'une  grande  réputation  d'éloquence. 
«  L'Eglise  de  Blois,  dit  Béze,  en  ayant 
entendu  parler  comme  ayant  le  langage 
plus  friant  que  d'autres,  le  demanda  à 
celle  de  Tours  [au  service  de  laquelle  il 
était  d'abord  attaché  a\ecJacq.  Rouille. 
juill.  1558],  qui  consentit  à  le  lui  prêter 
pour  trois  mois.  »  A  l'époque  de  l'as- 
semblée des  états  provinciaux  de  l'An- 
jou pour  l'élection  des  députés  aux  Etats 
Généraux  (15ÔU),  Du  Plessis.  de  retour 


91 


ALBIAC 


92 


à  Angers,  et  un  avocat  du  roi,  nommé 
François  Grimaudet,  déployèrent  tant 
d'activité  et  de  zèle  que  les  religionnai- 
res  l'emportèrent,  en  faisant  élire  les 
sieurs  de  La  Barbée  et  de  Vallier-Bre- 
say.  Mais  ces  élections  lurent  cassées 
par  le  duc  de  Montpensier. 

A  Angers,  les  choses  se  passèrent  à 
peu  près  comme  à  Tours.  Les  protes- 
tants s'y  maintinrent  les  maîtres  jus- 
qu'au 5  mai  (1562).  Mais  à  cette  époque, 
Puygaillard,  avec  l'assistance  des  habi- 
tants catholiques,  s'en  empara  «  en 
moins  de  rien.  »  Le  duc  de  Montpensier 
et  Ghavigny  l'y  suivirent.  Pressé  par  le 
danger,  le  ministre  Du  Plessis  voulut 
fuir  par-dessus  les  murailles  de  la  ville  : 
mais  il  fut  reconnu  et  égorgé.  Les  juges 
sommés  d'expédier  en  toute  diligence 
le  procès  des  malheureux  protestants 
dont  on  avait  comblé  les  prisons,  se  mi- 
rent aussitôt  à  l'œuvre. 

On  nous  a  conservé  les  noms  de  quel- 
ques-unes des  victimes  de  ces  assassi- 
nats juridiques.  Mathurin  Bouju,  rece- 
veur des  tailles,  avait  été  incarcéré  un 
des  premiers.  Il  va  sans  dire  qu'avant 
toute  autre  formalité,  son  domicile  avait 
été  saccagé  ,  et  sa  caisse  déclarée  de 
bonne  prise  par  le  gouverneur.  Le  sieur 
de  Beauregard,  diacre  de  l'Eglise,  avait 
même  été  tué  dans  sa  maison  en  résis- 
tant aux  assaillants.  Son  procès  donc 
étant  commencé,  et  Bouju  ayant  récusé 
le  président,  Ghavigny,  lieutenant  du 
duc  de  Montpensier,  le  somma  de  con- 
venir d'un  autre  juge,  d'autant,  ajouta- 
t— il,  qu'il  avait  beau  choisir,  qu'il  n'en 
mourrait  pas  moins.  Bouju  désigna  le 
conseiller  François  de  Pincé,  sieur  de 
La  Boue,  «  qui  lui  avoit  esté  de  tout 
temps  ami  famillier  ;  »  mais  comme  Pincé 
déclinait  ce  dangereux  devoir,  Ghavigny 
le  menaça,  s'il  ne  s'exécutait  au  plus 
vite,  de  le  faire  pendre  lui-même  aux 
créneaux  de  sa  maison.  Pincé  eut  alors 
la  faiblesse  de  condamner  son  ami,  qui 
fut  mis  à  mort  avec  un  de  ses  fidèles 
serviteurs,  nommé  Robert  Crozille. 
Jean  de  Nodreux,  sieur  du  Gormier,  eut 
la  tête  tranchée  ;  outre  le  crime  d'héré- 
sie dont  il  était  coupable,  il  y  avait  pour 
sa  condamnation  un  motif  plus  puissant 
encore  :  sa  fortune  était  très-considéra- 
ble,  et    elle  échut  au   moine  Birhelieu. 


Pierre  Gohin,  sieur  de  Malabry,  garde 
de  la  Monnoye,  et  un  des  anciens  de 
l'église,  eut  le  même  sort;  ce  notable 
commerçant  était  en  telle  estime  dans 
le  pays,  que  le  grand  doyen  de  Saint- 
Maurice  lui  avait  donné  refuge  dans  sa 
maison  contre  les  poursuites  de  ses  as- 
sassins ;  c'est  chez  ce  vénérable  ecclé- 
siastique qu'il  fut  trouvé  et  arrêté.  Fran- 
çois Melct,  sieur  de  Pincé,  et  Jacques 
Eveillart,  sieur  de  La  Ganerie,  tous 
deux  avocats,  furent  également  exécu- 
tés; seulement  ce  dernier,  en  sa  qualité 
d'ancien  et  de  surveillant  de  l'église,  re- 
çut de  plus  la  question  extraordinaire. 
Quant  à  leur  confrère,  Guillaume  Per- 
raui ,  il  ne  racheta  sa  vie  qu'en  accor- 
dant à  un  valet  la  main  de  sa  fille  uni- 
que. Les  mêmes  meurtres  se  renouvelè- 
rent dans  toute  la  province  :  à  Gran.  où 
le  baron  du  lieu,  le  sire  de  La  ïrémoille, 
permit  à  Puygaillard  de  transporter  le 
théâtre  de  ses  cruautés;  à  Baugé,  où 
l'un  des  ministres,  Jean  Le  Bailli,  fut 
tué;  en  un  mot,  tout  le  pays  fut  inondé 
de  sang,  et  les  exécutions  y  continuè- 
rent, même  après  la  publication  de  la 
paix  d'Amboise,  en  1569. 

B;  ALBIAC(d').  Ministre  dans  leViva- 
rais,  1620  [VI,  408  a];  —  (Simon,,  min. 
à  Sr-Vincent  de  Vivarais,  1671.  à  Vallon, 
1669,  1671,  à  Marcols  etc.  1669-73  [VI. 
33  6,  34  a;  VIII,  306  6;  IX,  376  a].  Un 
Simon  d'Albiac  était  pasteur  à  Aarden- 
bourg  en  Hollande,  1693-1703. —  Pierre 
Albiac  fut  admis  au  saint  ministère  en 
1681  et  donné  pour  pasteur  à  Montclus. 

4.  Albiac  (Paul),  de  Revel,  abjure.  1 685 
[IX.  341  a]. 

5.  ALBIAC  ou  Dalbiac  (Charles,  fils  de 
Henri  d'),  de  Nîmes.  «  fabricant  dé  bas 
de  soie,  »  reçu  habitant  de  Genève  le 
16  mars  1722. 

Les  Dalbiac  ou  d'Albiac  de  Nîmes  ont 
prospéré  en  Angleterre.  On  lit  dans 
Agnew  (II,  304.)  :  «  Cette  famille  fut 
presque  exterminée  à  l'époque  de  la  Ré- 
vocation. Le  père,  la  mère,  quatre  Bis  et 
trois  filles  périrent;  un  cinquième  liis 
abjura  et  garda  le  patrimoine  :  un  sixième 
put  envoyer  ses  deux  fils  en  Angleterre 
en  les  cachant  dans  des  paniers.  Ces 
deu\  enfants  furent  les  auteurs  des  deux 
branches  anglaises  de  la  famille  :  l'une 
à    laquelle   appartiennent    deux    Simon 


93 


ALBIAC 


ALBRET 


94 


Dalbiac  qui  furent  directeurs  de  l'hos- 
pice des  Français  réfugiés  l"un  en  1755 
l'autre  en  1758;  l'autre  branche  eut  pour 
chef  Jacques  Dalbiac,  marié  en  1720  à 
M"e  Delaporte  et  mort  en  1 749.  Charles. 
second  lils  de  Jacques  ,1721)- 1808),  épousa 
1°  une  D"e  DrvLsme;  2°  Dlle  Le  Bas  :  de 
ce  dernier  mariage  il  eut  une  fille.  Hen- 
riette, qui  devint  lady  Piteairn,  et  deux 
iils,  dont  le  second.  Georges  Dalbiac.  fut 
père  du  lieut.-général  sir  James  Charles 
Dalbiac  mort  en  1.817.  La  fille  unique 
de  ce  dernier,  Stephana,  a  épousé  en 
1836  le  sixième  lord  duc  de  Roxburghe.  » 

ALB1É(Jean  h'}.  1057  (et  J. -Jacques  . 
1685   VI.  136  b]. 

ALBIGES  (Madeleine),  1668  \  . 
232  1.]. 

AEHIGÈS  J.).  de  Réalmont.  salé- 
rien,  1754,  libéré  en  1702  [\l.  548  b; 
X.  405.  L28], 

Ai.niGNAC,  vov.  Bedos. 

ALBIGNY  (n   .  1577  [III.  432  a]. 

ALBIN  DE  VALZERGUES  (Anne, 
lille  de  Louis  d'),  1597  [V11I,  284  a]. 

ALBON  (Charles-René  d'),  de  Mon- 
tauban  en  Dauphiné.  réfugié  en  Prusse 
en  1080  (Erman  IX.  3.  —  Un  autre 
d'Albon.  réfugié  en  Angleterre  à  la  Ré- 
vocation, y  fut  lieutenant-colonel  du  ré" 
giment  de  Sibourg  et  signa  en  cette  qua- 
lité la  capitulation  d'Alicante  en  1708 
Agnew,  Protest.  Exiles  . 

1.  ALBOUY  ou  Alblys  François, fils 
de  Pierre),  «  paulmier,  »  reçu  habitant 
de  Genève  le  24  août  1551  etboui^ 

le  2  mai  1555.  Sa  descendance  y  a  sub- 
sisté jusqu'au  XVIIe  siècle. 

2.  ALBOUY  le  capitaine  Constant 
dit,,  1022  [IV,  20  a.  désigné  par  erreur 
à  cet  endroit  comme  père  du  suivant]. 

3.  ALBOl'Y  (IsaacJ,  ou  Alboy  [IV, 
356  a;  VII.  399  aj  comme  on  écrivait  à 
Montauban,  était  né  dans  cette  ville,  le 
1er  mai  1022,  de  <■<■  feu  Me  Isaac  Alboy 
advocat  et  de  dlle  Anne  de  Lalause.  ma- 
riez. »  Il  était  étudiant  en  théologie  à 
l'académie  de  Montauban  en  1044,  et  pas- 
teur à  Claye  en  1049.  à  M  eaux  en  1055  et 
à  Guisne  en  1001.  (Mich.  Nicolas.) 

A  Guisne,  Isaac  Albouy  fut  empri- 
sonné à  la  citadelle  pour  ses  prédications 
dénoncées  comme  séditieuses  parle  curé 
du  lieu.  On  l'accusait  d'avoir  invité  les 
tidèles  de  son  église  à   prier  pour  les 


Hollandais  opprimés  et  pour  leurs  frères 
de  Fiance  dont  on  démolissait  les  égli- 
ses, afin  que  Dieu  touchât  le  cœur  du 
roi,  leur  promettant  que  s'ils  se  repen- 
taient de  leurs  péchés  ,  Dieu  leur  susci- 
terait des  libérateurs,  des  Jéroboams, 
des  Jephtés.  des  Mardochées.  des  K-- 
thers,  pour  externtinpr  et  détruire  ceux 
qui  leur  voulaient  du  mal.  Albouy  fut 
mis  en  état  d'arrestation.  Pour  se  justi- 
fier il  adressa  au  roi  une  supplique  avec 
la  copie  de  ses  discours,  démontrant  ainsi 
qu'ils  n'avaient  rien  de  répréhensible.On 
a  conservé  ces  diverses  pièces  et  voici 
textuellement  ce  qu'on  lit  dans  le  ser- 
mon :  «  11  touchera  le  cœur  de  ce  grand 
et  auguste  monarque  soubz  qui  nous 
vivons,  comme  il  fit  celuy  de  Cyrus, 
d'Artaxerxes  et  de  Darius:  il  nous  susci- 
tera auprès  luy  quelque  Néhémie,  quel- 
que Mardochée  ou  quelque  Esther  pour 
travailler  au  rétablissement  de  l'église.  » 
Il  y  a  loin  de  là  à  des  menaces  de  destruc- 
tion et  de  révolte.  Mais  le  curé  pensait 
sans  doute  que  la  fin  justifie  les  moyens. 
Nous  ne  connaissons  pas  d'ailleurs  le 
résultat  du  procès   Arch.  yen.  Tt). 

I .  ALBRET  (maison  d').  Elle  tirait  son 
origine  d'Amanieu.  sire  d'Albret,  mort 
en  1060, et  s'éteignit,  dans  la  ligne  mas- 
culine, en  la  personne  du  marquis  d'Al- 
bret,  mort  en  1078.  Le  vicomte  d'Albret. 
anciennement  Lebret  (Leporetanus  pa- 
ville  principale  Xérac,  érigé  en  du- 
ché par  le  roi  Henri  11  (29  avril  1550), 
fut  réuni  à  la  couronne  de  France  au 
mois  de  juillet  1607.  —  En  1484,  la  mai- 
son d'Albret  acquit  le  royaume  de  Na- 
varre par  le  mariage  de  Jean  d'Albret 
avec  Catherine  de  Foix,  héritière  de  cette 
couronne  ;  mariage  qui  fut  célébré  en 
1491.  La  Navarre  française  ou  Basse- 
Navarre  avait  8  lieues  de  long  sur  5  de 
large,  avec  Saint- Jean-Pied-de-Port  pour 
capitale  ;  la  partie  espagnole  du  royaume 
ou  Haute-Navarre,  située  sur  l'autre  ver- 
sant des  Pyrénées,  avait  30  lieues  de  long 
sur  24  de  large,  capitale  Pampelune.  En 
1512.  Jean  d'Albret  fut  dépouillé,  comme 
allié  de  Louis  XII  et  excommunié  par  le 
pape,  de  toute  la  partie  espagnole  de  ses 
Etats  que  Ferdinand  le  Catholique,  roi 
d'Aragon,  envahit,  et  jamais  la  maison 
d'Albret,  ni  par  les  négociations,  ni  par 
la  ruse ,  ni  par  la  force ,  ne  put  en  re- 


95 


ALBRET 


96 


prendre  possession.  —  La  principauté  de 
Béarn,  qui  relevait  en  partie  de  la  Na- 
varre, en  partie  de  la  France  (26  lieues 
de  long,  22  de  large;  capit.  Pau),  fut 
réunie  à  la  couronne  de  France  avec  la 
Basse-Navarre  en  1620. 

2.  ALBRET  (Jeanne  d'),  et  sa  maison 
[Haag  I,  31-59.  — I,  144,  253,  260;  II, 
131,  165, 168,  429, 435,  437,  454,463, 474, 
515  ;  111,  2,  etc.  etc.  —  (Jean  et  Honorée 
d'),  III,  47;  —  (Isabelle  d')  1,  229;  — 
(Louis  d)  III,  374  a;  —  (Hercule  d') 
V,  279  b). 

Armes  :  Albret  primitif,  de  gueules 
pur  et  sans  pièce.  Au  XVIe  siècle,  écar- 
telé  de  France  et  de  gueules  ;  puis  coupé 
de  8  pièces,  4  en  chef  et  4  en  pointe.  Au 
1  du  chef  de  Navarre,  au  2  de  Bourbon, 
au  3  écartelé  de  France  et  d' Albret,  au 
4  d'Aragon;  au  5  ou  1  de  la  pointe  écar- 
telé (au  1  et  4  de  Foix,  au  2  et  3  de 
Béarn),  au  6  écartelé  d'Armagnac  et  de 
Rhodez,  au  7  d'Evreux,  au  8  écartelé  de 
Castille  et  de  Léon  ;  brochant  sur  le  tout, 
de  Bigorre  (Le  P.  Anselme).  —  Ce  bla- 
son est  un  peu  différent  sur  la  monnaie 
de  Jeanne  d' Albret,  mais  non  moins 
compliqué. 

3.  Jeanne  d' Albret  naquit  le  7  janvier 
1528  de  Henri  II,  duc  d' Albret,  roi  de 
Navarre,  prince  de  Béarn,  et  de  Mar- 
guerite d'Orléans-Angoulême,  sœur  du 
roi  François  Ier.  Elle  était  l'aînée  de 
quatre  enfants,  dont  deux  filles  mortes 
en  naissant  et  un  fils,  Jean,  qui  ne  vé- 
cut que  deux  mois.  Une  si  grande  héritière 
unique  ne  pouvait  être  élevée  loin  des 
yeux  du  roi  de  France  :  avant  l'âge  de 
trois  ans,  elle  fut  amenée  au  Plessis-lez- 
Tours,  où  elle  passa  son  enfance,  confiée 
à  des  femmes  d'une  vertu  éprouvée  et  à 
un  sage  gouverneur,  Nicolas  Bourbon. 
Ces  soins  ne  furent  pas  perdus  :  dès  l'âge 
le  plus  tendre,  Jeanne  fit  paraître  une 
âme  élevée,  une  raison  forte,  une  sensi- 
bilité profonde.  Favoriséepar  d'heureuses 
dispositions  et  par  une  excellente  mé- 
moire, elle  répondit  à  l'attente  des  maî- 
tres habiles  que  sa  mère  lui  avait  don- 
nés; elle  savait  le  français,  le  béarnais, 
l'espagnol  ;  elle  apprit  le  latin  et  le  grec  ; 
sa  plume  annonce  un  esprit  exercé  ;  elle 
se  plaisait  aussi,  imitant  sa  vertueuse  et 
savante  mère,  à  «  composer  en  rime  fran- 
çoise.  »  On  a  d'elle  quatre  sonnets  inter- 


calés dans  un  petit  poème  de  Joachim  du 
Bellay,  intitulé  :  «  Sonnets  à  la  Royne 
de  Navarre  aux  quels  cette  Royne  fait 
elle  mesme  response.  »  Prosper  Mar- 
chand rapporte  aussi,  à  la  suite  de  son 
Dictionnaire,  des  vers  de  cette  princesse, 
et  il  s'en  trouve  quelques-uns  dans  les 
manuscrits  de  laBiblioth.  nationale  (Bé- 
thune  8527,  8703). 

A  peine  Jeanne  d' Albret  fut- elle  âgée 
de  douze  ans  que  sa  personne  commença 
d'entrer  dans  les  combinaisons  politi- 
ques et  d'y  compter  à  son  insu.  Fran- 
çois Ier,  malgré  elle  et  malgré  ses  pa- 
rents, la  maria  le  15  juillet  1540  avec 
Guillaume,  duc  de  Clèves,  dont  il  s'as- 
surait ainsi  l'alliance  contre  l'empereur 
Charles-Quint.  Mais,  aussitôt  après  les 
noces,  pompeusement  célébrées  à  Châ- 
tellerault,  l'épousée,  vu  sa  grande  jeu- 
nesse, fut  emmenée  par  ses  parents  en 
Béarn  pendant  que  le  mari  retournait 
dans  son  duché.  Pourtant,  au  bout  de  trois 
ans,  il  fallut  exécuter  les  engagements 
solennellement  pris,  et  Jeanne  reçut 
l'ordre  de  partir  pour  aller  joindre  son 
époux.  Elle  dut  se  soumettre,  malgré  sa 
répugnance,  lorsqu'au  moment  d'attein- 
dre le  terme  de  son  voyage,  elle  apprit, 
comblée  de  joie,  que  son  mariage  était 
rompu.  La  politique  venait  de  défaire  ce 
que  la  politique  seule  avait  fait.  Guil- 
laume de  Clèves,  battu  par  Charles- 
Quint,  avait  abandonné  François  Ier,  et 
le  mariage  n'ayant  pas  été  consommé, 
ce  ne  fut  qu'une  affaire  de  chancellerie 
papale  de  le  faire  déclarer  nul.  Antoine 
de  Bourbon,  duc  de  Vendôme,  né  en 
1518,  qui  dans  l'esprit  de  François  Ier 
avait  déjà  balancé  la  préférence  donnée 
au  duc  de  Clèves,  l'emporta  cette  fois 
sur  d'autres  compétiteurs,  sur  le  prince 
de  Joinville,  que  poussait  la  maison  de 
Lorraine,  et  sur  Philippe  d'Espagne,  fils 
de  Charles-Quint,  vers  lequel  les  inté- 
rêts de  la  couronne  de  Navarre  faisaient 
incliner  ses  parents.  L'autorité  du  roi 
(c'était  alors  Henri  II)  décida  dans  l'in- 
térêt de  la  France,  et  le  mariage,  où 
cette  fois  la  politique  et  les  cœurs  étaient 
d'accord,  fut  célébré  à  Moulins  le  20  oct. 
1548.  Jeanne  perdit  sa  mère  l'année  sui- 
vante. Elle  donna  le  jour  (21  sept.  153 1 . 
à  un  fils,  le  duc  de  Beaumont,  qui  mou- 
rut dans  sa  deuxième  année,  puis  à  un 


97 


ALBRET 


98 


autre  fils  qui  ne  vécut  pas  non  plus,  en- 
fin (le  13  décembre  1553  à  celui  qui  de- 
vait être  Henri  IV.  Le  25  mai  1555, 
elle  entra,  par  la  mort  de  son  père,  en 
possession  de  tous  ses  Etats  et  do- 
maines. 

Dès  le  règne  de  Marguerite,  mère  de 
Jeanne,  la  Réforme  s'était  introduite  peu 
à  peu  dans  ce  petit  pays.  C'est  sous  les 
auspices  de  cette  princesse  que  la  Bible 
avait  été  traduite  par  Lefêvre  d'Etaples, 
et  les  psaumes  de  David  mis  en  vers  par 
Clément Marot ,« ces  deux  livres  étaient 
devenus  comme  des  livres  de  famille.  » 
Indépendamment  de  tout  motif  politique, 
l'éducation  libérale  que  Jeanne  avait  re- 
çue, et  l'exemple  de  sa  mère  devaient  la 
rendre  très-favorable  aux  idées  nouvelles. 
Elle  eut.  aussi  bien  que  son  mari,  dit  Olha- 
garay  (Hist.  des  comtes  de  Foix,  etc.), 
beaucoup  d'indulgence  pour  la  religion 
réformée  ;  et  il  y  a  beaucoup  d'apparence 
qu'ils  n'eussent  guère  tardé  à  la  profes- 
ser publiquement,  si  les  menaces  du  roi 
de  France,  et  celles  que  le  cardinal  d'Ar- 
magnac leur  faisoit  de  l'indignation  du 
pape,  ne  les  eussent  tenus  en  bride.  » 
Mais,  dès  l'année  1555,  «  la  prédication 
fut  ottroiée,  au  rapport  de  Bèze,  en  la 
grande  sale  du  chasteau  [de  Nérac]  par 
le  roy  et  la  reyne  de  Navarre,  commen- 
.  ans  à  gouster  aucunement  la  vérité,  qui 
print  dès  lors  telle  racine  en  toute  ceste 
contrée-là  combien  qu'il  ne  fust  encores 
mention  d'aucun  ministre  ordinaire)  que 
jamais  depuis  elle  n'en  a  peu  estre  arra- 
chée. » 

Chaque  jour,  Jeanne  donnaitdans  l'ad- 
ministration de  son  royaume  des  preuves 
de  sagesse  et  d'habileté,  qui  contrastaient 
avec  l'incapacité  notoire  de  son  mari.  C'est 
ainsi  qu'elle  sut  détourner  des  Etats  de 
sa  domination  le  fléau  de  l'Inquisition, 
à  l'époque  où  tout  le  reste  de  la  France 
était  couvert  de  bûchers.  A  la  suite  de 
ledit  de  Blois.  appelé  la  loi  des  suspects, 
le  cardinal  Georges  d'Armagnac  avait 
reçu  la  mission  de  purger  les  provinces 
du  Midi  du  poison  de  l'hérésie.  Or,  le 
Béarn  et  la  Basse-Xavarre  lui  offraient 
un  trop  beau  champ  à  remuer  pour  qu'il 
négligeât  d'y  appliquer  le  remède  souve- 
rain dont  use  en  pareil  cas  un  grand  in- 
quisiteur. Il  y  vint  donc;  mais,  au  lieu 
d  une  faible  femme  que  la  menace  sub- 


jugue, il  trouva  une  reine  jalouse  de  ses 
droits  et  capable  de  les  faire  respecter.  Le 
ministre  Boisnormand ,  autrement  dit  Le 
Guay  ou  La  Pierre,  Normand  d'origine, 
et  La  Gaucherie,  précepteur  du  jeune 
prince  de  Navarre,  ayant  été  excommu- 
niés, eux  etleurs  adhérents,  par  le  prélat, 
la  reine  n'en  tint  aucun  compte  ;  le  mi- 
nistre Henri  Barran  ayant  été  arrêté  et 
jeté  en  prison  par  ordre  du  cardinal,  la 
reine  le  fit  remettre  en  liberté.  Elle  ré- 
sista de  même  aux  exigences  du  gouver- 
nement français  qui  lui  avait  demandé 
l'extradition  des  ministres  Pierre  David, 
Arnaud-Guillaume  Barbaste.  François 
Boisnormand,  Théodore  de  Bèze,  et  plu- 
sieurs autres  retirés  dans  ses  domaines, 
pour  les  livrer  à  ses  tribunaux  et  les 
faire  condamner  comme  hérétiques.  Elle 
se  contenta  de  les  éloigner  de  sa  cour  de 
Nérac. 

Survint  la  conjuration  d'Amboise  et 
son  déplorable  résultat.  Malgré  les  pres- 
santes sollicitations  de  Jeanne,  le  prince 
de  Condé,  retiré  dans  la  Navarre,  s'était 
rendu  aux  ordres  qui  le  rappelaient  à  la 
cour  ;  Antoine  avait  accompagné  son 
frère.  Après  leur  départ  de  Nérac,  la 
reine  de  Navarre  se  retira  dans  le  Béarn. 
Elle  ne  tarda  pas  à  y  apprendre  l'arres- 
tation du  prince  et  les  périls  que  courait 
son  mari.  L'ordre  même  avait  été  donné 
d'envahir  ses  propres  Etats  et  de  l'arrê- 
ter avec  ses  enfants.  Une  armée  espa- 
gnole était  déjà  en  marche.  Pressée  par 
le  danger,  la  reine  se  multiplie;  elle- 
même  voit  tout,  pourvoit  à  tout;  elle 
garnit  ses  frontières  de  ses  meilleures 
troupes,  approvisionne  ses  places,  et, 
après  avoir  pris  toutes  ses  dispositions 
pour  conjurer  une  agression  armée,  elle 
se  renferme  avec  ses  enfants  dans  la 
place  de  Navarreins. 

La  mort  de  François  II  (5  déc.  1560) 
changea  subitement  la  face  des  choses. 
Antoine  de  Bourbon,  nommé  lieutenant 
général  du  royaume,  appela  Jeanne  au- 
près de  lui  avec  ses  enfants.  L'habile 
reine  mère  joignit  ses  instances  aux 
siennes  ;  elle  lui  écrivit  qu'elle  désirait 
ardemment  de  la  voir  à  la  cour,  elle  et 
ses  enfants  qu'elle  appelait  siens,  et  que, 
pour  resserrer  de  plus  en  plus  l'amitié 
qui  l'unissait  à  elle,  elle  lui  proposait,  de 
concert  avec  Antoine,  de  marier  son  se- 


99 


ALBRET 


100 


cond  fils,  le  duc  d'Anjou,  avec  sa  tille 
Catherine  d'Albret. 

La  reine  Jeanne  partit  donc  avec  ses 
enfants.  Parmi  les  personnes  de  sa  suite 
était  le  ministre  Jean  de  La  Tour,  qui 
avait  été  désigné  pour  prendre  part  au 
fameux  colloque  de  Poissy.  Mais  le  ciel 
ne  tarda  pas  à  s'assombrir.  Les  habiles 
menées  de  l'ambassadeur  d'Espagne  et 
du  légat,  secondées  par  les  Guises  et  la 
reine  mère,  avaient  réussi  à  détacher 
Antoine  du  parti  de  la  Réforme,  et  à  l'é- 
loigner de  la  reine,  sa  femme,  qu'on  lui 
persuada  même  de  répudier. 

Jeanne,  le  cœur  brisé,  quitta  la  cour 
vers  la  mi-juillet  ;  elle  dut  se  séparer  de 
son  fils,  qu'elle  laissa  à  Paris  avec  le 
précepteur.LaGawc/iene.Une  suite  nom- 
breuse de  gentilshommes  protestants  et 
catholiques  s'étaientjoints  spontanément 
à  elle.  Montluc,  qui  commandait  dans 
les  environs  deNérac,  avait  reçu,  ditron, 
l'ordre  de  l'arrêter  au  passage.  Instruite 
à  temps  de  cette  perfidie  de  son  mari, 
Jeanne  en  donna  avis  à  ses  sujets  du 
Béarn,  «  qui  soubs  la  conduite  du  sieur 
d'Audaux,  l' allèrent  accueillir  au  rivage 
de  la  rivière  de  Garonne.  »  Montluc, 
dont  les  forces  étaient  trop  inférieures, 
n'osa  rien  entreprendre. 

L'arrivée  de  la  reine  servit  beaucoup 
ceux  de  la  religion  qui,  poursuivis  par 
toute  la  France,  se  retiraient  en  Béarn 
comme  en  un  asile.  Les  menaces  de 
Montluc  la  forçaient  bien  de  leur  faire 
commandement  de  vider  le  pays,  mais 
secrètement  elle  leur  faisait  dire  le  con- 
traire. Le  roi,  son  mari,  en  ayant  été 
averti,  dépêcha  JeanLescripvain,  son  se- 
crétaire, avec  mission  de  faire  chasser 
tous  ces  étrangers  par  le  parlement  de 
Béarn  et  d'interdire  tout  exercice  de  la 
religion  réformée  dans  le  pays,  et  il  avait 
ordre  de  ne  rien  communiquer  de  sa 
charge  à  la  reine.  Mais  Jeanne  sut  tout, 
et  le  secrétaire  n'eut  pas  plutôt  mis  le 
pied  en  Béarn  qu'elle  le  ht  constituer 
prisonnier  avec  ses  lettres,  instructions 
et  commissions.  Elle  fit  enfin  un  éclat 
public.  «  L'an  1501,  à  la  cène  de  Noël, 
elle  abjura  à  Pau  la  religion  romaine  et 
rei 'fust  la  réformée,  et  après  avoir  fait 
confession  de  sa  foy,  communiqua  au 
sacrement  de  la  sainte  cène  suivant  la 
forme  de  ladite  religion.  »  (Bordenave.) 


La  sourde  lutte  entre  le  mari  et  la  femme 
cessa  l'année  suivante  par  la  mort  d'An- 
toine, frappé  d'un  coup  de  feu  au  siège  de 
Rouen  (19  nov.  1562).  Dès  lors,  Jeanne 
donna  libre  cours  à  ses  desseins.  «  Elle 
deffendit  absolument  partout,  dit  Olha- 
garay,  l'exercice  de  la  religion  romaine, 
fit  abbattre  les  images  et  les  autels,  et 
envoya  à  Genève  pour  avoir  le  sieur  du 
Merlin  [Raymond  Merlin];  et  peu  de 
temps  après  à  grands  frais,  elle  rappela 
une  vingtaine  de  ministres  béarnois  pour 
prescher  en  la  langue  du  pays,  et  quel- 
ques basques  pour  instruire  sa  Basse-Na- 
varre, et  surtout  deffendit  toutes  proces- 
sions publiques.  »  Un  synode  s'assembla 
à  Pau  (sept.  1563)  et  dressa  un  corps  de 
discipline  ecclésiastique  (que  l'on  a  en- 
core, aux  Archives  des  Basses -Pyré- 
nées). Les  monastères,  pour  la  plupart 
abandonnés,  furent  transformés  en  éco- 
les ;  les  églises  en  temples  protestants  ou 
consacrées  aux  deux  cultes  ;  les  biens  ec- 
clésiastiques réunis  aux  domaines  de  la 
couronne.  Jeanne  appliqua  une  partie  de 
ces  revenus  au  soulagement  des  pauvres, 
à  l'entretien  des  ministres  et  à  la  prospé- 
rité de  son  collège  d'Orthez.  Cet  établis- 
sement de  haute  instruction  avait  d'abord 
été  fondé  à  Lescar;  Jeanne  le  transféra 
àOrthez,  et  y  appela  des  professeurs  dis- 
tingués. Après  sa  mort,  Henri  de  Na- 
varre ne  fit  sans  doute  qu'observer  ce 
qu'elle  avait  institué  elle-même,  en  en- 
tretenant constamment  dans  cette  «  uni- 
versité bien  pourveuë  de  gens  doctes,  » 
dit  Du  Plessis-Mornay,  «  cinquante  esco- 
liers  en  théologie,  chascun  l'espace  de  dix 
ans,  pour  servir  au  ministère  de  l'Evan- 
gile. » 

La  reine  créa  aussi  un  conseil  ecclé- 
siastique pour  administrer  les  biens  pro- 
venant de  la  dépouille  des  églises.  Ce 
conseil  ne  pouvait  rien  décider  que  par 
l'ordre  immédiat  de  la  cour  souveraine 
et  de  la  reine.  Tout  était  si  bien  prévu, 
les  pouvoirs  si  bien  distribués,  que  les 
pauvres,  les  écoles,  les  hôpitaux,  les  mi- 
nistres, l'entretien  du  culte,  furent  abon- 
damment pourvus,  et  que  la  mendicité 
même,  cette  plaie  sociale,  n'exista  plus 
dans  le  royaume  de  Navarre.  Gest  alors 
que  Jeanne  conçut  le  projet  de  faire  tra- 
duire en  langue  basque  le  Nouveau  Tes- 
tament, ainsi  que  le  catéchisme  et  la  li- 


lui 


ÂLBRET 


IU2 


turgie  de  Genève.  Cette  traduction,  due 
à  Jean  de  Liçarrague.  parut  à  La  Ro- 
chelle, en  1571.  Vers  la  même  époque, 
elle  publia  son  Code  de  procédure,  sous 
le  titre  de  Stil  de  la  reine  Jehanne.  Elle 
avait  mis  six  ans  à  le  perfectionner.  On 
le  cite  comme  un  chef-d'œuvre  de  sa- 
gesse et  de  raison,  et  un  des  plus  beaux 
monuments  de  sa  gloire.  Les  Etats  du 
Béarn  et  ceux  de  la  Navarre  l'accueilli- 
rent avec  reconnaissance. 

Cependant  le  saint-siége  avait  résolu 
de  frapper  un  grand  coup.  Le  pape  Pie  I V , 
à  la  sollicitation  du  roi  d'Espagne,  donna 
l'ordre  à  ses  inquisiteurs,  par  une  bulle 
du  7  avril  1563,  d'excommunier  tous  les 
hérétiques  ou  suspects  d'hérésie,  sans 
considération  de  rang  ou  de  titres.  Jeanne 
était  trop  coupable  aux  yeux  du  souve- 
rain pontife  pour  que  sa  couronne  fût 
respectée.  Mais,  avant  d'en  venir  aux  ex- 
trémités, Pie  IV  voulut  au  moins  donner 
à  ses  actes  une  apparence  de  modération. 
11  chargea  le  cardinal  Georges  d'Arma- 
gnac, archevêque  et  léuat  d'Avignon,  de 
tenter  un  dernier  effort  pour  ramener  la 
brebis  égarée  dans  le  giron  de  1  Eglise. 
Le  cardinal  lui  adressa  donc  une  longue 
lettre:  mais  tout  ce  qu'il  put  obtenir,  ce 
fut  un  refus  énergique. 

La  bulle  de  Rome  ne  se  fit  pas  atten- 
dre. Le  -28  septembre  1963,  Pie  IV  cita 
la  reine  à  comparaître  devant  le  tribunal 
de  l'Inquisition  dans  le  délai  de  six  mois, 
«  déclarant  que  si  elle  ne  comparoissoit, 
ses  terres  et  seigneuries  seroient  pros- 
crites et  que  sa  personne  auroit  encouru 
toutes  les  peines  portées  contre  les  hé- 
rétiques. »  Cette  démonstration  allait  trop 
loin  et  dépassait  le  but.  En  visant  la  vas- 
sale du  roi  de  France  elle  atteignait  le  roi 
•lui-même.  Charles  IX  ne  cacha  pas  qu'il 
ressentait  vivement  l'offense,  et  le  saint- 
siége  dut  révoquer  sa  bulle. 

Cependant  la  faveur  ouverte  que  Jeanne 
donnait  à  la  réforme  religieuse  dans  ses 
Etats  y  causait  des  soulèvements  qui 
prenaient  de  jour  en  jour  un  caractère 
plus  alarmant.  Pamiers  avait  été  le  théâ- 
tre de  scènes  sanglantes.  La  fermenta- 
tion des  esprits  était  extrême.  Le  comté 
de  Foix,  le  Béarn,  la  Basse-Navarre, 
furent  successivement  troublés.  Si,  d'un 
côté,  les  catholiques  étaient  incessam- 
ment travaillés  par  des  agents  de  sédi- 


tion :  de  l'autre,  les  protestants  étaient 
peu  portés  à  la  tolérance;  à  leurs  yeux, 
la  liberté  des  cultes  que  Jeanne,  dans  sa 
saaesse,  s'efforçait  de  fonder,  était  un 
outrage  à  la  Divinité,  ou  tout  au  moins 
une  utopie.  La  reine  seule  devançait  son 
siècle.  Elle  courut  alors  de  grands  dan- 
gers. Un  complot,  dans  lequel  étaient 
entrés  les  chapitres  de  Lescar  et  d'Olé- 
ron,  avait  été  tramé  pour  l'enlever  avec 
ses  enfants,  s'emparer  des  principales 
places  du  Béarn,  et  tomber  sur  les  pro- 
testants au  moment  où  ils  célébreraient 
la  Cène.  Heureusement  qu'un  des  chefs 
des  conjurés,  le  baron  de  Moneins,  le 
trahit  à  la  veille  de  l'exécution.  La  fer- 
meté de  Jeanne,  sa  prudence  et  sa  mo- 
dération finirent  par  rétablir  le  calme 
dans  son  royaume. 

En  France,  la  guerre  civile  inaugurée 
en  1562  (1er  mars)  par  le  massacre  de 
Vussy,  ne  s'apaisait  que  par  intervalles. 
Charles  IX,  désirant  sans  doute  enlever 
au  parti  des  réformés  l'appui  de  la  reine 
de  Navarre,  la  pressait  vivement  de  se 
rendre  à  la  cour  de  France,  ou  d'y  en- 
voyer au  moins  son  fils  ;  c'était,  selon  lui, 
le  seul  moyen  de  fonder  solidement  la 
paix  et  de  prévenir  une  guerre  qui  pou- 
vait entraîner  la  ruine  de  la  France. 
!a  reine,  qu'un  motif  généreux  eût 
pu  déterminer,  était  trop  clairvoyante 
pour  ne  pas  démêler  les  véritables  in- 
tentions du  monarque:  elle  résista  donc 
à  toutes  ses  instances.  Cependant,  pour 
répondre  à  la  confiance  qu'il  paraissait 
lui  témoigner,  elle  dressa  les  principales 
bases  d'un  traité  de  paix,  qu'elle  chargea 
de  La  Vaupillière,  un  de  ses  premiers 
gentilshommes,  de  lui  porter  (7  juillet 
1568).  Charles  IX  répondit  à  chacun  des 
articles,  louant  la  sagesse  qui  les  avait 
dictés,  et  protesta  de  son  ardent  désir 
que  fédit  de  paix  fût  pleinement  exé- 
cuté, sans  acception  de  personnes.  On 
doit  croire  que  les  intentions  du  jeune 
monarque  étaient  loyales  et  sincères; 
mais  après  la  disgrâce  du  chancelier  de 
L'Hospital,  qui  suivit  de  près,  les  choses 
changèrent  subitement  d'aspect.  La 
guerre  fut  déclarée.  «  Médicis  et  le  duc 
d "Anjou,  aussi  bien  que  la  maison  de 
Lorraine,  dit  Le  Laboureur,  rendirent  la 
cause  des  protestants  juste,  en  mettant 
la  reine  de  Navarre,  Condé  et  tout  le 


103 


ALBRET 


4  (M 


parti  dans  la  pressante  nécessité  de  dé- 
fendre leur  vie  :  la  paix  indignement 
violée,  légitima  la  défense.  » 

Le  maréchal  de  Montluc,  qui  parta- 
geait avec  Burie  le  gouvernement  de  la 
Guyenne,  avait  reçu  l'ordre  de  surveiller 
les  démarches  de  la  reine  de  Navarre.  11 
lui  écrivit  même  qu'au  premier  mouve- 
ment qu'elle  tenterait,  il  pénétrerait  dans 
ses  Etats.  Jeanne,  dans  sa  réponse,  dis- 
simula son  indignation  ;  et,  pour  mieux 
lui  donner  le  change  sur  ses  intentions, 
elle  invita  la  maréchale  et  ses  enfants  à 
une  fête  de  famille.  Montluc  tomba  dans 
le  piège;  tandis  qu'il  envoie  sa  femme  à 
Nérac,  la  reine  part  de  cette  ville  avec 
son  fils  et  sa  fille,  accompagnée  seule- 
ment de  cinquante  gentilshommes  ;  c'é- 
tait le  6  septembre  1568.  Le  16  elle 
adressa,  de  Bergerac,  au  roi  et  à  la 
reine,  mère,  deux  lettres  d'explications, 
pleines  de  patriotisme  et  de  dignité  (rap- 
portées par  Bordenave,  p.  157). 

En  route,  elle  fut  rejointe  par  les  capi- 
taines Piles,  Saint-Maigrin  et  Monta- 
mar,  à  la  tête  d'environ  4,000  hommes, 
avec  4  compagnies  de  cavalerie,  assez 
mal  équipées,  sous  les  ordres  de  Fonte- 
naille,  La  Mothe-Pujaut,  Sainte-Terre 
et  Brignac.  De  Bergerac  où  elle  arriva 
heureusement,  mais  poursuivie  de  près 
par  Montluc,  Jeanne  se  dirigea  sur  Mu- 
cidan.  Elle  y  trouva  Briquemaut  qui 
l'attendait  avec  un  corps  de  troupes,  et 
qui  l'escorta  jusqu'à  Archiac,  où  eut  lieu 
son  entrevue  avec  le  prince  de  Gondé. 
Elle  lui  présenta  son  fils  «  qu'elle  voua, 
tout  jeune  qu'il  estoit  (Henri  n'avait 
pas  15  ans),  a  la  deffence  de  la  cause.  » 
Le  29  septembre,  vingt-trois  jours  après 
son  départ  de  Nérac,  Jeanne  fit  son 
entrée  à  La  Rochelle,  le  rendez-vous 
général  de  tous  les  chefs  des  confédérés, 
et  aussitôt,  après  son  arrivée,  publia  un 
manifeste  pour  justifier  sa  conduite. 

Dans  les  idées  du  temps,  le  comman- 
dement de  l'armée  appartenait  de  droit 
au  jeune  Henri  de  Navarre,  premier 
prince  du  sang  ;  Gondé  voulut  donc  s'en 
démettre  en  sa  faveur.  Mais  Jeanne  in- 
sista pour  qu'il  le  retînt,  au  nom  du 
salut  commun,  «  étant  elle  et  les  siens 
prêts  à  lui  obéir  en  tout  et  partout.  » 
Elle-même  consentit,  sur  ses  instances, 
à  accepter   le    gouvernement  civil   de 


l'armée,  en  même  temps  qu'il  exercerait 
le  commandement  militaire.  A  quelques 
jours  de  là,  elle  se  rendit  à  Tonnay- 
Gharente,  où  elle  revêtit  elle-même  son 
fils  de  ses  armes  :  «  Le  contentement 
de  soutenir  une  si  belle  cause,  dit-elle, 
surmontoit  en  moi  le  sexe,  en  lui  l'âge.  » 
La  vengeance  ne  se  fit  pas  attendre. 
Le  parlement  de  Toulouse  reçut  l'ordre 
de  saisir  les  domaines  de  la  reine  de 
Navarre,  et  sous  couleur  que  cette  prin- 
cesse était  prisonnière  avec  son  fils  dans 
le  camp  ennemi,  et  que,  pendant  sa  cap- 
tivité, le  roi,  en  bon  parent,  devait 
veiller  à  la  conservation  de  ses  Etats, 
on  commanda  au  baron  de  Lusse  de 
s'emparer  du  Béarn.  L'état  de  la  Na- 
varre devenait  de  plus  en  plus  inquiétant, 
et  cependant  les  revers  éprouvés  par  les 
armes  des  protestants  ne  permettaient 
pas  d'y  faire  passer  de  secours.  La  mal- 
heureuse bataille  de  Jarnac,  suivie  de 
l'assassinat  du  prince  de  Condé  (13  mars 
1569),  vint  jeter  la  consternation  dans 
les  rangs  huguenots.  A  la  nouvelle  de 
cette  défaite,  Jeanne  ne  se  laissa  point 
abattre.  Elle  quitte  aussitôt  La  Ro- 
chelle, et  à  travers  tous  les  périls,  elle 
arrive  à  Tonnay-Gharente,  où  les  dé- 
bris de  l'armée  s'étaient  ralliés.  Elle 
était  accompagnée  du  jeune  prince  de 
Navarre,  «  qu'elle  présenta,  dit  d'Aubi- 
gné,  au  gros  de  la  cavalerie  à  part,  et 
puis  à  celui  de  l'infanterie;  et  là  après 
avoir  preste  un  serment  notable  sur  son 
ame,  honneur  et  vie,  de  n'abandonner 
jamais  la  cause,  en  receut  un  réciproque, 
et  quant-et-quant  fut  proclamé  chef  avec 
cris  et  exaltations;  les  cœurs  estans 
merveilleusement  esmeus  par  une  ha- 
rangue de  la  Roine ,  qui  mesla  d'une 
belle  grâce  les  pleurs  et  les  souspirs  avec 
les  résolutions;  cette  princesse  ayant 
par  les  tressauts  de  courage  effacé  les 
termes  des  regrets,  l'armée  après  un 
grand  salve  se  sépara.  »  L'enthousiasme 
était  à  son  comble  ;  mais  il  s'agissait  de 
trouver  des  ressources  en  argent.  Le 
sacrifice  que  fit  Jeanne  de  ses  riches 
pierreries  ne  pouvait  fournir  qu'un  se- 
cours momentané.  Elle  proposa  donc  la 
vente  des  biens  ecclésiastiques  situés 
dans  les  provinces  conquises,  avec  ga- 
ranties aux  acquéreurs  sur  ses  propres 
domaines  et  sur  ceux  de  ses  enfants. 


iOo 


ALBRET 


106 


Son  avis  fut  aussitôt  partagé,  et  les 
principaux  chefs  des  confédérés  imitè- 
rent son  généreux  exemple.  Ayant  ainsi 
relevé  la  confiance  de  l'armée,  Jeanne 
retourna  à  La  Rochelle,  où  elle  fut  ac- 
cueillie avec  les  plus  vifs  transports  de 
joie. 

Cependant  le  Béarn  était  à  peu  près 
perdu.  Pau  venait  de  capituler.  D'Arros 
etMontamar  que  la  reine  avait  nommés 
pour  commander  en  son  nom  s'étaient 
jetés  dans  Navarreins  avec  le  peu  de 
Béarnais  restés  fidèles.  Ils  s'y  maintin- 
rent avec  une  bravoure  incomparable. 
Toutes  les  tentatives  faites  pour  s'em- 
parer de  cette  place  tournèrent  à  la 
confusion  des  assiégeants.  L'heureuse 
jonction  des  reitres,  commandés  par  le 
duc  de  Deux-Ponts,  avec  l'armée  de 
Coligny,  permit  à  Jeanne  de  consacrer  à 
la  défense  de  ses  propres  Etats  les  se- 
cours en  munitions  et  en  argent  que  lui 
fit  passer  la  reine  Elisabeth.  Les  vi- 
comtes Gourdon,  Paulin,  Bourniquel  et 
Monclar  avaient  reçu  l'ordre  de  lover 
des  troupes  dans  le  Quercy.  l'Albigeois 
et  le  Lauraguais.  Leur  armée  était  oc- 
cupée à  tenir  en  échec  Damvilleet  Mont- 
luc,  en  attendant  une  nouvelle  destina- 
tion. Le  fidèle  Henri  d'Albret-Min- 
s'était  joint  à  eux.  Mais  des  rivalités 
étant  à  craindre  dans  l'armée  des  Vi- 
comtes, et  par  suite  le  manque  d'unité 
dans  les  opérations.  Jeanne  songea  à 
lui  donner  un  commandant  en  chef 
dont  le  mérite  fût  tellement  supérieur, 
qu'il  fit  taire  toutes  les  jalousies.  S. m 
choix  s'arrêta  sur  Montgommery.  Ce 
brave  capitaine  prit  congé  de  la  reine  en 
lui  jurant  ■  de  périr  ou  de  recouvrer  ses 
Etats.  »  Le  succès  passa  son  espérance; 
il  marcha  de  victoire  en  victoire.  En 
moins  de  deux  mois,  le  pays  de  Foix. 
le  Bigorre,  le  Béarn  furent  replacés 
sous  la  domination  de  la  reine  de  Na- 
varre, qui  recouvra  ainsi,  dit  Montluc. 
«  ce  que  plus  tard  la  force,  ni  les  traités, 
ni  les  prières  n'eussent  jamais  pu  arra- 
cher à  Charles  IX.  »  Le  -23  août,  Pau,  le 
dernier  boulevard  de  la  révolte,  ouvrit 
ses  portes  au  vainqueur.  Le  célèbre  mi- 
nistre Viret,  que  les  rebelles  avaient 
épargné  au  milieu  de  toutes  les  exécu- 
tions dont  ils  avaient  ensanglanté  la 
ville ,    rendit    publiquement    grâces   à 


Dieu  d'une  délivrance  aussi  inespérée. 

Dès  que  Jeanne  eut  connaissance  de 
l'heureuse  issue  de  la  guerre,  elle  com- 
manda à  Montgommery7  de  remettre 
toutes  choses  en  leur  ancien  état.  A  cet 
effet,  un  synode  fut  convoqué;  le  con- 
seil souverain  rétabli,  et  tous  les  officiers 
civils  réintégrés  dans  leurs  charges.  La 
liberté  des  cultes  fut  maintenue  dans  la 
Basse-Navarre.  D'Arros  et  Montamar 
furent  continués  dans  leurs  fonctions 
de  lieutenants  généraux.  Montgommery, 
ne  jugeant  plus  sa  présence  nécessaire 
en  Béarn,  songea  alors  à  se  frayer  un 
passade  à  travers  les  rangs  des  catho- 
liques pour  se  réunir  à  l'armée  des  con- 
fédérés. 

Mais  le  calme  n'était  qu'apparent.  Le 
pays  des  Basques,  le  Bigorre,  la  vallée 
d'Aspe  reprirent  les  armes.  Le  duc  d'An- 
jou leur  annonçait  l'envoi  de  puissants 
secours.  Le  danger  devenait  pressant. 
D'Arros  et  Montamar  marchèrent  con- 
tre les  révoltés  et  les  taillèrent  en  pièces. 
«  La  reine  de  Navarre,  dit  son  histo- 
rien, voyant  que  ni  la  tolérance,  ni  l'ou- 
bli même  du  passé  n'avaient  pu  toucher 
les  rebelles,  envoya  de  La  Rochelle  une 
nouvelle  ordonnance  qui  obligeait  tous 
les  ecclésiastiques,  prêtres,  moines  et 
reliaieux  qu'elle  appelait  tes  ennemis  de 
l'Etat  et  les  siens,  de  sortir  du  Béarn; 
elle  en  excepta  seulement  ceux  qui 
voudraient  s'engager  par  serment  à  se 
soumettre  aux  lois  nouvelles;  elle  ga- 
rantit aux  ecclésiastiques  la  tranquille 
jouissance  de  leurs  revenus  ou  béné- 
fices, en  offre  même  à  ceux  qui  n'en  ont 
point,  mais  sous  l'expresse  condition 
que  les  uns  et  les  autres  abandonneront 
la  religion  romaine  pour  suivre  la  reli- 
gion réformée.  Par  la  même  ordonnance, 
elle  enjoint  à  tous  les  habitants  d'.. 
ter  aux  prêches,  et  elle  interdit  en  Béarn 
tout  exercice  de  la  liturgie  romaine;  elle 
la  tolère  en  Navarre,  ou  plutôt  elle  l'y 
laisse  telle  qu'elle  a  toujours  été,  abso- 
lue, dominante.  Puis  elle  ordonne  à 
tous  ses  sujets  de  vivre  en  paix,  et  leur 
défend,  sous  peine  de  la  vie,  de  rappeler 
le  passé.  » 

La  défaite  de  Moncontour(3  oct.  I 
fournit  une  fois  de  plus  à  la  reine  de 
Navarre  l'occasion  de  montrer  son  grand 
caractère.  Aussitôt  que  la  nouvelle  lui 


107 


ALBRET 


408 


en  fut  parvenue,  elle  partit  de  La  Ro- 
chelle, bravant  tous  les  dangers  «  pour 
tendre  la  main  aux  affligés  et  aux  af- 
faires, »  et  arriva  à  Parthenay  au  milieu 
des  débris  de  l'armée  de  Coligny.  Sa 
présence  ramena  la  confiance.  Elle  ha- 
rangua le  soldat,  présida  aux  délibéra- 
tions des  chefs,  commandant  l'admira- 
tion de  tous  par  la  grandeur  de  ses 
résolutions,  la  sagesse  de  ses  conseils. 
Elle  exigea  qu'à  l'avenir  les  deux  princes, 
ses  fils  (elle  donnait  aussi  ce  nom  au  fils  de 
Condé),  prissent  une  part  active  aux  opé- 
rations de  l'armée,  qu'ils  s'associassent 
aux  dangers  des  chefs.  Le  plan  de  cam- 
pagne étant  adopté,  la  reine  retourna  à 
La  Rochelle,  dont  la  défense  lui  fut 
spécialement  confiée;  La  Rochefoucault 
et  La  Noue  lui  furent  donnés  pour  la 
seconder. 

Jeanne  ne  resta  pas  inactive.  Par  ses 
soins,  une  nouvelle  armée  se  recruta 
dans  les  provinces  de  l'ouest  ;  elle  en 
nomma  chef  son  cousin  René  de  Rohan. 
Un  brillant  fait  d'armes  de  La  Noue 
dans  le  Poitou  et  la  reprise  de  plusieurs 
villes  sur  les  catholiques  relevèrent  les 
courages  abattus.  La  reine  s'appliqua  en 
même  temps  à  créer  des  ressources  au 
moyen  de  bâtiments  armés  en  course. 
La  ville  de  La  Rochelle,  dit  La  Noue, 
«  équippa  et  arma  quantité  de  vaisseaux 
qui  firent  plusieurs  riches  prises,  dont  il 
revint  de  grands  deniers  à  la  cause  gé- 
nérale ;  car,  encore  qu'on  ne  prist  alors 
que  le  dixiesme  pour  le  droit  d'admi- 
rauté,  on  ne  laissa  d'en  tirer  proiit  plus 
de  trois  cens  mille  livres.  >>  Jean  Sore 
commandait  cette  flottille. 

Cependant  les  affaires  de  la  guerre 
n'absorbaient  pas  tellement  l'activité  de 
la  reine  de  Navarre,  qu'elle  ne  trouvât 
encore  le  temps  de  composer  ou  de  ré- 
pandre une  foule  d'écrits  dans  l'intérêt 
de  son  parti.  En  outre,  elle  visitait  cha- 
que jour  les  hôpitaux,  soignant  souvent 
elle-même  les  blessés;  c'est  sur  ses 
instantes  prières  que  le  brave  et  vertueux 
La  Noue  consentit  à  se  laisser  amputer 
un  bras  où,  à  la  suite  d'une  blessure 
reçue  au  siège  deFontenay,  la  gangrène 
s'était  mise  ;  elle  eut  même  la  force  de 
l'assister  durant  l'opération.  Sa  cour,  au 
rapport  de  l'oratorien  Arcère  (Hist.  de 
La   Rochelle,  etc.),   était  brillante  et 


nombreuse  :  on  y  voyait  Françoise  d'Or- 
léans, veuve  de  Lavis  de  Bourbon,  prince 
de  Condé;  Françoise  de  Rohan,  dame 
de  Nemours;  Anne  de  Salm,  veuve  de 
d'Jndelot  ;  Béraude  de  Ferrières,  épouse 
de  Jean  de  Lafin-de-Salins,  seigneur  de 
Beauvoir;  François,  comte  de  La  Roche- 
foucault, prince  de  Marcillac,  et  Char- 
lotte de  Roye,  son  épouse  ;  François  de 
Béthune,  baron  de  Rosny  ;  Philippe 
Douarti,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
chambre  du  roi  ;  François  Du  Fou,  sei- 
gneur du  Vigean  ;  Charles  Poussard  de 
Fors  et  Marguerite  de  Bazoche,  son 
épouse. 

Cependant,  «  il  sembloit,  écrit  La 
Noue,  que  le  bonheur  voulust  relever 
ceux  qui  avoient  esté  atterrés  ;  car  l'ar- 
mée des  princes  avoit  fait  une  brave  teste 
à  celle  du  roy  à  René-le-Duc  [Arnay-le- 
Duc].  La  Gascogne,  le  Languedoc  et  le 
Dauphiné  menoient  la  guerre  plus  forte 
qu'auparavant.  Le  pays  de  Béarn  avoit 
esté  reconquis  ;  et  en  Poictou  et  Sain- 
tonge  ceux  de  la  Religion  eurent  de 
très-bonnes  aventures ,  en  ce  que  les 
deux  vieux  régiments  furent  défaits  et 
plusieurs  villes  prises.  Tout  cela,  ra- 
massé avec  d'autres  occasions  secret  tes 
et  particulières,  disposa  le  roy  et  la  royne 
à  condescendre  à  la  paix,  laquelle  fut  pu- 
bliée au  mois  d'aoust  (1570).  »  Cette  pu- 
blication fut  faite  à  La  Rochelle  le  26, 
raconte  L'Estoile,  «  devant  le  logis  où 
étoit  la  reine  de  Navarre  aux  fenêtres, 
étant  avec  elle  madame  la  princesse  sa 
fille,  et  leurs  demoiselles,  et  aussi  y  étoit 
M.  de  La  Rochefoucault,  M.  Des  Ro- 
ches, premier  écuyer  du  roi,  et  plusieurs 
autres  grands  seigneurs  et  gentilshom- 
mes; les  deux  trompettes  du  roi  sonnè- 
rent par  trois  fois,  puis  le  roi  d'armes  de 
Dauphiné,  accompagné  des  rois  d'armes 
d'Anjou  et  Bourgogne,  lut  et  publia  l'é- 
dit  de  pacification;  ce  fait,  la  reine  de 
Navarre  lit  faire  la  prière  par  Du  Nort, 
ministre  de  l'Eglise  de  La  Rochelle,  et  à 
la  lin  des  prières,  toutes  les  artilleries 
de  La  Rochelle  tirèrent.  » 

La  reine  Jeanne  ne  partagea  cepen- 
dant pas  l'allégresse  générale.  Sans 
doute  l'édit  de  paix  accordait  aux  reli- 
gionnaires  des  avantages  inespérés  ;  mais 
il  eût  fallu  n'avoir  retiré  aucun  fruit  des 
leçons  du  |iassé,  pour  croire  à  la  sijiré- 


109 


ALBRET 


110 


rite  de  la  cour  de  Médicis.  Tant  que  les 
Guises  continueraient  à  siéger  dans  les 
conseils  de  la  couronne,  tant  que  Ca- 
therine gouvernerait  l'esprit  de  son  fils, 
il  n'y  avait  pas  de  paix  sérieuse  à  atten- 
dre: tout  traité  dans  un  but  de  pacifica- 
tion ne  pouvait  être  considéré  que  comme 
une  trêve.  Jeanne,  avec  son  jugement 
sur  et  sa  raison  calme,  le  sentait  trop 
vivement  pour  s'abandonner  à  des  illu- 
sions. Selon  elle,  une  mort  honnête,  mors 
honnesta  (comme  portait  1" exergue  des 
médailles  qu'elle  avait  fait  frapper  pour 
les  distribuer  aux  chefs  des  confédérés) 
eût  été  préférable  à  une  sécurité  trom- 
peuse. Elle  savait  par  expérience  com- 
bien était  vrai  ce  qu'avance  Pasquier 
o  qu'on  avoit  plus  ôté  aux  Huguenots 
par  des  édits  pendant  la  paix  que  par  la 
force  pendant  la  guerre.  »  Ses  défiances 
étaient  donc  bien  légitimes.  Aussi  per- 
sista-t-elle  à  rester  à  La  Rochelle  avec 
les  principaux  chefs  du  parti.  Toutes  les 
instances  de  la  reine  mère  pour  l'attirer 
à  la  cour  furent  vaines.  Cest  alors  que 
Charles  IX  résolut  de  tenter  un  dernier 
effort.  Il  lui  députa  Gonnor,  maréchal  de 
Cossé,  l'ami  particulier  de  l'amiral,  qui 
passait  même  pour  être  huguenot  au  fond 
du  cœur.  Le  mariage  du  prince  de  Na- 
varre avec  la  sœur  du  roi,  Marguerite, 
et  une  déclaration  de  euerre  à  l'Espa- 
gne au  sujet  de  la  Flandre,  furent  les 
amorces  que  le  maréchal  dut  mettre  en 
avant  pour  vaincre  la  résistance  de  la 
reine  et  de  Coligny. 

Cependant  les  méfiances  de  Jeanne 
semblaient  croitre  en  raison  des  avances 
qui  lui  étaient  faites;  plus  l'offre  pou- 
vait lui  paraître  séduisante,  plus  elle  en 
suspectait  la  sincérité  et  se  tenait  sur 
ses  gardes.  Elle  commença  donc  par 
faire  ses  conditions,  en  évitant  toutefois 
de  se  prononcer  sur  le  mariage  proposé, 
avant  d'avoir  consulté  son  fils.  Ce  prince 
était  alors  dans  leBéarn.  Trois  commis- 
saires, Tèligny,  Briquemaut  et  Cava- 
gnes,  furent  chargés  de  suivre  les  négo- 
ciations à  Paris.  Charles  IX  accorda  à 
peu  près  toutes  les  demandes  de  la  reine, 
à  l'exception  seulement  du  rappel  de 
L'Hospital  et  l'éloignement  des  Guises. 
Mais  il  colora  son  refus  de  prétextes  si 
spécieux,  que  les  députés  s'y  laissèrent 
tromper. 


Les  négociations  se  poursuivirent.  A 
l'exception  de  Rosny.  le  père  du  grand 
Sully,  les  partisans  les  plus  dévoués  de 
Jeanne,  Francour,  La  Noue,  Coligny. 
avaient  été  gagnés;  ils  voyaient  dans 
cette  union  le  gage  certain  d'une  paix 
solide  et  durable.  «  L'excès  des  caresses 
qu'on  leur  faisoit,  dit  Mézeray.  estoit  si 
grand  et  si  visible,  que  si  Dieu  ne  les 
eust  aveualez.  ils  eussent  facilement 
aperceu  les  couteaux  qu'on  aiguisoit  pour 
les  esnoraer.  »  On  commençait  déjà  à 
murmurer,  dans  le  parti  même  de  la 
reine,  de  ce  qu'on  appelait  son  obstina- 
tion. Sur  ces  entrefaites,  arrive  une  nou- 
velle ambassade.  Bironest  chargé  d'ap- 
prendre à  Jeanne  que  la  volonté  du  roi 
est  qu'on  lui  rende  tous  ses  droits  sur 
la  principauté  du  Béarn.  les  comtés  de 
Foix,  deComminges,  d'Armagnac  et  de 
Bigorre:  que  ses  places  et  châteaux,  en- 
core détenus  au  mépris  de  l'édit,  soient 
remis  en  son  pouvoir;  et  que,  pour  ce 
qui  concerne  le  mariage,  elle  soit  tout  à 
fait  libre  de  le  faire  célébrer  selon  les  ri- 
tes de  l'Eglise  réformée.  En  même 
temps,  et  comme  pour  lui  arraeh 
dernières  armes,  Biron  lui  annonce  que 
les  Guises  sont  dîsg  iroles 

de  l'ambassadeur  sont  confirmées  par  le 
baron  de  Beauvoir ,  qui  ajouta  en  son 
propre  nom  et  selon  les  instructions  se- 
crètes de  l'amiral, queCharles IX.  éclairé 
sur  les  véritables  intérêts  de  sa  couronne, 
n'attend  qu'une  occasion  pour  s'affran- 
chir entièrement  du  joug  de  sa  mère,  et 
éloigner  son  frère  le  duc  d'Anjou.  La  dé- 
fiance n'était  plus  possible.  Jeanne, 
vaincue  par  tant  d'artifices  plutôt  que 
persuadée,  assembla  son  conseil  et  lui 
soumit  la  question  de  mariage.  Le  chan- 
celier Francour  fit  prévaloir  un.  avis  fa- 
vorable. Il  ne  restait  donc  plus  à  la  reine 
qu'à  suivre  sa  malheureuse  destinée. 

Mais  en  se  soumettant,  elle  sut  encore 
résistera  l'aveuglement  fatal  de  ses  plus 
dévoués  serviteurs.  «  Vous  savez  si  c'est 
pour  moi  que  je  crains,  »  leur  disait-elle. 
Elle  voulait  bien  se  sacrifier,  mais  en- 
traîner son  fils  dans  sa  perte,  cette  pen- 
sée révoltait  tous  ses  sentiments  de 
mère.  Elle  décida  donc,  contre  l'avis  de 
l'amiral  et  de  tout  son  conseil ,  que  le 
jeune  prince  resterait  dans  le  Béarn  jus- 
qu'à ce  qu'elle  l'appelât  auprès  d'elle. 


ni 


ALBRET 


112 


Ensuite,  elle  écrivit  de  sa  main  à  tous 
ceux  du  parti  dont  elle  avait  éprouvé  la 
fidélité,  Lavardin,  les  Sêgur,  Piles,  La 
Noue,  Rohan,  Francour,  Bètut,  Rosny, 
Beauvoir,  La  Rochefoucault,  Caumont 
de  La  Force,  Henri  d'Albret-Miossens, 
François  de  Navailles,  enfin,  à  plus  de 
cinq  cents  gentilshommes,  auxquels  elle 
donna  rendez-vous  à  Nérac  et  à  Ven- 
dôme. 

La  reine  partit  de  Pau  le  26  novem- 
bre (1571),  après  avoir  nommé  son  fils 
lieutenant  général  du  royaume,  en  lui 
adjoignant  le  fidèle  d'Arros.  Elle  était 
accompagnée  de  ses  deux  enfants,  Henri 
et  Catherine.  Au  moment  de  franchir  la 
frontière  du  Béarn,  ses  larmes  coulèrent 
en  abondance.  A  Nérac,  elle  trouva  tous 
ses  amis  et  partisans  réunis.  Elle  y  passa 
un  mois,  uniquement  occupée  du  soin 
de  gagner  à  son  fils  les  cœurs  de  tous 
les  braves  gentilshommes  dont  elle  ve- 
nait de  l'entourer  et  de  lui  former  une 
garde.  Vers  la  fin  de  janvier,  elle  pour- 
suivit sa  route  avec  sa  fille,  et  se  rendit 
à  Blois,  où  se  tenait  la  cour.  «  Le  jour 
[en  mars]  que  la  reyne  de  Navarre  arriva 
à  Blois,  lit-on  dans  le  journal  de  L'Es- 

toile,  le   roy  et  la  reyne-mère luy 

firent  tant  de  caresses,  principalement 
le  roy,  qui  l'appeloit  sa  grande  tante, 
son  tout,  sa  mieux  aimée,  qu'il  ne  bou- 
gea jamais  d'auprès  d'elle  à  l'entretenir 
avec  tant  d'honneur  et  de  révérence  que 
chacun  en  étoit  étonné.  Le  soir,  en  se 
retirant,  il  dit  à  la  reyne  sa  mère,  en 
riant  :  Et  puis,  madame,  que  vous  en 
semblé?  joué-je  pas  bien  mon  rollet? 
Ouy,  lui  répondit-elle,  fort  bien  ;  mais 
ce  n'est  rien  qui  ne  continue.  Laissez- 
moy  faire  seulement,  dit  le  roy,  et  vous 
verrez  que  je  les  mettray'au  filet.  »  Ce- 
pendant Jeanne  n'était  point  dupe  de 
ces  perfides  démonstrations.  C'est  ce 
que  prouve  une  lettre  qu'elle  adressa  de 
Blois  au  prince  son  fils,  à  la  date  du 
8  mars  et  dont  le  texte  se  conserve  à 
la  Bibliothèque  nat.  (mss  St-Germain 
Harlay,  vol.  255  '  ;  pub.  par  Haag  I,  54). 

1  Cette  pièce  n'est  qu'une  copie.  On  a  conservé  quel- 
ques lettres  originales  de  la  reine  Jeanne;  voy.  collect. 
Du  Puy,  vol.  211  et  253.  Voy.  aussi  Bull.  V,  147;  XI,  271. 
—  Il  existe  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  8746)  un  précieux  recueil 
de  lettres  non  de  Jeanne  d'Albret,  maisà  elle  adressées. 
Ce  sont  i2  lettres  de  son  mari  écrites  lorsqu'elle  n'était 
encore  qui!  princesse  de  Navarfte;  jo  lorsqu'elle  était 
devenue  reins  ttt  wtl  M  portent  sur  Padrene  que  cet 


Peu  à  peu  les  difficultés  s'aplanirent. 
Catherine  de  Médicis  accorda  que  le  ma- 
riage ne  fût  pas  célébré  selon  les  rites  de 
l'Eglise  romaine;  et  de  son  côté,  lareine 
Jeanne  finit  par  consentir  à  ce  que  la 
cérémonie  se  fit  à  Paris.  Le  contrat  de 
mariage  fut  signé  le  11  avril.  Mais  il  s'é- 
leva tout  à  coup  un  nouvel  obstacle. 
Pie  V  refusait  la  dispense  nécessaire  au 
mariage  :  «  il  eut  plutôt  consenti  qu'on 
lui  tranchât  la  tète.  »  Irrité  de  ce  refus 
qui  menaçait  de  renverser  ses  projets, 
Charles  IX  dit  un  jour  à  la  reine  de  Na- 
varre qui  lui  en  témoignait  son  déplaisir  : 
«  Ma  tante,  je  vous  honore  plus  que.  le 
pape,  et  aime  plus  ma  sœur  que  je  ne 
le  crains;  je  ne  suis  pas  huguenot,  mais 
je  ne  suis  pas  sot  aussi  ;  si  monsieur  le 
pape  fait  trop  la  beste,  je  prendray  moy- 
même  Margot  par  la  main,  et  la  mene- 
ray  épouser  en  plein  prêche.  »  Mais  la 
reine  mère  trouva  à  la  difficulté  un  re- 
mède plus  simple,  selon  elle,  et  encore 
plus  expéditif  :  elle  fit  fabriquer  une 
fausse  dispense,  bien  certaine,  disait- 
elle,  qu'après  l'événement  le  pape  lui  en 
saurait  très-bon  gré. 

Jeanne  partit  de  Blois,  le  8  mai  (le  15, 
selon  de  Thou).  Elle  descendit,  à  Paris, 
rue  de  Grenelle-Saint-Honoré,  à  l'hôtel 
de  l'ancien  évêque  de  Chartres,  Guillart, 
qui  avait  embrassé  le  protestantisme. 
Les  préparatifs  du  mariage  occupèrent 
dès  lors  tous  ses  moments  :  elle  tenait  à 
ce  qu'il  se  fit  «  le  plus  soudain  que  l'on 
pourroit.  »  Mais  le  4  juin,  un  mercredi 
soir,  elle  fut  saisie  tout  d'un  coup  d'une 


mots:«  A  nia  femme.»  Suivent  12  lettres  ou  billets  d'une 
dame  qui  parlait  à  Jeanne  avec  l'affection  d'une  mère, 
une  du  roi  Henry  d'Albret,  sou  père,  enfin  une  ronde 
béarnaise  en  24  couplets  commençant  par  : 

Très  hilhas  l'aute  matii, 

Soletamen, 
Anan  prene  hens  un  bosq 

Esbatemen... 

ronde  que  la  reine  aimait  certainement,  pour  l'avoir 
jointe  à  ce  paquet  et  qui  peut-être  était  celle  môme 
qu'elle  chantait  en  mettant  au  monde  Henri  IV.  Toutes 
ces  lettres,  dont  aucune  n'est  datée,  respirent  la  plus 
vive  tendresse,  surtout  celles  du  mari.  Voici  quel- 
ques lignes  de  celle  du  père  :  «  Ma  fille,  je  ne  vous 
diray  l'aysc  que  ce  m'a  esté  d'avoir  entendu  la  conti- 
nuation de  vos  beaus  niaus ...  Bien  vous  prie  que  \ous 
giiardés  et  que  n'ayés  point  de  peur  de  perdre  vostre 
place  pour  les  darnies  (les  derniers  venus|,  maias 
j'aynieray  bien  le  petit  lenfant.  Je  vous  a>  bien  voulu 
escrire  reste  letre  de  ma  main  pour  le  playsir  que  j'ay 
veu  que  avez  pris  de  ce  que  j'ay  eseripl  ;  et  --y  ne  lenet 
qu'a  cela  quo  vous  n'ussiés  tout  <e  que  désires.  vous 
l'aiu  irs  liientost,  quar  je  vous  désire  aussi  cureuse  que 
peut  désirer  son  enfant  un  bon  pèi 


H3 


ALBRET  —   ALBRET-MIOSSENS 


114 


fièvre  ardente.  Son  état  empira  promp- 
tement;  dès  le  lendemain,  elle  sentit 
qu'elle  était  atteinte  mortellement.  «Quoi- 
que cette  vie,  disait-elle,  m'est  à  bon 
droit  fort  ennuyeuse  pour  les  misères 
que  j'y  ai  senties  dès  ma  jeunesse,  si  ne 
laissé-je  pas  de  la  quitter  avec  grand  re- 
gret quand  je  regarde  à  la  jeunesse  des 
enfants  que  Dieu  m'a  donnés,  pour  les 
voir  privés  de  ma  présence  en  ce  bas 
...  Toutefois,  je  m'assure  que  Dieu 
leur  sera  pour  père  et  protecteur,  comme 
il  m'a  été  en  mes  plus  grandes  afflic- 
tions; je  les  remets  du  tout  à  sa  Provi- 
dence, afin  qu'il  y  pourvoie.  »  Sa  ferme 
confiance  en  Dieu  ne  l'abandonna  pas 
un  moment.  «  Encore  que  les  douleurs 
dont  il  m'afflige  soient  violentes,  répé- 
tait-elle, je  sais  qu'il  ne  fait  rien  qui  ne 
soit  bon  et  droit.  »>  Elle  expira  le  lundi 
matin  9  juin  157-2,  dans  la  44e  année  de 
son  âge. 

Le  bruit  se  répandit  aussitôt  que  la 
reine  de  Navarre  avait  été  empoisonnée. 
Les  accusations  prirent  même  une  telle 
consistance,  que  le  roi  se  crut  forcé 
d'ordonner  l'ouverture  du  corps.  8 
médecins  ne  trouvèrent,  dit-on,  aucune 
trace  d'empoisonnement  ;  mais  c'est  une 
question  restée  indéi 

Cette  mort  était  la  perte  la  plus  sensi- 
ble que  pût  faire  le  protestantisme  en 
France.  La  douleur  fut  générale,  et  même 
dans  le  camp  ennemi,  il  y  eut  des  lar- 
mes sincères  de  répandues.  Les  vertus 
privées  et  publiques  de  Jeanne  forçaient 
l'admiration  de  tous  les  partis.  Au  juge- 
ment de  l'Italien  Davila,  «  c'étoit  une 
princesse  d'un  courage  héroïque,  d'un 
esprit  très-élevé  et  d'un  mérite  bien  au- 
dessus  de  son  sexe;  avec  ces  grandes 
qualités ,  quoique  dépouillée  de  son 
royaume,  elle  soutint  toujours  avec  ma- 
jesté le  nom  de  reine.  Sa  fermeté  n'é- 
clata pas  moins  dans  la  guerre,  malsré 
le  nombre  et  la  puissance  de  ses  enne- 
mis. Dans  les  plus  grands  dangers  et 
dans  les  dernières  extrémités  où  son 
parti  se  trouvoit  réduit,  elle  jetta  les 
fondemens  de  cette  grandeur,  où  son  fils 
s'est  élevé  depuis...  Les  grands  talens 
de  cette  princesse,  soutenus  par  sa  vertu 
et  sa  libéralité,  mériteroient  d'éternels 
éloges,  si  elle  n'eût  embrassé  opiniâtre- 
ment la  doctrine  de  Calvin,  en  voulant. 


sans  les  lumières  acquises  par  l'étude, 
pénétrer  et  même  expliquer  les  plus  pro- 
fonds mystères  de  la  théologie.  »  La 
plupart  des  écrivains  catholiques  sont 
forcés  de  lui  rendre  la  même  justice.  Et 
en  effet,  qu'on  la  considère  comme  mère, 
comme  épouse  ou  comme  reine,  il  n'y  a 
pas  une  tache  dans  sa  vie. 

On  a  beaucoup  de  portraits  de  la  reine 
Jeanne.  Le  plus  sûr,  non  le  plus  flat- 
teur, se  trouve  sur  ses  monnaies.  On  l'a 
aussi  en  une  bonne  peinture  de  la  biblio- 
thèque de  Genève,  provenant  de  l'acqué- 
reur du  château  du  Crest ,  qu'habitait 
d'Aubitrné.  Elle  a  été  habilement  gravée 
en  1822,  à  Genève,  pour  la  Soc.  des 
arts,  par  Schenker.  Mais  la  plus  remar- 
quable gravure  représentant  Jeanne  d'Al- 
bret  est  de  Marc  Duval,  datée  de  1570. 
avec  cette  suscription  :  Jana  Elebreta 
Navarrorum  regina,  Henrici  Borbonii 
eorumdem  nunc  régis  mater. 

Bayle.-Micbaud.-  Hi.lot.  —  Mit  deJ.à~.4lbret,  par 
Mlle  Vauvilliers;  Pans,  1818,  3  vol.  in-8».  —  Hist.  *- 
Bèam  et  Navarre,  par  Me.  de  Bordenave,  pub.  par 
P.  Raymond;  1873.  in-S--.  —  Voir  Bull.  XIV,  125  et  17>i- 
termediaire,  1874,  col.  175. 

i.  ALBRET-MIOSSENSou  Mio-- 
Haas  I,  59j.  Cette  famille  descendait 
cl  Etienne,  bâtard  d'Albret  et  de  Fran- 
çoise de  Béarn,  baronne  de  Miossens, 
mariés  en  1510.  Leur  fils.  Jean,  baron 
de  Miossens  et  de  Coarase,  favorisa  de 
tout  son  pouvoir  l'introduction  de  la  Ré- 
forme dans  les  Etats  de  la  reine  de  Na- 
varre, dont  il  embrassa  constamment  les 
intérêts.  Il  avait  épousé  Suzanne  de 
Bourbon-Busset  qui  fut  choisie  pour 
gouvernante  du  jeune  prince  de  Béarn, 
depuis  Henri  IV.  Il  en  eut  plusieurs 
enfants.  L'ainé,  Henri,  qui  avait  accom- 
pagné le  roi  de  Navarre  à  la  cour  de 
France  pour  assister  aux  cérémonies  de 
son  mariaee  a\e<-  Marguerite  de  France, 
faillit  être  au  nombre  des  victimes  de  la 
Saint-Barthélémy.  Marguerite  dans  ses 
Mémoires  raconte  que  M.  de  Miossens, 
premier  gentilhomme  du  roi  son  mari,  et 
Armagnac,  son  premier  valet  de  cham- 
bre, la  vinrent  trouver  pour  la  prier  de 
leur  sauver  la  vie.  «  Je  m'allay  jeter  à 
genoux,  continue-t-elle,  devant  le  roy  et 
la  reyne  ma  mère  pour  les  leur  deman- 
der :  ce  qu'entin  ils  m'accordèrent,  »  — 
à  la  condition  sans  doute  qu'ils  chan- 
-  'ru  de  religion.  L'année  suivante. 


115 


ALBRET-MIOSSENS 


ALDEBERT 


116 


ce  fut  sinon  lui ,  du  moins  un  gentil- 
homme de  son  nom  qui,  au  rapport  de 
Marguerite  de  Valois,  éventa  le  projet 
d'évasion  du  duc  d'Alençon  et  du  roi  de 
Navarre.  «  M.  deMiossans,  gentilhomme 
catholique,  dit-elle,  ayant  ad  vis  de  cette 
entreprise...  m'en  advertit  pour  empes- 
cher  le  mauvais  effet  qui  eust  apporté 
tant  de  maux  à  eux  et  à  cet  estât.  » 
L'affaire,  ajoute-t-elle,  fut  conduite  avec 
tant  de  prudence,  «  que,  sans  qu'ils  pus- 
sent sçavoir  d'où  leur  venoit  cet  empes- 
chement,  ils  n'eurent  jamais  moyen 
d'eschapper.  »  Le  4  juin  1574,  Henri  de 
Navarre  chargea  le  baron  de  Miossens 
d'aller  complimenter  le  roi  de  Pologne, 
Henri  III,  sur  son  avènement  à  la  cou- 
ronne de  France.  Au  mois  de  janvier 
1576,  peu  de  jours  avant  de  mettre  à 
exécution  son  projet  d'évasion,  Henri  de 
Navarre  lui  écrivait  une  lettre,  dont  la 
suscription  porte  :  «  A  mon  cousin,  M.  de 
Miossens,  premier  gentilhomme  de  ma 
chambre,  gouverneur  et  mon  lieutenant 
général  en  mes  pays  de  Béarn  et  Basse- 
Navarre.  »  Henri,  dans  cette  lettre,  parle 
d'un  frère  du  baron  de  Miossens,  sur  le- 
quel on  n'a  aucun  renseignement.  «  La- 
vardin,  vostre  frère,  et  Saincte  Colombe, 
écrit-il,  sont  les  chefz  de  mon  conseil.  » 
Le  P.  Anselme  indique  aussi  un  frère 
de  M.  de  Miossens,  mais  sans  avoir  pu 
recueillir  aucune  autre  notion  que  celle 
de  son  existence.  On  peut  donc  douter 
si  ce  n'est  pas  à  ce  frère  du  baron  Henri 
de  Miossens  que  doivent  se  rapporter 
une  partie  des  détails  qui  précèdent.  Quoi 
qu'il  en  soit,  c'est  sans  doute  de  lui  que 
parle  Sully,  dans  ses  OEconomies  roya- 
les, lorsqu'il  nous  apprend  qu'il  y  avait 
deux  partis  à  la  cour  du  roi  de  Navarre  ; 
«  l'un  de  catholiques,  composé  de  MM.  de 
Laverdin,  Miossens,  Grand-Mont,  Du- 
ras ,  Roquelaure  ,  Saincte  -  Goulombe  . 
Begoles,  Podins  et  autres  [la  plupart 
d'entre  eux  avaient  abjuré];  l'autre  de 
huguenots,  composé  de  MM.  de  Thu- 
renne,  Mont-Gommery ,  Guitry,  Lesi- 
gnan,  Favas,  Pardaillan,  et  autres,  les- 
quels par  plusieurs  fois  faillirent  d'en 
venir  aux  mains...  » 

Armes  :  Ecartelé  au  1  de  France  et 
d'Albret,  au  2  de  sable  à  2  lions  léo- 
pardés  d'or  armés  et  lampassés  de 
gueules  qui  est  Aiguillon,  au  3  de  Bour- 


bon, au  4  ecartelé  de  Foix  et  de  Béarn. 

ALBUS,  nom  porté  par  divers  per- 
sonnages français  du  XVIe  siècle  dont  le 
nom  véritable  était  probablement  Blanc 
ou  Le  Blanc.  Le  religieux  jacobin  Albus, 
à  Castres,  prêcha  la  Réforme  dans  cette 
ville  en  1549.  11  avait  exposé  ses  idées 
dans  une  série  de  sermons  sur  Job  ; 
aussi  ne  tarda-t-il  pas  à  être  obligé  de 
s'enfuir  pour  échapper  à  l'Inquisition 
qui  n'avait  pas  quitté  le  Languedoc  de- 
puis la  guerre  des  Albigeois.  —  On 
trouve  inscrits  comme  étudiants  à  Ge- 
nève, au  XVIe  siècle  :  Joseph  Albus, 
de  Briançon,  1563;  Jean,  de  Provins, 
1564  ;  Léonard,  du  Limousin,  1564  ;  reçu 
habitant  de  Genève,  24  fév.  1573  ;  Nico- 
las, 1568.  —  Albus,  pasteur  à  Castres 
en  1549  (Bull.  XXII,  50).  —  Pierre 
Albus,  «  admis  en  1675  et  donné  à  M.  de 
Vignolles.  » 

ALBUSE  (Alizette),  d'auprès  Uzès, 
réfugiée  à  Genève,  avec  son  mari  Jac- 
ques Brez,  imprimeur,  1564. 

ALBY  (d')  ou  Dolby,  lieutenant  au 
service  britannique,  1689  (Agnew  II, 
182). 

ALBY  (Alexandre)  ,  «  d' Aix  en  Pro- 
vence, gantier,  réfugié  à  Berlin  avec  sa 
femme,  trois  enfants  et  un  apprentif,  » 
1698. 

ALCAIS,  1628  [I,  249  a;  VIII,  491a]. 

ALGAYE  (Jean),  à  Florac,  pendu  en 
effigie,  1659  [IX,  193  a]. 

ALGOINE  (Philippe),  chirurgien,  de 
Montagnac,  reçu  habitant  de  Lausanne 
avec  sa  femme,  Isaac,  Marie  et  Fran- 
çoise, ses  enfants,  25  janv.  1702. 

Alcuin,  pseudonyme  et  anagramme 
de  Calvin  [III,  110  a],  voyez  Calvin. 

ALDEBERT  (Pierre),  à  S.-Eutrope, 
1578  (Reg.  de  Saintes). 

ALDEBERT  (Claudine),  à  Nîmes, 
1650  [V,  355  a].  —  (Pierre  et  Etienne), 
Milhau,  1686  [VI,  57  b].  —  (François  et 
Jean),  1713    [X,  403]. 

ALDEBERT,  lieutenant  d'infanterie 
au  service  britannique  (Agnew  II,  10  . 

ALDEBERT  (Jacou),  1699;  —  (Gas- 
pard), 1700;  —  (Jeanne),  1701  ;  tous 
trois  de  Sauve,  assistés  à  Genève  en 
passant  par  cette  ville  pour  gagner  un 
refuge  à  Schwabach  ou  autres  lieux 
d'Allemagne.  —  Aldebert,  de  Sauve, 
1672  |Vlil,  302/bJ. 


117 


ALDEBERTE   —   ALEAUME 


118 


ALDEBERTE  (Madelaine),  condam- 
née à  l'amende  pour  s'être  mariée  par 
le  ministère  d'un  pasteur  protestant,  et 
son  mariage  annulé;  à  Cette,  1750  Bull. 
XIV,  348). 

ALDIX  Jacques),  de  la  petite  ville 
des  Vans,  pour  s'être  marié  par  le  mi- 
nistère d'un  pasteur,  fut  emprisonné 
dans  la  citadelle  du  S.-Espnt  le  4  déc. 
1740,  et  condamné  5  avril  1741,  solidai- 
rement avec  sa  femme,  Louise  Domerc, 
à  mille  liv.  d'amende,  plus  une  aumône 
et  les  frais  qui  s'élevaient  à  "200  liv.  Les 
deux  époux  restèrent  captifs  jusqu'à 
l'entier  payement  du  tout,  et  il  leur  fut 
défendu  de  vivre  ensemble  tant  que  leur 
union  ne  serait  pas  réhabilitée  par  un 
prêtre  catholique,  qu'il  leur  fut  enjoint 
de  demander  immédiatement,  sous  peine 
de  3,000  liv.  d'amende  et  punition  cor- 
porelle.  Pradel.) 

ALDRAX  ou  Hardran  (Esther),  v. 
11.00  |VII,  -263  a]. 

1.  ALEAUME,  Allealme,  Alliaume; 
Adelhelmus. 

Jean  Alleaume,  nommé  en  1557  bailli 
de  Provins.  MM.  Haaa  ont  compté  ce 
bailli  comme  huguenot  [VIII,  334  a],  et 
il  le  fut  en  eftet,  au  fond  du  cœur,  mais 
sans  jamais  oser  le  déclarer.  Les  princi- 
paux traits  de  sa  vie  ont  été  dessinés,  et 
de  bonne  main,  dans  différents  pa>~ 
des  Mémoires  du  prètreprovinois  Claude 
Haton.  Xous  n'aurons  que  la  peine  de 
les  grouper  pour  montrer  quelle  triste 
histoire  était  celle  d'un  «  huguenot  se- 
cret. » 

En  1557,  Jean  Alleaume,  âgé  de 
'25  ans,  était  «  un  grand  jeune  fils,  licen- 
cié ès-lois,  fort  bel  homme  et  de  belle 
apparence.  »  La  justice  était  rendue  na- 
guèreà  Provins  par  un  lieutenant  du  bail- 
liage de  Meaux  qui  avait  été  remplacé  plus 
récemment  par  un  bailli  de  Provins.  Le 
bailli  était  Philippe  Durand  et  le  lieute- 
nant qu'il  avait  supplanté  était  un 
Aleaume  sieur  de  Chenoise,  pèredeJean 
Aleaume.  «  Car  ces  deux  maison- 
Durans  et  des  Alleaumes  avoient  de 
longtemps  esté  contraires  lune  à  l'autre 
et  avoient  eu  de  grands  procès  par  en- 
vye  qu'ils  se  portoient  à  qui  d'eulx  >e- 
roit  le  plus  grand  et  hault  eslevé  en  es- 
tatz  de  judicatureau  dit  Provins.  »  Une 
alliance  imprévue  et   dont  ■  le  peuple 


s'émerveilla  »  fit  la  paix.  Le  jeune  licen- 
cié obtint  à  la  fois  du  bailfi  Durand  la 
cession  de  sa  charge  et  la  main  de  sa 
fille.  Mais  il  y  avait  un  obstacle  :  les  fu- 
turs étaient  cousins  au  3e  degré.  11  fallut 
demander  une  dispense  à  Rome,  laquelle 
présentée  par  messire  Pierre  Cobus, 
doyen  de  la  chrétienté  de  Provins,  n'en 
fut  pas  moins  refusée  par  le  saint-siége 
qui  exhorta  paternellement  les  deux  fa- 
milles à  se  séparer.  Xi  pères  ni  enfants 
ne  voulurent  obéir,  «  et  par  le  conseil  du 
dit  Cobus ,  ils  passèrent  oultre  au  dit 
mariage.  Et  après  le  dit  mariage  benist 
puis  consommé,  renvoyèrent  au  pape  de 
Rome  pour  demander  qu'il  pleust  à  B  B 
d'approuver  le  dit  mariase  :  ce  qu'il  feit 
malgré  luy,  à  certaines  charges.  >»  Mal- 
heureusement au  bout  de  sept  mois  la 
jeune  femme  expira  en  donnant  le  jour 
à  un  enfant  qui  mourut  avec  sa  mère. 
La  dispense  n'était  pas  encore  arrivée  et 
à  la  faveur  de  cette  circonstance,  Phi- 
lippe Durand  affirmant  la  nullité  du  ma- 
riage déclara  qu'il  fallait  lui  rendre  le 
bailliage  et  la  dot.  Mais  presque  aussitôt 
la  dispense  arrive  et  l'on  y  voit  que  tout 
en  approuvant  le  mariage,  la  bulle  pa- 
pale excommunie  les  mariés,  leurs  pa- 
rents, le  doyen  Cobus  et  le  curé  qui 
avait  célébré  la  cérémonie  nuptiale.  Cha- 
cun jugea  prudent  de  ne  pas  produire 
une  pareille  pièce  et  les  parties  s'arran- 
gèrent. Jean  Alleaume  conserva  le  bail- 
liage, paya  une  somme  d'argent  à  son 
beau-père  et  rendit  les  effets  de  sa 
femme. 

Alleaume  était  donc  parfaitement  ca- 
tholique en  1557.  En  1560  les  huguenots 
de  Provins,  grâce  à  l'édit  de  tolérance 
accorùé  cette  année,  commencèrent  à 
lever  la  tète  et  à  se  déclarer.  Xon  point 
toutefois  le  bailli,  «  huauenot  secret  et 
«  non  déclaré,  qui  n'osa  par  sa  signa- 
«  ture  tel  se  déclarer  de  peur  de  perdre 
«  son  état,  mais  au  demeurant  avoit  tel 
«  jugement  et  sentimentqueles  nouveaux 
a  frères  de  la  ditte  religion  prétendue.  » 
Cette  même  année,  1560.  un  de>  curés 
de  Provins,  celui  deTéslise  Ste-Croix,  fit 
venir  un  prédicateur  en  renom  pour  prê- 
cher le  carême  dans  son  église.  C'était 
un  jacobin  d'Auxerre  «  grand  extermi- 
nateur de  toute  faulse  doctrine  et  crand 
adversaire  de  l'hérésie,  »  qui  ne  manqua 


119 


ALEAUME 


120 


pas  de  parler  avec  une  extrême  violence 
et  de  montrer  «  comment  les  huguenots 
par  leur  orgueil  prendroient  les  armes  au 
poing  pour  exterminer  le  Roy  et  son  es- 
tât, ensemble  tout  le  peuple  catholique,  » 
en  sorte  que  les  religionnaires  de  Pro- 
vins rédigèrent,  par  la  main  du  bailli 
Alleaume,  une  plainte  qu'ils  résolurent 
d'envoyer  au  roi,  à  Fontainebleau.  Ce 
fut  le  bailli  lui-même  qui  la  porta  ;  mais 
pendant  qu'il  s'acheminait,  un  secrétaire 
du  duc  de  Guise  qui  passait  par  Provins 
se  rendant  aussi  à  la  cour,  apprit  toute 
l'affaire  et  se  hâta  pour  devancer  Al- 
leaume. Il  réussit.  «  ...  Au  lendemain 
le  dit  sieur  de  Guise  estant  avec  le  roy 
apperceut  le  bailli  de  Provins  qui  atten- 
doit  sa  response,  auquel  s'adressa  le  dit 
sieur  de  Guise,  après  avoir  parlé  au  roi 
en  la  présence  du  roy  de  Navarre  et  du 
connestable  et  luy  dist  telz  motz  :  «  Bailly 
de  Provins,  ou  sont  les  informations 
que  tu  as  faictes  contre  vostre  pres- 
cheur?  N'as  tu  affaire  icy  que  cela? 
Baille  les  moi  et  t'en  retourne  quand  tu 
vouldras.  Le  roy  et  la  court  cognoissent 
mieulx  le  dit  prescheur  que  toy  ;  on  verra 
tout  a  loisir  que  c'est.  Tu  es  donc  de  ceux 
qui  veulent  troubler  le  roy  et  le  royaume? 
Tu  es  donc  huguenot!  Ya-t-en  quand  tu 
voudras  ;  je  te  marque.  »  Et  dist  le  roy 
a  M.  de  Guise  et  a  son  secrétaire  : 
«  Faictes  response  au  prescheur  de  Pro- 
vins qu'il  fasse  son  debvoir  de  prescher 
et  que  s'il  a  bien  dict  il  dise  mieux  et 
qu'il  prie  pour  moy  et  pour  le  royaume.  » 
Et  a  telles  responses  se  retira  ledit  bailly 
avec  sa  courte  honte  et  estant  de  retour 
à  Provins,  dist  aux  frères  huguenots  que 
leur  prescheur  avoit  ung  diable  famillier 
ou  ung  ange  du  Ciel  qui  luy  reveloit 
toutes  leurs  entreprises.  » 

Au  journal  de  l'année  1562,  Claude 
Haton  met  à  la  charge  de  Jean  Al- 
leaume ,  la  conduite  d'une  entreprise 
qui  devait  livrer  Provins  pendant  la 
nuit  aux  troupes  du  prince  de  Condé, 
mais  qui  manqua  et  en  1563,  au  con- 
traire, il  conte  un  incident  tout  à  l'avan- 
tage du  bailli.  L'on  faisait  parcourir  la 
France  au  jeune  Charles  IX  et  la  cour 
s'était  arrêtée  à  Troyes.  On  manda  aux 
représentants  de  la  noblesse  et  aux  bail- 
lis, par  toute  la  province  de  Champagne, 
d'y  venir  recevoir  les  ordres  du  roi.  «  A 


ceste  assemblée  royalle  harangua  et 
pourta  la  parolle  pour  la  justice  du  bail- 
liage de  Provins  devant  S.  M.  et  son 
conseil ,  revestu  de  sa  longue  robbe, 
Me  Jehan  Alleaume,  qui  fut  bien  escouté 
en  ce  qu'il  dist.  Lequel  ayant  dict  se  re- 
tira de  l'assemblée  pour  changer  d'habit, 
et  ayant  mis  bas  la  longue  robbe  et  le 
bonnet  carré,  prit  la  cappeàl'espagnolle 
sur  ses  espaules  et  l'espée  à  la  ceinture, 
avec  le  bonnet  de  velours  sur  la  teste, 
et  en  tel  habit  se  représenta  devant  l'as- 
semblée pour  porter  la  parole  et  haran- 
guer pour  les  nobles  de  son  bailliage.  Il 
fut  aussi  bien  ouy  que  devant  et  eut  la 
grâce  de  si  bien  dire  qu'il  contenta  le 
roy,  les  princes  et  toute  l'assemblée  ;  et 
fut  fort  remarqué  du  roy  et  tenu  pour 
homme  pertinent  et  de  bon  esprit.  » 

Quel  usage  fait  Alleaume  de  ce  glo- 
rieux succès?  Avant  de  quitter  Troyes, 
il  demande  au  roi  pour  les  huguenots  de 
Provins  et  du  bailliage  «  l'establissement 
d'ung  presche  pour  faire  l'exercice  pu- 
blic de  leur  prétendue  religion  dans  la 
ville  de  Provins,  suyvant  l'accord  de  la 
paix  d'Orléans.  »  La  demande  fut  ad- 
mise ;  mais  grâce  à  la  résistance  de  Phi- 
lippe Durand  qui  avait  acheté  la  charge 
de  président  au  présidial  de  Provins,  et 
qui  opposa  tous  les  déclinatoires  possi- 
bles à  la  publication  du  mandement 
royal,  on  ajourna  l'exécution  jusqu'au 
mois  d'août  1564. 

La  prise  d'armes  qui  amena  le  combat 
de  S.-Denys  (10  nov.  1567)  causa  de 
nouvelles  craintes  à  Provins,  comme  ail- 
leurs. Le  sieur  de  Lours,  capitaine  de  la 
ville,  en  réunit  les  habitants  pour  aviser 
à  sa  garde.  «  En  ceste  assemblée  (pres- 
que entièrement  catholique)  fut  proposé 
comment  l'on  se  devoit  comporter  en- 
vers aucuns  citoyens  que  l'on  savoit 
estre  huguenotz  secretz  et  qui  estoient 
lors  en  la  ditte  ville.  Tels  estoient,  mes- 
sire  Jehan  Alleaume,  bailli,  messire 
Jehan  de  Ville,  procureur  du  roy,  les 
deux  principaux  pilliers  de  la  ville  et  en- 
cores  quelques  autres  qui  calloientla  voile 
en  attendant  l'yssuede  ceste  guerre...  » 
Le  capitaine  fit  prier  le  bailli  de  venir  à 
l'assemblée  pour  avoir  son  avis  et  là 
«  fortdextrementluiiit  entendre  le  soup- 
çon etla  mauvaise  opinion  quele  vulgaire 
commun:;    de  Provins  avoit,  de  luy;  »  à 


421 


ALEAUME 


122 


quoi  la  réponse  bien  humble  d'AUeaume 
fut  qu'il  avait  à  la  vérité  favorisé  les 
huguenots  dans  l'exercice  de  sa  charge 
et  installé  les  prédicants  tant  à  Provins 
qu'à  Sézanne,  mais  «  qu'il  n'estoitaultre 
que  catholique  et  n'avoit  esté  et  que 
pour  la  deflénse  de  sa  ville  contre  l'en- 
nemy  huguenot  vouloit  s'exposer  corps, 
vie  et  bien.  » 

Depuis  ce  temps  le  capitaine  et  le 
bailli  vécurent  en  si  bonne  harmonie, 
que  le  bon  curéHaton  laisse  percer  quel- 
ques doutes  sur  la  fidélité  du  sieur  de 
Lours  ;  il  ne  se  tient  pas  de  joie  lors- 
qu'il voit  ce  dernier  et  sa  compagnie  de 
50  hommes  d'armes  relevés  par  7  ou 
8  compagnies  nouvelles  qui  arrivent  les 
4  et  5  décembre  (1567)  sous  le  comman- 
dement du  sieur  de  La  Rivière  de  Puy- 
taillé;  On  va  voir  combien  il  avait  rai- 
son.» Les  maisons  et  biens  des  huguenotz 
de  Provins,  dit-il,  furent  par  le  dit  de 
La  Rivière  habandonnez  aux  soldatz  au 
pillage.  Lesquelles  malgré  le  bailly  du 
dit  Provins  furent  environnées  et  sacca- 
gées par  les  ditz  soldatz  qui  firent  leur 
proufùt  de  ce  qu'ilz  trouvèrent  en  icel- 
i.es  maisons  qui  estoient  en  propre 
héritage  aux  ditz  huguenotz  furent  quasi 
toutes  mises  par  terre  et  le  bois  bruslé  a 
faire  la  garde  de  nuict;  celles  qu'ilz  te- 
noient  à  louage  furent  saulvées  par  les 
propriétaires  a  qui  elles  appartenoient, 
non  du  tout  sans  dommage.  Les  gens 
de  la  compaignie  de  Foissy  qui  estoit 
entrée  quelque  six  jours  avant  la  venue 
du  sieur  de  La  Rivière,  s'estoient  mis  en 
devoir  de  piller  et  ruyner  les  dittes  mai- 
sons, et  s'estoient  adressez  à  celle  de 
Léon  Godart,  procureur  au  bailliage,  le- 
quel estoit  au  camp  rebelle  et  huguenot; 
mais  injurieusement  en  furent  empes- 
chez  par  le  bailly,  assisté  du  lieutenant 
du  seigneur  de  Lours  et  de  quelques 
soldatz  de  sa  compaignie  où  il  pensa  ad- 
venir sédition.  Les  soldatz  du  dit  Foissy 
se  mutinèrent  contre  le  dit  bailly  qui, 
l'espée  au  poing,  en  ayant  empangné 
ung  par  le  collet  de  manière  a  luy  faire 
trembler  le  menton  fut  aussitôt  enfoncé 
d'un  coup  d'estoc  par  ung  aultre  soldat, 
etn'eust  esté  le  corcelet  qui  estoit  sur 
son  dos,  couvert  de  ses  habitz,  n'eust 
jamais  faict  trembler  soldat...  Lequel 
bailly  fut  fort  desprisé  d'avoir  faict  cet 


acte  et  luy  fust  reproché  par  le  dict  de 
La  Rivière  qui  après  l'avoir  tansé  luy 
dict  que  s'il  appercevoit  tant  feust  peu 
de  faulseté  en  luy  contre  le  service  du 
roy  et  de  la  ville,  sans  doubler  il  le  fe- 
roit  pendre  et  estrangler,  affin  qu'il  se 
donnast  bien  garde  de  malverser  s'il 
vouloit,  quelque  bailly  qu'il  feust  et  hu- 
guenot quant  et  quant.  Le  dit  bailly  en 
s'excusant  dist  qu'il  n'estoit  huguenot  et 
qu'il  vouloit  vivre  et  mourir  pour  le  ser- 
vice du  roy  et  de  la  ville.  »  —  Remer- 
cions le  prêtre  fanatique  de  nous  avoir, 
sans  se  douter  que  c'était  à  son  propre 
détriment,  conservé  cette  belle  page  de 
la  vie  de  Jean  Alleaume. 

Au  mois  de  mars  1568  un  seigneur 
des  environs  de  Provins,  nommé  M.  de 
Patras  sieur  de  Gymbroys,  voulant  user 
de  l'édit  du  roi  qui  accordait  grâce  et 
oubli  aux  protestants  qui  mettraient  bas 
les  armes  et  rentreraient  chez  eux,  s'in- 
troduisit dans  Provins  un  jour  où  le  duc 
d'Anjou  y  passait,  en  se  mettant  parmi 
la  suite  du  prince  et  ayant  bien  soin  de 
se  cacher  le  visage  dans  son  manteau. 
«  Il  passa  inaperçu  devant  les  gardes 
de  la  porte  qui  sans  difficulté  l'eussent 
massacré  s'ils  l'eussent  vu,  »  mais  ayant 
eu  l'imprudence  de  se  laisser  reconnaître 
un  peu  plus  loin,  aussitôt  plus  de  cent 
personnes  s'amassèrent  pour  crier  haro 
sur  lui  et  il  n'eut  que  le  temps  de  se  ré- 
fugier dans  la  maison  du  sieur  de  Lours 
(jui  n'était  pas  encore  parti.  Le  bailli 
s'empressa  de  s'y  rendre.  Bientôt  le 
«  peuple  provinois  entra  en  telle  colère,  » 
que  Lours  et  Alleaume  envoyèrent  dire 
au  dauphin,  lequel  était  à  table  et  dî- 
nait à  l'auberge  de  l'Ecu  de  France,  pour 
le  prier  de  se  transporter  en  leur  logis 
afin  de  leur  sauver  la  vie.  «  Ce  que  bien 
voulut  faire  ce  bon  jeune  prince.  »  Mais 
non  sans  peine;  il  n'y  parvint  qu'en 
traitant  rudement  Patras  et  en  le  sai- 
sissant au  bras  pour  le  conduire  immé- 
diatement au  roi  qui  devait  le  faire, 
disait-il,  exécuter  sur  l'heure.  A  une 
demi-lieue  loin  de  la  ville  le  duc  mit 
Patras  en  liberté  et  Haton  rejette  au 
bailli  sa  bile  non  satisfaite  :  «  Cette 
emeutte  ne  se  passa  sans  dire  injure  au 
bailly  et  l'appeller  huguenot,  qui  pour  se 
saulver  d'estre  saccagé  fila  doux  et 
monstra  signe  de  ne  tirer  à  soy  le  dire 


423 


ALEAUME 


124 


populaire  et  de  ne  se  courroucer  de  ce 
que  la  turbe  mutinée  disoit  contre  luy.  » 

Après  le  «  massacre  bartholomien  » 
par  lequel  le  roi  avait  entendu  «  repur- 
ger son  royaume  d'une  «  faulse  couvée 
de  vipères ,  »  pour  nous  servir  des 
expressions  de  notre  écrivain,  Jean 
Alleaume  dut  en  sa  qualité  de  bailli 
faire  occuper  les  manoirs  des  seigneurs 
protestants  situés  dans  sa  juridiction  ; 
toutefois  il  ne  se  prêta  à  ces  exigences 
de  sa  charge  qu'avec  une  répugnance 
qui  devait  lui  coûter  cher,  et  il  eut  ce- 
pendant ce  bonheur  que  la  Saint-Bar- 
thélémy n'avait  point  fait  couler  le  sang 
à  Provins  parce  qu'il  ne  s'y  trouvait 
presque  plus  un  seul  huguenot  \,  Il  n'a- 
vait pas  encore  atteint  à  la  lie  de  son 
calice  d'amertume,  mais  elle  lui  vint 
pleinement  avec  les  derniers  jours  de 
cette  funèbre  année  1572. 

Il  mourut  à  la  lin  de  décembre,  «  âgé 
de  40  ans  pour  le  plus,  laissant  sa  femme 
et  six  ou  sept  petits  enfants  au  monde. 
Il  ne  fut  pas  beaucoup  plaint  ni  regretté 
du  peuple,  de  la  commune  et  des  ecclé- 
siastiques de  Provins  pour  l'oppinion 
maulvaise  qu'on  avoit  eu  de  luy  touchant 
la  religion  catholicque,  de  laquelle  il 
s'estoit  aultreffois  desvoyé  pour  com- 
plaire au  feu  prince  de  Gondé  et  aux 
gentilshommes  huguenotz  ;  et  faut  croire 
que  si  ce  n'eust  esté  la  crainte  qu'il  por- 
toit  à  son  père,  qui  l'empescha  à  son 
povoir  de  suyvre  la  ditte  prétendue  reli- 
gion, il  se  feust  déclaré  huguenot.  Il 
commença  à  s'en  retirer  depuis  la  mort 
du  prince  de  Gondé  peu  à  peu  et  de 
bien  en  mieulx  fréquenta  l'église  catho- 
licque, combien  toutes  fois  qu'il  suppor- 
toit  encore  les  huguenotz.  Qui  fut  la 
cause  qu'il  demeura  en  la  haine  du  roy, 
des  princes  catholicques  et  du  commun 
peuple  de  Provins.  Et  a-on  cru  que 
cette  malveillance  du  roy  et  des  princes 
luy  accéléra  sa  mort,  pour  le  deuil  qu'il 
prit  en  soy  d'un  soufflet  que  luy  donna 
Mr  d' Aumalle  en  la  présence  du  roy,  en 
le  déchassant  de  devant  S.  M.  par  le 
commandement  d'icelle,  avec  menaces  de 
le  faire  pendre  pour  n'avoir  obéy  et  en- 
tendu la  volonté  du  roy  aux  édictz  que 
S.  M.  avoit  faict  contre  la  liberté  desditz 

*  Dès  1568,  Haton  n'y  comptait  plus  que  2S  a  40  per- 
sonnes de  la  religion. 


huguenotz.  11,  bailly,  lier  et  orgueilleux, 
porta  ce  soufflet  fort  impaciemment , 
estans  toutes  fois  plus  marry  de  l'avoir 
receu  en  la  présence  de  plusieurs  habi- 
tans  de  Provins  qu'il  n'estoit  du  mal 
qu'il  en  avoit  eu.  Du  depuis  n'osa  hardi- 
ment se  trouver  en  la  présence  du  roy 
et  des  princes  et  du  regret  qu'il  en  eut 
tomba  en  une  mélancolie  qui  lui  causa 
la  maladie  qui  le  mena  à  la  mort...  Les 
gens  de  justice  et  aultres  gens  de  bon 
esprit  furent  marris  de  sa  mort  et  le 
regrettèrent  pour  la  dextérité  et  intelli- 
gence qui  estoient  en  luy,  tant  en  son 
estât  de  judicature  que  aultrement.  Il 
estoit  homme  de  bonne  et  belle  re- 
présentation, d'une  parolle  grave,  espo- 
ventable  quand  il  vouloit  aux  plus  hardis, 
et  consolative  aux  plus  timides  quand  il 
estoit  assis  en  son  siège  de  justice.  Il 
aymoit  la  vertu,  il  hayssoit  ce  qu'il  ju- 
geoit  estre  vice;  il  estimoit  fort  les  gens 
d'esprit  et  qui  sçavoient  quelque  science, 
fust  en  lettres  divines,  humaines  ou 
artz  libéraux  et  mécaniques.  Il  avoit 
bon  sentiment  de  toutes  choses,  excepté 
le  temps  qu'il  adhéra  à  la  prétendue  re- 
ligion ou  il  s'oblia  pour  quelques  an- 
nées... La  ville  de  Provins  a  porté  dom- 
mage en  sa  mort  car  elle  est  demeurée 
orpheline  d'homme  d'éloquence,  de  re- 
présentation et  de  travail  pour  le  prouf- 
fit  public.  »  —  Le  corps  de  Jean  Al- 
leaume fut  inhumé  dans  son  église  de 
Ghenoise  et  son  cœur  à  Ste-Croix  de 
Provins.  Mais  quel  homme  était  ce 
bailli  champenois,  cet  obscur  imitateur 
du  chancelier  de  l'Hospital,  le  plus  grand 
des  huguenots  secrets,  pour  avoir  arra- 
ché un  tel  portrait  à  la  plume  d'un  en- 
nemi furibond? 

2.  ALEAUME  (Thomas  et  Claude),  de 
S. -Florent,  près  Ste-Menehou,  charpen- 
tiers, reçus  habitants  à  Genève,  12  fé- 
vrier 1573. 

3.  ALEAUME  (Jacques),  natif  d'Or- 
léans, ingénieur  ordinaire  du  roi,  mort 
en  1627  à  Paris  où  il  était  logé  aux  ga- 
leries du  Louvre,  enterré  le  3  octobre 
dans  le  cimetière  de  Gharenton  [VII, 
302  a].  Il  nous  est  connu  par  Jm  per- 
spective spéculative  et  pratique  de  l'in- 
vention du  feu  sieur  Aleaume,  mise  au 
jour  par  Estienne  Migon.  Paris,  Melch. 
Tavernier.  1643,  in-4°  avec  fig.   Il  était 


125 


ALKAUME 


ALEGRE 


126 


problablement  fils  de  Pierre  Aleaume 
d'Orléans  qui  fut  le  dépositaire  des  mss 
de  Viete  et  qui  avait  aidé  ce  grand 
mathématicien  dans  l'exécution  de  ses 
travaux  [IX,  491  a\ 

De  Thou,  chap.  (29.  -  Didot. 

4.  ALLE  AU  ME  |  Louis  \  seigneur  du 
Tilloy.  voy.  1000  III.  '200  a  .  — (Cathe- 
rine), à  Fontenav  en  Vendée,  1651 
VII,  302  a].  —  (Jean),  de  Dieppe,  fu- 
gitif en  1695  (Archiv.gén.Tr).— (Pierre), 
de  Châteauneuf  en  Orléanais,  cabaretier, 
réfugié  à  Halle  avec  sa  femme  et  quatre 
enfants,  1698.  —  (Jacques),  sa  femme 
et  deux  entants,  réfugiés  et  assi- 
Londres,  1 702.  —  'Jacques),  d'Autun. 
48  ans,  et  Françoise  sa  femme,  38  ans, 
id.,  1705.  —  (Pierre),  sa  femme  et  deux 
enfants,  id.,  1721.  — (Judith},  id.,  idj> 

1.  ALÉGRE  ou  Allègre1  (Pierre), 
massacré  à  Aix,  1562  [X,  469].  —  (An- 
toine d),  de  Millaud.  1563  II.  453  ;  III, 
382  a;  V,  135b].  -  (Thomas,  fils  de  Ber- 
trand), de  Marseille,  reçu  bourgeois  de 
Genève  avec  son  fils,  Girard.  1559. 

2.  ALEGRE  'Jacques),  ministre  à 
S.  Martin  de  Boubeaux.  1623:  a  S.-Jean 
du  Gard.  162  i  :  à  Gombas,  1626  :  à  Nages, 
1637-47;  à  Bernis.  10i7-48;  àBoissières, 
1650-55  [X,  331,  34! 

3.  ALEGRE  ;  Nîmes,  1654  [Y,  43  b]  ; 
Clarensac,  1663  [V,  51  b|.  —  (Pierre), 
du  Vivarais,  réfugié  à  Genève,  1680.  — 
(Pierre),  de  Mâcon,  id..  1688.— (Jean), 
de  Montpellier,  réfugié  à  Masjdehourg, 
v.  1686  ^1X.  -16S  bj.  —(Jacques),  d 
mes,  assisté  à  Genève.  1703. 

4.  ALLÈGRE  ou  Alègre,  roué  à  Nî- 
mes, 1704  II,  314  b,  315  a].  —  (Etienne), 
galérien,  mort  1698  [X,  420]. 

5.  ALEGRE  (Jean),  avocat  à  Castres, 
«  homme  très-versé  en  diverses  belles 
«  connaissances  et  surtout  en  géogra- 
«  phie  et  histoire,  »  dit  Borel,  mais  dont 
la  vie  est  très-peu  connue.  Nuus  sa- 
vons seulement  que  son  père  s'appelait 
Jean,  comme  lui,  et  sa  mère  Margue- 
rite Lautier.  Il  avait  épousé  Jeanne 
d'Olier,  dont  il  eut  plusieurs  enfants,  et 
mourut  le  18  mai  1680.  Borel  assure 
qu'il  fit  imprimer  diverses  Chroniques 
et  pièces  de  géographie  curieuses.  Ces 
ouvrages  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à 

1  Voy.  aussi  MUaigre. 


nous.  Plusieurs  de  ses  poésies  demeu- 
rées inédites  reçurent  les  éloges  de  ses 
contemporains.  (Pradel). 

Trésor  des  Antiquités  Gauloises  et  Franeoises,  de 
Pierre  Borel.  —  Les  Antiquitez  de  Castres,  du  même. 
—  Etat  civil  des  protest,  au  trib.  de  Castres. 

6.  ALEGRE  (Pierre),  pasteur  du  dé- 
sert, naquit   à   Beauvoisin  (Gard),   le 
15  sept.  1725.  d'une  famille  de  proprié- 
taires cultivateurs  aisés,  dont  le  chef, 
après  avoir  été  ruiné  par  les  mesures 
rigoureuses  prises  contre  les  protestants, 
s'était  relevé  par  un  mariage  aussi  avan- 
tageux qu'honorable.  Plus  d'une  fois  le 
jeune  Alègre  se  vit  poursuivi  par  les  trou- 
pes du  roi,  plus  d'une  fois  il  entendit  les 
coups  de  fusil  dirigés  contre  lui.  11  fit  ses 
études  sous  le  pasteur  Pradel.  et  plus 
tard  sous  la  direction  de  Paul  Rabaut. 
de  Gibert  et  de  Saussine,  et  eut  pour 
compagnons    d'études    les    Puget .    les 
Guizot.  les   Gachon,   etc.    Il   fut   con- 
sacré au   désert  par    Paul    Rabaut  le 
26  fév.    1756,  et   son  nom   figure  déjà 
dans  un  acte  du  26  avril  1757,  rédigé 
aux  environs  de  Vallon  (Ardèche),  et 
en  1759  dans  un  autre  acte  rédigé  à  La- 
gorce  [Voy.  aussi  X.    152.  458],  Pen- 
dant son  séjour  dans  le  Vivarais,  il  fit 
la   connaissance  d'une  jeune    fille    de 
la  famille  Guez  de  Barjac  (famille  qui 
existe  encore)  et  l'épousa  le  10  mai  1761. 
H  reçut  en  1760  une  vocation  de  la  part 
de  l'église  de  Calvisson.  Ses  serinons, 
dit  son  fils,  qui  nous  a  transmis  le  sou- 
venir de  l'influence  bénie  exercée  par 
son   ministère,  étaient   défectueux   au 
point  de  vue  de  la  forme;  mais  on  y  voit 
de  la  méthode,  de  lonction,  un  sage  es- 
prit et  une  connaissance  remarquable  de 
l'Ecriture  sainte.  Il  était  de  petite  taille, 
brun  et  maigre,  avec  l'attitude  grave 
commune  aux  pasteurs  de  ce  temps.  Nous 
voyons  en  1769  les  membres  du  consis- 
toire de  Calvisson,  désignés  seulement 
par  leurs  initiales  à  cause  des  périls  du 
temps,  adresser  au  synode  une  demande 
pour  le  prier  de  continuer  à  l'église  de 
Calvisson  le  ministère  de  M.  Âlègre, 
qui  s'est  toujours  conduit  en  vrai  mi- 
nistre de  J.-C.    Il  mourut  le   16  nov. 
1776.  Sa  digne  épouse  lui  survécut  jus- 
qu'en 1796. 

Son  second  fils.  Henri,  né  le  20  juin 
1766  à  Calvisson,  est  mort  en  1828,  pré- 


127 


ALÈGRE  —  ALLÈGRE 


428 


sident  du  consistoire  de  Bolbec,  et  a 
laissé  un  fils,  Pierre-Timothèe,  né  en 
1798  et  mort  pasteur  de  Rouen  en  1868. 
Avec  lui  s'est  éteint  dans  cette  branche 
le  nom  d'Alègre,  allié  aux  Guez,  aux 
A'Aygalliers  et  aux  Encontre.  Sa  fille 
aînée,  Jknny,  née  à  Calvisson  en  1796, 
épousa  L.-D.  Paumier,  né  à  Autretot 
(Seine-lnfér.)  en  1789,  mort  président 
du  consistoire  de  Rouen  en  1865.  (Pau- 
mier.) 

Philippe  Alègre  fils  cadet  de  Pierre 
fut  reçu  proposant  en  1790  et  pasteur  de 
S.-Ambroix  en  1791.  Il  avait  déjà  en 
1786  et  87  desservi  l'église  de  Blausac 
(syn.  du  B.-Langued.,  1780-91). 

7.  ALLÈGRE  (le  sergent  d'),  San- 
cerre,  1573  [VI.  73  aj. 

8.  ALLÈGRE  (Anne  d'),  fille  aînée  de 
Christophe  d'Allègre,  seigneur  de  Saint- 
Just  et  d'Aisery,  avait  épousé  en  1583 
[III,  418  b]  Guy-Paul  deChâtillon,  comte 
de  Laval,  fils  aîné  de  d'Andelot  et  de 
Claude  de  Rieux,  qui  mourut  en  avril 
1586 des  suites  del'affaire  de  Saintes.  Elle 
resta  donc  veuve  fort  jeune.  Elle  avait 
eu  ses  biens  confisqués  pour  la  religion 
sous  Henri  III.  Ils  lui  furent  il  est  vrai 
rendus,  18  déc.  1589,  mais  comme  ils 
avaient  été  dévolus  à  la  feue  reine  mère 
Catherine  de  Médicis,  elle  dut  faire 
renouveler  les  lettres  de  restitution 
en  1590,  1591,  1596,  et  n'en  obtint 
l'enregistrement  que  le  15  décembre 
1597  (Chamb.  des  comptes  de  Nantes, 
vol.  XIV,  f°  171).  Pendant  les  troubles 
de  la  Ligue  la  jeune  et  riche  veuve  reçut 
et  encouragea  les  hommages  du  ma- 
réchal d'Aumont  et  ceux  de  Saint-Luc. 
La  condescendance  qu'eurent  pour  elle 
les  chefs  militaires  du  parti  du  roi  en 
Bretagne,  détermina  bien  des  mesu- 
res qui  furent  quelquefois  heureuses 
[VII,  459  a],  mais  que  ne  justifièrent  pas 
toujours  la  prudence,  ni  l'intérêt  du  parti. 
Ce  désir  de  plaire  à  la  comtesse  de  La- 
val fut  cause  en  particulier  de  la  mort 
du  maréchal  d'Aumont,  qui  entreprit  le 
siège  de  Comper  dans  les  conditions  les 
plus  défavorables,  et  parce  qu'elle  dési- 
rait rentrer  en  possession  de  ce  château. 
Il  y  reçut  une  blessure,  dont  il  mourut 
peu  après.  Anne  d'Allègre  avait  eu  de 
son  premier  mariage  un  fils,  Guy  de 
Coligny,  qui  mourut  en  1605  le  30  dé- 


cembre, ayant  abjuré  l'année  précédente. 
Elle  épousa  en  secondes  noces  Guil- 
laume de  Hautemer,  comte  de  Grancey, 
baron  deMauny,  seigneur  de  Fervacques, 
maréchal  de  France,  lequel  mourut  en 
1613.  Peu  de  temps  après  il  était  fort 
question  d'un  nouveau  mariage.  On  s'en 
amusait  publiquement,  car  dans  un  li- 
belle de  l'époque  intitulé  «  L'inventaire 
des  livres  de  maître  Guillaume,  »  on 
trouve  :  «  Les  Quinze  joy es  de  mariage, 
reveues  et  corrigées  par  la  maréchale  de 
Fervaques.  »  On  parlait  pour  elle,  en  effet, 
du  prince  Maurice  de  Nassau  (juillet); 
mais  le  mois  d'août  suivant  il  était  ques- 
tion du  prince  de  Joinville,  Claude  de 
Lorraine  quatrième  fils  de  Henri  duc  de 
Guise,  qui  fut  connu  plus  tard  sous  le 
nom  de  duc  de  Chevreuse  (Lettres  de 
Cath.  de  Parthenay,  publ.  par  H.  Im- 
bert).  Ce  dernier  projet  semble  avoir  été 
plus  sérieux.  On  en  parla  plus  de  deux 
ans.  Elle  consulta  même  à  ce  sujet  Du 
Plessis-Mornay  (18  fév.  1616)  car  le 
prince  de  Joinville  était  catholique.  Mor- 
nay  lui  répondit  :  «  Pour  la  grandeur, 
Madame,  je  suis  encore  de  ces  bonnes 
gens  du  temps  passé  qui  la  font  con- 
sister en  la  vraye  vertu.  Un  tabouret  ne 
peut  pas  beaucoup  adjouster  à  vostre 
stature.  A  bouche  je  vous  en  dirois  da- 
vantage, car  si  le  respect  dû  à  vostre 
qualité  me  retenait  d'une  part,  le  fidèle 
service  que  j'ay  de  longtemps  voué  à 
vostre  personne  m'enhardirait  de  l'au- 
tre. »  —  Madame  de  Fervacques,  soit 
qu'elle  fut  touchée  de  cet  avis,  ou  que  sa 
conscience  l'ait  empêchée  d'aller  plus 
avant  dans  cette  voie,  ne  donna  point 
suite  à  ce  projet  de  mariage.  «  C'estoit 
une  honneste  femme,  »  dit  Tallemant 
des  Réaux.  Néanmoins  elle  ne  rompit 
pas  avec  le  prince  de  Joinville,  et  en 
mourant  elle  le  fit  son  héritier.  Elle 
tomba  malade  en  1619.  «  A  cette  heure 
(9  fév.  1619),  écrivait  Anne  de  Rohan, 
M.  le  prince  de  Joinville  ne  bouge  de 
l'hôtel  de  Madame  la  maréchale  de  Fer- 
vacques qui  est  toujours  fort  mal.  On  l'a 
voulu  fort  prêcher,  mais  elle  a  protesté 
qu'elle  voulait  mourir  en  la  religion  et  se 
fait  recommander  au  prêche.  On  croit 
qu'elle  ne  passera  pas  le  mois  de  mars. 
Sa  maladie  est  étrange.  »  (34e  lettre.) 
Dumoulin  ,   dans   son   autobiographie , 


129 


ALÈGRE  —  ALEMAXD 


130 


confirme  ces  détails.  Ayant  été  averti  in- 
directement par  la  sœur  même  de  la  ma- 
réchale qu'il  ferait  bien  de  la  visiter,  il 
s'y  rendit  sur-le-champ  :  «  Je  montay. 
dit-il,  à  la  chambre  de  la  malade;  et 
comme  je  commençais  à  parler  à  elle, 
voici  entrer  l'évesque  de  Genève,  envoyé 
par  la  princesse  de  Piémont  sœur  du 
roy,  pour  exorter  la  malade  à  mourir  en 
la  religion  catholique  romaine.  Là  il  y 
eut  quelque  contestation  entre  l'évesque 
et  moy.  Sur  cela  M.  de  Roissy  parla  à 
la  malade  disant  :  Madame,  il  n'est  plus 
temps  de  dissimuler;  dittes  franche- 
ment, voulés-vous  que  ce  soit  M.  l'éves- 
que qui  vous  console  et  prie  Dieu  près 
de  vous,  ou  bien  que  ce  soit  M.  Dumou- 
lin ?  Elle  répondit  :  J'en  prie  M.  Du- 
moulin. Sur  cela  plusieurs  catholiques- 
romains  se  retirèrent,  quelques-uns  de- 
meurèrent, qui  pendant  que  je  faisais  la 
prière,  taisaient  des  grimaces  pour  se 
mocquer.  Je  parlay  à  la  malade  et  la 
consolay  le  mieux  que  je  pus.  Lors  trois 
seigneurs  de  qualité  entre  lesquels  estoit 
If.  Dandelot,  rentrèrent  en  la  chambre 
de  la  malade  et  me  dirent  :  M.  Dumou- 
lin, il  y  a  là-bas  des  princesses  et  dames 
qui  désirent  vous  voir  conférer  avec 
monsieur  l'évesque.  Je  leur  dis  :  Mes- 
sieurs, vous  faites  cela  exprès  pour  me 
tirer  d'auprès  de  la  malade,  et  m'empes- 
cher  de  rentrer.  Là-dessus  ils  me  tirent 
de  grands  serments  et  promesses  qu'a- 
près la  conférence,  ils  me  laisseraient 
rentrer  pour  rendre  à  la  malade  les  de- 
voirs commencés (La  conférence  eut 

lieu  .  Je  remontay  vers  la  malade,  la- 
quelle peu  après  rendit  l'esprit.  »  (Bull. 
VII,  167.)  «  Madame  la  maréchale  de 
Fervacques  a  été  bienheureuse  d'avoir 
pu  être  admonestée  par  M.  Dumoulin. 
Je  me  doutais  bien,  Madame,  que  vous 
steriez  à  sa  dernière  fin,  »  écrivait 
le  8  juin  de  cette  année  Anne  de  Rohan 
à  Madame  de  La  Trémoille.  (  Vaurigaud.) 

ALEIX  ou  Allein  (d),  capitaine. 
[V.  157  b;YI,388a;Vn,30b].—  G.  de 
Ravnaud,  sieur  d"),  vers  1550  [V,  353  b; 
VU.  318  b;  VIII,  394  a].  Vov.  Ravnaud. 
—  D'Alen,  1600  [IV,  497  a  .  —  ÙAlens 
ou  Dalens,  Foix,  1598   XU,  63  b]. 

ALEIZETTE  (Pierre  d'),  consul  de 
Ghabotte,  signalé  en  1737  comme  obstiné 
huguenot  [Bull.  V.  316;. 


1.  ALEMAX  (Charles),  natif  de  Gi- 
mont  en  Gascogne,  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 27  nov.  1559.  —  Cf.  Ail... 

î.  AL  KM  AND,  «  Johannes  Aleman- 
dus  Marosiensis  (Marousse,  Charente?) 
Occitanus,  »  étudiant  à  Genève,  1592. 

3.  ALEMAXD  (Louis-Augustin),  né 
à  Grenoble  en  1653  [Haag  I,  60].  Après 
avoir  terminé  ses  études  à  Valence  et  y 
avoir  pris  le  grade  de  docteur  es  arts, 
Alemand  se  fit  recevoir  avocat  au  parle- 
ment de  Grenoble.  Les  persécutions 
contre  les  protestants  augmentaient 
chaque  jour  de  rigueur;  toutes  les  car- 
rières leur  étaient  successivement  fer- 
mées. Alemand  n'eut  pas  la  force  d'af- 
fronter les  périls  de  la  fuite  et  de  s'ex- 
poser aux  misères  de  l'exil  ;  il  abjura 
en  1676,  et  prit  alors  le  parti  de  se 
rendre  à  Paris,  où  il  se  fit  homme  de 
lettres.  Il  publia  en  1688,  in-P 
.\ouvelles  observations  ou  Guerre  civile 
des  Français  sur  leur  langue,  essai  d'un 
dictionnaire  historique  et  critique  de  tous 
les  mots,  de  toutes  les  locutions,  de 
toutes  les  règles  contestés.  L'Académie 
française,  qui  se  disposait  à  faire  parai- 
'ii  Dictionnaire,  en  arrêta  l'impres- 
sion pour  proliter  des  observations  d'A- 
lemand.  Ce  fut  Alemand  qui  publia  deux 
ans  plus  tard  les  Nouvelles  remarques 
' .  de  Vaugelas  sur  la  langue  fran- 
çaise :  Paris.  1690,  in-P2.  Cette  publica- 
tion fut  suivie  de  ï Histoire  monastique 
d'Irlande  ;  Paris,  1690,  in-L2;  trad.  en 
angl.:  Lond.  1782,  in-M°.  Ces  nouveaux 
ouvrages  lui  ayant  procuré  plus  de  dé- 
sagrément que  de  profit,  notre  auteur 
se  mit  à  étudier  la  médecine  dans  l'es- 
poir d'obtenir  un  brevet  de  chirurgien 
de  marine  qu'on  lui  avait  promis.  Il 
reçut  dans  ce  but  en  1693  le  grade  de 
docteur  à  la  faculté  d'Aix  ;  mais  le  brevet 
promis  ne  lui  ayant  pas  été  accordé, 
il  reprit  la  plume  l'année  suivante  et 
donna  le  premier  volume  d'un  Journal 
historique  de  l'Europe  pour  l'année  1 695  ; 
Strasb.  (Paris  .  It.'.ii,  in-1'2,  quinefut  pas 
continué,  les  rédacteurs  de  la  Gazette  de 
France,  du  Journal  des  Savants  et  du 
Mercure  s'étant  opposés  à  ce  qu'on  expé- 
diât un  privilège  pourcetouvrage.  On  doit 
aussi  à  Alemand  une  traduction  de  la 
Médecine  statique  de  Sanctorius,  qu'il 
intitula  :  Science  de  la  transpiration  ou 

ï.  5 


131 


ALEMAND  —  ALENONCOURT 


132 


médecine  statique...  c'est-à-dire  ma- 
nière ingénieuse  de  se  peser  pour  con- 
server et  rétablir  la  santé  par  la  con- 
noissance  exacte  de  l'insensible  transpi- 
ration; Lyon,  1694,  in-12.  S'il  faut  en 
croire  Carrère,  Alemand  publia  aussi  le 
Secret  de  la  médecine  des  Chinois,  Greno- 
ble, 1671,  in-12.  Il  se  proposait  de  publier 
un  traité  sur  l'ancienneté  des  médecins 
méthodiques,  lorsqu'il  mourut  à  Greno- 
ble en  1728.  —  Son  frère,  avocat 'au 
parlement  de  Grenoble,  abjura  comme 
lui  ;  il  se  serait  fait  connaître  (suivant 
la  fin  de  l'article  de  MM.  Haag)  par  un 
livre  dédié  au  Père  La  Chaise,  et  conçu 
dans  l'intention  de  défendre  les  protes- 
tants. D'après  une  note  postérieure  de 
MM.  Haag,  Jacques-Thomas  Alemand, 
frère  de  Louis- Augustin ,  ne  serait  pas 
l'auteur  d'un  livre  écrit  en  faveur  de  ses 
coreligionnaires  ;  l'honneur  en  appar- 
tiendrait à  Louis  -  Augustin ,  mais  ce 
livre  n'a  pas  été  publié.  Son  auteur  lui 
avait  donné  le  titre  suivant  :  Traité  pour 
prouver  que  les  protestants  ne  sont  pas 
inutiles  à  la  religion.  Peut-être  regret- 
tait-il alors  son  apostasie.  Quant  à  Jac- 
ques-Thomas, c'est  un  tout  autre  ou- 
vrage qu'il  aurait  dédié  au  Père  La 
Chaise,  car  à  en  juger  par  le  titre  il  se- 
rait intitulé  :  Préservatif  contre  toutes 
sortes  de  nouveautés  et  hérésies  ;  Gre- 
noble, 1688,  in-12. 

Uochas,  Biogr.  du  Davphiné. 

1.  ALENÇON  ou  Dalençon  (Guil- 
laume d'),  né  à  Montauban,  martyr  à 
Montpellier  en  1554  [VU,  497  a].—  La 
fin  héroïque  de  ce  chrétien  n'a  été  men- 
tionnée qu'en  passant  par  MM.  Haag; 
nous  pouvons  en  donner  aujourd'hui  un 
récit  émané  d'un  témoin  oculaire  *  : 

«  Le  16  d'octobre  1553,  Guillaume  d'A- 
lençon,  de  Montauban,  fut  dégradé.  C'é- 
toit  un  prêtre  converti  qui  avoit  apporté 
de  Genève  des  livres  et  séjournoit  depuis 
longtemps  en  prison.  Revêtu  de  son  cos- 
tume ecclésiastique,  il  monta  sur  une  es- 
trade où  l'évêque  était  assis.  Après  mille 
cérémonies  et  la  lecture  de  nombreux 
passages  en  latin,  ses  ornements  sacer- 
dotaux lui  furent  enlevés  et  remplacés 
par  des  habits  séculiers  ;  on  lui  rasa  la 
tonsure,  on  lui  coupa  deux  doigts,  puis 

•  Mémoires  de  Félix  Pluttcr  de  Basic,  trad.  et  publ. 
par  le  l)r  Ed.  Fick,  imp.  à  Oenove,  480C,  111-S". 


il  fut  livré  à  la  justice  séculière. qui  l'ap- 
préhenda sur-le-champ  et  le  ramena  dans 
son  cachot.  Le  16  de  janvier  1554,  il  fut 
condamné  à  mort,  et  l'après-midi  même 
il  fut  supplicié.  Un  homme  le  porta 
sur  ses  épaules  [les  jambes  liées  sans 
doute]  hors  de  la  ville,  à  la  place  où 
étoit  dressé  un  monceau-  de  bois.  A  la 
suite  marchoient  deux  prisonniers  :  un 
tondeur  de  drap,  en  chemise,  avec  une 
botte  de  paille  liée  derrière  le  dos,  et  un 
homme  de  condition,  fort  bien  accoutré. 
Dans  leur  égarement,  tous  deux  reniaient 
la  vraie  foi.  Pour  d'Alençon,  il  ne  cessoit 
de  chanter  des  psaumes.  Arrivé  devant 
le  bûcher,  il  se  déshabilla  lui-même  jus- 
qu'à la  chemise,  rangea  ses  vêtements 
dans  un  coin  avec  autant  d'ordre  que 
s'il  eût  dû  les  remettre  et,  se  tournant 
vers  les  deux  hommes  qui  voulaient  ab- 
jurer, il  leur  adressa  des  paroles  si  sé- 
rieuses que  sur  le  visage  du  tondeur  de 
drap  la  sueur  coulait  en  gouttes  de  la 
grosseur  d'un  pois.  Ce  que  voyant,  les 
chanoines  qui  faisoient  cercle,  montés 
sur  des  chevaux  ou  des  mules,  lui  com- 
mandèrent de  finir.  Alors  il  s'élança  d'un 
air  allègre  sur  le  bûcher  et  s'assit  au  mi- 
lieu. Par  un  trou  pratiqué  dans  l'esca- 
beau passoit  une  corde  ;  le  bourreau  la 
lui  mit  au  cou,  lui  lia  les  bras  au  corps 
et  alluma  le  bûcher  après  avoir  jette  des- 
sus les  livres  apportés  de  Genève.  Le 
martyr  restoit  paisible,  les  yeux  tournés 
au  ciel.  Au  moment  où  le  feu  atteignit 
les  livres,  le  bourreau  tira  la  corde  et 
serra  le  cou  du  patient  ;  la  tête  s'inclina 
sur  la  poitrine  ;  dès  lors  d'Alençon  ne  fit 
plus  un  seul  mouvement  et  son  corps  fut 
réduit  en  cendres.  » 

2.  ALENÇON  (Moïse),  de  Montéli- 
mart,  assisté  à  Genève  en  se  réfugiant  en 
Suisseavecsa  femme  et  ses  enfants,  1684. 

3.  ALENÇON (MadameD1), Metz,  1589 
[IV,  364  aj.  -(...  d'),  réfugié,  1688  [VI, 
260  b;  VII,  425  a].  —  Voy.  Alançon. 

4.  ALENÇON  de  "Milleville,  v.  1680 
[VI,  363  b].  Voy.  encore  :  [III,  84  b  ; 
VI,  59  a]. 

ALENCOURT  (...  d'),  condamné  à 
mort,  1562  [III,  382  b,  note]. 

ALENONCOURT  (M»«  d'),  réfugiée 
en  Prusse  et  pensionnée  par  l'électeur 
comme  personne  de  condition  (Erman, 
IX,  4). 


433 


ALES 


ALEYRAC 


434 


i.  ALÈS  ou  Allais,  pasteur  à  Marigné. 
1572,  à  Gémozac,  1576.  à  S.-Savinien, 
1590-1600  [Haag  II.  1931  ;  Bull.  IV.  322  : 
VII.  518:  Aym.  I.  189.'— Voy.  Allais. 

2.  ALÈS  ou  Alliez  (René  d'),  Tou- 
raine,  vers  1620  [V,  435  b]. 

ALESTI  (Pierre),  avocat  à  Nîmes, 
1554  [IV,  222  a]. 

1.  ALEXANDRE  (Paons),  d'Arles, 
pasteur  v.  1560  [III,  120:  IV.  244  b\  — 
(Marc),  de  Chaumont  en  Bassigny,  reçu 
habitant  de  Genève,  28  septembre  1573. 
—  le  capitaine),  de  Florac,  tué  en  1628 
[VIII,  490  b|.  —  (Charles),  de  Mets, 
v.  1640-1707  [VI.  445  a].  —  (Paul),  de 
Montpellier,  assisté  en  passant  à  Genève 
pour  se  réfusier  en  Allemagne,  1708. 

2.  ALEXANDRE  André  et  Salomon), 
naturalisés  anglais,  11  mars  1700. 

ALEXIS  (Gervais),  entretenu  à  l'aca- 
démie de  Die  par  le  colloque  de  Diois  en 
1611  et  reçu  au  saint  ministère  en  1612, 
exerça  le  pastorat  à  Briancon  de  1612  à 
1618  [X,  329,  331J,  à  Rosans  de  1618  à 
1622.  à  Livron  de  1629  à  1641.  L'évêque 
de  Valence  se  fondant  sur  la  déclaration 
royale  du  14  avril  1627,  qui  défendait 
aux  ministres  étrangers  de  remplir  leurs 
fonctions  en  France,  enjoignit  en  1630 
à  Alexis  de  quitter  son  diocèse.  Ce  der- 
nier s'y  refusa  et  aurait  été  arrêté  par 
l'évêque  s'il  n'eut  pris  la  fuite. 

Il  parait  du  reste  qu'Alexis  n'était  pas 
étranger,  car  le  roi  à  qui  son  affaire  fut 
renvoyée,  ne  ratifia  pas  la  sentence  épis- 
copale.  Il  avait  résumé  en  1641  Lafoy 
fondée  sur  les  Saintes  Ecritures,  de 
Daillé.  Gaspard  Fallot,  curé  de  Livron, 
y  opposa  sa  ■  Réponse  au  livre  de  la  foy 
fondée  de  Daillé,  ministre  de  Charenton, 
transcrit  et  abrégé  dans  la  lettre  d'A- 
lexis, ministre  de  Livron,  contenant  la 
défense  de  M.  Véron  :  Lyon,  1641, 
in-8°.  »  La  «  Lettre  »  d'Alexis  n'a  pas 
été  retrouvée.  (Arnaud.) 

Au  mois  de  mai  1655.  Jean  Alexis, 
avocat  au  pari,  de  Paris,  fils  de  Gervais 
Alexis,  ministre  à  Vinsobres,  et  de  Ma- 
delaine  Samuel,  épousa  Aimée  de  Bot  tin, 
dame  de  Vilaines,  veuve  de  Jean  de  Go- 
des, sieur  de  Ruet,  capitaine  exempt  des 
gardes  du  corps  (Reg.  de  Charenton  . 

1.  ALEYRAC.  Le  château  d'Aleyrac 
{de  Alariaco  ,  commune  de  S. -Vincent 
de  Barrez  (arr.  de  Privas,  canton  de  Ro- 

.1  .5 


chemore).  a  donné  son  nom  à  une  an- 
cienne famille  qui  parait  être  une  bran- 
che cadette  des  anciens  barons  d'Aigre- 
mont  au  diocèse  de  Nîmes,  du  nom  de 
d'Aleyrac.  Le  dernier  de  cette  illustre 
race  (on  a  une  donation  en  date  du 
1er  mars  1244,  où  il  est  question  d'un 
Pons  d'Aleyrac  mourut  en  1549.  ne 
laissant  de  son  union  avec  Marguerite 
de  Cambis,  qu'une  tille  nommée  Mar- 
guerite comme  sa  mère.  Cette  héritière 
épousa,  le  15  août  1561  [VIII.  459  b], 
Thomas  de  Rochemore  et  porta  tous  les 
biens  de  sa  maison,  avec  le  château  de 
Calviac  (Gard),  qui  depuis  a  passé  à  la 
famille  des  Hours,  dans  la  famille  de 
Rochemore. 

Au  milieu  du  XVIe  siècle,  le  même 
fief  se  retrouve  dans  une  autre  famille 
d'Aleyrac  (ou  Daleyrac)  du  Colombier 
(Haag  IV,  365)  ou  plutôt  de  Colombiers. 

2.  Claude  Daleyrac,  frère  cadet  de 
Pons,  sr  de  Colombiers  et  bailli  du  Vi va- 
rais,  épousa  Jeanne  de  Mercoyrol,  dont 
il  eut  trois  fils,  notamment  Guillaume, 
chef  de  la  branche  de  Chambeson  et 
Guinot  chef  de  la  branche  de  Fougères. 

3.  Guillaume  d'Aleyrac  de  Colombiers, 
seigneur  de  Chambeson,  se  distingua  à 
Moncontour  à  la  tète  de  cinquante  hom- 
mes d  armes;  puis,  comme  capitaine 
d'une  compagnie  d'infanterie,  il  mérita 
en  1598  les  éloges  de  Henri  IV  pour  sa 
conduite  contre  les  ligueurs.  11  avait  été 
député  à  l'assemblée  de  Milhau,  en  1573. 
et  mourut  en  1606  ou  1607. 

D'Anne  de  Sybleyras,  fille  d'un  bailli 
de  Privas  et  dTsabeau  de  Chàteauneuf, 
il  eut  :  David  Daleyrac,  sr  de  Chambe- 
son, homme  d'armes  de  la  compagnie  de 
Vendôme  en  1609,  capitaine  d'une  com- 
pagnie qui  guerroya  dans  la  Savoye  en 
1616;  mort  en  1649.11  laissa  de  son  ma- 
riage avec  Suzanne,  fille  de  Jean  de  Jul- 
lien,  sr  du  Fraisse.  et  dilsabeau  de 
Chambaud,  six  enfants  dont  quatre 
filles,  Paule,  Anne,  Geneviève  et  Judith 
d'Aleyrac.  Son  second  fils  Jean  mourut 
en  Italie  à  19  ans,  capitaine  d'infanterie, 
1640.  L'aîné.  Etienne  d'Aleyrac,  plus 
connu  sous  les  noms  de  Colombiers  ou 
de  Chambeson,  servit  d'abord  au  siège 
de  Perpignan,  1641  :  il  fit  ensuite  les 
campagnes  d'Italie  comme  capitaine. 
A  la  Révocation  il  n'hésita  pas,  malgré 


135 


ALEYRAC  —  ALIBERT 


136 


son  âge  avancé,  à  sortir  du  royaume. 
L'électeur  de  Brandebourg  l'accueillit 
avec  distinction  et  le  nomma  lieutenant- 
colonel;  mais  la  nostalgie  ou  toute  autre 
cause  que  nous  ignorons  le  ramena  dans 
sa  patrie  où  il  mourut  en  1686.  Il  avait 
épousé  en  1634,  Catherine  fille  de  Noé 
de  Chambaud,  seigneur  de  Saint-Léger 
et  de  Simonne  de  La  Tour.  Cette  dame 
ne  fut  pas  plutôt  veuve  qu'elle  passa  de 
nouveau  dans  les  pays  étrangers  ;  ce- 
pendant lorsqu'elle  sentit  approcher  sa 
fin,  elle  revint  aussi  mourir  en  France, 
1689.  De  son  mariage  était  nés  huit  en- 
fants :  trois  filles,  Jeanne,  Catherine,  Su- 
zanne et  cinq  fils.  L'aîné,  Louis,  né  en 
1636,  capitaine  au  régiment  du  Limou- 
sin, mourut  à  Chomerac,  1666.  Le  se- 
cond, Jacques,  né  en  1648,  page  du 
prince  d'Orange,  capitaine  de  la  milice 
du  Vivarais  en  1674,  fit  la  campagne  de 
Catalogne  au  retour  de  laquelle  il  mou- 
rut, 1674.  Le  troisième,  Noé,  sr  de  La 
Condamine,  né  en  1649,  entra  comme 
cadet  dans  les  gardes,  1671.  Peu  de 
temps  après  il  abjura  et  son  père  irrité 
lui  refusa  toute  assistance  jusqu'à  ce 
qu'un  arrêt  du  conseil  du  14  août  1671, 
l'eut  condamné  à  lui  payer  une  pension 
de  300  1.  Ce  fils  mourut  aux  Invalides 
en  1718,  sans  postérité.  Le  quatrième 
nommé  aussi  Noé,  sr  de  Colombiers,  né 
en  1650,  fut  envoyé  pour  étudier  à  Ge- 
nève, mais  n'en  suivit  pas  moins  l'exem- 
ple de  son  frère,  en  16Ï3,  et  se  distingua 
par  la  fureur  avec  laquelle  il  combattit 
ses  anciens  coreligionnaires.  Le  cin- 
quième, Etienne,  sr  de  Pramoulenc,  né 
en  1655,  sous-lieutenant  au  régiment  du 
Piémont,  mourut  à  Pignerol  en  1(373. 
(Haag.) 

Le  second  Noé  laissa  des  fils,  sei- 
gneurs de  La  Ghaize,  de  Colombiers,  de 
i^a  Condamine,  de  Saint- Vincent  de 
Barrez  et  de  Saint-Pierre  de  Barry, 
dont  la  descendance  existe  de  nos  jours 
dans  l'Ardèche,  et  s'allièrent  aux  mai- 
sons de  Geis  de  Pampelonne,  de  Pau- 
théac  de  Grandval,  de  Barruel,  qui  ne 
ressortent  point  de  notre  sujet.  La  ba- 
ronnie  d' Aleyrac  a  passé  par  ies  d' Assas 
et  les  Latour  du  Pin  à  la  famille  de  Sal- 
vaire,  dontlechef  est  aujourd'hui  le  baron 
Raymond  de  Salvaire  d' Aleyrac,  catho- 
lique, habitant  le  château  de  Cabrières, 


près  Saint-Jean  du  Gard.  (Cazenove.) 

4.  Guinot  d' Aleyrac,  frère  cadet  de 
Guillaume,  épousa  en  1598  Madelaine 
du  Chailard,  dame  de  Fougères  (par.  de 
St-Vincent  de  Barrez)  dont  il  eut,  entre 
autres  enfants,  Daniel,  sr  de  Fougères, 
docteur  en  droit,  député  à  diverses  as- 
semblées des  églises  réformées  en  1611 
IVI,  409  b;  Vil,  531  b]  et  1621  [V,  140 
a].  De  son  mariage  avec  Louise  d'Au- 
demar  naquirent  :  1°  François-Louis, 
sr  de  Fougères,  capitaine  d'infanterie,  à 
qui  sa  femme,  Judith  de  Serres,  ne 
donna  que  des  filles  :  Susanne,  Clau- 
dine-Gabrielle  et  Susanne  ;  2°  N.  d' A- 
leyrac,  capitaine  au  régiment  de  Qui- 
noy,  tué  à  la  tête  de  sa  compagnie  ;  — 
3°  N.  d' Aleyrac,  cornette  dans  le  même 
régiment,  mort  en  1676. 

ALEZIEU  (N.),  ministre  de  Garlin 
(Basses-Pyr.),  pendu  à  Pau  «  sans  nulle 
forme  de  procès,»  par  Henri  de  Na- 
vailles,  seigneur  de  Peyre,  gouverneur 
de  la  ville  ;  août  1569  (Bordenave,  263). 
—  (Moïse),  de  Montpellier,  étudiant  à 
Genève,  1680. 

ALGEVIN  (Jean),  du  Grand-Gallar- 
gues,  \lb1{Bull.  III,  482). 

ALGLANE  (Jacq.),  mis  au  Fort-1'Evè- 
que,  1685. 

ALGON  (Jehan),  de  Die  en  Dauphiné, 
reçu  habitant  de  Genève,  13  mai  1555. 

ALGUE  (Jaques),  de  S.-Hippolytede 
Roqueforcade  en  Languedoc,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  26  juin  1559. — Antoine 
d'),  sieur  de  Grive,  1613  [IX,  135  b].— 
(Paul  d')  ou  plutôt  Dalgue,  dit  Lassagne, 
pasteur  des  Cévennes,  1745  [IL,  494  a]. 

ALHAUD  (Antoine)  et  Marie  Alhaude, 
massacrés  en  Provence,  1562  [X,  469  et 
474]. 

ALHÉNAS  (...  d'),  officier  réfugié  en 
Prusse,  1686  (Erman,  IX,  3).  Alhoue, 
voy.  Aloue. 

ALIBERT  (ou  Allibert),  réfugié,  de 
Grenoble,  1688  [VU,  424  b].  —  (Pierre), 
marchand  à  Grenoble,  réfugié  avec  sa 
femme  et  sa  fille  à  Berlin,  1698.  — 
(Jeanne),  Alais  1754  [IX,  351  a].  —  Jac- 
ques), de  S.-Hippolyte,  assisté  à  Genève 
pour  gagner  Berlin,  1698.  —  (André),  de 
Ganges,  id.,  1699.  —  ^Guillaume)  et  sa 
femme,  réfugiés  à  Genève,  1707.  —  (Ma- 
riej,  assistée  à  Londres,  1721. —  (Jean), 
des  Cévennes,  reçu  habitant  de  Cenève, 


137 


ALIBERT 


ALIES 


138 


1731.  —  (Pierre),  de  S.-Hippolyte,  id., 
1731.  —  (Charles),  de  Paris,  id.. 

ALICAX  (la  veuve  du  sieur  d'),  réfu- 
giée au  Werder  (Berlin),  1700. 

ALICHOXS  (Catherine  d'),  v.  1590 
[II,  400  h  |. 

ALICOT  (Pierre),  de  Montpellier, 
«  maître  en  fait  d'armes,  »  réfugié  à  Ge- 
nève ver?  1709. 

ALIDOR  ,  prénom  d'un  capitaine  ca- 
misard  [II ,  315  a]. 

ALIEB  [Nicolas),  ministre  à  La  Rou- 
vière,  1569-70,  et  à  Brignon,  1571-72 
(Bull.  XXI,  133). 

ALIES ,  Alliés  ou  d'Aliès  ,  et  non 
Daliès  ',  famille  distinguée  de  Montau- 
ban,  occupant  les  charges  de  finance  et 
celles  de  la  magistrature,  et  ayant  ac- 
quis, vers  le  milieu  du  XVIIe  siècle,  la 
baronnie  de  Caussade  [Haag  IV,  l'.H  a\ 
=:  Armes  :  écartelé,  aux  l  et  4  de  gueules 
au  lévrier  d'argent,  aux  2  et  3  d'argent  à 
3  fasces  d'azur,  à  la  bande  de  gueules 
chargée  de  3  étoiles  d'or,  brochant  sur 
le  tout. 

Les  Aliès  avaient  embrassé  les  doc- 
trines de  la  Réforme  dès  15G1.  Lorsque 
l'édit  de  pacification  fut  publié  à  Mon- 
tauban  en  1503,  Bernard  d'Alii.s.  avocat 
du  roi  au  siège  du  sénéchal  de  Montau- 
ban  [III,  104  a],  futappelé,  en  sa  qualité, 
à  constater  l'état  du  Moustier  que  la  garni- 
son catholique  venait  d'évacuer,  et  i 
formellement  cette  garnison  de  l'avoir 
détruit.  En  1569.  il  présida  à  la  vente 
des  biens  du  clergé  en  vertu  d'une  com- 
mission de  la  reine  de  Navarre.  Il  mou- 
rut le  16  août  157 |  (Reg.  dos  sep.  de  M. 
1565-80.  p.  24).  —  Un  antre  d'Aliès  fut 
élu  consul  de  Montauban  en  1598,  avec 
Lauzat.  Tenant,  Vacher.  Faget  et  Vi- 
rac.  —  Un  autre  encore,  probablement 
petit-fils  de  Bernard,  servait,  en  1622, 
sous  les  ordres  de  Saint-André-Mont- 
brun  IV,  166  a].— Marie  d'Alip.s. mariée 
le  10  mars  1612  à  Jean  de  Caumant. 
sr  de  Montbeton  [IIL.  270  a].  —  A  la 
même  famille  appartenait  Antoine  d'A- 
liès, trésorier  général  de  la  maison  de 
Navarre,  dont  le  fils.  Jean,  receveur  .les 
tailles  du  Quercy.  épousa  Marie  Pain/ 
dans  le  temple  de  Charenton  en  1629. 
1  te  cette  union  naquirent,  le  13  oct.  1630, 

■  Ce  qui   résulte  de  l'examen  des  resistres  de  1  Y't.it 
civil  de  Montauban.  (■kkkNkoi 


Antoine,  et  le  17  mars  1633,  Jean,  sieur 
de  Martel,  qui  eut  pour  marraine  Marie 
d'Aliès,  dame  de  Montbeton,  et  qui  ab- 
jura le  9  nov.  1661.  On  a  le  contrat  de 
mariage  de  l'ainé  de  ces  deux  frères, 
«  Antoine  d'Aliès,  seigneur  et  baron  de 
Caussade,  conseiller  du  roy  en  son  con- 
seil d'Estat,  fils  de  messire  Jean  d'Aliès, 
aussi  conseiller  du  roy  en  son  conseil 
d'Estat  et  finances,  avec  dllc  Marthe  de 
Garrisson,  fille  de  messire  Jonathan  de 
Garrisson.  seigneur  de  Lustrac,  et  feue 
dlle  Anne  de  Coulom,  »  ledit  mariage 
célébré  au  château  de  Montbeton,  avant 
le  prêche,  par  le  ministre  Thom.  Satur. 
le  29  avril  1669,  on  présence  de  David 
de  Caumnnf,  baron  de  Montbeton.  An- 
toine d'Aliès  soutint  énergiquement  les 
vieux  principes  de  sa  famille  lorsque 
arriva  l'heure  de  l'épreuve  III,  8 
VII,  424  b].  En  1685.  il  obtint  la  per- 
mission de  rester  à  Paris,  dont  1 
jour  avait  été  interdit  aux  protestants, 
sous  prétexte  de  suivre  un  procès  devant 
le  Parlement  Suppl.  fr.  791  n°  l,  nunc 
-  i  intention  était  de  fuir,  et  il 
sit  non-seulement  à  gagner  la  Suisse 
en  1686,  mais  il  fut  même  assez  heureux 
pour  faire  venir  successivement  auprès 
de  lui  six  de  ses  enfants.  Le  u'ouverne- 
ment  se  saisit  dn  septième,  nommé  Jean, 
en  1691.  et  te  plaça  an  collège  Louis-le- 
Grand.  Sa  femme,  qui  n'avait  pas  encore 
pu  le  rejoindre,  fut  privée  de  la  tutelle  de 
son  (ils  et  de  l'administration  des  biens 
de  son  mari  (Suppl .  fr.  dont 

le  gouvernement  chargea  Samuel  d'A- 
ieur  de  La  Tour,  qui  avait  abjuré 
(  A  rchir.  ';■  I  .  Le  bar  on  d  e  Cau  s- 

sade  obtint  gratuitement, le  26  mar> 
les  droits  de  bourgeoisie  à  Genève,  avec 
ses  deux  tils.  Jonathan  et  David;  il  fut 
élu  membre  du  CC  en  1714  et  mourut  en 
nov.  1721.  L'ainé  alla,  s'établir  à  Lau- 
sanne, qu'il  habitait  en  1 7 10,  et  le  second, 
David,  après  avoir  fait  des  études  de  théo- 
logie en  Angleterre  et  en  Hollande,  fut 
consacré  ministre  à  Amsterdam,  le  1 7  mai 
1704.  Il  desservit  l'église  de  Delft  jus- 
qu'en I7i)9,  puis  il  futappelé  à  Copen- 
hague comme  successeur  de  Théodore 
ls  Blanc  ;  il  y  mourut  de  la  peste  en 
1711,  et  ue  parait  pas  avoir  laissé  d'en- 
fant de  sa  femme,  Suzanne  Marti  e.  ré- 
fugiée de  Bergei  ie,  qu'il  avait  épo 


139 


AL1ÈS  —  ALLAIRE 


440 


à  Oldenbourg,  et  qui  survécut  jusqu'au 
28  mars  1767. 

Anne  d'Aliès,  fille  du  baron  Antoine 
de  Gaussade,  épousa  en  1704  Georges 
Polier  [VIII,  282  a]  ;  sa  sœur,  Marthe- 
Marie,  devint  en  1717  la  femme  de  Jean- 
Robert  Tronchin  [IX,. 423  a].  —Nous 
connaissons  encore  une  Marthe  Dalliès, 
femme  de  B.-J.  Courault,  sieur  du  Por- 
tail, lieuten.  gén.  en  Prusse  [III,  316  a]. 
AL1ÈS  ou  Aliet.  Zacharie  Alies  ou 
Daliès,  (fils  de  Raimond,  marchand  à 
S. -Antonin  de  Rouergue),  avocat  au 
parlement  de  Paris,  marié  en  sept.  1678 
avec  Marie  Bizot  (Reg.  de  Char.)  et  en 
mars  1680  avec  Fr.-Mad.  Martin  [VI, 
538  b,  note;  VII,  296  a].  —  Jacques 
Aliet,  de  S. -Antonin,  assisté  en  passant 
à  Genève,  1698.  —  Isaac  Alier,  fils  de 
Guillaume,  marchand  à  S. -Antonin, 
épouse,  oct.  {&QS,  Anne  Rousseau,  veuve 
de  Jean  du  Ry,  architecte.  —  «  Zacha- 
rias  Alies  a  S.  Antonino  apud  Ru- 
thenos,  »  étudiant  à  Genève,  1705. 

AL1GRET  (d'),  Paris,  1562  [IV,  21  lai]  ; 
—  (Paul  d'),  1685  [VI,  346  b]. 

ALINGE  (Esther  d'),  femme  de  Jehan 
deBudé,  synd.  de  Genève,  1602 [III,  76  a]. 
ALION  (Gédéon),  de  Metz,  docteur  en 
médecine,  réfugié  à  Halle,  1700. 

ALISEÏ,  «  ministre  à  S.-Lagier,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  23  sept.  1572. 

ALISON  ou  Alizon  (Honoré),  massa- 
cré à  Valensolle  en  Provence,  1562  [X, 
469].  —  Alison,  de  Nîmes  ,  1687  [V, 
405  a]  ;  —  (Henri),  roué  à  Nîmes  en 
1705  [II,  314,  315].—  Autre,  pendu 
à  Nîmes,  1705;  ibid.  Voy.  Bull.  II, 
464.  —  Alison,  du  Vivarais,  1601  [X, 
265];  —1672  [VI,  34];  —(Jean),  de 
Gluiras  en  Vivarais,  chirurgien,  assisté 
à  Genève  en  1697;  réfugié  à  Friede- 
richstadt,  1700;  —  (Madelaine),  de 
Gluiras,  assistée  à  Genève,  1701.  — 
(M"e),  emprisonnée,  1720  [X,  404].  — 
(Jean),  de  Nîmes,  faiseur  de  bas,  reçu 
habitant  de  Genève,  27  oct.  1738.  — 
Jacques  Aleson,  de  Lyon,  assisté  à  Ge- 
nève, se  réfugiant  en  Allemagne,  1700. 
ALISON  (d')  ou  Alison,  1611,  1616 
[VII,  533  b,534  b]. 

ALISOT  ou  Alizot  (Armand),  de  Nî- 
mes, 1561  [VII,  337  a,  note].  —  (Jehan), 
«natif  deNismes,  »  reçu  habitant  do 
Genève,  23  oct.  1559. 


1.  ALIX  (Simon),  «  natif  de  S.-Sauveur- 
Lendelin,  dioc.  de  Goutances,  »  reçu  na- 
bi tantde  Genève,  5  août  1585. — (Etienne), 
d'Orléans,  étudiant  à  Genève,  1588. 

2.  ALIX  (Susanne),  72  ans,  et  sa  fille, 
assistées  à  Londres,  1702.  —  Cf.  Allix. 

ALIZIER  de  Langlade  ,  professeur 
d'hébreu  à  Nîmes,  1602  {Bull.  III,  46). 

ALL AIGRE  (la  dame  d'),  1593  [III, 
199  b].  —  Cf.  Allègre  n°  8,  col.  127. 

ALLAIN  (Jean),  ou  Allaire,  ancien 
de  La  Roche  -  Bernard  ,  1561  [VII, 
138  b]. 

1.  ALLAIRE  (Denys),  capitaine  bor- 
delais, condamné  1569  [II,  415  b].  —  Su- 
zanne, fille  de  Louis  Allayre  QldUAnne 
Goy,  1571  {Reg.  de  Saintes). 

2.  ALLAIRE  (quelquefois  écrit  Al- 
lain),  famille rochelloise,  1621  [III,  265  a  ; 
V,  87  b]  ;  — 1681  [VII,  417  b,  2«  note,  2°]  ; 

—  1685  [VI,  59  a].  —  Voy.  Alexandre 
Allaire,  naturalisé  anglais  11  mars  1700 
(Agnewl,  55);  réfugié,  1706,  en  Améri- 
que [VIII,  12  b]. 

3.  En  1708,  un  Alexandre  Allaire  figure 
parmi  les  juges  consuls  de  La  Rochelle. 
Il  était  frère  à' Antoine,  marchand  comme 
lui,  marié  en  1679  h  Jeanne  Pages,  et  qui 
quitta  la  France,  avec  un  brevet  du  roi, 
à  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Ce- 
pendant, on  trouve  encore  les  nom  et 
prénom  :  Antoine  Allaire,  et  le  même 
titre  de  juge  consulaire,  en  1686,  avec 
cette  annotation  :  «  nouveau  converti.  » 

—  Cette  famille  avait  été  l'une  des  pre- 
mières de  La  Rochelle  à  embrasser  le 
parti  de  la  Réforme.  François  Allaire 
est  inscrit  comme  tel  sur  les  registres 
de  l'état  civil  dès  1566.  Antoine,  proba- 
blement son  fils,  entra  au  corps  de  ville 
en  1617.  Le  petit-fils  de  celui-ci,  nommé 
Louis,  seigneur  du  Bugnon,  ancien  et 
diacre,  eut  de  sa  femme,  Jeanne  Super- 
ville, onze  enfants,  parmi  lesquels  :  An- 
toine, sieur  du  Bugnon ,  né  au  mois  de 
nov.  1627;  Jean,  sieur  du  Bugnon,  se- 
crétaire du  roi;  Henri,  né  en  1642,  con- 
seiller puis  lieutenant  général  en  l'ami- 
rauté ;  Esther,  mariée  au  pasteur  Louis 
de  La  Forest;  Suzanne,  mariée  en  1670 
à  Jean  Frcylwff 'et  en  secondes  noces  à 
Jean  Barbot,  sieur  de  Romagni,  con- 
seiller au  présidial.  L'aîné  do  ces  onze 
ont'auts,  Antoine,  avait  épousé,  en  1651, 

inné  Thcroudr,  dont  il  avait  ou  A/r.can- 


141 


ALLA  IRE  —  ALLEMAGNE 


142 


dre  et  Antoine,  les  deux  frères  mention- 
nés ci-dessus,  plus  Philippe,  qui  dispa- 
rait aussi  de  La  Rochelle  vers  1680, 
c'est-à-dire  qui  probablement  s'enfuit 
pour  conserver  sa  foi.  —  La  famille  Al- 
l.ure  est  encore  représentée  aujourd'hui 
à  La  Rochelle  par  des  descendants  de 
ce  nom,  fidèles  au  protestantisme.  (Jour- 
dan.) 

ALLAIS  (Isaac),  de  Gaen,  étudiant 
à  Genève,  1677. —  (Marguerite),  femme 
de  G.  Dupuis  d'Ermenouvii Je  IV. 

—  Abraham  Allais,  de  Dieppe,  53  ans. 
réfugié  et  assisté  à  Londres,  1705  ;  il 
avait  été  naturalisé  anglais,  3  juill.  1701, 
avec  Catherine  sa  femme  et  trois  enfants. 

ALLAMAND  (Claude),  galérien,  1690 
[X.  M5].  —pasteur,  1745 [H,  334). 

1.  ALLARD  (Cf.  Alard).  —  (Jehan), 
natif  de  Cusset  près  Moulins  en  Bour- 
bonnais, reçu  habitant  de  Genèv 
avril  1559.  —  (Jean),  de  Mirepoix,  étu- 
diantàGenève,  1560.—-  Hubert),  orfèvre, 
de  Reims,  hab.  à  Genève,  8  mai. —  (Ro- 
bert), deS.-Victor  en  Caux,  id..  1er  janv. 
1660.  —  (Raimond),  massacré  en  Pro- 
vence, 1562  [X,  160].  —  (Jean),  Or- 
léans, 1568  [VI,  531  b].  —  (Péron- 
nelle), Genève,  v.  1570  [VII.  300  b].  — 
(Anne),  Orléanais,  v.  1630  [VI,  536  a]. 

—  (Jean),  Poitou,  persécuté,  1681   [VII, 
417  a].   —  (Jacques),  Paris,    1685  [II, 
210].  —  (jG  il.  77].  —  (Ursinet 
François),  naturalisés  anglais,   I6É 
1701." 

2.  ALLARD  (Samuel),  d'Exoudun.  tils 
de  Pierre  Allard  et  de  Marie  Robin. 
étudiant  à  Genève  en  1671.  Pasteur  à 
Sauvage  près  La  Charité-s. -Loire,  en 
1680  [VII,  lit»  a],  il  épousa  cette  même 
année  Marie  Gosse  lin. 

3.  ALLARD,  famille  rochelloise 

59  a,  281  a].  —  (Paul),  de  La  Rochelle, 
pasteur  à  Sancerre.  161941  IV.  -193  a; 
V.  213  b;  VI.  -27  b.  28a,  281  a:  VII. 
145b;  X.  318.  343]. 

4.  ALLARD  (P.),  galérien,  L705  [X, 
420].  —  (Matthieu',  prédicant  du  Dau- 
phiné,  galérien,   1735  [X,  125], 

5.  ALLARD  Marte),  de  Sedan,  ré- 
fugiée à  Kœnigsberg,  1700.  —  (Jean), 
de  Loudun,  capitaine  dans  Vannée  prus- 
sienne mort  en  1707    V,  120  b]. 

6.  ALLARD  (Jeanne  i>'  ,  1562  [IV, 
51'2  a].  —  (Le  sieur  d),  Vivarais,  1587 


[V.  120  b].  —  (Jehan  d'),  consul  de  Mont- 
pellier, 1621  [id.].  —  D' Allard,  ministre 
dans  le  Bas-Languedoc  en  161 s. 

ALLARDOX  (Claire),  de  Dijon,  ré- 
fugiée à  Genève  où  elle  épo 
Abel  Rivery,  imprimeur. 

ALLAUD.  avocat  à  Paris,  condamné 
à  être  pendu.  1562  IX,  310  b]. 

ALLAURE  âomax),  paveur,  natif 
d'Orléans,  reçu  habitant  de  Génère, 
17  avril  1559. 

1.  ALLEMAGNE,  tué  à  La  Rochelle 
en  151  :  b]. 

2.  ALLEMAGNE  (Jacques  d')  ,  mi- 
nistre de  Meaux,  puis  de  Sézanne,  vers 
1659-1674  [Haair  I.  60;  —  II.  57;  VI, 
422  b;  VII,  49  b,  402  b  ;  IX,  6  b]. 

La  famille  de  ce  minis  tre  11  trure  da 
Tes  de  Charenton.  Sun  père  Isaac 
d'Allemagne,  'mort  à  Paris  en  1675;.  tils 
d'Isaac,  barbier-chirurgien,  et  barbier- 
chirurgien   lui-même,  avait  épou- 

I^ouise  Regnard.  fille  de  Gabriel 

Regnard ,  apothicaire   de  Sézanne ,   et 

de   Jeanne    Moreau.    De    ce    mariage 

naquirent  :   1°  Jacques  dont  il  va  être 

parlé,  présenté  au   baptême  le  22  mars 

1636   par    Jacques    Sarrasin ,    docteur 

en  médecine,  et  Françoise  Le  Maçon  ; 

>.ac,  baptisé  le  3(J  novembre  1642  ; 

3°  Abraham,  baptisé   le   1<S  juillet   lbi7, 

mort  en  1648;  4Û  Louise,  née  le  2  nov. 

:\\W)i>.  né  le  .s  juillet  1650; 

6°  Louise,   baptisée   le   25  janv.  1652; 

;.ÉNE,    baptisée  le    1  •  >  mars    lt',5.i; 

iuel,  bapt.  2  août  1654  :  9"  Marin. 

Le  premier  seul  est  connu.  (II 

Jacques  d'Allemagne ,  ministre  de 
Sézanne.  l'est  acquis  une  fâcheuse  célé- 
brité par  la  part  trop  active  qu'il  consen- 
tit a  prendre  dans  l'exécution  du  fameux 
projet  de  réunion  de  l'Eglise  protestante 
avec  l'Eglise  catholique.  Parent  par  al- 
liance d'un  des  ministres  de  l'Etat,  il  se 
crut  appelé  à  jouer  un  rôle,  et  sa  vanité 
l'aveuglant,  il  ambitionna  d'abord  une 
place  de  pasteur  dans  l'église  de  Paris. 
N  espérant  pas  toutefois  arriver  au  but 
de  ses  désirs  par  le  choix  libre  du  consis- 
toire, il  eut  recours  au  crédit  de  la  fa- 
mille de  sa  femme  et  se  fit  nommer  com- 
missaire du  roi  auprès  du  synode  de  l'Ile- 
de-France.  La  cour,  qui  se  berçait  alors 
du  fol  espoir  que  la  décision  de  quelques 
ministres  corrompus  par  ses  faveurs  et 


143 


ALLEMAGNE 


ALLEMAN 


144 


ses  promesses  suffirait  pour  faire  ren- 
trer les  huguenots  dans  le  sein  de  l'E- 
glise romaine,  accepta  la  coopération 
d'un  homme  qu'on  lui  dépeignait  comme 
propre  à  faciliter  la  réunion  désirée. 
D'Allemagne  fut  donc  nommé  commis- 
saire royal  auprès  du  synode  qui  s'as- 
sembla à  Charenton  en  1671.  Jamais  on 
n'avait  vu  avant  cette  époque  un  minis- 
tre revêtu  de  ces  fonctions  ;  aussi  cette 
nouveauté  excita-t-elle  de  légitimes  soup- 
çons ;  mais  la  prudence  exigeait  qu'on 
ne  les  fit  pas  trop  paraître.  Le  ministre 
de  Sézanne  assista  sans  opposition  au 
synode;  seulement,  quand  il  voulut  opi- 
ner en  sa  qualité  de  pasteur,  le  synode 
le  força  à  se  renfermer  dans  sa  charge 
de  commissaire,  en  lui  déclarant  que  si, 
comme  représentant  du  roi,  il  n'était  pas 
soumis  à  sa  juridiction,  il  l'était  comme 
ministre,  et  que,  comme  tel,  sa  conduite 
allait  être  examinée  sévèrement.  D'Al- 
lemagne ne  crut  pas  prudent  de  s'expo- 
ser aux  censures  de  l'assemblée  ;  il  alla 
même  plus  loin,  et  se  sépara  de  son 
église,  soit  qu'il  espérât  se  pousser  plus 
facilement  à  la  cour,  soit  qu'il  voulût 
prévenir  de  nouvelles  contestations  dans 
le  cas  où  il  serait  continué  dans  ses  fonc- 
tions de  commissaire  royal.  A  ce  dernier 
égard,  son  attente  fut  trompée;  car  lors- 
que deux  ans  plus  tard,  un  nouveau  sy- 
node fut  tenu  à  Charenton,  la  cabale  des 
accommodeurs  travailla  vainement  à  le 
maintenir  dans  sa  charge;  le  député  gé- 
néral, Ruvigny,  para  le  coup  et  obtint 
que  la  commission  serait  donnée  à  un 
autre.  Cet  autre,  il  est  vrai,  fut  La 
Brosse  de  l'Hôpital,  beau-frère  de  d'Al- 
lemagne. 

L'église  de  Sézanne  cependant,  n'ayant 
pu  obtenir  du  synode  le  pasteur  qu'elle 
souhaitait,  le  supplia  de  lui  rendre  son 
ancien  ministre  pour  lequel  elle  avait 
conservé  une  vive  affection,  et  la  cour 
donna  ordre  au  lieutenant  général  de 
Sézanne  de  maintenir  d'Allemagne  dans 
sa  place  (Archiv.  gén.  E,  3359).  Mais 
celui-ci,  qui  ne  se  souciait  nullement 
d'y  retourner,  obtintune  lettre  de  cachet 
portant  que,  vu  ses  bons  services,  S.  M. 
lui  ordonnait  de  quitter  l'église  de  Sé- 
zanne et  de  suivre  la  cour.  Le  synode 
ne  pouvait  aller  à  rencontre  d'un  pareil 
ordre,  lors  même  qu'il  en  aurait  eu  l'in- 


tention; cependant  il  ne  voulut  pas  lais- 
ser impunie  une  semblable  révolte  con- 
tre la  discipline,  et  il  cita  d'Allemagne  à 
comparaître  devant  le  prochain  synode 
pour  répondre  à  diverses  accusations 
portées  contre  lui,  tout  en  le  déclarant 
incapable  de  remplir  les  fonctions  pas- 
torales dans  aucune  église,  jusqu'à  ce 
qu'il  se  lût  justifié.  D'Allemagne  eut  de 
nouveau  recours  à  ses  protecteurs.  La 
délibération  du  synode  de  Charenton  fut 
annulée  par  un  arrêt  du  conseil  qui  le 
rétablit  dans  son  église  de  Sézanne,  que, 
deux  mois  auparavant,  un  autre  arrêt  lui 
avait  ordonné  de  quitter.  Il  y  retourna; 
mais  il  avait  perdu  toute  considération. 
Pour  échapper  aux  mortifications  dont 
on  l'abreuvait,  il  prit  un  parti  désespéré  : 
il  se  fit  catholique  et  obtint  du  clergé 
une  pension  de  600  livres.  Sa  conversion 
acheva  de  le  perdre  à  la  cour  même  ;  on 
l'abandonna  dès  qu'on  cessa  de  pouvoir 
se  servir  de  lui.  Il  vit  alors  dans  quel 
abîme  l'avait  entraîné  sa  vanité.  Plein 
de  remords,  il  passa  en  Angleterre,  où 
il  répara  sa  faute  d'une  manière  tou- 
chante et  donna  des  preuves  de  patience 
et  d'humilité  dans  l'obscure  condition 
où  il  vécut  jusqu'à  sa  mort.  Il  fut  natu- 
ralisé anglais  le  15  avril  1687  (Agnew  II, 
236).  Sa  femme  était  Elisabeth  de  Beau- 
vau.  Elle  lui  avait  donné  :  Anne-Elisa- 
beth, baptisée  le  2  oct.  1660,  morte  en 
1662;  Charles,  mort  à  trois  ans,  en  1667; 
Isabelle,  morte  enfant  en  1672. 

On  trouve  dans  le  t.  XI  de  la  collec- 
tion Conrart  (Paris,  Bibl.  de  l'Arsenal) 
un  sermon  de  Jacq.  d'Allemagne  sur 
Marc,  XII,  41-44,  prononcé  à  Sézanne, 
le  16  févr.  1650. 

3.  ALLEMAGNE  (Nicolas  du  Mas  de 
Castellane,  baron  d'),  vers  1570-1590, 
beau-frère  de  Liste,  qui  signa  les  lettres 
adressées  au  parlement  de  Grenoble  par 
les  principaux  capitaines  protestants  du 
Dauphiné  dans  le  but  de  sauver  le  brave 
Montbrun,  dont  le  roi  Henri  III  voulait  la 
tête  [IL  374a,  182  b,  500  a;  IV.  531  b; 
V,93  b  ;  1\,  142  h;  X.225].—  (Anne  d\ 
Paris,  1670  [VIII,  25  h].  —  ^Louise  .1'  . 
1627  [IX,358  a|.  —  vHlisabeth  d'),  1631 
[IX,  411  a].— (Sara  du  Mas  d')  [  1 .  275  b  . 

ALLKMAN  Sobannb),  1737  [Vil. 
93  b].  —  (Philippa),  réfugiée  et  assistée 
à  Genève,  1681 


lio 


ALLEMAND  —  ALLIX 


146 


ALLEMAND  de  Champs  (Justine;, 
1550-1588,  la  femme  dévouée  du  brave 
Montbrun  [IV,  464  a].  —  (Blanche  , 
v.  1600  (m,  218  b). 

ALLEMAND  ou  Alleman,  seianeurs 
d'ÀJUières,  XVI*  siècle  [II,  181,  371, 
373:  IV,  457  1):  VII,  445  b].  —(Jacques 
d'),  sieur  de  Mirabel,  1611  [VIII,  460  a]. 

—  Voy.  Falentin. 

ALLEN  (Marthe),  réfugiée  de  Breta- 
gne à  Londres,  53  ans,  et  assistée.  1702  : 
encore  à  Londres  et  assistée  en  1721.  — 
(Catherine,  v.  1750  [VIII,  275  b].  — 
(Elisabeth),  naturalisée  anglaise.  1696. — 
).  épouse  de  l'historien  Sismondi, 
1819  [IX,  284  b]. 

ALLENEÏ  (J*àH),de  Saintonge,  1563, 
condamné  à  mort  [VIII,  507  b]. 

ALLEXETTE.  de  Saintonge,  réfugié 
en  Irlande  v.  1700    IV.  224  a]. 

ALLÉON  ou  Aléon  (Marie  .  femme 
de  René  Thellusson,  à  Genève,  v.  1600 
[IX.  363  b  .  —  Jean),  tanneur  à  Anno- 
nay  ;  information  contre  lui  pour  propos 
injurieux  au  roi,  annonçant  son  dessein 
de  sortir  du  royaume,  1685  (Arch.  gén. 
Tt  . —  Louis),  d'Annonay  et  sa  femme, 
chaussetiers,  réfugiés  à  Génère,  1699- 
1709.  —  (Théodore)  et  sa  femme, passant 
à  Genève  pour  se  réfugier  en  Allema- 
gne, 1701. —  (Louis),  commerçant  à  An- 
nonay,  obtient  du  roi  de  France  et  du 
conseil  de  Genève  la  permission  de  ve- 
nir se  marier  à  Cologny  près  Genève  avec 
Louise,  tille  de  Joseph-René  Lombard 
de  La  Tune  et  de  Maudeleine  Alléon, 

ALLENS  (...  d),  capitaine,  1587  [III. 
456  b]. 

ALLEOUD  (Louis  d'),  du  Dauphiné, 
16-2-2  [III.  218  b]. 

AL  LU  >l.'D  Pierre,  Antoine  et  Fran- 
çois), tous  trois  de  Poyols  en  Dauphiné, 
reçus  habitants  de  Genève  en  1739,  17  il 
et*1747. 

ALLEROX  (Ambré),  d'Orléans,  réfu- 
gié à  Genève  et  reçu  habitant  v.  ! 

ALLEU  Anse),  Poitou,  v.  1560 [MIL 
401  a].  — [Jean), de  Languedoc,  ébéniste; 

—  (Jacques),  de  Montpellier,  serrurier, 
réfugié  à  Halle,  1700. 

ALLEE R  d'),  réfugié  français  tué  à 
la  bataille  de  Kollin  en  Bohème.  18  juin 
1757    Erman  I\ 

ALLE YG RE  (Berthou.emv,  filzdp  feu 


Jacques  ,  orfèvre,  natifz  de  Tholoze, 
reçu  habitant  à  Genève,  9  sept.  1550. 

ALLEYNE  Rebecca),1751  [IV. -235b]. 

ALLIAN  Nicolas,  fils  de  feu  Guil- 
laume et  de  Clauda  deChapays),  deCrest- 
des-Arnauds  en  Dauphiné,  réfugié  à  Ge- 
nève où  il  testa  âgé  de  18  ans  en 
Sa  sœur  Jeanne  était  veuve  de  Jean  Au- 
bret.  —  (Pierre),  du  Dauphiné,  réfugié  à 
Magdebourg,  1700. 

ALLIAUD   Jaoc.  b  Vallées,  ré- 

fugié et  assisté  à  Genève,  1685.  —  (Cathe- 
rine), d'Orange,  uL,  1703.—  Madelaine). 
assistée  à  Londres.  1721. 

ALLIÉ  (Louis),  de  Cal visson.  charpen- 
tier, réfugié  à  D^rotheestadt  avec  sa 
femme  et  son  beau-frère.  1698. 

1 .  ALLIER  (Lotis),  de  Nimes,  réfugié 
à  Genève,  Il  ^.—  Jean),  de  Tresclou, 
galérien.  17i5  [X, 405, 426]. 

-2.  ALLIER  Zacharie),  de  Toulouse, 
docteur  en  droit,  réfugié  à  Genève  et  as- 
sisté dans  cette  ville  de  4  écus  d'abord, 
puis  de  8  écus  pour  se  rendre  en  Alle- 
magne: 1705. 

ALLIER  (Lubind),  avocat  v.  1560 
[VII,  371  a].  —  (Marthe  d"),  v.  1750  [IV. 
40  a]. 

ALLIE  RI->  bmocsOT  d).  «  Innocen- 
tius  Allerianus  Delphinas  Gratianopoli- 
tanus,  »  étudiant  à  Genève,  1601. 

ALLIES    (Gédéon  ,    fermier,   âgé  de 
80  ans.  et  Susannesa  femme, réfu_ 
Londres,  !  * 

ALLEN",  galènes,  1708  (Bull.  XVIII, 
377  . 

ALLIoN  Gédéon),  pharmacien,  réfu- 
gié en  Allemagne,  v.  16.%  [III,  216  a].— 
(Anne),  vivant" vers  1630  [IV,  82  b].  — 
(Elisabeth),  v.  1650    Vi 

ALLIOT(Jean  ,  du  Dauphiné,  chirur- 
gien, Magdelaine,  sa  femme  et  deux  en- 
fants, réfugiés  et  asi  Londres, 
1702-1705.  —  (Françoise,  veuve  de  Char- 
les .  d'Autun  au  Perche.  61  ans.  i<l. 

1.  ALLIX  Jkab  .  pasteur  à  Dan geau, 
4610,  1638,  puis  à  Marehenoir  [I,  61  b, 
note:  IV,  420  a  :  VI.  104  b;  VIII.  42  b; 
IX.  195a;  X.  318,343).  Il  était  néà  Sully- 
sur-Loire  et  avait  fait  ses  études  aux  frais 
de  l'église  d'Orléans  (Voy.  Lettre  de 
Maillard  à  Du  Plessis-Morna 

-2.  ALLIX  Pierre  ,  pasteur  d'Alen- 
çon.vers  1635  11.516  :  IV,  278  b.  Il  avait 
fait  sps  étudps  à  Sedan  où  il  soutint  trois 


147 


ALLIX 


148 


thèses  qui  sont  publiées  dans  les  Thèses 
Sedanenses.  L'une,  en  1634,  De  monar- 
chia  totius  ecclesise  militantis  quas  a 
Petro  jingitur  in  successores  transmisse 
sous  la  présidence  de  Rambour ;  l'autre 
De  cultu  creaturarum  en  1635,  et  la  troi- 
sième De  reliquiis  sanctorum  et  eorum 
cultu,  sous  la  présidence  de  Du  Moulin, 
en  1636.  Il  avait  épousé  Madelaine  Alis- 
sot. 

On  a  de  lui  un  :  Catéchisme  auquel  les 
fondements  de  la  religion  et  de  nos  prin- 
cipales controverses  sont  établis  et  dé- 
fendus contre  les  impies  et  les  adver- 
saires; Paris,  1658,  in-8°. 

3.  ALLIX  (Pierre^  savant  controver- 
siste,  fils  du  précédent,  naquit  à  Alen- 
çon  en  1641  et  mourut  à  Londres  le 
3  mars  1717  [Haag  I,  61.  —  IV,  11  b  ; 
VI,  151b]. 

Son  père,  qui  exerçait  le  saint  minis- 
tère avec  honneur,  le  dirigea  lui-même 
dans  ses  études,  qu'il  lui  fit  compléter 
aux  universités  protestantes  de  Saumur 
et  de  Sedan.  Le  jeune  étudiant  passa  sa 
thèse  (ayant  pour  sujet  De  ultime  judi- 
cio)  à  Saumur,  sous  la  présidence  d'Amy- 
raut,  puis  fut  nommé  pasteur  à  S.-Ago- 
bille  en  Champagne  par  le  synode  pro- 
vincial qui  se  tint  à  Vitry  le  16  mai  1655 
(Arch.  gén.  Tt,  288).  En  1671  il  fut  ap- 
pelé à  desservir  l'église  de  Charenton. 
C'était  un  éloquent  prédicateur  (voy. 
Chauffepié),  un  homme  de  grande  mé- 
moire et  d'érudition  profonde,  qui  pos- 
sédait très-bien  l'hébreu,  le  syriaque  et 
le  chaldéen.  Il  publia  un  grand  nombre 
d'ouvrages  de  controverse  et  travailla 
aussi,  avec  le  ministre  Claude,  à  une 
nouvelle  traduction  française  de  la 
Bible. 

A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
le  22  octobre  1685,  tous  les  ministres  de 
Charenton  ayant  reçu  l'ordre  de  quitter 
Paris  dans  les  24  heures  et  le  royaume 
dans  15  jours,  Allix  se  retira  d'abord  à 
S. -Denis,  et  après  avoir  obtenu  avec 
beaucoup  de  peine  un  passe-port  pour 
sortir  de  France,  il  passa  en  Angleterre 
et  y  fut  naturalisé  avec  sa  femme  et  trois 
lils  qu'il  avait  alors  :  Jean,  Pierre  et 
Jacques,  le  5  janvier  1688.  Jacques  II 
lui  accorda  une  patente  pour  fonder  à 
Londres  une  Eglise  française  du  rite  an- 
glican. Trois  ans  après  son  arrivée  dans 


le  pays,  il  s'en  était  rendu  la  langue 
assez  familière  pour  écrire  un  livre  en 
anglais  :  Defence  of  the  Christian  Reli- 
gion, qu'il  dédia  au  roi  comme  un  témoi- 
gnage de  reconnaissance  pour  l'hospi- 
talité accordée  aux  réfugiés  de  France. 
Après  la  révolution,  en  1690,  il  fut 
nommé,  à  la  recommandation  de  l' évo- 
que Burnet,  chanoine  et  trésorier  de  la 
cathédrale  de  Salisbury;  de  plus,  les 
universités  d'Oxford  et  de  Cambridge 
lui  donnèrent  un  témoignage  public  de 
leur  estime  en  lui  conférant  le  grade  de 
docteur  honoraire  en  théologie  ;  mais  le 
clergé  d'Angleterre  lui-même  l'honora 
au  point  de  le  charger  d'écrire  une  his- 
toire des  Conciles.  Cette  histoire  devait 
former  7  vol.  in-fol.,  mais  le  projet  ne 
recutpointd'exécution.Cesavanthomme, 
dans  la  seconde  partie  de  sa  carrière, 
s'exalta  dans  le  sentiment  religieux  avec 
une  telle  intensité  que  sa  raison  en  fut  lé- 
gèrement altérée.  L'abbé  de  Longue- 
rue  avec  lequel  il  avait  eu  beaucoup  de 
relations  et  qui  le  regardait  comme  le 
plus  éminent  des  ministres  de  Charen- 
ton de  son  temps,  dit  crûment  (voyez 
Longueruana)  qu'  «  il  devint  fou  quand 
il  fut  en  Angleterre,  mais  fou  à  faire 
des  prophéties.  »  —  Les  nos  XXI  et XXII 
ci-après  de  ses  œuvres  attestent  en  effet 
cette  déviation  d'une  belle  mais  trop 
candide  intelligence. 

Allix  termina  sa  studieuse  carrière  à 
l'âge  de  76  ans,  laissant  trois  fils  et  deux 
filles  de  sa  femme,  Marguerite  Roger, 
fille  de  Jean  Roger,  marchand  à  Paris, 
et  de  Rachel  Croyè.  Il  l'avait  épousée  à 
Charenton  en  1678  (Reg.  de  Charenton). 
Ses  fils  furent  Pierre,  Jacques,  né  le 
23févr.  1682,  et  Thomas,  présenté  au bapt. 
lel2oct.  1684,  parThomas  Allix  capitaine 
aurég.deLanguedoc.  Pierre  Allixmarcha 
sur  les  traces  de  son  père.  Après  avoir 
pris  le  grade  de  docteur  en  théologie 
à  Cambridge,  il  remplit  les  fonctions 
de  chapelain  ordinaire  du  roi  et  pasteur  à 
Castlecamp,  Cambridgeshire.  En  17-29, 
il  devint  doyen  de  Glocester  et  l'an- 
née suivante,  d'Ely.  Il  mourut  en  L758 
et  c'est  de  lui  que  descendent  deux  no- 
tables familles  anglaises  actuellement, 
existantes  :  les  Allix  de  Willoughby- 
Hall  et  les  Allix  de  SwafJ'ham  Aunevv, 
Prétest,  exiles  front  France  . 


449 


ALLIX 


150 


Voici  les  ouvrages  du  pasteur  de  S.- 
Agobille  et  de  Charenton  : 

I.  Ratramne  ou  Bertram,  prêtre  ;  Du 
corps  et  du  sang  du  Seigneur,  Lat.  et 
franc.;  Rouen,  167*2,  in-12. 

Ratramne  ou  Rertram  était  moine  de 
l'abbaye  de  Corbie  et  vivait  vers  le  mi- 
lieu du  IXe  siècle.  C'est  à  la  demande 
de  Charles  le  Chauve  qu'il  composa  son 
livre  De  corpore  et  sanguine  Domini.où 
il  se  prononce  contre  la  présence  sub- 
stantielle ou  réelle  du  Christ  dans  l'eu- 
charistie. On  comprend  combien  cet 
écrit  était  favorable  aux  doctrines  pro- 
testantes. MM.  Haag,  après  avoir  mis 
cette  traduction  en  toute  assurance,  à  la 
tête  des  ouvrages  de  M.  Allix.  sont  re- 
venus sur  cette  opinion  [VI,  151  b]  par 
la  raison  que  Rarbier  dans  son  Diction- 
naire des  Anonymes  l'attribue  au  pas- 
teur M.  A.  de  La  Bastide.  La  question 
reste  indécise. 

H.    Dissertatio  de  Trisagii   origine, 
auctore  P.  A.  V.  D.  M.  (Petro  Allixio, 
VerbiDiviniministro);  Rothomairi.  1674, 
et  in-4°. 

UI.  Dissertationes  très:  1°  De  San- 
guine I).  X.  J.  Ch.  ad  epistolam  1  M  S. 
AuLrustini,  qua  num  adhuc  existât,  in- 
quiritur:  2°  De  Tertulliani  vita  et  scrip- 
'  De  Conciliorum  quorum  vis  deti- 
nitionibus  ad  examen  revocandis,  Paris, 
1680,  in-S.  — Ces  dissertations  parurent 
séparément.  Rarbier  dans  son  Dict.  des 
Anonymes  assigne  à  ''die  sur  Tertul- 
lien  la  date  de  1678;  une  trad.  fran 
parut  dans  l'Apologétique  de  Tertul- 
lien.  trad.  par  l'abbé  Girv  ;  Amst..  17<U, 
in-  12. 

IV.  Anastasii  Si/iait*  anagogieariim 
contemplationum  in  hexahemeron  libri 
XII.  gntc.  et  lat.,  ex  versione  et  cum 
notis  Andréa-  Dacerii;  cui  premissa  est 
Expostulatio  de  S.  Joannis  Chrysostomi 
epistola  ad  Cesarium  monachum  adver- 
sus  Apollinarii  hseresin,  à  parisiensibus 
aliquot  theologis  non  ita  pridem  sup- 
pressa;  Lond.  1682,  in-4°.  —  Ce  qui  in- 
spira à  Allix  lidée  de  son  ouvrage,  que 
quelques-uns  ont  attribué  à  tort  à  Jus- 
tel,  ce  fut  la  suppression  qui  fut  ordon- 
née de  la  lettre  au  moine  Césaire  dans 
l'édition  que  le  savant  Emeric  Digot 
publia,  en  L680,  de  la  Vie  de  S.  Chry- 
sostome  par  Pallade,  en  grec  et  en  la- 


tin. Plusieurs  passages  de  cette  lettre 
sont,  en  effet,  contraires  à  la  doctrine 
de  la  transsubstantiation. 

V.  Douze  sermons  de  P '.  A.  sur  divers 
textes.  -2e  édition.  Rotterdam,  Reinier 
Leers,  1685.  in-12,  522  pages.  —  La  pre- 
mière édition  était  sans  doute  une  im- 
pression non  autorisée  des  six  premiers 
discours  dont  il  est  fait  mention  dans  un 
avis  de  l'imprimeur  au  lecteur  placé  en 
tète  de  cette  seconde  édition.  MM.  Haag 
disent  que  deux  autres  sermons  de  P. 
Allix  avaient  déjà  paru  en  1676.  à  Cha- 
renton. Ce  sont  peut-être  les  deux  que 
voici  et  qui  ne  sont  point  deux  autres 
car  ils  figurent  dans  le  recueil  des  Douze 
imprimés  à  Rotterdam  en  1»  B 

VI.  Les  malheurs  de  Vimpènitence  ou 
Sermon  sur  ces  paroles  du  liv.  des  Pro- 
verbes au  ch.  I,  v.  2 1-28,  prononcé  à  Cha- 
renton le  28  déc.  1675,  jour  de  jeûne. 
Charenton,   Oliv.   de   Varennes, 

;i  p. 

VII.  Les  devoirs  du  saint  Ministère  ou 
Sermon  sur  les  paroles  de  S.  Paul  à  Tite, 
au  chap.  II.  v.  7 et  8.  Prononcé  à  Yitry- 
le-François  le  12  mai  167").  en  présence 
du  synode  et  pour  l'imposition  des  mains 
du  sieur  Droûet.  ministre  à  Epense.  Cha- 
renton, O.  de  Varennes  .  1676,  in-8°, 
54  pages  y  compris  l'acte  de  l'imposition 
des  mains. 

VIII.  Rêjlexions  critiques  et  théologi- 
ques sur  la  controverse  de  l'Egl* 
Xous  trouvons  l'indication  de  cet  ouvrage 
d' Allix  dans  le  Dictionnaire  de  Chautfe- 
pié.  Ce  savant  critique  en  cite  une  édi- 
tion de  1686,  mais  il  ne  pense  pas  que 
ce  soit  la  première. 

IX.  Déterminât  in  F.  Joannis   Pari- 
v  Prxdicatoris ,  de  modo  existendi 

corpus  Christi  in  Sacramento  Altaris  , 
alio  quam  sit  ille  quem  tenet  Ecclesia. 
nunc  primum  édita  ex  MS.  cod.  S.  Vict. 
Paris.  ;  cui  pnefixa  est  Pnefatio  histo- 
rica  de  dogmate  transsubstantiationis; 
Lond.  1686.  in-8°. —  Dans  sa  préface 
historique.  Allix  cherche  àprouver  qu'a- 
vant le  concile  de  Trente.  l'Eglise  ro- 
maine ne  tenait  pas  la  transsubstantia- 
tion pour  un  article  de  foi. 

X.  Les  maximes  du  vrai  Chrétien. 
à  la  suite  du  livre  intitulé  :  Bonnes  et 
Saintes  pensées  pour  tous  les  jours  du 
mois.  Amst.    1687,  in-2-i.  —  Les  Maxi- 


151 


ALLIX 


152 


mes  avaient  paru  seules  en  1678,  à  Cha- 
renton  (100  p.  in-12),  avec  une  approba- 
tion signée  Daillé  et  Mesnard,  datée 
aussi  de  1678. 

XI.  Réflexions  sur  les  cinq  livres  de 
Moyse,  pour  établir  la  vérité  de  la  reli- 
gion chrétienne,  tom.  I.  ;  Lond.  1687, 
in-8°;  Amst.  mêmeann.,  in-12.  —  Deux 
ans  après,  Allix  fit  paraître  la  suite  de 
cet  ouvrage  sous  le  titre  :  Réflexions  sur 
les  livres  de  l'Ecriture  Sainte,  pour  éta- 
blir la  vérité  de  la  religion  chrétienne, 
tom.  II;  Amst.  1689,  in-8°;  ce  second 
volume  fut  d'abord  publié  en  anglais 
avec  la  trad.  du  premier  par  l'auteur  lui- 
même  ,  Lond.  1688,  2  vol.  in-8u.  Plu- 
sieurs éditions.  Une  trad.  allem.  de  cet 
ouvrage  a  été  donnée  par  Eschenbach, 
Nuremb.  1702,  in-8°;  avec  annotations 
par  Mùtzel;  Schwabach,  1770-74,  4  part. 
in-8°. 

XII.  L'adieu  de  S.  Paul  aux  Ephé- 
siens;  Amst.  1688,  in-12.  —  Sermon 
qu' Allix  devait  prononcer  à  Gharenton  le 
jour  même  où  le  temple  fut  fermé.  Ce 
fut  le  pasteur  Ménard  qui  fit  le  dernier 
sermon  prêché  dans  ce  temple. 

XIII.  A  discourse  concerning  penance  ; 
showing  how  the  doctrine  of  it  in  the 
Ghurch  of  Rome  makes  void  true  repen- 
tance;  Lond.  1688,  in-4°.  —  Il  ne  pa- 
raît que  ce  Discours  sur  la  pénitence  ait 
été  trad.  en  français,  non  plus  que  les 
traités  suivants. 

XIV.  An  historical  discourse,  concer- 
ning the  necessity  of  the  minister's  in- 
tention in  administering  the  sacrament, 
1688,  in-8».    * 

XV.  A  discourse  concerning  the  me- 
ritofGood  Works  /Lond.  1688,  in-4°. 

XVI.  Préparations  ofthe  Lord' s  Sup- 
per,  with  maxims  of  true  Christianity 
from  the  french  of  Paul  Lorrain;  Lond. 
1688,  in-8». 

XVII.  An  examinationof  the  scruples 
of  those  who  refuse  to  take  the  oaths  ; 
Lond.  1689,  in-4°. 

XVIII.  The  judgment  of  the  ancien  t 
Jewish  Church  against  the  Unitarians, 
respecting  the  Trinity  and  divinity  of 
Christ;  Lond.  1689,  in-8°;  trad.  en  allem. 
par  C.  M.  Seidelius.  avec  une  préface 
de  Godfried  Arnold,  Berlin,  1707,  in-'t". 
—  Allix  entreprend  de  faire  voir  que 
l'ancienne   Kglise  judaïque  a  eu   sur  la 


Trinité  et  sur  la  divinité  du  Messie  les 
mêmes  idées  que  l'Eglise  chrétienne, 
quoique  moins  claires  et  moins  précises. 
Cet  ouvrage  a  été  vivement  attaqué  par 
Etienne  Nye,  recteur  d'Hormead,  dans 
sa  doctrine  de  la  sainte  Trinité  et  de  la 
divinité  de  J.-Ch.,  telle  qu'elle  est  en- 
seignée dans  l'Eglise  catholique,  et  dans 
l'Eglise  anglicane ,  en  IV  lettres ,  Lond. 
1701,  in-8°. 

XIX.  Sorne  Remarks  upon  the  eccle- 
sislical  history  of  the  ancient  churches 
of  Piedmond;  Lond.  1690,  in-8°. 

XX.  Remarks  upon  the  ecclesias- 
tical  history  of  the  ancient  churches  of 
the  Albigenses;  Lond.  1690  et  1692, 
in-4°  ;  écrit  d'abord  en  français,  selon 
Ghauffepié,  et  trad.  ensuite  en  anglais. 
Réédité  à  Oxford  en  1821. 

Dans  ces  deux  derniers  ouvrages , 
Allix  cherche  à  prouver  contre  Bossuet, 
que  les  anciennes  Eglises  des  Vaudois  et 
des  Albigeois  n'étaient  pas  entachées  de 
manichéisme  ;  que  depuis  le  temps  des 
apôtres  jusqu'au  XIIIe  siècle ,  elles  se 
sont  maintenues  dans  l'indépendance  de 
l'Eglise  de  Rome,  en  conservant  dans 
sa  pureté  la  doctrine  de  l'Evangile,  et 
finalement  qu'elles  ont  eu  une  succes- 
sion non  interrompue  de  pasteurs  régu- 
lièrement ordonnés. 

XXI.  Animadversions  on  Mr.  Hill's 
Vindication  of  the  primitive  Fathers 
against  the  Right  Révérend  Gilbert, 
bishop  of  Sarum,  1695,in-4°. —  Serait-ce 
le  même  ouvrage  que  Ghauffepié  indique 
sous  ce  titre  :  Défense  des  Pères,  etc., 
pour  servir  de  réponse  à  un  livre  inti- 
tulé :  Jugem.  des  Pères  sur  la  doctrine 
de  la  Trinité,  opposé  à  la  Défense  de  la 
foi  de  Nicée  du  Dr.  George  Bull? 

XXII.  Dissertatio  in  Talianum,  1700, 
in-8°.  —  Cette  dissertation,  imprimée  à 
la  fin  des  œuvres  de  Tatien  à  Oxford, 
est  attribuée  à  l'abbé  de  Longuerue 
dans  le  catalogue  des  ouvrages  de  ce 
savant  écrivain,  mis  en  tète,  du  Longue- 
ruana. 

XXIII.  DeMessùe  duplici  advêntu  dis- 
sertationesduse  adversue  Judseos;  Lond. 
1701,  in-12;  trad.  en  allem.  par  Eschen- 
bach, avec  les  Réflexions  sur  les  livres 
de  l'Ecriture  Sainte;  Nuremb.  1702, 
lH-8°.  —  C'est  dans  ce  livre  qu'Allix  eut. 
la  malheureuse  idée  de  vouloir  détermi- 


153 


ALLIX 


ALLUT 


154 


ner  le  temps  de  la  seconde  venue  du 
Christ  sur  la  terre,  qu'il  annonce  pour 
l'an  1720  ou  au  plus  tard  1736.11  ne  vé- 
cut pas  assez  pour  se  convaincre  de  la 
vanité  de  ses  prophéties. 

XXIV.  The  Book  ofpsalms,  with  an 
Ahridgement  of  each  psalm,  and  Rules 
for  the  interprétation  of  the  sacred  Book  ; 
Lond.  1701,  in-8°.  —  Cet  ouvrage  est 
écrit  dans  le  même  esprit  que  le  précé- 
dent. Au  jugement  de  Bayle,  «  Allix 
donne  à  la  plupart  des  psaumes  un  sens 
hien  différent  de  celui  qu'on  leur  a  attri- 
bué jusqu'à  présent  ;  il  trouve  des  pro- 
phéties partout,  et  se  récrie  contre  ceux 
qui  leur  donnent  un  double  sens.  r> 

XXV.  Nectar ii  patriarche  Hiero- 
solymiiani  Confutatio  imperii  Papie  in 
Ecclesiam;  Lond.  1702,  in -8°.  —  Tra- 
duction en  latin  de  l'original  grec. 

XXVI.  Aug.  Hermanni  Franche  Ma- 
nuductio  ad  lectionem  Script.  Sacra?, 
édita  studio  P.  A.;  Lond.  1706,  in-8°. — 
Francke  est  le  célèbre  fondateur  de  la 
maison  des  Orphelins  de  Halle. 

XXVII.  Dissertatio  de  J.  Ch.  anno 
et  mense  natali;  Lond.  1707,  in-8°. 

XXVHL  The  prophéties  which  Mr. 
Whiston  applies  to  the  times  immedia- 
tely  following  the  appearance  of  the 
Messiah,  considered  and  examined; 
Lond.  1707,  in-8°. 

XXIX.  ./  ('onjutation  of  the  hopes 
ofthe  Jews  ;  Lond.  1707,  in-8°. 

XXX.  Préparations  à  la  Cène  /Niort, 
1682,  in-12,  et  Lond.  1G88,  selon  Ade- 
lung  :  souv.  réimpr.  à  Genève. 

XXXI.  Remarks  on  some  places  of 
Mr.  Whiston's  Books,  either  printed  or 
in  manuscript;  Lond.  I711,in-8°. 

Quelques  écrivains  ont,  en  outre,  attri- 
bué à  notre  auteur  :  l'Ouverture  de  l'E- 
pitre  de  saint  Paul  aux  Romains,  etc., 
du  ministre  Jurieu:  le  traité  De  l'état  de 
l'homme  après  le  péché  et  de  sa  prédes- 
tination au  salut,  etc.,  de  Ch.  Le  Cène. 

4.  ALLIX.  ancien  à  Gion.  1612,  1626 
[VI.  27  b:  IX.  494  b], 

5.  ALLIX  Mllej.  1686  [X,  438];  on 
l'enferma  au  Pont-de-1" Arche.  Elle  était 
fille  de  Philippe  Allix .  marchand  à 
Rouen,  et  A"  Anne  du  Vidal,  fille  de  Jac- 
ques du  Vidal ,  contrôleur  général  des 
gabelles  .  qui  s'étaient  mariés  au  temple 
de  Gharenton  en  1635. 


6.  ALLIX  (Phil.),  galérien,  1686    \ 
408].  —  (P.),  salérien,  1687  [X,  410]. 

7:  ALLIX  DE  LA  RAIRIE  (Susanne 
«  femme  du  confesseur),  lequel  est  aux 
galères  depuis  18  ans  »;  elle,  âgée  de 
74  ans,  avec  sa  fille;  réfugiées  et  assis- 
tées à  Londres,  1705.  Peut-être  son  mari 
était-il  un  des  deux  précédents. 

8.  ALLIX  (la  veuve  de  Jean),  73  ans, 
assistée  à  Londres,  1702.  —  (Paul),  avec 
sa  femme  et  cinq  enfants,  id..  1721. 

9.  ALLIX  (d),  1680  [IX,  6  b]. 
ALLOGER   (Jacques)  et  sa  femme, 

de  Ximes,  déportés.  1687    X.  431.  432]. 

ALLOING  (François),  Mâcon.  1562 
;IV.  179  a]. 

ALLOARD  ou  Allouard  (Barthé- 
lémy), du  Petit  Oriol  en  Trièves  (Dau- 
phiné),  réfugié  à  Genève,  1606.  —  (Moïse. 
fils  d'Alexandre),  de  Mens  en  Dauphiné, 
id..  1691.  —  François,  fils  de  Laurent), 
de  Clelles  en  Trièves.  id. .  1721.  — 
(Alexandre  .  de  Mens.  id..  1766. 

ALLOXXKAl  Pierre),  seigneur  de 
S.-Pardoux  près  Parthenay,  v.  1600. 

ALLONS  P.  m  Riqueston  d').  1544 
[V,  353  b].  —  Le  capitaine  Alons.  1621 
B3]. — Dallons  ou  d' Allons,  capitaine 
au  service  britannique,  1689  (Agnew).  — 
D' Allons,  major  au  service  de  Prusse 
en  1729 (Ernum  IX,  4). 

ALLOXVILLE  (Louise  d'),  v.  1580 
[VI.  15  b]. 

1.  ALLUD  Isaac).  pasteur  dans  les 
Cévennes,  1745  [II,  494  a]. 

VLIJT  pxu  .  de  Montpellier,  étu- 
diant à  Genève,  17 

3.  ALLUT  ;Jean),  camisard  VI  ! 
b]  qui,  vers  les  années  1 70 4  à  1714.  se  fit 
remarquer  comme  soldat,  comme  pro- 
phète et  comme  bizarre  écrivain.  Après 
avoir  pris  une  part  des  plus  actives  aux 
troubles  des  Cévennes.  il  fit  sa  soumis- 
sion au  maréchal  de  Villars  en  170*  et 
se  retira  à  Genève,  mais  pour  reprendre 
presque  aussitôt  les  armes  et  les  dépo- 
ser de  nouveau  quand  il  eut  perdu  tout 
espoir  en  1706.  Il  s'exila  avec  quelques 
compagnons  d'infortune  :  Elie  Marron, 
Nicolas  Fatio,  Jean  Daudè,  Charles 
Pourtalès,  Isaac Avy,  Daniel  LeTellier, 
Elisabeth  et  Henriette  Charras,  sans 
que  l'exaltation  nerveuse  où  les  avait 
jetés  la  lutte  prodigieuse  qu'ils  venaient 
de  soutenir  pût  s'apaiser  en  même  temps. 


155 


ALLUT 


ALMERAS 


156 


L'agitation  prophétique  les  suivit  en  An- 
gleterre et  en  Allemagne  où  ils  cher- 
chèrent à  recruter  des  adeptes  soit  en 
provoquant  des  assemblées,  soit  en  pu- 
bliant des  lettres  et  des  discours.  Le 
consistoire  de  l'Eglise  française  de  Lon- 
dres s'éleva  contre  eux,  les  fit  condam- 
ner comme  faux  prophètes  et  impies,  et 
ils  tombèrent  bientôt  dans  un  si  profond 
oubli  qu'on  ignore  absolument  quel  fut 
ensuite  leur  sort. 

Les  auteurs  du  Dictionn.  des  Anony- 
mes, puis  de  la  Biographie  Michaud  et 
ceux  qui  les  ont  reproduits ,  inclinent  à 
croire  que  Jean  Allut  est  un  pseudo- 
nyme sous  lequel  se  cachèrent  Èlie  Ma- 
rion  et  ses  trois  amis,  ou  du  moins  Elie 
Marion  principalement.  C'est  une  pure 
conjecture  qu'on  n'aurait  probablement 
pas  hasardée  si  ceux  qui  l'ont  faite  eus- 
sent su  que  le  nom  d' Allut  est  assez  ré- 
pandu dans  le  midi  de  la  {France  pour 
que  beaucoup  de  gens  fussent  mis  en 
danger  par  des  publications  imprimées 
sous  un  tel  pseudonyme  ;  d'ailleurs,  la 
conjecture  tombe  devant  cette  considé- 
ration que  plusieurs  ouvrages  portent 
réunis  le  nom  d' Allut  et  les  autres  (Voy. 
l'art.  Marion  [VII,  251].  Des  trois  écrits 
suivants  les  deux  premiers  portent  le 
nom  de  Jean  Allut  seul  :  —  I.  Discer- 
nement des  ténèbres  d'avec  la  lumière 
afin  d'inciter  les  hommes  à  chercher  la 
lumière,  1710,  in-8°  (Londres?).  C'est 
probablement  une  édition  différente  que 
d'autres  (Barbier.  Dictionn.,  1872)  inti- 
tulent :  Discernement  des  ténèbres  par 
invitation  aux  créatures  de  Dieu  d'en- 
trer dans  l'arche  de  grâce  qui  se  bâtit 
aujourd'hui  (par  Jean  Allut,  Elisabeth 
Charras  et  Henriette  Allut)  ;  Rotterdam, 
Furly,  1710,  in-8°.  —  II.  Eclaire  de  lu- 
mière descendant  des  deux,  etc.,  1711, 
in-8°.  —  Ce  sont  des  raretés  bibliogra- 
phiques. —  III.  Cri  d'alarme,  ou  aver- 
tissement aux  nations,  qu'ils  sortent  de 
Babylon,  des  ténèbres,  pour  entrer  dans 
le  repos  du  Christ;  1712.  Précédé  d'un 
Avertissement  de  l'esprit  du  Seigneur, 
prononcé  de  la  bouche  de  Jean  Allut,  à 
Leipsic  [Bull.  XIII,  358). 

ALMARIC  (Jean),  martyr  en  1558 
[IV,  510  a].  —  (Guillaume),  sieur  de  La 
Loubière,  1613  [IX,  135  bj.  Voy.  Ran- 
chin. 


1 .  ALMERAS  (Claude),  coutelier,  na- 
tif de  Rosans  au  dioc.  de  Gap,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  7  juin  1557.  —  (Jacques), 
de  Serres  en  Dauphiné,  étudiant  à  Ge- 
nève, 1597. 

2.  ALMERAS  (Théophile),  d'Anduze, 
auteur  d'une  thèse  à  Montauban,  1657 
[VII,  196  b.  294  b;  vov.  encore  VIII, 
302  b,  464  a;  IX,  5  b].  En  1658  il  fut 
reçu  au  saint  ministère  par  le  synode 
provincial  d'Alais  et  fut  nommé  pasteur 
à  Ardaliès,  qu'il  desservit  jusqu'en  1660; 
de  là  il  passa  successivement  à  Colo- 
gnac,  1660-1665,  à  S.-Roman  de  Tousque, 
1665-1670,  à  S.-Julien  d'Arpaon,  1670- 
1673,  enfin  à  Générargues  et  à  S. -Sé- 
bastien, 1673-1685.  Réfugié  en  Suisse 
après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
nous  le  retrouvons  à  Lausanne  en  1690 
[IV,  212  b].  Il  avait  épousé  Gervaise  de 
Fabre  dont.il  eut  Théophile  baptisé  le 
29  déc.  1673  et  Elisabeth  le  21  novem- 
bre 1676.  La  commune  de  Générargues 
possède  les  registres  très-complets  des 
baptêmes  et  mariages  faits  par  lui  dans 
ses  diverses  églises,  registres  fort  bien 
tenus,  tous  écrits  de  sa  main,  et  d'une 
belle  écriture,  auxquels  se  trouve  jointe 
une  sorte  d'autobiographie  très-intéres- 
sante. (Auzière.) 

3.  ALMERAS  (Pierre),  de  Tribaux  en 
Dauphiné,  chapelier,  réfugié  avec  sa 
femme  et  deux  enfants,  à  Berlin,  1698. 

—  (Charles),  de  Bédarieux,  manufactu- 
rier de  bas,  réfugié  avec  sa  femme  et 
quatre  enfants,  à  Halle,  en  1698;  avec 
quatre  personnes  de  plus  en  1700.  —  Ju- 
dith), de  Gap,  réf.  à  Berlin,  1700. 

4.  ALMERAS,  viguier  de  Nîmes,  qua- 
lifié de  faux  converti,  ayant  sa  femme  et 
ses  trois  enfants  passés  à  l'étranger,  sol- 
licite un  passe-port  pour  aller  à  Orange  ; 
refusé;  1 700 (Arch.  gén.  Tt).  —  (Louis), 
d'Aubenas,  assisté  à  Genève,  1707.  — 
(Pierre),  des  environs  d'Alais,  assisté  à 
Genève  pour  gagner  l'Allemagne.,  1707. 

—  (Joseph),  de  Gap,  prosélyte  depuis 
cinq  ans,  assisté  à  Genève  pour  se  ren- 
dre à  Berne,  170(J.  —  (Pierre),  assisté  à 
Londres,  1721.  —  (Elisabeth),  à  Serres, 
etMadelaine,  à  Royans,  signalées  comme 
huguenotes  obstinées,  1737  (Bull.  Y, 
317). 

5.  Alméras  trahit  le  martyr  Fulcran 
Rei,  1086  [VIII,  404  a]. 


157 


A  LM  EUTES  —  ALPEE 


138 


Almeutès,  pseudonyme  d"  Antoine  Sau- 
nier Bull.  X.  -213). 

ALMOUST  (Jehan  d),  «  tailleur  de 
abillemens.natifz  de  Bloys,  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  19  juin  1550. 

ALOUE  (d')  ou  d'Alhoce  ,  sieurs  de 
La  Thibaudière,  1573-1615  [YIH,  5i  b]. 
—  (François),  sieur  des  Ageaux  ou  des 
Agéols,  capitaine,  1587  [III,  179  b].  — 
(Pierre),  sieur  de  ChàteaUrouet,  1595 
[VIII.  51  b].  —  Sa  fille  Elisabeth, 
fem.  de  Pierre  d'Orfeuille  [V.  -264  a, 
359  b;  YIH,  51  b].  —  ,'Esttier-Marie), 
v.  1050  [III.  179  b].  —  Daloue  (Fr.), 
condamné  à  Bordeaux,  1569  [II,  415  a]. 

ALOUVEAU  (Catherine  d),  v.  16-20 
[VII,  338  b]. 

1.  ALPÉE  DE  S.  -  MAURICE. 
MM.  Haag  ont  cité  incidemment  deux 
pasteurs  de  ce  nom,  seigneurs  de  S.-Mau- 
rice  l'un  et  l'autre  :  Sigisbert  Alpée,  vers 
1610-1637  [HI,  199b;  lY.4'.i5b;  X.350], 
et  Jacques  Alpée,  son  fils  [III.  199  b; 
IV.  -278  a,  356  a;  VI,  310  a;  VII.  399  a 
et  b;  VIII.  372  b].  —  Anne,  fille  de  Si- 
gisbert  [III,  199  b]. 

-igisbert  Alpée  était  pasteur  de  B.- 
Mars  en  Champagne l.  Il  avait  épousé, 
en  1010,  Marie  Cappel.  C'était  un  ecclé- 
siastique instruit  qui  aimait  les  lettres  et 
la  polémique.  On  en  a  conservé  un  té- 
moignage dans  une  lettre  qu'il  adressa 
le  1 1  sept.  1618  au  pasteur  Paul  Ferry 
de  Metz  s.  pour  le  féliciter  de  son  ou- 
vrage intitulé  le  Dernier  désespoir,  que 
Ferry  venait  de  publier  coutre  le  jésuite 
Véron  [Y,  104  b]. 

Il  eut  plus  tard  lui-même  une  grave 
polémique  à  soutenir.  Un  seigneur  pro- 
testant du  pays  qu'il  habitait,  nommé 
M.  de  La  Haye,  demeurant  à  Courge- 
nay  près  Sens,  après  avoir  repoussé  l'in- 
vitation du  roi  lui-même  qui  désirait  sa 
conversion,  ne  put  se  refuser  à  entendre 
un  docteur  de  Sorbonne  que  le  roi  dé- 
signa pour  l'instruire  et  lui  démontrer 
l'erreur  de  ses  opinions  hérétiques. C'était 


1  II  signait  :  Sigibertus  .ilpcrus,  Eccletiœ  reformata 
in  oppido  Summartiano  ou  bien  in  oppido  S.  Medardi 
pastor. 

1  Cette  lettre  commence  ainsi  :  «  Sa-pios  jam  ad  te. 
Tir  ornatissime  et  eruditissime,  scripturio;  sed  pudor 
hactenus  prsceps  meum  hoc  desidenum  taiiquain  suf- 
flaminequodam  cohibuit;  teineritatis  enini  et  audaciae 
tituluui  apud  te  me  incursurum  vereor,  si  tibi  ignotus, 
magis  meis  Helicone  tuoillatis  tela  a  sincerioribus  et 
sanctioribus  studiis  distrabo...  » 


dans  les  premiers  jours  de  l'année  1631, 
et  le  prêtre  désigné  était  Charles-Fran- 
çois d'Abra  de  Raconis.  un  des  prédica- 
teurs ordinaires  de  S.  M.,  membre  d'une 
famille  qui,  au  XVIe  siècle,  avait  em- 
brassé les  doctrines  de  la  Réformation 
voy.  Raconis)  et  maître  d'escrime  dès 
longtemps  éprouvé  (voy.  Bull.  IV.  01) 
en  polémique  religieuse.  Forcé  d'obéir 
au  roi,  le  gentilhomme  eut  naturellement 
recours  à  l'appui  de  son  pasteur  ;  mais  il 
ne  le  trouva  pas  aussi  empressé  qu'il 
l'eût  voulu.  L'intérêt  personnel  qu'il  avait 
à  ce  combat  théologique  l'empêchait 
d'acquiescer  aux  bonnes  raisons  que  les 
pasteurs  avaient  depuis  longtemps  pour 
ne  plus  se  prêtera  ces  tournois  peu  che- 
valeresques où  jamais  ils  n'avaient  ren- 
contré la  discussion  loyale,  mais  où  le 
docteur  de  l'Eglise  romaine  ,  parlant 
dans  une  assemblée  organisée  et  prési- 
dée par  des  autorités  qui  lui  étaient  en- 
tièrement favorables,  mettait  sa  tactique 
à  discuter  de  toute  chose  excepté  des 
points  en  discussion,  jusqu'à  ce  que  le 
ministre  fatigué  et  indigné  se  refusât  à 
le  suivre  dans  ses  excursions;  alors  il 
s'écriait  que  celui-ci  désertait  la  lutte  et 
il  chantait  victoire.  Sigisbert  Alpée,  par- 
faitement instruit  de  la  difficulté,  mais 
ne  pouvant  priver  de  son  assistance 
M.  de  La  Haye,  voulut  se  couvrir  du 
moins  de  l'assentiment  du  consistoire  de 
Paris,  qui  refusanettement,  par  la  main 
de  son  président  Jean  Mestrezat,  d'en- 
voyer personne  à  cette  conférence  tout 
en  lui  permettant  d'en  soutenir  le  far- 
deau lui-même  s'il  le  jugeait  convena- 
ble, mais  à  la  condition  qu'il  fixerait  à 
l'avance  les  points  sur  lesquels  devrait 
porter  le  débat  et  que  sousaucun  prétexte 
il  ne  s'en  laisserait  divertir.  «  Le  com- 
mandement que  faict  S.  M.  à  M.  de  La 
Haye,  écrivait  Mestrezat  à  son  collègue, 
n'engageoit  point  un  pasteur  à  une  con- 
férence si  de  vous  mesme  vous  ne  vous 
y  fussiez  obligé.  Un  homme  a  qui  le  Roy 
a  faict  tel  commandement  peut  porter 
des  oreilles  et,  au  bout  des  discours  du 
docteur,  respondre  selon  la  sincérité  de 
sa  conscience  qu'il  ne  se  sent  point  es- 
branlé  a  changer  pour  les  discours  qu'il 
a  ouys  et  n'est  pas  obligé  à  réfuter  le 
docteur  :  car  il  suffit  a  un  fidelle  d'estre 
persuadé  en  sa  conscience  par  une  lu- 


159 


ALPÉE 


160 


mière  proportionnée  à  sa  portée,  sans 
pouvoir  réfuter  les  subtilitez  des  doc- 
teurs contraires.  » 

La  dispute  eut  donc  lieu,  malgré  le  con- 
sistoire de  Paris,  et  le  lecteur  va  juger 
combien  le  consistoire  avait  raison.  Elle 
se  tin  t  à  Beaulieu,  dans  la  maison  du  sieur 
de  La  Verrière,  gouverneur  de  Sens,  le 
16  février  1631,  et  fut  close  le  lendemain. 
Raconis  était  assisté  des  abbés  de  S.-De- 
nys  et  de  S. -Thierry.  Voici  de  quelle 
manière  commence  le  procès-verbal  ré- 
digé d'un  commun  accord  : 

«  Le  sieur  de  La  Haye  a  proposé  qu'il 
a  receu  l'homme  de  S.  M.  et  depuis  a 
esté  prié  de  plusieurs  de  ses  amis  de 
quitter  sa  religion  et  se  faire  instruire 
en  la  croyance  de  l'Eglise  romaine.  Le 
dit  sieur  de  La  Haye  a  respondu  que 
Dieu  mercy  il  est  chrestien  et  qu'il  ne 
pouvoit  se  ranger  à  l'Egl.  rom.  a  cause 
des  additions  qu'elle  faict  en  sa  religion 
aux  choses  contenues  es  Ecritures  des- 
quelles il  adore  la  plénitude.  Toutefois 
que  si  on  luy  peut  monstrer  aux  dites 
Escritures  : 

«  L'adoration  et  vénération  des  ima- 
ges; 

«  L'invocation  des  saincts  décédez  ; 

«  La  transubstantiation; 

«  La  manducation  du  corps  de  Jésus- 
Christ  par  la  bouche  du  corps  ; 

«  Un  autre  sacrifice  propitiatoire  que 
celui  de  Jésus  en  la  croix  ; 

«  Un  autre  purgatoire  des  péchez  que 
le  sang  de  Jésus-Christ; 

«  Comme  on  peut  retrancher  au  peu- 
ple la  couppe  de  l'Eucharistie, 

«  Et  cela  luy  estant  monstre  par  les 
sainctes  Escritures,  il  est  prest  de  chan- 
ger sa  religion  et  d'embrasser  celle  de 
l'Eglise  romaine. 

«  Le  dit  sieur  de  Raconis  a  dit  qu'il 
justifiera  que  le  dit  sieur  de  La  Haye  de- 
meurant en  la  religion  qu'il  professe 
n'est  point  chrestien  ;  et  cela  faict,  qu'il 
justifiera  que  c'est  un-  faux  principe  qu'on 
ne  puisse  rien  croire  qui  ne  se  trouve  en 
l'Escriture.  Pour  le  reste  des  autres 
poincts  il  s'oblige  de  les  prouver  par  des 
voyes  que  l'on  ne  sçauroit  reprocher. 

«  —  Ledit  sieur  Alpée  a  respondu  qu'il 
est  icy  pour  monstrer  que  les  obstacles 
que  M.  de  La  Haye  trouve  pour  entrer 
en  l'Eglise  romaine  sont  bien  fonde/. 


suivant  son  principe  et  partant  prieM.de 
Raconis  de  commencer  par  la  preuve  du 
premier  article  pour  ne  point  perdre 
temps  puisque  le  dict  sieur  de  La  Haye 
s'oblige  de  croire  les  dicts  poincts,  si  on 
les  lui  montre. 

«  —  Le  sieur  de  Raconis  a  dict  que  le 
premier  poinct  estant  que  demeurant  le 
sieur  de  La  Haye  dans  sa  religion  il  ne 
peut  estre  chrestien,  il  le  commence  en 
cette  sorte  :  —  «  Si  sa  religion  ne  peut 
«  estre  appelée  chrestienne  et  divine, 
«  demeurant  en  sa  religion  il  ne  peut 
«  estre  chrestien  ;  or  est-il  que  sa  reli- 
«  gion  ne  peut  estre  appelée  chrestienne 
«  et  divine,  donc  demeurant  dans  sa  re- 
«  ligion  il  ne  peut  estre  appelle  chres- 
«  tien.  » 

«  —  Le  sr  Alpée  respond  que  le  sr  de  La 
Haye  n'a  mis  aucunement  le  dict  article 
pour  doute,  mais  que  la  première  de  ses 
doutes  est  celle  de  la  vénération  des  Ima- 
ges dont  il  désire  ouïr  la  preuve  sans 
incidenter,  n'estant  icy  que  pour  mons- 
trer que  les  doutes  dudit  sieur  de  La 
Haye  sont  bien  fondées. 

«  —  Le  sieur  de  Raconis  demande  res- 
ponse  à  son  argument  ou  adveu  de  ne 
le  pouvoir  faire  et  après  promet  de  pas- 
ser au  reste. 

«  —  Le  sieur  ministre  dict  qu'il  se  tient 
attaché  au  subject  pour  le  q.  il  a  esté 
envoyé  et  au  cas  que  le  d.  sr  de  Raco- 
nis ne  satisface  aus  dites  doutes  proteste 
que  le  dit  sieur  de  La  Haye  ne  peut  estre 
satisfait. 

«  —  Le  sieur  de  Raconis  après  que  le 
sieur  ministre  a  esté  solennellement 
sommé  de  respondre  à  son  argument 
ou  advoûer  son  impuissance  n'ayant  faict 
le  premier,  monstre  qu'il  acquiesce  au 
second  et  ainsi  qu'il  ne  peut  maintenir 
sa  religion  estre  divine  et  chrestienne. 

«  —  Le  sieur  ministre  a  dict  qu'il  ne 
peut  respondre  au  dict  argument  comme 
estant  hors  de  la  controverse  et  ne  tou- 
chant point  les  doutes  du  dict  sieur  de 
La  Haye.  « 

Le  ministre  se  maintenait  donc  sur  le 
vrai  terrain;  mais  son  gentilhomme  n'a- 
vait pas  la  même  fermeté  et  déclara  que 
puisque  l'argument  avait  été  proposé,  il 
trouvait  raisonnable  qu'il  y  fût  répondu. 
Dès  lors  Raconis  eut  toute  liberté  d'en- 
traîner son  adversaire  de  syllogisme  en 


161 


ALPÉE 


ALTEYRAC 


162 


syllogisme  le  plus  loin  qu'il  put  des  ques- 
tions proposées  et  d'user  ainsi  le  temps 
de  la  première  séance.  Le  lendemain, 
même  jeu;  sauf  que  les  adversaires  ne 
voulurent  plus  s'y  prêter  et  se  tinrent  plus 
fermement  au  sage  conseil  de  Mestrezat. 

«  Le  sieur  de  Raconis  s' estant  obligé 
à  la  lin  de  la  séance  précédente  de  prou- 
ver que  l'Escriture  ne  peut  estre  règle 
de  toute  vérité  et  juge  souverain  des  con- 
troverses, entre  en  sa  preuve  par  cet  ar- 
gument :  «  Si  l'escripture  saincte  est  rè- 
«  gle  de  toute  vérité  et  juge  souverain 
«  des  controverses,  ou  c'a  esté  pour  tous 
a  les  temps  que  l'Eglise  a  deu  durer  et 
«  pour  toutes  les  controverses  qui  pou- 
«  voient  naistre  en  matière  de  foy,  ou 
«  seulement  pour  quelque  temps  ou  pour 
«  quelque  controverse.  Or  le  sieur  mi- 
«  nistre  ne  peut  dire  ny  l'un  ny  l'autre 
«  sans  évidente  absurdité  :  donc  l'Escrip- 
«  ture  n'est  point  règle  de  toute  vérité 
«  ny  juge  souverain  des  controverses.  ■ 

Cette  fois,  Alpée  de  S. -Maurice  re- 
fusa positivement  de  répondre.  Son  ad- 
versaire se  lit  donner  acte  de  ce  qu'il 
appelle  :  «  lascbe  et  honteuse  fuitte  du 
«  ministre  »,  et  «  pleine  victoire,  de  la 
«  vérité  puisque  l'erreur  n'ose  passedef- 
«  fendre  »  ;  puis  il  rédigea  un  rapport 
triomphant  qu'il  lit  imprimer  sous  ce 
titre  :  Nue  et  véritable  relation  faicte 
au  Roy  de  la  conférence  tenue  par  son 
commandement...  Paris,  chez  Toussaint 
dellray,  103-2;  4  et  62  pag.  in-8°.  I 
avec  ce  rapport  même  que  nous  avons 
reproduit  toute  la  scène  et  mis  à  jour 
quelques-unes  des  fadaises  de  L'argu- 
mentation catholique. 

3.  Jacques  Alpée,  fils  de  Sigisbert,  fut 
de  1649  à  1655  pasteur  à  Av,  Chaltray 
et  S. -Mars  [III,  199  b;  IV,  356  ft;  VII, 
399],  puis  pasteur  et  professeur  en  1660 
à  Sedan  [VIII,  37*2  h].  Il  a  laissé  des 
ouvrages  et  des  Sermons  dont  les  sui- 
vants sont  les  seuls  que  nous  ayons 
retrouvés  : 

Deuxième  sermon  prononcé  à  Sedan 
le  jour  du  jeusne  qui  s'y  est  célébré  le 
jeudy  25  mars  1660,  par  Jacq.  Alpée  de 
S.  Maurice,  ministre  de  la  parole  de 
Dieu  et  professeur  de  théologie  audit 
lieu  (sur  l'ép.  IGor.  XI,  31);  Sedan,  1660, 
40  pag.  in -8°.  (Le  premier  sermon  avait 
été  prononcé  par  le  professeur  Le  Blanc 


de  Beaulieu,  et  un  troisième  par  Josué 
Le  Vasseur.) 

Disputât io  theologica  de  missx  sacri- 
Jicin.  Voy.  le  Thésaurus  disputationum 
thentogicarum  sedanensium  :  Gênera, 
1661,  2  vol.  in-4».  t   II.  p.  1073-93.) 

On  a  encore  de  Jacques  Alpée  : 
Examen  d'un  livre  du  P.  Adam  inti- 
tulé :  Projet  présenté  à  MM.  de  la 
R.  P.  R.  de  la  ville  de  Sedan  ;  Gharen- 
ton,  1663,  in-4°.  Il  avait  fait  ses  études 
à  Saumur  et  y  avait  soutenu  sous  la  pré- 
sidence de  La  Place  une  thèse  De  statu 
hominis  lapsi  ante  gratiam  (Biblioth.  de 
S.  Chappuis  à  Lausanne). 

Jacques  Alpée,  lors  de  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes,  s'étant  retiré  en 
Hollande,  fut  replacé  en  sa  double 
qualité  de  pasteur  et  de  professeur  à 
Maescricht.  Il  y  demeura  depuis  1686 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1700. 

ALPERON  ou  Alpron  (Jacques),  juif 
converti  au  protestantisme.  Il  ensei- 
gnait la  langue  hébraïque  à  Loudun, 
lorsque  le  bruit  des  succès  qu'il  obtenait 
dans  son  enseignement,  souleva  les 
bigots  contre  lui,  et  le  17  janvier  1665, 
une  lettre  de  cachet  ferma  son  école 
[Hâag  I,  66].  Il  la  transporta  à  Sau- 
mur où  il  était  en  1678,  car  le  12  janv. 
de  cette  année,  Philippe  Mesnard  sieur 
d'Aire,  écrivait  à  Bayle  qu'il  était  logé  à 
Saumur  «  chez  M.  Alpron,  juif  converti, 
«  habillissime  dans  toutes  les  langues 
«  orientales  et  fort  profond  dans  la  doc- 
«  trine  duTalmud,  savant  au  reste  italicè 
«  et  kupamd,  qui  a  l'art  de  tien  montrer 
«  ce  qu'il  sait,  enfin  qui  a  de  l'esprit  et 
«  du  brillant.  »  En  1685  il  obtint  de  pas- 
ser quelques  jours  à  Paris  [LU,  83  b], 
sans  doute  avant  de  quitter  le  royaume. 

ALPHAN  (Anthoyne),  natif  de  Seyne 
en  Provence,  reeu  habitant  de  Genève, 
13  juin  1558. 

ALRAN  (Jeanne  \  emprisonnée  en 
175-2  [X,  405]. 

ALTAINVILLE,  officier  du  duc  de 
La  Force,  emprisonné  en  1698  (Bull.  III, 
166). 

ALTEMPS(Jehan  d'),  pasteur  à  Mont- 
pesat,  v.  1567  (Bull.  IX,  297). 

ALTERIOUD  (Jeanne),  emprisonnée 
à  la  tour  de  Gonstance,  1739  [X,  442  . 

ALTEYRAC  (famille  d'),  1674-1687 
[VI,  56  b;  IX,  343  b]. 


l. 


6 


163 


AJLTH1ESSER  —  AMALRI 


164 


ALTHIESSER  (Symphorien)  et  non 
Altbiesser  [Haag  I,  67  ;  —  II,  5 16] ,  plus 
connu  sous  le  nom.  latin  de  Pollio. 
C'était  un  théologien  strasbourgeois  né 
dans  la  seconde  moitié  du  XVe  siècle, 
et  qui,  remplissant  une  cure  dans  la 
ville,  fut  chargé,  par  le  chapitre,  en  con- 
sidération de  son  éloquence,  de  soutenir 
la  polémique  contre  les  réformateurs  au 
nom  du  clergé  catholique  (1552).  Jamais 
attente  ne  fut  plus  cruellement  trompée. 
Althiesser  rivalisa  dans  la  prédication 
de  l'Evangile  avec  celui  qu'il  était  chargé 
de  combattre.  Il  fut  destitué  et  devint 
pasteur  aux  environs  de  la  ville. 

ALUIE  (d'),  pasteur  de  Chàtelleraut 
réfugié,  1572,  à  La  Rochelle  [II,  193  b]. 

Aluinbusc  (J.  d'),  voyez  Houdetot. 

ALUSSON,  «  mercier  de  S.-Lambert 
du  Lattay  en  Anjou,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  20  sept.  1572. 

ALYE  (Jacques),  massacré  en  Pro- 
vence, 1562  [X,  470]. 

ALZARD,  du  Dauphiné,  1683  [III, 
28  a]. 

AMADINE  (Anne d),  de Bellocq,  pri- 
sonnière au  château  de  Pau,  1688. 

AMAIL  (Jacques)  et  Marie  sa  femme, 
naturalisés  anglais,  21  mars  1688. 

AMALBERT  (Dominique),  de  Vinti- 
mille,  étudiante  Genève,  1599. 

AMALRI  (Jean),  dit  Sanglar  ou  Sen- 
glar,  de  Montpellier,  un  des  plus  braves 
chefs  protestants  du  Languedoc  [Haag 
I  67  b  ;  — 18  b  ;  VI,  444  b] .  Il  s'était  déjà 
acquis  une  certaine  réputation,  lorsque 
Baudiné  l'envoya,  en  1562,  commander 
Agde  ,  alors'  menacée  par  Joyeuse,  en 
place  du  capitaine  Condormiac  qui  venait 
de  mourir.  Ce  fut  le  30  oct.  que  les  ca- 
tholiques parurent  sous  les  murs  de  cette 
ville,  et  ils  la  serrèrent  de  si  près  qu'il 
fut  impossible  à  Calv-et ,  enseigne  de 
Sanglar,  et  à  Antoine  Dupleix  dit  Gre- 
mian,  d'y  jeter  le  renfort  qu'ils  ame- 
naient. La  ville  manquait  de  munitions  ; 
la  garnison  était  extrêmement  faible  , 
et  pour  comble  de  malheur,  la  mort 
du  capitaine  de  Lom,  autrement  dit  Pa- 
reloups,  et  l'absence  de  son  lieutenant 
Perrean  laissaient  le  gouverneur  sans 
officier  capable  de  le  seconder.  Mais  le 
courage  de  Sanglar,  soutenu  par  la  ré- 
solution des  habitants,  suflit  à  tout. 

Les  assiégeants  ouvrirent  le  feu  le 


1er  novembre.  Une  batterie  de  six  pièces 
de  canon  battit  en  brèche  les  faibles 
murailles  de  la  ville,  et  l'assaut  fut  pré- 
paré. Les  habitants,  encouragés  par 
leur  ministre,  nommé  Tori*eau,  «  homme 
plein  de  zèle  et  de  courage,  »  dit  Bèze, 
se  disposèrent  de  leur  côté  à  recevoir 
bravement  les  assaillants.  L'assaut  dura 
quatre  heures  avec  un  acharnement 
inouï.  L'ennemi,  repoussé  sur  tous  les 
points,  battit  en  retraite,  laissant  un 
grand  nombre  de  morts  sur  la  place.  La 
nuit  entière  fut  consacrée  par  les  assié- 
gés à  réparer  la  brèche;  hommes,  fem- 
mes, enfants,  tous  s'y  employèrent.  Le 
lendemain  se  passa  en  escarmouches 
dans  l'une  desquelles  le  ministre  Tor- 
reau  reçut  une  blessure  dont  il  mourut 
quelques  jours  après. 

Dès  le  commencement  du  siège,  un 
soldat,  nommé  Trencaire,  s'était  chargé 
d'aller  chercher  du  secours  à  Béziers. 
L'entreprise  était  périlleuse  :  il  fallait 
traverser  le  camp  ennemi,  passer  l'Hé- 
rault à  la  nage  et  franchir  plusieurs 
lieues  d'un  pays  sillonné  en  tous  sens 
par  l'ennemi.  L'intrépide  Trencaire  sur- 
monta tous  les  obstacles  :  il  obtint  des 
protestants  de  Béziers  qu'ils  enverraient 
au  secours  d'Agde  cent  vingt  arquebu- 
siers commandés  par  le  capitaine  An- 
gles et  portant  chacun,  outre  son  four- 
niment, une  livre  de  poudre.  Cette  petite 
troupe,  guidée  par  lui,  entra  dans  la 
ville  à  la  faveur  de  la  nuit,  le  3  novem- 
bre. Le  même  jour,  le  canon  de  Joyeuse 
ouvrit  une  nouvelle  brèche;  mais  les 
assiégés  reçurent  avec  tant  de  vigueur 
ceux  qui  se  présentèrent  à  l'assaut,  que 
la  retraite  fut  bientôt  sonnée.  La  nuit 
suivante,  Joyeuse,  averti  de  l'approche 
de  Baudiné,  leva  son  camp  en  toute 
hâte  et  se  replia  sur  Pézenas  avec  son 
artillerie  et  les  débris  de  son  armée. 

Cette  belle  défense  valut  à  Sanglar  le 
titre  de  gouverneur  d'Agde  que  lui  con- 
féra quelques  jours  après  le  comte  de 
Crussol,  frère  aîné  de  Baudiné,  qui  venait 
d'être  élu  «  par  les  Estats  des  villes  et 
diocèses  protestants  tenus  à  A'  ismes.  chef 
du  pays,  conducteur,  protecteur  et  con- 
servateur jusquesàla  majorité  du  roy.  » 

Dans  la  seconde  guerre  civile,  en  1 567, 
nous  retrouvons  le  capitaine  Amalri  à 
Montpellier,  où   il  contribua,  sous  les 


165 


AMALHI  —  A  MAT 


166 


ordres  de  Baudiné.  à  la  prise  du  fort 
S. -Pierre  Voir  Airebaudouze)  :  aussi 
fut-il  compris  dans  l'arrêt  rendu  à  ce  su- 
jet par  le  parlement  de  Toulouse  et  con- 
damné à  mort  par  contumace.  En  1573, 
il  prit  une  part  active  à  la  belle  défense 
de  Sommières  contre  Damville.  Deux 
ans  plus  tard,  il  servait  sous  les-  ordres 
de  ce  maréchal,  alors  l'allié  des  protes- 
tants, qui  lui  confia  le  gouvernement  de 
Sommières.  lorsqu'il  s'en  fut  emparé 
malgré  les  efforts  du  duc  d'Uzès.  Dam- 
ville. infidèle  à  ses  engagements,  s'étant 
rapproché  de  la  cour.  Sanglar.  à  la  tète 
des  religionnaires  de  Béziers.  vola  au 
secours  de  Montpellier,  qui  était  menacé 
par  les  catholiques;  mais,  fait  prison- 
nier dans  une  reconnaissance,  il  fut 
pendu  par  ordre  du  maréchal.  Sa  tête 
placée  au  bout  d'une  pique  fut  prome- 
ner en  triomphe  par  tout  le  camp. 

1 .  AMALRIC  (Isabeau).  dame  de  Bar- 
jac:  v.  1580  I.  247  b}.  Voy.  Durfort.  — 
(Pierre),  réfusié  à  Genève.  1685. 

2.  AMALRIC  (Guillaume  d').  consul 
de  Sommières.  1611  [VII,  533  b],  sieurde 

illargues,  1613  IX.  136  a].  —  Mar- 
guerite (d';.  1600  [IX,  136  b].  -  (An- 
toine). d'Alais.  ayant  refusé  les  sacre- 
ments dans  la  maladie  dont  il  est  conva- 
lescent est  condamné  comme  relaps  aux 
galères  perpétuelles .  quoique  les  méde- 
cins le  déclarent  trop  faible;  il  abjure 
dans  sa  prison.  1699  (Arch.  gèn.  Tt). 

AMALYY  Paul),  seigneur  de  Fari- 
nières.  docteur  en  droit,  premier  consul 
de  Puylaurens  en  16-23.  étaitfilsde  Jean, 
qui  lui-même,  avait  occupé  dignement 
cette  charge  pendant  les  guerres  de  re- 
ligion. Il  était  marié  avec  Catherine  de 
Roux  et  eut  plusieurs  enfants  dont  trois 
connus  :  Jean,  seigneur  de  Farinières; 
David,  dont  nous  allons  parler,  et  Paul, 
collecteur  des  deniers  royaux. 

David  d'Amalvy  lit  ses  études  à  l'aca- 
!  demie  de  sa  ville  natale  sous  la  direc- 
tion du  pasteur  Bonnafoits.  bien  connu 
alors  par  son  savoir  et  sa  piété.  En  1676, 
il  était  ministre  de  Réalville,  en  rési- 
dence à  Négrepelisse  d'où  sa  femme, 
Marthe  Monteil,  était  originaire.  Leurs 
enfants  furent  :  Isaac.  Jeanne  et  Mar- 
the. (Testament  de  Bonnafous  et  autres 
documents  particuliers.   Pradel.) 

AMAX  ou  Amand  (Paul),  de  Sedan. 


marchand  manufacturier  de  l>as.  sa 
femme,  trois  enfants  à  lui.  et  trois  au- 
tres enfants  de  ses  beaux-frères  de  Metz, 
son  frère,  sa  sœur,  son  père,  sa  mère, 
une  servante  et  deux  apprentifs.  réfugiés 
à  Berlin.  1698.  —  (Jaques),  de  Sedan, 
secouru  à  Genève  (1699).  pour  retourner 
en  Allemagne. 

Papiers  Dietcrici,  et  de  la  Bourse  françoise. 

AMAXDY     Laurent  .   rubantier.  du 
Luc  en  Provence,  reçu  habitant  A- 
nève.  juill.  1558.  —  (Charles),  du  dioc.de 
Fréjus.  ïd..  8  mai  1559. 

AMAXJOU  de  la  Zardoxmère.  tué 
à  La  Rochelle,  1573  [IV.  395  a]. 

AMAXZÉ    ou    Amanzav.    capitaine. 
isiné  1568  [II.  360  a,  note].  —  Isa- 
belle d),  1584  [Aid.]. 

AMARD(Je\n     .    -.-Bonnet en Dau- 
phiné.  avec  sa  femme  et  trois  enfan  t  - 
sistés  à  Genève  pour  aller  à  Berlin.  1700. 

1.  AMARYk  Leonardus^THar/w-snor- 
manus.  »  étudiant  à  Genève.  1563. 

•2.  AMARY.past.de  Bressuire.  réfugié 
en  i:>7-2  à  la  Rochelle  [H,  193  b.  note]. 

1.  AMAT,  «  Johannes  Amaius  Mon- 
tispesulanidioces.,  j>étud.  à  Genève.  1 563. 

%.  AMAT  de  la  Rose,  médecin,  mem- 
bre du  consistoire  de  la  Roche-Bernard 
en  1563.  Voir  Crevain,  p.  139. 

3.  AMAT  (Pierre',  ancien  de  Yille- 
veyrac  (Hérault),  chargé  en  vertu  d'un 
contrat  à  lui  passé  par  les  autres  an- 
ciens, ses  collègues.  4  sept.  1678.  de  la 
levée  des  cotisations  pour  l'entretien  de 
M.  X ester  Brun,  ministre  de  l'église  de 
S.-Pargoire,  où  ceux  de  Villeveyrac.  pri- 
ves «le  leur  temple,  vont  entendre  la  pré- 
dication. 

Minutes  de  J.  Nicolas,  notaire  de  Viaeveyrac. 

i.  AMAT.  de  Chamberigaud,  chantre 
et  lecteur  dans  le  camp  des  Camisards, 
17i»',    Bull.  XVI.  n 

5.  AMAT  (Isabeau  ,  chargée  de  son 
vieux  père,  assistée  à  Genève.  1692. — (Jo- 
seph), d'Orange,  id.,  1698. —  (lsaac\d'0- 
range,  assisté  ta  Genève  pour  chercher  un 
refuge  en  Suisse. 7  se;  1. 1 703. — (Sa  veuve) 
et  un  enfant,  id.,  le  même  jour.  —  (Jean), 
de  Maringue  en  Auvergne,  laisse  à  Ge- 
nève sa  femme  et  son  fils,  qui  enseigne 
les  langues,  et  reçoit  un  secours  pour  al- 
ler en  Allemagne.  17U4.  —  (Jean),  sa 
femme  et  ses  enfants,  assistés  à  Lon- 
dres. 1721  :  mort  le  "25  déc.  17-21. 


167 


AMAT 


AMBOIX 


168 


6.  AMAT del  Rang  (Gillette  d'), dame 
de  Lautrec  [VI,  435  b]. 

AMATZ  (Jean),  maire  de  Villeneufve 
en  Languedoc,  1562  {Bull.  III,  228). 

1.  AMAURY  (Daniel),  de  Picardie, 
maître  chirurgien,  réfugié  à  Francfort- 
s.-Oder,  1698. 

2.  AMAURY  (Guillaume),  d'Orange, 
assisté  à  Genève,  7  sept.  1703. —  (Margue- 
rite), assistée  àLondres,  1702. —  (Claude), 
de  Guise,  48  ans,  Sara  sa  femme  et  trois 
enfants,  assistés  à  Londres,  1702-1705. 

—  Daniel  Amory,  naturalisé  anglais, 
1682.  Plusieurs  autres,  assistés  à  Lon- 
dres jusqu'en  1723,  écrivant  aussi  leur 
nom  Amory. 

AMBARBE  (P.),  à  Gampagnac.  1672 
[IV,  394  b]. 

AMBESAIGUES  (Honorât  d'),  ancien 
de  Pézenas,  1562  (Bull.  III,  228).  — (la 
demoiselle  d'),  vers  1590,  à  Béziers  [X, 
225]. 

AMBESIEUX  de  Galignon  (D'),poëte, 
né  en  1729  [III,  104  a). 

AMBLARD,  capitaine,  1577  [II,  181]. 

—  (Jean),  pastear  de  S.-Glaud  en  Sain- 
tonge  [VII,  375  a1].  —  (P.),  des  Gé- 
vennes,  déporté,  1687  [X,  432].  — 
(Pierre),  de  Paris,  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 10  avril  1702. 

Le  pasteur  de  S.-Claud,  après  avoir  vu 
sa  paroisse  supprimée,  s'était  retiré,  en 
1685,  chez  le  seigneur  de  Suaux,  dont 
l'habitation  n'était  qu'à  une  demi-lieue 
de  distance,  mais  en  Poitou.  M.  de  Gour- 
gues,  intendant  de  Limoges,  serviteur 
brûlant  de  zèle,  supportait  aigrement  ce 
voisinage,  lorsqu'il  reçut  une  lettre  si- 
gnée du  roi  en  date  du  29  juin  1685,  où 
l'on  signalait  l'abus  grave  consistant  en 
ce  que,  dans  les  lieux  où  l'exercice  était 
interdit,  les  huguenots  ne  faisaient  plus 
baptiser  leurs  enfants.  Plutôt  que  d'être 
donnés  au  curé,  beaucoup  d'enfants  mou- 
raient sans  baptême.  Or,  cet  homme  im- 
pitoyable aux  souffrances  des  vivants, 
Louis  XIV,  troublé  par  la  pensée  des 
morts  et  des  damnés ,  écrivit  à  l'inten- 
dant, qui,  du  reste,  l'en  avait  sollicité, 
de  désigner  des  ministres  pour  remé- 
dier à  l'abus.  «  Mon  intention,  disait-il, 
est  que  vous  observiez,  dans  l'establisse- 

»  Ou  33S  bis.  Dans  l'impression  du  t.  VII  de  llaag  on 
s'est  trompé  en  paginant  la  feuille  24  ;  au  lieu  de  la 
paginer  369  à  384  on  a  mis  une  seconde  fois  829444. 


ment  que  vous  ferez  des  ministres  pour 
baptiser  les  enfants  nouveaux-nez,  de  ne 
pas  choisir  pour  cela  les  plus  habilles, 
mais  bien  les  moins  accréditez  parmi 
ceux  de  la  dite  Religion,  afin  que  l'on 
prenne  moins  de  confiance  en  eux  et 
qu'ils  ne  soyent  considérez  que  pour  ad- 
ministrer les  baptêmes.  »  Amblard  fut 
nommé  pour  Angoulême,  et  Roch,  pas- 
teur de  Jarnac,  pour  Ruffec.  Aussitôt  ce 
dernier  s'enfuit  à  Genève.  L'intendant 
mit  en  son  lieu  et  place  le  pasteur  Ville- 
mandi.  Villemandi,  s'esquivant  à  Sau- 
mur,  sut  gagner  l'Angleterre.  Il  ne  resta 
plus  d'autre  ressource  au  zèle  de  M.  de 
Gourgues  que  de  nommer  le  pasteur  de 
Jarnac,  Lechantre.  Ce  n'était  pas  que 
ces  ministres  fussent  «  les  moins  habiles 
et  les  moins  accrédités,  »  suivant  cette 
fausse  conception  du  roi  qu'il  existerait 
dans  le  corps  pastoral,  comme  dans  l'E- 
glise romaine ,  une  sorte  de  bas  clergé  ; 
mais  M.  de  Gourgues  écrivait  lui-même 
qu'il  avait  bien  été  forcé  de  prendre  ces 
deux- là,  car  il  ne  restait  pas  un  seul  au- 
tre ministre  non  décrété  (non  interdit) 
dans  le  Limousin.  «  Ils  prennent  plaisir 
à  s'absenter  pour  ne  pas  exécuter  l'ar- 
rêt, »  ajoutait-il  avec  amertume.  Mal- 
heureusement, ni  Amblard,  qu'il  mena- 
çait de  l'amende  et  de  la  prison,  ni 
Lechantre  n'étaient  de  sa  province,  et  il 
fallait  que  son  abus  de  pouvoir  fût  criant, 
car  on  lui  écrivit  des  bureaux  du  gou- 
vernement, à  la  date  du  2  sept.  1685  : 
«  Quant  aux  ministres  de  Jarnac  et  de 
Seaux  qui  refusent  d'obéir  à  vos  ordres 
pour  les  baptêmes,  M.  de  Ruvigny  a  dit 
à  Mgr  de  Croissy  qu'ils  n'estoient  point 
de  vostre  département  et  qu'il  y  en  avoit 
deux  autres  dans  la  province  deLimo^v> 
que  vous  pouviez,  Monsieur,  employer 
au  lieu  de  ces  deux-là.  » 

AMBLELLES  (de  Villeneuve  d'),  fa- 
mille cévenole  [IU,  163  b  ;  VI,  28  a  ;  VII, 
60  a;  IX,  507  b].  Voy.  Villeneuve. 

AMBOISE  (Antoinette  d'),  mère  d'An- 
toine de  la  Rochefoucaud,  capitaine  hu- 
guenot v.  1568  [VI,  357  b].  -  (Margue- 
rite d'),  1634  [III,  246  b]. 

AMBOIX  DE  LARBONT  (d').  On 
dit  cette  maison  d'origine  catalane  et 
l'une  des  familles  cathares  '  dont  les  des- 

»  Les  cathares,  c'est-à-dire  tes  purs,  était  le  nom  que 
se  donnaient  les  prêtres  et  les  Mêles  de  l'hérésie  alhi- 


169 


AMBOIX 


170 


cendants  subsistent  encore. Toujours  est- 
elle  pyrénéenne,  ainsi  que  le  prouvent  et 
la  forme  de  son  nom .  qu'on  prononce  dans 
le  pays  Amboux  de  Larboust*.  et  son  fief 
situé  dans  la  montagne  de  Sérou  et  le 
rameau  de  buis,  arbuste  indigène,  son 
emblème  héraldique  (Nap.  Peyrat.  Les 
bords  de  l'Arise.  un  vol .  in- 1 2] .  =  A  rmes  : 
D'or  à  un  brin  ou  branche  de  buis,  de 
sinople. 

L'un  des   membres  de  cette  famille 
avait  été  rompu  vif  et  décapité  pour  la 
religion,  en  150-2,  à  Pamiers  voy.  III.  92  ). 
et  ci-dessus,  col.  -29).  Un  autre  Amboix 
de  Larbont.  se  distingua  comme  com- 
mandant du  Mas-d'Azil.  en  lf.?:..  lorsque 
cette  place  soutint  victorieusement  un 
siège  contre  l'armée  royale,  commandée 
par  le  maréchal  de  Thémines.  Dans  ce 
siège  mémorable,  où  les  femmes  combat- 
tirent comme  des  hommes,  douze  mille 
soldats  catholiques  furent  d'abord  arrê- 
tés un  jour  et  une  nuit  à  la  ferme  de 
Chambonet  par  un  laboureur.  Jean  du 
Tehl.  avec  six  de  ses  neveux  et  cousins 
bien  armés  et  surtout  bien  résolus  :  ils 
furent  arrêtés  encore  aux  approches  du 
Mas-d'Azil.  au  village  des  Bordes,  par 
cinquante  jeunes  gens  dirigés  par  le  ca- 
pitaine Pierre  Peyrat  et  dont  cinq  seule- 
ment échappèrent  à  la  mort.  Enfin,  au 
Mas  même,  qui  comptait  sept  cents  dé- 
fenseurs mâles,  auxquels  le  duc  de  Ro- 
han    fit  parvenir   un  secours  de  cinq 
cents  hommes  commandés  par  l'amiral 
de  S.-Blancart  et  le  capitaine  François 
tDusson,  les  soldats  de  Thémines  furent 
Obligés  de' se  retirer  (1"2  oct.  1625]  après 
six  semaines  de  siège  et  plusieurs  as- 
sauts meurtriers.  Larbont  prit  du  service 
plus  tard  dan>  les  armées  de  Louis  XIII 
et  fut  blessé  en  Espagne  au  siése  de  Leu- 
cate   1637).  Il  mourut  en  paix,  au  Mas- 
d'Azil.  De  sa  femme,  tille   de  Tristan 
Dusson,  sœur  de  François,  il  eut  un  fils, 
plus  connu  sous  le  nom  de  M.  de  Pra- 
dals,  qui  fut   l'ami  de  Bayle.    Vie  de 
Bayle  par  Desmaizeaux.) 

En  1090,  François  il'  Amboix,  chef  de 
la  branche  ainée  de  la  famille,  se  réfugia 


geoise  si  odieusement  étouffée  dans  le  sang  aux  XII'  et 
Xlll»  sM 

!  MM.  Haag  Pont  orthographiée  ainsi,  l'avant  citée 
nne  fois  |l\,  va  a].  Dans  les  Mem.  de  Ro/um,  on  rap- 
pelle Caiboutt,  par  une  faut.-  typegrapfcMfv. 


en  Irlande  avec  sa  femme,  Catherine  de 
Barricave,  suivi  des  frères  et  sœurs  de 
cette  dernière -.Guillaume,  Rose.  Jeanne, 
Madelaine,  Marguerite  et  Anne  de  Bar- 
ricave. Une  sœur  unique  de  François, 
nommée  Marie  d' Amboix,  fut  élevée 
dans  la  religion  catholique,  et.  aux  ter- 
mes de  ledit  de  déc.  1689,  elle  fut  mise 
en  possession  de  tous  les  biens  de  ses 
parents  fugitifs  pour  la  religion.  Elle  prit 
le  voile  au  couvent  de  Fabas.  en 
et  ne  se  constituant  qu'une  dot  de 
2,540  liv. ,  elle  fit  donation  du  reste  de 
la  fortune  à  son  oncle  Paul  d'Amboix. 
chef  de  la  branche  cadette  et  souche  des 
d'Amboix  d'aujourd'hui. 

Deux  branches  nouvelles  se  formè- 
rent alors  de  cette  dernière.  L'ainée  eut 
pour  chef  Jean-Paul  d'Amboix.  capitaine 
au  régiment  du  Roi.  né  en  1 730.  mort  en 
1820,  lequel  eut  de  sa  femme.  Jeanne- 
Marie  de  Bonvilar.  cinq  fils  et  une  fille 
morte  jeune.  Deux  de  ses  fils  émigrèrent 
et  moururent  à  Quiberon.  Des  trois  au- 
tres :  Jean-Jacques-Charles  dit  :  MT  de 
Larbont.  né  en  1761.  mort  en  1836,  Ed- 
mond. 1781-4856,  Vic-roR.  1779-1859.  ce 
dernier  seul  se  maria.  Il  fut  maire  du 
:  Azil  et  membre  du  conseil  gébé- 
ral  de  l'Ariéire.  de  1816  :tua- 

tion  dans  laquelle  il  rendit  de  nombreux 
services  aux  églises  réformées  de  son 
département.  Il  eut  d'Amélie  de  May- 
sonnade  de  Larlenque  deux  (ils  :  I  Al- 
bert, né  en  18T2,  marié  en  1H38  à  Marie- 
Thérèse-Inès  de  Chapel-Cardet,  dont  il  a 
eu  une  fille  et  un  fils.  Alfred,  capitaine 
d'état- major:  '2e  Léopold.  né  en  1813, 
maire  du  Mas-d'Azil  en  1851,  mort  céli- 
bataire en  1860.  et  deux  filles.  Mme  de 
Falguerolles  et  Mmede  Briançon.  M.  Al- 
fred d'Amboix  a  épousé  récemment 
MMe  Cécile,  fille  du  comte  Robert  de 
Pour  talés. 

La  branche  cadette  eut  pour  chef  Jean- 
Pierre,  frère  unique  de  Jean-Paul.  Xéen 
1739,  il  eut  de  Suzanne  Pons  deux  fils  et 
trois  filles.  Les  deux  fils.  Henri,  né  en 
177"!.  et  Philippe,  né  en  1777.  mort  au 
Mas  en  187-2.  partirent  en  179*2  avec 
leur  père,  comme  volontaires,  pour  l'ar- 
mée des  Pyrénées-Orientales.  Le  père, 
devenu  chef  de  bataillon,  fut  tué  au  com- 
bat de  Peyres-Tortes  en  179:,.  Henri, 
maire  dn  Mas-d'Azil  pendant  les  (lent 


171 


AMBOIX  —  AMIEL 


172 


jours  et  de  1830  à  1839,  année  de  sa 
mort,  se  maria  en  1808  avec  M"e  José- 
phine Boubila,  dont  il  eut  :  Adrien,  en 
1809;  Aurélie,  en  1810  (morte  en  1855); 
Lucie,  en  1818;  Mathilde,  en  1811,  ma- 
riée en  1839  au  pasteur  Lacroix,  de  Sa- 
verdun.  (Goudère,  past.  du  Mas-d'Azil. 
—  Cazenove.) 

AMBRES  (J.-J.  de  Voisins,  baron  d')  ; 
voyez  Voisins  et  [IX,  532  b.  —  Voy.  en- 
core :  III,  392  a;  IV,  134  a;  V,  396  a; 
VI.  360  b]. 

AMBRIOL  (peut-être  Aubriotf),  an- 
cien de  Mas-Saintes-Puelles,  1614  [VII, 
64  a,  note]. 

AMBROIS  (Lucrèce  d'),1558  [111,47]. 

Ambrois,  à  Bourges,  1572,  apostat  [IV, 
300  a]. 

AMBRUN,  ministre.  Le  catalogue  im- 
primé de  la  bibliothèque  de  La  Rochelle 
mentionne,  sous  ce  nom  d'auteur,  un  ou- 
vrage intitulé  :  Réponse  à  l'histoire  cri- 
tique dit  Vieux  Testament;  Rotterdam, 
Leers;  1685,  in-4°.  (Bourchenin.) 

AMELIN  (Philibert),  natif  de  Tours, 
martyr;  voy.  Hamelin. 

AMELIN  (Marguerite  d'),  1588  [II, 
122  a]. 

AMELLE  (Catherine),  d'Antibes;  dé- 
terrée après  sa mortetdonnée aux  chiens, 
1562. 

AMELLY,  à  Valence,  1562  [El,  106  a]. 

AMELY  (Olivier),  pendu  en  effigie  à 
Montauban,  1560  [III,  104  b]. 

1.  AMELOT  (,L),  massacré  en  Pro- 
vence, 1562  [X,  469]. 

2.  AMELOT  ou  HAMELOT  (Ozias). 
Le  premier  connu  de  cette  famille  fut 
nommé  pair  de  la  commune  de  La  Ro- 
chelle en  1601.  Son  fils,  qui  portait  le 
même  prénom,  entra  au  corps  de  ville  en 
1617.  Il  avait  épousé,  en  1576,  Catherine 
de  La  Haize,  sœur  du  fameux  avocat  cal- 
viniste Jean  de  La  Haize,  dont  Arcère  a 
tracé  la  biographie.  Il  mourut  à  la  fin  du 
siège  de  1627-28.  De  son  mariage  était 
né,  au  mois  de  nov.  1593,  Pierre  Hamelot 
(signature),  médecin  de  mérite,  qui  s'unit 
en  1628  avec  Françoise,  lille  du  ministre 
Hiérosme  Colomiez,  dont  une  seconde 
fille,  nommée  Sara,  épousa  le  frère  de 
Pierre,  c'est-à-dire*/e/icm Hamelot,  mar- 
chand. 

Pierre  eut  deux  fila  :  1"  Pierre,  né  le 
24  novembre  1633,  après  avoir  étudié  la 


théologie,  embrassa  la  carrière  du  bar- 
reau et  quitta  la  France  à  la  Révocation. 
C'est  lui  sans  doute  qui  figure  sous  le 
simple  nom  d'Amelot,  sur  la  liste  don- 
née par  Benoît  des  protestants  persécu- 
tés par  l'intendant  Demuin  [VII,  417  b, 
note  1]  ;  2°  Ozias  ou  Josias,  né  en  1635, 
et  marié  en  1656  à  Suzanne  Chalou,  aban- 
donna peut-être  aussi  le  royaume,  car, 
après  son  mariage,  on  ne  trouve  plus 
son  nom.  (E.  Jourdan.) 

3.  AMELOT  (Jean),  potier  d'étain  de 
Chatelleraut,  réfugié  à  Dorotheestadt  avec 
sa  femme  et  un  enfant,  1698. 

AMÉRIC  (d),  famille  de  Montpellier, 
dont  un  membre  était  premier  consul  de 
la  ville  lors  du  siège  qu'elle  soutint  con- 
tre Louis  XIII  en  1622.  Voyez  d'Estienne 
et  le  Bull.,  XII,  202. 

AMET,  chef  camisard  [III,  291  b;  VI. 
326  a]. 

AMI,  couturier  à  Lyon,  massacré  en 
1572  [VI,  263  b]. 

AMIC  (Jacq.),  galérien,  1745  [X,  426]. 

AM1DAY  (Jeanne),  fille  de  feu  Pierre, 
de  Besançon,  réfug.  à  Genève  v.  1578. 

AMIDON  (Mme),  emprisonnée  à  la  ci- 
tadelle de  Montpellier,  1720  [X,  404]. 

1.  AMIEL,  greffier  à  Montauban, 
pendu 'en  effigie,  1561  [II,  365  b].  - 
Amiel  de  Grâce  ;  Antibes,  1562  [X,  47 1  ] . 

2.  AMIEL  (Pierre),  licencié  en  dro '*, 
cité  dans  un  acte  du  30  nov.  1561,  comn  e 
député  par  la  ville  de  Limoux  au  sym  i 
tenu  à  cette  époque  dans  celle  de  C  5- 
tres  {Bull.  X,  348). —  Autre  Amiel . 
gociant  à  Montpellier  et  mêlé  aux  alla  1res 
des  religionnaires  en  1746  {Bull.  IX,* 
236  et  Ch.  Coquerel,  Histoire  des  Eglises 
du  Désert  I,  369). 

3 .  AMIEL  ;  famille  protestante  de  Cas- 
tres, qui  était  nombreuse  au  XVIIe  siè- 
cle, et  exclusivement  livrée  au  commerce. 
Daniel  Amiel,  maure  couturier.  1620- 
1680.  Pierre  A  miel,  cardeur,  v.  1625*, 
Michel  Amiel-Montsarrat,  né  en  16711  à 
Vilgourdon  près  Castres.  Jean,  fils  de 
ce  dernier,  né  à  Castres  en  1706,  trans- 
porta, loin  de  la  persécution,  la  branche 
qu'il  représentait  et  qu'il  alla  établir  d'a- 
bord dans  le  pays  de  Vaud,  puis  à  Ge- 
nève. L'un  de  ses  représentants  actuels 
est  un  des  littérateurs  distingués  de  la 
Suisse  romande,  M.  Henri- Frédéric 
Amiel ,  professeur,  d'abord  de  littérature 


173 


A  MIEL 


AMOURETTE 


174. 


française,  puis  de  philosophie,  à  l'aca- 
démie de  Genève  depuis  l'année  1849- 
M.  Amiel  est  l'auteur  de  trois  volumes 
de  poésies  :  Grains  de  mil,  1854;  —  II 
Penseroso,  1858;  —  La  Part  du  Rêve, 
1803.  et  de  plusieurs  cantates. 

AMIENS  Marie  d'),  dame  de  Hou- 
val,  v.  1000   VI,  425  a]. 

AM1ETTE,  capitaine,  condamné  à 
Bordeaux,  1569  [II.  415  b]. 

AMILHAT  (Germain),  emprisonné  à 
la  Bastille.  1705  |X,  436]. 

AMIOT  (Simon,  fils  de  feu  Jacques), 
«  de  l'evesché  de  Lan  en  Lannoys,  » 
reçu  bourgeois  de  Genève,  4  déc.  1562. 
Voy.  Amyot. 

AMXAXE  Jeanne  .  «  femme  an- 
cienne, tuée  hors  la  ville  d'Aix  se  vou- 
lant sauver.  »»  1562  jX,  471]. 

AMOX.  capit. béarnais,  1569|I,  133a]. 

AMOXD  d),  capit.,  1621  [Y.  140  b]. 

1.  AMOXET  (Samuel;,  u  natif  de  Lo- 
dun  »,  bourg,  de  Genève  le  17  janv.  1638, 
«  gratuitement  en  considération  de  la  re- 
commandation d'iceluy  faicte  par  M.  le 
duc  deRohan,  duquel  il  est  chirurgien.  » 

2.  AMOX  X  ET.  Aimonnet,  rarement 
IIamunnet  (Jacob,  Pierre  et  Mathieu), 
cbefs  de  famille  à    Loudun,    1634     Tt. 

—  François,  fils  de  Mathieu  et  de 
Marthe  du  Moustier,  né  en  1587,  épouse 
le  8  nov.  1671  Jeanne  bile  &  Adrien 
Crommelin,  marchand  à  S.-Quentin; 
témoin  Mathieu  frère  de  François.  —  Le 
mari  de  Jeanne  Crommelin  fut  natura- 
lisa' anglais  en  1682  (Agnew,  :  c'est  donc 
à  Mathieu  Haag  V,  424J  que  se  rap- 
porte la  note  suivante  adressée  par  le 
lieutenant  de  pohce  de  La  Reynie  à 
M.  de  Seignelay  le  8  nov.  1685  : 

«  Amonnet,  marchand  de  points  et 
de  dentelles  à  Paris,  est  natif  de  Lou- 
dun. Il  n'a  aucuns  immeubles  qui  parais- 
sent. Il  est  en  réputation  d'un  homme 
très-riche,  et  on  prétend  que  ses  effets 
excèdent  deux  cents  mille  écus.  Son 
frère,  qui  estoit  aussi  marchand  à  Paris 
et  dans  le  même  commerce,  fut  s'esta- 
blir  à  Londres,  d  y  a  trois  ou  quatre 
ans.  11  y  est  décédé.  On  prétend  qu'il 
emporta  avec  lui  et  sa  femme  en  Angle- 
terre pour  400  mille  livres  d'effets  qui  y 
sont  demeurés  après  sa  mort.  La  femme 
d  Amonnet,  ci-devant  à  Autun,  a  esté 
arrestée  ces  jours  passés  à  Valenciennes, 

.i  .6 


avec  deux  de  ses  enfants.  U  y  une  in- 
formation faite  contre  elle,  à  la  requeste 
de  M.  le  procureur  du  Roy.  et  dans  la- 
quelle le  mari  se  trouvera  assez  impli- 
qué pour  décréter  contre  lui.  et  on  pré- 
tend avoir  la  preuve  de  ce  qu'il  a  retiré 
ses  effets  de  la  main  de  ses  débiteurs, 
qu'il  les  a  mis  sous  des  noms  empruntés 
et  qu'il  a  pris  des  mesures  pour  sor- 
tir du  royaume  dans  le  temps  que  sa 
femme  s'est  retirée.  On  est  dans  le 
mesme  cas  à  l'esgard  de  plusieurs  autres 
qui  se  sont  absentés  de  Paris  et  qui  ont 
esté  aussi  arrestés,  à  l'esgard  des  quels 
et  de  leurs  familles  on  pourroit  faire 
quelque  chose  pour  les  attirer,  s'il  plai- 
soit  au  Roy  qu'on  se  servit  de  ces  con- 
jonctures pour  les  disposer  par  les  pro- 
cédures et  par  la  crainte  de  la  peine  de 
la  loy  ou  par  l'espérance  de  la  grâce 
de  S.  M.  On  a  parlé  plusieurs  fois  au 
S1"  Amonnet  sans  avoir  fait  beaucoup 
de  progrès  auprès  de  luy.  C'est  un  bon- 
homme qui  a  peu  de  lumières  hors  de 
son  commerce,  entesté  de  sa  religion  et 
qu'il  sera  difficile  d'amener,  à  moins  que 
l'embarras  où  il  s'est  mis  lui-mesme  en 
contrevenant  aux  deffenses  ne  serve  à  le 
réduire,  et  encore  réduit  sera-t-il  néces- 
saire de  prendre  des  précautions  avec 
luy,  et  comme  il  est  tombé  dans  une  vé- 
ritable faute  peut-être  qu'en  décrétant 
contre  luy,  s'il  y  a  lieu  de  le  faire,  chan- 
gera-t-il  de  disposition.  » 

Mme  Hamonnet,  Rachel  Houssaye, 
arrêté»  à  Valenciennes,  avec  Rachel  et 
Marthe  ses  deux  filles,  fut  enfermée  à 
la  Bastille,  où  son  mari  fut  aussi  trans- 
féré; puis  on  l'envoya  en  1687  à  la  cita- 
delle d'Amiens  et  comme  sa  constance 
ne  se  démentait  pas,  on  finit  par  l'expul- 
ser de  France  ainsi  que  son  mari, 
en  1688  (Arch.  E  3374).  Leur  fortune  fut 
dévolue  à  leurs  enfants;  mais  leur  fils 
François  et  leur  filles  Rachel,  Marthe, 
Marguerite,  étant  emprisonnés  en  divers 
lieux  et  signalés  comme  fugitifs  (E  3405), 
il  en  résulte  que  la  plus  jeune  sœur,  Ma- 
rie, après  s'être  montrée  «  très-dérai- 
sonnahle,  »  finit  par  se  convertir,  1688. 
AMOUR  ;JEAN),galér.,  1705  X,  420]. 
AMOURETTE  (Jean),  écrit  aussi 
Amorette,  d'Issoudun,  avocat,  1611  II, 
299;  VII,  531  b;  IX,  494  ^.  —  (Sa- 
muel, 1617  [IV,  493  a]. 


175 


AMOUREUX  —  AMOURS 


176 


AMOUREUX  (Amaury),  sieur  des 
Aulnais  ;  Normandie,  1561  [VI,  473  b]. 

AMOURS  (Gabriel  d')  ou  Damours 
[Haag  I,  68.  —  II,  473  a;  III,  296  a; 
V,  460  b;  VI,  415  b;  X,  270],  seigneur 
de  Malbert  ou  Malebert  (Bull.  XII, 
490),  était  né  à  Paris  et  avait  été  étu- 
dier la  théologie  à  Genève,  de  1559  à 
1562.  Il  est  qualifié  par  d'Aubigné  de 
«  ministre  et  gentilhomme  »  et  il  appar- 
tenait en  effet  à  une  famille  parisienne 
originaire  du  Perche,  qui  était  parve- 
nue aux  charges  de  conseiller  dans  les 
parlements  de  Rouen  et  de  Paris.  = 
Armes  .-d'argent  à  un  porc-épic  de  sable 
passant,  accompagné  en  pointe  de  trois 
clous  de  même  rangés  en  pal. 

Gabriel  d'Amours,  élu  pasteur  de  l'é- 
glise de  Paris  après  son  retour  de  Ge- 
nève, exerçait  le  saint  ministère  au  mo- 
men  t  de  la  S.-Bar  thélemy  et  fut  «  préservé 
miraculeusement  »  du  massacre.  11  put 
s'échapper  et  gagner  le  comté  de  Neu- 
châtel,  en  Suisse,  où  il  trouva  son  frère, 
François,  seigneur  de  La  Galaisière, 
qui  remplissait  depuis  plusieurs  années 
dans  ce  pays,  avec  le  titre  d'ambassa- 
deur, une  charge  de  confiance  du  souve- 
rain, Léonor  d'Orléans,  dans  laquelle  il 
fut  maintenu  par  la  veuve  de  ce  prince. 
L'influence  de  son  frère  fit  élire  Gabriel 
d'Amours ,  le  20  avril  1573,  pasteur  à 
Boudry,  petite  ville  voisine  de  Neuchà- 
tel.  Dès  le  mois  de  mai  1575,  il  était  le 
doyen,  c'est-à-dire  le  président  des  pas- 
teurs du  comté,  et  figurait  à  ce  titre  dans 
les  affaires  publiques  de  quelque  impor- 
tance. Ainsi  en  1576  et  15.77,  il  faisait 
partie  de  la  commission  chargée  de  dé- 
battre avec  la  seigneurie  de  Neuchâtel 
les  moyens  d'abolir  la  célébration  de  la 
fête  de  Noël  «  qui  donnait  lieu  à  des  ac- 
tes superstitieux  et  parfois  à  des  scènes 
scandaleuses  '.  »  L'église  de  Paris,  dès 
qu'elle  fut  un  peu  remise  des  horreurs 
de  la  S. -Barthélémy,  redemanda  son 
pasteur  ;  mais  les  Neuchàtelois  qui  l'a- 
vaient déjà  refusé  à  Théod.  de  Bèze,  en 
1579,  pour  l'église  de  La  Rochelle,  dési- 
raient le  garder,  et  ce  ne  fut  qu'après 
de  longues  négociations  que  d'Amours, 
octobre  1584  ,  reprit  le  chemin  de 
Paris. 

*  G.  d'Amours  d'après  des  docum.  inédits,  par  H.  le 
professeur  Gagnebin.  Bull.  XII,   1863). 


Rendu  à  sa  ville  natale  et  à  ses  fonc- 
tions, il  était  naturellement  un  person- 
nage dans  le  parti,  et  le  roi  de  Navarre 
l'attacha  à  sa  maison.  Ce  fut  lui  qui,  à 
la  bataille  de  Coutras  (20  oct.  1587),  fut 
chargé  avec  son  collègue  Chandieu,  de 
prononcer  la  prière,  selon  la  coutume 
des  huguenots,  avant  que  les  troupes 
marchassent  au  combat.  «  Là-dessus, 
raconte  d'Aubigné,  le  roi  de  Navarre 
ayant  fait  faire  la  prière  partout,  quel- 
ques-uns firent  chanter  le  psaume  118  : 
La  voici  l'heureuse  journée.  Plusieurs 
catholiques  de  la  cornette  blanche  criè- 
rent assez  haut  pour  se  faire  entendre  : 
Par  la  mort!  ils  tremblent  les  poltrons, 
ils  se  confessent.  »  Mais  ceux  qui  con- 
naissaient mieux  les  huguenots  ne  s'y 
laissèrent  pas  tromper.  Après  avoir  béni 
les  troupes,  d'Amours  leur  donna  l'exem- 
ple en  se  jetant  des  premiers  dans  la  mê- 
lée, sans  autre  arme  que  son  épée.  Par 
bonheur,  il  ne  reçut  aucune  blessure. 
La  victoire  gagnée,  il  rendit  grâces  à 
Dieu  sur  le  champ  de  bataille  au  nom  de 
toute  l'armée. 

Il  continua  son  belliqueux  ministère 
à  la»  suite  du  roi  de  Navarre  jusqu'à  la 
prise  de  Chartres  (avril  1591),  remplis- 
sant notamment  aux  batailles  d'Arqués 
(sept.  1589)  et  d'Ivry  (août  1590),  le 
même  rôle  qu'à  Coutras;  et  sa  charge  de 
prédicateur  n'y  était  point  légère,  si  l'on 
en  juge  par  une  lettre  du  roi,  qui  écri- 
vait à  son  fidèle  ami  Du  Plessis-Mornay 
(du camp  d'Etampes,  7  nov.  1589)  :  «Vous 
savez  les  exploits  qui  se  sont  passés;  je 
n'en  dirai  rien  davantage,  si  non  que  j'y 
ai  grandement  éprouvé  la  faveur  et  as- 
sistance de  Dieu;  et  n'ai  point  intermis 
l'exercice  de  la  religion  partout  où  j'ai 
esté,  tellement  que  telle  septmaine  sept 
presches  se  sont  faits  à  Dieppe  par  le 
sieur  d'Amours.  Est-ce  là  donner  argu- 
ment ou  indice  de  changement?  » 

D'Amours  rentra  dans  Paris  en  1591 
au  milieu  des  fureurs  de  la  Ligue,  afin 
probablement,  de  recruter  pour  le  parti 
du  roi  de  Navarre.  Du  moins,  y  attira- 
t-il  son  propre  frère,  conseiller  au  Par- 
lement, qui  par  faiblesse  plus  que  par 
conviction,  s'était  jeté  dans  la  Ligue. 
Ce  frère  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
était  le  sieur  de  La  Galaiztère\ll\,  457 
b],  maître  d'hôtel  du  due  d'Aleneon,  et 


177 


AMOURS 


178 


gentilhomme  ordinaire  de  la  maison  de 
Mme  de  Lonsueville.  qui  avait  vécu  à  Xeu- 
chàtel,  en  Suisse.  Il  avait  épousé  dans  le 
temple  de  Loudun.  en  1581,  Marthe 
Martin,  fille  de  Jean  Martin,  conseiller 
du  roi  et  de  Françoise  Ferron  (Arch. 
Tt.  232  :  il  avait  donc  certainement  pro- 
fessé la  religion  réformée,  et  y  serait  re- 
venu après  avoir  quitté  la  Ligue.  Mais 
Gabriel  fut  découvert  et  enfermé  à  la 
Bastille.  «  Malgré  sa  profession,  lit-on 
dans  l'Estoile.  il  y  fut  mieux  traité  par 
Bussy-te-Clerc  [qui  en  était  gouverneur] 
que  pas  un  autre  des  prisonniers,  disant 
ledit  Bussy.  en  jurant  Dieu  comme  un 
zélé  catholique,  que  d'Amours,  tout  hu- 
guenot qu'il  était,  valoit  mieux  que  tous 
ces  politiques  de  présidents  et  de  con- 
seillers qui  n'étoient  que  des  hypocrites, 
et  lit  si  bien  que  le  ministre  sortit.  » 

Il  se  retira  en  Saintonse.  C'est  de 
S. -Jean  d'Angely  qu'il  écrivit  à  Henri  IV, 
le  2o  juin  1593,  cette  belle  et  précieuse 
lettre  *,  dans  laquelle  il  rappelle  libre- 
ment au  roi  toutes  les  prédictions  heu- 
reuses qu'il  lui  a  faites,  «  tout  ce  que 
Dieu  par  moy  vous  a  dict,  »  écrit-il, 
et  le  menace  «au  nom  du  mesmeDieu.  » 
s'il  quitte  sa  religion,  lorsqu'il  sait  qu'elle 
est  la  vraie,  aussi  bien  qu'homme  de  son 
royaume.  Il  ajoute  avec  autant  de  grâce 
que  d'énergie  :  «  Si  vous  escoutiés  Ga- 
briel Damours,  vostre  ministre,  comme 
vous  escoutés  Gabrielle,  vostre  amou- 
reuse, je  vous  verrois  toujours  ro 
néreux  et  triomphant  de  vos  ennemis. 
Vous  ay-je  point  dict  à  S.  Denys.  en 
ung  presche.  ce  que  Dalila  lit  à  Sam- 
son,  qui  le  rendit  misérable  et  eontemp- 
tible  aux  Philistins?...  Quand  Dieu  a 
faict  tant  de  merveilles  pour  vous,  vous 
ne  viviés  pas  ainsi.  On  dit  que  vous  avés 
promis  d'aller  à  la  messe,  ce  que  je  ne 
croy  nullement  et  en  combatrois  tous- 
jours  en  ung  duel  pour  maintenir  le 
contraire.  Quoi!  Le  plus  grand  capitaine 
du  monde  seroit-il  bien  devenu  si  couard 
que  daller  à  la  messe  pour  la  crainte  des 
hommes?...  Vous  voulés  estre  instruict 
par  les  evesques  de  l'Eglise  romaine,  ce 
dict-on?  O  que  vous  n'estes  pas  le  roy 
qu'il   faille  instruire  :  vous   estes   plus 

•  Publiée  par  M.  Ch.  Uoad  ,Hnll.  I.  2fco  .1  après  l'ori- 
ginal lmK.dc  la  Kbttot  nationale ,  Collect.  du  Vuu, 
vol.  323, 


grand  théologien  que  moy  qui  suis  vostre 
ministre:  vous  n'avez  faulte  de  science, 
mais  vous  avez  ung  peu  faulte  de  con- 
science. Priez  Dieu,  nous  prierons  inces- 
samment pour  vous.  »  —  Moins  de  cinq 
semaines  après,  le  '25  juillet,  Henri  IV 
abjurait  cependant.  Mais  la  grandeur 
de  ses  vues  politiques  autorise  à  croire 
fermement  que  s'il  fit  taire  sa  conscience 
c'est  qu'il  avait  le  pressentiment  qu'en 
établissant  les  deux  cultes  sur  le  pied 
d'une  mutuelle  tolérance,  il  ruinerait  et 
déracinerait  doucement  le  catholicisme. 
Malheureusement  pour  la  France,  l'œil 
inquiet  du  clergé  de  Rome  ne  s'y  laissa 
pas  tromper  un  instant,  et  l'on  peut 
pardonner  à  notre  glorieux  Henri  une 
mauvaise  action  où  il  se  leurrait  d'un 
bienfait  immense  et  qu'il  a  payée  de  sa 
vie. 

Rendu  au  calme  pastoral.  Gabriel 
d'Amours  se  retrouva  en  Saintonge 
dans  la  même  instabilité  où  il  avait  été 
chez  les  Xeurhàtelois.  et  il  semble  que 
ce  fut  une  honorable  conséquence  de 
l'amour  ou  du  moins  de  l'estime  qui  en 
tout  lieu,  s'attachait  à  sa  personne.  Le 
synode  de  la  province  voulut  le  donner 
pour  pasteur  à  l'édise  de  Barbezieux; 
mais  Catherine  de  Bourbon,  sœur  de 
Henri  IV.  1  ayant  demandé  pour  elle- 
même,  le  synode  national  de  Saumur 
consentit  à  cette  requête,  malgré  l'opposi- 
tion du  député  de  l'église  de  Lyon,  Louis 
Turqitef,  qui  prétendait  que  cette  église 
avait  des  droits  sur  lui.  Nous  ignorons 
pourquoi  d'Amours  ne  resta  pas  au  ser- 
vice de  la  princesse  Catherine;  peut-être 
nelui  avait-il  étéaccordéque  pour  quelque 
temps,  comme  c'était  l'usage:  quoi  qu'il 
en  soit,  le  synode  national  de  Montpel- 
lier, en  1598,  chargea  le  pasteur  de  Pa- 
ris. François  de  Lauberan  de  Montigny, 
de  le  prier  de  retourner  dans  sa  province. 
D'Amours  obéit.  En  1  Gui,  le  synode  na- 
tional de  Jargeau  le  donna  pour  pasteur 
à  l'église  de  Chdtellerault  qui  le  deman- 
dait avec  instance,  malgré  la  résistance 
des  tidèles  de  S.-Jean-d'Angely.  qui  dé- 
siraient le  conserver,  et  malgré  l'oppo- 
sition des  églises  de  Lyon  et  de  Paris , 
qui  soutenaient  leurs  droits.  Cette  déci- 
sion excita  le  mécontentement  des  pro- 
férants de  S.-Jean-d'Angely.  Il  fallut 
que  le  synode  leur  députât  Jean  Gardesi, 


179 


AMOURS 


AMPROUX 


480 


ministre  de  Villemur,  Jérémie  Bançons, 
pasteur  de  Tonneins,  et  Christophe  For- 
ton,  ancien  de  l'église  de  Bordeaux, 
pour  exposer  au  gouverneur,  au  maire 
et  au  consistoire  de  cette  ville,  les  mo- 
tifs qui  avaient  déterminé  sa  conduite  et 
pour  les  engager  à  accueillir  convena- 
blement le  pasteur  de  La  Vennerie, 
donné  pour  successeur  à  d'Amours. 
Mais  l'église  de  S.-Jean-d'Angely  ne 
voulut  rien  entendre.  En  1603,  elle  s'a- 
dressa de  nouveau  au  synode  national 
de  Gap  pour  redemander  son  ministre, 
qui,  soumis  aux  ordres  du  synode,  rem- 
plissait alors  ses  fonctions  à  Châtelle- 
rault.  Le  synode  se  borna  à  confirmer 
le  jugement  de  Jargeau,  et  d'Amours 
fut  laissé  à  Châtellerault,  où  il  termina 
sa  carrière  avant  l'année  1609. 

La  famille  d'Amours  ne  persévéra 
pas  dans  le  protestantisme,  car  elle  con- 
serva ses  charges.  Après  Nicolas  d'A- 
mours, conseiller  au  pari,  de  Rouen,  en 
1564  et  1566,  président  en  1574,  on 
trouve  (Cab.  des  titres)  :  Gabriel,  conseil- 
ler au  grand  conseil  ;  —  Pierre,  sieur 
de  Sarain,  conseiller  du  roy  en  ses  con- 
seils d'Etat  et  privé,  fils  de  Gabriel;  — 
Gabriel  et  Louis,  fils  de  Pierre,  conseil- 
lers au  parlement  et  chastelet  de  Paris, 
en  1611  ;  —  Gabriel,  conseiller  au  pari, 
de  Paris,  en  1644;  —  Pierre,  greffier  au 
siège  de  l'élection  d'Alençon,  en  1705, 
etc.  C'est  certainement  à  cette  famille 
qu'appartenait  le  ministre,  et  il  avait 
des  enfants,  car  il  dit  à  la  fin  de  sa  let- 
tre au  roi,  qu'il  lui  mènera  son  fils.  On 
n'a  aucune  trace  de  ce  fils  à  moins"  que  ce 
soit  le  capitaine  huguenot  à" Amours ,  qui 
prit  part  à  la  défense  de  Jargeau,  en 
1621  [II,  409  b].  Voy.  encore  [IV,  495  b]. 
—  Susanne  d'Amours  du  Homet,  de  Nor- 
mandie, 63  ans,  et  Anne,  sa  sœur,  réfu- 
giées et  assistées  à  Londres,  1705. 

AMPHOSSI,  massacré  au  Luc  en  Pro- 
vence, 1562  [X,  470]. 

AMPROUX.  Nom  d'une  famille  de 
robe,  originaire  de  Bretagne. 

Daniel  Amphoux,  sieur  de  Champal- 
lard,  époux  de  Catherine  Guihard,  avo- 
cat au  parlement  de  Rennes,  tenait  de 
sa  femme,  héritière  de  Catherine  Clouet, 
sa  tante,  la  moitié  des  rentes  dues  à  la 
seigneurie  de  Gavre  et  vendit  cette  moi- 
tié à  Henri  de  Rohan  le  22  août  1607. 


Il  était  «  alloué  »  de  la  cour  et  juridiction 
de  Blain  où  il  demeurait,  en  sa  maison 
du  Coing.  Il  résigna  sa  charge  en  1616. 
De  son  mariage  étaient  issus  :  Jean  qui 
suit;  Anne,  dlle  de  Champlouet,  morte 
en  1653;  Fbançoise,  femme  de  René 
Loyseau,  sieur  de  Meurier  [VIII,  231  bj, 
morte  à  82  ans  le  31  mai  1682;  Marie, 
femme  de  René  du  Bois-Guiheneuc  ; 
et  Renée,  qui  épousa,  en  1663,  Paul  Pi- 
neau de  La  Throsnière  [V,  58  b],  et  ab- 
jura à  Blain.  25  décembre  1685. 

Jean  Amproux,  sieur  de  La  Massaye, 
fils  de  Daniel,  épousa  l°en  1630,  Jeanne 
Boulleau,  fille  de  feu  Abraham  Boul- 
leau,  conseiller-secrétaire  du  roi,  et  de 
Jeanne  Coignard;  2°  en  1642,  Elisabeth 
de  Massanes. 

Il  eut  du  premier  lit  :  1°  Jean,  marié 
en  1663  avec  Anne,  fille  de  Samuel 
Gaudon,  sieur  de  La  Rallière,  conseiller- 
secrétaire  du  roi,  et  d'Anne  Menjot; 
2°  Marie,  née  le  25  juin  1632,  et  qui  eut 
pour  parrain  Jacques  Amproux,  sieur 
de  Lormes,  procureur  général  des  eaux 
et  forêts  en  Bretagne1;  3°  Elisabeth,  née 
le  8  oct.  1633  ;  4°  Jean,  baptisé  le  29  juin 
1635;  5°  Françoise,  baptisée  le  11  août 
1636,  femme,  1658,  de  Armand  de  Saint- 
Martin  [IX,  91  b];  6°  Abraham,  mort 
en  naissant,  1637.  —  Du  second  lit  : 
Auguste,  baptisé  le  6  avril  1643;  Char- 
lotte, morte  à  2  ans  en  1648;  Philippe- 
Timothée,  mars  1652-mai  1659;  Elisa- 
beth, 1653-54  ;  Paul-Henry,  né  le  1 0  avril 
1655  (parrain  Pineau  de  La  Throsnière, 
marraine  Diane  de  l'Estoc  de  La  Haye  ; 
Angélique,  6  mars  1657-  19  juin  1711.  Il 
mourut  lui-même  à  La  Massay s  le  1 0  mars 
1659  et  sa  femme  peu  après  lui,  la  même 
année  [VII,  307  b]. 

Benjamin,  frère  de  Jean,  sieur  de  La 
Massaye,  lieutenant  civil  et  criminel  à 
Vitré,  épousa  en  1651,  Andrée  Vezinier, 
veuve  d'Abel  du  Maistre,  résident  du 
prince  de  Birkenfeld  [Cf.  V,  347  a]. 

Jacques,  qui  avait  été  parrain  de  Ma- 
rie, en  1632,  était  un  troisième  frère  de 
Jean.  Il  devint  plus  tard  intendant  des 

1  Ce  titre  est  peut-être  un  vague  équivalent  de  celui 
que  portait  Saunai  .Imjtrini.r,  sieur  de  l.a  lla»e,  qu'on 
trouve  qualité  de  :  «  Maître  et  grand  u'iiour  des  bois 
et  forêts  de  Rohan  au  comté  Nantais  ».  h  était  le  mari 
de  Diane  de  l'Estoc,  Bile  de  noble  nomme  Daniel  de 

l'EstOC  sieur  .le  l.a  \aeln>nnei  le  qu'il  avait  épousée  le 
isjanv.  1654,  deux  ans  après  avoir  perdu  Marguerite 
Kousset  sa  première  femme. 


181 


AMPROUX  —  AMYAND 


182 


finances,  puis  conseiller  du  roi  et  des 
finances.  Il  mourut  le  29  août  1679.  et 
fut  conduit  à  sa  dernière  demeure  par 
son  frère  Benjamin  et  par  son  neveu 
Armand  de  S. -Martin.  Il  avait  épousé 
Ma  rie  de  Beringhen  et  était  âgé  a  sa  mort 
de  71  ans. 

Il  est  très-probable  que  c'est  au  frère 
aine.  Jean,  qui  d'avocat  au  parlement 
de  Bretagne  était  passé  conseiller  à  Pa- 
ris, que  s'applique  ce  passage  des  Notes 
secrètes  sur  le  personnel  des  parlements 
vers  Pitju  : 

«  Emproux  .  conseiller  au  parlement 
«  de  Paris,  a  de  l'esprit  et  de  la  capa- 
«  cité.  M  picque  de  chaleur  pour  ses 
«  amis,  est  seur.  et  brouillé  avec  l'In- 
«  tendant  son  frère  quoyqu'il  en  puisse 
érer  beaucoup  de  bien.  Est  de  la 
«  religion.  Est  capable  de  grandes  ou- 
«  vertures  et  les  pousse  avec  vigueur.  » 

Le  prénom  Jean  était  patronymique 
dans  la  famille  des  Amproux  de  La 
on  La  Massais),  ce  qui  rend 
difticile  la  distinction  à  faire  des  mem- 
bres qui  le  portaient.  Après  les  deux 
magistrats  qui  se  marièrent,  le  père, 
en  11130  et  le  lils  en  1663,  se  place  un 
troisième  Jean  Amproux  de  La  Mas- 
saye  qui,  en  1684,  était  commissaire 
royal  en  Bretagne  pour  l'exécution  des 
édits  et  qui  portait  en  outre  le*  titres  de 
a  chevalier.  c\ devant  premier  gentil- 
homme de  la  chambre  du  Roy  de  Suède 
et  colonel  de  cavalerie  •■     \ 

C'est  de  lui  vraisemblement  que  les 
convertisseurs,  deux  ans  après,  avaient 
amèrement  à  se  plaindre.  L'un  d'eux 
écrivait  (B  janv.  1696)  à  un  confr 
«  You>  ne  sauriez  croire  le  mal  que  fait 
ledit  de  La  Massaye.  Il  s'érige  en  pas- 
teur et  va  incognito  exhorter  tous  ceux 
qu'il  sait  qui  sont  prêts  de  changer,  pour 
les  détourner.  Il  se  tient  couvert  et  ca- 
ché, n'allant  le  plus  souvent  que  les 
soirs  et  changeant  presque  tous  les  jours 
de  demeure.  Il  serait  nécessaire  de  met- 
tre cet  homme  en  sûreté.  »  Trente  ans 
après,  en  171"».  un  «  sieur  de  la  Mas- 
sais tils  ».  bis  du  colonel  peut-être  l. 
donnait  encore   des  inquiétudes   parce 


1  Dans  VEtat  de  distribution  telle  ea  Angleterre  pour 
l'an  itoô  ligure  MHM  ayant  r.çu  un  secours  de 
33  1.  st.  Jacques  Amproux  de  ta  Massaye,  de  Blain  en 
Bretagne,  âgé  de  38  ans,  réfute  à  tarse]  Vltt  sa  femme 


que  de  Jersey  où  il  vivait  après  avoir 
épousé  la  fille  d'un  gentilhomme  du 
pays,  on  craignait  qu'il  ne  vint  secrète- 
ment à  Xantes.  recueillir  et  emporter 
les  valeurs  mobilières  (iO  à  50.000  fr.), 
dépendant  de  la  succession  de  sa  mère 
qui  venait  de  mourir.  On  prit  alors  des 
mesures  rigoureuses  pour  empêcher  ce 
mauvais  exemple  d'un  fils  huguenot 
héritant  de  sa  mère  et  il  parait  qu'en 
effet  le  bien  de  Mme  de  la  Massaye  passa 
à  un  collatéral  catholique,  le  comte  de 
Clermont  L 

Nous  devons  citer  encore  MM.  Am- 
proux de  Lorme,  qui  contribua  en  1639 
à  la  construction  du  temple  de  Bottier 
en  Blain  :  Amproux  de  La  Haye,  qui 
lit  de  même  et  qui  ayant  acheté  en  1643 
un  office  de  judicature  à  Vitré,  en  fut 
dépossédé  comme  huguenot  ;  Amproux 
seigneur  du  Ponfpiétin ,  condamné  à 
l'amende  en  fév.  l*„sr>  parce  que  le  fils 
d'un  catholique  avait  assisté  au  prêche 
à  Pontpiétin  ;  Henri  Amproux  de  Lorme 
de   La  Mai  _-.   de   Monchamps, 

m.  en  1709  apri  -  -  acquis  un  triste 
renom  comme  convertisseur  ;  M"e  de 
La  Massais  qui  enfermée  en  1687  dans 
le  couvent  des  Nouvelles-Catholiques  à 
Paris  [VU,  139  b_.  demandait  à  être  en- 
en  Poitou  auprès  de  ses  frères  de- 
venus catholiques,  et  une  dame  Elisa- 
beth Amproux  réfugiée  et  assistée  à 
Londres  en  1721.  avec  ses  deux  tilles. = 
i  :  De  sinople  à  3  larmes  d'argent 
"2  et  1,  suivant  un  arrêt  du  17  nov. 
(Haag.  —  Yairiuaud.) 

LiéYre,  Protest,  du  Poitou,  111,7.  -  \aurigaud.  £s- 
sui  sur  r histoire  des  Eglises  réformées  de  Bretagne  de 
1535  à  1808.  Paris.  CTiiéiUm.  iSTo,  I  vtL  in-8»,  III, 
13»;  —  Meut,  de  Poucault,  pabl.  par  Baudry,  ■    _ 

AMY  (Anthoine),  ■<  de  Barjol  en  Pro- 
vence »,  reçu  habitant  de  Cenève,  16  oc- 
tobre 1572. 

AMYAND  Daniel  ou  Amiand.  quel- 
quefois Amian  [Haag,  1,68.  — VI, 215  b]. 

et  quatre  enfants.  Us  sont  inscrits  déjà  dans  l'état  de 

1  on  ne  sait  pas  non  plus  à  qnel  membre  de  cette  fa- 
mille doit  être  rapporté  ce  trait  de  l'Hist.  de  ledit  de 
Nantes  par  Elie  Benmt  (V,  889)  :  «  lu  fermier  de  La 
Massaye,  gentilhomme  connu  >ur  1<  s  limites  dn  Poitou 
et  de  Bretagne,  ayant  les  pieds  et  le>  mains  grillés  et 
|  i  il  ue  pouvait  plus  le>  étendre, 
lui  pr.x'iné  a  I  intendant  par  son  maître.  L'intcnd.<nt 
eut  horreur  4e  ee  ;-peclacle  et  en  temoigna  de  l'indi- 
gnation. Mai»  toute  la  justice  qu'il  en  fit  fut  qu'il  en- 
voya dés  le  lendemain  une  grosse  garnison  chez  ee 
gentilhomme.  > 


183 


AMYAND  —  AMYOT 


184 


—  Marie  Amiand  (?)  ou  Armand,  v.  1600 
[V,  327  a]. 

Daniel  Amyand,  de  Mornac,  Sain- 
tonge,  étudiait  la  théologie  à  Genève  en 
1672;  de  retour  dans  sa  province  il  fut 
nommé  pasteur  de  Marans  (Aunis).  En 
1684,  une  poursuite  judiciaire  fut  dirigée 
contre  lui,  pour  avoir  fait  des  prières  pu- 
bliques contre  le  roi  et  outragé  le  saint- 
père  du  nom  d'antechrist.  En  réalité,  son 
crime  était  d'avoir  lu,  le  dimanche,  après 
le  sermon,  comme  cela  se  pratiquait  dans 
toutes  les  églises ,  cet  article  de  la  litur- 
gie :  «  Nous  te  recommandons  nos  frères 
qui  sont  dispersés  sous  la  tyrannie  de 
l'antechrist,  étant  destitués  de  la  pâture 
de  vie,  et  privés  de  la  liberté  de  pouvoir 
invoquer  publiquement  ton  saint  nom, 
même  qui  sont  détenus  prisonniers  ou 
persécutés  par  les  ennemis  de  ton  Evan- 
gile. »  Amyand  se  constitua  prisonnier  à 
La  Rochelle,  où  son  procès  fut  instruit. 
Il  fut  condamné  à  l'interdiction,  à  l'a- 
mende et  au  bannissement  de  la  pro- 
vince. A  la  Révocation,  s' étant  réfugié 
en  Angleterre,  il  y  fut  naturalisé  avec 
sa  femme  et  leurs  sept  enfants,  le  10  oct. 
1688.  Deux  ans  après,  on  l'investit  du 
rectorat  de  Hollenb'y  et,  en  1718,  on  lui 
donna  un  canonicat  dans  la  cathédrale 
de  Peterborough.  Il  mourut  en  1730.  Son 
troisième  fils,  Claude  Amyand,  devint 
chirurgien  ordinaire  du  roi  George  II  et 
mourut  en  1740,  laissant  pour  fils,  à  son 
tour,  des  hommes  distingués  :  1°  Claude, 
sous-secrétaire  d'Etat;  ^George  Amyand, 
baronet,  membre  du  Parlement;  3°  Chris- 
tophe, commerçant.  De  sir  George  sont 
issus  deux  fils  et  deux  filles,  les  comtesses 
de  Minto  et  de  Malmesbury  (Agnew, 
Protest.  Exiles). 

Il  est  difficile  de  ne  pas  admettre  de 
parenté  entre  la  famille  qui  précède  et 
Daniel  Amien,  inscrit  le  10  mai  1677  à 
la  faculté  de  théologie  de  Genève  comme 
natif  de  Vinsobre  (Drôme),  et  qui,  n'é- 
tant encore  qu'étudiant,  fut  parrain  de 
Daniel  Amian,  fils  iVIsaac,  chirurgien 
du  roi,  et  d'Anne  Hotot(Reg.  de  Cha- 
renton).  Cet  Amian,  étudiant  en  1677, 
était  pasteur  de  La  Ferté-Vidame  en 
1679  [IV,  356  b].  Le  chirurgien  Isaac 
Amyan,  outre  son  fils  Daniel,  eut  en- 
core :  Isaac,  né  le  29  nov.  1677,  .Iran- 
Paul,  né  le  -22  nov.  1682,  et  plusieurs 


filles.  —  Un  Isaac  Amiand,  avec  Anne 
sa  femme,  six  fils  et  une  fille,  fut  natu- 
ralisé à  Londres  le  9  sept.  1698. 

1.  AMYOT  (Jacques),  savant  hellé- 
niste et  l'un  des  maîtres  de  la  langue  fran- 
çaise [Haag  1,  70],  né  à  Melun  en  153$,  W 
et  mort  à  Auxerre  en  1593,  eut  dans  sa 
jeunesse  quelque  penchant  pour  les 
doctrines  de  la  Réforme,  puisqu'il  fut 
obligé  de  fuir  Paris,  en  1534,  afin  d'é- 
chapper aux  poursuites,  qui  sévirent  en 
cette  année,  contre  les  hérétiques.  Il 
n'est  donc  pas  impossible  de  le  nommer 
dans  une  Riographie  protestante.  Mais 
choisi  par  le  roi  Henri  II  pour  précep- 
teur des  enfants  de  France,  puis  abbé 

de  Rellozane  (Normandie)  en  1546,  grand 
aumônier  en  1560,  commandant  de  l'or- 
dre du  S. -Esprit,  enfin  ayant  vécu  les 
vingt-trois  dernières  années  de  sa  vie 
et  étant  mort  évèque  d' Auxerre,  Amyot 
n'a  droit  ici  qu'à  une  simple  mention. 

2.  AMYOT  (Nicolas),  à  Angers,  1563 
[IV,  500  a].  —  (Pierre),  sieur  des  Mon- 
ceaux, Gien,  1627,  1632  [VI,  28,  a]  — 
(Catherine),  1649  [VII,  394  b]. 

3.  AMYOT,  docteur  en  médecine  et 
médecin  ordinaire  des  eaux  de  Rourbon- 
les-Bains,  remplit  à  plusieurs  reprises 
les  fonctions  de  commissaire  du  roi  au- 
près des  synodes  de  l'Orléanais.  Zélé 
protestant,  il  refusa  de  se  convertir  lors 
de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Il 
finit  pourtant  par  céder,  et  obtint  la 
permission  de  retourner  à  Bourbon 
(Arch.  gén.  E,  3371),  d'où  il  alla  bientôt 
après  s'établir  à  Rlois.  En  1687,  il  fut 
dénoncé  comme  mauvais  catholique 
(Arch.  ibid.);  mais  cette  dénonciation 
ne  paraît  pas  lui  avoir  attiré  de  persé- 
cutions. Il  n'en  fut  pas  de  même  en 
1699  [X,  436],  où  soupçonné  d'avoir  fa- 
vorisé l'évasion  de  sa  fille  qui  était  passée 
en  Angleterre,  il  fut  arrêté  et  jeté  à  la 
Pastille  (Arch.  M,  678).  L'année  sui- 
vante, sa  femme  mourut,  et  comme  elle 
avait  refusé  de  recevoir  les  sacrements 
de  l'Eglise  romaine,  ordre  fut  donné 
(Arch.  E,  3386)  de  faire  le  procès  à  son 
époux. 

4.  AMYOT(Jkan-Haptisti.;),  d'Orléans, 
étudiant  à  Genève,  1672.  —  (Anne), 
femme  de  Moïse,  horloger  à  Orléans. 
avec  quatre  enfants;  assistes  à  Londres. 
1705.   —   (Pierre),    naturalisé    anglais. 


IXo 


AMYOT  —  AMYRAUT 


isr. 


8  mai  1697. —  (Pierre),  de  Tours,  ouvrier 
en  soye,  56  ans.  et  sa  femme.  5i  ans. 
confesseuse;  assistas  à  Londres.  1705. 
—  Etienne  Amiot,  directeur  de  l'hospice 
des  réfugiés  franc,  à  Londres,  i TOT». — 
Voy.  Amiot. 

f.  AMYRAULT  Abel),  seigneur  de 
Beausoudun  [I,  79  b;  X,  318,  346]  ou 
Yausoudan,  fut  pasteur  de  S.-Agnant 
dans  le  Maine,  au  moins  depuis  1623 
jusqu'en  1663.  On  a  lieu  de  croire  qu'il 
était  le  père  du  célèbre  théologien  Moïse 
Amyraut  qui  suit.  (Voy.  C.  Port,  Dic- 
tionnaire hist.de  Maine-et-Loire,  I,  18.) 

•2.  AMYRAUT  Moïse). un  des  théolo- 
giens les  plus  distingués  et  les  plus  in- 
fluents du  XYIP  siècle  [Haas  I.  72.  — 
I,  80  a,  233  h;  II,  53  a,  310,  319,  3-2-2. 
495;  IU,  96,  438,  176,  -226  ;  IV,  180  a, 
182  a,  423  b;  Y.  103  a.  272  b,  301  b, 
418  a,  437  a.  514  h;  Yi.  10  a,  208  b, 
209  a,  310  a;  VIII.  437  b;  IX,  58  b, 
176  a,  348  a:  X.  319.  346]. 

Il  naquit  à  Bourgueil,  en  Touraine.au 
mois  de  septembre  1596,  d'une  famille 
honorable  qui  prétendait  descendre  des 
L'Amyraultd'Orléans.i  Yo\ .  sur  ce  point 
Chauffepié.)  Son  père,  désirant  qu'il  suc- 
cédât à  un  de  ses  oncles  dans  la  charge 
de  sénéchal  de  Bourgueil,  l'envoya  à 
Poitiers  suivre  l'école  de  droit.  Le  jeune 
Amyraut  s'appliqua  avec  tant  d'ardeur 
à  l'étude  de  la  jurisprudence,  qu'au  bout 
d'un  an,  il  fut  en  état  de  prendre  ses  li- 
cences ;  mais  il  n'alla  pas  plus  loin  dans 
une  carrière  qui  semblait  s'ouvrir  à  lui 
sous  les  plus  heureux  auspices.  Les 
conseils  de  Bouchereau,  ministre  de 
Sancerre.  fortifiés  par  l'impression  pro- 
fonde que  lui  laissa  la  lecture  de  l'Insti- 
tution chrétienne  de  Calvin .  le  décidè- 
rent à  étudier  la  théologie,  et  dès  qu'il 
eut  obtenu  le  consentement  de  son  père, 
qui  ne  renonça  pas  toutefois  sans  peine 
à  des  arrangements  de  famille,  il  se 
rendit  à  Saumur  où  il  fit  son  cours  d'é- 
tudes sous  Cameron. 

Lorsque  Daillê  fut  appelé  à  Charen- 
ton.  en  1626.  l'église  de  Saumur  choisit 
Amyraut  pour  le  remplacer,  en  même 
temps  que  celles  de  Rouen  et  de  Tours 
le  demandaient  pour  pasteur.  Saumur 
l'emporta  et  le  chargea  en  même  temps 
de  remplir  provisoirement  à  l'académie, 
de  concert  avec  Gappel  qu'elle  lui  adjoi- 


gnit, la  chaire  de  théologie.  En  1631, 
Amyraut  fut  député  par  la  province 
d'Anjou  au  synode  national  de  Charen- 
ton  qui  le  chargea  avec  François  de 
Mitntauhan  de  Rambault.  seigneur  dp 
Yillars  et  ancien  de  l'église  de  Gap.  de 
porter  en  cour  les  remerciments  des 
églises  pour  la  permission  qu'elles 
avaient  obtenue  de  s'assembler,  et  aussi 
leurs  très-humbles  représentations. 

Des  difficultés  s'élevèrent  tout  d'abord 
sur  la  manière  dont  cette  requête  serait 
présentée.  Richelieu  voulait  que.  confor- 
mément à  un  cérémonial  reçu,  les  dé- 
putés du  synode  parlassent  au  roi  à  ge- 
noux ;  mais  après  de  longues  négocia- 
tions, la  fermeté  d' Amyraut  obtint  la  sup- 
pression en  fait  de  cet  usage  humiliant; 
moyennant  sans  doute  la  concession 
qu'il  fit  de  dire  en  commençant  son  dis- 
cours :  «  Sire,  les  députés  recognois- 
«  sans  la  liberté  de  laquelle  ils  jouissent 
«  par  la  grâce  de  Y.  M.,  viennent  ployer 
«  les  genoux  devant  elle  pour  luy  en 
«  faire  l'hommage  en  révérence  avec 
«  tous  les  ressentiments  de  gratitude 
a  dont  l'esprit  humain  peut  estre  ca pâ- 
te ble.  >•  Sa  harangue  plut  fort  au  cardi- 
nal de  Richelieu  qui  conçut  pour  lui 
beaucoup  d'estime  et  qui  lui  fit  l'hon- 
neur de  le  consulter  sur  son  fameux 
projet  de  réunion  des  deux  Eglises. 

En  1632,  Amyraut  assista  au  synode 
provincial  de  Baugé  (18  juin.  L'année 
suivante  (juin  1633  il  subit  avec  Louis 
Cappel  et  Josué  de  La  Place,  devant  le 
synode  tenu  à  Saumur,  les  épreuves  ré- 
glementaires. Il  y  satisfit  et  soutint  sa 
thèse  {De  Sacerdotio  Christi)  à  l'applau- 
dis>ement  général.  Il  entra  ainsi  en 
exercice  en  même  temps  que  deux  collè- 
gues, avec  lesquels  il  se  ha  d'une  étroite 
amitié  que  n'altéra  jamais  la  différence 
de  leurs  opinions  sur  certains  points  de 
la  dogmatique.  Leur  affection  dut  lui 
être  d'autant  plus  précieuse  qu'il  ne 
tarda  pas  à  se  trouver  engagé  dans  une 
ardente  polémique  et  exposé  aux  plus 
vives  attaques.  Disciple  aimé  de  Came- 
ron. il  avait  adopté  le  système  de  conci- 
liation entre  l'arminianisme  et  le  goma- 
risme  imaginé  par  son  maître,  et  ses 
relations  intimes  avec  Paul  Testard, 
pasteur  de  Blois,  l'avaient  encore  af- 
fermi dans  ses  convictions.  La  querelle 


187 


AMYRAUT 


188 


n'était  point  assoupie  entre  les  deux 
partis  qui  avaient  divisé  le  synode  de 
Dordrecht  ;  peut-être  Amyraut  espéra- 
t-il  y  mettre  un  terme  en  se  portant 
comme  médiateur.  Ce  fut  en  1634  qu'il 
publia  son  traité  De  la  Prédestination 
où  il  développa  ses  opinions  avec  une 
sagacité  et  une  érudition  remarquables. 
Selon  lui,  Dieu  désire  le  bonheur  de 
tous  les  hommes  et  personne  n'est  exclu 
par  un  décret  divin  des  bienfaits  que 
procure  la  mort  de  Jésus-Christ;  cepen- 
dant nul  non  plus  ne  peut  y  participer 
ni  par  conséquent  être  sauvé,  à  moins 
de  croire  en  Jésus-Christ.  Dieu,  dans  sa 
bonté  immense  et  universelle,  ne  refuse 
à  personne,  il  est  vrai,  le  pouvoir  de 
croire  ;  mais  il  n'accorde  pas  à  tous 
l'assistance  nécessaire  pour  qu'ils  fas- 
sent usage  de  ce  pouvoir,  en  sorte  que 
plusieurs  périssent  par  leur  faute,  sans 
qu'on  puisse  accuser  la  bonté  de  Dieu. 
Cette  théorie,  que  l'on  désigne  sous  le 
nom  d'universalisme  hypothétique,  fut 
vigoureusement  attaquée  par  André  Ri- 
vet, Frédéric  Spanheim,  J.-H.  Heideg- 
ger, Du  Moulin,  Jurieu,  qui  la  traitèrent 
de  pélagianisme  déguisé  et  accusèrent 
l'auteur  de  contrevenir  aux  décisions  du 
synode  de  Dordrecht  pour  favoriser 
l'arminianisme.  En  vain  Amyraut  vou- 
lut-il couvrir  sa  doctrine  du  nom  de 
Calvin,  en  soutenant  que  le  grand  ré- 
formateur avait  enseigné  la  grâce  uni- 
verselle; il  ne  put  convaincre  ses  adver- 
saires et  la  question  fut  portée  devant 
le  synode  national  d'Alençon. 

L'animosité  contre  le  professeur  de 
Saumur  était  telle  que  plusieurs  dépu- 
tés ne  parlaient  de  rien  moins  que  de  le 
déposer.  Mais  à  cette  époque  déjà,  il 
commençait  à  s'opérer  dans  les  croyan- 
ces de  l'Eglise  protestante  française  un 
changement  dont  on  doit  peut-être  cher- 
cher la  cause  principale  dans  la  défense, 
faite  dès  1623,  d'admettre  les  étrangers 
aux  fonctions  pastorales  et  denvoyer 
les  jeunes  candidats  au  ministère  faire 
leurs  études  hors  du  royaume.  Avant 
cette  défense,  beaucoup  de  pasteurs 
sortaient  chaque  année  des  universités 
de  la  Suisse  et  de  la  Hollande,  de  celle 
de  Genève  surtout  où  dominaient  les 
doctrines  du  calvinisme  pur  ;  mais  lors- 
que Louis  Xlll  eut  déclaré  qu'il  ne  per- 


mettrait plus  à  l'avenir  qu'on  mît  à  la 
tète  des  églises  des  ministres  formés 
dans  les  écoles  étrangères,  les  jeunes 
protestants  qui  se  destinaient  à  la  car- 
rière théologique  furent  forcés  de  faire 
leurs  études  dans  l'une  des  trois  univer- 
sités de  Saumur,  de  Montauban  ou  de 
Nîmes.  La  première,  qui  était  la  plus 
célèbre,  attira  le  plus  grand  nombre 
d'étudiants,  surtout  des  provinces  de 
deçà  la  Loire,  et  comme  Caméron  y  pro- 
fessait des  principes  d'une  tolérance 
assez  large,  il  en  résulta  naturellement 
une  modification  notable  dans  les  opi- 
nions du  clergé  protestant  de  France. 
Aussi  le  synode  d'Alençon  refusa-t-il  de 
s'associer  aux  mesures  de  rigueur  que- 
beaucoup  de  députés ,  principalement 
parmi  ceux  des  églises  du  midi ,  récla- 
maient contre  Amyraut.  Sans  s'arrêter 
aux  lettres  qui  lui  avaient  été  écrites  par 
les  universités  de  Genève  et  de  Leyde, 
l'assemblée  se  déclara  satisfaite  des 
explications  qu'il  donna,  ainsi  que  le 
pasteur  Testard,  et  les  renvoya  l'un  et 
l'autre  honorablement  en  leur  recom- 
mandant la  discrétion  et  la  prudence,  et 
en  imposant  sur  ces  questions  aux  deux 
partis  un  silence  qui  fut  mal  gardé. 
Amyraut  continuant  à  être  attaqué,  se 
défendit.  De  nouvelles  plaintes  furent 
donc  portées  contre  lui  au  synode  de 
Charenton,  qui  se  montra  peu  disposé  à 
y  donner  suite,  et  qui  se  contenta  de 
renouveler  la  défense  de  «  disputer  sur 
des  questions  inutiles,  qu'on  ne  propose 
que  par  pure  curiosité  et  pour  faire  pa- 
raître la  subtilité  de  son  esprit.  »  Il  ne 
tarda  pas  à  donner  d'ailleurs  au  profes- 
seur de  Saumur  une  preuve  de  la  haute 
estime  qu'il  avait  pour  lui,  en  le  char- 
geant d'entrer  en  conférences  avec  La 
Milletière  contre  qui  il  avait  déjà  sou- 
tenu une  vive  polémique.  Mais  en  dispu- 
tant de  vive  voix ,  les  deux  con  trover s i rtes 
ne  purent  pas  mieux  parvenir  à  s'en- 
tendre. 

De  retour  à  Saumur,  Amyraut,  tout 
en  s'occupant  de  travaux  plus  utiles, 
continua  de  repousser  avec  autant  de  sa- 
gacité que  de  modération  les  attaques 
des  adversaires  de  son  système.  Ces 
luttes  incessantes  étaient  pénibles  pour 
un  homme  d'un  caractère  doux  et  affa- 
ble comme  il  était;  aussi  se  prèta-t-il  de 


189 


AMYliAI    J 


190 


grand  cœur  à  une  réconciliation  avec 
Rivet.  Du  Moulin  et  le  pasteur  de  la 
Rochelle.  Philippe  Vincent,  qui  avait 
chaudement  combattu  ses  principes  sur 
l'obéissance  passive. 

Il  avait  été  député  en  1638  au  synode 
de  Rellesme  ;  il  fut  nommé  recteur  de 
l'acad.  de  Saumur  en  1639.  principal 
en  1640,  «  tant  à  cause  de  sa  grande 
suffisance  pour  toutes  les  fonctions  de 
la  dite  charge,  que  particulièrement  afin 
de  le  retenir  et  conserver  à  cette  acadé- 
mie en  cas  que  son  indisposition  l'obli- 
geât à  se  décharger  d'une  partie  ou  de 
tout  l'exercice  de  son  ministère.  »  En 
1642,  1645,  1647,  1652,  1650.  il  prit  en- 
core part  aux  travaux  des  synodes  de 
diverses  provinces  et  en  1658  il  se  ren- 
dit à  Rourbon  et  à  Paris  sans  doute  pour 
le  soin  de  sa  santé  qui  allait  s'aflàiblis- 
sant. 

En  1659,  la  prorince  d'Anjou  l'enleva 
une  fois  encore  à  ses  doubles  fonctions 
pour  l'envoyer,  en  qualité  de  son  repré- 
sentant, au  synode  national  de  Loudun. 
node  lui  confia  le  soin  de  publier, 
avec  Blondel,  Gaultier  et  Catelan,  une 
édition  correcte  de  la  discipline  des 
églises  réformées  de  France.  Après  la 
clôture  des  séances  de  cette  assemblée, 
Amyraut  retourna  à  Saumur  qu'il  pa- 
rait n'avoir  plus  quitté  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  8  janvier  1664  '. 

A  des  talents  éminents.  à  un  parfait 
usage  du  monde,  à  un  caractère  plein 
de  bienveillance  et  de  fermeté  à  la  fois, 
Amyraut  joignait  une  charité  inépuisa- 
ble. Pendant  les  dix  dernières  années  de 
sa  vie.  il  distribua  aux  pau^ 
distinction  de  religion,  les  revenus  de  sa 
place  de  pasteur.  Ce  désintéressement 
ne  put  lui  faire  trouver  grâce  aux  yeux 
itholiques  bigots  qui.  en  166"2.  lui 
intentèrent  un  procès  au  sujet  de  la 
taille.  Le  procureur  général  près  de  la 
cour  des  aides  saisit  cette  occasion  pour 
obtenir  un  arrêt  qui  défendit  à  toi. 
ministres  de  prendre.  —  attentat  scan- 
daleux, selon  lui,  —  le  titre  de  docteur 
en  théologie!  Amyraut  trouva  du  moins 
une  compensation  à  ces  misérables  vexa- 
tions, dans  les  témoignages  de  considé- 
ration et  de  respect  qu'il  reçut  jusqu'à  la 

1  Jean  Carré  y  fit  imprimer  la  même  année  des  vers 
hébreux  sur  sa  mort  (11!,  226  a|. 


fin  de  sa  vie  d'un  grand  nombre  de  ca- 
tholiques, parmi  lesquels  on  cite  des 
évêques .  des  archevêques .  les  cardi- 
naux de  Richelieu  et  de  Mazarin .  les 
maréchaux  de  Rrézé  et  de  La  Meille- 
raie .  et  le  premier  président  du  parle- 
ment de  Rourgogne.  Le  Goux  de  La  Rer- 
chère.  —  Son  portrait  a  été  peint  par 
Philippe  de  Champagne  et  gravé  par 
Pierre  Lombard. 

Dogmatiste.  exégète.  moraliste  et  pré- 
dicateur renommé,  Amyraut  a  beaucoup 
écrit,  mais  ses  ouvrages  sont  fort  rares. 
Nous  en  donnerons  la  liste  en  suivant. 
autant  que  possible,  l'ordre  de  leur  pu- 
blication. 

I.  Cent  cinquante  sonnets  chrestiens  ; 
Paris,  chez  Pierre  des  Hayes,  rue  de  La 
Harpe,  à  la  Rose  rouge,  1625,  in-16. 
Précédé  d'une  épitre  dédicatoire  (signée 
M.  A.)  à  haute  et  puissante  dame  ma- 
dame de  Clermont  d'Amboise,  marquise 
douairière  de  Garlande. 

II.  Hymne  de  la  puissance  divine: 
Paris,  1625,  in-16:  précédé  d'une  dédi- 
cace (signée  M.  A.  .  a  très-noble  et  très- 
vertueuse  demoiselle,  Mlle  de  Clermont 
d'Amboise. 

Personne  n'avait  soupçonné  dans  le 
sévère  théologien  Moïse  Amyraut  la  pas- 
sion de  faire  et  de  publier  des  vers.  Un 
de  nos  bibliophiles  les  plus  éclairés,  qui 
connaît  à  merveille  les  produits  typo- 
graphiques de  la  Touraine  et  de  l'Anjou, 
dontil|>ossède  une  précieuse  collection1, 
M.  J.  Taschereau, directeur  de  laRiblio- 
thèque  nationale,  rencontra  un  jour  les 
deux  volumes  poétiques  ci -dessus  cotés, 
et  pensa  que  les  initiale-  M.  A.  pou- 
vaient cacher  le  nom  du  ministre  de 
Saumur.  M.  Charles  Read  qu'il  consulta 
sur  ce  point,  lui  écrivit  :  «  Le  nom  de 
Clermont  d'Amboise  est  une  forte  pré- 
somption que  l'ouvrage  est  en  effet  d'A- 
myraut.  La  maison  de  Clermont  d'Am- 
boise est  une  des  plus  illustres  de  notre 
France  protestante  à  cette  époque.  I 
un  Clermont  d'Amboise  qui  présidait 
l'assemblée  politique  de  Châtellerault  où 
s'ouvrirent  en  1597  les  négociations  pour 
l'édit  de  Nantes.  Le  nom  de  Garlande 
confirme  aussi  la  présomption,  car  le 
marquis  de  Garlande  ou  Gallerande  était 

1  Laquelle  nous  a  largement  servi  à  compléter  la  pré- 
sente bibliographie. 


191 


AMYRAUT 


192 


L'aîné  de  la  même  maison  ;  c'était  le;  titre 
que  portait  précisément  le  président  de 
l'assemblée  de  1597  et  la  marquise 
douairière  en  102")  était  probablement  sa 
veuve.  Le  ton  de  la  dédicace  et  celui  des 
sonnets  me  semblent  bien  huguenots. 
Enfin  je  possède,  parune  heureuse  coïn- 
cidence, un  volume  qui  tranche  la  ques- 
tion en  ce  qui  concerne  le  libraire  : 
c'est  un  psautier  de  Charenton  indiqué 
chez  Pierre  desHayes,  rue  de  La  Harpe, 
à  la  Rose  rouge.  »  Nous  rendrons  la 
vraisemblance  plus  frappante  encore  en 
citant  un  passage  des  registres  de  l'acad. 
de  Saumur  (f°  52)  qui  montre  Amyraut 
réprimandé  pour  s'occuper  de  vers  lors- 
qu'il n'était  encore  qu'étudiant  :  «  Le 
mercredi  19  aoust  1620,  après  enqueste 
faicte  touchant  Amirault  escholier  en  la 
première  classe  et  Fautrart  estudiant  en 
philosophie  chargez  d'avoir  escript  et 
semé  les  vers  composés  par  Viguier 
[contre  d'autres  étudiants],  il  a  esté 
adouci  qu'en  prenant  pied  sur  les  satis- 
factions faictes  par  le  d.  Viguier  on  se 
contentera  que  remonstrances  leur  soient 
faictes  par  les  professeur  et  régent.  » 

Du  reste,  les  vers  d' Amyraut  n'avaient 
rien  qui  les  distinguât  des  autres  vers 
très  médiocres  du  même  temps  ;  voici  le 
commencement  d'un  de  ses  sonnets  pris 
au  hasard ,  le  71me  : 

Que  me  veux- tu,  mon  âme,  quand  tu  fais 
Sonner  au  cœur  une  complainte  amère 
Pour  tes  ennuis?  U  ma  seulette,  espère 
En  ton  Sauveur  et  endure,  et  te  tais. 

Tous  tes  soucis  en  qui  tu  te  déplais, 
De  la  douceur  de  sa  grâce,  tempère  ! 
Il  est  ton  Dieu,  ton  Seigneur  et  ton  Père, 
Ton  Rédempteur,  le  Prince  de  ta  paix. 

III.  Traité  des  religions  contre  ceux 
qui  les  estiment  indifférentes  ;  Saumur, 
chez  Cl.  Girard,  1031,  in-8°;  2"  édit.  Sau- 
mur, 1052,  in-4°.  Cette  deuxième  édition 
est  précédée  d'une  épître  à  Mgr  de  Tu- 
renne,  du  25  mars  1052.  Traduit  en  alle- 
mand par  Adrien  Steger,  Leipzig,  1007, 
in-12,  et  1719,  in-12;  en  anglais,  Lon- 
dres, 1000,  in-12.—  L'ouvrage  est  divisé 
en  trois  parties.  Dans  la  lre,  l'auteur 
combat  les  Epicuriens  qui  nient  la  Pro- 
vidence ;  dans  la  2e,  il  établit  la  néces- 
sité d'une  religion  révélée;  dans  la  3e,  il 


prouve   que  la  religion   chrétienne  doit 
être  préférée  à  toutes  les  autres. 

IV.  Traité  de  la  prédestination  ;  Sau- 
mur, 1634,  in-8°;  trad.  latine,  Salmurii, 
1034,  in-4°  ;  nouvelle  édit.,  Saumur, 
1058,  in-8°,chez  Isaac  Desbordes  (358  p.). 
Le  titre  exact  de  cette  dernière  est  : 
Brief  traité  de  la  prédestination  avec 
V eschantillon  de  la  doctrine  de  Cah:in 
sur  le  même  sujet  et  laResponseà  M.  de 
L.  M.  sur  la  matière  de  la  grâce  et  au- 
tres questions  de  théologie.  Elle  est  dé- 
diée «  A  mess,  les  estudians  en  théologie 
de  l'académie  de  Saumur.  »  Dans  cet 
ouvrage,  Amyraut  développe  ses  idées 
sur  la  grâce  divine.  Gomme  Zwingle,  il 
croit  que  les  païens  vertueux  seront 
sauvés.  C'est  vraisemblablement  à  cette 
polémique  que  se  rattache  un  autre  écrit 
d' Amyraut  intitulé  Réplique  à  M.  de  La 
Milletière;  Charenton,  1633,  in-8°. 

V.  1.  Sermon  sur  l'Apocalypse,  II, 
27  ;  Charenton.  Melchior  Mondière,  1030, 
in-8°. 

2.  Six  sermons  de  la  nature,  étendue, 
nécessité  dispensative  et  efficace  de  l'E- 
vangile; Saumur,  1036,  in-8°,  trad.  en 
latin  par  Heinhold,  Stade  en  Hanovre, 
1717,  in-8°. 

3.  Trois  sermons  sur  V épître  aux 
Ephésiens,  ch.  I,  v.  16;  Charenton,  1639, 
in-12(177p.). 

4.  Sermon  sur  ces  mots  :  «  C'est 
Dieu,  etc.  »  (Philipp.,  v.  13),  prononcé 
à  Chastelerault  le  jour  de  la  Pentecoste 
lorsque  le  synode  de  Poitou  y  célébrait 
la  Cène.  —  Avec  un  autre  prononcé  à 
Saumur  sur  les  mesmes  mots;  Saumur, 
1640,  in-8°.  Dédié  à  M.  de  S.-George  de 
Vérac. 

5.  Sermon  sur  le  v.  55  de  la  lre  épître 
de  S.  Paul  aux Corinth.  ;  Saumur,  1644, 
in-10  (40  p.). 

0.  Sermon  sur  2  T'un.  I,  12,  prononcé 
le  29  janvier  1045  pendant  la  tenue  du 
synode  à  Charenton;  Charenton,  par 
Melchior  Mondière,  demeurant  â  Paris 
en  la  court  du  Palais,  aux  Deux  Vipères, 
1645,  in-12. 

7.  Sermon  sur  ces  mois  de  l'Apoca- 
lypse, I,  4  et  5  :  «  Jean  aux  sept  égli- 
ses, »  etc. ,  prononcé  le  jeudy  i  de 
may  1045;  Saumur,  1045,  in-10. 

8.  Deux  sermons  .sur  les  versets  1  et  S 
de  S.  Jean  (ép.  1,  ch.|5),  prononcés  à  Gha- 


193 


AMYRAUT 


194 


renton  au  mois  d'oct.  1645,  avec  une 
action  sur  le  dimanche  47  du  catéchisme; 
Saumur,  1646, in-8°.  Dédié k'M^deMo- 
rin.s  à  Bordeaux. 

9.  Sermon  sur  Ps.  XIV.  1  :  Saumur, 
1645,  in-16. 

10  et  11.  Deux  sermons,  l'un  sur  ces 
mots  de  la  Gen.  (III,  19)  :  «  Tu  es  pou- 
dre, »  l'autre  sur  ces  mots  de  Christ  :  «  En 
vérité  je  vous  dis  »  (Jean,  VIII,  51);  pro- 
noncés à  Saumur  le  jour  des  Cendres  et 
quelques  jours  après;  Saumur,  in-8°, 
1646. 

12.  Sermons  sur  quelques  sentences 
de  l'Ecriture  ;  Saumur,  1647,  in-18. 

13.  Quatre  sermons  sur  quelques  sen- 
tences del'Ecriture;  Saumur,  1648,  in-12. 

14.  Trois  sermons  sur  II  Cor.;  III, 
13-16,  17  et  18;  Saumur.  1651.  in-12. 

15.  Un  sermon  du  voile  de  Moise ; 
Saumur,  1651,  in-18. 

16.  Le  Mystère  de  piété,  expliqué  en 
quatre  sermons;  Saumur,  1651,  in-12. 

17.  Sermon  sur  la  XLTV*  section  du 
catéchisme,  prononcé  à  Saumur  le  3  de 
mars  1652;  Saumur,  1652,  in-8°,  48  pag., 
non  compris  une  courte  dédicace  à 
Mme  de  La  Muce  dans  laquelle  on  lit  : 
«  Au  reste,  Madame,  j'ay  une  prière  ù 
vous  faire,  de  la  quelle  je  m'asseure  que 
vous  ne  me  refuserés  pas.  L'idée  que  je 
me  suis  formée  de  l'incomparable  vertu 
de  feu  monsieur  de  La  Noue  vostre 
grand  père,  par  ce  que  j'ay  pu  lire  de 
luy  dans  ses  écrits  et  dans  les  histoires. 
m'a  fait  désirer  ardamment  d'en  avoir 
une  connoissance  plus  exacte.  Faites  moy 
donc,  s'il  vous  plaist,  Madame,  la  faveur 
de  me  dire  s'il  n'est  point  resté  dans 
vostre  maison  quelques  mémoires  de  sa 
vie  dont  on  la  peust  recueillir.  Car  je 
vous  proteste  que  si  j'en  avois  et  que 
vous  jugeassiez  ma  plume  capable  de 
l'écrire,  je  me  sentirois  heureux  de  pou- 
voir mettre  l'image  de  ce  héros  devant 
les  yeux  de  nostre  jeune  noblesse  pour 
l'exciter  ù  la  vertu.  Et  je  crois  que  vous 
sériés  bien  aise,  Madame,  que  messieurs 
vos  petits  enfans  en  tirassent,  outre 
l'avantage  de  la  gloire  qu'ils  ont  d'en 
estre  descendus,  l'utilité  qui  leur  revien- 
droit  de  son  imitation.  » 

Voy.  ci-après  aux  numéros  23  (col. 
194)  et  XXXYIII  la  suite  du  projet  ici 
annoncé. 


18.  Sermons  sur  divers  textes  de  l'E- 
criture Sainte,  prononcés  en  divers  lieux 
par  Moyse  Amyraut,  2e  édit.  ;  Saumur, 
1653,  in-8°  (495  p.).  Cette  collection  réu- 
nit onze  sermons  qui  avaient  été  déjà 
publiés  séparément,  en  particulier  les 
six  sermons  de  la  nature  de  l'Evangile, 
de  1636. 

19.  Un  sermon  sur  ces  paroles  du  pro- 
phète Jérémie,  X,  5,  2  :  «  Ainsi  a  dit 
l'Eternel,  n'apprenez  point  le  train  de» 
nations  ;  ■»  Saumur,  Jean  Lesnier,  im- 
primeur et  libraire,  au  Livre  d'or,  1654, 
in-8°.  —  Autre  édition,  1654,  à  Charen- 
ton.  chez  Louis  Yendosme,  marchand- 
libraire  à  Paris,  au  bout  du  pont  S. -Mi- 
chel, au  Sacrifice  d'Abraham. 

20.  Un  sermon  sur  Hébr.  XII,  29, 
prononcé  à  Nyort  pendant  le  synode  le 
dernier  d'aoust  1656  (avec  une  lettre  à 
M.  de  Superville,  docteur  en  médecine 
à  Nyort;  Saumur,  1656,  in-8°. 

21.  Sermon  sur  ces  paroles  de  J.-C. 
«Ayés  lajoy  de  Dieu,  »  Marc  XI,  22, 
prononcé  en  l'église  du  Mans,  recueilli 
à  Belair  le  5  aoust  1627  (lisez  1657)  ;  Sau- 
mur, 1657;  avec  dédicace  à  Mme  la  mar- 
quise de  Congnée. 

22.  Quatre  sermons  sur  le  chap.  YI 
del'épitre  aux  Hébrieux,  v.  4,  5, 6  ;  Sau- 
mur, 1657,  in-8°  (184  p.);  avec  une  dé- 
dicace à  Mmc  de  Soucelles. 

23.  Melchisedec  représenté  en  quatre 
sermons  sur  le  chap.  Vil  de  l'Epistreaux 
Hébrieux,  v.  1,  2  et  3;  Saumur,  J.  Des- 
bordes, 1657  (166  pag.);  avec  une  dédi- 
cace à  Mme  la  marquise  douairière  de 
La  Muce  en  date  du  lendemain  de  Pâ- 
ques 1657  et  commençant  par  ces  mots: 
«  Madame,  il  y  a  déjà  quelques  années 
que  je  me  suis  obligé  envers  le  public 
d'une  chose  qui  vous  regarde  en  parti- 
culier avec  cette  illustre  maison  de  la  q. 
vous  estes  issue  :  C'est  de  mettre  au  jour 
la  vie  de  feu  Monsieur  vostre  Grand- Père 
cet  incomparable  héros  que  l'on  nom- 
moit  Bras-de-Fer.  Mais  je  suis  de  ces 
gens  que  l'on  appelle  communément 
affairés  et  qui  ayant  diverses  dettes  sur 
les  bras  se  trouvent  bien  embarrassés...» 

24.  Huit  sermons  sur  Hébr.  YI,  4-6, 
et  YII,  1-3;  Saumur,  1657,  in->°. 

25.  Cinq  sermons  prononcez  à  Cha- 
renton  (130,  56  et  55  p.);  ensemble  un 
Discours  chrestien  prononcé  à  Bourbon 


195 


AMYRAUT 


196 


(dédié  à  S.  A.  Mllc  de  Buillon)  ;  Charen- 
ton,  A.  Cellier,  1658,  in-8°  ;  précédé 
d'une  Lettre  à  M.  Amyot,  docteur  mé- 
decin à  G  y  en). 

26.  Trois  sermons  sur  l'épître  aux 
Hébr.,  I,  3;  avec  une  épître  à  S.A.  Mlle 
de  Buillon;  Charenton,  Ant.  Cellier  à 
Paris,  1658,  in-8°. 

27.  Deux  sermons,  l'un  sur  ces  paro- 
les de  S.  Paul,  1  Cor.  XV,  2-3,  l'autre  sur 
ces  paroles  de  Christ,  Jean  XVI,  8-11, 
prononcez  à  Charenton;  par  A.  Cellier, 
1658,  in-8°. 

28.  Sermon  sur  la  convalescence  du 
Roy,  prononcé  à  Saumur  en  1658,  le 
18  aoust;  Saumur,  Isaac  Desbordes, 
1658,  in-8°. 

29.  Deux  sermons  sur  la  matière  de  la 
justification  et  de  la  sanctification  (avec 
dédicace  à  Mmc  de  Beuvrière,  du  25  août 
1658);  Saumur,  1658,  in-8°. 

30.  Vingt-quatre  sermons;  Saumur, 
1658,  in-8°. 

31.  Sermon  sur  ces  paroles  de  S.Paul, 
I  Corinth.  XV,  28  :  «  Et  quand  toutes 
choses  »...,  prononcé  à  Charenton  ;  Cha- 
renton, 1659,  in-8°.  Avec  une  lettre  dé- 
dicatoire  (Orléans,  13  déc.  1658)  à  M.  de 
Launay,  conseiller  secret,  du  Roy. 

32.  Le  Tabernacle  expliqué  en  cinq 
sermons  sur  l'ép.  aux  Hébr.,  IX,  2-5; 
avec  un  Discours  sur  les  habits  sacrez 
d'Aron;  Saumur,  1 858, in-8°  (256p.);  dé- 
dié à  Mrae  de  La  Muce.  —  Au  t.  XIV  de 
la  collection  Conrart  (Bibliot.  de  l'Arse- 
nal) se  trouve  en  manuscrit  le  Discours 
touchant  les  vestements  sacrez  du  sou- 
verain sacrificateur ,  ainsi  qu'une  autre 
dissertation  d' Amyraut:  De  l'imputation 
du  'péché  d'Adam. 

33.  Le  ravissement  de  S.  Paul  (2  Cor. 
XII,  1-5),  expliqué  en  quatre  sermons  ; 
avec  dédicace  à  Mme  la  marquise  de  Gou- 
vernet  ;  Saumur,  Ant.  Rousselet,  1660, 
in-8°(169p.). 

34.  Sermon  sur  la  première  épître  de 
S.  Pierre  (III,  20,  21),  prononcé  à  Lou- 
dun  un  jour  deCène,  le  synode  national 
y  tenant  ;  avec  dédicace  à  M.  de  La  Bou- 
tetière;  Saumur,  1660,  in-8°  (59  p.). 

35.  Sermon  sur  le  sujet  de  la  paix; 
prononcé  à  Saumur  le  dernier  de  février 
1660;  avec  dédicace  à  M.  du  Vivier, 
F.  M.  D.  S.  E.  (fidèle  ministre  du  saint 
Evangile),  1660,  in-8°  (54  p.). 


36.  Sermon  sur  les  paraboles  du  Christ 
(Jean  XVII,   24)  ;  Saumur,  1662,  in-8°. 

VI.  Echantillon  de  la  doctrine  de 
Calvin  sur  la  prédestination.  La  lrc  édi- 
tion parut  avant  1637.  Cet  opuscule  fut 
réimprimé  en  1658,  avec  le  traité  de  la 
prédestination. 

VIL  Lettre  à  La  Milletière,  sur  son 
écrit  contre  Du  Moulin;  Saumur,  1637, 
in-8°  ;  réimpr.  aussi  avec  le  traité  de  la 
prédestination.  L'année  suivante,  Amy- 
raut  attaqua  plus  directement  encore  les 
opinions  de  La  Milletière  dans  son  traité 
De  la  justification  contre  les  opinions 
de  M.  de  La  Milletière,  où  sont  exami- 
nées les  raisons  de  l'Eglise  romaine  sur 
cette  matière  et  la  doctrine  des  Evangè- 
liqucs  défendue  contre  elles;  Saumur, 
Lesnier  etDesbordes,  1638,  in-8°(2cédit. 
1658,  in-8°)  ;  et  dans  celui  du  Mérite  des 
œuvres,  contre  les  opinions  de  M.  de 
La  Milletière,  où  les  raisons  des  Evan- 
géliques  sur  ce  subjet  sont  maintenues 
contre  ses  exceptions  et  celles  de  l'Eglise 
romaine  réfutées;  Saumur,  Lesnier, 
1638,  in-8°  (244  p.).  La  Milletière  répon- 
dit :  Response  à  M.  Amiraut,  ministre 
et  prof,  en  théol.,  à  Saumur.  Sur  une 
conférence  amiable  entr'eux,  pour  l'exa- 
men des  moyens  par  luy  proposez  pour 
la  réunion  avec  les  catholiques;  Paris, 
1638,  1"  fév.  (167  p.);  et  de  plus  :  Ad- 
monition à  M.  Amyraut  de  sa  contra- 
diction manifeste  avec  M.  Mestrezat  et 
M.  Testard,  sur  le  nœud  de  la  matière 
de  la  justification  du  fidèle,  défendue 
selon  la  vérité  catholique;  Paris,  P.  Ro- 
collet,  1638  (27  avril),  83  p.  —  Amyraut 
rétorqua  la  première  de  ces  deux  brochu- 
res par  sa  :  Réplique  à  M.de  La  Mille- 
tière ,  sur  son  offre  d'une  conférence 
amiable  pour  l'examen  de  ses  moyens 
de  réunion,  où  sont  traittëes  diverses 
questions  théologiques,  par  Moyse  Amy- 
raut; Charenton,  Isaac  Dedieu  ,  1638, 
in-8°  (197  p.).  —  Ces  ouvrages  roulent 
sur  les  questions  les  plus  ardues  de  la 
théologie  :  la  matière  de  la  grâce,  l'éga- 
lité de  la  corruption  des  hommes,  l'es- 
prit de  servitude,  l'opération  de  la  grâce, 
l'alliance  de  l'Evangile  et  son  étendue, 
etc.  Théophile  Brachet  de  La  Milletière 
était  un  laïque,  alors  protestant,  qui  se 
préoccupait  surtout  de  la  réunion  des  deux 
Eglises  et  qui  publia  encore,  quelques 


10? 


AMYRAUT 


198 


années  plu»  tard,  d'autres  opuscules 
contre  les  opinions  d'Amyraut,  notam- 
ment :  Réplique  à  la  response  de  M. 
Amiraut;  Paris,  1642  (7  mars),  in-8, 
39  p.  —  La  Facilité  de  se  réunir  et  de 
réformer  l'Eglise.  Représentée  par  une 
lettre  familière  de  M.  de  La  Millet ière 
à  M.  Amyraut  pour  le  convier  a  se 
ranger  à  ce  dessein  plut  os  t  qu'à  réfuter 
les  nouvelles  hérésies  ;  Paris,  I.  Desdin, 
1 1 i 4 2    1-2  mars;,  30  p.  in-8". 

VIII.  De  Providentia  Dei  in  malo  ; 
Saumur,  1638,  in-4\ 

IX.  De  l'élévation  de  la  foy  et  de  l'a- 
baissement de  la  raison  en  la  créance 
des  mystères  de  la  religion,  avec  une 
épitre  à  très-haute  et  illustre  princesse 
Mnic  Marie  de  La  Tour,  duchesse  de 
La  Trémoille  et  de  Thouars  ;  Saumur, 
1641.  2e  édition;  Charenton,  1644,  in- 12 

p.). 

X.  Defensio  doctrinx  J.  Calvini  de 
absoluto  reprobaiionis  decreto,  adversus 
anonymum;  Salmurii  16il,  in-4",  avec 
une  épitre  dédicatoire,  adressée  à  Jean- 
Maxunilien  Langle ,  ministre  de  Rouen. 
Cette  défense  de  Calvin  fut  traduite  suus 
le  titre  :  Défense  de  la  doctrine  de  Cal- 
vin, sur  le  sujet  de  l'élection  et  de  la  ré- 
probation; Saumur,  1644,  in-8°  (20  et 
616  p.],  à  la  demande  de  l'académie  de 
Saumur,  qui  lui  alloua  50  liv.  d'indem- 
nité (Délibération  du  23  avril  16i4j.  Sui- 
vant Lipenius,  elle  fut  réimprimée  en 
16Î1. 

XI.  Dissertât iones  theologicx  VI 
quarum  I  de  œconomia  trium  persona- 
rum,  II  de  jure  Dei  in  creaturas,  III  de 
gratia  universali,  IV  de  gratia  particu- 
lari,  V  de  serpente  tentatore,  VI  de  pec- 
cato  originis.  —  Les  quatre  premières 
furent  publiées  on  161,").  précédées  d'une 
lettre  à  André  Rivet,  pasteur  et  prof, 
à  La  Haye,  en  date  du  7  déc.  1644.  Les 
deux  autres  furent  ajoutées  dans  une 
nouvelle  édition,  qui  parut  à  Saumur, 
en  1660,  in-8°.  Walch  se  trompe  lors- 
qu'il considère  comme  un  ouvra;: 

cial  ces  deux  dernières  dissertations.  La 
première  fut  reproduite  séparément  à 
Halle,  1713,  in-K 

XII.  Paraphrases-  sur  l'Epifrc  aux 
Romains:  Saumur,  1644,  in-8;  —  sur 
l'épitre  aux  Calâtes;  Saum.  1645.  ln-8°; 
—  Observations  sur  les  épitres  aux  Co- 


lossiens  et  aux  Thcssaloniciens  ;  Saum. 
1645  et  1665,  in-8°;  —  Considérations 
sur  les  épîtres  aux  Ephésiens  et  aux  Phi- 
lippiens;  Saum.  1645,  in-8°;  —  Para- 
phrases sur  l'épitre  aux  Hébreux  ; 
Saum.  1646,  in-8°;  —  sur  les  épitres  à 
Timothée,  à  Tite,  à  Philémon;  Saum. 
1646,  in-8°;  —  sur  les  épitres  catholi- 
ques de  saint  Jacques,  Pierre,  Jean  et 
Jude;  Saum.  1647,  in-8°  ;  —  sur  les 
épitres  aux  Corinthiens;  Saum.  1649, 
in-8;  —  sur  l'Evangile  de  S.  Jean; 
Saum.  1651,  in-8  0J28  V-r.  —  Para- 
phrase sur  les  Actes  des  saints  apôtres. 
Nous  n'avons  pu  trouver  de  première 
partie  de  ce  dernier  ouvrage,  mais  seu- 
lement deux  volumes  intitulés  :  Seconde 
partie;  Saumur,  1653,  in-8°,  chapitres 
1  à  13  (626  p.);  —  Seconde  partie;  Sau- 
mur. 1654,  chap.  14  p.). 

Nous  avons  cru  devoir  réunir  ces  dif- 
férents opuscules,  quoique  publiés  suc- 
.  ement  dans  l'espace  de  dix  années. 
Amyraut  n'y  mit  pas  son  nom  de  peur 
des  préventions  qu'il  n'eut  pas  manqué 
de  soulever  parmi  les  catholiques. 

XIU.  D<  claratio  fidei  contra  errores 
Arminianorum  ;  Salmurii,  1646,  in- 12, 
traduit  en  français,  sous  ce  titre  :  La 
créance  de  Moyse  Amyraut  sur  les  er- 
reurs des  Arminiens,  in-8°,  sans  nom 
de  heu  ni  date. 

XIV.  Exercitatio  de  gratia  Dei  uni- 
<ili;  Sulm.  1647,  in-- 

XV.  I>  l'état  des  fidèle* 
après  la  mort  ;  S.iumur.  ltiiii,  in-i°,  et 
1657,  in-8:  traduit  en  flamand,  L'trecht, 

.  in-8*;  eu  allemand,  Leipsick, 
1696,  in-12.  L'ouvrage  commence  par 
une  lettre  de  «  l'auteur  à,  sa  femme.  » 
En  effet,  Amyraut  composa  ce  livre 
pour  consoler  sa  femme  de  la  mort  de 
leur  fille.  Il  en  a  paru  aussi  une  traduc- 
tion anglaise  sans  date),  sous  ce  titre  : 
The  évidence  ofthings  not  seen  or  di 
scriptural  and  philosophical  discourses 
conceming  the  stade  of  Good  and  holy 
men  after  Death,  by  that  eminently 
leamed  divine Moses  Amyraldus,  trans- 
lated  by  a  minuter  of  the  church  of 
Englaml;  London,  in-8°  (232  p.).  Le 
traducteur  qui  signe  C.-.J..  a.  aussi  fait 
précéder  son  livre  d'une  lettre  «  to  bis 
dearest  consort.  » 

XVI.  Apologie  pour  ceux  de  la  Relu 


199 


AMYRAUT 


200 


gion  sur  les  sujets  d'aversion  que  plu- 
sieurs peuventavoir  contre  leur  personne 
et  leur  religion;  Saumur,  1647,  in-12; 
Gharenton,  1648,  in-8°.  —  L'auteur 
cherche  à  justifier  ses  coreligionnaires 
au  sujet  des  guerres  religieuses  qui  ont 
désolé  si  longtemps  la  France,  en  décla- 
rant toutefois  de  la  manière  la  plus  for- 
melle, qu'il  n'est  en  aucun  cas  permis 
à  des  sujets  de  prendre  les  armes  con- 
tre leur  prince,  et  en  proclamant  con- 
forme aux  principes  de  l'Evangile  et  de 
l'Eglise  primitive  de  n'opposer  à  la  per- 
sécution que  la  patience ,  les  larmes  et 
la  prière. 

XVII.  Disputatio  de  libero  hominis 
arbitrio;  Salmurii,  1647,  in-12;  avec 
une  épître  dédicatoire  à  Jean  de  Croï, 
pasteur  de  Béziers. 

XVIII.  De  secessione  ab  ecclesia  Ro~ 
mana  deque  ratione  pacis  inter  evan- 
gelicos  in  religionis  negotio  constituenda;, 
disputatio;  Salm.  1647,  in-8°;  dédié  à 
Guillaume  VI,  landgrave  de  Hesse; 
trad.  en  allem.,  Gassel,  1649,  in-8°.  — 
Amyraut  composa  cet  ouvrage  dans 
l'espoir  de  réunir  tous  les  réformés  con- 
tre l'Eglise  romaine  qui  ne  cessait  de 
reprocher  à  l'Eglise  protestante  les  schis- 
mes qui  la  divisaient.  Quelques  années 
plus  tard,  il  traita  avec  plus  de  dévelop- 
pement le  même  sujet  dans  son  Etp'/j- 
vikov  sive  de  ratione  pacis  in  religionis 
negotio  inter  Evangelicos  constituendsô 
consilium;  Salm.,  1662,  in-8°  (16  et 
407  p.),  qu'il  dédia  à  quatre  théologiens 
allemands  de  Marbourg  et  de  Rinthlen. 
Les  auteurs  de  la.  Biographie  universelle 
ne  nous  apprennent  pas  sur  quoi  ils  se 
fondent  pour  contester  cet  ouvrage  à  no- 
tre auteur. 

XIX.  Considerationes  in  cap.  Vil 
D.  Pauli  ad  Romanos;  Salm.  1648, 
in-12. 

XX.  Spécimen  animadversionum  in 
exercitat.  de  gratia  universali;  Salm. 
1648,  in-4°  (2  tomes  de  346  et  508  p.  en 
un  vol.).  Cet  écrit  est  dirigé  contre  le 
théologien  allemand,  Fried.  Spanheim; 
voici  dans  quelles  circonstances  :  «  Le 
sieur  Amyrault  a  remonstré  que  par  le 
synode  de  Gharenton  dernier,  il  a  été  ar- 
rêté que  si  quelques  écrits  publics  ve- 
noient  de  dehors  le  Royaume  par  les 
q.  sa  doctrine  fut  rendue  suspecte   ou 


sa  réputation  flétrie ,  il  demanderoit 
permission  au  synode  d'y  faire  réponse 
et  étant  notoire  que  le  sr  Spanheim  a 
composé  de  gros  livres  impugnant  sa 
doctrine,  demande  qu'il  lui  soit  donc 
permis  de  se  défendre,  la  soutenant  or- 
thodoxe, afin  qu'elle  ne  soit  blâmée  et 
que  son  long  silence  ne  soit  préjudicia- 
ble à  sa  réputation.  La  Compagnie,  vu 
l'arrêté  du  dit  syn.  national,  et  que 
les  livres  dudit  sr  Spanheim  se  voient 
dans  les  boutiques  des  libraires,  a  per- 
mis audit  sr  Amyrault  de  se  défendre  et 
communiquera  ses  écrits  aux  professeurs 
de  lad.  académie  de  Saumur  et  soit 
exhorté  de  se  contenir,  en  écrivant  dans 
les  termes  des  synodes  nationaux  d'A- 
lençon  et  de  Gharenton  derniers.  »  (Sy- 
node provinc.  de  Saumur,  juill.  1646.) 

XXI.  Considérations  sur  les  droitspar 
lesquels  la  nature  a  réglé  les  mariages; 
Saumur,  1648,  in-8°(16  et  429  p.).  Pré- 
cédé d'une  épître  dédicatoire  (du  15  août 
1648)  àM.Le  Goux,  sgrdeLaBerchère, 
premier  président  au  parlem.  de  Gre- 
noble. Traduit  en  latin  par  Reinhold, 
sous  ce  titre  :  Moysis  Amyraldi  theol. 
et  philosophi  clarissimi  de  jure  naturx 
quod  cormubia  dirigit  dispositions  sex 
ex  gallica  versai  a  Bern.  Henr.  Rei- 
noldo  antecessore  Herbonense,  ex  biblio- 
theca  Gerh.  von  Maestricht  J.  C.  S.  B. 
qui  notas  aliaque  ejusd.  argumenti  ad- 
didit;  Staduc,  1712,  in-8°;  réimprimé  en 
1717. 

XXII.  Six  livres  de  la  vocation  des 
pasteurs;  Saumur,  J.  Lesnier,  1648, 
in -8°.  Précédé  d'une  épître  dédicatoire 
(du  16  nov.  1648)  à  Mgr  Henry  Charles 
de  la  Trémoille;  2e  édit.,  Saum.  1649, 
sans  autre  changement  que  la  date  delà 
lettre  (2  déc.  1648);  l'une  et  l'autre 
496  p.  Ce  livre  est  la  réfutation  par 
Amyraut,  d'une  des  accusations  les  plus 
rebattues  par  les  missionnaires  catholi- 
ques, savoir  que  la  vocation  des  pasteurs 
réformés  n'est  pas  légitime. 

XXIII.  Ad  G.  Riveti  responsoriam 
epistolamreplicatio  ;  Salm.  1649,  in-8°. 

XXIV.  Adversus  epistolx  historien 
criminationes  dej'ensio,  ad  D.  Chabro- 
lium  ïhoarsensis  ecclesia;  pastorem  ; 
Salm.  1649,  in-12;  2e  édit.,  1662,  in-8». 
—  Défense  des  principes  soutenus  dans 
l'Apologie. 


201 


AMYRAUT 


202 


XXV.  Discours  de  la  souveraineté 
des  rois;  Paris  (Charent.?),  1650,  in-8°. 
—  Dans  cet  écrit,  composé  à  l'occasion 
de  l'exécution  de  Charles  Ier,  roi  d'An- 
gleterre, Amyraut  s'élève  contre  les  In- 
dépendants, en  se  portant  le  défenseur 
de  l'inviolabilité  de  la  personne  royale 
et  en  proclamant  le  principe  de  l'obéis- 
sance passive.  Ce  livre  contribua  sans 
aucun  doute  à  lui  gagner  la  faveur  de 
Mazarin,  mais  il  lui  attira  les  plus  vives 
attaques  de  la  part  de  Philippe  Vincent, 
qui  avait  déjà  combattu  ses  principes  sur 
cette  matière. 

XXVI.  La  Morale  chrétienne;  Sau- 
mur,  1652-1660,  6  vol.  in-8°,  chacun  de 
650  à  800  pag. — Fruit  des  conversations 
d' Amyraut  avec  Villarnoul,  un  des  gen- 
tilhommes  les  plus  instruits  de  l'Europe, 
et  digne  héritier  à  cet  égard  de  son  aïeul 
maternel  Du  Plessis-Momay ,  cet  ou- 
vrage est  le  premier  essai  qui  ait  été  fait 
en  France  d'un  système  complet  de  mo- 
rale. Il  se  divise  en  quatre  parties.  Dans 
la  lre,  l'auteur  nous  présente  l'homme 
dans  l'état  de  nature,  avant  qu'il  y  ait 
eu  ni  loi  morale  ni  législateur,  et  il  re- 
cherche les  lois  que  la  nature  impose  à 
l'homme  dans  cet  état,  qui  n'est  point 
un  état  de  sainteté,  mais  un  état  d'inno- 
cence, d'ignorance  du  mal.  Il  tire  ainsi, 
selon  son  expression,  la  première  idée 
de  la  morale  des  pures  institutions  de  la 
nature;  en  d'autres  termes,  il  fait  décou- 
ler nos  devoirs  envers  Dieu,  envers  le 
prochain  et  envers  nous-mêmes  des  fa- 
cultés et  des  instincts  innés  en  nous. 
Dans  la  2e  partie,  il  considère  l'homme 
dans  son  état  de  corruption,  et  il  dé- 
montre par  une  critique  sage  et  éclairée 
l'imperfection  de  la  morale  des  païens  et 
des  Juifs.  Il  ne  se  dissimule  pas  que  la 
morale  des  livres  saints  est  loin  d'être 
partout  irréprochable.  Selon  lui,  le  Dé- 
calogue  n'est  pas  le  résumé  de  toute  la 
législation  morale  révélée,  et  il  ne  voit 
pas  simplement  dans  les  enseignements 
du  Christ  et  des  Apôtres  le  développe- 
ment de  la  loi  donnée  sur  le  Sinaï.  Heu- 
reux novateur  à  cet  égard,  il  remonte  au 
delà  de  Moïse,  et  il  cherche  les  bases  de 
la  morale  chrétienne  dans  les  lois  mêmes 
de  la  nature  humaine.  «Je  me  suis  pro- 
posé, dit-il,  de  faire  une  morale  chré- 
tienne dans  laquelle  j'édifierai  sur  les 


fondements  de  la  nature  les  enseigne- 
ments qui  nous  ont  été  donnés  par  la 
révélation.  »  Les  dernières  parties  sont 
donc  consacrées  à  la  morale  évangélique, 
mais  considérée  plutôt  sous  le  rapport 
des  devoirs  que  l'homme  doit  remplir 
dans  les  différentes  situations  de  la  vie, 
que  sous  un  point  de  vue  général.  C'est 
un  défaut,  et  le  plan,  plus  historique  que 
systématique,  suivi  par  l'auteur,  en  a 
nécessairement  entraîné  un  autre,  —  de 
fréquentes  répétitions.  Le  style,  d'ail- 
leurs, ne  manque  pas  d'une  certaine  élo- 
quence, de  chaleur  ni  de  clarté.  Tout  en 
imprimant  à  son  livre  le  cachet  d'une 
vaste  érudition ,  Amyraut  a  su  éviter 
avec  habdeté  cette  forme  sèche  et  sub- 
tile pour  laquelle  les  moralistes  de  l'épo- 
que avaient  une  prédilection  marquée. 
Admirateur  de  l'Ethique  d'Aristote,  il 
s'est  sans  doute  renfermé  trop  scrupu- 
leusement dans  les  limites  tracées  par 
le  philosophe  de  Stagyre,  mais  on  ne 
peut  lui  contester  le  mérite  d'avoir  le 
premier  établi  une  distinction  bien  mar- 
quée entre  la  morale  de  Moïse  et  celle 
du  Christ. 

XXVII.  Du  gouvernement  de  l'Eglise 
contre  ceux  qui  veulent  abolir  l'usage  et 
l'autorité  des  synodes;  Saumur,  1053, 
in-8°.  2e  édit.  :  Saumur,  1058;  avec  un 
Appendice  au  livre  Du  gouvernement  de 
l'Eglise  où  il  est  traitté  de  la  puissance 
des  coîisistoires.  —  Les  doctrines  des  In- 
dépendants d'Angleterre  avaient  trouvé 
des  partisans  parmi  les  protestants  fran- 
çais, surtout  dans  les  provinces  mari- 
times. Le  synode  de  Charenton  les  avait 
hautement  condamnées  déjà  en  1644  ; 
mais  sans  doute  que  ses  censures  n'a- 
vaient pas  suffi,  comme  il  l'espérait, 
pour  couper  le  mal  dans  sa  racine,  puis- 
que Amyraut  entreprit  de  nouveau  de 
les  combattre  dans  cet  ouvrage, 

XXVIU.  Du  règne  de  mille  ans  ou  de 
la  prospérité  de  l'Eglise;  Saumur,  1654, 
un  vol.  in-8°.  —  Toujours  infatigable, 
Amyraut  venait  à  peine  de  lancer  son 
manifeste  contre  les  Indépendants,  lors- 
qu'il prit  à  partie  un  avocat  de  Paris, 
nommé  de  Launay,  qui  était  grand  par- 
tisan du  chiliasme.  Cette  fois,  il  rencon- 
tra un  rude  adversaire  qui  ne  voulut  pas 
lui  céder  le  dernier  mot.  A  sa  Réponse 
(Charent.  1655,  in-8°),  Amyraut  opposa 


203 


AMYRAUT 


204 


une  Réplique  (1656,  in-8°)  à  laquelle  de 
Launay  répliqua  à  son  tour  par  un  Exa- 
mende saRéplique(Charent.  1658,  in-80}; 
et  Amyraut  termina  la  querelle  par  une 
Apologie  contre  les  invectives  de  Lau- 
nay ;  Saumur,  1657,  in-8°.  Du  moins 
termina-t-il  ainsi  avec  cet  adversaire; 
mais  d'antres  opposants  s'élevèrent,  té- 
moin l'ouvrage  suivant  :  Assertion  du 
règne  de  mille  ans  ou  de  la  prospérité 
de  l'Eglise  de  Christ  en  la  terre.  Pour 
servir  de  responce  aie  Traittè  de  Mon- 
sieur Moi/se  Amyraut  sur  ce  même  su- 
ject.  Descouvrant  le  triste  préjugé  qui 
possède  aujourd'huy  la  pluspart  des 
Eglises  contre  le  règne  du  Seigneur  de 
toute  la  terre,  par  Pierre  Serrurier  ;  Ams- 
terdam, Gh.LuyCken,  1657,  in-8°(397  p.). 

XXIX.  Explication  de  l'histoire  de 
Joseph;  Saumur,  1658,  in-8°. 

XXX.  Discours  sur  les  songes  divins 
dont  il  est  parlé  dans  l'Ecriture  ;  Sau- 
mur, 1659,  in-12;  dédié  à  M.  Gâches; 
traduit  en  angl.  par  Lovvde,  Londres, 
1676,  in-8». 

XXXI.  Exposition  du  chapitre  VI  de 
F  épistre  aux  Romains  ;  Charent.,  L.Ven- 
dosme,  1659,  64  p.  in-8°.  Dédié,  en  tête, 
à  MIle  de  La  Suze.  —  L'Exposition  du 
chap.  VIII  (Gharent.  1659;  117  p.  in-8°) 
est  dédiée  à  S.  A.  Mmc  la  princesse  de 
Turenne.  L'Exposition  du  chap.  XV  de 
la  lre  aux  Corinth.  est  dédiée  :  A  M.  Con- 
rart,  conseiller  et  secr.  du  Roy  (Gharent. 
1659,  103  p.  in-8°).  —  D'après  cette  der- 
nière, on  voit  que  ces  expositions  étaient 
des  conférences  qui  se  tenaient  à  l'hôtel 
de  Turenne.  On  a  une  réimpression  datée 
de  1667,  in-8". 

XXXII.  Apologie  de  S.  Etienne  à  ses 
■juges;  Saumur,  1660,  in-4°.  —  Ce  poi;me 
fort  médiocre  faillit  lui  attirer  une  fâ- 
cheuse affaire.  On  l'accusa  d'y  avoir 
parlé  avec  irrévérence  du  Saint-Sacre- 
ment. Il  crut  prudent,  de  se  justifier  dans 
•une  lettre  qui  ne  paraît  pas  s'être  con- 
servée. 

XXXIII.  Descriptio  christiani;  Ams- 
tel.  1660,  in-12. 

XXXIV.  De  mysterio  Trinitatis,  de- 
que  vocihus  ac  phrasibus  quilms  tam  in 
Scriptura  quam  apud  Patres  explicatur, 
dissertatio  spptem  partibus  absoluta; 
Salm.  1661,  in-8°  ou  in-12.  —  Dans  la 
l1*6  partie,  l'auteur  traite  de  l'unité  de 


l'essence  de  Dieu  ;  dans  la  2e,  de  l'infi- 
nité de  Dieu;  dans  la  3e,  de  la  révélation 
de  ce  mystère  dans  la  dispensation  de 
la  nature;  dans  la  4e,  des  commence- 
ments de  cette  révélation  dans  l'A.  T. 
Cette  quatrième  partie  a  été  insérée  par 
Wagenseil  dans  ses  Tela  ignea  Satanx. 
La  5e  est  consacrée  à  suivre  les  progrès 
de  la  révélation  de  ce  mystère  dans  le 
N,  T.  ;  la  6e,  à  l'examen  des  expressions 
bibliques  qui  révèlent  la  Trinité;  la  7e 
enfin,  à  la  discussion  des  locutions  ana- 
logues dans  les  Pères.  C'est  de  cet  ou- 
vrage que  parle  dans  sa  Bibliothèque 
rabbinique  (part.  IV),  le  savant  bernar- 
din Bartolocci,  qui,  trompé  sans  doute 
par  le  prénom  de  Moïse,  fait  d'AmyrauL 
Un  juif  converti.  Il  qualifie  ce  livre  de 
dissertation  très-érudite  et  catholique. 

XXXV.  Paraphrasis  in  Psahnos  Da- 
ïnrEyunacum  annotationibus  et  argumen- 
ts; Salm.  1662,  in-4°  (précédé  d'une 
longue  épître  à  Charles  II,  roi  de  la 
Gr. -Bretagne);  ouvrage  estimé  dont  Mi- 
chaélis,  juge  compétent  en  cette  matière, 
faisait  beaucoup  de  cas.  Il  est  précédé 
d'une  préface  où  Amyraut  disserte  lon- 
guement sur  les  divers  effets  de  l'opéra- 
tion du  Saint-Esprit.  Il  s'y  prononce 
plus  fortement  que  jamais  pour  l'obéis- 
sance passive.  Plusieurs  bibliographes, 
entre  autres  Walch,  dans  sa  Biblioth. 
theologica,  prétendent  qu'il  en  a  été  pu- 
blié une  traduction  française.  Il  nous  a 
été  impossible  d'en  découvrir  la  moindre 
trace.  Il  en  existe  une  seconde  édition, 
(editio  altéra  nitidior,  emendatior  et  auc- 
tior),  revue  et  augmentée,  avec  une  pré- 
face nouvelle  de  J.  Cremer;  Utrecht, 
1769.  in-i". 

XXXVI.  In  orationem  dominicain 
exercitatio ;  Salm.  Dan.  de  Lerpinière, 
1662,  in-8°.  Dédié  àl'évêque  de  Durham. 

XXXVII.  Insymbolum  Apostolorum 
exercitatio;  Salm.  1663,  in-12;  avec  une 
épître  dédicatoire  à  J.  Cappel.  Réimpr. 
avec  le  précédent;  Utrecht,  17118,  in-8°. 

XXXVIII.  Vie  de  François  de  La 
Noue,  depuis  le  commencement  des  trou- 
bles religieux  en  1560  jusqu'à  sa  mort  ; 
nouv.  édition,  Leyde,  1601,  iu-4°. — Nous 
citerons,  sauf  toutes  réserves,  le  jugement 
porté  sur  cet  ouvrage,  qui  est  fort  rare, 
par  la  Biographie  universelle  :  «  Le  style 
est  lourd,  les  réflexions  communes;  l'au- 


20o 


AMYRAUT 


200 


teur  y  prodigue  ù  son  héros  des  louanges 
exagérées  pour  les  actions  les  plus  ordi- 
naires ;  mais  on  doit  lui  savoir  gré  d'a- 
voir rédigé,  dans  un  ordre  chronologique, 
les  actionsd'un  guerrier  également  estimé 
des  deux  partis,  et  dont  la  vie  intéresse 
tout  bon  Français.  »  Ce  jugement  un  peu 
sévère  n'est  que  la  reproduction,  faible- 
ment dissimulée,  du  jugement  porté  par 
Ànquetil  sur  le  livre  d'Amyraut.  juge- 
ment qui  se  trouve  dans  les  Observations 
critiques  de  l'auteur  de  l'Esprit  de  la 
Ligue  mises  en  tétê  de  son  ouvrage. 

XXXIX.  Thèses  Sabnurienses;  Salm., 
1600.  in-i°.  Edit.  augm.,  1664,  in-i°. 
Réimpr.  à  Genève,  1665,  in-l°.  Ouvrage 
fort  estimé,  composé  par  Amyraut,  La 
Place  et  Càppel.  Amyraut  y  eut  cepen- 
dant la  plus  grande  part.  C'est  de  sa 
plume  que  sont  sorties,  entre  autres,  les 
thèses  De  peccafo  in  Spiritum  Sanctum, 
qui  furent  publiées  à  Saumur  en  1653, 
in-8°. 

XL.  Consilium  quo  modo  se  gererê 
debeat  apud  illos  quibuscum  habitat  is 
qui  divers;e  religionis  est  et  quales  pra> 
ficiendi  ecclesi;e  ministri  ab  alterius  re- 
ligionis patronis.  Cette  dissertation  a  été 
insérée  par  Gesenius  dans  son  traité 
De  unione  ecclesiastica  ;  Hermop.  1677, 
in-'i°. 

Les  ouvrages  d'Amyraut,  —  et  la 
même  observation  peut  s'appliquer  à 
ceux  de  tous  les  écrivains  réformés  de 
la  France,  —  sont  extrêmement  rares  ; 
on  a  même  quelque  sujet  de  s'étonner 
de  l'oubli  dans  le  quoi  ils  sont  tomliés. 
Sans  doute  la  forme  en  est  peu  agréable, 
le  style  un  peu  suranné:  mais  sous  cette 
enveloppe  il  se  cache  tant  de  jugement, 
de  finesse  d'esprit,  d'érudition,  que  de 
nos  jours  encore  ils  peuvent  être  étudiés 
avec  fruit,  surtout  par  les  théologiens, 
à  qui  il  n'est  pas  permis  d'ignorer  l'in- 
fluence exercée  par  le  professeur  de  Sau- 
mur sur  les  doctrines  reeues  dans  l'Eglise 
protestante.  Sa  théorie,  en  etl'et.  après 
avoir  rencontré  une  ardente  opposition, 
fut  adoptée  par  Mestrëzat,  Le  Faucheur, 
Blondel,  Daillè,  Claude,  Du  Bosc;  elle 
pénétra  jusque  dans  l'université  de  Ge- 
nève, et  par  les  réfugiés  elle  se  répandit 
dans  tous  les  pays  protestants. 

3 -De  son  màf\ai°evLxec  Elisabeth  Auby- 
neau,  de  La  Rochelle,  Amyraut  eut  deux 


enfants  :  une  tille,  qui  épousa  Bernard 
de  Haumont,  depuis  avocat  du  roi  à  Sau- 
mur, et  mourut  au  bout  de  dix-huit  mois 
de  mariage,  en  1615,  et  un  Bis,  avocat 
distingué  au  parlement  de  Paris,  qui  se 
réfugia  en  Hollande  à  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes.  Ce  fils  s'appelait  aussi 
Moïse  et  était  seigneur  de  Champrobin 
en  Anjou.  De  sa  femme,  Marie  Thêard, 
qui  se  convertit,  avec  ses  enfants,  lors- 
qu'il quitta  le  royaume,  il  avait  eu  : 
1°  Moïse,  né  en  1660,  mort  en  1670  ; 
2°  Marie,  née  en  1661,  morte  en  1680  ; 
3°  Elisabeth,  femme,  en  1678,  de  Fran- 
çois Hardy  ;  4°  Moïse,  baptisé  le  3  juil- 
let 168-2. 

1 .  Moïse  Amyraut,  le  théologien ,  n'était 
pas  fils  unique.  Nous  trouvons  en  effet, 
dans  le  Mercure  des  mois  de  mai  et  de 
juin  1682,  cités  parmi  les  protestants  qui 
se  laissèrent  convertir  par  le  P.  Alexis" 
Du  Bue,  le  missionnaire  à  la  mode,  une 
Rachel  Amyraut,  nièce  du  ministre  de 
ce  nom,  et  un  nommé  Boisnier,  sieur  de 
La  Mothe.  petit-fils  du  ministre  de  Bour- 
gueil.  de  La  Gable  [de  La  Galère,  selon 
Aymon]  et  neveu  d'Amyraut,  ministre 
de  Saumur.  A  ces  deux  abjurations,  le 
Mercure  ajoute  celles  de  Salomon  Mo- 
rin,  neveu  du  ministre  de  Caen,  et  d'Isa- 
belle Aubestin,  nièce  du  ministre  Au- 
bestin  [vraisemblablement  Aubertin] .  en 
s'écriant  d'un  air  de  triomphe  :  «  Quand 
des  personnes  qui  touchent  de  près  les 
plus  éclairés  de  ceux  de  la  R.  P.  R. 
renoncent  à  leurs  erreurs,  on  peut  dire 
qu'elles  sont  bien  convaincues  des  véri- 
tés de  la  nôtre  !  »  —  Ajoutons  que  toute 
une  famille,  composée:  1°  de  Moïse  Ajny- 
raut,  2°de  Marie  Amyraut  et  de  ses  deux 
enfants,  Henry  et  Marie-Anne,  figure 
dans  une  liste  de  réfugiés  naturalisés 
anglais  le  11  mars  1700  (Agnew  1 

Registre!  de  l'Acad.  prot.  de  Saumur,  mss  à  l'hôpi- 
tal de  Saumur.  —  Moïse  Amyraut  ;  sa  vie  et  son  temps, 
par  Edm.  Saigey;  Strasbourg,  1M9,  in-*>.  —  Spécimen 
ethico-theologicum  de  Moyse  Amyraldo  ethices  chris- 
titinir  doctore...publlco  ttc  solemni  examini  submittet 
Arentius  Drost,  Anistelodami,  1859,  in-8*.  —  DU tionn . 
histor.  de  Mai)ie-et-Ijoire  (187*,  in-*«),  par  Cel.  Fort. 

AM  YRA  UT  (Balthas  ar-Octa  viax)  , 
né  à  Anspach  en  1615  [Haag  I,  70b;.  Il 
fut  élevé  à  Hanau,  continua  ses  études 
à  Genève  et  exerçait  les  fonctions  de 
chantre  et  de  lecteur  à  Bâle,  lorsqu'il  y 
fut  consacré  au  saint  ministère,  en  163t, 


207 


AMYIUUT 


208 


et  mis  de  suite  en  fonctions.  Au  com- 
mencement de  l'année  1640,  il  fut  ad- 
joint au  pasteur  Valier  et  chargé  de  l'ai- 
der dans  les  devoirs  de  sa  charge.  Ce 
dernier  lui  avait  accordé  peu  auparavant 
l'une  de  ses  deux  filles,  Esther  Valier, 
et  il  mourut  au  mois  de  février  1641 ,  lui 
laissant  la  place  libre  dans  l'église  de 
Bâle.  Il  n'y  resta  cependant  pas  long- 
temps car  on  le  trouve  pasteur,  en  1651, 
de  l'église  de  Ste-Marie-aux-Mines.  C'est 
là  surtout  qu'il  remplit  sa  carrière  pas- 
torale quoiqu'il  eût  vivement  désiré  pas- 
ser à  l'église  de  Metz,  auprès  du  digne 
pasteur  Paul  Ferry,  pour  lequel  il  avait 
une  vénération  particulière  et  qu'il  appe- 
lait son  père.  On  a  conservé  (Biblioth. 
Athan.  Coquerel)  une  douzaine  de  let- 
tres adressées  par  Amyraut  à  Ferry  de 
1641  à  1658,  dans  lesquelles  il  s'épanche 
à  cœur  ouvert  et  laisse  voir  à  nu  les 
soucis  de  son  ministère.  Uniquement 
tourné  vers  la  France  par  son  origine, 
son  nom,  ses  aspirations,  et  placé  sur 
les  confins  de  l'Alsace  au  moment  où 
Louis  XIV  francisait  le  pays,  il  avait  à 
lutter  contre  l'influence  allemande,  con- 
tre les  luthériens,  contre  les  anabaptis- 
tes; il  se  plaint  même  des  Gueux;  et  l'é- 
glise de  Metz  avait  refusé  de  l'admettre 
en  le  traitant  d'allemand.  Il  se  consolait 
par  la  pratique  du  pastorat  et  par  les 
travaux  littéraires.  On  lit  dans  ses  lettres 
à  Paul  Ferry  :  «...  Ceux  de  Strasbourg 
et  deWirtemberg,  de  Turlach  etdeSaxe 
(les  luthériens)  veulent  continuer  dans 
leur  aversion.  Sciens  loquor,  par  ce  que 
j'ay  fait  essay  si  je  serois  agréé  en  sui- 
vant les  expressions  de  Saulmur,  non 
comme  les  approuvant  mais  comme  es- 
prouvant  si  elles  seroient  approuvées. 
Je  m'en  vay  bien  irriter  les  guespes  par 
mon  Traicté  que  j'envoye  a  Genève  pour 
y  estre  imprimé  »  (3  janv.  1652).  —  Les 
motifs  d'une  longue  absence  qu'il  vient 
de  faire  ont  été  de  solliciter  à  Paris  pour 
les  droits  de  M.  le  comte  de  Ribaupierre, 
son  maître  ,  devenant  non  sujet  mais 
vassal  de  la  couronne  de  France,  et  le 
faire  rétablir  dans  ses  libertés  et  privi- 
lèges tels  qu'il  les  possédait  sous  la  mai- 
son d'Autriche.  11  ajoute  :  «  Durant  mon 
séjour  à  Paris,  qui  a  esté  de  quatorze 
septmaines,  j'ay  preschédix  fois,  quatre 
fois  à  Charenton,  six  fois  chez  monsieur 


l'ambassadeur  d'Hollande.  Le  succès  a 
esté  tel  que  je  ne  sçaurois  assez  en  louer 
Dieu.  Les  pasteurs  mêmes  me  veulent 
persuader  qu'ils  en  ont  eu  quelque  satis- 
faction., .et  j'ay  es  té  forcé  de  promettre  de 
donner  au  public  ces  foibles  productions 
de  mon  esprit.  J'y  travaillerai  s'il  plaist 
à  Dieu  aussi  tost  à  mon  arrivée  à  Ste- 
Marie.  Je  leur  ai  montré  cest  escrit  que 
vous  m'avez  fait  la  grâce  de  corriger.  Je 
vay  le  faire  imprimer  puisque  leur  cha- 
rité est  égale  à  la  vôtre  au  regard  de 
l'approbation.  Je  vous  envoyerai  s'il 
plaist  à  Dieu  mon  Commentaire  sur 
l'Apocalypse  que  j'ay  achevé  à  heures 

desrobbées  à  Paris Amyraldismus 

nullius  est  momenti  apud  populum  Pa- 
risiis  qui  ejus  modi  novis  loquendi  mo- 
dis  non  gaudet.  Abbas  de  Marolles  me 
certurum  esse  voluit  fore,  ut  Jansenis- 
mus  brevissimereflorescet;  qui  (licet  ex 
parte  tantum)  pro  nobis  est,  non  contra 
nos  est.  Perficiat  Jehova  opus  suum  ad 
sui  hominis  gloriam  et  ecclesise  aedifica- 
tionem  !  »  (Thou  \TouT\,  3  mars  1655).— 
«  Voicy  d'autres  nouvelles.  Il  y  après  de 
quatre  mois  que  je  receus  une  lettre  de 
Paris  par  laquelle  on  me  donnoit  advis 
que  l'église  de  Londres  me  demandoit 
et  avoit  donné  ordre  de  me  sonder  là- 
dessus...  Mais  apprenant  que  c'estoit 
pour  supplanter  M.  d'Elmè,  un  de  leurs 
pasteurs,  je  les  ay  remercié;  je  n'en 
veux  point  à  ce  prix  là,  quand  même  je 
pourrois  obtenir  mon  congé  d'icy.  La 
condition  seroit  bonne  pour  l'éducation 
de  ma  pauvre  famille,  mais  Dieu  ne  le 
veut  point  encore...  Je  croiois  avoir 
achevé  pour  ceste  feste  de  Strasbourg 
mon  catéchisme  des  Pères  et  mes  ser- 
mons sur  les  deux  derniers  chapitres  de 
l'Apocalypse  qui  composeront  le  Traicté 
de  La  Jérusalem  céleste,  Dieu  aydant; 
mais  je  n'ay  pu  encore  estre  prest.  » 
(27  déc.  1656.)  —  a  ...  Dieu  m'a  donné 
depuis  cinq  septmaines  en  ça  tant  d'oc- 
cupations contre  les  anabaptistes  qu'en 
fin  bénissant  mon  ministère  en  voila 
desja  deux  assez  considérables  qui  fu- 
rent baptisez  solennellement  et  en  pu- 
blic, dimanche  dernier,  loué  soit  Dieu  ; 
il  y  en  a  trois  autres  qui  se  préparent  a 
recevoir  ceste  mesme  grâce...  J'ay  dressé 
un  catéchisme  anabaptiste  en  allemand, 
pour  instruire  les  uns  de  leurs  'erreurs 


209 


AMYRAUT  —  ANCILLON 


240 


et  prémunir  les  nostres  contre  ces  mi- 
nistres de  Sathan  qui  se  transforment 
en  ministres  de  justice.  Je  l'envoyé  à 
Zurich  ;  je  ne  sçay  si  on  l'imprimera. 
Tout  tel  qu'il  est  il  a  desja  faict  du 
fruict,  loué  soit  Dieu.  Mon  Eglise  me 
prie  de  le  luy  donner  aussi  en  français  ; 
je  le  feray  Dieu  aydant.  Je  vous  le  com- 
muniqueray  aussitost...  »  (30  juin  1658). 

B.-O.  Amyraut,  en  cette  même  année 
1658,  fit  imprimer  à  La  Haye  un  ou- 
vrage que  MM.  Haag  appellent  a  bi- 
zarre »  [I,  79  b]  non  sans  raison,  car  il 
est  intitulé  :  Introduction  à  l'exposition 
de  l'Apocalypse,  en  forme  de  traités 
géométriques,  en  propositions  et  preuves. 

Sa  femme  lui  donna  pour  enfants 
(d'après  les  reg.  de  l'église  française  de 
Bâle)  :  1°  Esther,  baptisée  le  26  janv. 
1640;  2?  Anne-Marie,  née  en  1641; 
3°  Sara,  née  le  1er  sept.  1643;  4°  Su- 
zanne, bapt.  le  3juill.  1645;  5°  Margue- 
rite, bapt.  le  "25  mars  1647  ;  6°  Philippe, 
baptisé  le  1er  fév.  1649. 

Nous  n'avons  pu  trouver  les  armoiries 
des  Amyraut,  de  Bourgueil,  seigneurs 
de  Yausoudan,  de  Champrobin  ,  etc., 
mais  Balthazar-Octavien  cachetait  ses 
lettres  d'un  :  Coupé  à  une  étoile  en  chef 
à  senestre  et  une  étoile  en  pointe  àdex- 
tre,  accompagné  d'une  barre  de  gouver- 
nail posée  en  pal  entre  les  deux  étoiles. 

6.  AMYRAUT  ou  Amirault,  Admi- 
rauld,  etc.,  est  un  nom  qui  se  rencontre 
fréquemment  dans  l'ouest  de  la  France 
et  qu'ont  porté  diverses  autres  person- 
nes de  la  religion  sans  que  nous  sachions 
à  quelle  famille  précisément  les  ratta- 
cher. —  Isaac  Amirauld,  procureur  au 
parlement  de  Paris,  épousa  Jeanne 
Chantereau  dont  il  eut  :  Elisabeth , 
femme,  en  janv.  1668,  de  Daniel  Birot, 
sieur  de  La  Cour,  fils  de  Jean  Birot,  doc- 
teur en  médecine  et  de  Louise  Bouquet; 
ce  dernier  était  alors  âgé  de  22  ans  et  il 
avait  un  frère  aine,  Pascal  Birot.  doc- 
teur en  médecine  à  Angoulème.  Isaac. 
baptisé  à  Charenton  le  20  avril  1656,  par 
Amyraut  (Balth.-Oct.),  pasteur  de  Ste- 
Marie-aux-Mines ;  Jacques,  baptisé  le 
15  sept.  1658;  Charles,  né  le  23  janv. 
1661,  mort  en  1664;  Jeanne,  morte  en 
1663;  Jeanne  -  Marguerite ,  baptisée  le 
24  févr.  1662;  Antoine,  baptisé  le  26  fév. 
1673.   —  Louise  Amyraut,  de  Couhé. 


veuvede60ans,eti!faWe-4/m/?-ai^,veuve 
avec  une  fille,  étaient  réfugiées  et  assis- 
tées à  Londres  en  1702-1705. 
AXASTASE  ou  Anastaise  ou  t.uze. 

—  (Thomas;,  pasteur  à  Roure  et  Yilla- 
ret.  en  Dauphiné,  1603-1607;  à  Oulx.de 
1607  à  1616,  année  de  sa  mort  [X.  272]. 

—  (Jehan  et  Estienne),  natifs  de  Ma- 
ringues  en  Auvergne,  reçus  habitants 
de  Genève,  15  oct.  1557;  imprimeurs 
dans  cette  dernière  ville  [Y,  12  b],  — 
(Jehan)  «  natif  d'Oulx  en  Dauphiné  et 
de  son  jeune  aage  jusques  à  présent  rési- 
dent de  Marin  gués  en  Auvergne.  >»  reçu 
habitant  de  Genève,  26  sept.  1558.  — 
(Jehan;  «  d'auprès  de  Clermont  en  Au- 
vergne, »  id.,  3  aoust  1574. 

AXCEL  (Guillaume),  1596  [HI,  447  b]. 

—  (Jean-Louis),  d'Embrun,  étudiant  en 
théologie  à  Genève,  1711. —  Marguerite), 
classée  comme  réfugiée  de  Montpellier  en 

Tt). 

AXCELME  (Pierre  d'),  habitant  d'A- 
vignon, avait  embrassé  le  parti  de  la 
Réforme,  et  ce  fut  dans  sa  maison  qu'un 
certain  nombre  de  membres  du  conseil 
communal  complotèrent,  en  1578,  de  li- 
vrer la  ville  aux  protestants.  Pour  ce  fait, 
il  fut  puni  de  mort  à  Marseille  en  1581. 

ANCERYAL  (Jeanne  d'},  Picardie, 
v.  1570  [Y,  513  b]. 

ANCET,  ministre  à  Montfrin  etS.- 
Quintin,  1637  [X,  345]. 

AXCHE  Matthieu  d'),  ministre  dé- 
posé. 1563  [IV,  322  b;  X,  66]. 

ANCHE  (Claude  du  Bellay,  seigneur 
d'),  gentilhomme  angevin,  réfugié  à  Ber- 
lin |YII.  425  aj.  R  fut  d'abord  chambel- 
lan de  l'Electeur  de  Brandebourg,  puis 
gouverneur  des  trois  jeunes  margraves, 
Albert-  Frédéric ,  Charles  -  Philippe  et 
Chrétien-Louis.  On  trouve  son  épitaphe 
dans  Alt.  und  Neu  Berlin  (I,  69),  par 
Kùster  (Erman  IX,  5). 

AXCHE RIX  (d")  ou  Des  Ancherins. 
famille  protestante  de  Yerdun.l'ime  des 
plus  anciennes  de  la  ville.  Guillaume 
dAncherin,  seigneur  de  La  Tour  de 
Fresne,  1560  {Bull.  XI,  431). 

AXCHOX  (Estyenne),  réfucié  sur  les 
terres  de  Berne  en  1572  (Bull.  X,  233). 

ANCIEN YILLE  (d'),  capitaine,  1567 
[II,  457].—  ^Claude  d'),  1621  [YIII, 
364  a]. 

1.  ANCILLON,  famille  de  pasteurs  et 


2H 


ANGILLON 


212 


de  savatits  français  do  Metz  [Haag  I, 
80-96].  —  Charles  [1,  84,  89,  95;  II, 
174].  —  David  [I,  80,  221  ;  II,  63,  319; 

IV,  356  a  ;  VII,  425  a].  —  Autre  David 
[I,  92:  II,  124.  —  J.-P.  Frédéric  [I,  90]. 
—  Judith  [III,  292  b].—  Joseph  [I,  95; 

V,  102  a;  VI,  445  a].  —  Louis-Frédéric 
[I,  89  ;  VIII,  398  a].  —  Famille  des  plus 
influentes  et  des  plus  considérées  de 
Metz  depuis  le  XIVe  siècle.  =  Armes  : 
De  gueules  à  la  gerbe  de  blé  d'or,  liée 
de  môme ,  surmontée  de  trois  étoiles, 
également  d'or,  en  chef,  posées  en  ligné 
courbe  au-dessus  de  la  gerbe. 

2.  David  ANCILLON,  pasteur,  né  à 
Metz  le  17  mars  1617,  et  mort  à  Berlin 
le  3  sept.  1692. 

L'illustration  de  la  famille  des  Ancil- 
lon, comme  protestante,  remonte  aux 
premiers  temps  de  la  Réforme  en  France. 
Déjà  le  trisaïeul  de  David,  président  à 
mortier  dans  une  des  principales  cours 
du  royaume,  avait  fait  volontairement  le 
sacrifice  de  sa  charge  pour  l'amour  de 
la  religion  qu'il  avait  embrassée.  Son 
fils,  Georgin  Ancillon,  fut  un  des  fon- 
dateurs de  l'église  de  Metz,  et  c'est  de 
son  petit-fds,  Abraham,  «  si  habile  en 
droit  et  si  expérimenté  dans  les  affaires 
qu'il  a  passé  pendant  sa  vie  poui1  l'ora- 
cle de  sa  patrie  »  et  d'Esther  Marsal, 
que  naquit  David  Ancillon. 

David  étudia  d'abord  au  collège  des 
jésuites  à  Metz,  le  seul  établissement 
d'instruction  de  cette  ville  où  l'on  pût 
s'instruire  dans  les  belles-lettres,  et  en 
1633,  son  père  l'envoya  terminer  ses 
études  à  Genève.  Il  y  fit  sa  théologie 
sous  Spanheim,  Diodati  et  Tronchin. 
Gela  explique  les  opinions  qu'il  professa 
dans  la  suite  touchant  la  grâce-particu- 
lière. Ces  trois  professeurs  enseignaient 
en  effet  cette  doctrine,  en  même  temps 
qu'à  l'université  de  Saumur,  Amyraut, 
Cappel  et  La  Place  défendaient  la  grâce 
universelle.  Ancillon  partit  de  Genève 
au  mois  d'avril  1641,  afin  de  se  présen- 
ter au  synode  de  Gharenton  pour  se  faire 
recevoir  ministre.  Le  résultat  des  épreu- 
ves qu'il  subit  fut  si  satisfaisant  qu'on 
lui  donna  la  plus  considérable  des  égli- 
ses qui  étaient  à  pourvoir,  l'église  de 
Meaux.  Il  sut  s'y  concilier,  par  la  dou- 
ceur de  son  caractère  autant  que  par  ses 
talents,  l'estime  et  la  considération  des 


habitants  de  l'une  et  de  l'autre  religion. 
Les  premiers  magistrats  de  la  ville,  quoi- 
que catholiques,  devinrent  ses  amis  in- 
times. Ce  quilui  gagna  les  cœurs,  selon 
son  fds,  «  ce  furent  sa  vie  sans  repro- 
ches et  sa  piété  solide  et  sans  faste.  Il 
savoit  faire  d'aussi  belles  choses  qu'il  en 
savoit  dire  ;  il  mettoit  lui-même  en  pra- 
tique ce  qu'il  enseignoit  aux  autres.  Il 
rendoit  ses  bons  offices  à  tous,  sans  que 
la  différence  des  religions  en  fit  la  moin- 
dre dans  sa  conduite.  Il  avoit  adouci  et 
apprivoisé  les  ecclésiastiques  catholiques 
romains  du  diocèse,  et  vivoit  avec  eux 
eh  bonne  intelligence.  Il  entretenoit  par 
ce  moyen  la  paix  et  la  concorde  entre 
tous  les  habitants.  »  Ses  prédécesseurs 
n'avaient  pas  eu  la  même  satisfaction. 
L'un  d'eux,  entre  autres,  Moïse  Blon- 
del,  avait  été  constamment  en  butte, 
pendant  son  ministère,  aux  injures  de 
la  populace.  Un  jour  que  ce  ministre 
était  venu  visiter  Ancillon,  il  fut  extrê- 
mement surpris  des  témoignages  de 
respect  que  son  jeune  ami  recevait  par- 
tout sur  son  passage  et  l'en  félicita.  Ce 
changement  des  catholiques, en  effet,  était 
son  œuvre,  et  il  avait  tellement  gagné 
l'affection  de  sa  propre  église,  que  dans 
la  crainte  de  le  perdre  etpour  se  l'attacher 
plus  étroitement,  les  principaux  chefs  de 
famille  imaginèrent  de  le  marier  riche- 
ment à  une  personne  honorable  qui  eût 
son  bien  dans  le  pays  ou  dans  le  voisi- 
nage.Ce  futainsique  seconclut, en  1619, 
son  mariage  avec  Marie  (fille  de  Pierre 
Macaire  et  de  Marguerite  Liénard),  la- 
quelle n'avait  alors  que  14  ans. 

Cependant  les  fidèles  de  Meaux  ne 
tardèrent  pas  à  être  trompés  dans  leurs 
espérances.  En  1652,  Ancillon  ayant  l'ait 
Un  voyage  à  Metz  pour  y  revoir  ses  pa- 
tents, fut  invité  à  prêcher  et  il  le  fit  aVec 
un  tel  succès  que  les  sollicitations  et  les 
prières  lui  vinrent  de  toutes  parts  pour 
le  décider  à  accepter  la  première  place 
de  pasteur  qui  viendrait  à  vaquer.  Après 
quelque  hésitation,  il  promit.  Cette  va- 
cance ne  se  fit  pas  attendre.  Le  plus  an- 
cien des  quatre  pasteurs  de  l'église,  Th. 
le  Goulon,  mourut  bientôt  après  son  dé- 
part. Ancillon  se  rendit  donc  à  son  nou- 
veau poste.  Il  arriva  à  Metz  en  mais 
1653.  Ses  talents  pour  la  prédication  pa- 
rurent encore  avec  plus  d'éclat  sur  ce 


213 


ANCILLON 


214 


nouveau  théâtre.  Ses  sermon?  étaient 
extrêmement  coûtés.  On  doit  regretter 
que,  par  un  excès  de  modestie,  il  n'ait 
jamais  consenti  à  en  publier  qu'un  seul. 
Cependant  il  avait  l'habitude  de  ne  mon- 
ter dans  la  chaire  qu'après  mûre  prépa- 
ration. Tous  ses  sermons  étaient  écrits. 
11  faisait  très-peu  de  cas  des  discours 
improvisés,  toujours  plus  brillants  que 
solides.  Il  avait  accoutumé  de  dire  «  que 
c'étoit  estimer  trop  peu  le  public  que  de 
ne  prendre  point  la  peine  de  se  prépa- 
rer quand  on  avoit  à  traiter  avec  lui, 
et  qu'un  homme  qui  paroitroit  en  bon- 
net de  nuit  et  en  robe  de  chambre 
un  jour  de  cérémonie  ne  comme t- 
troit  pas  une  plus  grande  incivilité.  » 
Ancillon  aimait  peut-être  plus  qu'il  ne 
convient  à  un  homme  de  son  état,  le  re- 
pos et  la  retraite.  La  vie  d'un  ministre 
de  l'Evangile  ne  doit  pas  être  une  vie 
contemplative.  «  Il  ne  se  mèloit  absolu- 
ment et  à  la  lettre  d'aucune  affaire  du 
monde.  Comme  un  véritable  anacho- 
rète, il  était  hors  du  commerce  des  hom- 
mes, et  ne  songeoit  qu'à  Dieu  et  son 
Eglise.  »  Il  avait  par-dessus  tout  la  pas- 
sion des  livres.  Sa  bibliothèque  était 
très-riche.  Mais  lors  de  son  départ  pré- 
cipité de  Metz,  elle  fut  comme  livrée 
au  pillage.  On  ne  respecta  pas  même 
une  quantité  de  lettres  destinées  à  la  pu- 
blicité, et  entre  autres,  une  correspon- 
dance avec  son  ami  intime  Daillé.  An- 
cillon exerça  le  ministère  à  Metz  jusqu'à 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  en  I 

-  démareh-  auprès  du  gou- 

vernement pour  faire  admettre  un  droit 
d'exception  en  faveur  des  réformés  du 
pays  Messin,  n'ayant  amené  aucun  bon 
résultat,  les  quatre  pasteurs  de  IV 
de  Metz,  MM.  Ancillon,  Isaac  de  Com- 
bles,  Bancelin  et  Paul  Joly,  se  hâtèrent 
de  mettre  à  profit  la  disposition  toute  ex- 
ceptionnelle de  la  loi  qui  les  autorisait 
à  s'expatrier  sous  quinzaine.  Quelques 
jours  plus  tard,  cette  dernière  grâce  leur 
eût  encore  été  enlevée.  Au  moment  où 
ils  allaient  monter  en  bateau  pour  des- 
cendre la  Moselle,  tous  les  lidèles  de 
leur  église  se  présentèrent  sur  ies  bords 
du  fleuve  et  leur  firent  leurs  adieux  au 
milieu  des  larmes  et  des  sanglots.  Ce 
fut  pour  eux  et  leur  église  désolée  un 
beau  jour  de  deuil.  Ils  partirent  seuls; 


car  il  ne  leur  était  pas  permis  d'emme- 
ner avec  eux  leurs  familles.  La  loi  n'ac- 
cordait de  passe-port  aux  pasteurs  que 
pour  leurs  jeunes  enfants  au-dessous  de 
7  ans,  et  tous  les  leurs,  au  nombre  de 
seize,  avaient  passé  cet  âge.  Les  quatre 
exilés  se  rendirent  àFrancfort-s.-M.  Les 
principaux  réformés  de  la  ville,  ayant 
appris  leur  arrivée,  se  portèrent  à  leur 
rencontre,  et  se  disputèrent  l'honneur 
de  leur  donner  l'hospitalité.  Pendant  son 
séjour  à  Francfort,  Ancillon  alla  visiter 
deux  de  ses  parents  qui  desservaient 
6ë  française  de  Hanau  '.  L'un  était 
veuf  de  sa  sœur,  et  l'autre  avait  épousé 
sa  nièce.  S'étant  fait  entendre  dans  leur 
église,  toute  l'assemblée  fut  si  édifiée, 
que  l'on  décida  la  création  d'une  troi- 
sième place  de  pasteur  qui  lui  fut  offerte. 
Il  accepta,  et  entra  en  exercice  sur  la  fin 
de  l'année  1685.  A  Hanau  comme  à  Metz, 
ses  prédications  attiraient  la  foule.  On 
s'y  rendait  de  plusieurs  lieues,  de  Franc- 
fort même.  Des  cens  qui  n'entendaient 
pas  la  langue,  allaient  l  écouter,  «  disant 
qu'ils  aimoientà/e  voir  parler.  'Mais  la 
jalousie  non  dissimulée  de  ses  deux  col- 
lègues le  fit  presque  aussitôt  partir  pour 
Francfort,  puis  pour  le  Bfandebou 

I  M  son  inetallation  à  Berlin  en  1686, 
il  fut  invité  à  se  rendre  à  Potsdam,  le 
séjour  favori  de  Frédéric  -  Guillaume. 
Formey  raconte  ainsi  son  entrevue 
le  grand  électeur  :  «  M.  Ancillon  ayant 
paru  en  sa  présence  avec  ses  deux  fils, 
les  cheveux  blancs  du  vénérable  vieil- 
lard parurent  inspirer  à  ce  grand  prince 
une  espèce  de  vénération,  qu'il  vou- 
lut bien  lui  témoigner  en  l'embras- 
sant tendrement,  et  en  lui  parlant  de 
la  manière  la  plus  affectueuse.  Voici  ses 
propres  termes  :  «  Je  loue  Dieu,  dit-il 
à  M.  Ancillon,  de  ce  qu'il  vous  a  mis 
au  cœur  de  venir  passer  le  reste  de  vos 
jours  dans  mes  Etals  ;  je  ferai  en  sorte 
quevous  y  vivrez  content.  Ma  bellê*-sœur, 
la  duchesse  de  Simmern,  m'a  fortement 
recommandé  de  vous  établir  selon  votre 
mérite  :  ainsi  je  vous  fais  ministre  ordi- 
naire de  mon  Eglise  françoise  de  Ber- 
lin. ».  Les  bienfaits  de  l'électeur  s'éten- 


'  Voy.  sur  Hanau :Vne  Eglise  réformée  au  XPll'  sit- 
clt  ou  Ilist.  de  l'Eglise  wallonne  de  Hanau  jusqu'à  l'arn- 
Tée  des  réfugiés  français, par  J.-B.  Lcclercq,  l>r  en  théo- 
logie et  pasteur,  tiauau,  1868.  iii-r. 


215 


ANCILLON 


216 


dirent  sur  toute  la  famille  d'Ancillon, 
dont  les  membres  réussirent  peu  à  peu 
à  le  rejoindre.  Jean  Cayart,  habile  in- 
génieur, avait  épousé  Judith  Ancillon, 
sa  fille  aînée,  en  1682  [III,  292  b]. 

Lorsque  fut  arrivé  son  gendre,  l'ingé- 
nieur Cayart,  David  Ancillon  vit  presque 
tous  les  siens  rassemblés  autour  de  lui. 
Cayart  avait  aussi  amené  avec  lui  une 
de  ses  sœurs,  mariée  en  1688  au  minis- 
tre Couliez;  mais  il  avait  dû  laisser  un 
fils  unique,  qu'il  perdit  depuis,  et  faire 
le  sacrifice  de  ses  biens,  qui  étaient  con- 
sidérables, «  se  contentant  d'emporter 
son  âme  pour  butin.  »  Ingénieur  distin- 
gué ,  il  dirigeait  les  travaux  de  fortifi- 
cations de  Verdun.  Le  ministre  Louvois 
lui  en  avait  témoigné  toute  sa  satisfac- 
tion. Mais  Cayart  résista  à  toutes  les  sé- 
ductions, préférant  le  repos  de  sa  con- 
science à  sa  fortune.  Bientôt  après  son 
arrivée  à  Berlin,  l'électeur  le  nomma  son 
ingénieur  général.  A  l'exception  seule- 
ment de  la  plus  jeune  de  ses  filles,  qui 
épousa  depuis  M.  Contart,  Ancillon 
eut  la  joie  de  voir,  avant  de  mourir, 
toute  sa  famille  honorablement  établie. 
Quoique  son  fils  cadet,  David  ,  parta- 
geât depuis  quelque  temps  ses  travaux, 
il  ne  renonça  à  la  prédication  que 
lorsque  la  maladie  ne  lui  permit  plus 
de  se  déplacer.  11  mourut  à  l'âge  de 
75  ans.  Sa  perte  fut  vivement  sentie  par 
tous  les  réfugiés  de  la  colonie.  «  On 
n'assista  pas  seulement  à  son  enterre- 
ment comme  à  celui  d'un  ancien  pas- 
teur, qui  avoit  rendu  de  bons  et  de  longs 
services  à  l'Eglise,  mais  chacun  y  vint 
comme  aux  funérailles  du  meilleur  de 
ses  amis,  qui  seroit  mort  à  la  fleur  de 
son  âge  ;  tous  les  corps  françois  députè- 
rent ensuite  quelques-uns  de  leurs  mem- 
bres pour  consoler  sa  famille  affligée,  et 
pour  lui  témoigner  combien  ils  pre- 
noient  de  part  à  leur  deuil,  et  il  semble 
encore  actuellement  [1698]  qu'il  ait  été 
le  père  commun  de  tout  le  monde,  tant 
il  est  regretté.  «Vers  1845,  le  consistoire 
de  Metz  avait  placé  dans  la  salle  de  ses 
délibérations  un  vieux  portrait  de  ce  vé- 
nérable pasteur.  La  légende  dont  le  pein- 
tre l'a  entouré  :  D.  A.  Metensium  minis- 
trorum  decanus  i>  montre  qu'il  datait 

'  Ce  portrait  a  dû  être  gravé.  Celui  de  Paul  Ferry,  col- 
lègue d'Ancillon,  l'ayant  été  avec  la  légende  ■  ministre 


d'un  temps  où  les  Ancillon  n'avaient  pas 
encore  été  chassés  de  France.  Les  Mes- 
sins, après  la  détestable  guerre  de  1870, 
pour  empêcher  ce  pieux  souvenir  de 
tomber  aux  mains  des  Allemands,  char- 
gèrent un  de  leurs  pasteurs ,  M.  0.  Cu- 
vier,  de  le  déposer  dans  la  Biblioth.  du 
Protestantisme  à  Paris. 

Ancillon  a  passé  toute  sa  vie  dans  l'é- 
tude ;  le  Mélange  de  littérature  recueilli 
de  ses  conversations ,  qu'a  fait  paraître 
son  fils  Charles,  donne  une  idée  très- 
avantageuse  de  son  savoir  et  de  son 
érudition;  mais  il  n'a  pas  beaucoup  écrit. 
Nous  dirons  un  mot  de  ses  publications. 

I.  Thèses  theol.  de  scriptura  sacra; 
Gen.  1638,  in-4°. 

II.  Traité  dam  lequel  toute  la  matière 
des  traditions  est  amplement  et  solide- 
ment examinée  ;  Sedan,  1657,  in-4°.  — 
C'est  la  relation  de  ce  qui  s'était  passé 
dans  une  conférence  qu'il  avait  eue  avec 
Bédacier,  doct.  de  Sorbonne,  évoque 
d'Aoste  et  suffragant  de  l'évèque  de 
Metz.  Ancillon  avait  disputé  avec  ce  pré- 
lat en  présence  d'un  grand  nombre  de 
personnes  ;  mais  au  mépris  de  ce  qu'ils 
avaient  accordé  entre  eux ,  que  les  ac- 
tes de  cette  conférence  ne  seraient  pas 
livrés  à  la  publicité ,  un  moine  avait 
eu  l'impudence  d'en  donner  une  fausse 
relation  où  il  entreprenait  de  persuader 
au  public  que  l'adversaire  de  l'évèque 
avait  été  vaincu  sans  ressource.  C'est 
ce  qui  détermina  Ancillon  à  publier  cet 
ouvrage.  Le  P.  Clivier,  minime  et  pro- 
vincial de  son  ordre,  chercha  à  le  réfu- 
ter dans  son  Fort  des  traditions  abattu 
par  les  maximes  de  M.  David  Ancillon. 

III.  Apologie  de  Luther,  de  Zwingle, 
de  Calvin  et  de  Bèze;  Hanau,  1666,  in-12. 
Réponse  au  vie  ch.  de  la  Méthode  du 
cardinal  de  Richelieu.  Lorsque  cette 
Méthode  parut,  Ancillon  s'était  aussitôt 
mis  en  devoir  d'y  répondre  ;  mais  ayant 
appris  que  le  professeur  Martel  l'avait 
prévenu,  il  supprima  sa  réponse  dont  il 
ne  publia  que  ce  fragment. 

IV.  Les  Larmes  de  S.  Paul;  Paris,  1676. 
—  Sermon  sur  v.  18, 19.  ch.  III  de  l'Epî- 
tre  de  S.  Paul  aux  Philippiens,  prononcé 
à  Metz  un  jour  de  jeûne.  C'est  le  seul 

de  l'Eglise  réformée,  »  on  força  le  graveur  d'y  ajouter 
après  coup  le  mot  «  prétendue.  »  C'est  pour  éviter  ce 
déboire  qu'on  prit  le  biais  de  la  phrase  lutine  dans  la- 
quelle il  n'est  pas  fait  mention  d'Eglise.  (0.  Civier.) 


217 


ANCILLON 


2*8 


sermon  d'Ancillon  qui  ait  été  imprimé. 

V.  L'idée  du  fidèle  ministre  de  J '.- 
Ch..  ou  la  Vie  de  Guillaume  Farel  (ano- 
nyme) :  Amst.  1691,  in-i?.  —  Edition 
unique,  désavouée  par  l'auteur.  Ancillon 
avait  communiqué  son  manuscrit  à  Con- 
rart,  son  ami  intime,  qui  y  avait  mis 
quelques  remarques  de  sa  main.  C'était, 
au  jugement  de  son  fils,  un  ouvrage 
digne  de  voir  le  jour;  mais  on  ne  put  le 
décider  à  le  publier.  Ce  qui  fut  cause 
qu'on  en  tira  une  copie  pleine  de  fautes 
qu'un  libraire  de  Hollande  fit  paraître 
sans  l'aveu  de  l'auteur.  «  On  a  été  sur- 
pris, écrit  Ancillon,  de  voir  une  édition 
aussi  difforme  qu'est  celle-là,  et  si  un 
jour  on  fait  imprimer  le  même  livre  sur 
la  copie  revue  par  M.  Conrart,  on  verra 
que  cette  pièce  est  si  mutilée  qu'elle 
n'est  pas  reconnoissable.  » 

VI.  Réponse  à  r  Avertissement  pas- 
toral, aux  Lettres  circulaires  et  aux 
Méthodes,  que  le  Clergé  adressa  aux 
Réformés  de  France  en  l'année  1682. — 
Il  ne  parait  pas  que  cette  réponse  ait 
jamais  été  publiée.  Ancillon  raconte  que 
son  père  la  tint  cachée  dans  son  cabinet 
jusqu'à  ce  que  des  personnes  de  consi- 
dération l'ayant  obligé  de  la  mettre  au 
jour,  il  l'envoya  à  M.  Turretin,  profes- 
seur en  théologie  à  Genève,  son  ancien 
ami,  avec  la  liberté  d'en  disposer  comme 
il  jugerait  convenable.  On  ignore  ce 
qu'est  devenue  cette  copie. 

3.  Ancillon  (Charles),  fils  aîné  de 
David,  né  à  Metz  le  28  juillet  1659,  et 
mort  à  Berlin  le  5  juillet  17 15.  11  avait 
épousé  la  fille  aînée  d'Elie  Benoit,  morte 
en  Hollande  avec  les  deux  enfants  qu'elle 
eut  [II,  174  b[,  et  il  se  maria  en  secondes 
noces  avec  une  de  ses  cousines,  ainsi 
que  nous  l'indiquerons  à  la  fin  de  cet 
article,  col.  *225.  On  a  son  portrait  gravé 
par  W.  de  Broën. 

Après  de  premières  études  au  collège 
de  Metz  et  à  Hanau,  Ancillon  se  dé- 
cida pour  la  carrière  du  droit.  Il  écouta 
successivement  les  professeurs  de  Mar- 
bourg,  de  Genève  (1 67 '0  et  de  Paris.  Ayant 
pris  ses  degrés,  il  retourna  dans  sa  ville 
natale,  en  1679,  et  y  fut  attaché  au  bar- 
reau. A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
les  réformés  de  la  ville  le  députèrent  à 
la  cour  pour  y  représenter  que  cet  acte 
ne  devait  pas  les  atteindre,   protégés 


qu'ils  étaient  par  les  privilèges  du  pays  ; 
mais  il  ne  put  rien  obtenir  ;  on  n'accorda 
même  pas  que  les  quatre  pasteurs,  qui 
étaient  âgés,  attendissent  jusqu'au  retour 
du  printemps  pour  sortir  du  royaume. 
«  Quoi  !  Monsieur,  lui  répondit  Louvois, 
ils  n'ont  qu'un  pas  à  faire  pour  sortir  du 
royaume,  et  ils  n'en  sont  point  encore 
dehors?  »  Ils  durent  donc  partir  sans 
délai,  malgré  la  saison  avancée.  Ancillon 
ne  tarda  pas  à  rejoindre  son  père  dans 
l'exil.  Il  l'accompagna  dans  le  Brande- 
bourg, et  fut  établi  juge  et  directeur  de 
la  colonie  française  de  Berlin.  L'électeur 
Frédéric,  depuis  roi,  lui  continua  les 
bontés  de  son  père,  Frédéric-Guillau mê- 
le-Grand. En  1695,  il  lui  confia  une 
mission  importante  '  en  Suisse.  Dans  ce 
voyage,  Ancillon  eut  l'occasion  de  con- 
naître le  marquis  de  Bade-Dourlach,  qui 
conçut  tant  d'estime  pour  lui  qu'il  le 
choisit  pour  son  conseiller,  et  pria  l'élec- 
teur de  le  lui  laisser  pendant  quelque 
temps.  Ancillon  ne  retourna  à  Berlin 
que  sur  la  fin  de  1699.  La  place  de  juge 
supérieur  avec  le  titre  de  conseiller  de 
cour  et  de  légation  fut  la  récompense  de 
ses  services.  Après  son  couronnement, 
en  1701,  Frédéric  Ier  le  choisit  pour  son 
historiographe.  La  Société  royale  de 
Berlin  l'admit  aussi  au  nombre  de  ses 
membres.  Quoiqu'il  soit  devenu  auteur 
plutôt  par  circonstance  que  par  vocation, 
comme  il  le  dit  lui-même,  Charles  Ancil- 
lon n'a  pas  laissé  que  de  beaucoup  écrire. 

I.  Réflexions politiques  .par lesq. on/ait 
voir  que  la  persécution  des  Réformés  est 
contre  les  véritables  intérêts  de  la  France 
(anonyme)  ;  Cologne,  1685,in-12. — Bayle 
avait  commis  une  erreur  en  attribuant  cet 
ouvrage  à  Sandras  de  Courtilz. 

IL  L'irrévocabilitt  de  ledit  de  Nantes 
prouvée  par  les  principes  du  droit  et  de 
la  politique,  par  C.  A.,  doct.  en  droit  et 
juge  de  la  nation  française  à...;  Amst. 
1688,  in-1-2. 

HI.  Histoire  de  l'Etablissement  des 
François  réfugiés  dans  les  Etats  de 
S.  A.  E.  de  Brandebourg;  Berlin, 
1690  *,  in-8°  ;  dédiée  à  Frédéric  HI , 
margrave  de  Brandebourg.  —  Cet  ou- 


1  Voir  aux  Additions,  à  la  fin  du  volume. 

*-  Ou  s'est  trompe  en  attribuant  à  Ancillon  :  la  France 
intéressée  à  rétablir  l'édit  de  Nantes  (anonyme).  ArasC, 
4690,  in-12. 


$10 


ANC1LLOX 


m 


vragfl  est  divisé  en  quatre  parties.  L'au- 
teur examine  successivement  :  1°  l'état 
des  gens  de  lettres,  parmi  lesquels  il 
comprend   les   pasteurs,    les    juriscon- 
sultes, les  médecins;  2°  l'état  de  ceux 
qui  font  profession  des  armes;  3°  l'état 
des  manufacturiers,  des  négociants  et 
des  artisans  ;  4°  l'état  de  ceux  qui  sont 
sans  profession  et  sans  biens,  de  quel- 
que qualité  qu'ils  soient.  Nous  saisirons 
l'occasion  qui  nous  est  offerte  de  faire 
connaître  par  quelques  détails  cet  inté- 
ressant épisode  de  notre  histoire.  Plu- 
sieurs années  avant  l'édit  de  révocation, 
un  certain  nombre  de  réfugiés  français 
s'étaient  déjà  retirés  à  Berlin  sous  la 
protection  de  l'électeur   Frédéric-Guil- 
laume, et  y  avaient  fondé  une  église. 
Ahbadle  et  Fornerod  (jusqu'en  1682),  la 
desservaient.  Après  la  révocation,  l'élec- 
teur rendit  un  édit  (29  oct.  1685)  en  fa- 
veur des  réfugiés  qui  affluèrent  dès  lors 
dans  ses  Etats.  Cet  acte  n'était  pas  seule- 
ment une  bonne  œuvre,  c'était  une  me- 
sure de  bonne  politique.  Aussi  doit-on 
remarquer  que  depuis  cette  époque  la 
puissance  du  Brandebourg  grandit  d'an- 
née   en    année,    tandis    que   celle    de 
Louis  XIV  déclina  de  plus  en  pins.  Le 
grand  électeur  s'exprimait  ainsi  dans  le 
préambule   de  son  édit  :  «  Comme  les 
persécutions  et  les  rigoureuses  procé- 
dures qu'on  exerce  depuis  quelque  temps 
en  France  contre  ceux  de  la  religion  ré- 
formée, ont  obligé  plusieurs  familles  de 
sortir  de  ce  royaume  et  de  chercher  à 
s'établir  dans  les  pays  étrangers,  Nous 
avons   bien  voulu,  touché  de  la  juste 
compassion  que  Nous  devons  avoir  pour 
ceux    qui    souffrent    malheureusement 
pour  l'Evangile  et  pour  la  pureté  de  la 
foi  que  Nous  confessons  avec  eux,  par 
le   présent  édit  signé   de  notre  main, 
offrir  auxdits  François  une  retraite  sure 
et  libre  dans  toutes  les  terres  et  pro- 
vinces de  notre  domination,  et  leur  dé- 
clarer en  même  temps  de  quels  droits, 
franchisesetavantages,  Nous  prétendons 
de  les  y  faire  jouir  pour  les  soulager  et 
pour  subvenir  en  quelque  manière  aux 
calamités  avec  lesquelles  la  Providence 
divine  a  trouvé  bon  de  frapper  une  partie 
Bi  considérable  de  son  Eglise.  »  Notre 
auteur  remarque,  à  la  louange  du  grand 
électeur,   «  qu'au  lieu  que  les  autres 


souverains  se  sont  contentés  (Je  recevoir 
dans  leurs  Etats  ceux  qui  s'y  sont  retirés 
et  de  leur  accorder  leur  protection,  lui, 
il  les  a  appelés,  et  a  pourvu  à  leurs 
besoins.  »  Son  ministre  d'Etat,   M.   de 
Grumbkow,  chargé  des   soins  de  leur 
établissement,  s'acquitta  de  cette  tàcho 
difficile  avec  un  zèle,  une  patience  et 
une  charité  dignes  des  plus  grands  élo- 
ges. L'électeur  étant  mort  en  1688,  son 
iils  et  successeur  accorda  de  nouveaux 
bienfaits  aux  réfugiés.  Nous  exposerons 
brièvement  leur  organisation.  Parmi  les 
émigrés,  on  comptait  des  hommes  de 
toutes  professions  et.  de  tous  états,  la 
plupart  sans  autres  ressources  que  leur 
industrie.   On   les   répartit   sur   divers 
points.  Dix  colonies  furent  ainsi  créées. 
La  principale,  celle  de  Berlin  *,  contenait 
plusieurs  milliers  d'individus.  Elle  pos- 
sédait deux  temples,  au  service  desquels 
étaient  attachés  neuf  pasteurs  ;  un  hôpi- 
tal, avec  un  pasteur  spécial  ;  une  maison 
de  charité  pour  les  réfugiés  des  deux 
sexes  ;  un  collège  dont  l'enseignement 
comprenait  les  humanités  et  la  philoso- 
phie, et  même  une  librairie  et  une  impri- 
merie. D'après  MM.  Erman  et  Réclam, 
il  existait  déjà  une  académie  française  à 
Berlin,  avant  la  grande  émigration  de 
1685  ;  Charles  Ancillon  en  eut  la  haute 
direction  en  1687.  Les  autres  villes  que 
l'on  choisit  comme  centres  de  colonisa- 
tion, furent  :  Francfort-s.-O.,  dont  l'E- 
glise fut  desservie  par  trois  pasteurs,  de 
même  que  celles  de  Halle  et  de  Magde- 
bourg;  Brandebourg,  avec  deux  pasteurs; 
Lipstadt,  avec  le  chapelain  du  régiment 
de  Briquemaulf,  gouverneur  de  la  place; 
Clèves,  avec  un  pasteur;   Wesel  avec 
deux  pasteurs;  Prenslow,  dans  la  Po- 
méranie,  avec  deux  pasteurs;  Kœnigs- 
berg,  avec  un  pasteur.  Il  y  avait  en  ou- 
tre six  villages,  chacun  avec  une  église 
et  un  pasteur.  Toutes  ces  églises  furent 
soumises,  en  vertu  d'un  édit  de  l'élec- 
teur, à  la  discipline  des   églises  réfor- 
mées de  France.  L'université  de  Franc- 
fort-s.O.  futassignée  aux  jeunes  réfugiés 
qui  désiraient  terminer  leurs  études.  Le 
sénat  académique  eut  ordre  de  les  ad- 
mettre à  la   table  du   séminaire  fondé 
pour  les  étudiants  pauvres,  et  on  leur 

•  Voir  la  note  ci-dessus,  col.  30. 


±1\ 


AXCILLOX 


->•>■> 


donna  en  outre  ôû  écus  de  pension  par 
an.  —  L'administration  de  la  justice 
excita  ensuite  la  sollicitude  du  gouver- 
nement. Un  juge  fut  désigné  pour  chaque 
colonie,  à  l'exception  des  villages  où  un 
inspecteur  en  tournée  rendait  la  justice. 
Un  greffier,  un  huissier,  des  notaires  et 
des  procureurs  l'assistaient  dans  ses 
fonctions.  La  procédure  était  sommaire, 
autant  que  possible;  la  justice  gratuite. 
Les  juges  prononçaient  d'après  la  raison 
et  l'équité.  Les  appels  étaient  portés  de- 
vant le  juge  supérieur,  résidant  à  Berlin, 
qui  prononçait  en  dernier  ressort.  Tous 
les  officiers  de  la  justice  française 
étaient  nommés  à  vie.  Les  juriscon- 
sultes distingués  par  leur  naissance  ou 
par  les  charges  qu'ils  avaient  exercées, 
et  qui  n'avaient  pu  être  placés,  for- 
maient avec  les  gentilshommes  qui  n'a- 
vaient pas  pris  du  service  dans  l'année, 
le  corps  des  conseillers  de  cour  et  d'am- 
bassade. Les  plus  jeunes  avaient  le  titre 
de  secrétaire  de  S,  A.  E.  Six  de  ces 
conseillers,  choisis  par  le  gouverne- 
ment, s'assemblaient  une  fois  chaque 
semaine  avec  le  juge  ordinaire  et  le 
juge  supérieur  de  Berlin,  le  directeur 
des  manufactures,  sous  la  présidence 
d'un  ministre  d'Etat,  pour  prendre  con- 
naissance de  toutes  les  demandes  et  ré- 
clamations adressées  par  des  réfugiés. 
Dans  ce  conseil  se  traitaient  les  affaires 
concernant  l'émigration  en  général.  Tous 
ces  divers  fonctionnaires  recevaient  des 
traitements  proportionnés  à  leurs  char- 
Geux  des  réfugiés,  tels  que  pas- 
teurs ou  jurisconsultes,  qui  n'avaient  pu 
être  employés,  étaient  portés  sur  la  liste 
des  pensionnaires  de  l'Etat,  jusqu'à  ce 
qu'une  vacance  ou  la  création  de  nou- 
veaux emplois  permissent  d'utiliser  leurs 
services.— '  Le  gouvernement  ne  s'apj  ii- 
qua  pas  avec  moins  de  soin  à  régler  le 
sort  des  commerçants  et  des  industriels. 
«  Il  est  venu  dans  cet  Etat,  écrit  Ancil- 
lon,  des  ouvriers  de  tous  métiers,  de 
sorte  qu'on  y  fait  à  présent  toutes  sortes 
d'ouvrages.  Il  ne  s'en  fait  aucun  en 
France  qu'on  ne  fasse  dans  ce  pays-ci; 
car  les  maîtres  ou  les  ouvriers  de  toutes 
les  principales  fabriques  du  royaume  y 
sont  et  y  travaillent.  »  Un  artiste,  sorti 
des  Gobelins,  y  avait  même  transporté 
son  industrie.  De  magnifiques  tapisseries 


où  étaient  représentées  les  grandes,  ac- 
tions de  l'électeur,  étaient  déjà  sorties  de 
ses  ateliers.  Tous  les  marchands  et  les 
artisans  pouvaient  se  faire  admettre 
dans  les  corporations  allemandes  de 
leur  profession  sans  qu'ils  fussent  tenus 
d'exécuter  un  chef-d'œuvre  ou  de  payer 
aucun  droit.  A  ceux  des  réfugiés  qui 
établirent  des  manufactures,  le  gouver- 
nement fit  aussi  de  très-grands  avan- 
tages. Non-seulement  il  leur  avança  de 
grosses  sommes  d'argent,  mais  il  leur 
fournit  même  le  local  avec  tous  les  prin- 
cipaux instruments  nécessaires  à  leur 
fabrication.  On  prit  ensuite  les  mesures 
les  plus  sages  pour  empêcher  qu'une 
mauvaise  administration  ou  un  encom- 
brement de  produits  n'amenât  prompte- 
mentla  ruine  de  ces  établissements.  Un 
directeur  des  manufactures  fut  chargé 
de  les  visiter  tous,  à  de  certaines 
ques,  d'examiner  la  qualité  des  objets 
fabriqués  ou  manufacturés,  de  recevoir 
les  plaintes  des  ouvriers  ou  des  maitres. 
Des  commissaires  et  des  secrétaii 
commerce  lui  furent  adjoints  pour  le  dé- 
charger à  Berlin  d'une  partie  de  ses  tra- 
vaux. En  même  temps,  afin  de  faciliter 
l'écoulement  des  produits,  le  gouverne- 
ment prohiba  ou  frappa  d'un  droit  d'en- 
trée les  marchandises  étrangères,  et 
établit  un  Bureau  d'adresse  où  les  manu- 
facturiers pouvaient  faire  porter  les  mar- 
chandises dont  ils  n'avaient  pas  trouvé 
le  placement  et  qui  étaient  vend, 
l'enchère.  Les  paysans  et  jusqu'aux 
hommes  de  peine  eurent  part  aux  bien- 
faits de  l'électeur.  Tandis  qu'aux  uns  on 
donna  des  terres  et  des  instruments  de 
travail  en  les  affranchissant  de  toute  re- 
devance pendant  un  certain  nombre 
d'années,  les  autres  obtinrent  le  privilège 
d'exploiter  à  leur  profit  les  premières 
chaises  à  porteurs  que  l'on  vit  à  Berlin. 
Cet  usage  introduit  par  les  réfugiés  en 
Allemagne  s'y  est  conservé  jusqu'à  nos 
jours  dans  quelques  villes.  —  Il  ne  nous 
reste  plus  qu'à  dire  un  mot  de  la  posi- 
tion que  l'on  fit  aux  émigrés  qui  gui* 
vaient  la  carrière  des  armes.  Le  plus 
illustre  était  sans  doute  le  maréchal  de 
Schomberg.  En  récompense  de  ses  servi- 
ces et  par  une  faveur  toute  spéciale,  le 
gouvernement  de  Louis  XIV  lui  avait 
permis   de   sortir   du  royaume.   Il  fat 


223 


ANGILLON 


224 


nommé  généralissime  des  armées  de  S. 
A.  E.  et  pourvu  du  gouvernement  de  la 
Prusse.  Son  fils  Charles  devint  lieute- 
nant général.  On  forma  deux  corps  de 
réfugiés  ;  l'un,  composé  des  principaux 
officiers,  contenait  deux  compagnies  :  c'é- 
taient les  Grands-Mousquetaires  ;  l'autre, 
formant,  une  seule  compagnie  à  cheval, 
était  composé  des  subalternes  et  bas-offi- 
ciers. Les  officiers  qui  n'avaient  pu  être 
admis  dans  l'un  de  ces  deux  corps,  rece- 
vaient la  paye  des  officiers  en  retraite. 
Une  compagnie  de  cadets  et  une  autre  de 
mineurs  furent  aussi  créées.  Ces  divers 
corps  se  signalèrent  dans  plusieurs  occa- 
sions.—  Telle  fut  l'organisation  des  colo- 
nies françaises  du  Brandebourg.  On  peut 
dire,  sans  crainte  d'être  taxé  d'exagéra- 
tion, que,  dans  toute  sa  conduite,  le 
grand  électeur  se  montra  le  père  des  ré- 
fugiés. C'est  là  sans  doute  son  plus  beau 
titre  de  gloire,  quoique  son  histoire  soit 
pleine  cependant  d'actions  mémorables. 
Le  gouvernement  de  Louis  XIV  lui  en 
fit  un  crime  ;  la  France  lui  doit  sa  recon- 
naissance. —  C'est  l'ouvrage  d'Ancillon 
que  nous  venons  d'analyser. 

IV.  Portrait  ébauché  de  M.  Sylv.  Jacq . 
Danckehnann;  Amst.  1695,  in-8°.  Danc- 
kelmann  était  un  ministre  d'Etat  qui 
s'employa  avec  un  dévouement  digne  des 
plus  grands  éloges  à  l'établissement  des 
réfugiés  français  dans  le  Brandebourg. 

V.  Mélange  critique  de  littérature, 
recueilli  des  conversations  de  feu  M.  An- 
cillon,  avec  un  Discours  sur  sa  vie,  et 
Ses  dernières  heures;  Bàle,  1698,  3  vol. 
in-12;  dédié  à  Frideric-le-Crand,  mar- 
quis de  Bade  et  de  Hoehberg.  Ces  mé- 
langes sont  une  suite  d'articles  sur  toute 
sorte  de  sujets,  disposés  par  ordre  alpha- 
bétique et  précédés  de  sommaires.  Le 
3e  volume  contient  la  Vie  de  David  An- 
cillon,  par  son  fils,  et  un  petit  écrit  inti- 
tulé :  Les  dernières  heures  de  M.  An- 
cillon,  par  le  ministre  qui  l'avait  assisté 
dans  sa  maladie. 

VI.  Discours  adressé  à  S.  M.  le  roi 
de  Prusse  sur  son  élévation  à  la  royauté  ; 
Berlin,  1701,  in-8». 

Vil.  Dissertation  sur  l'usage  de  met- 
tre la  'première  pierre  au  fondement  des 
édifices  publics  ;  Berlin,  1701,  in-8°.  — 
Cette  dissertation  fut  écrite  à  l'occasion 
de  la  pose  de  la  première  pierre  d'un 


nouveau  temple  que  l'on  construisit  pour 
les  réfugiés  dans  le  quartier  de  laFrede- 
richstadt. 

VIII.  Le  dernier  triomphe  de  Frideric- 
Guillaume-le-Grand,  ou  Discours  sur  la 
statue  équestre  érigée  sur  le  Pont-Neuf 
de  Berlin;  Berlin,  1703,  in-fol.;  trad.en 
allem.  par  Plarre,  même  année. 

IX.  Histoire  de  Soliman  II,  empereur 
des  Turcs;  Rott.  1706,  in-8°.  —  Ancil- 
lon  avait  conçu  le  dessein  de  donner  au 
public  les  éloges  des  hommes  illustres 
répandus  dans  l'Histoire  de  J.-A.  de 
Thou,  et  d'y  joindre  les  additions  que 
ses  lectures  lui  auraient  fournies.  Dans 
ce  but,  il  avait  dressé  une  liste  d'envi- 
ron 500  noms.  Mais  la  mort  ne  lui  per- 
mit pas  d'achever  ce  grand  travail.  Son 
premier  essai,  l'histoire  de  Soliman  II, 
fut  tout  ce  qui  en  parut. 

X.  Traité  des  Eunuques,  par  C.  01- 
lincan  (anagramme  du  nom  d'Ancillon). 
1807,  in-12.  —  Composé  à  l'occasion  d'un 
castrat  italien  qui  prétendait  se  marier. 
Ancillon  se  prononce  contre  de  sembla- 
bles mariages.  Son  traité  contient,  au  dire 
du  P.  Nicéron,  «  quantité  de  remarques 
curieuses  et  divertissantes  ;  »  mais  Bar- 
bier (Dict.  des  Anonymes)  y  relève  une 
grosse  méprise  :  l'auteur  aurait  présenté 
comme  une  histoire  véritable  la  relation 
de  l'île  de  Bornéo,  imaginée  par  Fonte- 
nelle. 

XL  Mémoires  concernant  les  vies  et 
les  ouvrages  de  plusieurs  modernes  cé- 
lèbres dans  la  république  des  lettres  ; 
Amst.  1709,  in-12.  —Les  Modernes  cé- 
lèbres dont  les  vies  sont  contenues  dans 
ce  volume,  rédigé  primitivement  pour 
un  Supplément  au  Dictionn.  de  Bayle, 
sont  :  Valentin  Conrart,  dont  la  vie  est 
la  plus  étendue  de  toutes  (environ  un 
tiers  du  volume);  l'orientaliste  d'Herbe- 
lot  ;  Urbain  Chevreau,  historien,  poëte 
et  écrivain  estimé  (73  pages)  ;  le  savant 
Henri  Justel;le  critique  Adrien  Baillet; 
les  Aubery,  dont  Jacques,  sieur  de  Mon- 
creau,  jurisconsulte,  qui  plaida  pour  les 
malheureux  habitants  de  Cabrières  et  de 
Mérindol  ;  Benjamin,  sieur  du  Maurier, 
diplomate,  et  son  fils  Louis,  auteur  des 
Mémoires  sur  la  Hollande,  qui  parait 
avoir  abjuré  le  protestantisme;  un  au- 
tre, Louis  Aubery,  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  d'histoire  et  de  biographie,  le 


225 


AXCILLOX 


226 


médecin  Jean  Aubery  et  le  scoliaste 
Claude;  le  savant  Jean-Baptiste  Cote- 
lier,  qui,  à  l'âge  de  12  ans,  étonna  par 
son  savoir  les  membres  de  l'assemblée 
générale  du  clergé  de  France  auxquels 
il  fut  présenté  par  son  père,  ministre  ré- 
formé qui  avait  abjuré  après  avoir  été 
déposé  par  le  synode  national  d'Alais, 
et  finalement  l'antiquaire  et  numismate 
Laurent  Beger.  L'auteur  a  joint  à  son 
livre  une  table  analytique  très-bien  dres- 
sée. 

XII.  Histoire  de  la  vie  et  de  la  mort 
de  M.  Lichtscheid ;  Berlin,  1713. 

Le  bibliographe  allemand  Jœcher  at- 
tribue encore  à  Ancillon  les  trois  écrits 
suivants  :  1°  Réflexions  sur  la  tolé- 
rance ;  -2°  La  balance  de  la  religion  et 
de  la  ■politique  ;  3°  La  découverte  dun 
espion  français,  etc.,  mais  il  n'indique 
ni  le  lieu  ni  Tannée  de  leur  impression. 

Charles  Ancillon  avait  épousé  Elisa- 
beth Ancillon  dont  il  eut  un  fils  : 

4.  Frèdéric-Auuuste-Luc  Ancillon,  né 
le  lerjuill.  1698  et  baptisé  le  3  dans  l'é- 
glise française  de  Baie.  Xommé  pasteur 
de  l'hôpital  français  de  Berlin  en  1733,  à 
la  place  de  Pierre  Crégut,  il  mourut  en 
1758,  laissant  : 

5.  Louis-Frédéric  Ancillon  qui  suivit 
aussi  la  carrière  pastorale;  admis  au 
saint  ministère  en  1702,  il  fut  appelé  en 
4765  à  desservir  une  paroisse  de  Ber- 
lin et  devint  membre  de  la  Société 
royale.  Il  est  mort  le  13  juin  1814,4 
l'âge  de  70  ans.  On  lui  doit  quelques 
écrits  : 

I.  Oraison  funèbre  de  la  Très-haute 
princesse  Madame  Louise -Amélie  de 
Brunsvàck-VVolfenbuttel  ;  Berlin,  1780, 
in-8°. 

IL  Discours  sur  la  question  :  Quels 
sont,  outre  /' inspirât ion,  les  caractères 
qui  assurent  aux  Livres  Saints  la  supé- 
riorité sur  les  livres  profanes?  Berlin  et 
Dessau,  1782,  in-8».—  Ce  discours  avait 
été  couronné,  en  1778,  par  l'académie 
de  la  Conception  de  Rouen. 

III.  Discours  sur  la  question  :  Quelle 
est  la  meilleure  manière  de  rappeler  à  la 
raison  les  nations  qui  se  sont  livrées  à 
l'erreur?  Berlin,  17^5,  in-'i°. 

IV.  Oraison  funèbre  du  Très -haut 
prince  Frédéric  II,  roi  de  Prusse  ;  Ber- 
lin, 17S6,  in-8». 


V.  Judicium  de  judiciis  circa  argu- 
mentum  Cartesianum  pro  existentia  Dei 
ad  nostra  usque  tempora  latis  ;  Berlin, 
179-2,  in-8°. 

VI.  Sermons  sur  l'amour  de  la  pa- 
trie; Berlin,  1793,  in-8°. 

VIL  Tentamen  in  psalmo  sexagesimo 
octavo  denuo  vertendo,  cum  Disserta- 
tione  historica,  quam  claudit  Carmen 
seculare  Horatiicum  eodem  psalmo  col- 
latum;  Berlin,  1797,  in-8°.  —  Attribué 
par  quelques-uns  au  fils  de  L.-F.  Ancil- 
lon et,  entre  autres,  par  le  bibliographe 
allemand  Kaiser. 

Ancillon  est  encore  l'auteur  d'un  Eloge 
de  Saurnaise ,  couronné  par  l'académie 
de  Dijon,  et  de  divers  Mémoires  insérés 
dans  le  recueil  de  l'académie  de  Berlin. 

6.  Jean-Pierre-Frédéric  Ancillon,  fils 
du  précédent,  naquit  le  30  avril  1767. 
Elevé  sous  les  yeux  de  son  père,U  mon- 
tra de  bonne  heure  les  plus  heureuses 
dispositions  et  un  goût  prononcé  pour  le» 
études  historiques.  Ses  cours  universi- 
taires terminés,  il  partit  pour  Genève, 
voyage  que  l'on  regardait  alors  comme 
le  complément  nécessaire  de  tout  ensei- 
gnement théologique,  et  de  là  il  vint  vi- 
siter Paris  au  moment  même  où  la  ré- 
volution commençait.  Après  un  séjour 
de  quelques  mois,  il  retourna  à  Berlin 
où  il  fut  nommé  ministre  du  saint 
Evangile ,  dans  l'église  du  Werder. 
Appelé,  en  1791,  à  Rheinsberg  pour 
bénir  un  mariage  que  le  prince  Henri, 
frère  de  Frédéric -le- Grand  ,  honorait 
de  sa  présence,  il  s'éleva  dans  le  dis- 
cours qu'il  prononça  en  cette  occasion 
(Berlin,  1791,  in-8°)  aune  éloquence  si 
entraînante,  que  leprince  l'admit  dès  cet 
instant  dans  son  intimité.  Ce  fut  ainsi 
qu'une  circonstance  toute  fortuite ,  de- 
vint la  source  de  sa  haute  fortune.  Quel- 
que temps  après,  à  la  recommandation 
du  prince,  il  fut  nommé  professeur  d'his- 
toire à  l'académie  militaire. 

Cependant  la  révolution  française 
grandissait  de  jour  en  jour  et  menaçait 
les  Etats  voisins.  Dévoué  de  cœur  au 
pays  qui  avait  adopté  sa  famille,  Ancil- 
lon voulut,  autant  qu'il  était  en  lui,  con- 
tribuer à  sa  défense,  et  il  se  mêla  active- 
ment à  la  polémique  des  journaux.  Ce 
fut  aussi  vers  ce  temps  qu'il  publia  un 
fragment  de  son  voyage  en  Suisse,  puis 

i.  8 


227 


ANGILLON 


228 


une  lettre  écrite  de  Paris,  en  1789,  sur 
l'état  de  la  littérature  en  France,  et  des 
Considérations  sur  la  philosophie  de 
l'histoire  (Berlin,  1796,  in-8°).  Cette  acti- 
vité littéraire  ne  lui  fit  pas  négliger  tou- 
tefois ses  autres  devoirs.  11  continua  de 
remplir  avec  zèle  ses  fonctions  pastora- 
les, et  on  doit  sans  aucun  doute  rappor- 
ter à  cette  époque  de  sa  vie  quelques-uns 
des  sermons  qu'il  mit  au  jour  plus  tard 
sous  le  titre  de  Sermons  prononcés  dans 
l'église  des  réfugiés  de  Berlin  (Berlin, 
1818,  2  vol.  in-8°).  Si  le  bibliographe 
Kaiser  ne  commet  pas  une  erreur,  c'est 
au  moins  en  ce  temps-là  qu'il  prononça 
les  oraisons  funèbres  d'Elisabeth-Chris- 
tine, reine  douairière  de  Prusse ,  et  du 
prince  Louis  de  Prusse  (Berlin,  1797, 
ih-8°). 

Comme  orateur  de  la  chaire,  Ancillon 
jouissait  d'une  réputation  aussi  haute  que 
méritée;  cependant  ce  n'est  pas  à  ses 
sermons,  mais  à  ses  écrits  sur  la  philo- 
sophie et  l'histoire  qu'il  doit  la  plus 
grande  partie  de  sa  célébrité. 

En  1801,  il  publia,  outre  un  Sermon 
sur  le  jubilé  séculaire  de  la  Monarchie 
prussienne  (Berlin,  in-8°),  des  Considéra- 
tions générales  sur  l'histoire  ou  Intro- 
duction à  l'histoire  des  révolutions  du 
système  de  l'Europe  pendant  les  trois 
derniers  siècles  (Berl.  in-8°J,  des  Mé- 
langes de  politique  et  de  philosophie 
morale  (Berl.  in-8°J,  et  des  Mélanges 
de  littérature  et  de  philosophie  (Berl. 
in-8»;  2e  édit. ,  Paris,  1809,  2  vol. 
in  -  8°j  «  Ces  ouvrages  révélèrent,  dit 
M.  Schnitzler,  dans  l'Encyclopédie  des 
gens  du  monde,  un  homme  qui  avait 
mûrement  réfléchi  sur  les  principales 
questions  débattues  par  les  philoso- 
phes. Habile  à  résumer  les  discussions 
et  ce  que  des  opinions  différentes  pou- 
vaient avoir  de  commun,  Ancillon,  éclec- 
tique par  la  solidité  de  ses  connaissances, 
a  beaucoup  contribué  à  mettre  dans  tout 
leur  jour  les  systèmes  des  philosophes, 
à  en  montrer  les  cotés  vulnérables,  à 
en  signaler  les  égarements,  et  à  faci- 
liter la  fusion  de  ceux  qui,  dégagés  de 
ce  qu'ils  avaient  d'antipathique,  sem- 
blaient se  compléter  réciproquement.  11 
n'a  jamais  fait  école  lui-même,  et  néan- 
moins sa  philosophie  est  bien  à  lui; 
elle  est  éclairée,  bienveillante,   aussi 


éloignée  de  la  témérité  que  d'une  timi- 
dité excessive,  claire  surtout  et  ennemie 
des  voiles  mystiques.  » 

En  1803,  Ancillon  fut  nommé  histo- 
riographe de  la  Prusse.  L'année  sui- 
vante, l'Académie  l'admit  dans  son  sein 
et  la  classe  de  philosophie  le  choisit 
pour  secrétaire,  fonctions  qu'il  remplit 
jusqu'en  1814.  Ce  fut  en  1805  qu'il 
acheva  la  publication  de  son  grand  ou- 
vrage :  Tableau  des  révolutions  du  sys- 
tème politique  de  l'Europe  depuis  la  fin 
du  XV"  siècle  (Berl.  1803-1805,  4  vol. 
in-8°;  nouv.  édit.  revue  et  corrig.,  Pa- 
ris, 1823,  4  vol.  in-8°).  L'importance  de 
cet  écrit  le  plaça  au  rang  des  véritables 
historiens  et  lui  valut  de  nouvelles  fa- 
veurs :  en  1810,  il  fut  institué  précepteur 
du  prince  héréditaire.  Nommé  conseiller 
de  légation  au  ministère  des  affaires 
étrangères,  il  y  exerça  bientôt  un  ascen- 
dant prépondérant.  Son  influence  sur  la 
marche  des  affaires  s'accrut  de  jour  en 
jour;  aussi  lorsqu'en  1831,  le  roi  lui 
confia  le  portefeuille  du  comte  de  Bern- 
storff,  cette  modification  dans  le  cabinet 
n'en  amena  aucune  dans  la  politique, 
qu'il  continua  à  diriger  avec  autant  de 
prudence  que  d'habileté  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  19  avril  1837.  Quoique  marié 
trois  fois,  il  n'a  pas  laissé  d'enfant. 

Ministre  d'Etat,  comme  ministre  de 
l'église  du  "Werder,  Ancillon  resta  bon, 
simple,  affectueux  et  surtout  fidèle  à  ses 
principes.  Les  honneurs  ne  l'absorbè- 
rent pas  tout  entier  et  il  aima  toujours 
écrire. 

En  1806  il  mit  au  jour  un  Essai  sur 
les  grands  caractères  (Berl.  in-8°).  En 
1810,  il  prononça  l' Oraison  funèbre  de 
la  reine  Louise  de  Prusse  (Berl.  in-8°), 
et  publia  un  Eloge  historique  de  Mérian 
(Berl.  in-8°).  En  1815,  au  retour  d'un 
voyage  à  Paris  avec  son  élève,  il  fit  pa- 
raître, outre  quelques  écrits  académi- 
ques de  circonstance  (tels  que  Mémoires 
sur  E.-F.  Klein;  Sur  la  philosophie  de 
la  législation  ;  Sur  la  vraie  grandeur, 
Berl.  in-8°),  un  traité  de  h  Souveraineté 
et  des  formes  du  gouvernement  {Veber 
SouverabietœtundStaats-Vofassungen. 
Berl.  in-8°,  2e  éd.  1816),  quia  été  traduit  et 
annoté  par  M.  Guizot  (Paris,  1816,  in-8°;. 
En  1817,  il  donna  ses  Essais  philoso- 
phiques ou  nouveaux  mélanges  de  litté- 


221) 


AXGILLON 


230 


rature  et  de  philosophie  (Genève  et  Pa- 
ris, 2  vol.  in-8°),  contenant  un  essai  sur 
l'abus  de  l'unité  métaphysique,  une  ana- 
lyse de  l'idée  de  littérature  nationale, 
des  essais  sur  la  philosophie  de  l'his- 
toire, sur  le  suicide,  sur  le  caractère  du 
XVIIIe  siècle,  sur  le  panthéisme,  sur  les 
progrès  de  l'économie  politique,  sur  l'a- 
bus de  l'unité  et  des  jugements  exclu- 
sifs en  politique,  sur  les  révolutions  du 
système  politique  du  Nord  au  commen- 
cement du  XVIIIe  siècle,  ainsi  qu'un 
tableau  analytique  du  Moi  humain.  En 
il  publia  son  livre  Sur  les  sciences 
politiques  (Berl.  in-8")  ;  en  1825  un  es- 
sai Sur  la  foi  et  le  savoir  en  philosophie 
(Berl.  in-8°)  et  de  Nouveaux  essais  de 
politique  et  de  philosophie.  (Pans  et 
Berlin,  2  vol.  in-8»),  traitant  de  l'esprit 
du  temps  et  des  réformes  politiques,  des 
prétendus  axiomes  politiques,  des  théo- 
ries et  méthodes  exclusives,  de  la  légis- 
lation de  la  presse,  du  droit  politique, 
du  but,  dos  formes  et  des  ressorts  du 
gouvernement.  On  y  remarque  égale- 
ment de  sages  appréciations  sur  les  gou- 
vernements despotiques  de  l'Asie  et  son 
discours  de  réception  à  l'académie  de 
Berlin.  Ces  Essais  (1817)  et  Xouveaux 
Essai  ut  été  réimprimé*  à  Pa- 

1832  (Gide,  4  vol.  in-^.Kn  1825,  il 
lit  paraître  sous  le  titre  :  l'tbcr  den 
Geist,  etc.  un  essai  Sur  l'esprit  des  con- 
stitutions et  son  influence  sur  la  légis- 
lation [Berl  1  vol.  in-8°);  en  1829,  d«s 
Pensée*  sur  l'homme,  ses  rapports  et  ses 
intérêts  (Berl.  2  vol.  in-8");  en  1831  en- 
lin,  comme  ses  adieux  au  monde,  le  se- 
cond volume  des  Moyens  de  concilier  les 
extrêmes  dans  les  opinion»,  dont  le  pre- 
mier avait  été  publié  trois  ans  aupara- 
vant (Berl.  in-8°). 

7.  David  ANCILLON,  le  second  Gis  de 
David  (ci-dessus  n°  2),  et  frère  puiné  de 
Charles  (n°  3),  naquit  à  Metz  le  22  fé- 
vrier 1670  et  mourut  à  Berlin  le  l(j  nov. 
1723.  Dès  l'âge  de  li  ans,  il  fut  en- 
voyé poursuivre  ses  études  à  Genève. 
Après  avoir  fait  sa  rhétorique  sous  le 
savant  ministre  Le  Jeune,  et  sa  philoso- 
phie sous  l'ancien  professeur  de  eau- 
mur,  Robert  Chouct,  il.se  livra  aux 
études  théologiques  sous  Philippe  Mes- 
trezat,  Louis  Tronchin  et  François  Tur- 
retin.  11  ne  les  avait  pas  encore  ache- 


vées, lorsque  la  revocation  de  l'édit  de 
Nantes  força  son  père  à  se  réfugier  à 
Berlin,  où  il  l'accompagna.  Formey  dans 
ses  Eloges  raconte  ainsi  l'accueil  plein 
de  bienveillance  qui  lui  fut  fait  par  le 
grand  électeur.  Après  s'être  adressé 
successivement  dans  les  termes  les  plus 
affectueux  à  son  père  et  à  son  frère 
aîné  :  «  Et  vous,  mon  enfant,  lui  dit-il, 
que  voulez- vous  faire?  Le  jeune  homme 
(il  avait  alors  seize  ans)  répondit  qu'il 
venoit  de  Genève,  où  il  avoit  commencé 
sa  théologie;  mais  que  voyant  six  cents 
ministres  hors  de  France  sans  emploi, 
il  avoit  résolu  de  quitter  les  études  et  de 
prendre  le  parti  des  armes,  si  8.  A.  E. 
jit.  Xon,  répliqua  l'électeur,  je  ne 
le  veux  point.  Voyez-vous  ces  cheveux 
blancs  de  votre  père,  ils  demanderont 
bientôt  votre  secours.  On  manquera 
peut-être  un  jour  de  ministres  ;  il  no 
faudroit  pour  cela  que  quatre  yeux  fer- 
més [Louis  XIV,  alors  dangereusement 
malade,  et  Jacques  d'Angleterre;.  J'ai 
résolu  de  vous  faire  achever  vos  études  ; 
y  vuus  accorde  pour  cet  effet  cent  écu« 
de  pension  [selon  Charles  Ancillon, 
une  place  à  la  table  de  l'université,  et 
une  pension  de  cinquante  écus]  ;  allez  à 
Francfort,  et  lorsque  vous  serez  en  état 
d'être  re>;u  ministre,  je  vous  donnerai 
pour  collègue  et  adjoint  à  votre  père.  » 
Ancillon  se  rendit  donc  à  l'université 
de  Francfort  -  s. -O.,  où  il  acheva  ses 
études.  En  juin  1689,  il  retourna  à  Ber- 
lin, et  après  un  examen  brillant,  il  fut 
admis  pasteur  et  reçut,  le  7  juillet,  l'im- 
position des  mains.  Il  partagea  dès  lors 
les  travaux  de  son  père,  à  la  mort  duquel 
en  1692*  il  lui  succéda  comme  ministre 
ordinaire  de  1  église  française  de  Berlin 
et  avec  le  même  succès.  Charles  Ancillon 
caractérise  ainsi  son  frère  :  a  Digne  suc- 
cesseur d'un  père  illustre,  et  imitateur 
des  exemples  mémorables  qu'il  lui  a 
laissés,  son  bis  par  nature,  son  disciple 
par  l'étude,  et  semblable  à  lui  d'inchna- 
tion  et  de  volonté,  de  nom  et  de  surnom, 
d'air  et  de  manières.  »  En  l'année  17U0, 
Frédéric  1er  le  chargea  d'une  mission 
en  Hollande  et  en  Angleterre.  A  son 
retour  à  Berlin  eu  1701,  il  reparut  dans 
la  chaire,  et  ht  sa  rentrée  par  un  Ser- 
mon sur  le  couronnement  de  l'électeur 
qui  venait  de  prendre  le  titre  de  roi.  Ce 


231 


ANCILLON 


232 


sermon,  qui  a  été  imprimé,  est  dédié  à 
une  demoiselle  Mustelius  qui  lui  avait 
prodigué  ses  soins  pendant  une  grave 
maladie  qu'il  fit  dans  son  voyage.  Au 
mois  d'août  de  la  même  année,  Ancil- 
lon  fut  honoré  d'une  nouvelle  mission  en 
Suisse  ;  il  y  fut  retenu  une  année  entière. 
Lorsqu'il  fut  de  retour,  le  roi  le  chargea 
d'entretenir,  au  sujet  de  la  succession  de 
Neuchâtel ,  une  correspondance  suivie 
avec  les  principaux  habitants  de  cette 
principauté,  et  en  1707,  il  l'envoya  lui- 
même  dans  le  pays  pour  y  travailler 
sous  le  comte  de  Metternich,  son  mi- 
nistre plénipotentiaire  à  Berne.  Pendant 
le  séjour  qu'il  fit  à  Neuchâtel,  après  la 
mort  de  la  duchesse  de  Nemours,  An- 
cillon  prêcha  tous  les  dimanches.  Mais 
comme  il  touchait  dans  ses  sermons  à 
des  questions  étrangères  à  la  chaire,  les 
différents  prétendants  à  la  souveraineté 
de  Neuchâtel  en  prirent  ombrage  et  lui 
firent  interdire  la  prédication.  La  charge 
de  chapelain  de  la  cour  fut  la  récom- 
pense de  ses  services.  Le  3  novembre 
1707,  Frédéric  Ier  reçut  l'investiture  de 
la  principauté  en  la  personne  de  son 
ambassadeur.  On  a  remarqué  que  la 
Réformation  y  avait  été  introduite  le 
même  jour,  177  ans  auparavant.  An- 
cillon  fit  le  sermon  d'usage  en  cette  oc- 
casion solennelle,  sur  le  texte  qui  lui 
avait  été  commandé  par  le  monarque 
lui-même.  Avant  son  départ  de  Neu- 
châtel, les  Etats  du  pays  l'honorèrent 
du  titre  de  bourgeois  de  la  ville  ;  7  nov. 
1707.  De  retour  à  Berlin,  Ancillon  en- 
tra de  suite  en  fonctions  comme  mi- 
nistre de  la  cour.  MM.  Jaquelot ,  de 
Beausobre  et  Lenfant  étaient  ses  col- 
lègues. «  Ses  sermons,  dit  Formey, 
étoient  toujours  extraordinairement  goû- 
tés. Lorsque  le  roi  étoit  indisposé,  il  le 
iâisoit  prêcher  dans  ses  appartemens 
où  la  famille  royale  et  les  personnes  de 
première  distinction  se  rendoient.  Quand 
M.  Ancillon  paroissoit  dans  les  chaires 
des  églises,  il  n'y  montoit  et  n'en  des- 
cendoit  qu'à  travers  des  flots  d'audi- 
teurs, et  les  temples  ne  pouvoient  les 
contenir.  »  En  1709,  Frédéric  enleva  de 
nouveau  son  chapelain  à  ses  fonctions 
pastorales  pour  lui  confier  une  mission 
en  Pologne.  La  guerre  venait  de  se  ral- 
lumer entre  les  partisans  de  Pierre-le- 


Grand  et  d'Auguste  de  Saxe,  de  Char- 
les XII  et  de  Leszczynski.  Ancillon  eut 
ordre  de  tenir  son  voyage  secret  même 
à  sa  famille.  11  se  déguisa  en  officier 
prussien  et  prit  le  nom  de  Saint-Julien. 
Plusieurs  fois,  il  fut  arrêté  en  route  par 
les  partis  ennemis;  mais  il  réussit  tou- 
jours à  se  tirer  de  leurs  mains,  et  quel- 
quefois même  comblé  de  politesses.  Ar- 
rivé à  Lublin,  où  il  comptait  faire  un 
court  séjour,  il  aperçut  affichées  à  la 
porte  du  monastère  des  Jésuites  une 
série  de  propositions  qui  devaient  y  être 
soutenues.  A  cette  vue,  le  théologien 
reparut  aussitôt  sous  l'habit  du  diplo- 
mate, il  fit  demander  un  exemplaire  de 
ces  thèses  aux  Révérends  Pères,  qui  lui 
députèrent  deux  de  leurs  confrères  pour 
l'inviter  à  une  dispute  publique.  An- 
cillon ne  résista  pas  longtemps  à  s'y 
rendre.  Les  Jésuites  lui  firent  le  meil- 
leur accueil.  La  dispute  se  passa  très- 
convenablement,  et  elle  se  termina,  au 
contentement  général,  par  un  repas  ma- 
gnifique auquel  les  Révérends  Pères  con- 
vièrent leur  antagoniste.  On  peut  sup- 
poser que,  selon  l'usage,  les  deux  partis 
s'attribuèrent  également  l'honneur  de 
la  journée.  De  Lublin,  Ancillon  se  diri- 
gea vers  la  Hongrie.  Il  eut  plusieurs 
fois  l'honneur  d'entretenir  le  prince  Ra- 
gotzki,  le  chef  des  Mécontents,  qui  te- 
naient leur  diète  à  Gassovie.  En  repas- 
sant par  la  Pologne,  il  visita  une  partie 
des  églises  réformées  qui  y  subsistaient 
encore  malgré  les  persécutions  suscitées 
par  le  fanatisme  ou  plutôt  l'esprit  de  do- 
mination des  Jésuites.  Puis  continuant 
sa  route  vers  le  nord,  il  retourna  à  Ber- 
lin par  Kœnigsberg  et  Marienwerder. 

C'est  au  retour  de  ce  voyage  qu'il  ap- 
prit la  mort  d'une  sœur  de  lui  restée  à 
Metz,  par  une  lettre  à  laquelle  il  répon- 
dit en  ces  termes,  précieux  à  conserver 
pour  l'histoire  de  la  famille  :  «  Berlin, 
18  octob.  1710.  Monsieur  mon  cher  ne- 
veu, je  viens  d'apprendre  avec  douleur 
le  décès  de  votre  mère,  ma  chère  sœur, 
et  c'est  la  première  fois  que  j'ai  l'hon- 
neur de  vous  écrire Agréez,  mon- 
sieur mon  cher  neveu,  que  je  vous  prie 
de  faire  quelques  réflexions  sur  la  fa- 
mille dont  vous  estes  et  dont  la  piété  a 
esté  de  tout  temps  exemplaire  dans  la 
profession  de  nostre  sainte  Religion  et 


233 


AXCILLON 


:>?>< 


que  vostre  bisayeul  paternel  estoit  un 
Docteur  en  médecine  le  plus  célèbre  de 
son  temps,  qui  avoit  de  rares  talens  non 
seulement  pour  l'exercice  et  la  pratique 
de  sa  profession,  mais  aussy  pour  celuy 
de  la  consolation  des  malades  qu'il 
voyoit;  en  leur  déployant  les  remèdes  de 
son  art  pour  le  recouvrement  de  leur 
santé,  il  leur  departoit  des  consolations 
spirituelles  pour  leurs  âmes  quand  les 
occasions  s'en  presentoient  :  et  que  vos- 
tre trisayeul  paternel  estoit  un  Docteur 
de  grande  réputation  non  seulement 
pour  la  solidité  de  son  érudition,  mais 
aussi  pour  sa  rare  pieté  qui  en  son 
temps  avoit  beaucoup  contribué  à  main- 
tenir dans  la  profession  de  la  vérité  Ma- 
dame la  Duchesse  de  Bar  sœur  du  Roy 
Henry  IV,  de  laquelle  il  estoit  le  minis- 
tre1 n'obstant  mille  attaques  qui  estoient 
faites  à  cette  princesse  pour  tascher  de 
l'ébranler  et  la  faire  changer  de  religion. 
Je  prie  Dieu  qu'il  vous  conserve  et  qu'il 
vous  comble  de  ses  plus  précieuses  bé- 
nédictionss.  » 

En  1710,  Ancillon  fut  nommé  mem- 
bre de  la  Société  établie  à  Londres,  dès 
1687,  pour  la  propagation  du  Christia- 
nisme, for  promoting  Christian  know- 
ledge,  société  qui  subsiste  encore  de  nos 
jours.  Il  entretint  dès  lors  une  correspon- 
dance suivie  avec  le  secrétaire  de  la  com- 
pagnie, Chamberlayne,  qui  était  son  ami 
particulier  ;  toutes  les  affaires  qui  con- 
cernaient l'Allemagne,  se  traitaient  par 
son  entremise.  La  Société  des  Anonymes 
s'honora  aussi  de  le  compter  parmi  ses 
membres  ;  il  y  tint  la  plume  pendant 
plusieurs  années.  C'est  à  cette  société 
que  la  Bibliothèque  Germanique  (de 
1720  à  1740,  Amst.  ;  50  vol.  in-8°)  doit 
son  existence.  Elle  s'assemblait  chez  le 
ministre  Lenfant ,  et  Des  Vignoles,  de 
Beausobre,  Chauvin,  en  faisaient  partie. 

«  Cf.  Bibliot.  de  l'éc.  des  Chartes  XVIII,  32». 

1  BiM.  nat.,  mss.  fr.,  nouv.  acq.,  n»  4967,  p.  309.  — 
—  Le  même  vol.  contient  7  lettres  de  David  Ancillon 
{a*  S),  écrites  de  Meaox  (4645-541  a  Paul  Ferry,  pasteur 
de  Metz,  qu'il  appelle  respectueusement  son  père;  et 
une  lettre  du  même  (Metz,  t%  lév.  4644)  a  Couit  du 
Fivier,  sieur  de  Lorry  et  de  Lessy,  avocat  an  pari,  de 
Metz;  —  plus  tu  lettres  écrites  de  Paris  (1656-64)  à  Paul 
Ferry  par  Joseph  Ancillon,  l'avocat  (a*T|;  —  plus 
29  lettres  écrites  de  Metz,  soit  par  le  ministre,  soit  par 
l'avocat,  a  M.  du  Vivier, dans  l'intervalle  des  années  1674 
à  4688,  et  presque  toutes  relatives  aux  affaires  de  la  Re- 
ligion dans  le  pays  Messin.  Enfin  nue,  si. no 
cillon  (Metz,  25  fév.  4687)  porte  au  dos,  de  la  main  du 
destinataire  :  <  M.  Ancillon  le  jeune.  » 


Une  cruelle  maladie,  la  gravelle.  at- 
trista les  dernières  années  d'Ancillon. 
Cependant  le  fidèle  ministre  ne  voulut 
cesser  ses  fonctions  qu'à  la  dernière  ex- 
trémité. Son  courage  et  sa  résignation 
au  milieu  des  plus  atroces  souffrances 
étonnaient  tous  ceux  qui  l'approchaient. 
A  la  fin,  après  bien  des  alternatives  de 
convalescence  et  de  rechute,  il  tomba 
malade  pour  ne  plus  se  relever.  «  Son  lit 
de  mort,  dit  son  biographe,  fut  une 
chaire  d'où  il  prêcha  avec  plus  d'élo- 
quence que  jamais,  et  ses  dernières 
heures  comblèrent  d'édification  sa  fa- 
mille et  son  troupeau.  »  Il  mourut  à 
l'âge  de  53  ans,  regretté  de  tous,  et  sur- 
tout des  pauvres  et  des  affligés  dont  il 
était  le  père  et  le  consolateur.  Son  corps 
fut  déposé  dans  un  caveau  de  la  Frede- 
richstadt  réservé  à  sa  famille,  où  repo- 
saient son  frère  Charles,  son  oncle  Jo- 
seph, et  son  cousin  Louis.  Il  avait 
épousé,  le  11  août  1691,  Susanne  Meus- 
nier,  originaire  de  Paris,  fille  de  Phi- 
lippe Meusnier ,  négociant  réfugié  à 
Halle.  De  ce  mariage  naquirent  dix-sept 
enfants,  dont  cinq  fils  et  douze  iilles. 
L'aîné  des  fils,  Joseph,  fut  assesseur  à  la 
Justice  françoise  et  l'un  des  directeurs 
de  l'Hôtel  de  Refuge.  Le  second.  Ma- 
n.vssé,  suivit  la  carrière  pastorale,  et 
devint  ministre  de  l'église  française  de 
Prentzlow.  C'est  sur  des  mémoires  four- 
nis par  lui,  que  Formey  a  écrit  son 
éloge  du  père,  qui  parut  d'abord  dans  la 
Nouvelle  Bibliothèque  Germanique.  Le 
troisième  des  fils,  Alexandre,  également 
pasteur,  fut  attaché  ta  l'église  française 
de  Kœnigsberg,  et  mourut  d'une  attaque 
d'apoplexie,  le  18  nov.  1738.  Les  deux  au- 
tres étaient  morts  dans  leur  enfance. 

8.  Joseph  ANCILLON.  frère  puîné  du 
ministre  de  Metz,  avocat  au  parlement 
de  cette  ville  et  sieur  de  Jouy-aux-Ar- 
ches  [VI,  445  a],  était  né  à  Metz  au  mois 
de  nov.  1629  et  mourut  à  Berlin  le 
4  nov.  1719.  Son  portrait  a  été  gravé  par 
Sciller. 

Joseph  Ancillon  avait  embrassé  la  pro- 
fession d'avocat,  et  il  s'était  acquis  par 
son  savoir  autant  que  par  sa  probité 
l'estime  et  la  considération  de  tous  ses 
compatriotes.  Lors  de  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes ,  ce  ne  fut  qu'en  Ré- 
chappant secrètement  et  au  milieu  des 


23; 


ANCILLON  —  ANDOUIN 


230 


périls  qu'il  parvint  à  rejoindre  son  frère 
dans  l'exil.  L'électeur  l'accueillit  avec  la 
même  bienveillance  qu'il  avait  témoi- 
gnée au  ministre  de  Metz  :  il  le  nomma 
juge  supérieur  de  toutes  ses  colonies 
françaises,  conseiller  de  cour  et  de  ré- 
vision. «  On  peut  le  regarder,  dit  For- 
mey ,  comme  le  fondateur  des  justi- 
ces françaises  dans  le  Brandebourg.  » 
Les  devoirs  de  sa  charge  ne  l'empê- 
chèrent pas  de  faire  paraître  dans  les 
journaux  do  Berlin  divers  articles  qui 
font  voir,  dit-on,  la  solidité  et  l'étendue 
de  ses  connaissances.  En  1691),  il  re- 
nonça à  sa  place  en  faveur  de  son  neveu 
Charles  Ancillon.  Le  Duchat  dit  de  lui 
qu'il  était  «  homme  de  belles-lettres, 
bon  théologien,  et  le  meilleur  juriscon- 
sulte de  sa  province.  »  On  lui  doit  un 
Traité  de  la  différence  des  biens  meubles 
et  immeubles  dans  le  ressort  de  la  Cou- 
tume de  Metz  (anonyme);  Metz,  1098, 
in- 12.  M.  Lamoureux  remarque  que 
«  c'est  à  tort  que  la  Bibliothèque  de  droit 
de  Camus  cite  trois  autres  éditions  de  ce 
livre;  celle  de  1698  est  la  seule  qui  ait 
paru.  »  Ancillon  avait  encore  écrit  di- 
vers autres  traités  de  jurisprudence  tels 
qu'un  Commentaire  sur  la  Coutume  de 
Metz,  et  un  Recueil  d'arrêts  du  parle- 
menl  de  Metz;  mais  ils  n'ont  pas  été 
imprimés.  Il  a  aussi  rédigé  une  Chro- 
nique de  Metz ,  laquelle  a  été  publiée 
(Metz  et  Paris,  A.  Aubry,  1860,  in-8° 
de  xi-117  p.)  sous  ce  titre  :  «  Recueil 
journalier  de  co  qui  s'est  passé  do  plus 
mémorable  dans  la  cité  de  Metz,  pays 
messin,  et  aux  environs,  de  1656  à  1674. 
par  Joseph  Ancillon;  publié  par  Mv  F. 
Chahert.  »  [Voy.  V.  102.] 

Los  biographes  donnent  peu  de  dé- 
tails sur  sa  famille.  L'un  d'eux  nous  ap- 
prend qu'il  avait  marié  sa  fdle  à  son 
neveu  Charles.  C'est  sans  doute  un  de 
ses  fils,  Louis,  qui  était  résident  des 
Etats-Généraux  dans  le  Brandebourg;  il 
mourut  le  25  janvier  1720,  à  l'âge  de 
50  ans.  Un  autre,  nommé  Paul,  en  1696 
habitait  Bâle,  avec  sa  femme  Jeanne 
Roussel,  de  Châlons  [IX,  53  a]  ;  il  fut 
attaché  comme  médecin  à  l'hôpital  fran- 
çais de  Berlin  [I,  96  a].  Un  troisième 
fils  de  Joseph  resta  en  France  et  y  fonda 
une  branche  catholique  existante  encore 
aujourd'hui.  Mame,  sa  fille,  épousa  en 


Mj8ï  Paul  Le  Bachellé,  conseiller  se- 
cret, du  roi  en  la  chancellerie  du  pari, 
de  Metz  [VI,  445  a], 

Baylc.  -  Niceron.  —  Didot.  —  Encyclop.  de  Ersch  et 
Grufoer.  —  Emm.  Michel,  Bwg.  du  pari,  de  Metz. 

ANCONE,  capitaine,  1567  [IV,  133  b], 

Ancourt  (d'),  voy.  Carton. 

ANDABRE  (Jacquette)  ,  veuve  de 
Louis  Jonquet du  Goulorguos.près  Uzès, 
prisonnière  de  1702  à  1713  [X,  440]  et 
Liste  des  Protest,  qui  souffrent. 

ANDE  (Catherine),  massacrée  à  Car- 
nellesen  Provence,  1562  [X,  471]. 

1.  ANDELOT  (François  de  Chastil- 
lon,  6ieur  d'),  le  plus  jeune  frère  de  Co- 
licnv  [III,  413]  ;  voy.  Giiatillon. — Voyez 
encore  [1, 50  a,  121  b,  158,  198,  207,  '229  ; 

II,  52,  58,  99,  131,  267,  312,  410,  445, 
449,   450,  455,  456,457,  459,460,511; 

III,  37,  etc.;  IV,  376  b,  504  a,  548  b; 
V,98  b,  167  a,  3'i5b,  528  b;VI,  201  b, 
228  a,  281  a;  941  a;  VII,  112  a,  138  b, 
357  b,  475  b;  VIII,  23  b,  150  b,  253  a, 
314  b,  321  b.  ;  IX,  249,  391  a].  —(Gas- 
pard, marquis  d'),  1620-1649  [III,  412  a]. 

2.  ANDELOT  (Pierre  d'),  seigneur 
bourguignon  dontle  nom  devraitpeut-être 
s'écrire  d'ANOELAU,  entra  en  1566  avec 
son  frère  le  seigneur  de  Champvans  dans 
la  ligue  des  Gueux.  Ayant  été  fait  pri- 
sonnier par  les  Espagnols  aux  environs 
de  Harlingen,  en  Frise,  il  fut  conduit  au 
château  de  Vilvorde  puis  à  Bruxelles. 
Là  il  fut  décapité  sur  la  place  du  petit 
Sablon,  le  1er  juin  1568,  avec  dix-sept 
autres  gentilshommes,  ses  compagnons 
d'armes.  La  sentence  de  mort,  signée  par 
le  duc  d' Albe,  en  date  du  18  mai,  est  con- 
servée aux  Archives  gén.  de  Belgique, 
cons.  des  Troubles,  t.  36.  (Raheenbeck.) 

AND1G  II  ON  (Jean),  boursier  du  col- 
lège d'Orthez,  1611-17:  secrétaire  du  sy- 
node de  Morlaas  en  1625  (Arch.  des  B.- 
Pyr.).  —  (Jacor),  béarnais,  faiseur  de 
bas,  réfugié  à  Wesel,  1700. 

AND1GNÉ  (Suzanne n'),  v.  1G30  [IV, 
275  a].  Voy.  Argentré. 

ANDION  (Lucrèce),  Saumur,  1578 
[VIII,  9  a]. 

ANDONNE  (Foursine),  massacrée  en 
Provence.  1562  [X,  471]. 

ANDOUIN  (J.),  condamné  à  l'a- 
mende, 1672  [IV,  394  b].  —  (Perrette 
Andouine,  c'est-à-dire  femme  ou  fille 
d'   ;  Sauve,    16-20  [II,  M)  .  —  Jndotu/n 


237 


AXDOriX  —  ANDRÉ 


538 


condamna  à  Bordeaux,  1562  [IV,  502  a]. 

ANDOOXS  (Madei.aine  d'):  Déarn, 
v.  1530  [VII,  456  b]. 

ANDOUY(Jean\  Saumur,  1685  ITI. 
8:3  b]. 

AXDOYER,  de  Puech.  condamné  à 
être  pendu,  1609  [VIII,  51 2  b  . 

A  XDR  AS  (JEAN),Saneerre,  1 609  [  VIII , 
•42  a,  note]. 

AXDRÂl"  [David),  fils  d'Imbert,  pro- 
cureur en  la  chambre  de  ledit,  présenté 
au  baptême,  juill.  106."),  par  noble  David 
de  Perrota,  d'Uzès.  et  Isabeau  de  Ricard. 

1.  AXDRÉ,  dit  Foutunat, ministre  ré- 
tamé à  Strasbourg;,  1531  [Y,  69  b]. 

2.  AXDRÉ,  ministre,  !"  10  a]. 

\XDRÉ  DE  YILLETTE  Gtmx.), 
ministre  de  Yilleraugue,  1594  [X.  215]. 
ï.  AXDRÉ  le  capitaine),  1502-70  [II, 
113,  164;  IV,  460  a].—  (Antoine),  mas- 
sacré en  Provence,  1562  [X,  171  — 
(Pierre),  massacré  avec  sa  femme  et  son 
enfanta  Bar-sur-Seine,  1502  [YI11 
b].  —  (N.),  de  Valréas  ;  sa  maison  à  Val- 
nu  démolie  par  ordre  des  commissaires 
catholiques  en  1564. 

5.  AXDRE  Toys),  «  drappier  chausse- 
tier,  »  reçu  habitant  de  Genève,  le 
22  oct.  1551.  —  Xoys),  «  natif  d'Aix  en 
Provence,  »  id.  1"  septembre  1551.  — 
( Au  treLoys  du  môme  lieu,  rubantier,  reçu 
de  même  le  18  oct.  1557.  —  (Louis),  fds 
de  feu  Michel,  de  Vaux  en  Languedoc, 
reçu  bourgeois  de  Genève  le  31  àét.  i  557. 
11  épousa  :  1°  Giletfe  André,  de  Dijon  ; 
2°  à  Genève,  Ier  août  1509,  Nicole  Lr~ 
grain,  de  Troyes,  veuve  d'Etienne  Bar- 
det,  marchand  demeurant  à  Lyon.  Elu 
du  conseil  des  00  en  1570,  il  mourut  en 
1588,  laissant  un  fils,  nommé  aussi  Louis 
(1559-1605),  du  CC  en  1595.  —  (Pierre), 
«  cordonnier,  natif  d'Alais,  »  reçu  hab.. 
id.  1559.  —  (George),  de  Dauphiné,  •  ga- 
gne-denier habitant  Lyon,  »  id.  1572. 

6.  AXDRÉ  (Jehan,  fils  de  feu  Pi 

de  Troyes  en  Champagne  ,  reçu  bour- 
geois de  Genève  en  1557  avec  ses  quatre 
fils  Guillaume.  Jean.  Denys  et  Daniel. 
Sa  femme  était  Louise,  fille  de  Guill.  Le- 
bej/  et  de  Magdeleine  de  S.-Aulbin,  qu'il 
avait  épousée  à  Troyes.  Avec  lui  était 
aussi  venue  sa  sœur  Jeanne,  femme 
d' Antoine  de  Villemort  de  Troyes,  reçu 
à  la  bourgeoisie  de  Genève  en  1557.  — 
'Osée),  fils  aussi  du  précédent,  naquit  à 


Genève  en  1507.  fut  ministre  du  saint 
Evangile,  pasteur  de  l'hôpital  en  1590, 
et  de  Chancy  en  1595.  La  même  année, 
le  28  juillet,  il  épousa  Susanne,  fille  du 
pasteur  David  Le  Boiteux.  En  1590.  il 
fut  chargé  de  prêcher  chaque  dimanche 
dans  les  temples  des  paroisses  du  bail- 
liage de  Ternier  que  le  duc  Charles-Em- 
manuel, malgré  le  traité  de  1504.  n'avait 
pas  repourvues  après  la  guerre.  Il  conti- 
nua cette  tâche  jusqu'au  moment  où  la 
violence  lui  ferma  l'accès  de  ces  terres, 
et  la  remplit  avec  un  courage  remarqua- 
ble en  dépit  dos  menaces  et  des  vexations 
des  officiers  du  duc;  mais  le  culte  pro- 
testant fut  tout  à  fait  supprimé  dans  les 
paroisses  de  Ternier  en  1597.  Dès  1598, 
il  fut  replacé  pasteur  à  Cartigny  et 
Onex  ;  puis  en  1603,  envoyé  par  le  con- 
seil comme  chapelain  de  la  garnison 
qui  occupait  S.-Genïs  d'Aoste.  Il  ren- 
tra en  France  et  alla  desservir  en  1610 
l'église   de   La  Mure  en  Dauphiné  [X. 

Il  mourut  ministre  de  Clelles  en 
Trièves.  —  (Jean,  fils  de  Moïse,  fils  d'O- 

né  en  1651,  qualifié  en  1686: 
«  maître  orphèvre  et  peintre  en  émail 
et  mignature,  »  et  David,  fils  du  dit 
Jean,  né  en  1684,  étaient  d'habiles  ar- 
tistes qui  présentèrent  en  1704  de  beaux 
ouvrages  au  conseil,  lequel  leur  fit  don- 
ner unepetite  récompense  de  douze  écus. 
Ils  demandèrent  à  la  même  époque  la 
permission  d'ouvrir  une  école  de  des- 
sin, et  le  conseil  leur  promit  de  penser 
à  eux  lorsqu'il  songerait  à  en  établir  une 
qui  fût  publique.  Mais  il  s'écoula  plus  d'un 
siècle  avant  que  ce  projet  fût  réalisé. 

\rrhiv.  de  Genève.  —  Sord.-t. 

7.  ANDRÉ  François), de  Xancy, orfè- 
vre, reçu  habitant  de  Genève  v.  1626.  — 
(Jean),  député  à  l'ass.  d'Alais,  J628  [I. 
249],—  (Antoine),  à  Ximes,  1644  [IX, 
345  a"1.—  (Jean),  dit  Patlon,  régent  à  Die, 
1604  [VL  452  a].  —  (Antoine  et  Jean), 
fils  d'Antoine  de  Sumesne  en  Langue- 
doc, cordonniers,  reçus  habitants  de  Ge- 
nève, le  premier  v.  1660,  le  second  v. 
167*.  _  (...),  d'Anduze,  1675  [V11L, 
464  a].  —  (Isaac),  fils  de  feu  Jean  et  de 
Suzanne  Aloard,  de  Chastillon  en  Dau- 
phiné, reçu  habitant  de  Genève  v.  : 
—  (Jean),  des  Cévennes  avec  sa  femme  et 
trois  enfants,  assistés  à  Genève,  1681. — 
(Etienne),  Rouen,  1685  [Vil,  184  M.— 


239 


ANDRÉ 


m) 


(Gabriel),  déporté,  1687  [X*,  431].— (An- 
toinette, fille  de  Pierre),  de  Galvisson, 
avec  son  mari  Jean  Peirin,  de  S.-Am- 
broix,  id.  1691. —  (Pierre),  de  Poussan, 
réfug.  à  Yverdun,  \%^~l.— André,  dit  La 
Gaillarde  et  ses  deux  enfants,  réfugiés, 
1695-97.  —  (Pierre),  de  S.-Ambroix,  as- 
sisté en  passant  à  Genève  pour  se  ré- 
fugier en  Allemagne,  1698.  —  (Moyse), 
de  Metz,  serrurier,  sa  femme  et  deux 
enfants  réfugiés  à  Berlin.  —  (....),  de 
Nîmes,  manufacturier  avec  six  compa- 
gnons et  apprentis,  réfugiés  à  Magde- 
bourg.  —  (Isaac),  de  Chastillon  en  Dau- 
phiné, cordonnier  à  Berlin.  —  (Louis- 
Guillaume),  cordonnier,  sa  femme  et 
deux  enfants,  à  Magdebourg.  —  (Si- 
mon), tailleur,  sa  femme  et  trois  en- 
fants, à  Magdebourg.  —  (Jean),  cardeur 
de  laine,  à  Spandau.  —  (Jacques),  avec 
quatre  personnes,  à  Grambzow.  — 
(Pierre),  de  Rivière  en  Languedoc,  pei- 
gneur  de  laine,  sa  femme  et  un  enfant, 
à  Magdebourg  ;  tous  en  1698  et  1700.  — 
(Charles),  de  Nîmes,  reçoit  à  Genève  un 
secours  pour  gagner  Magdebourg,  1701. 
—  ( ),  de  Gap,  famille  de  trois  per- 
sonnes assistée  en  passant  à  Genève 
pour  gagner  l'Allemagne,  1701.  —  (Mar- 
guerite), de  Saumur,  56  ans,  et  Esther, 
sa  fille,  assistées  à  Londres,  1705.  — 
(Jean),  de  Chastillon  en  Dauphiné,  as- 
sisté à  Genève,  1709.  —  (Esther,  Char- 
les, Françoise),  réfugiés  et  assistés  à 
Londres,  1721.—  (Antoine-),  des  Céven- 
nes,  galérien,  1703  [X,  419].— (André), 
galérien,  1705  [X,  420|.— (Anthoine),  de 
Genouilhat,  (fils  d'André),  galérien,  ma- 
nœuvre, reçu  habitant  de  Genève,  7  oct. 
1721.  —  (Pierre,  fils  de  feu  Guill.),  de 
Nîmes,  meunier,  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 14  mars  1713.  —  (J.\  galérien, 
1705  [X,  423].  —(....),  déporté,  1720  [X, 
404].  —  (Claude),  galérien,  1720,  Bull. 
XV,  303.  —  (Louis,  fils  de  feu  Pierre), 
de  Sauves  en  Languedoc,  reçu  habitant 
de  Genève  le  12  novembre  1725.  — 
(Jean,  fils  de  Claude),  de  Livron  en 
Dauphiné,  reçu  habitant  de  Genève  le 
15  août  1730."—  (Pierre,  fils  d'André), 
de  S. -Germain  en  Languedoc,  id.  5  avril 
1737.  —  (Louis),  de  S.-Just,  galérien, 
1746  [X,  426]. 

8.  ANDRÉ   [Haag,    I,   96;  —  X, 
433],  notable  habitant  du  Pont-de-Mont- 


vert ,  victime  des  persécutions  dans  le 
Midi.  Il  avait  été  obligé  de  s'enfuir  dans 
les  montagnes,  en  1685,  pour  échap- 
per aux  terribles  convertisseurs  du  cruel 
chevalier  de  Gène.  Poursuivi  par  les 
dragons ,  traqué  dans  les  forêts  com- 
me une  bête  féroce,  il  eut  le  malheur 
d'être  découvert.  Il  se  rendit  sans  résis- 
tance, seulement  il  refusa  de  se  laisser 
enchaîner  comme  un  malfaiteur,  protes- 
tant qu'il  était  disposé  à  suivre  le  soldat 
qui  l'avait  arrêté.  Pendant  cette  contes- 
tation, survint  un  autre  dragon  qui  y 
mit  un  terme  en  le  frappant  mortelle- 
ment. Avant  d'expirer,  le  malheureux 
André  demanda  à  serrer  la  main  de  son 
meurtrier,  lui  donnant  l'assurance  qu'il 
lui  pardonnait.  Son  corps  fut  traîné  sur 
la  claie,  ses  biens  confisqués,  sa  femme 
et  ses  enfants,  dont  le  précepteur, 
nommé  Blanc,  fut  égorgé,  chassés  de 
leur  demeure,  et  sa  maison  cédée  au  fa- 
meux abbé  du  Chaila,  archiprêtre  de 
Mende  et  inspecteur  des  missions  dans 
les  Cévennes.  Cette  maison,  alors  la 
plus  apparente  du  bourg,  existe  encore 
aujourd'hui;  on  y  a  établi  une  auberge. 
M.  Peyrat,  qui  l'a  visitée  récemment, 
en  fait  la  description  dans  son  Histoire 
des  pasteurs  du  désert  :  «  Elle  est  si- 
tuée, dit-il,  à  l'extrémité  septentrionale 
du  pont,  où  le  Rioumal  tombe  dans  le 
Tarn;  elle  est  isolée,  et  hormis  ses 
deux  portes  au  levant  et  au  couchant, 
elle  n'a  point  d'ouverture  sur  la  rue,  ce 
qui  lui  donne  l'aspect  sombre  d'un  cou- 
vent; au  midi,  sa  façade  regarde  sur 
une  étroite  terrasse  abaissée  de  quelques 
marches  au-dessous  du  rez-de-chaussée, 
mais  élevée  de  plusieurs  pieds  au-des- 
sus du  Tarn  qui  murmure  incessamment 
dans  son  large  lit  obstrué  d'énor- 
mes cailloux  roulés  et  polis  par  les  gran- 
des eaux.  Un  puits,  destiné  à  l'arrose- 
ment  de  quelques  fleurs,  est  creusé  au 
milieu  de  ce  parterre,  clos  d'une  haie 
vive  au  couchant.  »  Le  voyageur  insou- 
ciant qui  s'arrête  aujourd'hui  dans  cette 
paisible  auberge,  frissonnerait  d'horreur 
si  quelque  nouvelle  py  thonisse  d'Hendor 
faisait  passer  sous  ses  yeux  les  scènes 
effroyables  dont  ces  lieux  ont  été  té- 
moins. «  Les  prisonniers  qui  avoient  le 
malheur  de  tomber  entre  les  mains  de 
l'abbé  du  Chaila,  lit-on  dans  l'Histoire 


241 


ANDRÉ 


842 


des  troubles  des  Cévennes ,  essuyoient 
des  traitements  qui  paroitroient  in- 
croyables ,  s'ils  n'étoient  attestés  par 
tous  les  habitants  de  ce  pays-là.  Tantôt 
il  leur  arrachoit  avec  des  pincettes  le 
poil  de  la  barbe  ou  des  sourcil*  ;  tantôt 
avec  les  mêmes  pincettes,  il  leur  met- 
toit  des  charbons  ardens  dans  les  mains 
qu'il  fermoit  et  pressoit  ensuite  avec 
violence,  jusqu'à  ce  que  les  charbons 
fussent  éteints  ;  souvent  il  leur  revêtoit 
tous  les  doigts  des  deux  mains  avec  du 
coton  imbibé  d'huile  ou  de  graisse,  qu'il 
allumoit  ensuite  et  faisoit  brûler  jus- 
qu'à ce  que  les  doigts  fussent  ouverts  ou 
rongés  par  la  flamme  jusques  aux  os. 
Lorsque  tous  ces  différents  supplices  n'o- 
péroient  pas  selon  les  vœux  de  cet  abbé, 
il  faisoit  enfermer  les  détenus  dans  des 
prisons,  et  les  tenoit  dans  les  ceps.  C'est 
dans  cet  instrument,  inventé  pour  lasser 
la  patience  la  plus  à  l'épreuve  et  la  con- 
stance la  plus  longue,  que  cet  abbé  te- 
noit ces  malheureux  pris  par  les  pieds  et 
par  les  jambes,  et  dans  une  posture  si 
gênante,  qu'ils  ne  pouvoient  rester  ni 
assis  ni  debout,  et  qu'ils  soulTroient  les 
plus  cruels  tourments.  Entre  un  grand 
nombre  d'autres,  Pierre  Soulier  de  Rey- 
nol,  paroisse  de  S. -Germain,  porta  jus- 
qu'au tombeau  les  marques  de  cette 
nouvelle  espèce  de  gêne.  —  L'archiprê- 
tre,  ajoute  M.  Peyrat,  relâchait  pourtant 
quelquefois  les  hommes,  mais  à  prix 
d'or;  et  quelquefois  aussi  les  femmes, 
mais  au  prix  de  leur  vertu.  »  Pendant 
plus  de  quinze  ans,  la  malheureuse  po- 
pulation de  ces  contrées  fut  dévouée  à 
tous  les  genres  de  torture.  L'heure  de  la 
vengeance  sonna  enfin  :  l'attaque  de  la 
maison  d'André,  dans  la  nuit  du  24  au 
25  juillet  1702,  fut  le  signal  de  la  guerre 
des  Gamisards. 

9.  ANDRÉ,  famille  languedocienne 
qui,  réduite,  comme  tant  d'autres,  à  la 
profession  commerciale,  par  son  attache- 
ment à  la  Réforme  et  par  la  rigueur  des 
édits  qui  fermaient  aux  protestants  pres- 
que toutes  les  carrières,  s'y  livra  avec 
une  persévérance  et  un  succès  rares.  = 
Armes  :  D'azur  à  un  sautoir  ou  croix 
de  S. -André  d'or,  cantonné  de  trois  mo- 
lettes de  même,  et  d'un  croissant  de 
même  en  pointe. 

Antoine  André  vivait  au  milieu  du 


XVI*  siècle  à  Laval,  paroisse  de  Sanilhac 
en  Vivarais.  Il  était  notaire.  On  lui  con- 
naît deux  fils,  Michel  et  Jean.  Michel 
mourut  en  1589  laissant  quatre  fils  et 
une  fille.  Deux  des  petits -fils  de  Mi- 
chel, nommés  Jacques  et  David,  mou- 
rurent l'un  à  "Verceil  en  Piémont,  l'au- 
tre à  Genève.  La  descendance  de  Jac- 
ques, né  en  1G22,  s'était  définitivement 
établie  à  Genève  vers  l'époque  de  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  car  qua- 
tre des  six  enfants  qu'il  avait  moururent 
dans  cette  ville  (de  1709  à  1738).  Son  fils 
aîné,  Jean,  né  en  1651,  mort  en  1737, 
épousa  Louise  Vazeille,  dont  il  eut  douze 
enfants.  L'aîné,  Guillaume,  né  en  1685, 
épousa  en  1715  Marie,  fille  de  Jacques 
Privât,  de  Nîmes,  qui  lui  donna  six  fils 
et  cinq  filles,  dont  quatre  furent  mariées 
à  Genève  :  Marie  (1716-1773),  femme  de 
François  de  La  Rive  ;  Louise  (171 9-1793), 
femme,  en  1750,  du  pasteur  Daniel  de 
Rochemont  ;  Jeanne  (1720-1 786),  femme 
de  Jean-Louis  Lamande;  Isabelle  (1731- 
1758),  femme,  en  1752,  du  professeur 
Louis  Necker,  seigneur  deGermagny.Un 
frère  de  ces  quatre  dames,  Antoine  An- 
dré, né  en  1717,  s'établit  à  Southampton, 
puis  à  Londres,  où  il  mourut  en  1769; 
il  avait  épousé  Marie-Louise  Girardot. 
L'aîné  de  ses  fils,  Jean  André,  né  à  Lon- 
dres en  1750,  acquit  une  place,  au  prix 
de  sa  vie,  dans  l'histoire  de  la  guerre  de 
l'Angleterre  contre  les  Etats-Unis  d'A- 
mérique. Nous  laissons  ici  la  parole  aux 
biographes  anglais  :  «  Jean  avait  com- 
mencé sa  carrière  par  le  commerce,  mais 
plein  du  désir  d'embrasser  la  vie  de  sol- 
dat. Une  déception  de  cœur  raviva  ses 
premières  velléités  et  il  entra  dans  l'ar- 
mée. En  1780,  il  était  en  Amérique  et 
servait  comme  adjudant  général  sous  les 
ordres  de  sir  Henry  Clinton.  Un  des  gé- 
néraux américains,  Arnold,  ayant  résolu 
de  faire  sa  soumission  au  gouvernement 
anglais,  le  major  André  fut  désigné  pour 
conclure  la  négociation  avec  lui.  Le  gé- 
néral Arnold  gagna  en  toute  sûreté  les 
lignes  britanniques;  mais  André  fut  dé- 
couvert et,  comme  il  avait  pris  un  dégui- 
sement, il  fut  traité  comme  espion  et 
pendu.  Il  n'avait  pas  encore  trente  ans. 
Sa  mort  causa  une  explosion  de  douleur 
en  Angleterre.  On  lui  éleva  un  monu- 
ment funéraire  dans  l'église  de  "West- 


213 


ANDRE  —  AXDRIEF 


214 


minsteren  1781,  et  le  roi  George  111  ac- 
corda en  môme  temps  le  titre  de  baronnet 
à  Guillaume-Louis  André,  jeune  frère  du 
défunt.  Ce  dernier,  né  en  1760,  mourut 
sans  héritier,  à  Londres,  en  1802.  Qua- 
rante ans  plus  tard,  la  reconnaissance 
britannique  pour  le  dévouement  du  jeune 
officier  n'était  pas  refroidie,  car  ce  fut 
alors  (nov.  1821)  que,  sur  les  ordres  du 
roi  Georges  IV  et  par  les  soins  du  con- 
sul anglais  de  New-York,  on  rapporta 
d'Amérique,  pour  les  déposer  dans  le 
monument  de  Westminster,  les  restes 
de  Jean  André.  Sa  famille,  quoique  de- 
venue bien  anglaise,  n'avait  nullement 
oublié  son  origine,  car  on  trouve,  dans 
la  seconde  moitié  du  XVIIIe  siècle  et 
jusqu'au  milieu  du  XIXe,  sept  de  ses 
membres  investis  des  fonctions  de  di- 
recteur de  l'hospice  des  pauvres  pro- 
testants français  réfugiés  à  Londres. 
Ce  sont  :  David,  frère  d'Antoine,  1756; 
David  junior,  fils  du  précédent,  en 
1782;  Jean-Louis,  autre  frère  d'An- 
toine, en  1786  et  1809;  sir  William- 
Lewis,  leur  neveu,  en  1793;  Jacques- 
Pierre,  fils  de  Jean-Louis,  en  1814  ;  enfin 
un  second  Jacques-Pierre,  fils  du  pré- 
cédent, en  1846.  Guillaume  André, 
cinquième  et  dernier  frère  d'Antoine 
(1732-1814),  eut  pour  femme  Marianne 
de  Félice,  et  vécut  à  Naples,  où  demeu- 
rèrent ses  descendants. 

Cette  branche  abondante  établie  sur- 
tout en  Angleterre  provenait  tout  en- 
tière de  Guillaume,  l'aîné  des  douze  en- 
fants de  Jean  André  (1651-1737)  et  de 
Louise  Vazeille  ;  la  plupart  des  autres 
moururent  très-jeunes,  excepté  Jean,  né 
en  1689,  mort  à  Genève  en  1764,  Marie, 
née  en  1693,  épouse  de  Jérôme  David  et 
qui  n'eut  qu'une  fille  dont  la  descen- 
dance existe  dans  les  familles  Hagermann 
et  de  Bussierre;  Jean-Louis,  né  en  1700, 
mort  à  Nîmes  en  1765;  enfin  Jacques, 
auteur  d'une  branche  nouvelle  non  moins 
considérable  que  celle  de  son  frère  aîné. 

Jacques,  onzième  enfant  de  Jean  et 
de  LouiseVazeille,  naquit  en  1699  et  mou- 
rut à  Nîmes  en  1775.  Il  épousa  Suzanne 
Audibert  (morte  en  1742)  et  il  eut  aussi 
douze  enfants.  Le  troisième,  Jean-Jac- 
ques, ne  laissa  que  des  filles,  dont  l'aînée, 
Anne,  épousa  en  1782  Jean  Pieyre,  de- 
puis préfet  et  baron  de  l'Empire,  lequel 


appartenait  à  la  famille  Pieyre  ou  Le 
Pieyre  des  environs  de  Valleraugue,  qui 
fournit  du  temps  de  Jeanne  d'Albret  un 
des  défenseurs  de  Navarreins  et  vers  la 
fin  du  dernier  siècle  un  poète  dramati- 
que [Haag,  VIII, 241].  Le  sixième,  Jean, 
né  en  1 734,  fut  guillotiné  à  Nîmes  en  1 793. 
Il  laissa  de  Marguerite  de  Villas  sa 
femme,  une  fille  mariée  à  Jean  Bonioux 
et  un  fils,  Dominique  (1766-1844)  qui  de 
Nîmes,  de  Lyon  et  de  Gènes  où  sa  fa- 
mille avait  depuis  longtemps  formé  di- 
vers établissements  de  banque,  se  trans- 
porta à  Paris.  Il  y  fut  l'un  des  membres 
du  Consistoire  central  lors  de  la  réorga- 
nisation de  l'Eglise  réformée  de  France. 
Quelques  mois  avant  l'exécution  révolu- 
tionnaire subie  par  son  père,  il  avait 
épousé  Marie  (ou  Mira)  Rivet  dont  il 
eut  trois  fils  :  Marie- Jean  (20  déc.  1793- 
1850),  Louis  et  Ernest  ;  le  premier,  re- 
ceveur général  des  finances,  épousa  en 
1825  Henriette,  fille  de  Frédéric  Wal- 
ther,  général  et  comte  de  l'Empire;  le 
second,  manufacturier,  épousa  en  1836 
Blanche,  fille  de  J.-A.-A.  Poupart,  ba- 
ron de  Neuflize,  et  le  troisième  (1803- 
1863),  banquier,  membre  du  consistoire 
de  Paris  et  député  au  Corps  législatif, 
épousa  en  1832,  Louise-Mathilde  Got- 
iier.  Du  premier  mariage  est  né  M.  Al- 
fred André,  banquier,  membre  du  con- 
sistoire de  l'Eglise  réformée  de  Paris, 
député  de  la  Seine  à  l'Assemblée  natio- 
nale de  1871,  et  du  dernier  M.  Edouard 
André,  officier  de  cavalerie,  ancien  dé- 
puté du  Gard. 

Smiles,  The  Huguenots,  496.  -  Agnew,  Protestant 
exiles,  II,  Ma.  —  M.  Ern.  André,  par  E.  Jourdan  de 
Hertz;  Paris,  1804,  )>r.  in-8°. 

ANDRÉ  (Françoise  d1),  1674  [III, 
108].  —  (Théophile  d'),  assisté  à  Lon- 
dres, 1705. 

ANDRED1EU  (d'),  voy.  Chavagnac. 

ANDREHON,  ministre  de  Lambesc, 
1685  [V,  337  a]. 

ANDREIN  (Arnauld  d'),  «  natif  du 
pais  de  Béarn,  »  étudiant  à  Genève, 
4559. 

ANDRETTE  (Marguerite),  de  Mont- 
pellier, assistée  à  Genève  pour  gagner  la 
Hollande,  1692.  —  (Jeanne),  d'Aiguesvi- 
ves,  assistée  à  Genève  en  allant  joindre 
son  père  en  Angleterre,  1700. 

1.  ANDRIEU  (Gaspard).  deMison  en 


24i 


AXDPJEU  —  AXDROUET 


2ifi 


Dauphiné,  reçu  habitant  de  Genève, 
16  oct.  157-2.  —  (Jacques \  Normandie, 
1675  [VI,  545  a].—  (JeanK  sieur  du  Lonsr, 
refus,  en  Angleterre  v.  1G84  [IX,  452  b]. 
—  ànêrimt,  à  Montagnac,  1698  [VIII, 
456  al.  —  Andrieu,  assisté  en  Anale- 
terre,"  1701  [VII,  50  a].  —  (François, 
Louis  et  Guillaume),  naturalisés  anglais 
en  1087  et  IV00  [Aenew  I,  44,  B5].  — 
(Pierre),  fils  de  feu  Jean,  de  Cajare  en 
Quercy,  chirurgien,  réfusié  à  Genève 
v.  1719. 

2.  AXDR1EU  (Charles),  pasteur  àTu- 
renne.  en  KV20.  Il  publia  à  Bergerac  en 
1611,  in-8°,  une  réfutation  du  «  Catho- 
lique anti-calviniste  «  d'Alex.  Regourd, 
ouvrage  qui  parait  avoir  eu  de  son  temps 
quelque  réputation,  si  l'on  en  juge  par 
le  titre  qu'il  donna  à  sa  réfutation  :  la 
Défaite  de  Goliath.  On  cite  encore  de 
lui  un  Colloque  ainical  imprimé  dans 
la  même  ville  [Haag  I.  97:  X. 

ANDRIEU  (IaAAfl  n'),  seigneur  d'en 
Cabos,  épouse  à  Castres,  12  juin  10C0, 
Marguerite  fille  d'Antoine  d'Alric,  de 
Revel.  ^Pradel.) 

ANDRÎEUX,  pasteur'à  Poitiers.  1561 
(BuIl.XW  Etienne),  fondeur 

et  fileur,  réfusié  à  Halberstadt.  17 

AXDRIXET  (Claude,  George?  et  Hr- 
quet),  massacrés  à  Lourmarir 
470]. 

AXDRION  (Sara).  V.  1650  [VII. 
557  a].  —  (Jean),  d'Orpière,  assisté  à 
Genève,  1706. 

ANDflOIS  Jacqi  :- ',  smgneur  de 
Marguerite?  [Haag  I,  97 1,  le  plus  ancien 
des  conseillers  au  présidial  de  Ximes, 
en  l'année  1507,  c'est-à-dire  à  l'époque 
du  funeste  massacre  commis  dans  cette 
ville  par  les  protestants  et  connu  sous 
le  nom  de  la  Michelade  (Voir  Vital 
<7'Albe.\as).  Impliqué  à  tort  ou  à  raison 
dans  cette  affaire  déplorable,  il  fut  ar- 
rêté et  conduit  à  Toulouse  sous  bonne 
escorte.  Un  arrêt  du  -26  avril  1569  le 
condamna  à  mort,  et  le  jour  même,  il 
fut  exécuté.  Traîné,  la  corde  au  cou,  sur 
une  claie  à  la  queue  d'un  cheval,  à  tra- 
vers toutes  les  rues  de  Toulouse,  il  eut 
la  tète  tranchée  sur  la  place  S. -George, 
et  son  corps  fut  mis  en  quartier-,  B 
tête  portée  à  Ximes  fut  exposée  sur  une 
des  portes  de  la  ville.  Tous  ses  biens 
Turent  confisqués.  Ce  fut  peut-être  dans 


l'espoir  d'une  restitution  qu'un  de  se? 
parents ,  Louis  Andron ,  seigneur  de 
Marguerites,  et  contrôleur  du  domaine 
de  la  sénéchaussée,  consentit  à  trahir 
son  parti  et  sa  religion,  en  entrant, 
en  1 575,  dans  une  conspiration  qui  avait 
pour  but  de  livrer  Ximes  aux  catholi- 
ques, mais  qui  échoua. 

1.  AXDROUET  DU  CERCEAU  Mac 
architecte  et  surtout  graveur  ha- 
bile [Haag  I.  97],  tige  d'une  dynastie 
d'artistes  de  son  nom. 

Pour  lui.  il  semble  qu'il  fut  le  fils  d'un 
cabaretier  de  Paris,  qui  avait  un  cer- 
ceau d'or  pour  enseigne.  Son  contempo- 
rain La  Croix  du  Maine  parle  de  lui  dans 
sa  Bibliot h.  française,  en  1584,  époque 
où  l'artiste  vivait  encore  et  dit  :  a  Jacq. 
Androuet,  parisien,  surnommé  Du  Cer- 
ceau qui  est  à  dire  cercle,  lequel  nom  il 
a  retenu  pour  avoir  un  cerceau  pendu  à 
sa  maison  pour  la  remarquer  et  y  servir 
d'enseigne,  ce  que  je  dis  en  passant 
pour  ceux  qui  ignoreraient  la  cause  de  ce 
surnom.  »  Ce  qui  n'empêche  pas  qu'on 
ne  trouve  dans  plusieurs  actes  ses  des- 
cendants qualifiés  de  sieurs  du  Cerceau. 
On  croit  Jacques  Androuet  né  vers  1515 
et  mort  vers  1585,  mais  sans  rien  savoir 
de  plus  précis  à  cet  égard  et  sans  rien 
connaître  des  particularités  de  sa  vie,  si 
ce  n'est  qu'il  était  fidèle  et  zélé  hugue- 
not. Ses  premiers  ouvrages  de  gravure 
furent  une  carte  du  pays  manceau  pu- 
bliée au  Mans  en  1539  et  un  recueil, 
gravé,  d'arcs  de  triomphe  imprimé  à 
Orléans  en  1519.  Dans  son  livre  des 
«  plus  excellents  bastimens  de  France,  » 
il  parle  des  travaux  d'architecture  qu'il 
avait  exécutés  au  château  de  Montargis. 
il  rappelle  les  conversations  qu'il  eut 
sur  ce  sujet,  à  Montartris  même,  avec 
le  roi,  et  un  auteur  du  même  temps  lui 
attribue  la  construction  du  chœur  de 
l'église  de  Montargis  'Guill.  Morin.  Hist. 
gêner .  des  pays  de  Gastinois,  Senonois 
et  Hure-pois;  Paris,  1636),  Il  était  donc 
architecte  et  il  faut  bien  qu'il  ait  paru 
grand  architecte  à  quelques-uns  puis- 
qu'un étranger,  Jean  Vredemann,  dans 
son  Architectura  imprimée  à  Anvers 
en  1577.  mentionne  simultanément: 
«  Le  très  renommé  Vitruvius ,  Sebas- 
tiaen  Serlio  et  l'expert  Jacobus  An- 
drouetius  Cerseau.  r>  Cependant  il  est 


247 


ANDROUET 


248 


manifeste  que  l'exécution  de  ses  gra- 
vures extrêmement  nombreuses  et  des 
livres  qui  les  renferment,  ont  été  la 
grande  occupation  de  sa  vie.  Yoici  la 
liste  de  ses  ouvrages  ;  sans  tenir  compte 
des  planches  qu'il  a  gravées  en  dehors 
et  dont  le  catalogue  est  encore  à  rédiger  : 

I.  Carte  pour  la  Description  de  tout 
le  pays  et  comté  du  Maine  par  Macé 
Ogier,  prêtre;  Le  Mans,  1539. 11  y  aurait 
des  éditions  de  la  carte  datées  du  Mans, 
1565,  de  Tours  et  de  Paris  ;  et  cependant 
cet  ouvrage  serait  perdu. 

II.  Recueil  de  vingt-cinq  arcs  de 
triomphe;  Orléans,  1549;  25  planches 
in-fol.  sans  titre,  mais  avec  une  suscrip- 
tion  gravée  :  «  Jacobus  Androuetius 
du  Cerceau  lectoribus  salutem.  En  vobis 
candidi  lectores  et  architectural  studiosi 
quinque  et  viginti  exempla  arcuum,  par- 
tim  a  me  inventa,  partim  ex  veterum 
desumpta  monumentis,  etc. 

III.  Recueil  de  fragments  antiques, 
d'après  Léonard  Thierry  (ou  Thiry),  mort 
récemment  à  Anvers  ;  douze  planches 
sans  titre,  mais  avec  un  frontispice  gravé 
contenant  une  épître  latine  au  lecteur  ; 
Orléans,  1550,  in-fol. 

IV.  Recueil  de  temples,  bâtis  à  la 
manière  antique  à  Rome  et  ailleurs,  re- 
produits en  geometral  et  en  perspective. 
Pas  de  titre  ;  mais  une  épître  latine  au  lec- 
teur gravée  en  tête;  Orléans,  1550,  in-fol. 

V.  Liber  de  eo  picturse  génère  quod 
Grottesche  vocant  Itali.  Orléans,  1550, 
in-4°;  réimprimé,  augmenté  et  publié  de 
nouveau  à  Paris  en  1562  et  par  Wechel 
(Paris),  1566.  (Deux  feuilles  de  texte  et 
35  pi.  contenant  60  sujets.)  «  Délicieuse 
collection  d'arabesques  qui  décèle  une 
originalité  ainsi  qu'une*facilité  d'inven- 
tion extraordinaires.  »  (Berty.) 

VI.  Livre  de  perspective  ou  Vues  de 
ruines  antiques,  inscrites  dans  des  cer- 
cles. Avec  une  épître  latine  au  lecteur. 
Orléans,  1551  ;  20  pi.;  pas  de  titre. 

VII.  Livre  d'Architecture,  contenant 
les  plans  et  dessaings  de  50  bastimens 
tous  différens  pour  instruire  ceux  qui 
désirent  bastir,  soient  de  petit,  moyen 
ou  grand  estât;  avec  déclaration  des 
membres  et  commoditez  et  nombre  des 
toises  que  contient  chacun  bastiment, 
dont  l'élévation  des  faces  est  figurée  sur 
chacun  plan.    Paris,   Benoist-Prevost, 


1559,  in-fol.  50  pi.  L'ouvrage  est  dédié 
au  roi  (Henri  H)  auquel  l'auteur  dit  : 
«  Sire,  J'ay  autres-foys  receu  tant  de 
faveur  de  Vostre  Majesté  qu'elle  a  bien 
voulu  employer  quelques  heures  de 
temps  à  veoir  et  contempler  aucuns  pe- 
tits plans  et  pourtraictz  de  bastimens  de 
temples  et  logis  domestiques  par  moy 
desseignés  et  imprimés,  es  quels  elle 
receut  (comme  me  sembla)  plaisir  et 
délectation.  Qui  fut  cause  que  dès  lors 
je  proposay  d'en  composer  quelques 
autres...  chose  que  je  n'ay  peu  exécuter 
si  promptement  qu'avoys  la  volonté.... 
Qui  sera  pour  enrichir  et  embellir  de 
plus  en  plus  cestuy  vostre  si  florissant 
royaume  :  le  quel  de  jour  en  jour  on 
voyt  augmenter  de  tant  beaux  et  somp- 
tueux édifices  que  doresnavant  vos  sub- 
jectz  n'auront  occasion  de  voyager  en 
estrange  pais  pour  en  veoir  de  mieux 
composez.  Et  d'avantage  V.  M.  prenant 
plaisir  et  délectation  mesmes  à  l'entre- 
tenement  de  si  excellens  ouvriers  de 
vostre  nation,  il  ne  sera  plus  besoin 
avoir  recours  aux  estrangiers.  » 

VIII.  Jacobi  Androuetii  de  Cerceau 
liber  novus  amplectens  multas  et  varias 
omnis  ordinis,  tam  antiquorum  quam 
modernorum,  fabricas  ;  jam  recens  sedi- 
tus,  anno  MDLX;  26  pi.  in-fol.  faisant 
suite  au  recueil  de  1559. 

IX.  Livre  d'architecture  contenant 
plusieurs  et  diverses  ordonnances  de 
cheminées,  lucarnes,  portes,  fontaines, 
puis  et  pavillons,  pour  enrichir  tant  le 
dedans  que  le  dehors  de  tous  édifices,  avec 
les  desseins  de  dix  sépultures  toutes  dif- 
férentes. Paris,  André  Wechel,  1561, 
in-fol.,  deux  feuilles  de  textes  et  62  pi. 
Cet  ouvrage,  dédié  à  Charles  IX,  est 
considéré  comme  le  second  tome  de  ce- 
lui de  1559.  Il  en  parut  en  même  temps 
ou  du  moins  sous  la  même  date  de 
1561,  un  texte  latin  :  De  architectura 
opus  alterum  quo  complures  et  variée 
describuntur  rationes  ad  imas  camino- 
rum  partes  circa  focum  decorandas,  ad 
fenestras  e  tectis  prominentes  quas 
Galli  lucarnas  vocant...  etc.  Ce  second 
livre  d'architecture  contient  20  figures 
de  cheminées,  12  de  lucarnes,  14  de 
portes,  6  de  fontaines,  6  de  puits,  6  de 
pavillons  de  jardin  et  10  de  tombeaux. 

X.  Leçons  de  perspective  positive; 


249 


ANDROUET 


250 


Paris,  Mamert  Pâtisson,  1576,  petit 
in-fol.  avec  préface,  12  pages  de  texte 
explicatif  et  60  pi. 

XI.  Le  premier  volume  des  plus 
excellens  bastimens  de  France,  auquel 
sont  designpz  les  plans  de  quinze  bas- 
timens et  de  leur  contenu  :  ensemble  les 
élévations  et  singularitez  d'un  chascun. 
Paris,  1576,  in-fol.,  dédié  à  la  reine  Ca- 
therine de  Médicis.  Ces  excellents  bâ- 
timents sont  les  châteaux  royaux  du 
Louvre,  de  Vincennes,  Chambord,  Bou- 
logne (ou  Madrid),  Creil,  Coucy,  Folem- 
bray  (près  Chauny),  Montargis,  S.-Ger- 
main-en-Laye  et  La  Muette;  plus  les 
châteaux  particuliers  de  Yallery  (près 
Fontainebleau),  Verneuil  (près  Senlis\ 
Ancy-le-Franc,  Gaillon  et  de  Manne 
(près  Ancy-le-Franc). 

XII.  Le  second  volume  des  plus 
excellens  bastimens  de  France  auquel 
sont  désignez,  etc.  Paris,  Gilles  Beys, 
1579,  in-fol.  Ce  volume  contient  les 
plans  et  dessins  de  huit  maisons  royales  : 
Blois,  Amboyse,  Fontainebleau,  Vil- 
liers-Coste-Rets,  Charleval,  les  Thuille- 
ries,  Sainct-Maur,  Chenonceau;  et  sept 
maisons  particulières  :  Chantilly,  Anet, 
Escouan,  Dampierre,  Challuau,  Beaure- 
gard,  Bury.  On  fit  une  seconde  édition 
des  deux  parties  de  l'ouvrage  en  1607 
et  une  troisième  en  1648.  Il  offre  un  in- 
térêt archéologique  des  plus  vifs,  car 
presque  tous  les  monuments  qu'il  re- 
présente sont  aujourd'hui  mutilés  sinon 
détruits. 

XIII.  Livre  d'architecture  de  Jacques 
Androuet  du  Cerceau  auquel  sont  conte- 
nues diverses  ordonnances  de  plants 
et  élévations  de  bastiments  pour  sei- 
gneurs, gentilshommes  et  autres  qui  vou- 
dront bastir  aux  champs,  etc.  Paris, 
in-fol.  (Troisième  suite  de  VII  et  IX.) 

XIV.  Livre  des  édifices  antiques  ro- 
mains contenant  les  ordonnances  et 
desseings  des  plus  signalez  et  princi- 
paux bastimens  qui  se  trouvoient  à 
Rome  du  temps  qu'elle  estoit  dans  sa 
plus  grande  fleur.  1584,  in-fol.;  63  pi. 

Ce  dernier  ouvrage  ne  porte  pas  d'in- 
dication de  lieu  et  il  est  dédié  à  Jacques 
de  Savoie,  duc  de  Nemours,  qui  s'était 
retiré  depuis  plusieurs  années  à  Annecy. 
Androuet  lui  parle,  dans  cette  dédicace, 
en  serviteur  qui  faisait  partie  de  sa  mai- 


son et  passait  auprès  de  lui  o  ses  vieux 
ans.  »  On  s'étonnera  peut-être  d'un  tel 
patronage,  mais  on  doit  se  souvenir  que 
le  duc  avait  épousé  (1566)  la  fille  de 
Renée  de  France,  Anne  d'Esté,  après 
l'assassinat  du  duc  de  Guise  son  pre- 
mier mari,  et  Du  Cerceau,  excellent  et 
comme  artiste  et  comme  huguenot,  de- 
vait nécessairement  avoir  été  un  pro- 
tégé de  la  duchesse  de  Ferrare  dans  sa 
résidence  de  Montargis.  Or  le  duc  étant 
mort  à  Annecy  en  1585,  on  suppose 
que  le  commensal,  alors  septuagénaire, 
précéda  ou  suivit  de  près  son  maître 
dans  la  tombe,  et  que  son  dernier  ou- 
vrage n'accuse  point  de  lieu  d'impres- 
sion, parce  que  ce  lieu  pourrait  bien  être 
la  cité  de  Calvin. 

2.  Baptiste  Androuet  du  Cerceau 
était  fils  de  Jacques.  Il  était  encore 
jeune  en  1575,  époque  où  il  apparaît 
dans  un  passage  des  <<  Mémoires  du 
duc  de  Nevers  «  ainsi  conçu  :  «  Finale- 
ment il  (Henri  III)  institua  une  garde 
nouvelle,  que  l'on  appeloit  les  45  gen- 
tilshommes ordinaires,  parce  qu'ils  le 
suivoient  toute  l'année,  en  tous  lieux  où 
S.  M.  alloit,  desquels  il  n'en  prist  un 
seul  qui  fust  huguenot,  témoignage  très 
suffisant  de  l'intérieur  de  ce  prince.  Le- 
quel on  ne  sçauroit  contredire  sinon  que 
pour  un  certain  petit  architecte,  nommé 
Du  Cerceau,  que  par  faute  d'autre  il  prit 
à  son  service  en  l'année  1575,  lorsque 
S.  M.  estoit  en  si  grande  affection  de 
faire  bastir  une  maison  de  plaisance  au- 
tour de  Paris,  pource  que  ce  petit  homme 
pourtrait  fort  bien  et  mieux  qu'homme 
de  France,  et  estoit  diligent,  actif  et 
soigneux  aux  commandements  qui  lui 
estoient  faicts.  Et  aussi  que  S.  M.  estoit 
contrainte  de  se  servir  d'un  peintre  qui 
souloit  faire  des  inventions  pour  des 
mascarades  et  tournois,  nommé  De  Ma- 
gny,  lequel  tant  pour  son  âge  qu'aussi 
pour  ne  se  connoitre  guère  au  fait  de 
l'architecture,  et  avoit  la  main  dure  pour 
en  dresser  pourtraits,  ne  pouvoit  satis- 
faire au  gré  de  S.  M.  et  estoit  contrainct 
de  faire  travailler  sous  luy  ledict  Du 
Cerceau,  qui  estoit  un  jeune  garçon,  fils 
de  Du  Cerceau  bourgeois  de  Montargis, 
lequel  a  esté  des  plus  grands  architectes 
de  nostre  France.  Et  par  ce  moyen  il 
fut  introduit  au  service  de  6.  M.  sans 


âol- 


ANDROUET 


252 


quelle  lereeonneust  pour  huguenot.  Le- 
dit Du  Cerceau  a  bien  fait  pénitence  en 
sa  charge,  ayant  fait  plus  de  pourtraits 
de  monastères,  églises,  chapelles,  ora- 
toires et  autels  pour  dire  la  messe  que 
jamais  architecte  en  France  en  ait  fait 
en  cinquante  ans,  et  de  fait  il  ne  bou- 
geoit  ordinairement  d'avec  les  Capucins, 
Minimes,  Feuillans,  Jésuites  et  autres 
religieux  et  prestres  avec  lesquels  S.  M. 
lu  y  avoit  commandé  de  conférer  pour 
dresser  les  bastiments  et  églises  à  leur 
commodité.  » 

Mais  bientôt  Baptiste  Androuet  s'é- 
leva aux  suprêmes  honneurs  de  l'art 
qu'il  avait  appris  à  l'école  paternelle. 
Au  printemps  do  1578  il  fut  chargé  de 
commencer  la  construction  du  Pont- 
Neuf  de  Paris  et  vers  la  fin  de  la  même 
année,  il  eut  la  haute  fortune  de  rem- 
placer Pierre  Lescot,  récemment  dé- 
cédé, dans  la  direction  des  travaux  du 
Louvre.  On  le  trouve  énoncé  dans  une 
pièce  de  l'an  1586  comme  étant  :  «  no- 
ble homme  Baptiste  Androuet,  sieur  du 
Serseau,  Conseiller  du  Roy,  architecte 
ordinaire  dudit  seigneur  et  commis  par 
lui  pour  ordonner  de  tous  les  ouvrages 
des  bastimens  et  édifices  de  S.  M.  et 
despense  qui' y  convient  de  faire.  » 

Cependant,  le  roi  fut  contraint  par  les 
réclamations  des  catholiques  de  congé- 
dier u  cet  homme  excellent  et  singulier 
dans  son  art,  »  comme  L'Es  toile  l'ap- 
pelle ;  lequel  ajoute  qu'au  mois  de  décem- 
bre 1585  l'habile  architecte  se  retira,  ai- 
mant mieux  «  quitter  ses  biens  que  re- 
tourner à  la  messe  et  abandonnant  sa 
maison  qu'il  avoit  nouvellement  bastie 
avec  grand  artifice  et  plaisir  au  com- 
mencement du  Pré-aux-Clercs  *.  »  11 
avait  épousé  Marie  Ragnidier  dont  il 
eut  plusieurs  enfants,  et  mourut  en  1002. 

3.  En  1576  figurait  parmi  les  secré- 
taires employés  dans  la  maison  du  duc 
d'Anjou  un  Jacques  Endrouet.  C'est  un 
frère  de  Baptiste  et  a  l'époque  où  ce 
dernier  cessa  de  vivre,  Jacques  acheta 
la  maison  du  Pré-aux-Clercs;  il  porte, 
sur  l'acte,  les  titres  de  contrôleur  et 
architecte  des  bâtiments  du  roi.  On  peut 
donc,  uvec  vraisemblance,  lui  attribuer 

«  Cette  maison  était  sur  l'emplacement  occupe  au- 
jourd'hui par  les  bâtiments  de  lu  rue  Bonaparte,  entre 
le»  rue»  Jacob  et  des  Murais  (Visconlii. 


l'ouvrage  suivant  :  Plans  et  dessins  de 
Chantilly,  comme  étoient  le  château  et 
parc  en  1592,  suivant  les  dessins  levés  et 
faits  par  Androuet  du  Cerceau,  archi- 
tecte du  Roi;  in-fol.  dédié  par  le  libraire 
Langlois  au  prince  de  Condé.  (Biblioth. 
Mazarine.) 

Le  registre  du  cimetière  de  la  rue  des 
Sts-Pères  porte  que  :  «  Le  17ejourde  sep- 
temb.  1614,  deffunct  Jacques  Androuet 
du  Cerceau,  architecte  des  bastimens  du 
roy,  estant  de  la  vrayo  religion,  a  esté 
enterré...  par  le  fossoyeur  du  d.  cime- 
tière, où  le  corps  a  esté  accompagné  par 
de  ses  amis  et  archers  du  guet.  »  La 
part  de  ce  Jacques  dans  la  gloire  de  sa 
famille  est  d'avoir  construit  la  seconde 
partie  de  la  grande  galerie  du  Louvre, 
dont  il  reçut  la  charge  au  mois  de  mars 
15'J5  et  qui  fut  achevée  vers  1609.  Il 
avait  épousé  Marie  de  M alapert  qui  lui 
donna  au  moins  trois  enfants  :  1°  Anne, 
mariée  en  avril  163 i  à  Jean  d'Ensquer- 
que,  secrétaire  d'ambassade  des  Etats- 
Généraux;  2°  Marie  (1610-1650),  mariée 
en  1627  à  Elie  Bédé,  sieur  des  Fouge- 
rais,  régent  de  la  faculté  de  médecine; 
3°  Gaspard,  officier  au  service  de  Hol- 
lande, marié  au  temple  de  Charenton, 
18  janv.  1638,  avec  Anne,  fille  de  feu 
Moise  Carré ,  médecin  du  roi  [VIII , 
•21)5  a]. 

■i.  Jean  Androuet.  Les  enfants  de 
Baptiste  Androuet  et  de  Marie  Ragni- 
dier étaient  encore  mineurs  en  161)2. 
L'un  d'eux,  nommé  Jean,  fut  appelé  par 
ordre  du  roi,  le  30  septemb.  1617,  à  la 
place  d'architecte  de  S.  M.  en  remplace- 
ment  d'Ant.  Mestivier,  décédé.  Ce  fut 
Jean  qui,  associé  à  deux  autres  artistes, 
entreprit  en  1639  la  reconstruction  du 
Pont-au-Change  ;  ce  fut  aussi  lui  qui 
construisit  à  Paris  les  hôtels  de  Breton' 
villiers,  de  Bellegarde  et,  de  1624  à 
1630,  l'hôtel  de  Sully,  qui  subsiste  en- 
core (rue  S.-Antoine,  n°  143).  On  le 
trouve  cité  dans  divers  actes  jusqu'en 
1649  ;  mais  on  n'a  aucun  autre  rensei- 
gnement à  son  égard. 

5.  Chakles  Androuet  se  trouve  in- 
scrit dans  la  maison  du  duc  d'Anjou,  à 
la  date  de  1580,  comme  «  vallet  de 
garderoljbe.  »  11  est  probable,  que  c'est 
un  troisième  fils  de  Jacques  Androuet  i 
et  un  frère  de  Baptise  et  de  Jacques  II. 


t>o3 


AXDROUET 


AXE  AU 


2oi 


(i.  Un  quatrième  lils  do  Jacques  I  pa- 
rait être  .Moïse  Androuet,  commissaire 
ordinaire  de  l'artillerie,  à  qui  sa  femme, 
Madeleine  de  Court  il  ou  Du  Courty, 
donna  entre  autres  enfants  :  1°  Jean,  né 
à  Verneuil-sur-Oise,  architecte,  enterré 
au  cimetière  des  SS. -Pères  le  26  septem- 
bre 1644,  à  l'âge  de  21  ans ,  -,'"  Jacques, 
sieur  des  Bardillières,  orfèvre,  qui  épousa, 
à  Charenton,  août  1661 ,  Marie,  fille  de 
Paul  Bèliard  et  de  Jeanne  Collet,  dont 
il  eut  :  Jacques,  baptisé  le  24  sept.  1662  ; 
Marie,  enterrée  le  1er  juin  1665;  Fran- 
çois, baptisé  le  21  fév.  1666.  Les  regis- 
tres de  l'église  de  Bois-le-Roi,  près  Fon- 
tainebleau, donnent  à  ce  dernier  quatre 
enfants  :  François,  Anne-Marie.  V 
et  Baptiste,  les  trois  premiers  morts  en 
bas  ùge.  Il  est  qualifié  :  Receveur  et 
bourgeois  de  Paris. 

7.  Pale  Androuet  du  Cerceau,  que 
nous  ne  savons  à  quelle  branche  ratta- 
cher, florissait  à  Paris,  comme  graveur, 
en  1660.  On  lui  attribue  divers  recueils 
d'ornements  publiés  par  Poilly.  Le  cata- 
logue du  cabinet  Reynard  (184647)  cite 
de  lui  :  lu  Frises  propres  pour  les  pein- 
tres, sculpteurs,  orfèvres,  etc.  nouvel- 
lement inventées  et  gravées  par  P. -A.  Du- 
cerceau;  Pans,  J.  Mariette,  six  pièces; 
—  2°  Ornement  à  la  mode,  inv.  et  grav. 
par  Ducerceau;  Paris,  X.  Langlois, 
six  pièces  et  au  bas  du  n°  ï  :  peint  par 
Le  Sueur,  grave  par  Ducerceau  ;  — 
3°  Montants  d'ornements  ;  Paris,  X.  Lan- 
glois, six  pièces;  —  4°  Nouveau  livre 
d'ornements  d'orfèvrerie,  fait  par  Du- 
cerceau ;  Paris,  X.  Langlois.  six  p 

— -  5°  Ornements  des  appartenu n S. s  d>  la 
reine  au   vieux  Louvre,  par    le    sieur 
Errard ,   gravé   par    P.-A.   Ducei 
Paris,  Langlois  ;  six  pièces. 
On  trouve  encore  cités  dans  les  a 

8.  Etienne,  inhumé  le  -23  janvier  1616. 

9.  Anne,  femme  de  Jean  des  Mazis, 
sieur  de  Tilly,  inhumée  le  28  avril  1666. 

10.  Paul,  horloger  à  Paris,  lequel  ab- 
jura en  1685  (Bibi.  nat.  niss  fr.  791,  3), 
mais  dont  l'exemple  ne  fut  pas  suivi  par 
sa  femme  qui  fut  enfermée  dans  un 
couvent  en  108C(.i>r/i.  E.  3372)  où  on  la 
détenait  encore  en  1687  bien  qu'elle  fit 
valoir  son  origine  hollandaise  (E,  3373;  ; 
non  plus  que  par  une  demoiselle  An- 
drouet du  Cerceau  qui  réussit  à  p 


dans  les  pays  étrangers  en  1686  [Arch. 
Tt,  252). 

1 1.  Jean,  connu  par  un  a  traité  d  asso- 
ciation entre  deux  peintres  doreurs  , 
François  Comberoure,  de  La  Crose  en 
Yivarais,  et  Jean  Ducerceau,  deParis  »  ; 
1689.  (Genève  ;minut.  de  J.  Fornet.not.; 

1 2.  Jacques  Androuet  du  Cerceau  (dif- 
férent de  Jacques  n°  3, ,  architecte  du 
roi,  parrain  à  Charenton  en  1627  et  1638 
JV1I1,  295  a]. 

13.  Jacques  et  sa  descendance,  qui 
rentrèrent  dans  le  catholicisme.  Jac- 
ques Androuet  du  Cerceau,  natif  de 
Verneuil-sur-Oise,  commis  aux  gabelles, 
fut  enterré,  25  avril  1689,  en  l'église 
S.-Séverin  à  Paris.  11  laissa  entre  au- 
tres enfants  un  fils,  Paul,  dessinateur, 
qui  épousa  Marie  Chevrol  en  fév.  1691 
et  mourut  en  1710  laissant  entre  autres 
lils  :  Guillaume -Gabriel  qui  prenait 
alors  le  titre  de  :  Dessinateur  pour  le 
Roy.  »  C'est  peut-être  à  cette  branche 
qu'appartient  le  père  jésuite,  Jean-An- 
toine du  Cerceau  (1670-1 730  ,  qui  s'acquit 
une  certaine  célébrité  dans  la  poésie  la- 
tine et  française  (Voy,  Biogr.  Didot,. 

Adolphe  Berly,  dans;  |«  Uvll.\,  3:13;  2*  les  yraadl 
.Ircliitectes  franc,  de  la  Renalisanee ,  Paris,  «800, 
in-IJ;  3*  Topographie  Itistor.  du  vieux  Paris;  1888, 
in-i  ,  t.  Il,  (•.  83-90.  Pour  les  œuvres  parée*  »'es  An- 
drouets,  voir  la  li>t.'  irès-abondante  dressée  par  Brunet, 
Mun.  du  Libraire.  —  Voir  aussi,  dans  le  D  ut  io  nu.  cri- 
tique de  Jal,  l'article  Cuceu ,  curieux  pour  ses  erreurs. 

AXDROULV,  La  Rochelle,  1681 
,V1I,  417  b,  note  1]. 

Amiuzk,  voy.  Airebaudouze. 

AN  EAU   ou   1.  Al.  XE  AL    (Darptho- 

,  qui  latinisait  son  nom  en  Anulus, 

latin  et  français,  né  à  Bourges  au 

commencement  du  XVIe  siècle,  et  mas- 

sacré  à   Lyon   comme   protestant,   au 

mois  de  juin  1561  LUaag  I,  101]. 

Aneau  étudia  à  Bourges  sous  le  ce* 
Melchior  "Wolmar ,  et  fut  sans 
doute  le  condisciple  d'Amyot,  de  Bèze 
et  de  Calvin.  Ses  progrès  dans  les  lan- 
gues grecque  et  latine  répondirent  aux 
soins  de  l'habile  maître  qui  le  dirigea 
dans  ses  études.  Wolmar  avait,  selon 
de  Thou,  un  merveilleux  talent  pour 
instruire  la  jeunesse,  —  et  un  plus  mer- 
veilleux talent  encore,  ajoute  le  P.  Co- 
lonia,  pour  l'empoisonner  en  l'instrui- 
sant. Aneau  cependant,  ne  parait  pas 
avoir  jamais  fait  profession  ouverte  du 
protestantisme ,   et  nous   n'avons   rien 


255 


ANEAU  —  ANGE 


256 


remarqué,  non  plus,  dans  ses  ouvrages 
qui  sentît  nettement  l'hérésie.  En  1529, 
les  échevins  de  la  ville  de  Lyon  l'appe- 
lèrent de  Bourges  pour  lui  confier  la 
chaire  de  rhétorique  dans  le  collège  de 
la  Trinité  qu'ils  venaient  de  fonder.  Il 
accepta  cette  place  et  s'acquitta  de  ses 
devoirs  avec  autant  de  zèle  quedetalent. 
Après  dix  années  d'exercice  comme 
régent,  il  fut  chargé  par  le  consulat  de 
la  ville  de  l'administration  supérieure 
du  collège.  Il  s'en  acquitta  jusqu'en  1550, 
époque  à  laquelle  il  donna  volontaire- 
ment sa  démission.  Mais  en  1558,  il 
reprit  ses  fonctions.  A  cet  effet,  un  con- 
trat fut  signé  (29  sept.)  pour  quatre  ans. 
Remise  lui  fat  faite  des  bâtiments  du 
collège,  avec  les  meubles  et  les  usten- 
siles qui  le  garnissaient,  et  le  consulat 
s'engagea  à  lui  compter  une  somme  de 
400  livres  chaque  année,  indépendam- 
ment de  15  livres  par  an  pour  trois  mes- 
ses basses  qu'il  devait  faire  célébrer 
chaque  semaine.  Une  clause  du  con- 
trat l'obligeait  à  n'admettre  aucun  ré- 
gent qu'il  n'eût  au  préalable  présenté  au 
consulat  qui  se  réservait  de  l'interroger 
pour  juger  s'il  était  capable  et  de  bonnes 
mœurs.  Et,  en  outre,  il  lui  était  expres- 
sément enjoint  de  ne  permettre  «  estre 
leu  ni  enseigné  au  dict  collège  aulcune 
doctrine,  ni  livres  défendus  ou  censu- 
rez, contre  l'honneur,  auctorité  et  dé- 
fense de  nostre  mère  sainte  Eglise,  et 
souffrir  au  dict  collège  estre  tenu  pro- 
pos, ni  dogmatisant  ni  enseignant  maul- 
vaise  doctrine  en  particulier  ni  en  gé- 
néral. »  Cette  clause  fut-elle  fidèlement 
observée?  On  l'ignore;  toujours  est-il 
que  le  collège  de  la  Trinité  vit  renaître 
son  ancienne  prospérité,  ce  qui  permit 
à  Aneau  de  faire  un  mariage  avanta- 
geux. Mais  il  ne  devait  pas  jouir  long- 
temps du  fruit  de  ses  peines.  Rubys(Hist. 
véritable  de  Lyon),  rapporte  qu'au  mois 
de  juin  1561,  un  orfèvre  de  la  religion 
nommé  Denis  de  Valois  ayant  accosté 
le  prêtre  qui  portait  le  saint-sacrement 
dans  une  procession,  le  lui  arracha  des 
mains,  jeta  l'hostie  à  terre  et  la  foula 
aux  pieds.  Ce  malheureux  fanatique  fut 
livré  à  la  justice,  et  exécuté  le  jour 
même.  Le  peuple  se  porta  ensuite  en 
foule  au  collège  qu'on  lui  désignait 
comme  le  foyer  de  l'hérésie.  L'infortuné 


Aneau  se  présente,  il  cherche  à  désar- 
mer ses  meurtriers,  mais  en  vain;  il  est 
massacré  sans  pitié.  Il  est  présumable 
qu' Aneau  ne  fut  pas  la  seule  victime. 
Bayle  rapporte  que  François  Junius 
étant  alors  à  Lyon  où  il  recevait  des  le- 
çons de  Barthélémy  Aneau,  faillit  périr 
aussi  dans  le  tumulte.  Quant  à  la  femme 
d' Aneau,  le  prévôt  lui  sauva  la  vie  en 
la  faisant  emprisonner.  Le  P.  de  Saint- 
Aubin,  le  P.  Dorigny,  Guadin,  Severt, 
Le  Laboureur  confirment  le  récit  de 
Rubys.  Au  rapport  de  ce  même  histo- 
rien, Aneau  «  sentoit  mal  de  la  foy  :  c'es- 
toit  lui  qui  avoit  semé  l'hérésie  à  Lyon; 
il  avoit  corrompu  et  gasté  plusieurs 
jeunes  hommes  de  bonnes  maisons  de 
Lyon  qui  furent  les  chefz  de  la  révolte 
de  la  ville,  et  avoient  tous  esté  ses  dis- 
ciples ;  il  les  avoit  desvoyez  de  la  reli- 
gion de  leurs  pères.  »>  Cependant,  il  ne  fit 
aucun  acte  d'adhésion  à  la  Réforme, 
et  quelques  semaines  après  sa  mort 
tragique,  le  2  août  1561,  l'abbaye  de 
S.-Pierre  de  Lyon  reçut  une  donation 
signée  :  «  Claudine  Dumas,  veuve  de 
Me  Barthélémy  l'Agneau,  en  son  vivant 
principal  du  collège  de  Lyon,  a  Le  parti 
catholique  de  Lyon  semble  avoir  exagéré 
les  insinuations  dirigées  contre  le  mal- 
heureux pédagogue  pour  atténuer  le 
crime  populaire  dont  il  fut  victime.  Ses 
ouvrages,  au  nombre  d'une  quinzaine, 
la  plupart  en  vers  français  (Chant  natal 
ou  noëls  et  chansons,  1539;  —  Lyon 
marchant,  ou  comparaison  de  Lyon, 
Paris,  Rouen,  etc.  ;  —  E?nblèmes  d' Ai- 
dât; —  Description  des  animaux;  — 
Picta  poesis,  1552,  etc.),  annoncent  un 
esprit  littéraire  avant  tout,  et  sans  cou- 
leur religieuse. 

ANER1N  (Pierre)  et  sa  femme ,  de 
Lourmarin,  assistés  en  passant  à  Ge- 
nève, 1697. 

ANET  (Anne  d'),  Normandie,  v.  1600 
[II,  512  b]. 

ANFRAY  (Marin),  de  Rouen,  reçu 
habitant  de  Genève,  17  août  1556. 

ANGAIS  (Rachel  d'),  de  Berenx, 
veuve  du  Sr  de  Lagarde ,  ministre  à  Mo- 
nein,  1677  (Arch.  B.-Pyr.  E,  1576). 

Anoalin,  voy.  Astugue. 

ANGE  (Guillaume  d'),  d'Uzôs,  mar- 
chand, sa  femme,  trois  enfants  et  une  ser- 
vante, réfugiés  au  Werder  (Berlin),  1698. 


257 


ANGEBRAS 


ANGENNES 


2o8 


ANGEBRAS,  pasteur,  1654  {Bull. 
X,  48). 

AXGELI  ou  ANGELY ,  capitaine, 
1573  [IV,  482  a].  —  (Xoël),  ministre  à 
Maringues,  1637  [X,  344].  —  (Isaac), 
d'Uzès,  orfèvre,  réfugié  à  Berlin,  1685 
(111,  512  b). —  (François),  de  Montpel- 
lier, horloger,  reçu  habitant  de  Genève. 
14  nov.  1681. —  (Louis),  d'Uzès,  étudiant 
à  Genève.  1685.  —  (Louis-,  «  d'une 
bonne  famille  du  Vigan,  »  réfugié  et  as- 
sisté àGenève,  1700. — (Jean),  d'Uzès, 
orfèvre,  réfugié  à  Berlin,  1700.  —  (la 
veuve)  enceinte  etayant  déjà  un  enfant, 
réfugiée  et  assistée  à  Genève,  1690.  — 
(Pierre  ,  de  Lyon,  et  son  fils  assistés  en 
passant  par  Genève  pour  se  réfugier  à 
Berne,  1701.— (David),  chantre  de  l'église 
française  de  Magdebourg,  auteur  d'une 
Jïistoire  de  la  ville  de  Magdebourg  (  ! 
voy.  X Intermédiaire,  1874,  col.  429. 

AXGELIER  (Jacq.)  et  sa  femme,  na- 
turalisés anglais.  —  (Marc  et  Michel). 
id.  :  tous  en  mars  1 1 

AXGELIX  (Léonard),  «  pignier,  na- 
tif de  Larbey  '?),  en  Dauphiné,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  18  octob.  1557.  — 
(Jean,  de  Larbre(?),  et  son  fils,  assistés 
àGenève,  1705.  —  .Jacques,  lils  de  feu 
Pierre),  de  Larbre  en  Dauphiné,  travail- 
lant aux  indiennes,  reçu  habitant  de 
Genève,  23  déc.  1716. 

AXGELERAS  (Jean  ,  d'Uzès,  plan- 
teur de  tabac,  réfugié  avec  sa  femme  et 
son  fils  à  Wiraden,  1698. 

AXGEI, RAS  .  Mathieu  d'),  capitaine 
d'infanterie,  originaire  de  Ximes,  mort 
à  Berlin  en  Moi.  François,  un  de  ses 
frères,  ofticier  du  même  grade,  marié 
à  Anne  de  Ghoudens  de  Gremma  (Er- 
man  IX,  6). 

AXGEXXES  [if)  de  Montlouët.  de 
Rambouillet,  etc.[Haagl,  109].— Antoi- 
nette, v.  1575  [IV,  354  a).  =  Armes.  De 
sable  au  sautoir  d'argent. 

François d'ANGENNEs [111, 388 a,  416 a; 
VI,  .135  a,  236  al,  septième  fils  de  Jacques 
d'Angennes  et  d'Isabeau  Cotereau  [IV, 
souche  des  marquis  de  Montlouët, 
maréchal  de  camp  dans  les  armées  du 
roi,  ambassadeur  en  Suisse,  gouverneur 
de  Xogent  et  favori  de  Catherine  de  lfé- 
dicis.  Attaché  en  qualité  de  chambellan 
à  la  personne  du  duc  d'Alençon,  il  sui- 
vit, à  ce  qu'il  parait,  la  fortune  de  ce 


prince  jusqu  à  sa  mort.  Mais  il  était  de- 
puis longtemps  dévoué  aux  principes  de 
la  Réforme,  car  à  lui  seul  peut  s'appli- 
quer cette  mention  du  registre  des  nou- 
veaux habitants  de  Genève,  sous  la  date 
du  3  avril  1559  :  François  Dangene  Jilz 
de  monsieur  de  Rambouillet .  Toujours 
est-il  qu'on  ne  le  trouve  cité  au  nombre 
des  chefs  huguenots  qu'à  partir  de  1587 
(cependant  voy.  111.  388  a.  416  a:  il  y 
est  question  de  lui  dès  1569  et  avant), 
où  il  figure  parmi  les  membres  du  con- 
seil qui  assistait  le  duc  de  Bouillon,  lieu- 
tenant pour  le  roi  de  Navarre  dans  l'ar- 
mée allemande .  Pendant  la  pénible 
marche  des  reitres  à  travers  les  provin- 
ces de  la  France,  Montlouët  trouva  plus 
d'une  occision  de  donner  des  preuves 
de  sa  brillante  valeur,  et  après  la  défaite 
d'Auneau.  «  il  se  retira  sans  s'enga- 
dit  Du  Plessis-Mornay  dans  une 
lettre  au  sieur  de  Tm  Marsillière.  Il  ga- 
u'iia  Montauban  où  il  arriva  dans  le 
mois  de  janvier  1588.  Nommé  gouver- 
neur de  Mazères,  il  fit  échouer  une  ten- 
tative des  ligueurs  sur  cette  ville,  l'an 
[589,  en  se  portant  à  leur  rencontre,  et 
les  battant  près  de  Montjart.  Peu  de 
temps  après,  nous  le  retrouvons  à  La 
Rochelle,  assistant,  comme  dépm 
églises  en  deçà  de  la  Loire,  aux  délibé- 
rations de  l'assemblée  qui  se  tenait  dans 
cette  ville.  La  même  année,  il  en  partit 
pour  conduire  au  roi  de  Navarre  l'artil- 
lerie destinée  à  battre  en  brèche  le  châ- 
teau de  Beauvoir-î-ur-Mer.  En  1590,  à 
la  tète  de  quelques  cavaliers,  il  força  les 
ligueurs  à  lever  le  siège  de  Mainte- 
non,  château  appartenant  à  une  branche 
de  sa  famille,  et  à  se  retirer  avec  tant 
de  précipitation,  qu'ils  lui  abandonnèrent 
leur  canon  et  leur  bagage. 

Serviteur  fidèle  de  Henri  IV,  il  con- 
tinua de  partager  ses  travaux  et  ses  pé- 
rils. 11  se  signala  notamment  à  la  ba- 
taille d'Ivry  où  il  fut  blessé.  La  con- 
version du  roi  n'altéra  en  rien  son 
dévouement;  toutefois,  comme  il  était 
sincèrement  attaché  à  la  foi  protestante, 
sa  loyauté  ne  l'empêcha  pas  de  travail- 
ler de  tout  son  pouvoir  à  obtenir  pour 
l'Eglise  réformée  les  garanties  que  la 
cour  s'obstinait  à  refuser,  il  joua  donc 
un  rôle  important  à  la  célèbre  assemblée 
de  Mantes  en  1593,  et  il  fut  un  des  com- 

i.  9 


Q.H6 


ANGENNËS 


260 


missaires  auxquels  fut  confié  le  soin  de 
poursuivre  le  redressement  des  griefs 
des  protestants. 

L'année  suivante,  Montlouët  accom- 
pagna Henri  IV  au  siège  de  Laon;  il  y 
fut  fait  prisonnier ,  mais  Mayenne  le 
renvoya  sur  parole  en  le  chargeant  de 
porter  au  roi  des  propositions  d'accom- 
modement. En  1596,  l'assemblée  poli- 
tique de  Loudun  l'ayant  invité  à  venir 
dans  son  sein  renouveler  le  serment  de 
Mantes,  il  s'excusa  par  une  lettre  qui 
est  simplement  mentionnée  dans  les  ac- 
tes de  cette  assemblée.  Ce  refus  lui  fut- 
il  dicté  par  la  politique?  On  serait  porté 
à  le  croire  quand  on  considère  la  faveur 
dont  il  jouit  auprès  de  Henri  IV,  faveur 
dont  parlent  les  Mémoires  de  Sully, 
mais  d'un  autre  coté,  il  est  à  supposer 
que,  dans  ce  cas,  sa  conduite  eût  excité 
les  soupçons  de  ses  coreligionnaires, 
qui  paraissent,  au  contraire,  avoir  tou- 
jours eu  de  la  confiance  en  son  zèle 
pour  le  bien  de  l'Eglise  protestante.  Une 
lettre  de  Du  Plessis-Mornay  à  Rivet,  en 
date  du  30  mars  1611,  nous  apprend  en 
effet  que  l'assemblée  de  l'Ile-de-France 
l'avait  élu,  avec  de  Bordes  et  Durant , 
pour  député  à  l'assemblée  générale  qui 
devait  se  tenir  à  Chàtellerault.  C'était 
lui  qui  avait  signé  avec  le  président 
Jeannin  les  patentes  pour  l'établisse- 
ment de  toutes  les  églises  de  cette  pro- 
vince. 

Montlouët  avait  épousé,  le  13  juin 
1572>  Madeleine  du  Broullat,  dame  de 
Montjay  et  de  Lisy-sur-Ourcq  qui,  après 
la  Saint-Barthélémy,  se  retira  à  Sedan 
pour  y  professer  librement  la  religion 
réformée,  et  n'obtint  la  permission  do 
revenir  qu'en  1586.  De  ce  mariage  na- 
quirent un  fils,  Jacques  d'Angennes,  et 
six  lilles  dont  les  généalogistes  ne  nous 
font  connaître  que  les  noms  et  les  al- 
liances. Julienne  épousa  Abraham  de 
Normanville,  seigneur  de  Boscole  dans 
le  pays  de  Caux  ,  Madeleine  fut  accordée 
en  mariage  à  Simon  du  Bue,  seigneur 
de  Fonteny  ;  Anne  tut  mariée  avec  Jean 
de  Be. niveau,  seigneur  d'Espence  ;  Mah- 
GUEiuTE  avec  Jean  de  Cernât/,  seigneur 
d  Alberville  ;  Madeleine-Manie  a\ee  le 
seigneur  de  Longaunay,  et  Louise  j  VU, 
60  aj  avec  Louis  Le  ]'enier,  seigneur  de 
La  lirossière  et  de  Saint-Escobille. 


Jacques  d'Angennes  [VIII,  14  b]  s'at- 
tira de  fâcheuses  affaires  par  l'affection 
qu'il  portait  à  Gaston  d'Orléans,  dont  il 
était  un  des  premiers  gentilhommes  et 
le  grand  louveiier;  plus  d'une  fois  il  fut 
obligé  de  se  cacher  pour  sauver  sa  vie. 
David  Ancillon,  qui  le  connut  person- 
nellement, nous  le  dépeint  dans  ses  Mé- 
langes, publiés  par  son  fils,  comme  un 
gentilhomme  d'esprit,  d'un  caractère  af- 
fable, doux,  bienveillant.  D  Angennes 
vivait  alors  à  Meaux.  Sa  maison  était  le 
rendez-vous  de  la  première  noblesse  du 
pays.  De  leur  côté,  les  églises  de  la  pro- 
vince le  regardaient  comme  leur  protec- 
teur naturel.  Ancillon  raconte  de  lui  un 
trait  de  désintéressement  qui  l'honore. 
Du  Ferreux,  gentilhomme  de  l'Ile-de- 
France,  qui  avait  été  parrain  d'une  de 
ses  lilles,  lui  ayant  légué  une  somme  de 
dix  mille  livres,  Montlouët  se  persuada 
que  son  intention  avait  été  de  faire  in- 
directement une  donation  à  l'église,  ei 
dans  cette  pensée,  il  remit  le  legs  entier 
au  consistoire. 

Jacques  d'Angennes  de  Montlouët 
(qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Jac- 
ques d'Angennes  de  Bambouillet)  avait 
épousé,  le  15  mai  162Q,  Elisabeth  de 
JSettancourt.  Mort  à  Paris,  âgé  de  68  ans, 
il  fut  inhumé  à  Charenton,  le  6  octoh. 
1658.  Il  eut  un  lils ,  tué  à  l'armée,  et 
quatre  lilles  :  Susanne,  épouse  de  Fran- 
çois de  Roffiynac,  seigneur  de  Montreuil 
en  Périgord  ;  Anne  [VI,  49  b],  femme  de 
Philippe  de  Jaucourt,  seigneur  de  Vaux 
et  de  Brazé  en  Bourgogne;  Henriette. 
La  quatrième ,  Antoinette  [Vil,  130], 
donna  sa  main  à  un  capitaine  suisse 
nommé  Mosnicr,  qui  devint  par  ce  ma- 
riage seigneur  de  Lisy.  Ce  fut  dans 
son  château  que  se  tint  le  dernier  sy- 
node de  l'Eglise  protestante  de  France, 
en  1683.  La  révocation  de  ledit  devan- 
tes dispersa  toute  cette  famille.  Les  en- 
fants de  Mosnier  et  sa  femme  s'enfui- 
rent à  Genève,  puis  allèrent  s'établira 
Etoy  (canton  de  Vaud).  Jacques  d'An- 
gennes avait  épousé  en  secondes  noces, 
en  1643,  Marie  Causse,  \eu\e  de  Mar- 
tin du  Candal,  qui  mourut  a  Fans  eu 
1666,  et  il  en  avait  eu  encore  un  lils, 
Fka.v.ois,  né  le  28  mai  1652;  plus  trois 
lilles  :  1°  Madeleine  (pée  en  août  lëii,\ 
dame  de  Lisy,  mariée,  en  166i,  à  Jac- 


2fil 


AXGEXXES  —  ANGLIERS 


262 


ques  Le  Maçon  [VI,  532  b],  seigneur  de 
La  Fontaine,  contrôleur  général  d- 
belles  de  France;  2°  Catherine-Louise 
(morte  en  1665);  3°  Marie-Charlotte, 
née  à  Lisy,  morte  au  refuge  à  Berlin, 
en  1700  Èrman  IX.  7).  On  lit  dans  les 
documents  des  Arrh.  gén.  (E,  3372),  que 
«  Mlles  d'An  go  unes  »  furent  enfermées, 
en  1686,  aux  Xouvelles-Catholiques. 

ANGEH  .  massacréà Claviers 

(Proveni  ■  \.  470]. 

AXGERVILLE  Jean  de  Cernay,  sieur 
p'),  v.  1600  [I.  1  lu  ,  et  ci-dessus  co. 

Michel  Le  Pigné,  sieur  d'},  1621  [V, 
MO 

AXGEV1N    Pierre\  àLoudun,  I 
—  (Esthnne;.  seigneur  de  Laine,  de  la 
ville  d'Orange,  avec  sa  femme  et  deux 
enfants,  réfugié  à  Berlin,  1698. 

ANGEVINE.  Nom  d'une  famille  ré- 
fugiée, v.  1686,  à  la  Nouvelle-Rochelle 
en  Amérique  [VI.  59  a,  note]. 

ANGIBAl'LT  (Daniel;,  1664  [III, 
483  a].  —  Deux  d"cs  Angibaud.  «  reli- 
gionnaires  entêtées;  mises  au  couvent  à 
Saintes:  l'évéque  demande  leur  transla- 
tion à  la  manufacture  (de  travail  forcé) 
à  Bordeaux.  1798  <Arrh.  Tt). 

ANGIBOUD  (Rttrt  d"  ..-irurdeUune, 
molesté  sur  son  droit  d'exercice, 
Tt.  S 

ANi.JCnl'HT  (n),  voy.  Dangicourt. 

ANGEADE  (Elysée)  ,  appelé  aus.-i 
Dangkvh-.  $  Anglade  ou  A'Engtadt 
leur  à  Antlié,  dans  1  Agenois,  en  1603 
X,  271,  322].  Il  fut  appelé  à  remplir  a 
Nîmes  la  chaire  d'hébreu,  qu'il  occupa 
jusqu'en  1607.  Son  traitement  ne  lui 
ayant  pas  été  payé,  nous  ignorons  pour 
quel  motif,  il  réclama,  en  IGli.  l'inter- 
vention du  synode  national  de  Tonneins 
qui  enjoignit  au  synode  du  Haut-Lan- 
guedoc de  faire  droit  à  sa  demand 
prétentions  ayant  été  réduites  par  c 
node  à  la  somme  de  160  francs;  il  se 
montra  peu  satisfait  de  cette  décision, 
comme  le  prouvent  ses  appels  aux  sy- 
nodes provinciaux  d'Alais  et  de  Castres. 
Ce  dernier  rejeta  la  demande.  Anglade 
était  alors  pasteur  à  Pomport,  où  il  rem- 
plissait les  fonctions  du  ministère  au 
moins  depuis  1620,  puisqu'il  ligure  en 
cette  qualité  sur  le  rôle  des  pasteurs  pré- 
senté au  synode  d'Alais,  —  Sur  cette 
même  liste  se  trouve  un  Pie  ire  Anglade 


ou  Danglade  [X,  322]  pasteur  à  Eynesse, 
dans  l'A  génois,  membre  probablement 
de  la  même  famille.  (Haag.) 

ANGLAS.  de  Massiliargues,  obtient 
sous  caution,  en  1710,  d'aller  chercher  à 
Genève  sa  femme  et  sa  fille  qu- 
êtaient réfugiées  (A rch.  lenri. 
(ils  de  feu  i  .  né  à 
Genève,  reçu  habitant   de  cette  ville, 

9  ai 

ANGLE»,  capitaine:  Béziers,  1562  [I, 
V.  397  b].  —  (Joseph  et  m  femme, 
d'Orange,  réfugiés  à  Genève,  1693. 

ANGLI1     -  famille   rocheloise. 

[Haag  I,  un].  —Julie  IV.  860  b;  VI. 
177,  b].  —  Marie  i  VIII. 

Anùliers  (Claude  d'),  chevalier,  sei- 
gneur de  La  8  de  Beaureiraid 
et  de  La  Salle  d'Aitré,  était  flls  de  Pierre 
d'Angliers  qui  portait  les  mêmes  titres 
et  qui  avait  été  proposé  pour  la  mairie 
de  La  Rochelle  en  1517,  puis  élu  en  1526. 
Claude  fut  en  1547  peut-ètr-' 
lieutenant  général  au  présidial  et  an 
!.">.",  7  il  en  devint  président.  Le  chroni- 
queur rochelois ,  Amos  Barbot  ,  dit 
qu'  «  il  estoit  le  plus  relevé  de  tous  les 
habitants  de  La  Rochelle  en  naissance, 
en  biens  et  en  quaii 

hit  un  de  ces  nombreux  sectateurs 
de  l'Eglise  romaine  que  la  Réforn. 
gin  silencieusement  par  le  seul  g] 
de  de  ses  martyrs  et  de  leur  foi.  Les 
doctrines  protestantes  s  étaient  introdui- 
•11e  avant  l'année  1534. 
On  en  a  la  preuve  dans  le  supplice  de 
Marie  Becandellr  ou  Belandelle,  vul- 
gairement appelée  Gâtante.  Cette  jeune 
tille,  natta  ms  le  Poitou, 

était  entrée  comme  domestique  chez  un 
boui-  Rochelle.  «  Elle  receut 

en  peu  de  temps  telle  instruction  en  la 
doctrine    de   l'Evangile,  qu  après  avoir 

-  mee  de  Bondit  m&istm 
tant  de  retour  aux  BattM  .  ne  douta 
de  remonstrer  à  un  cordelier  qu  il  ne 
presi-noit  point  la  parole  de  Dieu,  la- 
quelle chose  elle  lui  monstra  par  pas-  -  i 
notoires  de  la  Bai ncte  Ësch tore.  »  Cette 
hardiesse  éveilla  i  attention  des  i 
on  l'arrêta  et  le  stiiechal  de  Eontenay- 
le-Comte  ia  condamna  à  être  biùiée.  Ma- 
rie vit  tranquillement  s'allumer  le  bû- 
cher et  mourut  «  en  telle  vertu,  dit 
Crespin,  qu  elle  fut  en  admiration. 


263 


ANGLIERS  —  ANGON 


264 


exemple  de  rigueur  n'empêcha  pas  les 
progrès  des  nouvelles  doctrines;  il  ren- 
dit seulement  les  protestants  plus  cir- 
conspects. Eu  1516,  plusieurs  nonnes 
quittèrent  leurs  couvents  pour  se  marier. 
En  1548,  la  sénéchaussée  rendit  des 
sentences  contre  plusieurs  personnes 
qui  lurent  condamnées  à  faire  amende 
honorable.  «  D'autres  furent  bannies  et 
fustigées  jusqu'à  grande  effusion  de  sang, 
avec  défenses  d'user  à  l'avenir  d'aucu- 
nes paroles  hérétiques,  à  peine  d'être 
brûlés  vifs.  »  Barbaries  inutiles!  les 
principes  de  la  Réforme  se  répandaient 
toujours.  Ce  fut  sur  ces  entrefaites,  que 
s'établit  à  La  Rochelle  le  siège  prési- 
dial  dont  Claude  d'Angliers  obtint  peu 
(J' années  après  la  présidence.  Le  nouveau 
tribunal  déploya  tout  d'abord  une  extrê- 
me sévérité  :  Lucas  Manseau  fut  battu 
de  verges  et  banni  ;  Matthias  Couraud, 
dit  Gaston  des  Champs  et  Pierre  Con- 
stantin, furent  condamnés  à  être  brûlés, 
après  avoir  eu  la  langue  coupée.  «  Leur 
cendre,  dit  Philippe  Vincent,  fut  la  se- 
mence d'un  grand  peuple  qui  peu  d'an- 
nées après  s'y  rangea  à  la  religion.  •> 
Le  courage  avec  lequel  ces  malheureux 
subirent  le  supplice,  frappa  leur  juge 
d'une  telle  admiration  qu'il  voulut  con- 
naître une  religion  capable  d'inspirer 
une  foi  aussi  intrépide.  Il  serait  difficile 
de  préciser  l'époque  où  il  se  convertit, 
peut-être  ne  s'y  décida-t-il  qu'à  la  suite 
de  ses  entretiens  avec  Charles  de  Cler- 
mont,  qui,  en  1557,  établit  pour  la  pre- 
mière fois  un  culte  régulier  à  La  Ro- 
chelle. Quoi  qu'il  en  soit ,  il  est  à 
supposer  que  son  penchant  pour  le  pro- 
testantisme lui  inspira  dès  lors  quelque 
indulgence  envers  les  réformés ,  bien 
qu'il  n'ait  jamais  dû  leur  manifester 
bien  haut  sa  protection  ;  car  si  d'Angliers 
possédait  des  talents  éminents,  il  y  joi- 
gnait une  timidité  excessive.  On  raconte 
de  lui  un  trait  qui  prouve  combien  peu 
il  était  brave.  Lorsque,  en  ibbS,  Antoine 
de  Bourbon,  à  son  passage  à  La  Ro- 
chelle, lui  fit  l'honneur  de  l'armer  cheva- 
lier de  sa  propre  main,  d'Angliers  voyant 
l'épée  nue,  ferma  les  yeux  de  peur.  Le 
roi  de  Navarre  lui  dit  alors  en  souriant: 
Monsieur  le  président,  vous  serez  le 
chevalier  craintif.  Avec  de  telles  dispo- 
sitions, d'Angliers  ne  devait  pas  approu- 


ver les  mesures  violentes;  aussi  se  rat- 
tacha-t-il  au  parti  assez  nombreux  qui 
voulait  ménager  la  cour  aux  dépens 
même  de  la  liberté  du  culte.  Il  fit  tout 
ce  qu'il  put,  en  1567,  pour  s'opposer  à 
l'entreprise  de  Pontard,  qui  introduisit 
Sainte-Hermine  dans  La  Rochelle,  et 
assura  ainsi  la  possession  de  cette  im- 
portante cité  aux  protestants.  «  Mais, 
nous  raconte  Amos  Barbot,  il  ne  put 
toutefois  dissuader  le  maire,  quelque 
raison  qu'il  lui  alléguât,  et  aux  minis- 
tres, et  aux  plus  zélés,  auxquels  ledit 
président  en  conféroit  selon  la  naïveté 
de  son  sentiment,  qui  l'en  prirent  en 
soupçon  et  défiance,  dont  il  fut  contraint 
de  se  retirer  en  ses  maisons.  »  Par  cette 
retraite,  d'Angliers  renonça  volontaire- 
ment au  rôle  qu'il  semblait  appelé  à 
jouer,  et  l'histoire  cesse  de  s'occuper  de 
lui  à  dater  de  cette  époque.  Il  avait 
épousé  Catherine,  fille  de  François  Jou- 
bert,  maire  de  La  Rochelle  en  1505,  qui 
lui  donna  au  moins  deux  fils,  Claude  et 
René,  plus  une  fille  Françoise.  Celle-ci 
épousa  Pierre  de  Juye,  écuyer,  Sr  de  La 
Garnerie,  lequel,  en  1568,  remplaça  son 
beau-père  comme  président  du  prési- 
dial.  —  Un  des  parents  de  Claude,  Jean 
d'Angliers,  chanoine  de  la  cathédrale  de 
Saintes,  en  1502,  travailla  à  répandre  la 
Réforme  clans  la  capitale  delaSaintonge, 
ainsi  qu'à  Mortagne,  où  sa  qualité  de 
prieur  d' Armenteuil  lui  facilita  cette  tâ- 
che dangereuse  [I,  111  bj. 

Angliviel,  voy.  La  Beaumelle. 

ANGLOT  (Bersaku  u),  «  tournier  à 
Orléans,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
11  janv.  1557. 

ANGLOT  (d).  capitaine  huguenot,  au- 
vergnat. Il  essaya  de  s'emparer  le  7  sept. 
15(J0 de Langeac,  capitale  du  Langeadois, 
en  faisant  jouer  le  pétard  contre  une  des 
portes  de  la  ville  pendant  la  nuit.  Tou- 
tes les  maisons  voisines  de  la  muraille 
furent  renversées,  mais  la  muraille  ré- 
sista. Il  dut  se  retirer,  mais  pour  revenir 
à  la  charge.  Dans  une  seconde  tentative 
il  obtint  plus  de  succès  et  pénétra  par  la 
brèche  dans  les  premières  rues,  mais 
les  habitants  le  repoussèrent.  (Haao.) 

lmbmlis,  Guerres  de  relui,  en  Auvergne. 

ANGON  (Renaud),  ministre,  Lvon, 
1562  [IX,  399  h,  545  b].  —  Angon, 
1628  [I,  2i9j. 


265 


AXCOT  —  AX.TORRANT 


266 


A  XGOT  (Jacques);  Meaux.  1562  [VII, 
358  b].  —  (Esaïe),  Falaise,  1675  [VI, 
545  a].  —  (Mllc)  retirée  aux  Ursulines  de 
Falaise  où,  sa  mère  refusant  de  payer  sa 
pension,  elle  sollicite  les  secours  du  se- 
crétaire d'Etat,  1698   Arch.  Tt). 

Angoulin,  voy.  Berne. 

AXGOUMAR  (Jacqdbs),  du  Hure, 
estaminier,  réfugié  à  Berlin,  17oo.  — 
Jfarie  Angomare,  37  ans,  enfermée  aux 
Xouv. -Catholiques  de  Rouen,  en  17*1 
(Tt,  302;. 

AXGÔU MOIS  ,'la  veuve  d'Esaïe)  avec 
deux  enfants,  assistée  à  Genève,  1691- 
93.  —  (Susanne),  sa  fille  veuve,  et  trois 
enfants,  assistés  à  Londres,  1702. 

ANGST  (Wolfgang)  (en  latin  Angus- 
tus),  né  à  Kaisersberg  en  Alsace.  flu- 
rissait  dans  la  première  moitié  du 
XVIe  siècle  [Haag  I,  112].  Philologue, 
poète  et  imprimeur,  il  fut  à  ce  triple  ti- 
tre l'ami  de  Reuchlin,  d'Erasme  et  de 
Hutten;  mais  ce  qui  lui  mérite  surtout 
une  place  ici,  c'est  la  part  considérable 
qu'il  prit  à  la  composition  ou  tout  au 
moins  à  la  publication  de  la  célèbre  sa- 
tire protestante  intitulée  :  Episiolx  ob- 
scurorum  virorum.  Cette  impression  ter- 
minée, Angst  partit  pour  Bàle  où  il  tra- 
vailla, en  1517,  à  une  édition  de  quel- 
ques écrits  d'Erasme.  L'année  suivante, 
on  le  retrouve  à  Mayence  occupé  d'une 
édition  de  Tite-Live  et  de  l'impression 
du  traité  de  Hutten  sur  le  gaïac  ;  mais  à 
dater  de  cette  époque,  on  ignore  sa  des- 
tinée. Mohnicke,  auteur  de  l'article  re- 
marquable qui  lui  est  consacré  dans 
l'Encyclopédie  d'Ersch  et  Gruber.  pense 
que  c'est  à  Angst  qu'on  doit  attribuer 
un  autre  écrit  satirique,  le  Triumphus 
Capnionis  (id  est  Reuchlini),  qui  lut  pu- 
blié sous  le  pseudonyme  Eleutherius  By- 
zenus.etne  produisit  pas  moins  do  sen- 
sation que  les  Epistolx. 

ANGUELI  (Jacques)  ,  d'Avranches  , 
secouru  à  Genève  pour  gagner  la  Hol- 
lande, 1709. 

ANGUEXET  (Benjamin),  pasteur,  de 
Vitry  en  Champagne,  environ  de  1632  à 
1664,  vice-président  du  svnode  de  Vitrv 
en  1649  [III,  512  a;  IV.  S50  a;  X,  350]'. 
On  a  de  lui  une  trentaine  de  lettres  à 
Paul  Ferry  (Bibliot.  A  th.  Coquerel). 

Anguvin,  de  Sumène,  ministre  avant 
abjuré,  1686  [III,  435  b]. 


AX1  AS  le  sieur  &'),  duVivarais,  1C2U 
[I,  173  b;  IX,  107  a]. 

ANICE  ((Jean),  sieur  des  Bruères; 
Paris,  1603-1051)  (Bull.  XIII,  230). 

ANIEL  (Simon),  des  Cévennes,  esta- 
minier, réfugié  à  Berlin,  1700. 

ANISSE,  pasteur  de  Beaulieu,  réfu- 
gié à  La  Rochelle  en  1572 [II,  193  b.note]. 

AXISTIX  (Jean),  sa  femme  et  su 
fille,  de  Lourmarin  (Provence),  assistés 
à  Genève  pour  se  réfugier  à  Erlau;  1705. 

A  N.l  AI  1  .François  d')  ou  d'Angeac  (car 
le  lieu  est  l'une  des  deux  communes  du 
dép.  de  la  Charente  qui  portent  ce  nom) 
épousa  Isabeau  des  Challes.  Son  fils  Bal- 
thasar,  écuyer,  sr  de  Corbenit,  fut  marié 
deux  fois  :  1°  avec  Renée  du  Bois;  2°  le 
11  avril  1597  «  suivant  les  rites  des  églises 
prétendues  réformées  de  France,  »  avec 
Marie  de  La  Tour,  dame  de  Mornay  en 
partie,  paroisse  de  S. -Martin  de  la  Coul- 
dre,  près  S. -Jean  d'Angely.  fille  de  feu 
Pierre  et  de  Catherine  du  Sy,  dame  de 
Bonnemie  et  de  Villemartin.  Devenue 
veuve.  Marie  de  La  Tour  se  remaria  avec 
Fram/oisGuillotduDousset.  Oberkampf.) 

AX.IKAX  Gabriel),  sa  femme  et  qua- 
tre enfants,  réfugiés  et  assistés  à  Lon- 
dres. 1721. 

1.  AXJORRAXT,  Amorhvns,  Asjo- 
ran  {Iiigrlranmis).  Xom  d'une  famille  pa- 
risienne originaire  du  Berry.qui  était  ar- 
rivée, au  commencement  du  XVIe  siè- 
cle, aux  hautes  charges  de  la  magistra- 
ture. Plusieurs  Je  ses  membres  siégeaient 
alors  au  parlement.  Le  premier  qui  pro- 
ouvertement  le  protestantisme  se 
nommait  Renaud  Anjorrant ,  sieur  de 
Souillv;  il  fut  reçu  habitant  de  Genève  le 
lOdéc.  155i  [Haag  1,  112:  II,  516].  Ad- 
mis à  la  bourgeoisie  en  1556,  il  arriva, 
en  1570.  au  conseil  des  CC,  et  mourut  le 
25  août  1572.  De  sa  femme  Geneviève, 
lille  de  Guillaume  Aubelyn  sieur  de  La 
Bruyère,  et  de  Françoise  Brachet.  qu'il 
avait  épousée  lo  12  déc.  1559,  et  qui  lui 
survécut  jusqu'au  26  août  1592,  il  avait 
eu  trois  enfants  :  Jean,  filleul  de  Calvin, 
mort  en  bas  âge:  Marie,  femme  de  Xi- 
colas  Andrion ,  et  Jacob,  qui,  né  à  Ge- 
nève en  1566,  fournit,  ainsi  qu'on  va  le 
voir,  une  longue  et  honorable  carrière 
qu'on  peut  décrire  comme  un  modèle  de 
ce  qu'était  la  vie  d'un  magistrat  genevois 
aux  XVIe  et  XVIIe  siècles.  =  Armes: 


-207 


ANJORRANT 


268 


d'azur  à  trois  fleurs  de  lis  naturelles  d'ar- 
gent, tigées  et  feuillées  de  sinople. 

2.  Un  frère  aîné  de  Renaud,  Jean  An- 
jorrant,  seigneur  de  Claye  et  deSouiîly, 
président  au  parlement  de  Paris,  avait 
probablement  aussi  adopté  les  doctri- 
nes nouvelles  :  c'est  lui,  sans  doute, 
qui  figure  dans  une  liste  de  parlemen- 
taires suspects  dressée  en  1562  [IV, 
211  a].  De  son  mariage  avec  Catherine, 
fille  de  Guillaume  Budé  [III,  74  b], 
il  eut  entre  autres  enfants  :  Pierre  , 
conseiller  au  parlement  de  Bretagne, 
mort  à  Genève  le  13  sept.  1589,  âgé  de 
43  ans,  marié  à  Françoise,  fille  de  Jean 
Bullion,  sieur  d'Arny,  et  de  Charlotte 
de  Lamoignon;  et  Catherine,  femme, 
en  1571,  de  Claude  Laumonier  [VI, 
425  a]. 

3.  En  1593,  Jacob  Anjorrant,  âgé  de 
27  ans  et  docteur  en  droit,  débuta  dans 
la  carrière  politique  en  entrant  dans  le 
conseil  des  CC  ou  grand  conseil  de  la 
république  de  Genève.  A  cette  époque, 
Genève  venait  de  soutenir  une  lutte  glo- 
rieuse contre  le  duc  de  Savoie;  mais  les 
efforts  qu'elle  avait  dû  faire  avaient 
épuisé  ses  ressources.  Anjorrant  avait 
attiré  favorablement  sur  sa  personne 
l'attention  de  ses  concitoyens;  car  le 
conseil  ayant  décidé,  au  mois  de  mars 
1593,  de  solliciter  l'appui  financier  des 
Pays-Bas  confia  au  jeune  docteur  cette 
honorai  de  mission.  Anjorrant  voyagea 
ue  ville  en  ville,  de  province  en  province, 
dépeignant  la  situation  critique  de  sa 
patrie  et  lorsqu'il  regagna  Genève  au 
printemps  de  l'année  suivante,  il  ap- 
portait comme  un  témoignage  palpable 
de  la  sympathie  de  la  population  des 
Provinces-Unies  7,500  fl.  en  dons  et 
30,550  il.  en  prêt.  Il  avait  aussi  reçu  le 
mandat  de  demander  aux  provinces  des 
Pays-Bas  la  reconnaissance  des  grades 
conférés  par  l'académie  de  Genève.  Six 
provinces  déférèrent  à  cette  demande  et 
remirent  à  Anjorrant  des  patentes  fort 
honorables;  ainsi  la  patente  décernée  au 
nom  de  la  province  de  Zélande  décla- 
rait «  qu'un  essaim  d'hommes  distingués 
par  leur  science  était  sorti  de  l'académie 
de  Genève  comme  du  cheval  de  Troie, 
pour  se  répandre  sur  la  chrétienté.  » 

En  1595,  Anjorrant  fut  élu  auditeur 
de  justice  et  en  1598  il  entra  dans  le 


conseil  exécutif  ou  petit  conseil,  dont  il 
fut  pendant  quatre  ans  le  secrétaire.  Il 
était  à  peine  installé  dans  son  nouvel 
office,  qu'en  mars  1598,  la  république, 
toujours  à  court  d'argent,  le  députa  au- 
près de  l'électeur  palatin  et  des  Provin- 
ces-Unies pour  les  prier  de  prendre  en 
considération  la  détresse  des  Genevois. 
Anjorrant  s'acquitta  avec  succès  de  cette 
seconde  mission  qui  dura  quatorze  mois. 
Il  obtint  de  l'électeur  palatin  qu'il  fît  re- 
mise aux  Genevois  des  intérêts  qu'ils  lui 
devaient  et  qu'il  accordât  un  délai  pour  le 
remboursement  du  capital.  En  Hollande, 
à  force  de  pressantes  instances,  il  ar- 
racha  aux  Etats  une  subvention  de 
12,000  florins.  «  Les  Etats  l'ont  chargé  en 
prenant  congé,  dit-il,  de  recommander 
à  ses  commettans  de  maintenir  l'acadé- 
mie qui  a  une  grande  réputation,  d'at- 
tirer des  gens  doctes,  d'entretenir  l'im- 
primerie en  bon  état  et  d'avoir  soin  de 
n'employer  que  du  papier  de  bonne  qua- 
lité. »  Au  retour  d' Anjorrant  le  conseil 
lui  témoigna  sa  satisfaction  en  lui  al- 
louant une  gratification  de  300  écus. 

Après  la  conclusion  du  traité  de  Lyon, 
Henri  IV,  au  mépris  des  promesses  qu'il 
avait  faites  aux  Genevois,  ses  alliés  pen- 
dant la  guerre,  avait  gardé  entre  ses 
mains  le  bailliage  de  Gex  conquis  sur  la 
Savoie  par  les  milices  genevoises.  Le  gou- 
vernement de  Genève  espéra  faire  reve- 
nir le  monarque  français  sur  une  résolu- 
tion qu'il  considérait  comme  très-préju- 
diciable à  ses  intérêts  et  dans  ce  but  il 
chargea  Anjorrant  au  mois  de  mars 
1601  de  se  rendre  à  Péris  pour  faire  va- 
loir les  droits  de  la  république  à  la  pos- 
session du  pays  de  Gex.  Anjorrant  ob- 
tint une  audience  de  Henri  IV;  il  parut 
aussi  devant  le  synode  de  l'Eglise  réfor- 
mée assemblé  à  Jargeau  qui,  sur  sa  de- 
mande, appuya  sa  requête  par  une  sup- 
plique adressée  au  roi.  Mais  Anjorrant 
dut  retourner  à  Genève  à  la  fin  de  mai 
sans  avoir  rien  obtenu. 

En  lévrier  1602,  nous  le  retrouvons 
sur  le  chemin  de  Paris.  La  seigneurie 
de  Genève  l'avait  chargé  de  dénomvr 
certains  actes  vexatoires  commis  par  les 
officiers  royaux  du  pays  de  Gex,  de  ré- 
clamer la  souveraineté  de  quelques  vil- 
lages riverains,  du  Rhône  ainsi  que  le 
paiement  d'un  subside  de  20, oui  •  écus 


269 


ANJORRANT 


•270 


que  Henri  IV  s'était  engagé  à  payer  aux 
Genevois.  L'envoyé  obtint  satisfaction 
sur  presque  tous  les  points.  Pendant  ce 
séjour,  il  avait  été  appelé  à  résister  à 
François  de  Sales,  récemment  promu 
à  l'évêehé  de  Genève,  qui  était  accouru  à 
Paris  pour  revendiquer  divers  revenus 
ecclésiastiques  dans  le  pays  de  Gex.  An- 
jorrant  démontra  victorieusement  aux 
yeux  du  gouvernement  français  l'inanité 
des  prétentions  du  prélat.  Anjorrant  était 
revenu  dans  sa  patrie  à  la  fin  de  mai,  et 
le  lï  décembre  de  cette  année  le  duc  de 
Savoie  tentait  la  célèbre  Escalade,  qui 
tourna  à  la  confusion  de  ce  prince  per- 
iide.  Un  détachement  de  troupes  suisses 
vint  à  cette  occasion  concourir  à  la  garde 
de  la  ville  et  Anjorrant  fat  un  des  ma- 
gistrats chargés  île  se  concerter  avec  les 
capitaines  du  continrent  helvétique. 

Lorsque,  au  printemps  de  1003,  des 
pourparlers  furent  en  ira  très  pour  le  réta- 
blissement de  la  paix  entre  la  républi- 
que et  le  duc,  Anjorrant  fut  l'un  des 
députés  qui  êé  rendirent  à  S.-Julien,  le 
"21  mars,  pour  avoir  une  première  entre- 
vue avec  les  diplomates  savoisiens.  Mais 
comme  le  résultat  de  ces  négociations 
était  fort  incertain,  le  gouvernement 
genevois  ne  resta  pas  inactif  et  il  re- 
courut de  nouveau  à  Anjorrant  pour 
réveiller  la  sympathie  d  ran- 

gers en  faveur  de  la  république*  Il  s 'igié- 
sait  surtout  d'obtenir  leur  concours 
financier.  Parti  le  -.':>  avril,  Anjorrant 
se  rendit  d'abord  en  France,  où  il  re- 
cueillit de  la  bouche  de  Henri  IV  1 
surauces  de  l'attachement  qu'il  portait 
à  Genève.  Arrivé  à  Paris,  il  apprit  que 
-•mevois  venaient  de  signer  leur 
paix  avec  le  duc.  Cette  nouvelle  ne 
l'empêcha  point  de  passer  en  Angle- 
terre, conformément  aux  instructions 
qu'il  avait  rerues,  pour  recommander 
au  nouveau  roi  d' Angleterre,  Jacqu* 
les  intérêts  gène 

Anjorrant  séjourna  plus  d'une  année 
dans  la  Grande-Bretagne.  Jacques  Ier 
avait  au  sujet  des  droits  que  la  maison 
de  Savoie  prétendait  avoir  sur  Genève 
des  préventions  que  le  député  genevois 
s'attacha  à  dissiper.  Mais  sa  principale 
préoccupation  était  d'obtenir  des  sub- 
sides. Jacques  ne  voulut  accorder  aucune 
subvention  directe,  cependant  il  ne  fit 


point  difficulté  de  remettre  à  Anjor- 
rant des  lettres  adressées  aux  digni- 
taires du  clergé  anglican,  les  invitant  à 
ouvrir  dans  leurs  diocèses  une  collecte 
en  faveur  de  Genève.  Muni  de  ces  let- 
tres, Anjorrant  entreprit  une  tournée  en 
Angleterre1  et  en  Ecosse.  Partout  il  fut 
bien  accueilli  ;  des  souscriptions  s'ou- 
vrirent sous  les  auspices  des  évèquos 
et  lorsque  Anjorrant  rentra  dans  sa  ville 
natale,  en  avril  lljoj,  il  put  verser  dans 
le  trésor  une  somme  de  3.500  Hv,  st. 

Quelques  mois  après  son  retour.  An* 
jorrant  fut  appelé  à  l'office  de  «  lieute- 
nant de  justice.  »  En  1007  il  fut  porté 
pour  la  première  fois  au  syndicat,  pre- 
mière magistrature  de  Genève.  Rare- 
ment un  citoyen  posséda  d'une  façon 
aussi  peu  contestée  la  confiance  de  ses 
concitoyens;  il  fut  dix  fois  syndic  et 
sept  fois  lieutenant. 

Mais  c'était  surtout  comme  négocia- 
teur qu'Anjorrant  voyait  ses  services 
appréciés.  Incessamment  menacée  par 
le  duc  de  Savoie,  la  république  de  Genève 
attachait  le  plus  grand  prix  au  maintien 
des  relations  amicales  qu'elle  avait  for- 
mées avec  Henri  IV.  En  février  1010, 
Anjorrant  fut  député  auprès  du  monar- 
que français,  pour  lui  présenter  diverses 
demandes.  Le  roi  qui  préparait  alors 
ution  de  son  célèbre  plan  contre 
la  maison  d'Autriche,  fit  très-bon  accueil 
au  député  genevois,  et  ce  dernier  put 
mander  le  [•»  avril  à  ses  concitoyens 
que  le  roi  agréant  une  de  leurs  deman- 
des mettait  à  leur  disposition  une  somme 
d"  7  -J . ( m  mi  1.  pour  soudoyer  la  garnison 
de  leur  ville. 

Lit  14  mai,  Anjorrant  alla  prendre 
congé  du  roi.  qui  se  disposait  à  joindre 
son  armée  et  qui  lui  adressa  ces  pa- 
:  «  Assurez  Messieurs  de  Genève 
que  je  ne  quitterai  jamais  mes  anciens 
serviteurs  pour  de  nouveaux  amis  les- 
quels je  ne  cosnois  encore  bien  et  encor 
que  vous  ne  soyés  mes  subjects,  je  vous 
maintiendrai  comme  si  j'estois  vostre 
père.  » 

Le  jour  même  où  Henri  IV  exprimait 

1  11  te  rendit  d'abord,  quoique  la  peste  j  régnât,  à 
Croydon,  i  ù  se  trouvait  le  protecteur  naturel  de  ses 
demandes,  l'archevêque  de  CantorbérT.  on  a  publié 
iBttll.  xill,  awi  une  lettre  de  lui  sur  e*  voyage,  laqaveOe 
est  adressée  de  Vinchester,  <8  oet.  ioo.i.  a  l'ambassadeur 
d  Angleterre,  à  Paris,  et  signée  d*  Soulty-.4n)orrant. 


271 


ANJORRANT 


272 


ainsi  son  amitié  pour  Genève,  il  tombait 
sous  le  poignard  de  Ravaillac. 

Huit  jours  plus  tard  Anjorrant  était 
admis  à  présenter  ses  hommages  à  la 
régente  Marie  de  Médicis  et  au  roi  mi- 
neur. Plusieurs  seigneurs  de  la  cour,  en- 
tre autres  le  duc  de  Sully,  l'engageaient 
à  mettre  le  genou  en  terre,  disant  qu'ils 
le  faisaient  bien  eux;  mais  le  huguenot 
genevois  s'y  refusa  et  se  contenta  de 
faire  une  profonde  révérence  presque 
jusqu'à  terre.  Après  qu'il  eut  adressé 
son  compliment  à  la  reine  mère,  cette 
princesse  lui  répondit  qu'elle  était  tou- 
chée des  vœux  que  les  Genevois  faisaient 
pour  elle  et  qu'elle  en  userait  vis-à-vis  de 
Genève  comme  le  feu  roi.  L'enfant  royal 
dit  à  son  tour  :  Je  les  aimerai  toujours 
comme...,  puis  se  tournant  vers  M.  de 
Souvray  :je  vous  prie  achevés.  Anjorrant 
rapporta  à  Genève  deux  lettres  signées 
par  la  reine  et  le  jeune  roi  qui  conte- 
naient l'assurance  de  leurs  sentimens 
bienveillans  pour  la  république. 

Cependant  la  mort  de  Henri  FV  avait 
ranimé  les  espérances  des  ennemis  de 
l'indépendance  genevoise  et  on  avait  ap- 
pris que  la  diplomatie  savoisienne  intri- 
guait activement  auprès  de  la  cour  de 
France  pour  la  détacher  des  intérêts  de 
la  république  protestante.  Le  conseil  ré- 
solut au  mois  de  septembre  1610  de  ren- 
voyer à  Paris  Anjorrant  pour  suivre  de 
près  et  déjouer  ces  manœuvres.  Il  de- 
meura en  France  plus  d'une  année, 
plaidant  en  toute  occasion  auprès  de  la 
régente  et  de  ses  ministres  la  cause  de  la 
république,  et  lorsqu'il  regagna  Genève 
au  mois  d'octobre  1611,  il  rapportait 
128,186  1.,  dont  68,000"  provenant  de  la 
subvention  du  roi,  le  reste  dû  aux  libé- 
ralités des  églises  françaises  réformées. 
Les  principaux  citoyens  s'étant  alors 
volontairement  imposés  pour  la  fortifi- 
cation de  la  ville,  Anjorrant  s'était  taxé 
lui-même  à  5  fi.  par  semaine. 

La  république  mit  de  nouveau  à  l'é- 
preuve le  zèle  d' Anjorrant  en  l'envoyant 
encoreàla  cour  deFrance,  enl612, 1616, 
1617  et  1G19.  L'objet  de  ces  missions  réi- 
térées était  bien  monotone  ;  il  s'agissait 
de  réclamer  et  d'encaisser  la  subvention 
annuelle  de  72,000  1.  par  laquelle  la 
France  s'était  engagée  à  reconnaître 
les  services  rendus  par  les  Genevois  à 


Henri  IY.  Anjorrant  parlait  souvent  à 
des  sourds,  et  il  dut  quelquefois  revenir 
les  mains  vides  ou  avec  une  subvention 
trôs-réduite.  En  1618,  le  roi  avait  écrit 
dans  l'ordonnance  de  payement  ma  ville 
de  Genève;  Anjorrant  signala  cette  ex- 
pression incorrecte  et  la  fit  réformer. 
Lors  de  sa  députation  en  1619,  qui  se 
prolongea  jusqu'en  juin  1621,  la  situa- 
tion d' Anjorrant  était  particulièrement 
délicate  ;  car  une  partie  des  protestants 
du  Midi  avaient  levé  l'étendard  de  la  ré- 
volte, et  le  député  de  la  ville  huguenote 
par  excellence  faisait  une  assez  étrange 
figure  en  suivant  de  ville  en  ville  le  camp 
du  roi  pour  solliciter  des  subsides  que 
dans  de  telles  circonstances  on  n'était 
guère  disposé  à  lui  octroyer.  Le  gouver- 
nement royal  pria  le  député  genevois 
d'user  de  son  crédit  auprès  de  l'assem- 
blée réunie  à  La  Rochelle  pour  l'engager 
à  se  séparer.  Une  pareille  demande  ren- 
dait Anjorrant  très-perplexe  ;  il  ne  pou- 
vait ni  répondre  par  un  refus  à  un  mo- 
narque dont  il  implorait  une  faveur,  ni 
compromettre  sa  qualité  de  représentant 
de  la  république  genevoise  en  se  pro- 
nonçant pour  la  cause  royale.  Il  se  tira 
d'embarras  en  promettantd'écrire  comme 
simple  particulier  à  quelques-uns  des 
gentilshommes  réunis  à  La  Rochelle, 
pour  les  engager  à  poser  les  armes.  An- 
jorrant dut,  certes,  s'estimer  heureux 
d'avoir  tiré  du  Roi,  par  ses  importunités 
en  cette  année  de  guerre  civile  (1621). 
une  somme  de  60,000  1. 

On  comprend  sans  peine  qu'Anjor- 
rant  éprouvât  quelque  lassitude  ;  aussi, 
lorsqu'en  février  1622,  le  conseil  l'eut 
désigné  de  nouveau  pour  une  ambassade 
en  France,  il  déclina  cet  honneur,  et  ses 
excuses  furent  admises. 

Ces  missions,  d'ailleurs,  dont  on  acca- 
blait Anjorrant,  n'étaient  rien  moins  que 
lucratives.  Au  retour  d'une  de  ces  dépu- 
tations,  il  expose  au  conseil  qu'il  a  «  dé- 
pensé 400  1.  en  sus  des  3  écus  par  jour 
qui  lui  sont  alloués,  priant  la  seigneurie 
d'aviser;  car  il  n'est  pas  raisonnable 
qu'en  servant  fidèlement  le  public  avec 
beaucoup  de  peine,  il  y  aille  du  sien.  >< 
Le  conseil  s'empressa  de  rembourser  cet 
infatigable  serviteur. 

Lorsque  Louis  XIII,  à  la  fin  de  l'an- 
née 1652,  après  avoir  pacifié  le  Midi,  se 


2?:J» 


ANJORRANT 


t>7  t 


fut  mis  en  route  pour  regagner  sa  capi- 
tale en  suivant  la  vallée  du  Rhône,  le 
conseil  résolut  d'envoyer  deux  députés  à 
Grenoble  pour  le  complimenter.  Anjor- 
rant  fut  l'un  d'eux.  Les  députés  portaient 
quatre  truites  pour  le  roi  et  deux  pour  le 
connétable.  Dans  un  entretien  qu'ils  eu- 
rent avec  le  connétable,  ce  seigneur  leur 
dit  :  «  Vous  autres  Messieurs  de  Genève 
('■tes  toujours  en  appréhension,  je  sais 
bien  un  moyen  de  vous  garantir,  c'est  de 
vous  mettre  entre  les  mains  du  Roi  avec 
vos  libertés  et  vos  franchises.  »  11  ou- 
bliait qu'il  y  a  tel  remède  pire  que  le 
mal. 

En  janvier  1624,  Anjorrant  reçut  de 
nouveau  le  mandat  d'aller  défendre,  au- 
près du  gouvernement  français,  les  in- 
térêts de  sa  patrie.  Le  ministre..  La  Vieu- 
ville,  lui  témoigna  alors  tout  le  déplaisir 
que  causait  au  roi  le  séjour  de  à'Aubi- 
Qué  sur  le  territoire  de  la  république. 
Anjorrant  excusa  de  son  mieux  son  gou- 
vernement, félicita  le  roi  sur  le  mariage 
île  sa  sœur  Henriette,  et  revint  à  Genève 
en  mai  1625;  porteur  d'une  allocation  de 
.">0,000  1.  Ce  fut  pendant  ce  séjour  d' An- 
jorrant en  France  que  le  cardinal  de  Ri- 
chelieu fut  chargé  de  la  direction  des 
affaires  étrangères,  et  Anjorrant  avait 
conféré  avec  ce  grand  ministre  sur  les 
affaires  de  sa  patrie. 

En  septembre  1029.  Anjorrant.  àeé  de 
63  ans,  fut  appelé  une  dernière  foi- 
rendre  en  France  avec  le  conseiller  Sa- 
rasin;  mais  il  obtint  la  permission,  vu 
ses  infirmités,  de  se  retirer  après  qu'il 
aurait  exposé  l'objet  de  sa  mission.  De 
retour  à  Genève,  sur  la  tin  de  décembre, 
il  cessa  dès  lors  de  courir  en  ambassade: 
mais  il  continua  de  servir  la  république 
dans  les  plus  hautes  fonctions  de  l'Etat. 

En  1632,  il  fut  un  des  conseillers  char- 
gés de  s'aboucher  avec  le  baron  Rasche. 
envoyé  de  Gustave- Adolphe,  et  de  rédiger 
une  réponse  aux  propositions  d'alliance 
faites  par  ce  monarque. 

En  1638.  la  fille  d'Anjorrant  épousa  le 
syndic  Ami  Favre ,  et  à  cette  occasion, 
le  Deux-Cents,  eu  égard  aux  grands  ser- 
vices d'Anjorrant,  rendus  depuis  45  ans, 
accorda  au  beau-père  et  au  gendre  une 
dispense  de  l'édit  qui  ne  leur  eut  pas 
permis  de  faire  partie  ensemble  du  con- 
seil. 


Le  1er  janvier  1647,  Anjorrant,  qui 
avait  atteint  sa  quatre-vingtième  année, 
ayant  été  présenté  en  première  ligne  au 
conseil  des  Deux-Cents  pour  le  syndicat, 
se  lève  et  prie  les  assistants,  en  raison 
des  infirmités  de  son  grand  âge,  de  le 
vouloir  décharger  de  l'emploi  auquel  il 
est  appelé,  protestant  de  vouloir  conti- 
nuer jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  en  l'affection 
et  au  service  qu'il  doit  à  l'Etat.  L'assem- 
blée agréa  les  excuses  du  vénérable  vieil- 
lard, et  en  son  nom  le  premier  s\ndic 
sortant  de  charge  le  remercia  arec  éloges 
des  longs  et  grands  services  qu'il  avait 
rendus  ci-devant  au  public. 

Le  terme  de  ses  jours  ne  tarda  pa> 
beaucoup  à  suivre  pour  Anjorrant  la 
clôture  de  sa  carrière  politique,  li  expira 
le  -20  janvier,  ùcé  de  si  ans.  (A.  Roget.) 

Registres  des  conseils  de  Genève.  —  Galiffe,  III,  lu. 

'i.  Tous  les  Anjorransde  Paris  qui  sui- 
vaient la  Réforme  n'étaient  point  passés 
à  Genève  :  car  on  trouve  dans  les  bap- 
têmes de  Charenton.  en  1596,  celui  de 
Marie,  fille  de  Jean  Anjorrant  et  de 
Sidonie  Timpian.  Au  XY1P  siècle,  on 
a  les  faits  suivants  :  Jeanne  Anjorrant 
épousa  Daniel  de  Ti.s-.sard.  sieur  de  Diche- 
Toucheronde.  et  lui  donna  un  fils,  1)\- 
mei.,  qui,  du  chef  de  sa  mère,  devint  sei- 
gneur des  trois  quarts  de  Claye,  berceau 
féodal  de  la  famille.  Louis  Anjorrant, 
pi tare  de  Renaud  et  avocat  du  roi  à  la  cour 
omptes  en  1498,  était  déjà  seigneur 
de  Claye.  Un  arrêt  du  parlem.  de  Pa- 
ris, en  date  du  4  juillet  1636,  ayant  dé- 
fendu aux  religion naires  de  cette  sei- 
gneurie, et  sjH'ci;\lement  au  ministre 
Billot,  de  faire  à  Claye  aucun  exercice 
de  la  religion  réformée,  tant  que  le  sei- 
gneur n'y  ferait  pas  sa  résidence,  Daniel 
Tissard  s'empressa  de  déclarer  qu'il  y 
fixerait  sa  demeure.  Cette  déclaration 
n'ayant  pas  été  suivie  d'un  assez  prompt 
effet,  dès  le  12  décembre,  le  parlement 
confirma  son  précédent  arrêt,  et  par  un 
troisième,  rendu  le  23  juin  1637,  non- 
seulement  il  interdit  de  nouveau  la  célé- 
bration du  culte  protestant,  mais  il  dé- 
fendit à  l'instituteur,  nommé  Jean  de 
Rome,  «  d'enseigner  la  jeunesse  en  quel- 
que lieu  et  de  quelque  manière  que  ce 
fût.  »  En  1644,  Tissard  se  rendit  enfin 
à  Claye,  où  il  passa  trois  mois  et  où  il 
rétablit  l'exercice  public  de  sa  religion. 


278 


ANJORAN  —   ANNIBAL 


270 


Le  parlement  ne  put  s'y  opposer,  les 
ordonnances  permettant  aux  seigneurs 
hauts-justiciers  de  faire  prêcher  dans 
leurs  châteaux  pour  eux  et  leurs  fa- 
milles ;  mais,  quelques  années  après, 
Tissard  étant  mort  et  sa  veuve1  s'étant 
retirée  à  Biche ,  près  d'Orléans ,  il  ren- 
dit, dès  le  23  mai  1661,  à  la  requête  de 
l'évêque  de  Meaux,  un  arrêt  faisant  ité- 
ratives défenses  aux  religionnaires  de 
s'assembler  au  château  de  Claye,  et  à 
tout  ministre,  nominativement  aux  pas- 
teurs de  Meaux,  Lisy,  La  Ferté-sous- 
.Touarre,  Paris,  Charenton  et  Orléans, 
c'est-à-dire  à  Dalbrici,  d 'Allemagne, 
Bancelin,  Drelincourt  et  Perreaux,  d'y 
prêcher  ou  d'y  faire  aucun  exercice  de 
leur  religion,  sous  peine  de  mille  livres 
d'amende,  enjoignant  en  même  temps 
auxdits  religionnaires  de  tapisser  leurs 
maisons  les  jours  de  la  Fête-Dieu,  et, 
sur  leur  refus,  permettant  aux  catholi- 
ques de  les  faire  tapisser  à  leurs  frais. 
Il  paraît  que  les  protestants  de  Glayo 
obtinrent  la  cassation  de  cet  arrêt,  ou 
tout  au  moins  qu'ils  surent  l'éluder.  En 
1668,  le  roi  chargea  en  effet  le  lieute- 
nant général  au  présidial  de  Meaux  et 
le  capitaine  de  cavalerie  Du  Houx  de 
régler  définitivement  cette  affaire.  Les 
deux  commissaires  mandèrent  devant 
eux  les  parties,  et  après  s'être  fait  pré- 
senter les  titres  sur  lesquels  les  protes- 
tants fondaient  des  droits  contestés  par 
les  catholiques,  ils  rendirent  leur  sen- 
tence, qui  supprima  l'exercice  à  Glaye. 

5.  ANJORAN  (Claude  et  Jacqces), 
cordonniers  à  Tournus,  reçus  habitants 
de  Genève,  18  oct.  1572. 

AN.TOUIN,  député  a  l'ass.  d'Uzès 
1627  [I,  277  a,  note]. 

ANLEZY  (Xouise-Edmée  et  N.  d'), 
v.  1570  [VI,' 44  b).  —  (Anne),  1583 
[VII,  538  a].  —  (François),  sieur  d'Es- 
peuilles  et  sa  fille  Françoise,  1601  [VI, 
50  b]. 

ANLOZY  (  Philibert  d'  ) ,  sieur  du 
Lin,  v.  1650  [IV,  452  a]. 

ANNEAU  (Pierre),  de  Brie,  réfugié 
à  Berlin,  1700.  —  Pierre  Annaut,  natu- 
ralisé anglais,  8  mars  \\\&l. 


1  Savoir  Judith  Hardi/,  lille  de  François,  sieur  des 
Loges,  conseiller-secrétaire  du  roi,  et  de  Marie  Gal- 
land,  que  Tissard  avait  épousée  à  Charenton  en  avril 


ANNEAU  (Elisabeth  d'),  1649  [V1U, 
52  b]. 

ANNET,  ministre  à  Glelles  on  Bau- 
phiné.  1G70[V,  il  a]. 

ANNIBAL  (le  capitaine).  On  verra 
plus  loin,  au  nom  Arquier,  un  capitaine 
Annibal,  chef  de  partisans  huguenots, 
supplicié  comme  tel,  mais  en  1562. Nous 
voulons  parler  ici  d'un  autre  person- 
nage, portant  le  même  nom  ou  prénom, 
et  la  même  qualification,  qui  figura  pos- 
térieurement dans  la  prise  d'armes  des 
huguenots  de  Lyon. Nous  ne  le  connais- 
sons, d'ailleurs,  que  par  sa  présence  sur 
une  liste  de  proscription,  dressée  et  im- 
primée en  forme  d'édit  du  roi,  à  la  date 
du  30  janv.  1568,  contre  les  principaux- 
protestants  lyonnais  d'alors,  sans  avoir 
recueilli  d'autre  détail  sur  cet  Annibal 
(voy.  ci-après,  col.  Î80,  le  n°  1 49 ,  et  cf. 
avec  nos  101,  2il  et  227).  Gomme  nous 
avons  lieu  de  croire  cet  imprimé  d'une 
rareté  extrême,  ne  l'ayant  trouvé  qu'en 
un  seul  exemplaire  (à  la  bibliothèque  de 
Rouen,  collect;  Leber,  n°  3989),  nous 
saisissons  le  prétexte  que  nous  offre  le 
premier  nom  de  la  liste  (alphabétique- 
ment) pour  reproduire  la  liste  entière, 
avec  le  titre  de  l'édit  et  la  substance  de 
ses  considérants  : 

Ordonnance  de  messieurs  les  Seneschal  et 
gens  tenans  le  siège  Présidial  en  la  ville 
de  Lyon,  contre  les  détenteurs  des  biens 
de  ceux  de  la  Religion  p.  r.;  Ensemble 
les  noms  et  surnoms  des  séditieux  et  re- 
belles contre  la  Majesté  d>>  Buy  nostre 
Sire.  —  A  Lyon ,  par  Michel  Jove , 
M.D.LXVIII. 

De  par  le  Roy.  Sur  la  requeste  l'aicte  de 
par  les  gens  du  Roy  en  la  seneschaucée  et 
siège  présidial  de  Lyon,  itératif  commande- 
ment est  faict  a  toutes  personnes  de  quelque 
estât,  nation,  traficq  et  qualité  qu'ilz  soyent, 
privées  ou  publiques,  notaires,  tabellions, 
greffiers,  procureurs  et  autres  que  suyvant 
les  lettres  closes  et  patentes  de  S.  M.  du 
13e  de  ce  moys  de  janvier,  ceux  qui  ont  or, 
argent  monnoyé  ou  non  monnoyé,  bagues, 
joyaux  et  autres  meubles,  cedulles  ou  obli- 
gations et  qui  possèdent  a  recepte,  louage  ou 
ferme,  aucuns  bénéfices,  rentes,  maisons, 
terres,  fermes  ou  seigneuries  appartenait;,  u 
ceux  de  la  prétendue  nouvelle  Religion,  sé- 
ditieux et  rebelles  qui  se  sont  eslevez  eu 
forme  d'hostilité  à  rencontre  de  S.  M.  et  de 
ses  bons  et  fidèles  subjects,  ont  porté  les  ar- 
mes avec  les  factieux,  séditieux  et  rebelles, 


9 


2/  i 


AXXIBAL 


278 


et  ne  se  sont  retirez  en  leurs  maisons  dans 
le  temps  préfix  et  de  ce  prins  acte,  suyvant 
les  lettres  patentes  sur  ce  expédiées  et  pu- 
bliées en  lad.  ville.  Et  ceux  qui  encores  por- 
tent les  dictes  armes,  soit  au  camp  des  d. 
séditieux...  ou  ceux  qui  les  aydent  et  favori- 
sent... Et  aussi  tous  ceux  qui  ont,  possèdent 
et  tiennent  les  d.  biens,  marchandises,  meu- 
bles ou  immeubles,  livres,  papier*,  tiltres, 
enseignements,  cédulles  ou  obligations,  sou- 
vent et  cognoissent  les  personnes  qui  ont  et 
possèdent  les  d.  biens,  qu'ilz  et  chacun  d'eux 
ayent,  deux  jours  après  la  présente  publica- 
tion faicte,  à  venir  dire,  déclarer  et  révéler 
par  devant  les  Seneschal  et  gens  tenans  le 
siège  Presidial  de  Lyon  et  en  leur  greffe,  ce 
qu"ilz  en  ont  et  détiennent  ou  sçavent  estre 
détenu  et  possédé;  et  ce  sur  peine  de  peine 
de  perte  et  confiscation  contre  les  ungs  et 
les  autres  de  tous  et  chacuns  leurs  propres 
biens,  lesquelz  au  cas  de  default  ou  contra- 
vention, Sa  dicte  Majesté  les  a  déclarez  ac- 
quis et  confisquez.  Et  à  fin  que  personne  ne 
prétende  cause  d'ignorance  qui  sont  ceux  des 
biens  des  quelz  les  déclarations  doiven 
faictes,  entre  autres  ensuyvent  leurs  noms, 
surnoms  des  charges,  et  prévenus  <i-  - 
;icts,  Assavoir  : 

George  Penet,  dit  Janot. 

nommé  Archimbaud,  espkier. 

Jean  de  Fontba 

Pierre  d'Orléans. 

nommé  Chausson  clerr  et 
leur. 

Jacques  Bebaiz. 

Henry  Laneav. 

Ung  nommé  Pusin,  tainrturier. 

Le  filz  de  George  Aulbreth. 
10.  Rosarges  serviteur  dud.  Aulbreth. 

Anthoine  Papier,  surnommé  La  croix 
blanche,  de  Chazelles. 

Michel  de  Coyretier. 

Jacques  Luffet,  forbisseur. 

Jean  Boursier,  aussi  torbisseur  ;  de- 
meurant souz  la  teste  d'or,  rueTupin. 
:narchant  de  fillet  demeurant  en 
la  rue  près  Sainct  Pierre,  qui  a  es- 
pousé  la  niepce  de  feu  Alexandre 
Carcaillon. 

Claude  Jussieu,  tissotier. 
mél. 

Jiirquemet,  ferratier. 

Un  marchant  de  draps  demeurant  près 
la  maison  de  George  Aulbreth. 
20.  Matthieu  Coton,  vendeur  de  fer  en  rue 
Chai  amont. 

l'ng  nommé  Charbonneau. 

Anthoine  Du  Boys,  canabassier. 

Ung  nommé  Megret. 

Ung  autre  nommé  Guillaume,  impri- 
meur. 


Ung  nommé  maistre  Bernard,  menuy- 

sier  demeurant  en  rne  neufve  et  son 

filz  nommé  Valentin. 
Le  cappitaine  Xoytellon. 
Charles  Penot.  Le  neveu  du  dict  Penot. 
30.  Ung  nommé  La  Yallidre.  Ung  nommé 

Tesson  mercier;  tous  deux  demeurans 

en  rue  Mercière,  vendeurs  de  quin- 
caillerie et  de  filleure  d'or. 
Anthoine  Boullion,  commis  à  la  Doane 

du  Roy. 
Les  deux  frères  d'ung  nommé Collin  dit 

Marco. 
Le  frère  du  capitaine  BeaufoH. 
Hector   Bavdin,  procureur  du 

Ste  Colombe. 
Jacques  Dorliat,  hostelier  demeurant 

en  la  rue  du  1 

ommé  Chabert. 
Ung  nommé  capitaine  Brovtet. 
40.  Le  seigneur  de  Changy. 
Ung  nommé  le  capor 

_•  nommé  La  Roche. 
Ung    nommé    Sabotier,    serviteur    de 

François-  Ponthus. 
Symon  Julien,  du  d.  lieu  de  Brisruais. 
L'ng  nommé  Le  Gardier  dit  Cotin. 

•-ux  frères  Biemy*  assavoir  l'un 

seigneur  de  Beins  et  l'autre  seigneur 

de  Monteux. 
Ung  nommé  le  juge  Puto. 
Ung  nommé  La  Garde  du  Boys. 
Le  procureur  Argo. 
Franeoy>  Riv 
Jacques  Barberet,  pelletier,  demeurant 

en  la  rue  du  B 
Jeban  Goyet,  du  bourg  de  Ste  Colombe. 
Anthoine  Vincent,  marchand  libraire. 
Jehan  Darut,  aussi  marchand. 
Pierre Pif//u>M,  surnommé  La  Jaquière, 

cordier. 
Jehan  Bouxsaint,  mercier. 
Maistre  André  de  Ba:.xs  adrocat  en  la 

dicte  seneschauoéâ  et  siège  presidial. 
Jacques  Baronnat. 
60.  Gabriel   Ye»y,  marchand  de   drap  de 

-•■;.  e. 
Léonard  Prunas  diot  La  Piedinante, 

Pierre-Benoict  Sève,  Henry  de  Ga- 

biano,  Jehan   de  Yassan,  marchant 

de  la  dicte  ville. 
Maistre  Jehan  de  Castellas  esleu  pour 

le  Roy  au  pays  de  Lyonnois. 
Symphorien  Tellusson,  Hierosme  Des- 

gouttes,  aussi  marchans,  et  Georges 

Aulbreth  maistre  d'hostel  du  Roy. 
Le  capitaine  La  Yillatte. 
70.  Jehan  Armant,  de  Belleville. 
Jehan  Couchet. 
Jehan  CrusellUr  boucher,   surnommé 

Le  Colombier,  du  dict  Belleville. 


271) 


ANNIBAL 


280 


Le  baron  de  Sainct  Lagier. 

Ung  nommé  Chastaney,  rousseau,  de 

Villeplanche. 
Ung  nommé  Odin  de  La  Monnaye. 
Le  capitaine  La  Chapelle. 
Le  seigneur  Chasteaumorand. 
Le  baron  de  Torcy. 
Ung  qui  est  beau  frère  du  seigneur  de 

Poncenas. 

.80.  Le  capitaine  Jailly  de  Tisy. 

Sadurel,  prevost  des  mareschaux  de 
Forestz. 

Philibert  du  Bien  dictFiston,  de  Char- 
lieu. 

Pierre  Gueytière  et  René  Gueytière, 
filz  du  chevaucheur  de  St  Sympho- 
rien. 

Ung  nommé  Le  Provençal ,  de  Ta- 
rare. 

Ung  nommé  Bourdon  qui  n'agueres 
faisoit  la  poudre  à  La  Rigodière,  en 
ceste  dicte  ville. 

Claude  Charreton  dudict  Belleville. 

Jehan  Buffy  du  dict  lieu. 
90.  Les  père  et  filz  Tronchet. 

Maistre  Jehan  Perdrigeon,  clerc  de 
ceste  dicte  ville. 

Ung  nommé  Sainct  Clair,  archier  du 
prevost  des  mareschaux  du  dict  Lyon. 

Charles  Bernod  qui  souloit  estre  lieu- 
tenant du  dict  prevost. 

Jehan  Constantin  d'Ance. 

Le  capitaine  Sainct  Vincent. 

Les  trois  frères  Vallée,  de  ceste  dicte 
ville. 

La  Boche,    serviteur   de   feu  Jacques 
Gimbre. 
100.  Un  nommé  Guillien,  capporal. 

Ung  autre  nommé  La  Conche,  lances- 
pesade  du  capitaine  Annibal. 

Ung  autre  nommé  Gourdan,  maistre 
d'espée. 

Ung  autre  nommé  le  grand  Matthieu 
de  rue  neufve. 

Ung  rousseau  surnommé  de  Langres,  qui 
n'agueres  estoit  de  la  compaignie  du 
capitaine  Latour,  avec  les  dits  Mat- 
thieu et  Gourdan. 

Ung  autre  nommé  La  Porte. 

Le  frère  du  dict  Jehan  de  Vassan. 

Le  seigneur  de  Sanict  Traict. 

Ung  nommé  de  Morgues. 

Ung  autre  nommé  Urcin,  ministre. 
110.  Ung  nommé  maistre  Bernard,  clerc  de 
maistre  Lusson  notaire. 

Le  seigneur  de  Montplaisa,>ti,t. 

Le  Gris  de  Mascon. 

Le  capitaine  Misery. 

Ung  nommé  Bollieu,  boiteux. 

Le  capitaine  de  Tornus. 

Les  quatre  frères  Dagonneau . 


120.  Pierre  Blein,  laboureur  de  Limonnoys. 

Chalan  Crespin,  commissaire  des  vi- 
vres. 

Le  capitaine  Genette. 

Trois  hommes  se  disant  serviteurs  du 
thrésorier  Juge. 

Anthoine  Perrin. 

Le  dict  thrésorier  Juge. 

Barthélémy  de  Gabiano. 

Michel    Faure ,    drappier    demeurant 
près  Le  Change. 
130.  Ung  nomméD);/'!'«/',  beau  frère  de  Clé- 
ment Gautier. 

Ung  nommé  Cellarier. 

Maistre  Jehan  de   Sainct  Chaulmont 
dict  Tranchecouille. 

Jehan  Petit. 

Jehan  Perraud  cordonnier  de  Tarare. 

Sirvinges  de  Tisy,  beau  frère  du   dict 
Gnytières. 

L'un  des  frères  Micard,  habillé  de  bleu. 

Maistre  Jacques  Commin, de  Charlieu. 

Matthieu  Le  Meure,  de  R^gny. 

Jehan  Mareschal. 
140.  L'hoste  de  l'escu  de  France  de  Rohanne. 

Pierre  Bouchicr. 

Anthoine  Conte,  harangier. 

Le  filz  de  dame  Jehanne  Paix  demeu- 
rant près  ceste  dicte  ville. 

Le  facteur  de  la  boutique  de  feu  Jean 
Gaultier. 

François  Vallanson. 

Le  capitaine  Burlet,  veloutier. 

Jehan  surnommé  Fontaney  et  un  autre 
nommé  Le  Pas,  son  frère. 

Le  dict  capitaine  Annibal. 
150.  Annet  Faure,  tondeur  de  draps. 

Françoys  Basin. 

Lambert  La  Pousse,  de  SainctVincent. 

Matthieu  Sève. 

Le  seigneur  de  Loysc. 

Le  seigneur  des  Fossez. 

Le  capitaine  La  Sauge. 

Les  deux  frères  Nicolas,  merciers  du 
dict  Lyon. 

Jehan  Combe,  marchand  dud.  Lyon. 
1G0.  Ung  cordonnier  borgne  qui  autres  foys 
a  esté  serviteur  du  baron  Sainct  Tri- 
vier,  et  a  présent  serviteur  du  dict 
Pas  Fontenay. 

Ung    nommé    Bâillon ,    seigneur    de 
Layet. 

Anthoine  Pize. 

Le  greffier  Dauphin. 

Maistre  Jehan  Bavel,  barbier. 
170.  Les  deux   frères   Seneton,   eux  disans 
seigneurs  de   La   Reclaye  et  quatre 
leurs  serviteurs. 

Ung  nommé  Banquet. 

Ung  autre  nommé  Daigne. 

Anthoine  Le  Gris. 


281 


ANNTBAL 


AN NOTE AU 


282 


Pierre  t  ruinent,  autrement  Fromenté, 
libraire. 

Jehan  Trinault  seigneur  de  La  Place. 

Ung  taincturier  de  soye,  appelle  sire 
Jehan,  portant  barbe  noire. 

Jehan  Perier. 

Nicolas  Populus. 

Jehan  Armand. 
lfO.  Ung  nommé  Bellicat. 

Hugues  Lenfant. 

Le  baron  de  La  Grollc. 

Maistre  Pourchier,  advoeat. 

André  Brouter. 

Pierre,  gendre  de  Salomon  Bouchier. 
beau  frère  de  maistre  Obret. 

Jehan  Coignet,  soliciteur. 

Le  seigneur  de  Poncenas. 

Le  seigneur  Damhierle,  ditRolliers. 

Jehan  Pelletier,  tisserand. 
l'.M).  Maistre  Claude,  marchand. 

Le  capporal  Hautain. 

liaisire  Nicolas  l'arquel>ousier. 

Maistre  Jehan  Le  Masson. 

Gabriel  l'imprimeur. 

Jehan  Galliot. 

Estienne  Volant. 

Hierosme  Le  Bru,:. 

Jehan  d' Auvergne. 

Pierre  Chantebœuf. 
989.  Ung  nommé  Léonard. 

Le  capitaine  La  Grange  et  >ou  frère. 

Guillaume   le  courdonnier  qui  souloit 
demeurer  en  la  rue  de  la  Lanterne. 

Ung    autre    nommé   maistre    Claude, 
aussi  courdonnier. 

Maistre  Michel  le  fortumeur, 

Ung  nommé  Kstienne    Tixsotier,  bou- 
ton nier.  Pierre  Tissotier. 

I  nj:   autre  appelé  Pierre,   le  j 
des  mareschauï  de  ci*  pa\>  do  I._\ «Mi- 
nois nommé  Pierre  Jehan. 

Le  cuisinier  du  capitaines.  Vincent 

Estienne  Bonjour,  marroquinier. 
210.  Le  greffier  rie  Ste  Foy,  homme  grand  et 
gros  qui  porte  barbe  noire. 

Le  fourrier  du  dict  capitaine  Annibal. 

Les  frères  Deseraul.->\  de  Provence. 

Le  seigneur  de  l.n   /,  disant 

thrésorier. 

Hugues  L>-  (ri'i,npier. 

Pierre  Guimpier,  beau   frère  du   dict 
Hugues. 

Ung  nommé  Brtmet. 

Paule  Cordonnier. 

Maistre  Benoict  Josseeand. 
220.  Le  seigneur  Du  Mont. 

Loys  Plancher,  armurier. 

Ung  nommé  Jehan  Pierre. 

Le  serviteur  de  Loys  Pouchon. 

Françoys  Desgoutes.  seigneur  de  Chas- 
telns. 


Bernard  Chenevier. 

Ung  nommé  Jourdain,  du  dict  Lyon. 

Ung  nommé  Ciencourt  orphèvre,  four- 
rier de  la  compagnie  du  dict  An- 
nibal. 

Le  capitaine  Pierrefeu,  lieutenant  du 
dict  seigneur  de  Loyse. 

Pierre  Faurc. 
230.  Loys  Dombain. 

Françoys  Chollat. 

Trois  frères  gantiers  demeurans  en  la 
rue  Mercière. 

Jehan  Souillot. 

Jacques  Commun,  du  dict  Charlieu. 

Ung  nommé  Carron. 

Quatre  serviteurs  du  dict  Symphorien 
Tellusson. 

Et  maistre  Mouche  courdonnier,  de 
ceste  dicte  ville. 

Et  sera  la  présente  criée  et  proclamation 
imprimée  et  attachée  aux  portes  du  Palais. 

[Signé  :]  de  Longueil,  de  Tourveon, 
de  La  Fay,  de  Villars  etc.  30  jan- 
vier 1568. 

Le  gouvernement ,  par  cette  ordon- 
nance, régularisait  à  sa  manière,  et  à 
son  protit,  les  fruits  d'un  pillage  qu'il 
avait  ordonné.  C'est  ce  dont  un  des  pre- 
miers magistrats  lyonnais  du  moment. 
Claude  de  Rubys.  rend  compte  en  ces 
termes  : 

«  Etpareeque  les  Protestants  estoyent 
cause  de  cote  guerre,  il  fut  advisé  de 
chercher  moyen  qu'elle  se  fit  à  leurs  des- 
pens.  Et  à  ces  Ans  on  constitua  prison- 
niers plusieurs  des  principaux  d'entr'eux 
au  couvent  des  Celestins  et  ailleurs,  sous 
bonne  et  genre  garde;  desquels  aucuns 
se  firent  catholiques,  les  autres  se  ra- 
cheptarent  par  bonnes  sommes  d'argent, 
puis  vidarent  la  ville.  L'on  dressa  aussi 
un  magasin  en  la  ville,  que  l'on  nomma 
te  magasin  du  Ro;/.  où  furent  portées 
les  marchandises  que  Ton  trouva  dans 
leurs  bouticques  et  magazins.  lesquelles 
on  leur  permettoit  racheter  pour  la  moi- 
tié, ou  quelquefois  plus  ou  moins  de  ce 
qu'elles  valoyent.  sinon  on  les  vendoit 
au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur  ; 
et  s'en  tira  bons  deniers.  »» 

Histoire  véritable  de  la  ville  de  I.yon,  par  Claude  de 
Rubys,  conseiller  au  présidial;  Ltod,  1604,  p.  413. 

ANNONAY  (Pêrette).  1557  [II,  215 


a]- 


ANXOTEAl"  Jacob),  sa  femme,  troir 


283 


ANNOÏEAU  —  ANTHOINE 


Ô84 


enfants  et  une  Elisabeth  Annoteau,  ré- 
fugiés et  assistés  en  1721  à  Londres. 

ANNOY  (le  seigneur  i>'\  1699  [IV, 
298  b]. 

ANOGUIER  (Pierre),  do  Meaux,  vi- 
trier, reçu  habitant  de  Genève,  10  nov. 
1572. 

AN01NE  (d'),  ancien  à  Nîmes,  1012 
{Bull.  XIII,  141). 

ANQUETIL  (Jacques),  tils  d'André  et 
de  Susanne  Hennequin,  baptisé  à  Cha- 
renton,  1034 .  —  (Charles),  sr  de  La  Car- 
rière, 80  ans,  enterré  au  cimetière  S. -Mar- 
cel, 1001.  —  (Susanne),  prisonnière  à  la 
Conciergerie  de  Rouen,  condamnée  à  la 
réclusion,  1088.  —  (Marie)  et  sa  fille, 
assistés  à  Londres,  1721. 

Anqueville,  voy.  Mehé. 

Anquitard,  voy.  Poussard. 

ANSELIN  (  Pierre  ) ,  massacré  à 
Troyes,  1572  [VU,  249  b].  —  (Jean), 
marchand  à  Romans,  reçu  habitant  de 
Genève,  27  oct.  1572.  —  Voy.  Ancelin. 

ANSELME  (Jean),  «  praticien  de  Gre- 
noble, »  reçu  habitant  de  Genève,  23  oct. 
1572. 

ANS1AUD  (Pierre),  des  environs  de 
Sedan,  malade  etassisté  àGenève,  1091. 

ANSON  (la  veuve  de  Moïse),  de  Ve- 
sancy,  assistée  à  Genève,  1700. 

ANTERIEU,  martvr  aux  Cévennes, 
1080  [IX,  390  a;  X,  401]. 

Antesigxanus,  voy.  Bavantes. 

ANTHOARD  (Claude,  François  et 
Jean),  massacrés,  quoique  le  premier  fût 
impotent,  le  second  fou,  le  troisième  vieil 
et  caduc.  —  (Louise),  traînée  par  les 
chemins.  —  La  femme  et  deux  enfants 
de  Claude,  morts  de  faim   et  de  froid. 

—  Quatre  enfants  ^Honoré  Anthoard. 
morts  de  faim.  Toute  cette  famille  était 
de  Cabrières  (Provence)  et  périt  en  1562 
[X,  470,  471,  472]. 

ANTIGNY  (d'),  capitaine  de  cavale- 
rie, réfugié  en  Prusse  peu  avant  1085 
{Erman  IX,  12). 

1.  ANTHOINE  ou  ANTOINE 
(Claude),  «  boullanger  à  Pelligny  en  la 
comté  de  Vaudemont,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  7  août  1559.  —  (Didier),  à  Metz, 
v.  1500  {Bull.  XI,  420).  -  (J.,,  magistrat 
du  parlera,  de  Paris,  1502  (IV,  211  a]. 

—  (Jean),  massacré  à  Hières,  1562  [X, 
469].  —  (le  capitaine),  1566,  1572  [II, 
371  b;  VIII,  341  bj.  —  (Jehan),  pasteur 


en  Vivarais,  v.  1567  (Bull.  IX,  295).  — 
(Noé),  de  Serpolières  de  Dombes,  reçu 
habitant  de  Cenève,  10  mars  1573.  — 
(Claude,  fils  de  Thibaud),  de  près  Besan- 
çon, coutelier,  reçu  habitant  de  Genève, 
25  janv.  1585.  —  Antoine,  apothicaire, 
condamné  à  mort  par  le  pari,  de  Bor- 
deaux, G  avril  1509  [II,  415  b];  —  autre, 
ministre  de  Pons  et  Plassac.  id.  [Il, 
415  b].  —  Anthoine,  ancien  de  Pujols- 
de-Rauzan,  1079  [VIII,  223  b],  —  (la 
veuve  de  J. -César)  et  ses  deux  enfants, 
réfugiée  et  assistée  à  Genève,  1095.  — 
(Pierre,  Baniel  et  Jacob),  chefs  de  fa- 
milles d'artisans  (couteliers)  à  Metz,  ré- 
fugiés à  Berlin,  1098-17(10.  — (Corneille), 
assisté  à  Londres,  4721. 

2.  ANTOINE  (Matthieu  d')  ,  docteur 
en  droit,  est  l'auteur  d'un  opuscule  inti- 
tulé :  Responce  aux  resteriez  et  hérésies 
de  Guilliaume  Postel  cosmopolite.  Lyon, 
lean  Saugrain,  1562,  in- 12  de  119  p., 
avec  une  dédicace,  datée  de  Lyon,  «  à 
son  seigneur  maistre  Pierre  Viret,  Mi- 
nistre de  la  parole  de  Dieu,  a  une  pré- 
face (en  vers)  au  lecteur,  et  une  épître 
(en  vers)  «  aux  Postelans.  »  —  Du  Yer- 
dier  qualifiait  déjà  ce  livre  de  calvinique. 
Il  est  probable  que  son  auteur  doit  être 
identifié  avec  un  jeune  avocat  de  Greno- 
ble, nommé  par  les  uns  Mathieu  d'An- 
toine, et  par  d'autres  Anthonian,  Saint- 
Antoine ,  ou  d'Autrine  [IV,  45K  bj  qui, 
après  avoir  été  l'un  des  plus  fidèles  par- 
tisans de  JJontbrt/n,  le  trahit  en  1500  et 
faillit  même  le  faire  prisonnier.   (Du- 

FOUR.) 

3.  ANTHOINE  (Nicolas),  naquit  à 
Briey  en  Lorraine,  vers  le  commence- 
ment du  XVIIe  siècle  [Haag  I,  113]. 

Son  père,  Jean  Anthoine,  ne  négligea 
rien  pour  lui  donner  une  éducation  libé- 
rale. Il  l'envoya  d'abord  à  Luxembourg, 
où  il  suivit  pendant  cinq  ans  les  cours 
du  collège  de  cette  ville,  et,  ensuite,  il 
alla  continuer  ses  études  à  Pont-à-Mous- 
son,  à  Trêves  et  à  Cologne,  sous  la  di- 
rection des  jésuites.  Il  avait  atteint  sa 
vingtième  année  lorsqu'il  retourna  chez 
ses  parents.  Bans  le  cours  de  ses  études, 
le  jeune  Anthoine  ayant  conçu  des  doutes 
sur  la  vérité  des  doctrines  de  l'Eglise  ca- 
tholique, éprouva  le  besoin  de  les  éclair- 
cir,  et  à  cet  effet  il  s'adressa  au  pasteur 
de  l'église  de  Metz,  Pau/  Ferry.  Les 


28Ô 


AXTHOIXI. 


286 


instructions  de  ce  pasteur  l'ayant  plei- 
nement convaincu,  il  embrassa  le  pro- 
testantisme. 11  voulut  même  devenir  un 
de  ses   ministres,  tant  ses  convictions 
étaient  sincères.  Il  se  rendit  donc  à  Se- 
dan, et  de  là  à  Genève,  pour  y  étudier  en 
théologie.  Mais  de  nouveaux  doutes  De 
tardèrent  pas  à  assiéuerson  esprit.  Voici 
quelle  en  fut  la  source.  A  cette  époque, 
l'exégèse   était   encore  dans   l'enfance, 
tve  d'une  dogmatique  inflexible,  elle 
ne  chercbait  dans  l'A.  T.  que  des  allu- 
sions au  Messie,  allusions   souvent  si 
voilées  que  le  jeune  étudiant,  ne  pou- 
vant les  saisir,  prit  le  parti  extrême  de 
nier  absolument  la  vérité  des  prophéties, 
et  rejeta  le  Christ  comme  un  imposteur. 
lors,  il  résolut  de  renoncer  a  sa  nou- 
velle religion  pour  faire  profession  de  ju- 
daïsme. Dans  cette  intention,  il  quitta 
Genève  et  se  rendit  à  Metz  pour  se  faire 
admettre  dans  la  synagogue;  mais  les 
juifs  de  celte  ville,  craignant,  dit-on,  de 
s'attirer  une  fâcheuse  affaire,  lad. 
rent,  après  quelques  conférences,  à  ceux 
de  Venise.    Même  refus  de  la  part  des 
juifs  de  cette  ville,  qui  l'envoyèrent  à 
leurs  coreligionnaires  de  Padoue.  Le  peu 
de  succès  de  ses  démarches  le  décida  à 
la  fin  à  retourner  à  Genève.  .Jusque-là. 
sa  conduite  n'avait  certainement  rien  de 
coupable;  il  obéissait  à  tel  convictions, 
de  même  qu'il  y  avait  obéi  loyalement, 
volontairement,  pour  abjurer  la  religion 
dans  laquelle  il  avait  été  élevé.  M 
commencent,  d  eux, 

une  sera:  d'actes  de  la  plus  condamnable 
hypocrisie.  Sans  doute  qu'il  y  fut  en- 
traîné par  la  misère  ;  mais  cela  ne  sau- 
rait le  justifier.  De  retour  à  Genève,  il 
ht  semblant  de  poursuivre  ses  études 
ihéolt  '  sa  dissimulation  fut  telle 

(jue  le  ministre  et  professeur  en  théolo- 

liodati  lui  confia  l'éducation  u 
enfants  Ses  études  terminées,  Anthoine 
fut  nommé  premier  régent  du  collège  de 
Genève,  et  il  disputa  même,  mai? 
succès,  la  chaire  de  philosophie.  «  Pen- 
dant tout  ce  temps-là,  dit  le  critique  de 
La  Roche  (Bibl.  Angloise,  t.  IL,  il  vécut 
extérieurement  en  chrétien;  mais  en 
particulier  il  vivoit  et  faisoit  ses  dévo- 
tions à  la  manière  des  juifs.  Pour  met- 
tre le  comble  à  son  manège,  il  demanda 
un  témoignage  à  l'église  de  Genève  et 


alla  au  synode  de  Bourgogne,  assemblé 
à  Gex.  pour  y  être  admis  au  saint  minis- 
tère. Il  y  fut  admis  selon  la  coutume, 
promettant  de  suivre  la  doctrine  de  l'A. 
et  du  X.  T.,  et  de  se  confonner  à  la  dis- 
cipline et  à  la  confession  de  foi  des  églises 
réformées  de  France.  Après  quoi,  le  sy- 
node le  nomma  à  l'église  de  Divonne 
dans  le  pays  de  Gex.  »  Une  fois  pasteur, 
il  n'est  sorte  d'expédients   auxquels   il 
n'eut  recours  pour  concilier  les  devoirs 
de  son  ministère  avec  ses  croyances  re- 
ligieuses. Jamais  il  ne  prenaitle  texte  de 
ses  sermons  que  dans  l'A.  T.  et  il  évi- 
tait avec  grand  soin  de  parler  de  J.-Ch., 
soit  dans  ses  exhortations,  soit  dans  ses 
prières.  A  la  lin.  le  seigneur  de  Divonne 
conçut  des  soupçons,  et  il  lui  en  fit  part. 
La  torture  morale  qu'Anthoine  avait  du 
trop  longtemps    s'imposer,   jointe   à    la 
honte  et  à  l'humiliation  qu'il  ressentit 
de  se  voir  découvert,  provoquèrent  une 
•  lise  terrible  :  il  perdit  la  raison.  Dans 
m  s  accès   de  folie,  il  proférait  les   plus 
grands   blasphèmes    contre    la   religion 
chrétienne.   In  jour,   étant  parvenu  à 
tromper  la  vigilance  de  ses  gardiens,  il 
s'enfuit  de  nuit  jusqu'aux  portes  (i 
nêve.  Lorsque  le  jour  parut,  on  le  trouva, 
nu-pieds,   prosterné  it.uis    la   boue,  qui 
adorait  «  le   Dieu  d'Israël.  „  C'était  au 
mois  de  février.  La  folie  du  malheureux 
était  trop  manifeste  pour  qu'on  put  son- 
proivder  contre  lui.  On  le  fit  donc 
entrer  à  l'hôpital,  où  des  soins  intelli- 
n<*  tardèrent  pas  à  lui  rendre  la 
raison.  Mais,  lorsqu'il  eut  recouvré  son 
bon  sens,  ou  à  peu  près,  il  persévéra 
dans  si  ftUg  anti-chrétienne.  «  blasphé- 
mant contre  la  Sainte-Trinité  et  la  per- 
sonne de  notre  Seigneur  J.-Ch..  et  sou- 
tenant tant  de  bouche  que  par  écrit  que 
c  était  une  idole,  et  que  le  X.  T.  n'était 
qu'une  fable.  »  Les  remords  qu'il  éprou- 
vait de  sa  conduite  passée  devaient  être 
bien  violents  pour  lui  arracher  une  telle 
profession  de  foi:  n'avait-il  pas  devant 
ix  le  terrible  exemple  de  Server' 
Xi  les  exliortations,  ni  les  prières,  ni  les 
menaces,  rien  ne  put  l'ébranler.  On  le 
tira  alors  de  l'hôpital  pour  le  jeter  en 
prison.  Pendant  sa  détention,  il  présenta 
trois  requêtes  au  conseil  ;  dans  l'une  «  il 
priait  qu'on  informât  sur  sa  vie,  disant 
qu'il  avait  toujours  tâché  de  vivre  en  la 


287 


ANTHOINK 


288 


crainte  de  Dieu,  et  de  suivre  la  droite 
voie  du  salut  ;  que  Dieu  connoissoit  son 
cœur  et  étoit  témoin  de  son  intégrité.  » 
Mais  la  rétractation  de  ses  doctrines 
pouvait  seule  le  sauver,  et  il  repoussa 
constamment  cette  dernière  planche  de 
salut.  Lorsqu'il  fut  question  de  juger 
cette  affaire,  le  conseil  désira  consulter 
les  ministres  de  la  ville  et  les  professeurs 
en  théologie  de  l'académie.  Ils  comparu- 
rent dans  son  sein,  le  9  avril,  au  nombre 
de  quinze.  Les  avis  furent  partagés.  Se- 
lon les  uns,  Anthoine  n'était  pas  plus 
digne  du  dernier  supplice  que  ne  l'était 
tout  autre  juif  ;  à  la  vérité,  il  y  avait  cette 
différence  qu'étant  juif  au  fond  du  cœur, 
il  avait  feint  d'être  chrétien  et  s'était  fait 
recevoir  au  saint  ministère;  c'est  pour- 
quoi il  méritait  d'être  flétri,  déposé  du 
ministère  et  banni,  ou  tout  au  plus  ex- 
communié de  l'Eglise,  île  l'excommuni- 
cation majeure.  Un  jugement  à  mort 
leur  semblait  d'autant  moins  applicable 
qu'Anthoine  ne  pouvait  être  considéré 
comme  étant  compos  mentis  après  les 
signes  manifestes  d'aliénation  mentale 
qu'il  avait  donnés.  Quelques-uns  furent 
d'avis  que  le  conseil,  avant  de  se  pro- 
noncer, consultât  les  diverses  églises  et 
académies  protestantes,  et  en  particulier 
celles  de  la  Suisse.  Mais  les  autres,  et  ce 
fut  le  plus  grand  nombre,  représentèrent 
qu'il  y  aurait  du  danger  à  supporter  plus 
longtemps  un  pareil  monstre;  que  sa  fo- 
lie ne  l'excusait  point,  puisqu'il  avait 
maintenu  ses  impiétés  dans  un  temps 
où  il  avait  l'esprit  lucide.  L'avis  le  moins 
sage  et  le  moins  charitable  prévalut.  Ce 
fut  en  vain  que  le  pasteur  de  l'église  de 
Charenton  Mestrezat  et  le  pasteur  de 
Metz  Paul  Ferry  cherchèrent,  par  leurs 
représentations,  à  ramener  le  conseil 
dans  les  voies  de  la  douceur  et  de  la 
modération  et  à  lui  éviter  de  rendre  un 
jugement  que  la  postérité  ne  devait  pas 
ratifier.  Mestrezat  s'appuyait  surtout  sur 
des  considérations  d'intérêt  public  en  fa- 
veur de  l'Eglise  protestante.  «  Les  écrits 
de  nos  prédécesseurs  Depuniendis  Hxre- 
ticis,  écrivait-il  à  son  beau-frère,  M.  Cha- 
brey,  ministre  à  Genève,  n'ont  pas  été  à 
grande  édification,  et  tournent,  aux  états 
où  le  magistrat  nous  est  contraire,  à  no- 
tre grand  préjudice.  »  Et  dans  une  se- 
conde lettre,  du  30  mars,  il  revenait  sur 


ce  même  sujet.  «  Quant  à  votre  moine 
juif  [il  se  trompait,  Anthoine  n'a  jamais 
été  moine]  et  ministre  renié,  les  plus 
sensés  lui  souhaitent  ici  une  prison  per- 
pétuelle et  étroite,...  et  craignent  mer- 
veilleusement les  conséquences  d'un 
supplice  public  de  peur  qu'on  n'infère 
par  deçà  que  des  propos  contre  le  pape, 
vicaire  prétendu  de  J.  Ch.,  ou  contre 
l'hostie  de  la  messe,  soient  appelés 
blasphèmes  contre  Christ,  et  prétendus 
semblablement  punissables.  »  La  lettre 
que  le  ministre  Ferry  adressa  aux  pas- 
teurs de  Genève,  également  à  la  date 
du  30  mars,  fait  trop  d'honneur  à  son 
caractère  pour  que  nous  n'en  rappor- 
tions pas  quelques  fragments.  11  com- 
mence par  s'excuser  de  s'ingérer  dans 
cette  affaire  sur  ce  qu'ayant  servi  d'in- 
strument pour  amener  Anthoine  à  la 
connaissance  de  la  vérité,  il  a  d'autant 
plus  de  raisons  de  désirer  qu'il  ne  se 
perde.  Il  entre  ensuite  dans  quelques 
détails  sur  les  antécédents  de  ce  mal- 
heureux et  cherche  surtout  à  détruire 
cette  fausse  idée  que  les  accès  de  dé- 
mence qu'il  avait  éprouvés  étaient  «  un 
manifeste  jugement  du  ciel,  »  d'où  ses 
juges  eussent  pu  inférer  que  Dieu  les 
avait  élus  pour  être  des  instruments  de 
vengeance  plutôt  que  de  miséricorde.  11 
raconte  qu'après  son  retour  de  l'acadé- 
mie de  Sedan.  Anthoine  commença  à 
manifester  une  humeur  sombre  et  sau- 
vage; qu'il  était  «  toujours  inquiet,  sans 
pouvoir  être  en  repos  en  aucun  lieu.  Ce 
que  nous  ne  pouvions  attribuer,  conti- 
nue-t-il,  qu'au  mauvais  succès  qu'il  avoit 
eu  en  un  synode  de  l'Isle-de-France,  où 
il  avoit  été  envoyé  avec  témoignage  et 
recommandation  de  l'église  et  académie 
de  Sedan,  et  d'où  il  avoit  été  pourtant 
renvoyé.  »  La  pauvreté  et  «  la  nécessité 
de  beaucoup  de  choses  où  il  tomba  tôt 
après  »  contribuèrent  encore  à  augmen- 
ter sa  mélancolie.  «  A  quoi  il  semble 
qu'on  peut  ajouter,  poursuit  le  ministre 
de  Metz,  la  forme  de  ses  études  atta- 
chées après  le  Vieux  Testament,  sur  le- 
quel il  m'a  écrit  qu'il  dressoit  une  con- 
cordance. En  tout  cas,  quand  bien  ce 
ne  seroit  là  les  causes  de  son  mal,  si 
est  ce  que  vous  savez,  Messieurs,  qu'il 
se  trouve  une  sorte  de  mélancolie,  en 
laquelle    les    médecins    reconnoissent 


280 


AXTHOLNE 


290 


Oîîiv  tt,  qui  n'est  pas  néanmoins  un 
crime,  ni  un  châtiment  de  la  justice  de 
Dieu,  mais  une  grande  misère...  Après 
tout.  Messieurs,  il  est  certain  qu'il  vous 
trompe  en  disant  qu'il  y  a  huit  ou  dix 
ans  qu'il  a  résolu  en  soi-même  ce  qu'il 
déclare  à  présent;  car  non-seulement 
en  cet  entretemps  il  a  toujours  fait 
toutes  sortes  de  preuves  personnelles 
d'une  profession  chrétienne,  mais  a 
même  gagné  son  frère  à  la  nôtre,  eu 
laquelle  il  Ait  honnêtement  parmi  nous, 
et  a  tâché  d'en  faire  autant  de  son  père, 
auquel  comme  à  lui  il  en  a  écrit  quan- 
tité de  lettres...  que  j'ai  toujours  vues 
pleines  d'un  style  ardent  et  de  témoi- 
gnages d'une  merveilleuse  et  peu  com- 
mune affection  à  J.  Gh.,  et  à  la  vérité 
d'icelui  enseignée  en  nos  églises.  — 
Même  lors  qu'il  fut  reçu  au  ministère, 
il  me  l'écrivit  de  Genève  du  29  novem- 
bre, comme  à  celui  qu'il  avait  accou- 
tumé d'appeler,  comme  il  fit  encore 
lors,  son  très-cher  père  spirituel  duquel 
Dieu  s'était  servi  pour  l'amener,  di- 
sait-il, à  sa  connaissance.  —  Messieurs, 
permettez-moi,  je  vous  supplie,  de  vous 
dire  qu'il  semble  bien  nécessaire  pour 
l'édification  de  l'Eglise  que  cette  affaire 
se  traite  avec  une  grande  retenue.  Tout 
autre  exemple  que  l'on  en  voudroit  faire, 
nuiroit  sans  doute  merveilleusement... 
En  tous  cas.  il  n'est  pas  besoin  de  se 
hâter  en  chose  qui  peut  toujours  être 
faite,  et  où  le  délai  ne  peut  nuire,  peut 
même  quelquefois  servir.  A  Serve t  dog- 
matisant d'un  sens  froid  et  sec  depuis 
vingt  ans  et  plus,  en  plusieurs  lieux,  de 
bouche  et  par  livres  écrits  et  imprimés, 
et  choses  bien  plus  subtiles  et  plus  pé- 
rilleuses, il  fut  donné  un  long  temps 
pour  se  remettre.  Encore.  Messieurs, 
savez-vous  les  divers  discours  qui  s'en 
sont  ensuivis,  etc.  »  Cette  lettre  lit,  se- 
lon de  La  Roche,  une  telle  impression 
sur  l'esprit  des  ministres  de  Genève', 
qu'après  le  jugement  ils  se  rendirent  en 
corps  au  conseil  pour  supplier  les  ma- 
gistrats de  surseoir  à  l'exécution  de  leur 
sentence:  mais  si  l'on  considère  la  date 
à  laquelle  elle  fut  écrite,  on  ne  saurait 
douter  qu'ils  n'en  eussent  déjà  pris  con- 
naissance avant  la  séance  du  9  avril  où 
ils  furent  appelés  à  émettre  leur  avis,  et 
dont  nous  avons  rapporté  le  déplorable 


résultat.  Le  1 1 ,  Anthoine  comparut  pour 
la  première  fois  devant  ses  juges,  et  fit 
hautement  profession  du  judaïsme.  Le 
10,  son  procès  étant  instruit,  le  conseil 
le  condamna  à  «  être  lié  et  mené  en  la 
place  de  Pleinpalais,  pour  là  être  atta- 
ché à  un  poteau  sur  un  bûcher,  et  étran- 
glé à  la  façon  accoutumée,  et  en  après 
son  corps  brûlé  et  réduit  en  cendres.  » 
Cette  sentence  fut  exécutée  le  jour  même. 
'20  avril  1632.}  «  Quelques-uns ,  dit 
Spon  (Hist.  de  Genève),  murmuraient  et 
disoient  qu'il  y  avoit  trop  de  sévérité 
d'exécuter  des  gens  à  mort  pour  de  sim- 
ples opinions  ;  mais  le  conseil  considé- 
roit  le  criminel,  non  seulement  comme 
un  apostat  et  un  blasphémateur,  qui 
traitoit  la  sainte  Trinité  de  cerbère  ou  de 
monstre  à  trois  têtes,  mais  aussi  comme 
un  séducteur  pernicieux  et  un  parjure 
qui  préchoit  sa  fausse  doctrine  contre  le 
serment  fait  en  sa  réception.  »Nous  osons 
affirmer,  à  l'honneur  de  notre  siècle, 
qu'il  n'y  a  pas,  de  nos  jours,  un  seul 
membre  de  l'Eglise  protestante  qui  vou- 
lût ratifier  cette  sentence.  Et  qu'on  le 
remarque  bien,  ce  n'est  pas  par  imliffé- 
rence  religieuse,  tout  au  contraire, 
bien  plutôt  parce  que  la  divine  religion 
du  Christ,  religion  d'amour  et  de  cha- 
rité, tend  de  plus  en  plus  à  pénétrer  nos 
cœurs.  La  lettre  meurt  ;  l'esprit  survit. 
On  trouva  parmi  les  papiers  d  An- 
thoine :  I.  Quelques  passages  de  1  A.  T. 
avec  une  prière  :  IL  Une  prière  qu'il 
faisait  le  soir  avant  de  se  coucher,  et 
une  autre  qu'il  prononçait  après  ses  ser- 
mons; ces  prières  sont,  dit-on,  rem- 
plies d'onction,  mais  il  n'y  est  fait  au- 
cune mention  de  Jésus  ;  III.  Une  petite 
feuille  contenant  onze  objections  philo- 
sophiques contre  la  doctrine  de  la  Tri- 
nité; IV.  Un  long  écrit  dans  lequel 
l'auteur  fait  une  confession  de  sa  foi 
en  xii  articles,  accompagnés  de  leurs 
preuves  ;  il  avance  :  1°  qu'il  n'y  a  qu'un 
seul  Dieu  sans  distinction  de  personnes; 
2°  qu'il  n'y  a  point  d'autre  voie  de  salut 
que  l'accomplissement  de  la  loi  de 
Moïse  ;  3°  que  la  circoncision  est  de  ri- 
gueur; 4°  que  le  sabbat  doit  être  tou- 
jours observé  ;  5°  que  la  distinction  des 
viandes  en  pures  et  impures  doit  tou- 
jours subsister;  tj°  que  les  sacrifie.  -  -  - 
ront  rétablis  ;  7°  que  le  temple  et  la  ville 
i.  10 


291 


ANTHOINE  —  APOLIS 


292 


de  Jérusalem  seront  rebâtis  ;  8°  que  le 
véritable  Messie  doit  venir,  et  qu'il  sera 
un  roi  glorieux,  saint  et  juste,  qui  réta- 
blira le  royaume  d'Israël;  9°  qu'il  n'y  a 
point  d'imputation  du  péché  d'Adam; 
10°  qu'il  n'y  a  aucune  prédestination, 
par  laquelle  Dieu  ait  décrété  de  sauver 
les  uns  et  damner  les  autres;  mais 
qu'on  sera  récompensé  ou  puni  selon 
ses  œuvres;  11°  que  personne  ne  peut 
satisfaire  pour  nous;  mais  que  si  nous 
péchons,  il  y  a  lieu  à  ropentance  : 
12°  que  le  N.  T.  n'est  point  conforme  à 
l'Ancien.  A  la  lin  de  cette  profession  de 
foi,  se  trouvent  deux  autres  écrits  ;  dans 
l'un,  l'auteur  entreprend  de  prouver  que 
les  passages  de  l'A.  T.  où  il  est  question 
d'une  nouvelle  alliance,  doivent  s'enten- 
dre d'une  confirmation  de  l'ancienne 
faite  avec  Abraham,  Moïse  et  les  Pères; 
dans  le  second  de  ces  écrits,  il  donne 
une  explication  du  LIIIe  chap.  d'Esaïe; 
selon  lui,  le  prophète  y  parle  des  Israé- 
lites vertueux  qui  furent  enveloppés 
dans  les  mêmes  malheurs  que  les  mé- 
chants. —  Anthoine  avait  fait  tenir 
cette  pièce  au  conseil  pendant  sa  dé- 
tention; il  y  apposa  sa  signature  en 
signe  de  confirmation,  le  jour  même  de 
son  supplice. 

4.  ANTHOINE  (Jacques),  religieux  de 
l'ordre  de  la  Trinité,  abjure  dans  l'église 
d'Avallon,  1618  (Tt,  259). 

ANTHON1S  (J panne},  vers  1580  [II, 

sis;. 

ANT1N  (René)  ou  Aum,  «  lîls  de  feu 
,laequcs,  natif/:  d'Angiers,  »  reçu  hab. 
de  r.enève,  29  août  1558.  —  (Pierre), 
pasteurà  Autry,  Orléanais,  1502  [X,  53]. 

ANT1N  (Daniel  du'  Monceau,  sieur 
n\  1081  [VII,  439  bj. 

ANTON  (Franc,.;,  de  S.-Médiers 
(Gard),  galérien,  1750  [X,  427  b].  11  fut 
pris  dans  une  assemblée  très-considéra- 
ble de  protestants  réunie,  22  nov.  1750, 
à  Pontè/e.  près  d'Uzès,  sous  la  prési- 
dence du  pasteur  ./.  Pradel ,  dont  il 
existe  sur  ce  sujet  une  curieuse  corres- 
pondance (B'tbl.  de  Genève;  Mss  de 
Court).  Un  jugement  de  l'intendant  du 
Languedoc,  daté  du  24  déc.  suivant, 
condamna  F.  Anton  aux  galères  perpé- 
tuelles et  sa  femme  Françoise  Barre, 
qui  avait  été  prise  eu  même  temps  que 
lui,  à  être  rasée  et  enfermée  à  la  tour  de 


Constance  pour  le  restant  de  ses  jours. 
Leurs  biens  furent  confisqués.  (Pua- 
del.) 

ANTOR1EU  (Isaac),  réfugié  à  Neus- 
tadt,  1700. 

ANTRA1GUES  (la  dame  d')  protège 
Pierre  Caroli  contre  le  parlement  de 
Paris  (Archiv.  ffén.,  reg.  du  parlement. 
Conseil;  22  décemb.  1525.)  —  D'An- 
fragues,  réfugié  en  Angleterre  à  la  Révo- 
cation, capitaine  au  régiment  de  Schom- 
berg,  1692  (Agnew  II,  10).  —  Voy. 
Guillerane  et  Launay. 

ANTRAY  (les  trois  enfants  du  sieur 
d'),  massacrés  à  Paris,  1572  [III,  401  b|. 

ANTRICHY  (Charles  d');  Paris, 
1621  (Bull.  IV,  91). 

1.  AN  VILLE  (Frédéiuc  d'),  béarnais, 
martyr  à  Paris,  1557  [VII,  145  a]  et 
Bull".  Il,  381. 

2.  ANVILLE  (d'),  deVillefagnan,mis 
à  la  Bastille,  1686  [X,  434].  Voy.  |V,  329 
aj,  et  aussi  Bidauld  et  Coulart. 

AONS  (Arnaud  d'),  ministre  de  Long 
et  gentilhomme,  fils  de  A'.  d'Aou*  et, 
d'Anne  de  Bayctt,  laquelle  se  remaria  à 
M.  de  Terrade,  ministre.  Arnaud  épousa 
Sum/rne  Barthélémy  dont  il  eut  :  Jo- 
seph, Isaac,  Anne,  Claire,  Judith  et 
Françoise.  On  a  son  testament  daté  de 
Pau,  10  mai  1591,  par  lequel  entre  au- 
tres dispositions,  il  lègue  20  écus  sol,  à 
la  Bourse  de  Genève  pour  les  réfugiés 
(Arch.  des  B.-Pyr.  E,  2008). 

AOUSTIN1  (Nicolas),  sieur  de  Saint- 
Pierre;  Dieppe,  1560  [V1JI,  313  a;. 

APASOT  (la  femme  de  Jacques),  brû- 
lée vive  à  La  Coste,  en  Provence,  1502 
(X,  471]. 

APESTIGNYou  Lapestignv,  nias-a- 
cre et  noyé  près  Màcon,  1503  LVI, 
304  b].  —  Voy.  Lapestigny. 

API  (Jacques),  de  La  Coste,  en  Pro- 
vence, réfugié  et  assisté  à  Genève.  lO'.U. 
—  Jêrêmie  Apis,  de  Provence,  réfugié  à 
Berlin,  1698. 

APILLY  (d'),  pasteur  réfugié  en 
Suisse,  1572.  —  Autre,  dont  le  nom  s'é- 
crit plutôt  Dapilly  ou  Dapcilly,  pasteur 
de  S.-Flour-de-Pompidou  (Loxe;; 
1675-1C81  rVII,  107  a;  VIII,  iOi  b;  IX. 
5  a]. 

APOLIS   (Etienne  ,    de  Montpellier, 

Forme  romain;  lï^tvgustinvs,  Cf.  ci-dessus  \, 


293 


APOLIS  —  APPEL  VOISIN 


294 


galérien  sur  la  galère  «  La  Fière,  »  con- 
damné en  1705  pour  avoir  assisté  à  une 
assemblée  religieuse  Liste  des  prot. , 
1711  . 

A'POSTOLY  (Isaac),   du   Dauphiné, 
tralérien,  1687;  libéré  en  1713  X,  410]. 

APOTHICAIRE  (David,  bis  de  Flo- 
rin), et  de  Catherine  dp  Monforcier,  na- 
tif de  S. -Bonnet  le-Chàteau  en  Forez, 
orfèvre  à  Lyon,  reçu,  le   12  sept.   137;:, 
habitant  de    Genève.    Il  y  épousa  le 
11  janvier  1573  Madeleine,  fille  de  feu 
Jean  Le  Maistre&e  Troyes,  et  de 
Le  Duchat,  et  mourut  le  30  déc. 
ayant  eu  de  sa  femme  (remariée  l'année 
suivante  à  Pierre  Mansson,  apothi 
bourgeois    de    Genève]    neuf  enfant-. 
parmi    lesquels  :    1°   Marie,  née 
femme.  1308,  de  Daniel  Mansson,  orfé- 
viv.  —  2°  Jonathan,  né  1583,  orfèvre.  — 
\nne.  née   L586j  femme,    1003.    de 
Louis    Roget.    —    4°   Marguerite,  née 
1589,  femme,  1606,  de  Samuel  Scana- 
vin,  orfèvre. —  Françoise  Apothicaire  '. 
:nent  réfugiée  à  Genève,  y  épousa, 
31  mai  1573.  Gaspard  de  Hus. 

Appagnv,  voy.  Chandieu. 

APPA1S  (Pierre  .  pasteur  et  pr 
seur.  né  à  Die,   était  d'une  honorable 
famille  de  cette  ville.  Un  de  ses  anc 
Jean  Ipaj/snu)  était  dominicain 

vers  la  fin  du  W  siècle  et  avait  publié 
en  1515  les  ouvrages  de  son  oncle  ma- 
ternel Jean  Reynard,  également  domi- 
nicain et  vicaire  vénérai  de  l'évêque  de 
Die.  Claude  de  Tournon  \l  A\ 

avait  fait  ses  études  théologiques  à  fie* 
nève  où  il  est  inscrit  comme  étudiant  en 
1596  et  il  fut  successivement  pasteur  de 
Quint  en  Dauphiné  vers 
1601-1608.  de  Chastillon  1609-1626   X, 
330J,  de  Pontaix  1630-1634.  Lorsqu'en 
1603  l'église  de  Die  fonda  une  iv 
mie  protestante.   Pierre  Appais  en  fut 
nommé  recteur.  Le  -20  juin  1622,  il  as- 
sista en  qualité  de  député  de  a 
au  synode  de  Pout-en-Royans  qui  prit, 
avec  un  esprit  des  plus  éclairés,  la 
lution   suivante  :   «  Quelques  colloques 
«  de  ceste  province  n'ayant  point  faict 
«  nomination  de  ceux  qui  recueilleroient 
«  les    mémoires   des    églises  touchant 


'  «  Nous  ne  savons  s'il  y  a  en  France  des  ./pottiiai- 
rrs  ou  l'ut  lient  ira;  les  Anglais  ont  des  Potlircar-j.  » 
Closs.  étyui.  'les  iiuuis  propres,  par  Ed    Le  llericher). 


«  lesjaicts  mémorables  armés  en  icel- 
«  les  despuis  la  Réformation,  selon  ce 
«  qui  en  avoit  esté  ordonné  par  le  syno- 
«  de  précédent,  a  esté  dict  que  chaque 
«  colloque  nommera  le  sien  et  à  cet 
«  effect  ont  esté  esleus  et  choisis,  le 
«  sieur  Félix  pour  le  colloque  du  Vieil- 
li nois,  le  sieur  Murât  pour  le 
•<  lentinois,  le  sieur  de  La  Croie  pour 
«  les  Baronnies ,  le  sieur  Conel  pour 
•  i'Embrunois,  le  sieur  de  La  Colom- 
■e  pour  le  Gapencois,  le  sieur 
«  Guérin  pour  le  Valcluzou  et  le  sieur 
«  Appaii  pour  le  Diois,  auxquels  leurs 
«  colloques  feront  tenir  dans  trois  mois 
«  précisément  tous  Lee  mémoires  qu'ils 
«  pourront  recueillir  en  1  -  -.  de 

«  quoy  lesiiits  autres  pasteurs  rendront 
«  compte  au  synode  prochain.  »  —  Ce 
dernier  devait  être  en  effet  connu  comme 
écrivain,  car  il  avait  publié  vingt-quatre 
ans   auparavant    un    volume  intitulé  : 

Deux    Homélies,   l'une  des   miracles 
du  Christ  au  ventre  de  la  saincte  et  t;lo- 
•  uier</esa  mère,  l'autre  de  l'extrême 
chnute  et  merveilleux  relèvement ê 
Manassé  ;  item  les  fruiefs  divers  d'une 
chrestienne,  par  le   sieur   Pierre 
I ■lulphinois.   1598,    in-8* 
Homélies  sont  en  prose,  et  les  Fruicts 
d'une  muse,  qui  sont  des  cantique- 

née,  et  quelqi:  le  circon- 

stance, sont  en  vers.   Le  catalogue  de 
Viollet-le-Duc.  d'où  nous  tirons  ce  ren- 
seignement, ajoute  que  p 
sont  également  ■<  dél  dire  qu  il 

a  été  impossible  de  coutrol 
livret  étant  introuvable. 

Pierre  Appais  ou  Appaii  est  le  même 
que  le  ministre  nommé  parquelqu. 

qui  fut  arrêté  en  1034.  sur  l'ordre 
de  l'évêque  de  Valence,  pouravoir  prêché 
hors  de  sa  résidence,  mais  rendu  bientôt 
à  la  liberté  par  arrêt  du  conseil  privé. 

Appel   i.'  .  voyez  Dappel. 

Appelles,  voy.  Gin 

APPELLO     Bertrand).    ■  bout 
natif  de  Vienne,  »  reçu  habitant  d 
nève,  18  oct.  1 

1.  APPELVt  lISIN  d,  ouAppellî. 
signature);  quelquefois  de  Pa: 

sin  (voy.  Tallemant).  =  Armes  :  De 
gueules  à  la  herse  sarrasine  d'or,  de 
trois  traite. 

2,  Fbakçois,   sieur  do  lire 


295 


APPELVOISIN 


ARANDE 


296 


Poitou  [VI,  535  a],  admis  à  la  profes- 
sion de  foi  protestante,  à  La  Rochelle, 
le  10  avril  1588;  adhésion  qui  exigea  de 
sa  part  une  certaine  énergie,  sa  famille 
étant  très-catholique.  Son  proche  pa- 
rent François  d'Appellevoisin  était  com- 
mandeur du  Temple  de  La  Rochelle  et 
de  Mauléon. 

3.  Charles  d'Appelvoisin,  sieur  de  La 
Bodiniatière  en  Poitou,  épousa,  1572, 
Madeleine  Roussart,  dont  il  eut  Samuel, 
sieur  de  La  Jovinière,  vicomte  de  Fercé 
[VIII,  239  h],  marié  en  1632  à  Elisabeth 
de  Pierre-Bujjière,  fille  de  Pierre,  sieur 
de  Chambret,  et  de  Marie  de  La  Noue, 
dont  il  eut  :  1°  Olivier,  sieur  de  La  Jo- 
vinière, mort  sans  alliance;  2°  Marie  fil, 
197  a;  V,  347  a],  qui  épousa  en  1662, 
Claude-Charles  Goyon,  baron  de  Marcé, 
vicomtedeTerchant,etquimourutà  Paris 
en  1676,  âgée  de  38  ans  ;  3°  Marguerite, 
femme  de  messiro  François  de  Goulaine, 
sieur  de  Laudouinière  près  Vieillevigne 
(Haute-Garonne),  morte  le  22  mai  1677 
[V,  326  b].  Famille  divisée  en  plusieurs 
branches,  dont  une  fut  certainement 
protestante,  celle  de  La  Jovinière. —  Sa- 
muel d'Appelvoisin,  marquis  de  Paillé, 
professait  aussi  le  protestantisme  en 
1632. 

En  1664  l'intendant  Golbert  de  Croissy 
mentionne  cette  famille  au  nombre  des 
plus  considérables  du  Poitou.  Cepen- 
dant, en  1756,  Pierre  d'Appellevoisin 
exerçait  la  profession  de  raffineur  à 
Exoudun.  En  1789,  Charles  -  Gabriel- 
René  d'Appellevoisin  ,  marquis  de  La 
Roche  du  Maine  et  maréchal  de  camp, 
était  élu  député  suppléant  de  la  noblesse 
de  Poitiers.  (Haag.  — Richemond.) 

4.  APPELVOISIN  (d'),  galérien,  1686 
[X,  408]  et  Lièvre  III,  341. 

APPIA  (Barthél.),  pasteur  à  Mean 
en  Dauphiné  de  1612  à  1616. 

APRIX  (Marguerite);  Normandie, 
v.  1600  [VI,  362  b]. 

AQUIÉ  (la  veuve),  prisonnière  à  Mon- 
tauban,  1736  [X,  404]. 

AQUIN(Jean);  Grenoble,  1560  [IX, 
369  b]. 

ARABIN  (le  capitaine),  1567,  1588 
[II,  371  b,  374  b].  -  Arabin  de  Bar- 
celle,  cornette  de  Schomberg,  1689  [IX, 
233  a].—  (Jean,  fils  de  feu  Barthélémy), 
de  Riez  en   Provence,  marchand  dra- 


pier, reçu  habit.  deGenève,  19  mars  1712. 

AR  AB  Y  (Pierre  d');  Meaux,  1546[X, 
12,  13].  —  Araby,  à  Orléans,  1562  [II, 
312].  —  Daniel  Arraby ;  Berry,  1638 
[IX,  495  a;  VI,  27  b]. 

ARAGON  (André),  de  Castres,  me- 
nuisier, réfugié  à  Berlin,  1700. 

ARAM  (Jacob)  et  sa  femme,  réfugiés 
et  assistés  à  Londres,  1700.  —  Aram, 
ouvrier  diamantaire,  natif  de  Pierresé- 
gade  (Tarn),  irès-considéré  des  person- 
nes qui  l'employaient,  fut  obligé  de  s'ex- 
patrier et  mourut  à  Amsterdam,  1758. 
«  Sa  vie  et  sa  mort,  dit  une  lettre  du 
temps,  furent  d'un  grand  exemple  à  tous 
ceux  qui  le  connoissaient.  »  (Pradel.) 

ARAMBOURG  (Jean),  de  Pont-de- 
Veyle,  assisté  à  Genève  avec  sa  femme 
et  trois  enfants,  1691-1700. 

Arambure  (Jean  d'),voy.  Harambure. 

ARAM1TS  ou  ARAMIS  (Pierre  d'), 
capitaine  béarnais,  1569  [I,  133  a].  As- 
siégé dans  le  château  de  Mauléon  (Basses- 
Pyrénées),  il  fut  secouru  par  quelques 
compagnies  béarnaises,  avec  lesquelles 
il  «  rembarra  dans  leur  montagne  »  les 
Basques  qui  étaient  venus  l'attaquer.  Sa 
femme  se  nommait  Louise  de  Sauguis. 
Elle  était  veuve  en  1598.  Ils  eurent  plu- 
sieurs fils ,  entre  autres  Phoebus  et 
Charles.  Ce  dernier  vend  l'oratoire  de 
S.-Vigne,  situéàFéas  (B.-Pyr.),  au  curé 
d'Issor,  en  1623.  —  (Jeanne  d'),  épouse, 
1652,  Arnaud  de  Casamayor,  ministre  à 
Oloron. 

Bordenavc,  Hist.  de  Navarre.  —  P.  Raymond,  Ar- 
chives des  B.-I'yr. 

ARAMON  (le  seigneur  d'),  1576  [IV, 
400  a].  —  Autre  v.  1596  [V,  139  a]. 

ARAN  (Jean,  fils  de  feu  Jacques  d') 
ou  Daran,  de  Revel  en  Languedoc,  reçu 
habit,  de  Genève,  30  sept.  1718. 

ARANCES,  capitaine  béarnais,  1569 
[I,  133  a]. 

ARANDE.  —  Michel  Arande  ou  d'A- 
rande  ;  Arandius ,  Arantius,  Aranda,  de 
Arandia.  MM.  Haag  ont  cité  plusieurs 
fois,  mais  incidemment  [VI,  506;  VII, 
232;VI1I,  104],  ce  théologien.  Il  contribua 
d'une  manière  notable,  par  sa  parole,  à 
répandre  en  France  les  premiers  germes 
de  la  Réformation,  et  cette  circonstance 
nous  oblige  à  rassembler  ici  ce  qu'on  sait 
de  sa  vie;  mais  le  sacrifice  qu'il  fit  bien- 
tôt de  ses  doctrines  à  des  intérêts  pure- 


297 


ARAXDE 


298 


ment  mondains  nous  oblige  aussi  à  le 
donner  comme  un  brillant  exemple 
d'homme  richement  pourvu  des  dons  de 
l'esprit,  mais  chez  qui  le  caractère  n'é- 
tait pas  à  la  hauteur  du  talent. 

Né  à  Tournay  ou  près  de  Tournay  en 
Flandre,  il  avait  été  d'abord  prêtre, 
comme  la  suite  de  son  histoire  le  mon- 
trera, et  s'était  fait  ermite.  Il  était  venu 
ensuite  aux  écoles  à  Paris,  et  s'y  était 
assez  distingué  par  l'éclat  de  ses  opinions 
luthériennes  pour  être  obligé  de  fuir,  en 
1521,  avec  Farel,  Lefèvre  d'Etaples  et 
Gérard  Roussel.  Ce  fut  à  Meaux,  auprès 
de  l'évèque  Briçonnet,  que  ses  compa- 
gnons et  lui  trouvèrent  refuge  et  bon  ac- 
cueil. La  duchesse  Marguerite  d'Alen- 
çon,  sœur  du  roi,  que  Briçonnet  avait 
entièrement  attirée  à  ses  idées  de  ré- 
forme chrétienne,  demandait,  vers  le 
mois  de  juin  1521  l,  c'est-à-dire  peu  de 
temps  après  l'arrivée  des  fugitifs  à 
Meaux,  que  maître  Michel  lui  fut  en- 
voyé pour  son  service  spirituel  et  sa 
consolation.  Celui-ci  devait  probable- 
ment ce  choix  à  ses  dons  oratoires,  et 
il  le  justifia  pleinement  par  l'influence 
qu'il  prit  sur  la  duchesse  et  qui  s'étendit 
autour  d'elle.  Le  19  juin,  Marguerite  re- 
mercie Briçonnet  d'avoir  eu  par  sa  lettre 
«  et  celle  de  maistre  Michel  occasion  de 
désirer  commancer  d'entendre  le  chemin 
de  salut  *  :  »  c'est-à-dire  qu'elle  attendait 
à  ce  moment  la  venue  imminente  de  l'au- 
mônier qu'elle  avait  demandé  à  Meaux. 
Et,  en  effet,  Michel  d'Arande  était  in- 
stallé auprès  d'elle  à  l'automne,  car,  à 
la  date  du  11  nov.  (1521;,  Briçonnet 
écrivait  à  la  princesse  :  «  Madame,  sa- 
chant que  avez  maistre  Michel,  ay  passé 
légèrement  en  quelque  endroit.  Il  est 
vostre,  et  le  surplus,  qui  est  pour  à  vos- 
tre  plaisir  en  disposer,  vous  suppliant 
me  le  prester  pour  l'advenir,  car  je  m'y 
suis  actendu  ;  et  après  le  vous  renvoiray, 
s'il  vous  plaict 3.  »  Et  en  effet,  le  mois 
suivant,  Marguerite  renvoyait  son  au- 
mônier à  Meaux  avec  une  lettre  portant: 
«...  Vous  renvoyé  maistre  Michel  lequel 
je  vous  asseure  n'a  perdu  temps,  car  l'es- 
prit de  nostre  Seigneur  par  sa  bouche 


1  Correspondance  des  Réformateurs,  pub.  par  A.-L. 
Herminjard,  n°  35  il,  M  • 

*  Corr.  des  Réf.  n°  36  (I,  C7I. 

*  Corr.  des  Réf.  (I,  «ni. 


aura  frappé  de?  âmes  qui  seront  encli- 
nes à  recepvoir  son  esprit,  comme  il  vous 
dira;...  vous  priant  que  entre  tous  vos 
pieux  désirs  de  la  reformacion  de  l'Eglise 
où  plus  que  jamais  le  Boy  et  Madame 
(sa  mère)  sont  affectionnés,  ayez  en  mé- 
moire, etc..  »  Michel  d'Arande  continua 
sa  propagande,  durant  l'année  suivante, 
avec  le  même  succès,  car  Marguerite  écrit 
àBriçonnet,  verslecommencementd'oct. 
1522  :  «  Le  désir  que  maistre  Michel  a  de 
vous  aller  veoir  a  esté  retardé  par  le  com- 
mandement de  Madame  à  qui  il  a  com- 
mencé lire  quelque  chose  de  la  saincte 
Escripture  qu'elle  désire  qu'il  parface. 
Mais  sytost  qu'il  sera  faict,  incontinent 
il  partira.  Mais  louez  Dieu  qu'il  ne  perd 
point  le  temps  *...  » 

Non-seulement  l'habile  prêcheur  tra- 
vaillait donc  à  cette  hasardeuse  entre- 
prise de  gagner  à  la  Béforme  le  roi 
lui-même  et  Louise  de  Savoie,  mais  il 
évangélisa  les  domaines  de  sa  pénitente, 
la  ville  et  duché  d' Alençon  *,  puis  Bour- 
ges, de  novembre  1523  à  février  1524  3; 
il  était  à  Lyon  au  mois  d'octobre  sui- 
vant v:  au  mois  de  décembre,  il  prêchait 
à  Màcon  5,  et  en  1525,  de  nouveau,  à 
Meaux  6.  Ses  prédications  avaient  cer- 
tainement enflammé  le  zèle  des  pauvres 
gens  de  cette  dernière  ville,  si  cruelle- 
ment traités,  puisqu'il  est  nominative- 
ment désigné  dans  une  chanson  faite  par 
eux  et  dénoncée  à  la  justice  au  mois  de 
décembre  1525,  chanson  qui  commence 
par  ce  couplet  : 

Ne  preschez  plus  la  venté, 

Maistre  Michel, 
Contenue  en  l'Evangille; 
Il  y  a  trop  grand  danger 

D'être  mené 
Dans  la  Conciergerie, 
Lire,  lire,  lironpha  T. 

La  poursuite  judiciaire  contre  les  car- 
deurs  de  laine  et  autres  évangéliques  de 
Meaux  était  en  pleine  activité  quand, 
chose  pénible  à  dire,  au  mois  d'octobre 
1525  (le  8;,  l'élégant  prédicateur  était  à 

1  Corr.  des  Rrf.  n"  35  (I,  «051. 

-  Ibid.  n°  97. 

1  Ibid.  a"  90  (I,  191  . 

«  Ibid.  n°  125   I,  2071. 

*  Ibid.  Wf  130  >I,  311'. 

6  Du  lioullay.  Yoy.  Corr.  des  Réf.  n°  9  tl,  391). 

T  Le  Chansonnier  huguenot  (Paris.  Tross.  isrri  l.p 


299 


ARANDE  —  ARANSON 


300 


Lyon,  avec  la  conr,  rendu  à  son  poste 
d'aumônier  de  la  duchesse  d'Alençon  et 
méditant  sur  la  question  de  savoir...  s'il 
accepterait  un  évêché  i:.  Mais  le  parle- 
ment de  Paris,  dès  le  3  octobre,  récla- 
mait de  la  régente,  Louise  de  Savoie, 
qu'elle  le  lui  livrât,  comme  témoin  seu- 
lement, mais  comme  un  témoin  indis- 
pensable dans  l'affairé  des  hérétiques  de 
Meaux  2.  Michel  d'Arande  et  ses  protec- 
teurs jugèrent  plus  prudent  qu'il  sortît 
de  France  pour  quelque  temps.  Il  alla 
passer  plusieurs  mois  à  Strasbourg  ;  et 
il  est  sûr  qu'il  y  allait  de  sa  vie  d'éviter 
les  téMblèS  injonctions  des  tribunaux 
parisiens,  puisque  Erasme  dénonça  le 
fait  au!  roi  quelques  mois  après  pour  en 
faire  ressortir  l'atrocité  3.  Mais,  grâce  à 
sa  protectrice,  on  retrouve  Michel  d'A- 
rande auprès  de  Marguerite,  à  Cognac, 
en  mai  l$96  ■.  portant  alors  le  titre  d'é- 
vèque  de  S.-Paul-Trois-Châteaux  ;  et  il 
prit  ellectivement  possession  de  son  évê- 
ché le  17  juin  suivant. 
■  Ce  changement  ne  paraît  pas  avoir  in- 
digné,ni  même  (''tonné,  dans  les  premiers 
temps  du  moins,  ceux  qui  en  furent  té- 
moins. Par  l'état  d'incertitude  où  l'on 
était  nécessairement,  encore  sur  le  sort 
que  réservait  la  Providence  aux  nouvelles 
doctrines  religieuses,  on  ne  pouvait  sa- 
voir si  l'installation  d'un  homme  jus- 
que-là hérétique  dans  la  chaire  épisco- 
pale  n'était  pas  une  victoire  gagnée  par 
l'hérésie  plutôt,  que  gagnée  contre  elle. 
Tout  dépendait  de  la  conduite  ultérieure 
que  tiendrait  le  nouvel  élu.  Ses  anciens 
compagnons  luthériens  commençaient 
par  réclamer  l'emploi  de  son  influence 
au  profit  de  leurs  idées  et  de  leurs  inté- 
rêts. Gérard  Roussel,  son  condisciple  de 
Paris  5,  se  plaignait  à  Farel.  dès  le  mois 
de  juin  1526,  que,  par  son  éloignement 
de  la  cour,  Michel  privât  les  religion- 
naires  de  son  influence  6;  il  continuait  à 
employer  ses  bons  offices  auprès  de  Mar- 

-  Ihid,  n»  iu:5. 

»  Lettre  dlùysme  à  Fraiweis  Wt  10  juin  ♦»».  Cnrr. 
.m»  177  a.  .1:7'.. 

'  Corr.  det  Réf.  n"  174  (I,  127). 

•  Et  <|tii  d'ailleurs  suivit  fc»  mômes  voies  «pic  "\li.ln-l. 
car  il  devint  aussi  évèquc  d'Oléron.  mais  seulement  en 
IS36  |l\,  M]. 

'■  Cornelii  absentia  omnia  forme  nobis  ruiti  illn  ade- 
mit  {Corr. des  Réf.  I,  i:io).  ConNÉciwiéttHl  le  pseudo- 
nyme dont  Michel  d'Vrande  s'était  autrefois  coaferl. 
Voyez  eflcorel   in  .-,  ;n-  u  un. 


guérite1;  et  l'on  voit  l' évoque  de  S.- 
Paul-Trois-Ghâteaux  continuer  à  jouir  de 
l'amitié  de  ses  anciens  collègues  2  et 
poursuivre  ses  efforts  conjointement 
avec  Farel  pour  la  prédication  évangé- 
lique  3. 

Farel  resta  son  ami,  mais  lui  devint, 
à  la  fin,  un  ami  justement  sévère.  Lors- 
que Lefèvre  d'Etaples  mourut,  en  1536, 
profondément  troublé  par  le  remords  de 
n'avoir  pas  assez  courageusement  pro- 
fessé la  vérité  '*,  Farel  écrivit  à  l'évèque 
de  S. -Paul  pour  lui  faire  part  des  an- 
goisses du  vieillard  à  sa  dernière  heure, 
et  Michel  d'Arande  lui  répondit  humble- 
ment : 

«  A  mon  très-dur  ami  Guillaume,  uni- 
quement occupé  du  royaume  céleste,  sa- 
lut, grâce  et  paix. 

«  A  peine  puis-je  croire  que  le  trépas 
de  ce  pieux  vieillard  d'Etaples  ait  aussi 
vivement  impressionné  ton  esprit  que 
m'a  tout  entier  terrifié  ta  lettre  si  pieuse, 
si  chrétienne,  où  je  sentais,  tout  en  la 
lisant  et  relisant,  mes  esprits  et  mon 
âme,  non-seulement  attirés  par  l'huma- 
nité de  ton  style,  mais  transpercés  par- 
le glaive  de  l'Esprit,  surtout  quand  elle 
me  dépeint  et  me  montre  le  Christ  Jésus 
qui  m'encourage  et  me  demande  avec 
une  si  juste  insistance  de  ne  plus  gar- 
der aucune  excuse  qui  m'empêche  de  me 
rendre  à  lui  comme  entièrement  coupa- 
ble et  convaincu.  Aussi,  pour  ne  pas 
t'importuner  plus  longtemps,  je  te  prie 
et  te  conjure,  au  nom  du  même  Jésus 
notre  Seigneur,  que  vous  m'aidiez  par 
vos  constantes  prières  et  que  vous  ne 
ralentissiez  pas  vos  sollicitations  auprès 
de  moi,  de  façon  à  ce  que  je  puisse  enfin 
sortir  de  ce  bourbier  profond  où  je  suis 
et  où  je  ne  trouve  pied  nulle  part.  » 

Nous  ne  dirons  rien  de  la  carrière 
épiscopale  de  Michel  d'Arande.  Voir  le 
(rallia  christiana. 

ARANDELLE,  capitaine  rochelois. 
1622  IV.  49.")  h|. 

Ali.Y.N'GKS  (Israël  de  Cw.oi'iv  sieur 
u),  Ibl3  [IX.  ];r,aj. 

AU  AN  SON  (J.),  ministre  à  Tre- 
■ 

1  Ibid.  I,  450. 

-  Corr.  det  Réf.  il,  fit). 

*  Iles  documents  que  n'avaient  pas  connus  MM.  IIasr 
sont  venus  rectilier  ce  qA'ils  ont  dit  .le  la  mort  de  Le- 
fèvre |\i,  m-  b|.  Voy,  Bull,  xi  Bïvilt) 


301 


ARANSÔN  —  ARBALESTE 


302 


moing  ,  Franche  -  Corn t('>  ,  1  -"•  T 3  IX. 
it'ua]. 

ABAS8È  S.  m:  Sap.hvj.  sieur  n'\ 
li,s7  "YI.  -433  b]. 

ARAZOLA  d'Oonate  Grâce- Angé- 
lique -  Thérèse  .  marquise  de  Mont- 
pouillan    III.  268  b], 

I.  ARÏJALESTE'.  conseiller  au  par- 
lera, de  Paris  »,  1562  [IV.  -21 1  a].—  Char- 
lotte), dame  Du  Plessis-Mornay  [Raag 
I.  118.  —  VII.  516  a.  537  b':  Vlll, 
151  a].  —  (Rachd)  I.  118  :  II.  -253].  = 
Armes  :  D'or  au  sautoir  engrèié  de  Sable 
cantonné  de  ï  arbalestes  de  gueul 

•2.  Charlotte,  iille  de  Gfûj  Arbal 
seigneur  de  La  Borde,  vicomte  de  Me- 
lun.  président  de  la  Chambre  des  comp- 
tait née  au  mois  de  ma: 
dix- sept  ans  et  demi,  elle  épousa  Jean 
de  Pas,   puiné  de   la  maison   de  Feu- 
quieres.  qui  était  paire  du  roi  Friii  •>>  II 
et  faillit  être  compromis  dans  la  conju- 
ration d'Amloise  à  laquelle  il  étail 
lié.  Il  était  maréchal  de  France  lorsqu'il 
mourut,  des  suites  d'un  coup  de  pied  de 
cheval,  le  23  mai  1569.  Sa  veuve  qui  n'a- 
vait que  dix-neuf  ans   et  qui  lui  avait 
donné  une   till>i  quelques  mois  aupara- 
vant  8m  -    lan,  le  2 

.  rentra  dans  sa  famille,  et  toute 
dévouée  aux  principes  de  la  Réformatkm 
elle  vécut  dans  les  alar:  fait  à 

Paris  a  F  époque  de  la  S. -Barthélémy  et 
n'échappa  qu'avec  peine  aux  sanglantes 
journées.  L'élévation,  la  irràce  et  la 
ferme  droiture  de  son  esprit  charmèrent 
un  jeune  gentilhomme,  plus  âgé  qu'elle 
de  quelques   mois   seulement,  dont  elle 

La  la  main  (3  janv.    157 
Philippe  Du  PL  ni/  et  le  nom  de 

me  Du  Plessis-Mornay,  associé  à 
la  célébrité  de  son  mari,  a  comme  effacé 
les  autres  nums  qu'elle  avait  j 
«  M.  et  Mme  Du  Plessis-Moroay  for- 
mèrent un  ménage  chrétien  qui  a  tenu, 
sinon  une  première,  du  moins  une 
grande  place  dans  l'histoire  de  France 
au  X\le  siècle.  »  [Guizot.    I 


1  In  Christophe  Arbaleste,  né  à  Paris,  moine  d'a- 
bord, et  médecin,  se  retira  à  Strasbourg  pour  la  reli- 
gion, puis  Mans  la  sui — l-  romande,  en  I5»-QS,  et  devint 
pasteur,  c  était  un  habite  lettré,  qui  publia  en  Swisse 
deux  jolis  poSmcs  latins  sur  lu  goutte  Chr.  BaliUtœ 
parhisiensis .  in  podagre  m  concertatio;  Krosehover. 
in-fc°  s.  d.i,  mais  un  réformé  douteux  et  mou.  dont 
Farel  se  plaignait  et  prévoyait  le  retour  «  a  sa  caeulle.  >• 
Yoy.  Herminjard,  Corresp.,  t.  II. 


fidèle  conseiller  de  Henri  IV  avait  lui- 
même  le  meilleur  des  conseillers  dans 
sa  femme,  et  celle-ci  nd*H  a  laissé  un 
précieux  récit  de  leur  commune 
tence.  Elle  l'avait  écrit  pour  son  tils  et 
le  lui  remit  en  1595,  au  moment  où  ce 
tils  quittait  la  maison  paternelle  pour 
faire  le  tour  de  l'Europe,  afin  qu'il  em- 
portât avec  lui  un  modèle  de  conduite. 
«  Mon  Bis.  dit-elle  en  commençant,  en- 
core que  vous  n'ayez  point  faute  de 
guide,  en  voici  un  que  je  vous  baille  par 
la  main,  et  de  ma  main,  pour  vous  ac- 
compaicmer   :   C  nple  d°  votre 

propre  père  que  je  vous  adjure  d'avoir 
toujours  devant   les    yeux   pour  l'imi- 
ter. ••>  Elle  eut  la  douleur  de   survivre  à 
ce  tils;  il  reçut  un  boulet  en  pleine 
trine  à  l'attaque  de  I 
tobre  1005.  Bavait  27  ans.  M'!    dé 
nay  le  suivit  au  tombeau  le  15  mai 
Quoiqu'un  simple  fruit  de  la  t.'ii 
conjugale  et  maternelle;  son  ouvrage  est 
empreint  de  qualités  éminentes.  «  Dans 
ioin  de  rien  étaler,   de 
rien  amplifier,  elle  montre  moins  qu'elle 
ne  pourrait,  elle  dit  moins  qu'elle  ne  sent  : 

oies, 
quand  elle  les  racon:  mentsles 

plus  puissants  ,  quand  elle  les  exprime, 
-  >us  une  forme  contenue, 
exempte  de  tout  ornement  factice  ou 
prémédité.  Celle  qui  parlait  si  simple- 
ment et  avec  c  rve  austèri 
plus  vifs  L) 

trrandes  affaires  de  sa  vie ,  était  une 
femme  au-  née  que  grave,  qui 

suivait  son  mari  dans  tous  ses  périls, 
prenait  part  à  tous  ses  travaux,  vivait 
pour  lui  seul  et  mourut  de  douleur  delà 
mort  de  son  tii- 

moires   de  M""'  de  Mornay   dont  la  ma- 
nuscrit original  existe  à  la  biblioth.  de 
l'Université  de  France)  restèrent  inédits 
jusqu'en    is-2i.   Ils  lurent  alors  publiés 
en  12  vol.  in-8°.  Récemment,  ils  ont  été 
l'objet  d'une  édition   nouvelle  sous   ce 
titre  :  Mémoires  de  Madame  de 
nay,  édition  revue  sur  les  manne 
(pour  la  £oc.  de  lllst.  de  France  .  avec 
variantes  et  lettres   inédites   de  M.   et 
Mine   Du    Plessis-Mornay:    publ.    par 
MmedeWitt.  sous  la  direction  de  M. 
sot  son  père.  Paris.  Renouai 
2  vol.  m-8°. 


303 


ARBALESTE  —  ARBALESTIER 


304 


Il  y  eut,  dans  la  vie  de  Mmc  de  Mor- 
nay,  un  incident  qu'il  ne  faut  point 
omettre  quelque  mince  qu'il  soit,  parce 
qu'il  peint  un  trait  des  anciennes  mœurs 
protestantes.  Ellesétaientrigides,  comme 
on  sait,  et  leur  rigidité  se  retrempait 
constamment  par  le  séjour  que  beau- 
coup de  ministres  faisaient  pour  leurs 
études  dans  la  petite  cité  de  Calvin,  où 
les  institutions  politiques  avaient  été 
organisées  sous  l'inspiration  des  idées 
démocratiques  et  religieuses.  Or  les  ma- 
gistrats et  le  consistoire  de  Genève,  s'ai- 
guillonnant  et  se  soutenant  mutuelle- 
ment, poursuivaient  sans  trêve  le  luxe, 
les  fêtes,  les  danses,  les  tripots,  les  chan- 
sons, les  jeux  de  hasard  et  cette  bran- 
che de  la  mondanité,  la  plus  difficile 
peut-être  à  contenir,  la  toilette  des  fem- 
mes. La  coiffure  à  elle  seule  donnait 
beaucoup  d'affaires  au  consistoire,  comme 
deux  ou  trois  exemples  suffiront  à  le 
montrer  :  «  21  sept.  1570  :Laure  femme 
de  Xenophon  Portus,  est  citée  par  le 
seigneur  lieutenant  [de  police]  pour  avoir 
porté  les  cheveux  tors,  contre  l'ordon- 
nance ;  et  encore  voulu  maintenir  qu'elle 
les  avoit  ainsi  dès  sa  jeunesse,  ce  qui 
n'estoit.  Confesse  avoir  failly  et  estre  de 
bonne  volonté  de  s'amender,  aydant 
Dieu.  Après  les  admonitions,  on  l'a  ren- 
voyée. »  —  «  12  oct.  1581  :  Jeanne  Mor- 
lot,  femme  du  sieur  Gabriel  Pellisson, 
appelée  pour  estre  reprise  et  réprimée 
des  excessives  façons  de  faire  pleines  de 
supperbetés  et  sans  modestes  termes, 
ayant  faict  certaines  cornes  en  sa  coef- 
fure  pleines  de  vanité.  De  quoy  luy 
ayant  esté  remonstré  s'est  mise  a  rire 
ens'escusant  qu'elle  nesçait  les  coustu- 
mes  de  Genève.  Advis  que  bonnes  cen- 
sures et  remonstrances  seront  faictes  a 
la  dicte  femme.  »  —  «  21  juin  1612  :  Sur 
ce  que  le  vénér.  Consistoire  a  fait  re- 
montrer à  messeigneurs  qu'on  voit  un 
grand  abus  s'augmenter  de  jour  en  jour 
en  ce  que  plusieurs  femmes  et  filles  par 
manifeste  abus  de  la  parole  de  Dieu  et 
des  louables  édicts  de  cette  cité  se  licen- 
cient à  des  vanitez  nouvelles  et  deffen- 
dues  comme  les  frisures  de  cheveux, 
passefilons,  fausses  chevelures,  collets 
doubles,  chaînes,  bracelets  et  carquants 
d'or,  cornettes  de  velours,  charges  de 
papillotes  et  jayets,  et  autres  semblables 


excès  en  parures  et  accoutrements,  a 
esté  arresté  qu'on  mande  aux  dits  sei- 
gneurs du  Consistoire  de  faire  appeler 
devant  eux  les  dictes  femmes  et  filles.  » 
(Aug.  Cramer,  Reg.  du  Consist.  de  Ge- 
nève.)— Philippe  de  Mornay  ayant  dû  se 
rendre  en  Languedoc  vers  la  fin  de  l'an- 
née 1584  pour  les  affaires  du  roi  de  Na- 
varre, avait  emmené  sa  famille  avec  lui 
et  l'avait  installée  à  Montauban.  Quel 
ne  fut  pas  leur  étonnement,  leur  morti- 
fication, après  un  court  séjour,  d'appren- 
dre que  Mme  de  Mornay  était  amèrement 
censurée  au  sujet  de  sa  coiffure  par  le 
ministre  Michel  Bérauld  qui  entraînait  à 
sa  suite  les  deux  autres  pasteurs  de  la 
ville,  Beronis  et  Constant!  La  femme 
d'un  des  personnages  les  plus  dévoués 
et  les  plus  méritants  du  parti,  cette 
femme  si  pieuse  et  si  grave,  alors  âgée 
de  34  ans,  était  notée  publiquement  par 
ce  grand  zèle  et  menacée  d'être  exclue 
de  la  sainte  Cène,  elle,  son  mari,  ses  en- 
fants et  toute  sa  maison,  si  elle  ne  sup- 
primait ses  longues  boucles  de  cheveux 
ajoutés  et  le  fil  d'archal  qui  les  tenait. 
En  vain  protesta-t-elle  qu'elle  les  avait 
toujours  portés  ainsi  et  qu'elle  défiait 
qu'on  lui  montrât  un  article  soit  de  l'E- 
criture soit  des  synodes  généraux  qui  fût 
clairement  contraire,  elle  fut  obligée 
d'aller  chercher  la  communion  dans  un 
village  à  trois  lieues  de  la  ville.  Mais  elle 
rédigea  pour  sa  défense  une  protestation 
en  forme  qu'on  trouve  imprimée  à  la  suite 
de  ses  Mémoires. 

3.  La  cousine  germaine  de  Charlotte 
Arbaleste,  Rachel,  fille  de  Marie  Arba- 
leste  et  de  Jacques  Cochefilet,  seigneur 
de  Vaucelas,  épousa,  en  secondes  noces, 
dans  l'année  1592,  Maximilien  de  Bê- 
thune,  depuis  duc  de  Sully.  Pour  con- 
tracter cette  alliance,  elle  quitta  la  reli- 
gion romaine  et  embrassa  la  religion 
réformée  dans  laquelle  elle  mourut,  avec 
de  grands  sentiments  de  piété,  en  1659, 
à  l'âge  de  93  ans.  Elle  fut  ensevelie  clans 
le  tombeau  qu'elle  avait  fait  élever  à  son 
époux,  en  1642,  par  le  sculpteur  B.  Bou- 
din. 

1.  ARBALESTIER  ou  Arbalestrier, 
nom  d'une  ancienne  famille  du  Dauphiné 
[Haag  I,  1181.  =  Armes  (d'Arbalostier 
de  Montclar)  :  De  gueules  au  chevron 
d'argent  accosté  de  trois  étoiles  d'or  et 


30; 


ARBALESTIER  —  ARBAUD 


306 


chargé  de  5  pommes  de  pin  de  sinople 
la  tige  en  bas. 

2.  Jean  Arbalestier ,  coseigneur  de 
Beaufort,  gouverneur  de  Montpezat  et 
autres  villes  pour  le  parti  protestant, 
épousa  Louise  d'Urre  avec  laquelle  il  fit 
un  testament  mutuel  et  réciproque  ré- 
digé d'abord  en  1567  (La  Chesnaye-Des- 
bois)  et  qu'il  aurait  confirmé  en  1609 
(Aubaïs.  Pièces  fug.).  Son  lils  Isaac,  sei- 
gneur de  Beaufort,  gentilhomme  ser- 
vant le  roi,  épousa,  le  22  février  1590, 
Esther  San  van,  appelée  par  d'autres  Es- 
ther de  Sauvain  de  Chailar,  qui  le  ren- 
dit père  de  trois  fils  :  Charles,  Paul, 
Jean,  et  d'au  moins  une  fille,  Esther, 
mariée  vers  1630  avec  Jacq.  d'Heyraut. 
conseiller  au  parlement  de  Grenoble. 
L'aîné  des  fils  ,  Charles  ,  seieneur  de 
Montclar  [Vif,  495  b;  VIII,  193  h],  sui- 
vit la  carrière  des  armes.  Il  commandait 
un  régiment  en  1635  et  en  1638,  fut 
major  de  l'arrière-ban  du  Dauphiné  as- 
semblé en  16 Kl  pour  le  siège  de  Turin, 
colonel  des  4,000  légionnaires  de  cette 
province  envoyés  au  même  siéije.  et, 
en  récompense  de  ses  services,  créé 
maréchal  de  camp.  Chorier  (Hist.  du 
Dauphiné)  nous  apprend,  en  outre,  qu'à 
l'époque  où  il  écrivait,  c'est-à-dire,  vers 
1670,  Charles  Arbalestier  était  un  des 
commissaires  députés  par  lettres  paten- 
tes de  1661  et  de  1666,  pour  l'exécution 
des  édits  de  pacification  dans  le  Lyon- 
nais, le  Dauphiné  et  la  Provence.  Ses 
fils,  Alexandre,  seigneur  de  Beaufort, 
et  Paul,  seigneur  de  Gigors,  ont  eu, 
dit-il.  des  commissions  dignes  du  nom 
de  Montclar  et  de  leur  courage.  Le  pre- 
mier servit  dans  le  résiment  d'infante- 
rie de  son  père  avec  le  grade  de  capi- 
taine, puis  il  passa,  avec  le  même  grade, 
dans  le  régiment  de  chevau- légers 
d'Harcourt,  et  il  entra  plus  tard,  comme 
lieutenant,  dans  la  compagnie  d'Auti- 
chant.  En  1664,  lorsque  Louis  XIV  en- 
voya au  secours  de  l'empereur  Léopold 
un  corps  de  six  mille  volontaires,  Alexan- 
dre Arbalestier  ne  fut  pas  des  derniers  à 
solliciter  l'honneur  de  suivre  en  Hon- 
grie les  comtes  de  Colisny  et  de  La 
Feuillade.  Il  commanda  dans  cette  cam- 
pagne le  régiment  de  Bissy  en  qualité 
de  premier  capitaine.  De  retour  en 
France,  il  fut  mis  à  la  tète  d'un  rési- 


ment  de  cavalerie,  par  commission  don- 
née devant  Douai,  le  8  juillet  1667.  Son 
frère,  Paul,  qui  commandait  une  compa- 
gnie dans  le  régiment  de  Sault  depuis 
1665,  en  obtint,  la  même  année,  une 
de  chevau -légers.  Paul,  né  en  1641, 
épousa  en  1075  Marie-Arme  Hardy, 
fille  de  Thomas,  et  de  Marie  de  Massa- 
nes  ;  à  cette  date  il  était  major  dans  le 
régiment  de  Bellegarde  (Regist.  deCha- 
renton).  Son  frère  et  lui  furent  tués  au 
service  du  roi  et  comme  ils  ne  laissaient 
point  d'enfants,  leurs  biens  passèrent  à 
de  nombreux  collatéraux. 

3.  Ln  Charles  Arbalestier,  sieur  de 
Beaufort,  fut  reçu  habitant  de  Genève 
16  octobre  1572.  —  Jean  Arbalestier, 
sieur  de  Blagnac,  épousa  Catholique  Ar- 
balestier de  Beaufort  et  en  eut,  en  1596, 
un  fils,  Charles,  présenté  au  baptême 
par  Charles  de  Vesc,  sieur  de  Comps,  et 
par  Esther  de  Sauvain  lArehiv.  Tt, 
259). 

4.  Arbalestier,  ancien  de  Beaufort, 
député  au  synode  de  Loudun,  nov.  1659 
[X,  367].  —  (Abel),  «  de  Beaufort  en 
Dauphiné,  »  drapier,  réfugié  avec  sa 
femme  et  quatre  ouvriers  à  Halle,  1698. 
—  Alexandre),  de  Beaufort,  sergier,  sa 
femme,  deux  enfants  et  une  parente,  ré- 
fugiés à  Magdebourg,  1698  [Voy.  VIII, 
-y>7  b].  —  Voy.  tmuiBrmtm  V.-208. 

5.  Arbalestrier,  du  Dauphiné,  v.  1700, 
gantier  [IX,  -268  b]  et  Erman  V,  69. 

ARBAUD,  Arbolt,  Arbault;  voyez 
aussi  Hernault. 

1 .  Arbami  Daulps,  capitaine  huguenot 
assassiné  à  Brignolles,  1562  [X,  469]. — 
D  Arbaut,  autre  capitaine,  1562  [IV. 
259  a].  —  Catherine  Arbaude  (c'est-à- 
dire  femme  ou  fille  d'un  Arbaud),  mar- 
tyrisée àCabrières,  156-2  [X,  471\  Voy. 
encore,  en  1572  X.  164]. —  (George), 
né  en  1570,  conseiller  et  médecin  ordi- 
naire du  roi,  marié  vers  1615  avec  Hélène 
Berger,  et  inhumé  à  Paris  au  cimetière 
des  SS.  Pères,  5  août  1647  (Bull.  XIII, 
327; .  —  (Susanne),  veuve  de  Le  Blanc  de 
Beaulieu,  emprisonnée  à  Soissons,  1687, 
comme  huguenote  opiniâtre. 

•2.  ARBAUD,  prieur  de  Bonnieux,  au 
Comtat  Venaissin,  se  convertit  aux  idées 
luthériennes  pendant  les  guerres  de  re- 
ligion. Il  était  parent  du  capitaine  hu- 
guenot Ferrier  qui  commandait  à  Mi- 


307 


ARBAUD 


308 


nerbeset  fut  un  de  ceux  que  les  réformés, 
maîtres  de  cette  place,  envoyèrentenl577 
auprès  des  troupes  catholiques  pour  trai- 
ter des  conditions  de  la  reddition.  — 
(Auguste),  pasteur  à  Authon,  puis  à  Pa- 
ris, 1640-1646  [VI,  310  a]  et  Bull.  IV, 
325. 

3.  ARBAUT  (George),  né'vers  1570, 
professeur  au  collège  des  arts  de  Nî- 
mes, puis  ministre  dans  le  "Vivarais 
[Haag  I,  119;  X,  327]  et  Bull.  III,  45. 
Après  avoir  rempli  plus  de  vingt  ans 
les  fonctions  pastorales,  il  fut  déposé 
par  le  synode  provincial  du  Bas-Lan- 
guedoc comme  coupable  d'usure,  de  lar- 
cin et  de  diffamation.  La  sentence  fut 
confirmée,  en  1626,  par  le  synode  natio- 
nal de  Castres  qui  déclara  Arbaut  indi- 
gne du  saint  ministère  et  exclu  des  sa- 
crements. Le  condamné  s'adressa  vaine- 
ment au  synode  de  Charenton,  en  1031, 
pour  le  supplier  de  le  rétablir  dans  ses 
fonctions  ;  mais  il  fut  plus  heureux  au- 
près du  synode  d'Alençon  qui,  prenant 
en  considération  la  sincérité  de  son  re- 
pentir, coniirmée  par  une  si  longue 
épreuve,  et  ayant  égard  aux  attestations 
favorables  qui  lui  avaient  été  données 
par  les  députés  du  Bas-Languedoc,  le 
rétablit  dans  l'office  de  pasteur  après 
l'avoir  exhorté  à  mener  à  l'avenir  une 
vie  plus  régulière. 

4.  ARBAUD  (Jean  n'),  baron  de  Blau- 
zac(quelquef,  Blossac),  près  Uzès  [1,120; 
—  [IX,  420  b],  membre  de  l'acad.  royale 
d'Arles  ,  d'une  ancienne  famille  pro- 
testante de  Nîmes,  abjura  en  1684.  Le 
Mercure,  toujours  soigneux  d'enregistrer 
chaque  apostasie,  ajoute  que  d'Arbaud 
«  par  son  abjuration  s'attira  l'estime  des 
Etats  du  Languedoc  qui  lui  en  mar- 
quèrent une  joie  extrême;  mais  que  dans 
ce  bonheur  il  eut  le  chagrin  de  se  voir 
abandonné  par  sa  femme.  »  Affligée  en 
effet  au  plus  haut  point  du  changement 
de  religion  de  son  mari,  elle  oublia,  pour 
sauver  la  liberté  de  sa  conscience,  ses 
devoirs  d'épouse,  et  elle  le  quitta  en 
emmenant  ses  enfants ,  à  l'exception 
de  sa  fille  aînée  qui  consentit  à  rester 
auprès  de  son  père,  «  sans  qu'elle  don- 
nât aucun  sujet  d'espérer  —  c'est  le 
Mercure  qui  parle  —  qu'on  put  lui  ren- 
dre suspectes  les  maximes  de  Calvin.  » 
Ou  y   réussit  pourtant.   Sous   prétexta 


d'un  voyage  d'affaires,  le  père  la  décida 
à  aller  passer  quelques  jours  dans  un 
couvent  d'Arles,  où  «  l'on  gagna  sur  son 
esprit,  qui  était  d'une  étendue,  d'une  dé- 
licatesse et  d'une  force  admirables , 
qu'elle  entrerait  dans  des  conversations 
aisées  et  sans  contrainte  avec  quelque 
savant  ecclésiastique  qu'elle  choisirait.  » 
Le  provincial  des  Carmes  fut  en  consé- 
quence invité  à  la  visiter,  et  le  résultat 
des  conversations  aisées  et  sans  con- 
trainte qu'il  eut  avec  elle  fut  que  quel- 
ques mois  après,  en  1685,  elle  abjura 
entre  les  mains  de  l'archevêque  d'Arles 
qui,  pour  donner  à  cet  acte  toute  la  so- 
lennité possible,  voulut  oflicier  lui-même. 
Pendant  ce  temps  la  mère  s'acheminait 
vers  l'étranger,  emmenant  avec  elle  ses 
autres  enfants.  On  a  conservé  (Arc/i/c. 
Tt)  une  correspondance  dans  laquelle 
Jean  d'Arbaud  se  plaint  au  secrétaire 
d'Etat  des  avanies  que  lui  font  subir  ses 
anciens  coreligionnaires  de  Nîmes  et  ré- 
clame l'arrestation  de  sa  femme  et  de 
ses  enfants  en  route  pour  la  Suisse. 
(1 685).  Cette  dénonciation  uempêcha pas 
les  fugitifs  d'arriver  à  Genève,  mais  dans 
un  tel  état  de  dénùment  que  la  Bourse 
française  dut  leur  accorder  trois  pis- 
toles.  (Haag.) 

La  baronne  de  Blauzac,  Isabeau,  fille 
du  marquis  de  Fourque,  arriva  sur  les 
terres  de  Berne  au  commencement  de 
septemb.  1685.  Nous  allons  donner  l'his- 
toire de  cette  admirable  mère  contée  par 
elle-même.  C'est  une  lettre,  datée  de 
Berne  le  10  septemb.,  où  elle  expose 
aux  magistrats  du  canton  de  Zurich 
qu'elle  ne  désire  pas  rester  à  Berne  et 
qu'elle  a  seulement  besoin  de  secours 
jusqu'à  l'arrivée  d'argent  qu'elle  attend 
de  France.  Elle  continue  :  «...  La  pre- 
mière source  de  mon  malheur  est  le 
changement_de  mon  mari  qui  s'est  laissé 
séduire  au  dernier  estas  tenus  à  Mont- 
pellier, où  il  a  fait  abjuration  le  19  Xbre 
1684.  Ce  qu'aiant  apris  chés  mon  frère 
le  marquis  de  Fourques,  où  j'étès  pour 
lors,  je  partis  incontinan  pour  aller  join- 
dre mes  dix  enfans,  que  j'avès  lessé 
dans  notre  terre  à  la  campaigne,  poul- 
ies guarantirdu  malheur  que  je  prévoies 
qui  arriveroit  de  ce  changement,  fatal; 
et  la  première  démarche  que  je  lis  t'eut 
d'anvoier  deux  de  mes  garsons  les  plus 


300 


ARBAUD 


310 


aines,  âgés  de  dixhuit  à  vint  ans  à  Ge- 
nève et  deux  de  leurs  sœurs,  âgées  de 
treize  a  quatorze  ans,  du  costé  du  Dau- 
phiné  où  je  les  mis  a  couvert  auprès  de 
mes  parans.  Et  pour  les  autres  filles 
qui  restent  auprès  de  moi,  l'aînée  d'en- 
trelles,  âgée  de  vint  et  un  an,  feut  sol- 
licitée puissament  au  mesme  change- 
ment par  la  promesse  qu'on  lui  fit  de  lui 
donner  une  place  chés  madame  la  dau- 
phine  et  dix  mille  ecus  en  sortan;  l'hau- 
tre,  âgée  de  dix  et  neuf  ans,  par  un  ma- 
riage très  avantageux  et  la  troisième 
âgée  de  dix  et  sept  ans  par  d'autres  pro- 
messes aussi  bien  que  des  menasses. 
Il  ne  me  restoit  encorre  que  trois  petits 
enfants  qu'on  m'avoit  bien  enlevés, 
mais  que  mon  mari  me  fit  randre,  me 
voian  en  estât  de  labandoner,  de  tout 
entreprandre  et  acablée  de  douleur.  Je 
ne  perdis  pas  pour  tout  cela  ma  crainte 
puisqu'an  me  rendan  mes  enfans,  on  mit 
en  mesme  temps  un  prêtre  dans  ma 
maison  pour  les  instruire  et  pour  estre 
leur  garde  et  pour  faire  en  mesme  tamps 
auprès  de  moi  tout  ce  qui  dépandroit 
de  lui  pour  me  perdre,  n'aiant  espar- 
gnié  pour  cela  ny  promesses  ny  menas- 
ses, estant  mesmes  veneu  a  toutes  sor- 
tes d'amportemens  horibles  pandant  six 
ou  sept  mois  que  j'ai  resté  auprès  de 
M»  d'Arbaud  mon  mari,  qui  de  son  costé 
fit  aussi  tout  son  possible  pour  m'inti- 
raider,  affin  de  minspirer  les  mesmes 
sentimans  quil  avet  pour  la  conserva- 
tion et  agrandissement  de  sa  maison,  ne 
se  contantan  pas  de  ce  que  Dieu  lui  avet 
doné  de  naissance  et  de  biens.  Comme 
je  vis  donc  qu'il  n'i  avoit  point  de  fin  a 
toutes  ces  violentes  persécutions  que  le 
danger  de  perdre  mes  enfans,  et  de  nous 
voir  sans  exsersice  et  dans  le  dernier 
malheur,  je  me  vis  enfin  contrainte  de 
prandre  la  résolution  de  me  retirer  et  de 
faire  mon  possible  pour  sauver  mes  pau- 
vres enfans,  quoique  je  feusse  pour 
ainsi  dire  dans  l'impuissance  d'exécuter 
et  de  me  pourvoir  mêmes  des  choses 
nécessaires  pourfaire  mon  voyage,  aiant 
emploie  une  partie  de  ce  que  je  pouvès 
avoir  au  voiage  et  entretien  de  mes  en- 
fans à  Genève  ;  mais  enfin  m'estanî, 
abandonnée  a  la  providance  de  mon 
Dieu  et  résignée  à  tout  ce  qui  lui  plé- 
soit   de   m'envoier   'mon   mari  m'aiant 


osté  tous  les  moiens  de  retirer  quelque 
chose,  dans  la  crainte  qu'il  avét  de  ma 
restraite)  fortifiée  par  la  grûce  de  Dieu 
et  par  la  nouvelle  que  je  venois  de  re- 
cevoir que  mon  mari  avec  le  procureur 
du  roi  venét  de  m'eniever  deux  de  mes 
tilles,  l'aînée  et  la  troisième  qui  estoit 
pour  lors  a  la  campaigne,  pour  les  mes- 
tre  dans  le  couvent  et  pour  se  saisir  du 
reste  de  mes  enfans  que  j'avès  au  près 
de  moi  et  pour  arrêter  ma  personne 
mesmes.  Je  me  résoleux  sans  ésiter  da- 
vantage avec  ce  que  je  peux  avoir, 
n'aiant  pas  mesmes  voulu  demander 
aucun  secours  a  persone  qui  ait  peu  ai- 
der mon  dessein  de  crainte  de  leur  faire 
des  affaires,  me  servan  de  l'occasion  de 
la  foire  de  Baucaire  *  où  toute  notre  pe- 
tite ville  de  Nismes  est  en  foulle  et  où 
par  boneur  étoit  aussi  allé  nostre  prêtre, 
spécieux  hennemi  de  nostre  repos,  m'i 
aiant  fait  tréner  avec  mes  enfans  dans 
un  pitoyable  équipage  et  déguisée  pour 
n'estre  pas  reeogneue.  Mais  ce  qu'il  y  a 
de  surprenan  et  qui  marque  merveil- 
leusement la  providance  de  Dieu  seur 
ses  enfans,  feut  d'avoir  rencontré  mon 
mari  en  chemin  dans  son  carosse,  à  la 
v.'ue  de  Beaueaire,  qui  acompaigné  de 
M.  le  procureur  du  roi,  menoit  mes  deux 
pauvres  filles  captives  que  je  recogneut 
d'aboretauxquelles,aprèsun  triste  : 
et  plusieurs  larmes  répandues  dune  mère 
tout  affligée,  je  ne  peux  donner  autre 
secours  que  celui  de  mes  prières  et  de 
ma  bénédiction,  n'aiant  osé  me  doncr  à 
cognoistre,  de  peur  de  perdre  encor  les 
hautres.  Dieu  sait  avec  quelle  amerthume 
de  cœur  je  poursuivis  mon  cliemin  me 
voiant  dans  l'obligation  d'abandoner 
un  mari,  peut  estre  pour  jamais,  que 
j'aimès  extrêmement  avant  sa  cheute  et 
deux  de  mes  filles  exposées  a  toutes  les 
plus  violentes*  et  a  estre  misses  le  jour 
mesmes  dans  le  couvent.  Mais  enfin 
voiant  que  je  n'avès  pas  du  tamps  a  per- 
dre, estant  assurée  que  l'on  me  pour- 
suivroit  dans  ma  fuite,  je  pris  au  plus 
vis  te  le  chemin  le  moins  dangereux  qui 
étoit  celui  de  Marseille,  où  j'ai  rancontré 
mes  deux  filles  que  j'avès  auparavant 
envoie  du  costé  du  Dauphiné  pour  les 
mestre  a  couvert  et  qui  avèt  ordre  de 

1  Du  22  au  25  juillet. 
'-  L'D  mot  omis. 


311 


ARBAUT  —  ARBOUET 


312 


s'y  randre.  Et  de  là  j'alai  jusques  Nisse, 
jusque  a  Turein  et  de  Turein  a  Genève 
ou  j'arrivai  avec  mes  six  enfans  par  la 
grâce  de  Dieu  après  avoir  este  un  mois 
en  chemin,  souffert  une  grande  fatigue 
et  consumé  ce  que  je  pouvès  avoir  sur 
moi.  La  j'eux  la  joie  de  voir  mon  fils 
aine,  l'autre  estant  parti  depuis  deux  ou 
trois  mois  avec  M.  le  baron  de  Frisse,  le 
beaufîls  de  M.  le  compte  de  Dona  pour 
avoir  de  l'amploi;  et  comme  l'on  na  pas 
jugé  a  propos  que  je  restasse  a  Genève 
je  continuai  ma  route  jusques  à  Gnions 
(Nyon)  ou  chacun  feut  touché  de  conpa- 
tion  a  la  veue  de  ma  famille,  ce  qui  m'o- 
bliga  de  me  prévaloir  de  l'offre  honeste 
que  me  faisoit  des  dames  charitables  de 
ressevoir  deux  de  mes  filles,  en  attendan 
que  la  providance  divine  y  ait  pourveue 
et  de  laisser  deux  petits  en  pension;  après 
quoi  j'ai  pris  les  deux  autres  abeilles 
avec  moi  dont  l'ainée  est  partie  pour 
aller  joindre  Mmc  la  contesse  de  Dona  et 
l'autre  est  restée  auprès  de  moi.  Voici, 
mes  seigneurs,  le  ressit  que  Vos  Excel- 
lences mont  commandés  de  faire.  Estant 
aussis  généreuses  et  charitables  qu'elles 
sont  j'osse  me  promestre  de  leur  bonté 
qu'elles  ne  refuseront  point  la  protection 
a  une  femme  qui  abandonnan  tout  par 
son  Dieu  et  qui  étant  dépourvue  de  tout 
secours  humain  du  costé  de  la  patrie  dans 
Testât  présent  des  choses,  se  jette  avec 
toute  la  soumission  due  entre  leurs  bras 
pour  y  trouver  un  port  tranquille  après 
tant  d'orages  essuies,  les  suplian  de  vou- 
loir servir  de  père  à  mes  pauvres  enfans 
et  d'avoir  de  la  compassion  de  leur  mère 
affligée.  »     «  Darbaud  de  Fourque.  » 

Copié  par  M.  Moebikofer  aux  archives  d'Etat  de  Zurich 

5.  C'est  certainement  aussi  un  proche 
parent  du  précédent  que  les  listes  du  re- 
fuge en  Prusse  désignent  en  ces  ter- 
mes :  «  Pierre  d'Arbaut,  baron,  seigneur 
de  Blausac  en  Languedoc,  né  au  dit 
Blausac  le  5  octobre  1656,  colonel  d'un 
bataillon  au  service  du  roi  ,de  Prusse, 
mort  à  Magdebourg.  »  (Erman  IX,  8.) 
De  même  Tristan  d'Arbaud  cité  par  Haag 
[IX,  420  b]  ;  et  Jean  d'Arbaud,  nouveau 
converti  de  Nîmes,  qui  reçoit  l'ordre, 
1701,  de  .continuer  la  pension  de  son 
lils,  qu'il  accuse  de  trafiquer  de  religion 
(Arch.  Tt).  =  Armes  (d'Arbaud  de  Blau- 
zac)  :  D'or  au  griffon  de  sable,  la  patte 


dextre  et  la  jambe  senestre  de  gueules. 

ARBEL1N  (Daniel),  de  Lunel,  assisté 
à  Genève,  1685. 

ARBELOT  (Jean),  de  Bourg  en  Bres- 
se, assistée  Genève  pour  gagner  le  Bran- 
debourg, 1706. 

♦ARBER  (Suzanne,  fille  de  feu  Pierre), 
de  Pont  en  Royans,  assistée  à  Genève, 
1698.  —  (la  femme  de  Moïse),  de  Senne 
en  Dauphiné,  chargée  de  deux  enfants 
et  enceinte  de  sept  mois,  réfugiée  et  as- 
sistée à  Genève,  1690. 

ARBERT  (Jehan),  «  de  Luyberein  au 
pais  de  lorraine,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 9  mai  1559.  —  (Paul)  et  son  fils, 
de  Montélimart,  assistés  en  passant  à 
Genève,  1685.  —  (la  veuve  de  Jean), 
du  Haut-Dauphiné  et  allant  à  Basle,  id. 
1707. 

ARBERAZ;  Languedoc,  1573  [VIII, 
342  b]. 

ARBISSAN,  capitaine,  1622  [Vil, 
150  a]. 

ARBISSEAU,  de  Nérac,  chirurgien, 
réfugié  à  Wesel,  1700. 

ARBLADE  (d'),  capitaine  protestant, 
gouverneur  d'Eauze  (Gers).  Bordenave 
(p.  292)  rapporte  qu'en  1569  il  arriva  à 
Grenade-sur-1'Adour,  pour  y  rejoindre 
le  baron  de  Montamat,  «  ayant  quitté  la 
ville  [d'Eauze]  sans  rien  dire  et  avec  telle 
haste  qu'il  n'eust  loisir  de  la  desmante- 
ler,  comme  Montamat  luy  avoit  expres- 
sément mandé.  »  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  un  autre  d'Arblade,  capitaine 
catholique  de  l'armée  de  Montluc,  men- 
tionné également  par  Bordenave  (p.  264) 
en  1569. 

ARBOUET  (le  seigneur  d'),  capitaine 
protestant,  commandant  du  château  de 
Sauveterre  en  Béarn  «  avec  quelques 
soldats  qui,  estans  sommez  [par  le  capi- 
taine catholique  Valentin  de  Domezain 
et  six  ou  sept  cens  hommes],  sans  autre 
résistance,  remirent  la  ville  et  chasteau. 
aux  conditions  qu'elle  ne  seroit  aucune- 
ment pillée,  ny  ceux  de  la  religion  réfor- 
mée forcez  en  leur  conscience.  Les  sol- 
dats sortirentavec  lesespées  seulement, 
et  les  capitaines  avec  leurs  armes  et  lia- 
gage,  qui  se  retirèrent  en  leurs  maisons 
au  lieu  de  se  retirera  Navarrenx,  comme 
firent  plusieurs  autres  qui  sortirent  avec 
eux.  Cependant  les  Basques  ne  tindrent 
rieu  de  ce  qu'ils  avoient  promis,   mais 


313 


ARBOUET 


ARBUSSI 


3U 


incontinant  qu'ils  furent  dedans,  sacca- 
gèrent tous  ceux  de  la  religion  réformée, 
et  ayans  restituée  la  messe,  contraigni- 
rent plusieurs  d'y  aller.  »  1569.  (Borde- 
nave,  p.  213,  214.) 

ARBOUIX  François),  procureur  fis- 
cal à  Pons  en  Saintonge,  1678  [VIII, 
332  a].  —  Il  était  déjà  procureur  fiscal 
de  Pons  au  mois  de  septemb.  1667  et 
portait  auparavant  le  titre  de  Moniteur 
d'office  de  la  ville.  En  1682,  il  fut  chargé 
par  les  protestants  de  Pons  de  soutenir 
au  conseil  d'Etat  leurs  droits  à  l'exercice 
de  leur  culte.  Bavait  épousé  Marguerite 
Chabinaud.  dont  il  eut  plusieurs  enfants 
(Reg.  de  Pons  .  —  En  1653,  un  Arbouyn, 
père  ou  oncle  du  précédent,  était  «  no- 
taire royal  héréditaire  en  Saintonge.  » 

Arbocsse,  voyez  Pelet. 

ARBOUT.  procureur  du  roi  au  Vinan. 
1561  {Bull.  XVII.  482).  —  Arboux,  an- 
cien au  Vigan.  1675  [VIII,  464  h]. 

ARBRES  (Florimon  d'),  cordonnier, 
natif  d'Aulbenas  en  Vivarais,  reçu  habi- 
tant de  Genève.  17  avril  1559. 

ARBRET  'André),  du  Poitou,  galé- 
rien, 1687  [X.  410J. 

ARBUXOT,  ou  Harbunot.  ou  Herbi- 
not,  1661  [VII,  413  b,  note].  —  Jacob 
Arbunot,  peintre  et  sculpteur,  épouse  à 
Charenton  (vers  1675]  Catherine  de  La 
Bourde  dont  il  a  :  Daniel,  1677;  Phi 
lippe,  1678;  Anne,  1681.  —  (Jacques) 
naturalisé  Anglais,  8  mai  1697(AgnewI, 
53).  —  On  trouve  aussi  Arbinot  (Anne), 
veuve  des  Moulins  [à  Xantes),  convertie 
lors  de  la  Révocation  et  recevant,  à  ce 
titre,  «  les  aumônes  du  Roi.  »  • 

ARBUS   (Gèralde)  ,    emprisonnée, 
X.  405]. 

ARBL'S  (Pierre  d),  ou  d'Arbusio, 
avocat  au  conseil  souverain  de  Béarn, 
1569,  signalé  par  les  uns  comme  hugue- 
not [I,  133  a],  par  les  autres  comme  ca- 
tholique (Bordenave,  p.  25 1  ■ 

1.  ARBUSSV  ou  Arbussi  (Pierr: 
à  Montauban,  16  oct.  1581,  appartenait  à 
une  famille  importante  de  cette  ville  "V, 
202  b].  Un  quartier  de  banlieue  du  côté 
de  Tescon  porte  encore  le  nom  d' Arbussi, 
et  atteste  que  cette  famille  y  avait  de 
grands  biens;  elle  avait  en  même  temps, 
dès  l'origine  de  la  Réforme,  déployé  un 
zèle  ardent  pour  la  liberté  de  conscience. 
Le  8  avril  1612,  Pierre  avait  épousé  Su- 


sanne  (née  à  Montauban,  déc.  1592), 
fille  de  Théophile  Bêrauld  qui  lui-même 
était  le  fils  aîné  du  célèbre  Michel  Bê- 
rauld. De  ce  mariage  naquirent  plusieurs 
enfants,  dont  deux,  Théophile  et  Joseph, 
ont  acquis  quelque  notoriété. 

2.  Théophile,  né  à  Montauban  le 
8  juill.  1614  [HaagI,  121  a;  —VI,  56  b; 
VII,  294  a;  297  b],  étudia  la  théologie  à 
l'acad.  de  sa  ville  natale,  et  fut  admis  au 
ministère,  oct.  1637,  par  le  synode  de 
Castres,  qui  lui  assigna  l'église  de  So- 
rèze  :  il  y  était  encore  en  1644 ,  et  à 
Milhau  vers  1656.  Il  fut  député  (1659) 
au  synode  national  de  Loudun,  où  il 
prononça,  sur  Gen.  XLIX,  10,  un  sermon 
qui  a  été  imprimé  (Saumur,  1660,  in-8°). 
En  1663,  la  ville  de  Milhau  fut  le  théâ- 
tre d'une  émeute  où  il  se  trouva  com- 
promis. Les  capucins  qui  y  avaient  une 
mission,  ayant  voulu,  par  excès  de  zèle, 
s'opposer  à  un  enterrement,  qui  ne  se 
faisait  pas  à  l'heure  fixée  par  l'arrêt 
du  13  nov.  1662,  il  en  résulta  un  tu- 
multe où  quelques-uns  d'entre  eux  fu- 
rent maltraités.  Trente-sept  personnes 
furent  arrêtées  ;  deux  pendues ,  deux 
condamnées  à  l'amende  honorable,  deux 
autres  au  bannissement  pour  cinq  ans 
de  la  généralité  de  Montauban,  et  le 
ministre,  frappé  de  la  même  peine.  Les 
autres  accusés  qui  avaient  pris  la  fuite, 
en  furent  quittes  pour  être  pendus  et 
brûlés  en  effigie  ou  condamnés  aux  ga- 
lères, sauf  quelques  femmes  qui  subi- 
rent en  réalité  la  peine  du  fouet.  L  - 
glise  de  Milhau  dut  aussi  payer  une 
amende  de  14,000  livres  et  les  dépens. 
Enfin  les  protestants  furent  exclus  à 
perpétuité  de  toute  charge  munici- 
pale. 

L'année  suivante,  Théophile  Arbussi 
fut  nommé  pasteur  à  Revel,  et  en  1670, 
après  avoir  été  pasteur  à  Anduze,  il 
obtint  la  permission  d'établir  de  nou- 
veau sa  résidence  à  Milhau  (Arch.  Tt, 
340).  En  1673,  il  fut  désigné  par  le  sy- 
node du  Haut-Languedoc  pour  professer 
la  théologie  à  l'acad.  de  Puylaurens  en 
remplacement  de  Jean  Gommare.  On  a 
(Biblioth.  de  la  fac.  de  Montaub.)  la 
thèse  inaugurale  qu'il  soutint  à  cette  oc- 
casion, intitulée  :  Thèses  theelogicx  de 
libero  arbitrio,  quas  ex  prœœpto  synodi 
provincialis  superioris  Occitanioe  et  Aqui- 


318 


ATIBUSSI 


m 


taniaj  composuit  et  publiée  agitatidas 
proponit  Thcophilus  Arbussius,  sacro- 
sanctœ  theologise  professor  désignants  ; 
Podiolauri,  1(374,  in  4°,  39  pag.  —Théo- 
phile Arbussi  épousa,  15  septemb.  1644, 
Claudine  de  Bataille  (fille  à'Eléazar, 
procureur  à  la  chambre  de  l'édit),  qui 
resta  en  France,  à  Montauban,  après  la 
Révocation  (Tt,  253)  et  vivait  encore  en 
1690.  Elle  lui  avait  donné  quatre  en- 
fants :  1°  Théophile  (ci-après  n°  4); 
2°  Antoine  (ci-après  n°  5);  3°  Margue- 
iute,  mariée  à  N.  Sales,  bourgeois  de 
Revel  ;  4°  Suzanne,  mariée  à  Jean  Ca- 
zalet,  avocat  à  Milhau.  Il  mourut  en  1681 . 
Bayle  (voy.  Œuvres  diverses,  t.  I  ;  lett. 
à  sa  famille)  faisait  grand  cas  de  Théo- 
phile Arbussi. 

3.  Joseph  Arbussi  [Haag  I,  120;  — 
VI,  142  b;  VII,  177  a;  VIII,  189  a; 
IX,  6  b;  203  b],  frère  du  précédent,  na- 
quità  Montauban  le  17  avril  1624.  Admis 
au  ministère  en  1645,  il  fut  immédiate- 
ment nommé  pasteur  à  Sorèze.  L'année 
suivante  il  fut  appelé  à  Montauban,  non 
toutefois  sans  une  vive  opposition,  quoi- 
qu'il se  vante  lui-même  d'y  avoir  été 
«  demandé  par  la  voix  générale,  sans  au- 
cun dissentiment  de  suffrages,  dans  une 
assemblée  de  près  de  deux  mille  habi- 
tants. »  {Lettre  de  Joseph  Arbussy,  à 
tous. les  fidèles  des  églises  réformées  de 
France;  Montauban,  Pierre  Bertié , 
1657,  in-4°).  Il  paraît  qu'un  grand  nom- 
bre de  protestants  de  cette  ville  dési* 
raient  ([\i  André  Martel  succédât  à  Pier- 
re Ollier  qui  venait  de  mourir  et  qu'il 
s'agissait  de  remplacer.  Pour  les  satis- 
faire, on  partagea  cette  place  de  pasteur, 
et  on  en  donna  la  moitié  à  chacun  des 
deux  concurrents.  Une  lettre  de  cette 
époque,  imprimée  sans  nom  d'auteur, 
mais  qu'il  y  a  tout  lieu  de  regarder 
comme  l'œuvre  de  Jacques  Coras,  donne 
sur  la  nomination  de  Joseph  Arbussi  le 
curieux  détail  que  Paul  Charles,  pasteur 
et  professeur  de  théologie  à  l'académie, 
vit  cette  nomination  avec  un  profond 
regret,  et  dit  :  «  C'est  un  jeune  serpent 
que  l'église  de  Montauban  met  dans 
son  sein  et  qui,  un  jour  lui  déchirera  les 
entrailles.  »  (Response  à  un  libelle  inti- 
tulé :  Lettre  de  Joseph  Arbussy,,.. 
15  avril  1658.) 

Les  mêmes  influences  le  firent  nom- 


mer en  1653  à  la  chaire  d'hébreu  laissée 
vacante  par  la  mort  de  Timothée  De- 
lon; et  bientôt  après,  on  ajouta  à  ses 
fonctions  de  pasteur  et  de  professeur 
celles  de  principal  du  collège.  On  n'avait 
pas  encore  vu  des  charges  aussi  impor- 
tantes confiées  à  un  homme  aussi  jeune 
et  qui  ne  se  recommandait  ni  par  ses  ta- 
lents ni  par  son  caractère.  L'orage  ne 
tarda  pas  à  éclater  sur  sa  tète. 

Bien  différent  de  son  grand-oncle  et  de 
son  bisaïeul,  Pierre  et  Michel  Bérauld,  Jo- 
seph Arbussi  n'était  pas  un  de  ces  sévè- 
res protestants  qui  condamnaient  sans 
ménagements  toutes  les  concessions  fai- 
tes à  l'esprit  du  siècle  et  qui  tonnaient 
contre  les  mœurs  relâchées  de  leur  temps. 
Placé  trop  jeune  encore  à  la  tête  d'une 
église  considérable  et  difficile,  il  manqua 
de  la  réserve  nécessaire  à  ses  fonctions. 
A  son  retour  dans  sa  ville  natale,  il  eut 
la  faiblesse  de  renouer  des  relations  in- 
times avec  ses  anciens  camarades  d'é- 
tude, de  vivre  familièrement  avec  eux, 
etde  partager  leurs  amusements  et  leurs 
plaisirs.  On  ne  le  vit  pas  sans  étonne- 
ment  aller  à  la  chasse,  assister  à  des 
banquets,  afficher  un  luxe  extraordi- 
naire pour  la  gravité  de  sa  profession, 
dans  ses  habits  et  dans  son  ameuble- 
ment. Les  hommes  graves  se  scandali- 
saient de  sa  prédication  dans  laquelle  il 
affectait  d'employer  le  style  des  romans 
du  temps.  Cette  manière  de  prêcher  le 
fit  nommer  «  le  Grand  Cyrus.  »  (Res- 
ponse au  libelle,  p.  12,  etc.) 

Mille  bruits  fâcheux  circulaient  sur 
son  compte  ;  une  grande  partie  de  l'é- 
glise se  décida  à  demander  sa  révocation. 
Cette  affaire  fut  successivement  portée 
devant  trois  synodes  de  la  province  du 
Haut-Languedoc  et  Haute-Guyenne,  de- 
vant deux  autres  de  la  province  du  Bas- 
Languedoc  qu'on  avait  pris  pour  arbitre 
et  enfin  en  1659  devant  le  synode  natio- 
nal tenu  à  Loudun.  Après  une  longue 
enquête,  cette  dernière  assemblée  lui  in- 
terdit d'exercer  désormais  son  ministère 
à  Montauban  et  dans  le  Haut-Langue- 
doc ;  mais  sans  doute  par  considération 
pour  la  mémoire  de  Bérauld,  elle  ajouta 
«  que  la  cessation  des  fonctions  de  son 
ministère  serait  sans  tache  de  déposi- 
tion. »  (Aymon,  Syn.  nat.  11,  754). 

A  la  lin  de  1661,  on  trouve  Joseph 


317 


ARB1 


318 


Arbussi  pasteur  à  Bergerac.  Colomiès 
(Gallia  nrientalis,  p.  228]  lui  rend  le  té- 
moignage de  s'y  être  acquitté  convena- 
blement de  ses  fonctions.  Ce  fut  pendant 
qu'il  exerçait  le-  ministère  évangélique 
dans  cette  ville  qu'il  publia  un  Sermon 
pour  l'ouverture  du  synode  des  églises 
réforméesjle  la  Basse-Guienne  :  B  _  - 
rae,  1663,  in-8°  (Bibliot.  de  Bordeaux, 
n°  8073). 

En  1664,  le  consistoire  de  Nîmes  l'in- 
vita à  venir  prêcher,  par  provision,  dans 
cette  église,  jusqu'au  prochain  synode 
du  Bas-Languedoc.  Son  incorrigible  lé- 
gèreté ne  tarda  pas  â  lui  aliéner  plu- 
sieurs familles  protestantes  de  cette 
ville.  Après  des  débats  affligeants  qui 
durèrent  plus  dune  année  voy.  I 
de  l'égl.  de  Ximes,  par  A.  Borrei 
seph  Arbussi  fut  obligé  de  se  retirer, 
malgré  les  attestations  honorables  que 
lui  accorda  le  synode  du  Bas-Languedoc 
réuni  à  U/,ès  en  mars  1606  {Archiv.  du 
consist.  de  Ximes). 

Soit  par  ressentiment  des  nombreux 
échecs  qu'avait  essayés  sa  vanité,  soit 
peut-être  aussi  par  quelque  vague  es- 
poir de  s'ouvrir  une  carrière  plus  heu- 
reuse et  plus  brillante,  il  abjura  bientôt 
après  le  protestantisme.  Le  clergé  catho- 
lique l'en  récompensa  par  une  pension 
de  huit  cents  livres.  A  Paris  où  il  se 
rendit  alors1,  sans  doute  pour  solliciter 
quelque  emploi,  il  s'associa  au  projet  de 
réunion  des  protestants  et  des  catho- 
liques, qu'avait  repris  le  maréchal  de 
Turenne,  et  prit  part  à  cette  œuvre  par 
la  publication  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Déclaration  de  Joseph  Arbussi  conte- 
nant les  moyens  de  réunir  les  protes- 
tants dans  l'Eglise  catholique  ;  Paris, 
Den.  Thierry,  1670,  in-8. 

En  1077),  Arbussi  retourna  à  Mon  tau- 
ban.  Cet  arrière-petit-fils  de  Michel  Bé- 
rauld  était  alors  clerc- tonsuré*.  Le  13 
août  1689,  il  fut  nommé  avocat  général 
à  la  cour  des  aides  de  Montauban.  11 
remplit  ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort 
qui  arriva  le  5  avril  1694.  11  fut  enterré 


troubles  religieux  suscités  à  Montanban  par 
Joseph  trbussi  donnèrent  naissance  à  de  nonibrcu-c* 
brochures,  dont  la  bibiioth.  de  la  ville  conserve  un  re- 
cueil sons  le  n 

'■  Protocole  de  Jacques  Rigand,  notaire  de  Montauban, 
1673;  (o!.  W6  à  iTO. 


le  lendemain  par  le  chapitre  cathédral 
dans  l'église  des  Pères  Cordeliers. 

Il  avait  épousé  en  premières  noces 
une  demoiselle  Bardon,  et  en  secondes, 
le  v'7  mai  1666,  Madeleine  Richaud,  qui 
mourut  quatre  ans  après.  Les  enfants 
qu'il  eut  de  ces  deux  mariages  mou- 
rurent tous  en  bas  à'-re. 

t.  Théophile  Arbussi,  fils  de  Théo- 
phile, professeur  de  théologie  à  Puylau- 
rens,  et  de  Claudine  de  Bataille,  naquit 
à  Milhau  dans  le  Bouergue  vers 
Après  avoir  fait  ses  études  de  philoso- 
phie et  de  théologie  à  l'académie  de 
Puylaurens.  il  alla  passer  un  an  à  l'a- 
cadémie de  Genève,  où  il  fut  immatri- 
culé le  -20  mai  1678  Liv.  du  recteur, 
p.  17n  .  Reçu  au  ministère  évangélique au 
commencement  de  1080  l,  il  fut  placé 
comme  ministre  à  Calmon  où  il  avait  été 
appelé  dès  107  >i  et  à  la  tin  de 

1681  à  Puylaurens*.  ('/est  probablement 
lui  que  Mp*  D      N  Lettres  hist.  et 

galantes.  1790,  XI.  néon- 

tra  d'abord  à  ilerne,  puis  en  Hollande 
la  Révocation;  et  c'est  aussi  lui 
sans  doute,  non  son  frère  Antoine,  qui 
était  à  Rotterdam  en  1088  avec  le  doc- 
teur Burnet  son  ami.  Tbéophile  devint 
■  pastew  des  noble.-  ■  à  La  Haye  et 
mourut  dans  cette  ville.  Cerf  encore 
lui.  et  non  son  frère  Antoine,  tp. 
l'auteur  d'un  ouvrage  dirigé  contre  l'a- 
pin  et  intitulé  :  Im  juste 
idée  de  la  grâce  immédiate  ou  Réponse 
à  la  critique  de  la  doctrine  de  M.  Jurieu 
sur  les  habitui!  (et la  grâce  im- 

médiate; La  Haye,  Ellinkhuy; 
in-12.  Voy.  sur  cette  polémique  :  Bayle, 
Œuvres    diverse*,    IV,    038.    —   [VIII. 
118  b]. 

\rbussi,  frère  du  précé- 
dent. On  sait  très-peu  de  lui.  Réfugié 
en  Hollande,  à  la  Révocation,  il  fut 
pasteur  à  I  703,  à  Ut  redit 

en  1707.  et  en  1713  à  Amsterdam,  où 


1  0«  au  synode  de  Kéalmont.  en  1<P9,  selon  les  notes 
piss.  de  MM.  i! 

J  Théophile,  à  la  mort  de  s  >n  père,  fut  appelé  à  le 
remplacer  dans  sa  chaire,  et  il  occupa  cet  emploi  jus- 
qu'à la  Révocation,  a^rès  laquelle  il  se  réfugia  en  Hol- 
lande.— Antoine  a\ait  épousé  N <I<  Laegcr  d'Mgwu, 

de  Puylaunn-.  qui  avait  deux  frères  réfugiés  en  Angle- 
terre, l'un  nommé  de  Lacga-  de  la  Rcti'jné,  l'autre  de 
iMger  Duroc;  ce  dernier,  officier  dans  l'armée  an- 
glaise, fut  tue,  juin  1712,  en  faisant  omrir  une  tran- 
chée devant  Le  Quesuoy.  (Pi  . 


319 


ARBUSSI  —  ARCHER 


320 


il  enseignait  la  théologie  en  1718.  (Ni- 
colas.) 

ARCAJON  (Daniel),  notaire  à  Au- 
benas,  1626  [I,  14  b;  X,  314]. 

ARCAMBAL,  à  Issoudun,  1562  [I, 
137  b]. 

ARGES  (Claude  d'),  «natif  de  Ro- 
mont  en  Dauphiné»  (Romans?),  reçu 
habitant  de  Genève,  23  oct.  1559.  — 
(Jean  d),  v.  1580,  mari  de  Clauda  de 
Beranger,  damoiselle  dauphinoise  [II, 
181b]. 

1.  ARCHAMBAUT,  martyr  à  Paris, 
1557  (Bull.  II,  381).  —  Guillaume  Ar- 
chambault,  de  Bourgneuf,  épouse  Isa- 
beau  Marr eau ;Loudun,  1566  (VII, 283  b, 
note].  —  (Catherine);  Loudun,  1566 
[IX,  115  b].— (René),  àLoudun,  1634.— 
Archambauld,  pasteur  de  Bazas  et  S.- 
Julien, v.  1567  (Bull.  IX,  295,  296). 
—  Jean  Archambaut,  de  Sedan,  réfugié  ; 
sa  fille  enfermée  à  la  Propagation  de 
la  foi,  1686.  —  Etienne  Archambaud  et 
sa  femme  Elisab.  Tadoureau,  réfugiés 
deMarenneenSaintongo,1687. —  (Jean), 
fugitif  de  La  Rochelle  ,  emprisonné  à 
Dieppe,  1692.  —  Suzanne  Archembaut, 
avec  deux  enfants ,  assistée  à  Londres, 
1 702. — Marie,  femme  de  Jean  Archam- 
baut, deS.-Jean-d'Angle  (Gers  ou  Ghar.- 
Inf.),  avec  deux  enfants ,  id.  1705.  — 
Marthe  et  Marie  Archambaut,  avec  un 
enfant,  id.  1721. 

2.  ARGHIMBAULT;  Lyon,  1562  [Vil, 
454  a].  —  Autre,  proscrit  à  Lyon  en 
1568  (ci-dessus  col.  276).—  (le  capitaine), 
délégué  des  églises  de  Provence,  1573 
(Bull.  X,  353). 

3.  ARCHIMBAUD  (Etienne),  de  Mon- 
télimart  [V,  123  b],  reçu  en  1608  bour- 
geois de  Genève  où  il  avait  été  admis 
à  l'habitation  avec  son  frère  Jean,  le 
22  septemb.  1572.  Un  de  ses  fils,  Jean, 
né  en  1612,  ingénieur  mécanicien,  offrit 
au  conseil  de  Genève,  en  1658,  de  faire 
monter  l'eau  du  Rhône  dans  le  haut 
de  la  ville.  Sa  proposition  ne  fut  pas 
agréée  et  Genève  n'eut  que  50  ans  plus 
tard  une  machine  hydraulique. 

4.  ARCHIMBAUD  (Théodore),  petit- 
fils  de  Jean,  né  à  Genève  en  1696,  attiré 
par  Benoît  de  Pontverre,  curé  de  Gonfi- 
gnon  S  fut  converti  par  lui  au  catholi- 

i  Le  môme  qui  séduisit  aussi  J.-J.  Rousseau  (Confess. 
l'art.  I,  liv.  2). 


cisme  à  l'âge  de  treize  ans.  Ses  parents 
le  réclamèrent  en  vain.  Envoyé  à  Rome 
au  collège  de  la  Propagation  de  la  foi,  il 
obtint  plus  tard  une  cure  dans  le  canton 
de  Fribourg,  puis  à  Thonon.  11  a  publié  : 
Réfutation  d'un  libelle  intitulé  :  Can- 
tique sur  les  principales  erreurs  de 
la  religion  romaine,  par  B.  Pictet. 
Avec  un  Abrégé  historique  des  pro- 
grès que  ses  prédécesseurs  firent  dans 
Genève  en  1532  jusques  en  1535.  Et  une 
Description  curieuse  de  la  sortie  des  reli- 
gieuses de  Sainte-Glaire,  réfugiées  à  An- 
neci.  [Le  tout  en  vers.]  Frybourg,  Inn. 
Th.  Hault,  1720,  in-12  de  10  et  166  p. 

Sa  parente,  Madelaine-Olympe,  née 
en  1702,  suivit  son  exemple  et  se  retira 
au  monastère  de  Ste-Elisabeth,  à  Lyon. 
Elle  est  l'auteur  de  :  Exposition  de  la 
doctrine  de  l'Eglise  catholique  sur  les 
matières  de  controverse  en  forme  de 
cantiques  sur  différens  airs  anciens  et 
nouveaux.  Par  une  Genevoise  Nouvelle- 
Convertie.  [En  vers.]  Frybourg,  Inn, 
Th.  Hault,  1719,  in-12°  de  30,  88,  et 
8  p.  —  Philippe,  autre  descendant  de 
Jean  Archimbaud,  né  en  1702,  fut  pas- 
teur à  Dardagny,  1733;  à  Chêne,  1736; 
à  Genève,  1746.  Déchargé  en  1772,  il 
mourut  en  1775. 

5.  ARGHIMBAUD(J.),  du  Dauphiné, 
galérien,  1689  [X,  412].  —  (André), 
galérien,  mort  en  1701  [X,  420].  —  (la 
veuve  de  Matthieu),  du  Vivarais,  avec 
trois  enfants,  reçoit  à  Genève  un  secours 
pour  se  rendre  en  Irlande,  1693.  — 
(Pierre),  d'Annonay,  Lecteur  (chantre?) 
réfugié  à  Berlin,  1700.  —  (Antoine),  fils 
de  Jean,  de  Montmort  en  Dauphiné, 
cardeur  de  laine,  reçu  habit,  de  Genève, 
1713.  —  (Pierre),  fils  de  Jean,  du  même 
lieu,  id.  1726. 

1.  ARCHER  ou  L'ARCHER  (Jean), 
théologien  né  à  Bordeaux  vers  1516,  se 
nommait  lui-même  en  latin  :  Joannes 
Arquerius,  Archerius,  Sagittarius.  11  se 
rendit  en  Suisse  et  y  exerça  l'office  de 
pasteur,  d'abord  à  la  Neuveville  (dépen- 
dant alors  de  l'évêque  de  Bâle),  où  il 
était  déjà  en  mai  1543  (v.  une  lettre  à 
Farel  du  27  mai),  puis  à  Cortaillod,  dans 
le  comté  de  Neufchàtel,  de  1552  ou  53  à 
1563.  —  C'était  un  très-docte  person- 
nage qui  se  fit  connaître  en  1553  par  la 
publication  d'un  ouvrage  intitulé    «  les 


321 


ARCHER 


322 


Canons  de  tous  les  Conciles.  »  Mais  cet 
ouvrage  lui  attira  la  censure  de  ses  col- 
lègues qui  en  exigèrent  une  sorte  de 
rétractation,  et  Viret  écrivit  même  con- 
tre lui  une  critique  et  une  réfutation  sé- 
vères. 

Il  était  lié  par  une  étroite  amitié  à 
Séb.  Castalion,  avec  lequel  il  entrete- 
nait une  correspondance  assez  suivie. 
Ces  relations  avec  Castalion  lui  attirè- 
rent la  défiance  de  Th.  de  Bèze,  qui 
chercha  à  diverses  reprises  à  le  rendre 
suspect  à  Farel  et  à  ses  collègues.  Le 
16  mars  1556,  de  Bèze  écrivit  à  Farel  au 
sujet  de  sa  rétractation  :  «  De  Archerio 
vobis  non  prius  gratulabor  quam  re  ipsa 
ostenderit  se  nihil  simulare  et  suo  Cas- 
tellioni  diserte  renunciarit.  ■  (W.  Baum, 
Theodorus  Beza,  t.  I,  p.  457).  £t  dans 
une  lettre  du  2  août  1557,  il  lui  disait  : 
«Optimum  fuerilin  vestro  conventu  vel 
seorsim  quaerereex  Archerio  vestro  quis 
sit  aureolus  ille  libellus  Antwerpiae  im- 
pressus  de  quo  nuper  ad  suum  quemdam 
amicum  in  bac  urbe  scripsit.Ila  fortassis 
sese  prodet  hypocrita.  »  Et  il  ajoutait  en 
post-scriptum  :  «  "Vide  quomodo  agas 
cum  Archerio.  Nam  hue  scripsisse  cer- 
tain est.  Sed  unum  duntaxat  testem  ha- 
bemus  qui  fiteras  vidit  et  legit  in  ejus 
manibus  ad  quem  scriptae  sunt.  1s  vero 
plane  est  illi  similis  aut  etiam  deterior.  » 
(T.  Beza,  1. 1,  p.  470). 

Que  se  passa-t-il  au  commencement 
de  1563?...  Je  l'ignore,  ou  du  moins  je 
ne  puis  le  dire  avec  certitude.  Ce  que 
nous  connaissons  de  sa  correspondance, 
nous  dispose  à  l'envisager  comme  un 
homme  d'une  piété  sérieuse,  fidèle  dans 
la  foi  et  animé  d'une  charité  active.  Dans 
presque  toutes  ses  lettres  à  son  ami  Cas- 
talion, il  lui  recommande  avec  amour 
quelque  jeune  homme  auquel  il  s'inté- 
resse, ou  quelque  frère  auquel  il  lui  de- 
mande de  procurer  un  emploi.  «  Notre 
bien  aimé  Guillaume  Aubert1,  lui  écrit- 
il  le  5  novembre  155S,  estant  arrivé  chez 
son  père  dedans  huit  ou  neuf  jours 
tomba  en  un  tlux  de  sang,  si  très-aspre 
et  violent  que  dedans  trois  semaines  il 
lui  causa  la  mort.  Laquelle  chose  m'a 
été  fort  moleste,  car  c'estoit  un  g  jeune 
homme    duquel   j'attendois    beaucoup 

*  Jeune  homme  de  Cortaillod,  étudiant  à  Bêle  dès 
4555. 


de  bien.  Or  une  chose  m'a  fort  pieu 
en  lui,  que  durant  sa  maladie  il  a  esté 
de  fort  bon  propos,  en  sorte  que  tous 
ceux  qui  l'oyoient  en  estoient  joyeux. 
Brief,  il  est  mort  en  grande  foy  en  Jé- 
sus-Christ et  a  esté  fort  regretté  de  son 
père  et  de  sa  mère  et  de  plusieurs  aul- 
tres.  Or  son  dict  père  m'a  donné  charge 
de  vous  escrire  et  prier  que  lui  mandiez 
a  la  bonne  foy  comme  il  s'enfie  à  vous, 
ce  qu'il  vous  doibt  et  il  le  vous  envoyera 
au  plus  tost.  Pour  tant  n'ayez  peur  de 
rien  perdre.  Le  présent  porteur,  homme 
de  bien,  vous  dira  toutes  nouvelles  et 
principalement  que  de  Bèze  a  prins 
congé  de  Messieurs  de  Berne  et  qu'on 
bruit  de  vous  pour  lui  devoir  succéder. 
Certes  si  les  dits  seigneurs  vous  deman- 
doyent,  je  vous  conseillerois  de  ne  le 
refuser  pas,  moyennant  qu'ilz  vous  pro- 
missent de  vous  faire  laisser  en  paix  à 
ceux  que  vous  sçavez.  Aultrement  ne 
vous  sçaurois  conseiller  de  l'accepter 
car  vous  seriez  en  une  continuelle 
guerre...  Saluez  en  mon  nom  M.  le  mé- 
decin1, vosfre  femme  et  toute  vostre  fa- 
mille. Dieu  soit  tousiours  avec  vous  et 
les  vostres  qui  vous  préserve  de  voz 
enemys.  » 

Il  s'agissait  de  la  place  de  professeur 
ou  recteur  au  collège  de  Lausanne  que 
Th.  de  Bèze  avait  quittée'et  où  Castalion 
aurait  pu  lui  succéder  s'il  n'en  avait  été 
détourné  par  ses  amis  comme  Arque- 
rius  et  pour  le  même  motif. 

«Il  y  a  un  enfant,  lui  écrit-il  le  5  oc- 
tobre 1562,  fils  de  mon  proche  voisin 
ministre  (appelé  Esaïe  Besson)  qui  a  esté 
receu  à  l'aumosne  d'Erasme,  et  qui  est 
allé  ces  jours  passés,  et  pourtant  qu'il 
n'est  pas  retourné  si  tost  qu'il  esperoit, 
à  cause  de  la  maladie  de  son  père.  Je 
vous  prie  si  on  faisoit  quelque  difficulté 
de  le  restituer  en  son  estât,  de  vous  em- 
ployer à  ce  qu'il  y  soit  remis.  —  Item 
vous  prie  si  vous  enseignez  aultres  pri- 
vément  en  Grec,  que  permettiez  qu'il 
soit  de  vos  auditeurs...  s'il  a  besoin  de 
quelque  chose,  aidez  luy  et  le  vous  feray 
restituer.  » 

Et  cependant  le  registre  de  la  classe 
des  pasteurs  de  Neuchàtel  porte  ce  qui 
suit,  à  la  date  du  6  mai  1563  :  «  Sur  le 

1  «  M.  le  médecin,  »  salué  dans  toutes  les  lettres  d'Ar- 
querius,  est  Jean  Bauhin,  avec  qui  il  était  très-lié. 

I.  Il 


323 


ARCHER 


324 


congé  qu'a  demandé  Jehan  Archérius 
pour  aller  ministre  à  Hericourt,  luy  a 
esté  respondu  par  l'advis  de  tous  les 
frères  que  sa  procédure  ne  peult  estre 
approuvée.  Et  quanta  ce  qu'il  demande 
que  son  église  soit  pourveue  d'un  g  aul- 
tre  ministre,  est  arresté  et  passé  que 
aucune  provision  n'y  sera  faictejusques 
à  tant  qu'elle  soit  trouvée  estre  aban- 
donnée par  iCelluy.  » 

Malgré  cette  décision  de  la  classe, 
L'Archer  partit  avec  sa  famille  pour 
Hericourt,  laissant  son  église  de  Cor- 
taillod  sans  pasteur,  et  excitant  par  là 
contre  lui  le  mécontentement  de  ses  an- 
ciens collègues. 

Depuis  deux  ans,  le  duc  Christophe 
de  Wurtemherg  avait  repris  par  les  ar- 
mes la  ville  d' Hericourt  et  les  trois 
seigneuries  voisines,  et  cherchait  à  y  ré- 
pandre la  connaissance  du  pur  Evan- 
gile ;  mais  la  disette  de  pasteurs  capa- 
bles était  un  obstacle  à  l'exécution  de 
son  pieux  dessein.  Sur  la  recommanda- 
tion des  théologiens  de  Bàle,  le  conseil 
de  régence  de  Montbéliard  adressa  un 
appel  à  J.  L'Archer,  qui  l'accepta,  pro- 
bablement avant  d'avoir  consulté  la 
classe  de  Neuchâtel  de  laquelle  il  dépen- 
dait et  envers  laquelle  il  était  lié  par 
certains  engagements.  Delà,  sans  doute, 
le  refus  de  la  classe  de  lui  accorder  son 
congé  et  la  désapprobation  inlligée  par 
elle  à  sa  conduite.  —  L'Archer  fut  in- 
stallé à  Hericourt  «  le  dimanche  avant 
la  St-Jean  »  c'est-à-dire  le  20  juin  1563. 
«Il  trouva  son  église  dans  un  état  dé- 
plorable, dit  M.  Goguel  (Précis  historiq. 
de  la  Réform.  dans  le- comté  de  Mont- 
béliard, ]).  6  "2)  ;  «  tout  y  était  à  faire  pour 
le  bien-être  moral  et  spirituel  du  trou- 
peau. Ses  soins  et  son  application  con- 
stante produisirent  peu  à  peu  un  amen- 
dement efficace ,  qu'il  n'était  pas 
moins  nécessaire  de  réaliser  dans  les 
autres  paroisses  des  trois  terres.  Mais 
les  candidats  au  saint  ministère  man- 
quaient à  Montbéliard,  et  Arquerius  fut 
envoyé  à  Lausanne,  en  février  1565,  afin 
d'y  chercher  des  serviteurs  pour  l'é- 
glise. Ses  démarches  réussirent  au  gré 
de  son  attente,  et  dès  le  mois  d'août  sui- 
vant on  put  congédier  les  prêtres  et  leur 
substituer  des  ministres  de  la  pure  Pa- 
role. » 


Pourquoi  L'Archer  ne  s'adressa-t-il 
pas  aussi  à  la  classe  de  Neuchâtel?  Son 
départ  trop  précipité,  deux  ans  aupara- 
vant, ne  lui  avait-il  donc  pas  encore  été 
pardonné?..;  ou  bien,  les  soupçons  que 
Th.  de  Bèze  jetait  sur  lui  dans  ses  let- 
tres citées  plus  haut,  avaient-ils  quelque 
fondement?  C'est  ce  que  peut  faire  sup- 
poser une  lettre  de  Farel;  du  5  décem- 
bre 1563,  à  Christophe  Fabri  alors  à 
Lyon,  dans  laquelle  il  lui  parle  du  grand 
dommage  que  les  hérésies  d' Arquerius 
ont  causé  dans  l'église  de  Cortaillod; 
c'est  ce  que  semble  confirmer  une  lettre 
que  la  classe  de  Neuchâtel  écrivit  au 
commencement  de  1565  au  maire  de 
Montbéliard,  Aht.  Carray,  pour  l'infor- 
mer de  la  doctrine  et  de  la  conduite  de 
J.  L'Archer,  lettre  que  jusqu'à  présent 
je  n'ai  pu  retrouver  nulle  part  et  qui  pro- 
bablement a  été  détruite,  mais  dont  une 
lettre  subséquente,  que  je  transcris  plus 
loin,  nous  fait  connaître  le  contenu  gé- 
néral. Mais  quelles  étaient  ces  hérésies? 
c'est  ce  qu'il  est  difficile  de  détermi- 
ner avec  certitude.  La  correspondance 
de  L'Archer  avec  Castalion  nous  fait 
soupçonner  qu'il  était  question  de  là 
doctrine  de  la  prédestination  sur  laquelle 
il  n'était  pas  d'accord  avec  Calvin,  et  sa 
conduite  postérieure  dans  l'église  de 
Montbéliard  nous  autorise  à  penser  qu'il 
avait  déjà  alors  des  idées  particulières 
sur  la  sainte  Cène  et  qu'il  admettait  sur 
la  présence  réelle  du  corps  de  Christ 
dans  le  pain  sacré  les  doctrines  de  Lu- 
ther qu'il  prêcha  en  effet  plus  tard. 

Dans  les  troubles  qui  agitèrent  le 
comté  de  Montbéliard  à  cette  époque, 
L'Archer  se  rangea  dès  l'abord  et  sans 
hésiter  du  côté  des  partisans  de  la  con- 
fession d'Augsbourg,  et  se  distingua  par 
la  violence  de  son  opposition  contre  les 
partisans,  très-nombreux  alors  à  Mont- 
béliard, de  la  réforme  helvétique.  Les 
mesures  rigoureuses  qui  furent  prises, 
avec  son  concours,  contre  plusieurs  pas- 
teurs qui  partageaient  les  opinions  reli- 
gieuses de  Calvin  et  refusaient  d'adhé- 
rer sans  réserve  aux  doctrines  de  la  con- 
fession d'Augsbourg,  engagèrent  les 
pasteurs  de  Montbéliard  qui  n'étaient 
pas  favorables  à  ces  dernières,  à  faire 
usage  de  la  lettre  de  la  classe  de  Nen- 
chàtel,   écrite  au    printemps  de   1565, 


32;. 


ARCHER 


320 


pour  s'opposer  aux  violences  de  L'Ar- 
cher et  attaquer  la  droiture  de  son  ca- 
ractère. L'Archer  nia-t-il  la  vérité  des 
accusations  portées  contre  lui  dans  cette 
lettre?  C'est  assez  probable:  car  le  gou- 
vernement de  Montbéliard  en  écrivit  à 
la  classe  de  Neuchàtel,  et  les  pasteurs 
du  comté  déléguèrent  auprès  d'elle  le 
diacre  André  Floret,  dans  le  but  de 
s'assurer  de  la  vérité  de  ces  accusations, 
et  de  demander  à  la  classe  de  les  con- 
firmer par  des  preuves  et  par  une  décla- 
ration solennelle.  La  classe  de  Neuchàtel, 
assemblée  extraordinairementàce  sujet, 
répondit  à  cette  demande  des  pasteurs 
par  la  lettre  suivante,  datée  du  18  août 
1570: 

«  Tres-chers  et  honnorez  frères,  nous 
avons  entendu  de  maistre  André  Floret, 
diacre  de  Montbéliard,  la  charge  qu'il 
avoit  de  vostre  part  de  conférer  avec 
nous  touchant  certaines  lettres  escriptes 
par  Mre  Guillaume  Philippin  nostre  cher 
frère  et  soubzsignées  par  nostre  bon 
père  Mre  Guillaume  Farel  de  bonne  mé- 
mo} re  et  par  les  jurez  de  nostre  assem- 
blée pour  et  au  nom  de  toute  la  classe, 
qui  concernent  la  doctrine,  vie,  et  conver- 
sation de  Jean  L'Archer  ;  Et  avons  aussi 
receu  lettres  tant  de  Monsgr  le  Gouver- 
neur chancelier  et  conseilliers  de  Mont- 
béliard que  de  nostre  frère  Mre  Pierre 
Toussain,  par  lesquelles  sommes  priez 
de  vous  advertir  et  asseurer  tant  du 
contenu  audit  escript,  que  de  ce  que 
nous  pourrions  scavoir  de  la  doctrine 
vie  et  conversation  dudit  Archer:  Lt  ce 
d'autant  qu'en  ce  faict  il  est  question  de 
la  gloire  de  Dieu  et  édification  de  ses 
Eglises,  cela  a  esmeu  les  frères  de  oestt 
classe  de  s'assembler  extraordinaire- 
ment  abn  de  adviser  à  cest  atfaire. 
Ayant  donc  par  ensemble  considéré  et 
diligemment  pesé  toutes  choses,  ilz 
m'ont  donné  charge  de  vous  escrire, 
qu'ilz  ne  trouvent  guères  bon  que,  ayans 
cogneu  le  personnage  et  estans  advertis 
tant  de  sa  doctrine  que  de  sa  vie  et  con- 
versation, voyans  aussi  qu'il  n'apportoit 
tesmoignage  de  la  compagnie  de  ceux 
entre  lesqueiz  par  ordre  il  avoit  esté  re- 
ceu et  sans  ordre  ne  devoit  s'en  dépar- 
tir, ne  de  son  Eglise  laquelle  comme 
mercenaire  il  delaissoit  estant  hé  et 
obligé  à  icelle  jusqu'à  ce  que  légitime- 


ment il  en  fust  desiié,  neantmoins  l'ayez 
receu  et  admis,  dont  maintenant  vous 
en  recevez  tel  fruict  en  salaire  qui  vous 
avoit  esté  prédit.  Car  vous  pouviez  bien 
penser,  frères,  que  celui  qui  ne  vaudra 
rien  vers  nous  et  entre  nous,  a  grande 
peine  qu'il  soit  homme  de  bien  ailleurs. 
De  sorte  que  vous  voyez  en  lui  vérifié 
ce  que  dict  le  commun  proverbe,  Cœhnn 
non  animum  mutant  qui  trans  mare 
currunt.  Et  que  quant  à  ces  lettres  qui 
furent  envoyées  il  y  a  cinq  ans  passez 
à  Monsr  Carray  par  Monsr  Farel  nostre 
bon  père  et  autres  de  noz  frères,  nous 
-  imons  si  fermes  et  authentiques, 
qu'elles  ne  pourroyent  estre  davantage 
corroborées  ny  authorisées  par  nov. 
non  que  nous  voulsissions  enfreindre  et 
révoquer  en  doute  la  fidélité  et  preud- 
homraie  de  nostre  bon  père  et  de  noz 
frères  qui  au  nom  de  la  classe  les  ont 
escriptes  et  subsignées.  Toutesfois  d'au- 
tant que  nous  avez  escript  que  ceci  con- 
cerne la  gloire  de  Dieu  et  la  tranquillité 
et  repos  de  voz  Eglises  que  ce  brouillon 
veut  troubler,  nous  avons  bien  voulu 
acquiescer  à  vostre  requeste  eu  confer- 
mantle  contenu  audit  escript,  Etmesme 
vous  envoyons  la  copie  de  sa  recanta- 
tion  soubzsignée  de  sa  propre  main, 
touchant  ceste  belle  rapsodie  des  con- 
ciles qu'il  a  faict  mettre  en  lumière,  où 
vous  pourrez  voir  ce  que  dict  le  poète  : 
Et  crimine  ab  uno.  etc.  Avec  ce  aussi 
la  copie  des  censures  de  M.  Pierre  Yiret 
sur  le  mesme  livre,  laquelle  ledit  Ar- 
cher a  approuvée  et  soubzsignée  ayant 
promis  de  faire  imprimer  sa  recantation 
afin  d'oster  le  scandale  qu'il  avoit  donné 
au  grand  préjudice  de  la  vraye  religion 
chrestienne,  Ce  qu'il  n'a  faict  jusqu'à 
présent.  Item  des  lettres  escriptes  à  feu 
nostre  frère  M.  Anthoine  Tomassin1, 
où  vous  pourrez  voir  quelque  chose  de 
ses  bizarres  opinions.  Voilà  frères  ce 
que  nous  avons  peu  faire.  Nous  prions 
nostre  Seigneur  qu'il  vous  vueille  si  bien 
conduire  et  addresser  par  son  esprit  que 
le  tout  redonde  à  son  honneur  et  gloire, 
au  bien  édification  et  tranquillité  de  son 
Eglise.  Nous  avons  rescript  à  Monsr  le 
Gouverneur  et  Conseil  de  Montbéliard 
pour  ce  mesme  faict  leur  adressans  le 

1  Treniicr  pasteur  de  Cornaux,   entre  Neuchàtd  et 
*o»j!le. 


327 


ARCHER 


328 


tout  qui  sera  l'endroit  où  après  nous 
estre  recommandez  à  voz  sainctes  prières 
Nous  prions  l'Eternel  qu'il  vous  ait  en 
sa  saincte  et  digne  garde.  De  Neufchas- 
tel  ce  18  d'aoust  1570.  Vostre  frère  et 
bon  ami  D.  Chaillet,  Doyen,  par  com- 
mandement et  au  nom  de  toute  la 
classe.  » 

Cette  lettre  ramena-t-elle  L'Archer  à 
plus  de  modération  et  fit-elle  cesser  l'a- 
gitation dans  le  pays?  On  peut  en  dou- 
ter, ou  du  moins  ne  fut-ce  pas  pour 
longtemps;  car  l'année  suivante  (12  août 
1571),  Daniel  Toussain,  le  pieux  et  sa- 
vant théologien  d'Orléans,  qui  suppléait 
son  vieux  père  dans  l'église  française  de 
Montbéliard,  écrivait  aux  pasteurs  de 
Neuchâtel  que,  depuis  trois  mois,  «  Sa- 
than  dressoit  de  grans  empeschements  « 
à  la  Réformation  qui  s'avançoit  heureu- 
sement par  deçà.  «  Car,  dit-il,  combien 
que  le  Magistrat  eut  rendu  tesmoin- 
gnageaux  Princes  du  repos  et  bon  ordre 
de  ces  Eglises,  ce  grand  remueur  de 
mesnage  le  Docteur  Jacobus  Andreae  a 
brigué  une  commission  qu'il  a  obtenue, 
de  visiter  (comme  ils  appelent)  ces  Egli- 
ses :  ce  qui  rapporte  à  l'Inquisition,  et 
est  du  tout  semblable.  Comme  aussy  ce 
nous  a  esté  une  grande  Visitation  de 
Dieu  que  la  venue  de  cest  homme  là. 
Pour  ce  qu'il  s'est  comporté  avec  toute 
insolence  et  contre  tout  ordre  Ecclesias- 
tiq,  estant  envenimé  contre  les  Calvi- 
niens  qu'il  nomme  ainsy,  plus  que  ne 
furent  jamais  les  Egyptiens  contre  les 
Israélites.  D'entrée  il  s'est  tousjours  ac- 
costé de  ce  prophane  Arquerius,  l'ayant 
à  son  conseil,  au  lieu  de  peser  les  accu- 
sations qu'on  avoit  contre  luy.  » 

Ces  troubles  durèrent  encore  plusieurs 
années,  et  Jean  L'Archer  ne  cessa  d'y 
jouer  un  rôle  actif  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée en  1588. 

Si  la  correspondance  de  L'Archer  avec 
Castalion  nous  a  disposé  à  voir  en  lui  un 
homme  charitable,  les  25  dernières  an- 
nées de  sa  vie  passées  à  Héricourt  nous 
semblent  dénoter  dans  son  caractère  un 
changement  qui  ne  parle  pas  en  sa  fa- 
veur, et  un  défaut  de  modération  qui  se 
trahit  dans  tous  ses  actes.  Ainsi,  en 
1584,  appelé  à  adresser  à  la  régence  de 
Montbéliard  un  rapport  sur  la  conduite 
de  ses  paroissiens,  il  y  dit  entre  autres: 


«  Touchant  la  chanterie  des  pseaumes, 
elle  est  en  grand  mespris  à  Héricourt; 
ils  n'y  veulent  assister  ni  au  commence- 
ment ni  à  la  fin,  et  les  enfans  suivent 
l'exemple  des  grands.  Ils  savent  bien 
des  chansons  du  diable,  mais  des  bonnes 
ils  n'en  veulent  point  savoir.  » 

Outre  ses  Canons  de  tous  les  Conciles, 
Jean  L'Archer  publia  divers  ouvrages, 
entre  autres  un  Dictionarium  theologi- 
cum,  Bâle,  1567  (in-fol.  60G  pages),  dé- 
dié à  Christophe,  duc  de  Wurtemberg  et 
comte  de  Montbéliard.  (Cagnebin.) 

Le  principal  ouvrage  de  Jean  Archer, 
ses  Canons  des  Conciles,  ayant  échappé 
à  l'auteur  de  la  biographie  qu'on  vient 
de  lire,  nous  en  ajoutons  ici  la  descrip- 
tion :  Canones  conciliorum  omnium,  qui 
a  primo  apostolormn  concilio  usqne  ad 
postremum  sub  Eugenio  IIII  Pont, 
max.  célébration,  a  S.  Patribus  sunt 
constituti.  —  Opus  dirimendis  in  Reli- 
gione  controversiis  utilissimum  ac  in 
primis  necessarium,  magna  parte  ex 
tribus  Conciliorum  tomis  nuper  Co- 
lonix  Agrippinx  excusis,  decerptum  : 
Joasne  Sa(httario,  Burdegalensi.  col- 
lectore.  Basilea?,  per  Joannem  Opori- 
num(M.  D.  LUI  mense  septembri).  In- 
fol.  541  pages,  plus  les  préliminaires  et 
la  table.  La  dédicace  (Nobili  et  ornatis- 
simo  viro  Joanni  Mirabili  interpreti  et  a 
secretis  régis  Gallorum  apud  Helvetios 
est  datée  de  Valengin,  le  9  avril  1551. 

Ce  recueil  de  conciles  est  bien  d'une 
main  d'érudit,  mais  d'un  érudit  de  la 
vieille  école,  regardant  comme  un  acte 
de  haute  science  d'avoir  extrait  et  réduit 
en  un  seul  volume  les  trois  volumes 
d'un  recueil  analogue  imprimé  récem- 
ment à  Cologne  (celui  du  chartreux 
Laur.  Surius)  et  se  vantant  fort  pour 
avoir  transcrit  les  canons  plus  littérale- 
ment et  plus  complètement  que  son  pré- 
décesseur. Peut-être  les  ministres,  ses 
collègues,  qui  le  blâmèrent,  jugèrent- 
ils  qu'il  y  avait  dans  son  travail  plus 
d'attachement  qu'il  ne  convenait  pour 
les  vieux  errements  de  l'Eglise  romaine. 
«  Olim  nemo,  dit-il  dans  sa  dédicace  à 
Jean  Merveilleux  *,  res  Deo  dicatas  vel 


•  Conseiller  d'Etat  de  iNeufchastel ,  châtelain  de 
Tuielle,  un  des  hommes  qui  ont  le  plus  contribué  a 
l'établissement  delà  Réforme  daus  son  pays.  Il  était  de 


329 


ARCHKK 


330 


digito  movere  audebat.  imo  quisque  in 
usum  eccleske  et  pauperum  exproprio 
conferebat;  nunc,  o  indignum  facinus, 
res  Deo  consecrata?  pradae  sunt  omni- 
bus. »  Sa  préface  au  bienveillant  lecteur 
contient  quelques  détails  littéraires  bons 
à  recueillir  : 

«  Je  n'ai  pas  agi  sans  prendre  con- 
seil. Jean  Oporinus  typographe  bàlois 
mon  ami  particulier  (auquel  j'envoyai 
un  message  à  ce  sujet  par  Hugues  Clerc) 
m'a  souvent  exhorté  à  faire  présent  de 
ce  travail  à  la  république  des  lettres. 
Ensuite  j'ai  communiqué  le  plan  de  mon 
projet  à  divers  amis  (Michaeli  Mulotio1, 
Joanni  Cutneo8  compatribus  meis  ;  Pe- 
tro  Magno3  et  Joanni  Belleio*symmistis 
meis5  charissimis)qui  ne  m'en  ont  jamais 
détourné.  Lors  donc  que  j'ai  pour  mon 
dessein  de  tels  approbateurs,  je  ne  suis 
pas  prêt  à  en  faire  fi.  Quant  à  ma  fidé- 
lité dans  la  reproduction  du  texte  de  Co- 
logne j'en  ai  un  solide  garant  (Joannem 
Mercatorem6  optirmu  spei  adolescentem 
qui  cum  collectionem  meam  fere  absol- 
vissem  in  conferendis  exemplaribus  me 
adjuvit).  —  J.  Belleius  et  J.  Cutr.eus 
sont  les  mêmes  dont  il  est  parlé  par 
If.  Herminjard  au  t.  II  de  sa  Corresp. 
des  Rêform.,  p.  472,  note  11.  Ajoutons 
que  la  préface  ci-dessus  est  suivie  d'une 
pièce  intitulée  :  «  Ad  leotorem  Carmen 
elegiacum  auctore  Joanne  Cutneo.  » 

Un  de  nos  correspondants,  qui  a  fait 
une  étude  particulière  de  la  vie  de  Cas- 
talion,  n'hésite  pas  à  croire  que  L'Ar- 
cher partagea  la  disgrâce  de  Castalion, 
parce   qu'il  partageait  ses  idées  c 


plus  secrétaire  interprète  du  roi  François  H»  pour  ses 
affaires  en  Suisse  et  parait  l'avoir  été  aussi  de  Henri  II. 

•  Mullot,  pasteur  à  S.-Dlaise,  entre  Neucliàlel  et  le  vil- 
lage de  Cornaux  où  exerçait  Ttiomassin. 

s  Peut-être  un  Le  r.ouftre  » 

»  Le  Grand,  pasteur  à  La  Cnaux-de-Fonds,  dans  la 
seigneurie  de  Valangin. 

1  Jean  de  Beliy,  pasteur  à  Fontaines,  près  Valangin 
Ces  trois,  Mullot,  Le  Grand,  Bellr,  étaient  réfugiés  de 
France. 

s  Mes  collègues,  En  effet,  au  mois  d'avril  issi,  la 
classe  (ou  consistoire»  de  Valangin  se  composait  de: 
Jaques  Sorel.  à  Boudevilliers;  de  Belly,  à  Fontaines 
Pierre  Simonnier,  à  S. -Martin;  Evnard  Plchon,  à  Sava- 
gnier;  Pierre  Le  Grand,  à  La  Chaux-de-Fonds;  Cuill. 
Philippin,  à  La  Sagne.  Pierre  Besson,  au  Locle:  Hélie 
Limosin,  aux  Brenets;  enfin  du  pasteur  du  cher-lieu 
(Valangin  et  Fenin)  que  précisément  cette  qualification 
de  Symmistœ,  montre  avoir  été,  à  ce  moment,  Archer 
lui-même. 

•  Jean  Marchand,  de  Boudri.  au  comté  de  Neufehas- 
lel,  alors  étudiant  à  Baie,  plus  tard  pasteur  dans  le 
bailliage  de  Crandson,  puis  au  Locle,  etc. 


antipathies.  11  lui  écrivait  à  la  date  du 
ô  juin  150:2: 

«  Vous  m'avez  fort  esjoui  des  nou- 
velles que  m'avez  escriptes  et  de  ce  que 
n'allez  pas  à  Lausanne.  Pour  ma  part 
j'en  feusse  été  bien  joyeux,  parce  que 
nous  feussions  veus  plus  souvent.  Mais 
ayant  considéré  les  grandes  commoditez 
qu'avez  à  Basle,  assavoir  qu'estes  en 
paix,  que  y  avez  de  grans  amys...  je 
juge  que  c'est  vostre  grand  bien  d'y  de- 
meurer. Car.  estant  à  Lausanne ,  à 
grande  difficulté  vous  eussent  laissé  en 
repos  ceux  que  sçavez.  » 

L'expression  ceux  que  sçavez  revient 
assez  souvent  dans  les  lettres  de  L'Ar- 
cher à  Castalion  lorsqu'il  parle  de 
Th.  de  Bèze,  de  Farèl  et  de  leurs  amis. 
On  voit  aussi  dans  cette  correspondance 
qu'il  faisait  venir  avec  soin  par  son  ami 
l'imprimeur  Jean  Herbst  Oporinus)  et 
par  Castalion  les  livres  paraissant  en 
Allemagne  ou  en  Suisse  contre  Calvin 
et  ses  doctrines.  La  bonté  de  L'Archer 
et  sa  sollicitude  en  faveur  des  jeunes 
gens  pauvres  est  un  des  traits  les  plus 
marqués  de  cettecorrespondance,  comme 
M.  Cagnebin  l'a  fait  très-justement  ob- 
server \ 

Dans  l'été  de  155i,  au  plus  fort  du 
bruit  qui  suivit  la  mort  de  Servet,  notre 
pasteur,  peu  ardent,  n'avait  pas  encore 
pris  parti.  Sun  attitude  était  celle  de 
Toussaint,  de  Zurkinder,  de  Musculus. 
de  Sulzer,  etc.  Il  hésite  à  approuver  Le 
supplice  tout  en  craignant  d'aller  trop 
loin  dans  sa  tolérance,  et  il  se  sent  in- 
quiété dans  ses  idées  de  tolérance  par  la 
pensée  que  presque  tous  les  fauteurs  du 
libelle  :  De  luvrelkis  non  puniefidis  sont 
en  même  temps  suspects  de  quelque 
hérésie.  C'est  dans  cette  disposition 
d'esprit  qu'il  écrit  à  Castalion  la  lettre 
grave  que  voici  : 

«  A    mon  très  chier  frère  et  bon  a  nu/ 
M.  Sebastien  Castalio  à  Basle. 

«  Mon  très  chier  frère,  dès  lors  que  j'ai 
cogneu  et  veu  les  dons  que  Dieu  avoit 
mis  en  vous  je  vous  ay  porté  une  grande 
affection  car  entre  tous  les  hommes  que 
vous  veistes  jamays  j'ayme  les    gens 


1  Voyez  encore  sur  ce  point,  notamment,  une  lettre 
a  Jean  Bauhin  du  7  octob.  I.S65. 


331 


ARCHER 


332 


scavans.  Or  pourtant  que  je  désire  que 
les  beaux  dons  de  Dieu  qui  sont  en  vous 
servent  à  sa  gloire  je  vous  ay  voulu  ad- 
venir de  certaines  choses  a  lin  que  vous 
y  preniez  garde. . 

«  Premièrement,  le  bruit  court  qu'estes 
de  l'opinion  de  Servetus,  ce  que  je  ne 
peux  croyre  car  on  dit  qu'il  a  été  de  tout 
en  tout  Arrien,  c'est-à-dire  disant  que 
Jésus  Christ  estait  créature.  Or  je  scay 
qu'avez  leu  et  lisez  les  Saints  livres  qui 
appellent  Jésus  Christ  Jéhova,  qui  est  le 
nom  propre  de  Dieu,  et  Emmanuel  qui 
signifie  Dieu  avec  nous,  et  Dieu  simple- 
ment et  Vrai  Dieu.  Puis  donc  qu'il  est 
vrai  Dieu  il  n'est  pas  créature,  mais 
créateur  sans  commencement  et  sans  fin. 

«  Secondement  on  dit  qu'estes  ana- 
baptiste c'est  à  dire  que  vous  dites  que 
les  petits  enfants  ne  doivent  point  estre 
baptisez  jusquesà  ce  qu'ilz  peuvent  ren- 
dre rayson  de  leur  foy,  ce  que  je  ne 
peux  ainsi  croyre  car  vous  scavez  assés 
que  le  baptême  a  succédé  à  la  circonci- 
sion et  que  puisqu'on  circoncisoit  sous 
la  loy  les  petits  enfants  qu'on  doibt  sous 
Jésus  Christ  les  baptiser.  Item  vous  lisez 
que  plusieurs  familles  ont  été  baptisées; 
les  enfants  sont  compris  sous  le  nom  de 
famille.  Il  est  donc  vraisemblable  que  les 
apostres  les  baptisoyent  comme  le  témoi- 
gne saint  Origène  dans  l'Esp.  aux  Rom. 
Item  dit  Jésus  Christ  que  le  royaume 
des  cieux  est  à  eux.  S'ils  ont  la  chose 
ils  peuvent  donc  bien  avoir  le  signe,  qui 
est  le  baptême.  Il  les  fault  donc  baptiser 
en  la  rémission  du  péché  originel  qui 
leur  est  adonc  remis  comme  le  dit  saint 
Augustin  :  Peccatum  originis  remitti- 
tur  in  baptismo,  etc. 

«  Tiercement  on  dit  que  vous  dites  que 
l'homme  peult  venir  à  telle  perfection 
qu'il  n'a  plus  besoing  de  prier  :  par- 
donne nous  nos  offences  etc.;  et  qu'il  n'a 
plus  besoing  d'estre  enseigné  par  la  pa- 
role de  Dieu.  Ces  erreurs  aussi  me  sem- 
blent si  étranges  que  je  ne  peux  croyre 
qu'elles  soyent  en  vous,  car  vous  scavez 
que  nous  ne  pouvons  venir,  pendant  que 
nous  sommes  vestus  du  corps  de  péché, 
à  telle  perfection  que  puissions  dire  je 
suis  sans  péché.  Item  Jésus  Christ  a 
commandé  que  son  évangile  soit  presché 
jusques  à  la  fin  du  monde.  Il  fault  donc 
tousjours  enseigner. 


«  Finalement  le  bruit  court  qu'avez 
lai  et  imprimer  ung  livre  contraire  à  ce 
que  M.  Calvin  a  traicté  contre  Servetus, 
c'est  :  De  non  comburendis  hxreticis. 
Or,  touchant  cet  article  je  scay  assés  a 
quoy  vous  en  estes  car  nous  en  confé- 
rasmes  par  ensemble  la  dernière  foys 
que  je  feus  à  Basle.  Si  est  que  je  désire- 
rois  que  pensissiez  un  peu  de  plus  près. 

ci  Conclusion  finale  vous  estes  en  très 
mauvaise  réputation  en  ce  pais  envers 
plusieurs  .  tellement  qu'il  n'a  pas  long- 
temps qu'il  y  eut  ung  homme  de  scavoir 
qui  vous  appella  en  une  grande  assem- 
blée :  «  meschant  hérétique.  »  Et  qui 
pis  est  j'ay  entendu  ces  jours  passés 
qu'il  y  a  ung  homme  de  grand  scavoir 
qui  escript  contre  vous  a  raison  des  er- 
reurs ci  dessusmentionnées  et  d'aultres. 
Je  vous  en  ay  voulu  advertir  pour  aul- 
tant  que  j'ayme  vostre  salut  et  honneur 
comme  le  présent  porteur  vous  en  pourra 
advertir  et  asseurer.  Dieu  soit  toujours 
avec  vous.  Amen.  Ce  3Q  de  juillet  l'an 
1554,  votre  frère  Joannes  Arquerius.  » 

Il  paraît  que  Castalion,  aigri  par  la 
persécution,  ne  prit  pas  en  bonne  part 
cette  lettre  et  les  rudes  interrogations 
qu'elle  contenait.  Le  4  octobre  L'Archer 
lui  écrit  de  nouveau  : 

«  Très  chier  frère,  ayant  receu  voz 
dernières  lettres  je  feus  si  fasché  que  me 
repenty  de  vous  avoir  jamais  escript, 
pour  ce  que  me  donnez  à  entendre  que 
m'estimez  semblable  à  plusieurs  qui  sont 
aujourd'huy  au  monde  :  c'est  que  vous 
vueille  tirer  les  vers  du  nés,  comme  on 
dit,  a  fin  de  le  rapporter  à  vos  ennemys. 
A  Dieu  ne  playse  que  face  ainsi.  Il  m'a 
jà  faict  la  grâce  de  désirer  de  fayre  a 
aultrui  comme  je  vouldrois  qu'on  me 
feist.  Ce  qui  a  esté  cause  que  vous  res- 
pondez  aussi  obscurément  qu'aviez  faict 
auparavant...  » 

Il  continue  en  entrant  dans  la  discus- 
sion sur  la  parfaite  obéissance  possible 
à  l'homme  et  sur  l'égalité  du  Fils  avec 
le  Père  et  conclut  : 

«  Voila  ce  que  j'ay  voulu  vous  escrire. 
"Vous  respondrez  ce  qu'il  vous  plaira. 
Cependant  asseurez  vous  de  cela  de  moi 
queje  désire  vostre  bien  et  salut,  et  que 
je  suis  ny  traître  ni  faulx  rapporteur.  » 

La  preuve  que  Castalion  se  convaiu- 


333 


AKCHEK  —  AUCUN  VILLE 


334 


quit  bien  de  la  vérité  de  ces  protesta- 
tions, c'est  tout  le  reste  de  leur  corres- 
pondance, de  plus  en  plus  affectueuse 
jusqu'à  la  mort1. 

•2.  Arches  .Christophe),  fils  du  précé- 
dent, ministre  à  Valentigney,  fut  reçu 
bourgeois  de  Montbéliard  le  4  sept.  1617. 

3.  ARCHER  (J.),  pasteur  à  Guillestre 
et  Vars  en  Dauphiné,  1685  [III,  166  b; 
VI,  536  b].  Le  même, sans  doute,  inscrit 
(Johannes  Archerius  Delphinensis*  à  Ge- 
nève, comme  étudiant  en  théologie  en 
1670. — Archer  le  lils,  réfugié  à  Lausanne 
17  avril  1688.  —  (Jean),  de  Grenoble  et 
son  fils  assistés  à  Genève,  1090-1706.  — 
(Jean),  de  Mens,' idein,  1705;  reçu  hab. 
de  Genève  en  1709;  bourgeois  en  1730. 

—  (Marie),  de  Grenoble,  et  sa  fille,  ré- 
fugiées à  Magdebourg,  1698. 

4.  ARCHIER  (Peyrothon),  un  des 
premiers  habitants  d' Aaen  qui  embrassè- 
rent la  Réformation.  Arrêté  en  1549  par 
l'ordre  du  sénéchal  d'Agenois,  il  fut 
conduite  Bordeaux  et  bientôt  condamné 
par  arrêt  de  la  chambre  de  justice  qui 
siégeait  extraordinairement  dans  cette 
ville.  Il  subit  le  dernier  supplice  et  fut 
brûlé  vif  devant  le  palais  de  L'Ombrière. 

—  (Antoine),  probablement  frère  du  pré- 
cédent, fut  condamné  par  le  même  ar- 
rêt à  être  fouetté  de  verges.  (Gaui.lieur.) 

ARCHIAC  (A.  de  Moxtberox,  baron 
d'),  1569  [VII,  458  a].  —  (Du  Parc  d'). 
Vuy.    VI,  357  b  et  IV,  454  W. 

ÀRCHINA  (Louis),  de  Saint-Etienne 
en  Dauphiné,  assisté  à  Genève,  1703.  — 
Archinad  (Jacques),  de  Chabeuil  en 
Dauphiné,  tondeur  de  draps,  réfug.  à  Ge- 
nève, 1710.  —  Ar chinai  (3 enn),  de  Chii- 
tillon  en  Dauph.,  poudrier,  habit,  de  Ge- 
nève, 15  mai  l?èi. —  Arsinal  Etienne), 
de  Chastillon-sur-Die,  assisté  à  Genève, 
1684.  —  (André),  «  de  Livron,  travail- 
lant aux  indiennes,  »  reçu  habitant  des 
Genève,  3  septemb.  1715. 

1.  ARCHINARD  (Jaques;,  «  natif  du 
lieu  et  paroisse  d'Oste  en  Daulphiné 
dioc.  de  Dye,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 6  juin  1559.  — Jacob,  «  Jacobus 
Archinardus  Delphinas,  »  étudiant  à 
Genève,  1581.  —  (Jacob),  Montelimart, 
1603  [X,  269].  «Le  28  janv.  1596  àOste, 
à  l'issue  dupresche  du  matin  par  M.  De- 

1  Nous  devons  ces  documents  supplémentaires  sur 
Ircher  «  M.  V.  Bcisso*. 


vagues,  a  esté  baptisé  le  fils  du  sieur  Sé- 
bastien Archinard  d' Aoste  et  de  Susanne 
Vion.  Son  parrin  Mons.  Jacob  Archi- 
nard, docteur  es  droicts,  advocat  au 
Montelimar.  »  —  Archinard,  du  comtat 
Venaissin,  1612  [VIII.  103  bL 

2.  ARCHINARD  Jean)  de  Die,  en- 
voyé à  Genève  par  M.  Chion,  conducteur 
d'une  colonie  de  réfugiés  vaudois  qui 
sont  dans  le  Wurtemberg,  pour  obtenir 
des  Genevois  quelques  secours.  Il  ob- 
tient 5  écus;  1700.  —  (Jean),  de  Chas- 
tillon  en  Dauphiné,  et  sa  mère,  assistés 
en  passant  à  Genève  pour  se  rendre  à 
Berne,  et  à  son  retour,  n'y  étant  pas 
resté,  1693-1700.  —  (Jean-François)  et 
son  frère,  de  Die,  assistés  à  Genève  en 
4705  et  1706.  —  (Jeanne),  des  environs 
de  Die.  idem,  1708.  —  (Pierre),  de 
S.-Marcellin  en  Provence,  accusé  en 
France  de  s'être  allé  marier  à  Genève  et 
d'v  avoir  envové  élever  son  fiï.s,  1734 
(Bull.  XI,  244)." 

3.  ARCHINARD,  famille  de  Pont  en 
Royans.  réfugiée  à  Genève  lors  delà  ré- 
vocation de  l'édit  de  Nantes.  Elle  y 
fut  admise  à  la  bourgeoisie  en  1702  et  y 
existe  encore.  Elle  a  produit  deux  théo- 
logiens   distingués    :    1°  Daniel,    1698* 

pasteur  successivement  de  plu- 
sieurs églises  françaises  de  l'Allemagne, 
notamment  de  celle  de  Brunswick,  où  il 
mourut  après  y  avoir  passé  onze  ans. 
2°  Jean-André,  lsitj-1809,  pasteur  à 
Chanoy,  puis  à  Genève,  et  auteur  de 
plusieurs  ouvrages  d'histoire  ecclésias- 
tique et  d'archéologie.  La  France  Pro- 
testante a  cité  ce  dernier  [VII,  209  b, 
386  a]  pour  diverses  communications 
dont  MM.  Haag  lui  ont  été  redevables 
et  le  Bulletin  de  t'Hist.  du  Prof,  lui  a 
consacré  un  article  nécrologique  dans 
son  XVIII*  volume  (1869),  p;  6w. 

ARCI  ou  Arcy  (Henri  Goxdix,  sieur 
d'),  v.  1620  [V.  302  a].  -  (François), 
id.  — (Phil.  Guilard,  marquis  d'), 
v.  1640  [VI.  378  a]. 

ARCIER  (Catherine  d'),  vers  1550 
[IH,  109|. 

ARCONQLE  D'AUBAREDE  (Jean 
d'),  assisté  à  Londres,  1702. 

ARCON VILLE  (d),  employé  dès 
avant  1682  comme  ingénieur  militaire 
au  service  de  l'Electeur  de  Brandebourg 
Erman  IX,  9).  —  La  famille  d'Arcon- 


335 


ARCONVILLE 


ARDRES 


330 


ville  passe,  dans  une  lettre  adressée  à 
Bossuet  par  des  ministres  de  Louis  XIV, 
le  10  nov.  1685  {Bull.  IV,  116),  pour 
convertie  alors  par  cet  évêque.  Un  de 
ses  membres  obtient  en  effet  une  pen- 
sion de  2,000  '• *■  en  1686.  —  (M"«  d'), 
enfermée  dans  un  couvent  en  1688.  — 
Susanne  de  Brosset  d'Arconville  en 
Beauce,  mise  de  force  aux  Nouvelles- 
Catholiques,  1719  (E  3405). 

ARCUSSIA  (Jean  d'),  conseiller  à 
Aix,  1562  [BI,  361  a]. 

ARDAILLON  (Philippine  d'),  native 
d'Orange  et  religieuse  àl'abb.  de  Ste-Croix 
d'Apt.  suivait  en  1561  les  prédications  du 
ministre  Jean  de  La  Plante,  venu  de  G  e- 
nève.  Elle  épousa  le  seigneur  de  Gignac. 

ARDANJON  (Jehan),  «  cordonnier, 
natifz  de  Mont  surGuyne,  dioc.  de  Poi- 
tiers,» reçu  hab.de  Genève,  24  avril  1559. 

ARDEAU,  ancien  de  l'église  de  Sain- 
tes, 1664  {Bull.  XVIII,  97). 

ARDEL  (Georges  d'),  seigneur  de  La 
Plaine  v.  1670  [III,  108  b]. 

ARDENAY  (Louis-Gaspard,  marquis 
d'),  Maine,  v.  1670  [I,  153;  VII,  56  b; 
VIII,  248  b].  Voy.  Le  Vasseur. 

ARDESOIF  (Louise),  d'Alençon,  em- 
prisonnée à  la  Bastille,  1692  (Bull.  XII, 
471).  —  (Charles),  Jeanne  sa  femme  et 
trois  enfants,  naturalisés  anglais,  5  janv. 
1688.  —  (Pierre),  id.  11  mars  1700.  — 
Deux  autres,  directeurs  de  l'hôpital  des 
réfugiés  français  à  Londres,  de  1767  à 
1789.  — (Jacques),  peintre,  natif  de  Pa- 
ris, abjure  le  8  déc.  1761  (Registre  de 
S.-Germain-en-Laye). 

ARDIAN  (Christophe),  de  Tours,  ve- 
loutier,  reçu  habitant  de  Genève,  27  déc. 
1585. 

ARDILLON  (Jean),  pasteur  à  Mar- 
chenoir,  v.  1630  |  VIII,  67  b.]  Voy.  Bull. 
XII,  43.  —  (Joseph);  Auxerre,  1664 
|VI,  311  a].  Inscrit  comme  étudiant  à 
l'acad.  de  Genève  en  1634. 

ARDILLOUSE  (d*),  ministre,  1580 
[III,  245,  b].  Il  était  pasteur  de  Mazères 
(pays  de  Foix)  en  1592  (écrit  Ardilouze). 

ARDOIN,  Ardoyn,  Ardouin;  à  Uzès, 
1627  [I,  277],  —  Ardouin  et  autres  des 
îles  de  Saintonge,  bourreaudés  par  les 
dragons,  1685.  —  [Suzanne  et  Charles] 
réfugiés  et  assistés  à  Londres  en  1721. 
—  Voy.  Hardouin. 

ARDOUIN  (Philippe  d'),  sieur  de  La 


Calmette  en  Languedoc,  molesté  pour 
son  droit  d'exercice  à  La  Calmette,  1685 
(ït,  322). 

ARDOREL  (Pierre),  sieur  d' Alcange, 
apothicaire,  épousa  le  24  janv.  1655,  à 
Blain,  Charlotte  Loyau,  fille  de  défunt 
Pierre  Loyau,  marchand,  et  de  Cathe- 
rine Chapeau,  de  Mouchamps.  La  fa- 
mille Loyau  existe  encore  en  Vendée  et 
professe  la  religion  réformée.  Pierre  Ar- 
dorel  cependant,  ne  tarda  pas  à  se  con- 
vertir, car  en  1656,  quand  eut  lieu  le 
baptême  de  sa'fille,  Marie,  elle  est  dite  au 
registre  :  «  fille  de  Pierre  ci-devant  de 
la  religion.  »  La  mère  du  moins  était 
restée  fidèle  à  sa  foi,  puisque  l'enfant 
était  baptisée  dans  l'Eglise  réformée.  Ce 
baptême  avait  eu  lieu  à  Malaguet,  mai- 
son noble  aux  environs  de  Blain.  (Vau- 

RIGAUD.) 

ARDRES  (N.  d'  ),  gentilhomme  des 
environs  de  Senlis,  secrétaire  de  con- 
fiance du  connétable  de  Montmorency 
[Haag  I,  121  ].  Ce  fut  en  cette  qualité 
qu'il  assista,  en  1559,  à  l'assemblée  de 
Vendôme  où  les  chefs  de  l'opposition 
contre  les  Guises,  c'est-à-dire  Antoine 
de  Navarre,  le  prince  de  Condê  son 
frère;  Coligny,  à'Andelot,  OdetdeChâ- 
tillon,  François  de  Vendôme  vidame  de 
Chartres  ;  Antoine  de  Croï  prince  de 
Portien,  tous  parents  ou  amis,  se  con- 
certèrent sur  les  moyens  de  renverser  un 
gouvernement  odieux.  Les  avis  furent 
partagés.  D'un  caractère  plus  ardent, 
Condé,  d' Andelot  et  le  vidame  de  Char- 
tres voulaient  qu'on  courût  de  suite  aux 
armes  sans  laisser  aux  Guises  le  temps 
d'affermir  leur  autorité.  Les  autres,  et 
d'Ardres  fut  du  nombre,  proposèrent 
des  remèdes  moins  violents,  en  repré- 
sentant que  s'il  n'y  avait  rien  à  attendre 
du  roi,  on  pouvait  tout  espérer  de  la 
reine  mère  qui  n'hésiterait  pas  à  se 
joindre  à  eux  si  elle  trouvait  ses  sûretés 
dans  leur  parti,  et  qu'on  verrait  crouler 
en  un  clin  d'oeil  la  puissance  des  Guises, 
du  moment  qu'elle  leur  retirerait  son  ap- 
pui. Ce  dernier  avis  l'emporta;  mais  on 
ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il  n'était 
pas  le  plus  sage.  Il  fallut  quelques  mois 
après  revenir  au  premier,  et  Condé 
leva  l'étendard  de  la  guerre  civile  en 
s'emparant  d'Orléans.  D'Ardres  n'hé- 
sita pas  à  aller  le  rejoindre,  quoique  le 


337 


ARDRES  —  ARGENCOURT 


338 


connétable  de  Montmorency  se  fût  laissé 
gagner  par  le  parti  contraire.  Cependant 
lorsqu'il  vit  Condé,  qui  avait  déployé 
d'abord  tant  de  vigueur  et  d'énergie,  se 
laisser  endormir  par  l'habileté  de  la 
reine  mère,  il  prit  le  parti  de  se  retirer 
chez  lui,  soit  que  ses  ressources  fussent 
épuisées,  soit  qu'il  augurât  mal  d'une 
guerre  ainsi  conduite.  «  Quatre  gentils- 
hommes, nous  raconte  Crespin,  assavoir 
les  sieurs  de  Moncy  St-Eloi,  de  Hou- 
dencourt,  à'Ardres  et  de  La  Maison- 
Blanche,  voisins  de  la  mesme  ville  (Sen- 
lis)  s'estans  retirez  d'Orléans  en  leurs 
maisons  pour  se  rafraischir,  les  séditieux 
les  allèrent  attaquer  et  les  amenèrent 
prisonniers,  les  accusans  d'avoir  tiré  un 
coup  de  pistole  au  village  de  Fleurines 
contre  une  certaine  femme  sœur  du 
prieur  de  St-Christofle,  regardant  par 
sa  fenestre.  De  Senlis  ils  furent  menez 
à  Paris  et  décapitez  aux  halles,  après 
avoir  fait  confession  de  foi,  et  ce  le 
10  nov.  1562,  et  leurs  testes  apportées  à 
Senlis,  et  mises  aux  quatre  portes  de  la 
ville.»  Nous  trouvons  dansBèze  qui  rap- 
porte le  même  fait,  une  circonstance  im- 
portante passée  sous  silence  par  Crespin. 
C'est  que  le  tribunal  de  Senlis,  jugeant 
en  première  instance,  avait  acquitté  les 
quatre  prévenus.  Rien  ne  saurait  mieux 
établir  leur  innocence;  car,  à  cette  épo- 
que, l'ombre  d'une  preuve  suffisait  sou- 
vent pour  déterminer  un  arrêt  de  mort. 

AREAU  (Guillaume  d"),  président  ou 
avocat  général  au  conseil  souverain  de 
Béarn,  destitué  par  les  catholiques  on 
1509.  selon  Bordenave  p.  -254).  If.  P. 
Raymond  ajoute  qu'après  les  troubles, 
il  présida  la  chambre  des  comptes  de 
Pau  et  qu'il  cumulait  cette  charge  avec 
celle  d'avocat  général  au  conseil  souve- 
rain de  Béarn.  Il  mourut  en  1571. 

AREMBERT  (Catherine),  v.  1550 
[IV,  513  a].  -  Cf.  [IX,  104  b]. 

Â.REN  (barons  d'),  vov.  Mesplès. 

ARÈNES  (Barbe  d'),  1597  [TX,  554  a]. 
—  Françoise  de  Saussan,  dame  d'A- 
rennes,  v.  1610  [V,  505  al.  —  Intrigues 
pour  convertir  cette  famille,  en  1683  : 
Bull.  I,  114.  —  Un  d'Arènes  capitaine 
au  service  britannique  en  16S9  (Agnew  II, 
181).  On  a  écrit  quelquefois  Darènes. 

ARERAT,  capitaine,  1570  [I,  141  b]. 

Aretius  (Felinus),  voy.  Bucer. 


ARGAN  (Charles),  de  Caraman  en 
Languedoc,  assisté  à  Genève,  1700. 

ARGAND  (M/.rguefite  et  Marie),  Ge- 
nève, 1645  [VII,  218  a].  —  (F.  Dorothée) 
v.  1770  [Mil,  513  b].  —  Famille  gene- 
voise originaire  de  Bonne  en  Faucigny. 

ARGELLE  ou  Arguelle  (le  capitaine), 
député  des  églises  de  Gascogne,  1573 
(Bull.  X,  352).  Probablement  de  la  même 
famille  quArgehs.  —  Voy.  Arros  n"  -2. 

ARGENCE  d'),  famille  d'origine  nor- 
mande qui  resta  très-tard  attachée  au 
protestantisme.  =  Armes  :  De  gueules 
à  la  fleur-de-lis  d'argent. 

En  1621,  un  d'Argence  signa  le  pro- 
cès-verbal de  l'assemblée  du  Pouzin,qui 
conféra  de  pleins  pouvoirs  au  sire  de 
Blacons  pour  la  défense  de  la  Réforme 
dans  le  Vivarais  V.  140  a.  note].  Dans 
le  premier  quart  du  XVIIe  siècle,  Louis 
de  Polignac.  sieur  d'Argence.  comptait 
parmi  la  nobbsse  protestante  de  la  Sain- 
tonire  avec  les  Chûtelaillon  et  les  Dom- 
pierre,  auxquels  il  était  allié  [V,  380a]: 
En  1650  vivait  Xoé  de  Chambaud,  sei- 
gneur d'Arizence  et  de  S. -Léger  IV, 
Vers  la  fin  du  siècle ,  Elisabeth 
Gourjault  [V,  341  a]  était  femme  de 
Charles  d'Àrgence.  sieur  de  La  Jarrie. 
vraisemblablement  la  même  dame 
qui  fut  enfermée  comme  tidèle  protes- 
tante, en  i 7 *2 ~> .  aux  Hospitalières  de  Poi- 
tiers. M"e  d'Argence  de  Lesigny,  sa  fille. 
mise  d'abord  à  l'Union  chrétienne  de 
Poitiers,  et  qui  «  empêchait  par  son  opi- 
niâtreté la  conversion  de  sa  mèrp,  »  l'ut 
transféré?  en  1727  au  Calvaire  de  Chi- 
non,  puis  aux  Nouvelles-Catholiques  de 
Tours,  et  parvint  en  1730  à  se  réfugier 
en  Hollande  (Tt,  32 

ARGENCOURT  (d'),  habile  officier 
du  génie,  qui  fut  chargé  par  Rohan  de 
diriger  sous  les  ordres  de  Calonge,  les 
travaux  de  défense  pendant  le  siège  cé- 
lèbre de  Montpellier,  en  1622.  Il  se  ral- 
lia dès  lors  au  gouvernement  et  aban- 
donna la  religion  réformée.  Nommé 
ingénieur  général,  il  fut  chargé,  en 
1625,  de  construire  la  citadelle  de  S.- 
Martin dans  l'île  de  Ré.  En  163u,  il  di- 
rigea les  travaux  de  la  citadelle  élevés 
sur  les  ruines  de  l'ancien  château  d'O- 
léron,  et  Richelieu  l'invita  à  tracer  le 
plan  des  fortifications  de  Brouage.  En- 
fin les  Mémoires  du  cardinal  nous  ap- 


339 


ARGENCOURT  —  ARGOUD 


340 


prennent  qu'en  1037,  lorsque  les  Espa- 
gnols débarquèrent  sur  les  côtes  de 
France  et  tentèrent  de  s'emparer  de  Leu- 
cate,  Argencourt,  placé  sous  les  ordres 
du  duc  d'Hallvin,  avec  le  grade  de  maré- 
chal de  camp,  contribua,  à  la  tète  des 
enfants  perdus,  par  son  courage  autant 
que  par  son  expérience,  à  la  prise  du 
camp  ennemi,  après  avoir  forcé  le  châ- 
teau de  Rochefort  à  se  rendre,  le  25  sep- 
tembre [Haag  I,  122.  —  II,  149  h;  VI, 
175  b]. 

Le  vrai  nom  d' Argencourt  était  Pierre 
de  Conti,  seigneur  d' Argencourt.  Il  était 
issu  d'une  famille  française  réfugiée  à 
Genève,  et  né  du  mariage  de  Jean,  sei- 
gneur d' Argencourt ,  24  octobre  1575, 
avec  Perrette,  fille  d'Yves  de  Baudan, 
demeurant  à  Alais.  Bouffard-Madiane, 
dit,  en  racontant  dans  ses  mémoires 
(manuscrits)  la  fin  de  la  première  guerre 
du  duc  de  Rohan  (1622)  :  «  Argencourt, 
qui  estoit  capable  de  servir  en  ces  négo- 
ciations, fut  aussy  régalé  de  promesses 
et  s'en  prévalut  plus  que  tous  les  autres 
par  la  protection  du  duc  de  Montmo- 
rency qui  luy  fist  changer  de  religion.  » 
(Pradel.) 

1.  ARGENSON  (René  d'),  sieur  d'A- 
voines ou  d'Avesnes,  riche  et  honorable 
gentilhomme  du  Maine,  se  retirant  après 
souper  de  la  maison  de  Thibaut  Bouju, 
sieur  de  Verdigny  (dépouillé  lui-même 
de  sa  charge  de  juge  criminel  pour  cause 
de  religion),  fut  attaqué  en  chemin, 
massacré ,  dépouillé ,  et  son  cadavre 
abandonné  en  proie  aux  chiens  et  aux 
oiseaux,  le  9  avril  15G5  [Haag  X,  OOj. 
Il  avait  contribué  à  la. prise  de  la  ville 
du  Mans  au  nom  du  prince  du  Condé  }e 
1er  avril  1562  [VI,  253  a]. 

Mémoires  de  Condé  V,  281. 

2.  Voy.  encore  :  Guillaume  et  Judith 
d'Argenson,  1606  [II,  514];  —  Esther, 
v.  1600  [III,  350  b]  ;  —  Georges,  1562 
[III,  94  a,  499  a]. 

3.  Une  demoiselle  Perrine  d'Argenson 
fille  de  Patrice  d'Argenson,  sieur  d'A- 
vesnes et  de  Montrevault,  avait  jadis 
épousé  Jean  Ghollet,  sieur  de  La  Chol- 
letière  et  de  Dangeau,  et  une  fille  née 
de  ce  mariage,  Marie  Chollet,  devint  en 
14791a  femme  de  Geoffroy  deCourcillon, 
aïeul  des  Courcillon-Dangeau  qui  furent 
longtemps  des  protestants  zélés.  —  Une 


Jeanne  d'Argenson  fut  mariée  en  1495 
à  Jehan  Levasseur,  sieur  de  Cougnée  ou 
Coigners,  dont  les  descendants  mar- 
quèrent comme  protestants  parmi  la  no- 
blesse du  Maine  [VJI,  54  b].  —  Louise 
d' Argenson,  fille  de  François  d'Argen- 
son, sieur  d'Avesnes,  et  de  Jeanne  de 
Cochefilet,  épousa  en  \b61Jacquesde  La 
Barre,  sieur  de  Groslieu  en  Beauce, 
mort  en  1587  gentilhomme  du  roi  de 
Navarre.  —  François  Houssemayne  du 
Boulay,  réfugié  ea  Prusse  après  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes,  y  épousa  une 
protestante,  nommée  Mne  d'Argenson. 

Argent  (d'),  voy.  Dargent. 

ARGEftTEUIL  (G.  b'),  à  Bourges, 
1720,  prêtre  converti.  Vov.  Chariot. 

ARGENTIER  (Brancasse),  fils  de  feu 
Claude,  «  du  mandement  du  bourg  d'Oi- 
sans,  »  mercier,  reçu  bourgeois  de  Ge- 
nève, 9  avril  1576. 

ARGENTIÈRE  ou  L'Argentier  ,  ca- 
pitaine, 1562  [IV,  132  aj.  —  Autre,  dé- 
puté à  un  svnode,  1672  [VIII,  302  b]. 

ARGENTL1EU  (Frédéric  de  Han- 
gest,  sieur  d'),  capitaine,  tué  en  1577 
[VI,  284  b  ;  VII,  291  a].  —  (Jean),  1578 
[VI,  291  b).  Voy.  Hangest  [V,  429  aj. 

ARGENTRÉ  (Jeanne  d'),  épouse  dé 
Samuel  d'Andigné,  sieur  de  La  Gotrays, 
fait  baptiser  conjointement  avec  son 
mari  à  Vitré,  en  1596,  leur  fille  Anne.  — 
Cf.  Andigné. 

ARGER  (trois  frères),  avec  trois  au- 
tres compagnons,  tous  des  Cévennes, 
assistés  en  passant  par  Genève  pour  se 
réfugier  plus  loin,  1701.  —  «  David  Ar- 
gerius,  »  de  Montpellier,  étudiant  à  Ge- 
nève, 1627.  —  (la  veuve  de  Daniel),  ré- 
fugiée à  Manheim,  1700. 

ARGEUSES  (Elisabeth  d'),  1590  [VII, 
55  b]. 

ARG1S  (Gilles);  Orléans,  1568  [VI, 
531  b].  —  (Sara),  veuve  de  Pierre  Com- 
baud,  avocat  à  la  cour  de  Bordeaux  (Reg, 
de  Pons). 

ARGON  (Etienne),  massacré  à  For- 
calquier  en  Provence,  1562  [X,  4691. 

ARGONDIÈRES  (Jacq.  Ponat,  sieur 
d'),  v.1630  [VIII,  287a].  —Voy.  Ponat, 

1.  ARGOUD  (Antoine  d'),  [Haag, 
I,  122),  gentilhomme  de  Vienne  en  Dau- 
phiné,  converti  au  protestantisme  par 
Jean  Figon,  ministre  de  grande  répu- 
tation que  l'on  avait  fait  venir  de  Nèu- 


ail 


AKtiOlL) 


ARLANDE 


343 


chàtel,  en  1  562,  et  »  qui  avait  corrompu, 
dit  Chorier,  beaucoup  d'esprits  dans 
cette  ville,  et  leur  avait  inspiré  la 
hardiesse  de  faire  ouvertement  l'exer- 
cice de  la  nouvelle  religion  dans  leurs 
maisons.  »  Les  maisons  où  s'assem- 
blaient les  protestants  pour  la  célébra- 
tion de  leur  culte,  étaient  celles  de 
d'Argoud,  de  Gabet  et  de  quelques  au- 
tres. Ces  réunions,  quelque  inoffensives 
qu'elles  fussent,  furent  proscrites  en 
15G6,  Figon  reçut  l'ordre  de  vider  la  ville 
dans  les  huit  jours:  Gabet  échappa  par 
la  fuite  à  un  châtiment  plus  sévère,  et 
d'Argoud  fut  condamné  à  une  forte 
amende.  Ces  rigueurs  n'eurent,  naturel- 
lement, d'autre  effet  que  d'affermir  les 
coupables  dans  leur  foi.  D'Argoud,  qui 
devait  être  déjà  avancé  en  âge,  puisqu'il 
se  trouve  mentionné  dans  un  acte  de 
1513,  mourut  sans  doute  peu  de  temps 
après;  mais  ses  descendants  persévérè- 
rent dans  la  profession  de  la  religion  ré- 
formée, au  moins  jusqu'après  l'avènement 
au  trône  de  Henri  IV.  Nous  lisons  en 
effet,  dans  les  procès-verbaux  manu- 
scrits de  l'assemblée  politique  de  Lou- 
dun,  qu'en  15%,  un  d'Argoud,  député 
en  cour  par  les  églises  de  la  Provence 
pour  se  plaindre  des  persécutions  de  toute 
espèce  dont  elles  avaient  à  souffrir,  se 
présenta  devant  cette  assemblée  afin  de 
solliciter  son  intervention  en  leur  faveur 
auprès  du  roi  et  de  ses  ministres.  A.. 
Liïre  du  Red.  est  inscrit  comme  étu- 
diant à  l'acad.  de  Genève  en  1587  :  «Ja- 
cobus  Argodusdelpbinas.  »  C'est  à  cette 
famille  qu'appartenait  le  comte  d' Argout 
qui  fut  gouverneur  de  la  Banque  de 
France  sous  le  règne  de  Louis-Philippe 
et  dont  le  nom  a  été  donné  à  l'une  des 
rues  de  Paris  voisines  de  cet  établisse- 
ment. 

2.  ARGOUD  ou  Argaid,  Argod,  Ar- 
goz  (Etienne),  «  espinglier,  »  de  Montri- 
gaud  en  Dauphiné,  reçu  habitant  de 
Genève,  15  sept.  1572.  Son  fils  Jean- 
François  (1504-lGG'O,  membre  du  grand 
conseil  en  1634.  —  -t>'go.  procureur  à 
Lyon,  proscrit  en  1568  (ci-dessus,  col. 

ARGAUQS  (R-vchel,  fille  de  Jean 
des;,  sr  de  Dampierre,  et  de  Madelaine 
de  Crux,  présentée  au  baptême  à  Pons 
en   Saintonge  par  Jacq.  des  Argauds, 


sr  de  La  Chaussée,  et  Rachel  de  Crue. 

àP»  de  Xantheuil  (Tt,  285). 

ARGOUGES  (Françoise  d');  Tours, 

v.  mO  [VII,  204  a]. 
ARGOUL  (d');  Lvonnais,  1579  [II, 

467  b]. 

ARGRIER   ;  Bertrand),   condamné, 

1569,  à  Bordeaux  [II,  416  al. 
ARGUES   (Martin  de,   pasteur   de 

Bourges,  1556  (Bull.  VIII,  73]. 
ARGY  (d'),  famille  berrichonne  [V, 

438].  —  Suzanne  d'Argy,  fille  de  noble 

Jean  d'Argy,  née  à  Loudun,  1566.  — 

Voy.  Haut-Teneuil. 
ÀRIAL  ou   Ariail,   capitaine   [III, 

493]. 
ARIEL  (Nie),  barbier  de  Senlis,  tué 

à  Lvon  lors  de  la  S.-Barthélemy  [VI, 

264  a!. 

ARIFFATou  Arifat  (Nicolas  de  La 
Baume,  sieur  d".,v.  1600  |VI,  435  a].  — 
{Paul  1684  [VI,  435  b,  note!. 

ARIFONT  Guillaume),  marchand  à 
Nîmes,  reçu  habitant  de  Genève,  3  no- 
vemb.  1572. 

ARJON  (André),  d'Orléans,  reçuhab. 
de  Genève,  17  mai  ! 

ARLANDE  ou  Arlamde.  famille  no- 
ble du  Languedoc  [Haag  I,  123.  — Voy. 
\  1.  .n7  b  :  IX.  255  a].  Loris  d'Arlande, 
seigneur  de  Mirebel  en  Vivarais.  qui  vi- 
vait vers  15C)0,  eut  pour  fils  Gabriel  Ar- 
lande ,  époux  de  Marguerite  de  Massu- 
guier.  laquelle  le  rendit  père  de  Louis 
Arlande.  Ce  dernier  se  maria,  le  7  avril 
1586,  avec  Marthe  ou  Mariede  Borne  et 
en  eut  Louis  Arlande,  qui  prit  pour 
femme,  le  21  avril  1624,  Françoise  de 
Beaumont,  et  laissa  deux  fils  survivants, 
Jacques,  sr  de  Mirebel,  et  Antoine,  sr  de 
Vendrias.  C'est  probablement  le  même 
Louis  qui  avec  un  troisième  fils,  égale- 
ment nommé  Louis,  et  un  autre  d'Ar- 
lande, Jacques-Alexandre,  furent  tous 
trois  confirmés,  le  7  nov.  1615,  par  l'as- 
semblée de  Grenoble,  comme  comman- 
dants de  la  place  deMirebel  [II,  403b; 
IX.  102  al.  Jacques,  fils  aîné  de  Louis 
et  de  Françoise  de  Beaumont,  eut  neuf 
enfants  de  sa  femme,  Jeanne  de  Beau- 
mont,  qu'il  avait  épousée  en  1656.  Nous 
connaissons  les  noms  de  sept  d'entre 
eux  :  Rostan-François ,  Antoine-Con- 
stantin, Anne,  Jacques,  David,  Mar- 
guerite et  Antoine  [IV,  181  b].  Ce  der- 


3*3 


ARLANDE  —  ARLAUD 


344 


nier,  né  en  1667,  se  laissa  séduire  par 
le  gardien  des  capucins  de  Villeneuve- 
de-Berg,  qui  l'attira  dans  son  cou- 
vent en  1678,  et  l'y  retint  sous  pré- 
texte qu'il  s'était  converti.  La  veuve  de 
Jacques  prouva  que  son  fils  n'avait  pas 
onze  ans  ;  le  dossier  de  l'enquête  [Archiv. 
M,  665)  ne  nous  apprend  pas  si  on  lui  ren- 
dit justice.  A  ces  renseignements  nous 
ajouterons  que  Jacques  d'Arlande,  an- 
cien de  l'église  de  Villeneuve-de-Berg, 
fut  député  |X,  367]  par  la  province  du 
Vivarais  au  29e  synode  national,  qui 
s'assembla  à  Loudun  en  1659.  Ce  synode 
le  chargea  d'aller  avec  le  pasteur  David 
Eustache,  porter  aux  pieds  de  S.  M.  ses 
très-humbles  devoirs,  ses  soumissions  et 
remerciments,  en  lui  confiant  en  même 
temps  pour  le  roi,  la  reine  mère  et  le 
cardinal  Mazarin,  des  lettres  où  l'on  dé- 
sirerait plus  de  sincérité  et  un  peu  moins 
de  servilité.  Quand  on  connaît  la  con- 
duite que  le  gouvernement  de  Louis  XIV 
tenait  déjà  à  l'égard  des  protestants,  on 
reste  stupéfait  à  la  lecture  de  phrases 
telles  que  celle-ci  :  «  Les  faveurs  que 
"V.  M.  répand  journellement  sur  nous 
augmentent  de  plus  en  plus  les  obliga- 
tions que  nous  lui  avons,  parmi  lesquelles 
nous  pouvons  compter  comme  la  plus 
singulière,  cette  assurance  que  V.  M. 
nous  a  donnée  par  la  bouche  de  M.  son 
commissaire,  de  son  affection  paternelle 
pour  tous  ses  sujets  de  la  religion  réfor- 
mée, et  que  le  dessein  de  S.  M.  est  de 
nous  continuer  les  effets  de  sa  bonté 
accoutumée,  comme  aussi  le  privilège 
qu'elle  nous  a  accordé  de  nous  assem- 
bler dans  cette  ville,,  ce  qui  étant  des 
marques  d'une  bonté  toute  particulière, 
les  expressions  nous  manquent,  et  nous 
n'avons  pas  de  termes  assez  emphati- 
ques pour  en  témoigner  notre  gratitude, 
et  combien  fortement  nous  nous  sentons 
engagés,  par  cette  nouvelle  faveur,  à  dé- 
vouer et  consacrer  nos  vies  et  nos  for- 
tunes pour  le  service  de"V.  M.  »  Les  deux 
députés  s'acquittèrent  de  leur  mission  à 
la  satisfaction  du  synode,  qui  les  remer- 
cia de  leurs  soins  et  de  leurs  peines.  Le 
seigneur  de  Mirebel  fut  encore  commis, 
avec  les  pasteurs  Homel  et  Janvier,  et 
avec  Timothëe  Baruel,  appelé  ailleurs 
Bervil,  docteur  en  droit  civil,  avocat  et 
ancien  de  l'église  de  Privas,  pour  visiter 


l'université  de  Die  et  porter  remède  aux 
abus  qui  s'y  étaient  introduits.  Les  élèves 
de  cette  université  laissaient  croître  leurs 
cheveux,  portaient  de  grandes  manches 
pendantes,  des  gants  à  franges,  des  ru- 
bans, fréquentaient  les  tavernes,  recher- 
chaient la  compagnie  des  femmes,  avaien  t 
l'épée  au  côté,  et  leur  style  sentait  plus 
le  roman  que  la  parole  de  Dieu. — Telles 
étaient  les  plaintes  générales  des  députés 
des  provinces.  Le  synode  de  Loudun  ne 
se  contenta  pas  d'exhorter  les  professeurs 
et  les  directeurs  des  universités,  comme 
aussi  les  consistoires  et  les  églises,  àuser 
de  toute  leur  autorité  pour  réprimer  de 
semblables  excès,  en  leur  enjoignant 
d'excommunier  les  réfractaires  et  de 
rayer  leurs  noms  de  la  matricule  des 
étudiants  ;  il  chargea,  comme  nous  l'a- 
vons dit,  des  ministres  et  des  anciens 
d'une  inspection  des  universités,  avec 
ordre  de  faire  savoir  à  tous  les  étudiants 
en  théologie  qu'ils  eussent  à  lire  publi- 
quement les  saintes  Ecritures  avant  le 
prêche.  Les  autres  députés  furent  Isaac 
de  Guitton  et  Isaac  du  Bordieu,  pas- 
teurs, avec  Paul  Thouvois ,  seigneur  de 
Champs,  avocat  au  parlement  et  ancien 
de  l'église  d'Orléans,  pour  l'université  de 
Saumur;  Adrien  Charnier  et  Jérémie 
Viguier,  avec  de  Pontperdu  et  Jacob 
Maisojinais,  avocat  au  parlement  et  an- 
cien de  l'église  de  Bordeaux,  pour  celle 
de  Mon  tau  ban;  Isaac  du  Bordieu  et 
Etienne  Broche,  seigneur  de  Méjannes, 
pasteurs,  avec  Edouard  de  Carlot,  ba- 
ron de  S.-Jean  de  Gardonenque,  et  de 
Pontperdu,  pour  celle  de  Nîmes.  Il  fui 
ordonné  en  outre  que  les  synodes  pro- 
vinciaux, dans  le  ressort  desquels  se 
trouvaient  ces  universités,  députeraient 
chaque  année  des  pasteurs  pour  en  faire 
la  visite.  —  D'après  un  travail  généalo- 
gique, daté  de  1702  et  signé  Pierre  Ver- 
nes,  la  famille  Vernes,  de  Genève,  origi- 
naire du  Vivarais,  posséda,  au  XVIe  siè- 
cle, la  seigneurie  d'Arlande.  —  Yoy. 
Galiffe,  Notices  généal.  IV,  5'i4. 

ARLANDY  et  sa  femme,  réfugiés  et 
assistés  à  Genève,  1684.  —  (Jean),  na- 
turalisé anglais,  5  janv.  1688. 

I .  ARLAUD,  famille  originaire  de  Ma- 
ringues  en  Auvergne,  réfugiée  et  ad- 
mise à  la  bourgeoisie  à  Genève  le 
26  déc.  1617.   Cette   famille,  qui   s'est 


3io 


ARLAUD 


ARMAND 


346 


perpétuée  jusqu'à  nos  jours,  a  produit 
plusieurs  artistes  de  mérite,  principale- 
ment :  Jacques-Antoine  Artaud,  excel- 
lent peintre  en  miniature,  né  à  Genève 
le  6  mai  1668.  Son  père,  Henri  IV. 
206  b},  le  destinait  au  pastorat:  mais  son 
goût  pour  les  arts  du  dessin  l'emporta 
sur  les  études  théologiques,  et  en  1688  , 
il  fut  envoyé  à  Paris  pour  y  continuer 
son  éducation  artistique.  Ses  commen- 
cements furent  pénibles.  Mais,  à  force 
de  persévérance,  il  finit  par  se  faire  con- 
naître et  apprécier.  Le  duc  d'Orléans, 
bon  connaisseur  en  fait  d'art,  voulut 
même  prendre  des  leçons  de  lui  et  le 
logea  dans  son  château  de  S.-Cloud. 
Dès  lors,  il  n'eut  plus  de  rivaux.  Il  est 
vrai  que  ses  portraits  étaient,  dit-on, 
d'une  ressemblance  parfaite,  son  pin- 
ceau d'une  délicatesse  extrême,  ses  tons 
de  couleur  vrais  et  vigoureux  et.  ce  qui 
faisait  encore  son  principal  mérite,  c'est 
qu'il  saisissait  admirablement  et  d'un 
coup  d'œil  le  caractère  des  personnes 
qui  posaient  devant  lui.  Après  avoir  eu 
tous  les  succès  dans  son  art,  après  s'être 
concilié,  en  Italie  et  en  Angleterre  aussi 
bien  qu'en  France,  les  plus  hautes  ami- 
tiés ,  celle  de  Newton  par  exemple ,  il 
voulut  terminer  sa  carrière  dans  sa  pa- 
trie. Ses  dernières  années  se  passèrent 
à  Genève,  où  il  mourut  en  1743.  (Haag.) 
On  conserve  au  Musée  de  Genève,  outre 
quelques-unes  de  ses  œuvres,  un  très- 
beau  portraitde  lui,  peint  par  Laraillière. 
—  J.  Ant.  [VII,  191  a].  —  Abraham 
VII.  218  a|. 

•2.  ARLAUD  (Guillaume), d'Uzès, ma- 
nufacturier de  bas,  réfugié  avec  sa 
femme,  un  enfant  et  un  apprenti,  à 
Magdebourg,  1698.  —  (Claude)  avec  sa 
femme  et  ses  deux  enfants,  assistés  en 
passant  à  Genève  pour  chercher  un  re- 
fuge, 1703.  —  (Claude,  fils  de  Paul  .  du 
Dauphiné,  reçu  habitant  de  Genève, 
26  janvier  1717.  —  (Phibppe,  fils  de  feu 
Claude),  d'Orange,  tisserand,  id.  19  oct. 
1731. 

3.  ARLOD  ou  Arlot  (Jaqeet),  [X, 
471],  «homme  vieux  et  impotent  et  grief- 
vement  malade  en  son  lict,  pris  et  jette 
des  fenestres  de  sa  maison  en  bas,  et 
l'assommèrent  de  ses  potences  [béquilles] 
dont  il  se  soustenoit;  »  à  Castellane, 
1562   (Crespin).  —  Mathieu    Arlo,  de 


Valdrome,  assisté  en  passant  à  Genève, 
4685.  —  'André,  fils  de  feu  Etienne), 
d'Alex  en  Dauphiné,  tondeur  de  drap, 
reçu  hab.  de  Genève.  15  nov.  1717.  — 
Marie  Arliod ,  «  de  Poïlaval ,  »  assistée 
à  Genève.  1692. 

ARLAUSAC,  Montauban,  1626  [IV, 
467  a]. 

ARLES  (d'),  seisneur  de  Lisv.  1567 
[VII,  359  a]. 

ARMAGNAC  (Jean  d'),  valet  de  cham- 
bre du  roi,  1611  ;  souverneurdu  château 
de  Loudun.  1617  (VI,  204  b;  VII,  283  a]. 

ARMAN  Julian).  d'Issoire,  orfèvre, 
reçu  habitant  de  Genève,  1er  déc.  1572. 

—  (François),  de  Mens  en  Dauphiné. 
cordonnier,  réfugié  à  Schwedt  (Prusse), 

1698.  —  (la  femme  de  Daniel),  du  Vi- 
vants, et  son  fils  «  qui  ont  demeuré 
six  mois  en  prison  et  dont  le  mari  est 
encore  aux  galères,  »  assistés  à  Genève, 

1699.  —  (Jeanne,  Judith,  Jean,  Fran- 
çois ,  etc.),  du  Dauphiné  (onze  person- 
nes), réfugiés  à  Berlin,  Magdebourg. 
Neuhaldensleben  et  Schwedt,  1700. 

1.  ARMAND  .Jean,  tîls  defeu Claude), 
de  Zays  [d'Uzès]  en  Provence,  orfèvre, 
reçu  habitant  de  Genève  le  20  juin  1550. 

—  (Pierre),  son  frère,  esperonnier,  id. 
le  même  jour. 

2.  ARMAND  et  Jean  Armant,  pros- 
crits àLvon  en  1568  v'ci-dess.  col.  278  et 
280). 

3.  ARMAND (Gdill.)  ;  Provence,  1 5 \  1 
[VII,  319,  a].  —  (Autre  Guill.)  massacré 
à  Cabrières,  1562  [X,  470].  —  Guille- 
mette,  massacrée  a  Gordes  [X,  471]. — 
Paul,  1686  [V,  45  b].  —  Geoffro>  X. 
220] .  —  (J.),  du  Lantraedoc,  calérien, 
1686  [X,  4081.  —  (Aldebert),  de  Marve- 
jols,  vers  1720  [IX,  427  a]. 

4.  ARMAND  (la  délaissée  d'Isaac), 
d'Orpière  en  Dauphiné,  avec  trois  en- 
fants, 1692;  —  (la  délaissée  d'Isaac),  de 
Nîmes,  allant  en  Allemagne  avec  deux 
enfants,  1693  ;  — (la  veuve  de  François), 
de  Die,  et  ses  deux  fils  allant  rejoindre 
ses  parents  en  Suisse,  1695;  —  (Jean) 
avec  sa  femme  et  deux  enfants,  de  La- 
mothe-Chalençon,  1697;  —  (la  femme 
de  Michel),  de*Die,  1699;  —  (Jean),  de 
Die,  «  revenant  d'Allemagne  en  pauvre 
état  et  demandant  à  y  retourner,  »  1 700  ; 

—  (Jeanne  ,  de  Die,  arrivée  malade; 
1700;  —  (Anne),  d  Orpierre,  1700-1702; 


347 


ARMAND 


348 


—  (Philippe),  de  Vanterol  en  Dauphiné, 
1702;  —  (Jean),  d'Orange,  1703;  — 
(Isaac)  et  sa  femme,  d'Orange,  1703;  — 
(la  veuve)  et  cinq  enfants ,  d'Orange, 
1703  ;  —  (Jean -Louis),  de  Bourdeaux, 
1703;  —  (Pierre),  de  Tolignon,  1703; — 
(David),  de  Beaumont,  en  Dauphiné, 
1704; — (Louise),  de  Die,  1710;  tous  ré- 
fugiés et  assistés  à  Genève,  aux  dates 
indiquées.  —  (Antoine),  du  Vigan,  chi- 
rurgien, avec  sa  femme  et  trois  fils,  reçu 
à  Lausanne^  21  nov.  1701.  —  (Joseph),  de 
Die,  reçu  hab.  do  Genève,  18  fév.  1713. 

—  (Pierre,  fils  de  Jacques),  d'Arnayon 
en  Dauphiné,  chapelier,  id.  19déc.  175-2. 

5,  ARMAND  (François),  sa  femme 
et  deux  enfants  ;  —  (Elisabeth)  et  trois 
enfants  ;  —  (Catherine)  ;  assistés  à  Lon- 
dres, 1721. 

6.  ARMAND  (Jacques),  pasteur  de 
l'église  wallonne  de  Hanau  en  1762, 
et  de  l'église  réformée  française  de 
Francfort-s.-Mein,  1764-65  [Haâg  I,  124; 
III,  330  a].  Il  est  auteur  d'un  petit  re- 
cueil de  Sermons,  dédié  au  comte  Pierre 
deGolofkin,  chambellan  du  duc  de  Deux- 
Ponts,  renfermant  quatre  sermons,  le 
premier  sur  Jean  III,  19  (Francf.  1762, 
in-8°);  le  2e  sur  Cant.  II,  4,  prononcé  à 
l'occasion  de  la  paix  qui  mit  un  terme  à 
la  guerre  de  Sept  ans  (2e  édit.,  Francf. 
et  Leipz.,  1763);  le  3e  sur  Luc  XII,  43, 
prononcé  à  Bockenheim  à  l'occasion  du 
50e  anniversaire  de  l'installation  d'Ant. 
Mathieu,  pasteur  de  l'église  française  de 
Francfort  (Francf.  et  Leipz.,  1765),  et  lé 
4e  sur  Ps.  LXXXII,  6,  7,  prononcé  éga- 
lement à  Bockenheim  à  l'occasion  de  là 
mort  de  l'empereur  François  Ier  (Francf. 
1765).  Parmi  des  pages  d'une  véritable 
éloquence,  on  y  rencontre  fréquemment 
des  allusions  au  sort  des  protestants  en 
France,  mais  nulle  part  avec  plus  d'à- 
propos  que  dans  le  second  de  ces  ser- 
mons qui  eut  pour  auditeurs  un  grand 
nombre  d'officiers  et  de  soldats  français 
rentrant  dans  leur  patrie  après  les  cam- 
pagnes d'Allemagne.  «  Vous  avez,  s'écrie 
Armand,  des  concitoyens,  qui  sont  nos 
frères  dans  la  foi,  mais  qui  sont  souvent 
inquiétés  au  sujet  de  leur  créance.  L'i- 
gnorance où  l'on  est  de  notre  culte,  fait 
qu'on  les  noircit  souvent  sans  fonde- 
ment. Eh  bien,  messieurs,  de  retour 
chez  vos  Compatriotes*  dissipez  et  éclai- 


rez \;ette  ignorance.  Racontez-leur  ce 
que  vous  avez  vu  dans  ces  provinces  où 
on  professe  la  même  foi.  Dites-leur  que 
cette  hérésie  qu'on  leur  reproche,  con- 
siste à  adorer  l'Eternel  en  esprit  et  en 
vérité,  à  méditer  ses  divins  oracles,  et  à 
lui  adresser  nos  prières  en  langue  intel- 
ligible et  entendue  du  peuple;  à  être  ja- 
loux des  droits  de  Dieu,  et  à  ne  point  par- 
tager notre  confiance  et  nos  hommages 
entre  le  créateur  et  la  créature,  quelque 
sainte  qu'elle  puisse  être.  Dites-leur  que 
cette  hérésie  consiste  à  aimer  tous  les 
hommes  de  quelque  religion  qu'ils  soient  ; 
à  n'employer  que  des  voies  de  douceur 
pour  l'instruction  et  la  conversion  des 
âmes-.'-à  être  fidèle  à  son  prince,  sans 
permettre  qu'un  pontife  étranger  empiète 
sur  ses  droits;  à  ne  point  souffrir  d'hom- 
mes inutiles,  qui  s'engraissent  du  travail 
des  peuples,  qui  dévorent  en  pure  perte 
la  substance  des  Etats,  et  servent  de  gouf- 
fre aux  générations  futures.  Dites-leur... 
en  un  mot,  ce  que  vous  avez  vu.  Em- 
ployez le  crédit  que  votre  naissance  et 
vos  emplois  vous  donnent  auprès  des 
chefs  de  l'Etat,  à  délivrer  des  captifs 
malheureux  qui,  quand  il  serait  vrai 
qu'ils  fussent  dans  l'erreur,  sont  toujours 
respectables  de  ne  vouloir  point  devenir 
hypocrites.  Réprimez  le  zèle  indiscret  de 
ceux  de  vos  lévites  qui  croient  honorer 
Dieu  en  tourmentant  les  hommes.  Soyez 
des  docteurs  de  charité  auprès  des  doc- 
teurs de  votre  foi  ;  et  si  vous  trouvez  que 
j'ai  dit  vrai  dans  mon  discours,  dites-leur 
à  votre  tour  :  Ministres  des  autels,  nous 
annonçons  une  doctrine  ancienne  et  nou- 
velle; l'esprit  de  l'Evangile,  c'est  la  Cha- 
rité !  »  —  Suivant  le  bibliographe  R.  Watt 
ces  sermons  auraient  été  trad.  en  anglais, 
1768,  in-8°. 

7.  ARMAND  (J.-T.).  pasteur  à  La 
Haye,  1766,  puis  (1775)  chapelain  de 
l'ambassade  de  Hollande  à  Paris  [VIL 
284  a].  —  Peut-être  le  même  que  le 
précédent.  Voy.  aussi  [X,  152]. 

8.  ARMANT  (Geneviève),  23  ans,  vi- 
vait, en  1781,  enfermée  aux  Nouvelles- 
Catholiques  de  Rouen  depuis  six  années. 
—  (Marie-Elisabeth) ,  15  ans,  id.  depuis 
trois  années, 

9.  ARMAND  DE  CHATEAU  VIEUX 
(Claude),  né  en  1542  [Haag  1,  124.  — 
LU,  79].  Il  eut  de   sa   femme  Jeanne 


349 


ARMAND 


350 


d'Issautier,  de  Sisteron,  deux  fils.  Le 
cadet,  Guillaume,  capitaine  de  cent 
hommes  d'armes,  servit  avec  distinction 
sous  les  ordres  de  Lesdiguières.  Marié 
avec  Marguerite  de  Bernardi,  il  devint 
la  souche  de  deux  branches  de  cette 
famille  établies  dans  la  Bourgogne  et  le 
comtat  Venaissin,  mais  qui  ne  parais- 
sent pas  avoir  persisté  longtemps  dans 
la  profession  de  la  religion  protestante. 
L'ainé,  André,  né  le  il  avril  1595, 
épousa,  en  1 G 1 3 ,  Antoinette  de  Bardel, 
fille  de  Georges  de  Bardel,  seigneur  de 
Theus  et  de  Morout,  dont  il  eut  aussi 
plusieurs  enfants.  Son  fils  aine,  Georges 
se  réfugia  à  Genève.  Le  second.  Claude, 
suivit  la  carrière  des  armes  et  fut  tué  en 
1681.  Le  troisième,  Alexandre,  mourut 
sans  postérité.  Le  quatrième,  André,  fut 
l'auteur  d'une  branche  éteinte  depuis 
longtemps  et  sur  laquelle  les  généalo- 
gistes ne  fournissent  aucun  renseigne- 
ment. Le  cinquième  enfin,  Gaspard* 
fonda  les  branches  du  Dauphiné  et  de 
Ghaumont  en  Bassigny,  qui  renoncèrent 
à  la  foi  de  leurs  pères.  Le  seul  de  ses 
cinq  fils  dont  les  descendants  appartien- 
nent bien  positivement  à  la  France  pro- 
testante, est  Georges,  né  le  28  avril  1620 
et  mort  en  1680.  De  son  mariage  avec 
Marie  Chevalier  naquirent  André,  époux 
de  Claudine  de  Calvière,  tille  de  Fran- 
çois, baron  de  St.-Gôme,  et  Gaspard,  né 
en  1677  à  Mison  en  Provence,  qui  servit 
dans  les  troupes  anglaises  avec  le  grade 
de  capitaine  de  drasons,  et  mérita  l'es- 
time de  Marlborough  qui  le  choisit  pour 
veiller  sur  son  fils  lorsqu'il  l'envoya  voya- 
ger sur  le  continent.  Il  mourut  à  Ge- 
nève en  1733,  laissant  de  son  mariage 
avec  Catherine  Desmons,  quil  avait 
épousée  en  1725,  un  fils  nommé  Jac- 
ques, lequel  obtint  gratuitement  la  bour- 
geoisie en  1769  et  s'allia  avec  la  famille 
des  Buisson,  également  réfugiée  à  Ge- 
nève, en  prenant  pour  femme,  le  26  fé- 
vrier 1769,  Madeleine,  fille  de  Léonard 
Buisson,  ancien  syndic  de  la  république; 
=  Armes  :  De  gueules  à  la  fasce  échi- 
quetée  d'argent  et  de  sable*  de  deux 
traits,  accompagnée  en  chef  d'un  crois* 
sant  d'argent  et  en  pointe  d'un  bœuf 
passant,  d'or. 

10.  AR>IAND(DANTEL),étudiantau  sé- 
minaire protestant  de  Lausanne  en  1764, 


fut  placé  en  1773  comme  pasteur  dans  le 
quartier  de  la  Drôme  (églises  de  Sail- 
lans,  Sainte-Croix,  Aucellou,  etc.  par  le 
synode  du  Dauphiné.  A  l'époque  de  la 
Révolution,  il  renonça  à  ses  fonctions  et 
fut  nommé  commissaire  des  vivres  à  Va- 
lence. Adonné  dès  lors  à  l'agriculture,  il 
publia  vers  1791  des  Notes  sur  l'éduca- 
tion des  vers  à  soie ,  et  après  de  nou- 
velles observations,  un  Traité  sur  les 
vers  à  soie,  Nyons,  1798,  in-12,  101  p. 
Le  premier  consul  le  nomma  juge  de 
paix  du  canton  de  Nyons,  charge  dont 
il  fut  dépouillé  parla  Restauration.  Nous 
pensons  qu'il  est  également  l'auteur  de 
l'écrit  suivant  :  Discours  sur  les  devoirs 
qur  nous  devons  au  Roi  et  aux  magis- 
trats qui  le  représentent .  prononcé  dans 
le  Bas  -  Dauphiné  ;  1787,  in-12.  —  Ar- 
mand-Delille,  fils  du  précédent,  né  en 
successivement  pasteur  à  Valence 
et  à  Nimes,  et  mort  dans  cette  dernière 
ville  en  1815  à  l'âge  de  31  ans.  ■  Quoi- 
que jeune  encore,  dit  l'éditeur  de  ses 
sermons,  M.  Armand-Delille  avait  mûri 
pour  le  ciel.  Sa  vie  fut,  comme  sa  doc- 
trine, une  prédication  évangélique.  »  On 
connaît  de  lui  un  Discours  sur  le  réta- 
blissement de  la  religion,  prononcé  le 
15  août  1806  (à Valence);  Valence (1806), 
in-12;  un  Sermon  pour  le  jour  de  la  dé- 
dicace du  temple  de  Loriot  :  Valence 
fl907)j  in-*p:  un  Choix  de  Sermons  de 
feu  M.  Armand  Del ille.  pasteur  à  JYis- 
vies,  publiés  par  J.-*T.  Gardes,  dm  des 
pasfrurs  de  la  même  église.  Nimes  1 1 
2  vol.  in-12.  (Arnaud. 

11.  ARMAND  (Daniel  d'),  sieur  de 
Saléon  [I.  125  a],  av.  au  pari,  de  Greno- 
ble et  nommé  conseiller  à  la  chambre  de 
ledit  de  cette  ville  en  1599.  11  avait 
servi  dans  l'armée  de  Lesdiguières,  qui 
le  dépécha  secrètement  à  Du  Poèt,  as- 
siégé dans  le  château  de  Montélimar, 
pour  lui  dire  «  qu'il  devait  se  prévaloir 
de  la  confusion  qu'il  prévoyait  bien  que 
la  multitude  des  chefs  (catholiques1  cau- 
serait parmi  les  assiégeants,  se  servir  de 
grenades  et  du  canon,  et  faire  une  rude 
sortie  sur  eux  pour  les  chasser  de  la 
ville.  »  L'ordre  de  Lesdiguières  fut  exé- 
cuté de  point  en  point  et  la  place  reprise. 
D'Armand  exerça  sa  charge  27  ans  et 
s'en  démit  en  faveur  de  son  fils,  qui  suit. 
—  (Pierre   d'\  nommé  conseiller  à  la 


351 


ARMAND  —  ARMET 


352 


chambre  de  l'édit  de  Grenoble,  en  1026, 
à  la  place  de  son  père.  Dans  les  lettres 
de  nomination,  il  est  qualifié  d"écuyer  et 
d'avocat.  Il  résigna  sa  charge,  en  1648, 
en  faveur  de  son  gendre,  Alexandre  de 
Bardonnenche.  (Arnaud.) 

12.  ARMAND  (Judith  d'),  v.  1600 
[VIII,  368  b].  —Autre,  1623  [11,498  a]. 

13.  Armand,  nom  de  guerre  d'un  pas- 
teur du  désert,  appelé  Gardes.  Voy.  ce 
nom. 

ARM  ANDES  (Antoine),  brûlé  à  Tou- 
louse en  1543  [IX,  73  a]. 

ARMANTIER  et  sa  femme,  de  Sauve, 
assistés  en  passant  à  Genève  pour  se 
réfugier  en  Allemagne,  1700. 

ARMASSAN  (Antoine),  de  Gardet 
(Languedoc),  torturé,  169V)  IVIII,  512  a. 
Voy.  aussi  :  I  Vil,  197  aj. 
'  ARMEN  (d'),  député  de  l'église  de 
Bordeaux,  1573  (Bull.  X,  352).  —  Ger- 
main d'Armena  fut  ministre  de  la  Bas- 
tide de  Villefranche  (B.-Pyr.)  1575-1611  ; 
il  épousa  Bertrane  de  La  Treubesse.  On 
a  son  testament,  du  16  décemb.  1611. 
Dans  sa  jeunesse,  lorsqu'il  vint  étudier 
à  Genève,  avec  son  compatriote  Arrio- 
latus,  il  signa  le  Livre  du  Recteur  avec 
une  chaleur  qui  dépasse  l'enthousiasme 
ordinaire  de  ses  condisciples.  Plusieurs 
ajoutent  à  leur  nom  sur  le  registre  une 
brève  formule  d'adhésion  à  la  foi  évangé- 
lique,  Armenarius  écrit  :  «  Je  professe 
avoir  embrassé  des  deux  bras  la  confes- 
sion de  foi  de  l'église  chrétienne  fondée  à 
Genève  sur  la  parole  de  Dieu,  que  je  la 
garderai,  avec  l'aide  de  Dieu,  toute  ma 
vie  et  que  je  suis  venu  depuis  deux  an- 
nées déjà  dans  cette  ville  où  j'ai  entre- 
pris l'éducation  des  enfants  de  Germain 
Golladon,  4  janv.  1567.  »  —  Théophile 
d'Armena,  fils  du  môme  Germain,  était 
secrétaire  de  la  chancellerie  de  Navarre 
en  1600-1611.  —  La  famille  d'Armena 
existe  encore  près  de  Dax,  dép.  des 
Landes.  (Raymond.) 

ARMEN AUD  (Denys),  «  ministre  de 
Gyen,  »  reçu  habitant  de  Genève,  9  fôv. 
1573.  Il  y  était  venu  d'Orléans,  en  qua- 
lité d'étudiant  en  1563.  Dans  un  registre 
des  sépult.  de  Montauban  (1580-1628), 
on  lit  :  n  Inhumé  le  14  juin  1586  M.  Mre 
Denis  Armenauld,  ministre  do  la  p.  de 
D.  natif  et  habitant  de  Guy-sur-Loyre 
(Gien).  »  —  Pierre   Armenaud  (Arme- 


naldus),  également  d'Orléans,  s'en  va 
aussi,  en  1606,  étudier  à  Genève. 

ARMENTIÈRES  (Jacques),  du  Lan- 
guedoc, galérien,  1705,  libéré  en  1713 
[X,  423].. 

ARMESAN  (Jacques),  «  natif  de  Ples- 
siez  de  Plassi  en  Muscean l  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  le  1 1  avril  1558.  —  Cf. 
Armas  san. 

ARMET,  de  Couches  (Johannes  Ar- 
metus  Colzensis),  étudiant  à  Genève, 
1587.  —  Franciscus  Armetus  Colchien- 
sis,  id.  1607.  —  Lazarus  Armetus  Sebu- 
sianus,  id.  1649.  —  Philippus  Armetus 
Burgensis,  id.  1657. 

Lazare  Armet  (ci-dessus  Lazarus, 
exerçait  le  ministère  évangélique  en 
1662  à  Sacconnex,  au  moment  où  fut 
ordonnée  la  démolition  de  tous  les  tem- 
ples du  bailliage  de  Gex.  Au  commen- 
cement de  l'année  suivante,  il  fut  l'un 
des  trois  pasteurs  chargés  de  desservir 
l'arrondissem.  paroissial  de  Sergy,  com- 
posé des  quatre  anciennes  paroisses  de 
Collonges,  Peron,  Thoiry  et  Crozet.  Il  y 
demeura  jusqu'en  nov.  1664,  où  l'inten- 
dant Boucbu,  qui  désirait  ne  conserver 
dans  le  bailliage  que  deux  ministres ,  lança 
un  décret  de  prise  de  corps  contre  lui  et 
contre  ses  trois  collègues,  Heliot,  Rey  et 
Th.  Vautier.  Armet,  ainsi  que  ce  der- 
nier, échappa  à  l'emprisonnement  en  se. 
réfugiant  à  Genève  ;  mais  ses  biens  fu- 
rent confisqués.  (Clavakkde.)  —  Vers 
cette  époque,  1666,  il  se  maria  à  Genève, 
avec  Madeleine,  fille  de  feu  Samuel 
de  Fontaine,  capitaine  au  service  du  roi, 
et  l'on  voit  dans  le  contrat  que  lui-même 
avait  pour  père,  Jean  Armet,  conseiller 
au  présidial  de  Bourg.  Trente  ans  après, 
en  1705,  nous  le  retrouvons  à  Londres, 
obligé  de  recourir  à  la  charité  publique, 
si  c'est  bien  lui  que  désignent  ces  mots  : 
«  Lazare  Armet,  de  Couche,  81  ans.  » 

Armet,  avocat  au  parlement,  député 
de  la  Bourgogne  à  l'assemblée  de  Châ- 
tellerault,  1605,  puis  à  celle  de  Saumur, 
1611  [I,  201  a,  216  b;  III,  505  a;  V, 
94  b;  VI,  49  b  ;  VII,  531  b  ;  VIII,  291  a]. 
—  (Françoise),  dame  de  Clcssy,  v.  1610 
[II,  491].—  (Timothée),  avocat  au  con- 
seil privé,  ancien  de  Couches,  secrétaire 


'  En  Mulcicn.  Il  s'agit  du  village  aujourd'hui  nommé 
|q  l'lossy-1'iiic-j ,  près  Meaux. 


353 


AKMET  —  ARXAL 


3o4 


du  synode  de  Charenton,  1G31  [X,  310, 
342].  —  (Jacques),  avocat  au  pari,  de  Di- 
jon, v.  1650,  sieur  de  La  Motte-sur- 
Deune,  père  d' 'Espérance  Ar met,  femme 
de  François  de  Rochemont  [VIII,  458  b]. 
—  (François),  avocat  au  parlement  et 
ancien  de  Couches  en  Bourgogne,  104i 
[X,  362].  —  Armet,  pasteur  à  Montjoux, 
1668. — (Jean),  de  Couches,  avocat,  1682 
[VI,  95  b].  —  (Estienne),  de  Bourg  en 
Bresse,  marchand,  sa  femme,  deux  filles 
et  sa  sœur,  réfugiés  à  Berlin,  1698;  — 
(François),  relieur,  id.,  id.  —  Margue- 
rite Armet,  femme  de  Jacques  de  Ro- 
chemont, réfugié  à  Genève  en  1700.  — 
Une  autre  Espérance  Armet,  femme,  à 
la  même  époque,  de  Théodore  Guillau- 
mot  de  La  Barraterie,  avocat.  —  Vov. 
encore   II,  313  b;  VII,  534  b]. 

ARMET  d'AVOISOTTE  (Isaac),  pri- 
sonnier pour  la  religion  pendant  40  ans. 
Vov.  Avoisotte. 

ARMEYDE  (Jean  d),  ou  Van  Ar- 
meyden,  né  à  Xantes  de  parents  hollan- 
dais, et  naturalisé.  Il  était  ancien  du 
consistoire  de  Xantes;  nous  trouvons  sa 
•signature  en  cette  qualité  au  bas  d'une 
pétition  pour  le  cimetière  de  Xantes  en 
1664  et  au  procès-verbal  de  la  séance 
du  consistoire  le  17 août  1681.  Un  mois 
plus  tôt,  jour  pour  jour,  il  avait  pris  à  sa 
charge  sa  filleule.  Marguerite  de  Bury, 
dont  le  père  (voir  ce  nom,  avait  été  con- 
damné, pour  cause  de  religion,  aux 
galères  perpétuelles.  C'était  l'un  de  ces 
nombreux  Hollandais  qui  s'étaient  fait 
naturaliser  français  à  Xantes  et  qui  eu- 
rent à  le  regretter  si  amèrement  plus 
tard,  aux  approches  de  la  révocation  de 
l'édit.  Il  se  sauva  en  Hollande  (vers  1681- 
85),  avec  sa  femme  Catherine  Van  Aer- 
sen,  et  quatre  enfants,  deux  fils  et  deux 
iilles.  Parmi  les  Français  réfugiés  en 
Hollande  et  naturalisés  à  Rotterdam  fi- 
gure un  Léonard  d' Armey de  le  jeune,  né 
à  Nantes,  sorti  de  France  en  1682.  Nous 
avons  lieu  de  croire  qu'il  était  frère  de 
Jean. 

Yaurigaud,  Eglises  réf.  de  Bretagne,  III,  86. 

ARMOISES  Des),  famille  du  Barrois, 
[Bull.  XI.  431). 

ARMOX  (Jbar),  d'Aubusson,  tapis- 
sier, réfugié  (famille  de  5  personnes)  à 
Berlin.  1700. 

ARMOXD  'François  ,  de  Vouserol  en 


Dauphiné,  assisté  en  passant  à  Genève, 
1685. 

ARXAC  (Pierre),  de  S.-Ambroix  en 
Languedoc,  manufacturier  de  bas,  réfu- 
gié avec  sa  femme,  un  enfant  et  deux 
compagnons,  à  Magdebourg,  1698.  — 
Conf.  Larnac. 

1.  ARXAL,  de  La  Salle,  condamné  aux 
galères  en  1685.  Un  de  ses  compagnons 
de  chaîne,  Jean  JS'issolle,  marchand  à 
Ganges,  a  écrit  un  récit  de  son  propre 
malheur  (Bull.  X ,  45Î) ,  dans  lequel  il 
raconte  de  cet  Arnal  le  trait  que  voici  : 

«  Nous  vîmes  arriver  sept  de  nos  frè- 
res du  Haut-Languedoc  condamnés  pour 
s'être  trouvés  dans  les  assemblées.  On 
nous  fit  souper  ensemble.  Notre  conver- 
sation pendant  le  repas  tourna  toute  sur 
la  piété  et  sur  les  soufrances  auxquelles 
nous  devions  nous  attendre  de  jour  en 
jour  pour  la  cause  de  l'Evangile.  Tous 
me  parurent  pleins  de  zèle  et  il  n'y  en 
eut  aucun  qui  ne  s'estimât  heureux  de  ce 
que  Dieu  ï'appeloit  à  souffrir  pour  son 
nom.  Nous  connûmes  bien  le  lendemain 
que  leur  cœur  s'exprimait  par  leur  bou- 
che. Ils  entendirent  le  tambour  et  ils  s"i- 
maginèrent  qu'on  assemblait  des  gens 
de  guerre  pour  les  exécuter.  Ils  furent 
d'autant  plus  confirmés  dans  cette  pen- 
sée que  M.  Daude  (marchand  d'Alais, 
un  des  condamnés),  voulant  les  conso- 
ler et  les  avertir  qu'ils  devaient  partir 
dans  deux  heures  pour  être  transféras  à 
Marseille  dit,  s'adressant  à  un  d'eux 
nomm ■'•  IL  Arnal,  de  La  Salle,  qu'ils 
dévoient  supporter  avec  soumission  et 
avec  patience  tous  les  maux  que  Dieu 
leur  envoyoit  et  qu'il  ne  doutoit  point, 
voyant  les  marques  de  leur  piété,  que 
quand  ils  devroient  être  exposés ,  ce 
jour-là,  au  supplice  ils  n'allassent  à  la 
mort  avec  joye  et  avec  constance,  et 
qu'il  falloit  tousjours  être  prêts.  M.  Ar- 
nal crut  qu'il  lui  annonçoit  la  mort,  et 
se  tournant  vers  un  de  ses  frères  en  In- 
tendant la  main,  lui  dit  en  propres  ter- 
mes :  «  Courage  mon  frère,  il  faut  aller 
«  souper  aujourd'hui  avec  Jésus-Christ.  » 
L'autre  répondit  avec  la  même  fermeté, 
et  sans  la  moindre  émotion  :  «  Eh  bien, 
«  Dieu  soit  loué,  sa  volonté  soit  faite;  il 
u  nous  fait  une  grande  grâce  de  nous  ti- 
«  rerde  la  misère  et  de  la  soufrance  pour 
«  nous  élever  à  la  félicité  éternelle.  »  La 

i.  1-2 


3oo 


ARNAL  —  ARNAUD 


356 


femme  de  M.  Arnal,  qui  étoit  présente, 
entendit  une  partie  de  cette  conversation  ; 
elle  dit  à  son  mari  s'il  y  avoit  quelque 
chose  de  nouveau  et  qu'il  luy  sembloit 
d'avoir  ouï  qu'on  lui  annonçoit  la  mort. 
«  Oui,  répondit-il,  ma  chère  femme,  il 
«  faut  se  séparer.  »  Ils  s'embrassèrent 
alors  tous  deux  avec  des  yeux  secs,  car 
les  pauvres  gens  avoient  le  cœur  serré. 
Je  les  détrompay  l'un  et  l'autre  et  dis  à 
M.  Arnal  qu'il  n'avoit  pas  bien  entendu. 
Gela  remit  un  peu  cette  pauvre  femme 
à  qui  le  cœur  commeneoit  à  manquer.  Il 
est  hors  de  doute  que  l'on  peut  regarder 
ces  ridelles  confesseurs  comme  de  vérita- 
bles martirs,  puisqu'ils  avoient  receu 
avec  joye  la  nouvelle  de  leur  mort.  Ils 
partirent  le  même  jour,  attachés  à  la 
chaîne  au  nombre  de  dix-sept,  avec  un 
visage  serain  et  qui  marquoit  la  joye 
qu'ils  avoient  d'aller  soufrir  pour  les  in- 
térêts de  leur  Sauveur.  » 

2.  ARNAL ,  ancien  de  Valleraugue, 
1678  [Y1I,  197  a].— (Etienne),  de  Ponti- 
nant  en  Cévennes,  galérien,  condamné 
pour  assemblée  pieuse  en  1691,  libéré  en 
1713  [X,  416].—  (Guillaume),  de  Béda- 
rieux,  galérien,  condamné  en  1710.  — 
(Jacqu